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Contribution à l'etude du processus creatif dans un laboratoire de physiologie médicale norvégien

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par jean-francois Doucet
Université d'Oslo - Ingénieur Diplomé 2008
  

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JF Doucet

Contribution à l'étude du processus créatif

dans un laboratoire de physiologie médicale norvégien

Eiriksgate 10 - 0650 Oslo
Norvège

Remerciements

Je remercie Mr Aage Trollsås
qui m' a mis en contact avec le laboratoire
de physiologie médicale d' Oslo

Je remercie R. Abibon d' avoir pris le temps de dialoguer avec moi par courriel

Je remercie également tous mes correspondants sur Internet dialoguant avec moi sur ce thème.

Je remercie T. Berg de m'avoir donné accès
à un exemple où mettre à l'épreuve
certains concepts importants pour moi.

0.-Introduction

Après avoir étudié découvertes, inventions et productions artistiques pour en extraire certaines caractéristiques communes, la mesure de la tension artérielle des rats de laboratoire utilisés en physiologie médicale servira de cas concret pour, en retour, tester l'adéquation entre les concepts retenus au cours des études précédentes et l'intervention de l'imagination dans l'obtention des réponses aux questions posées par un laboratoire particulier. Sans doute doit-on attribuer à l'absence de ces concepts, l'aveuglement de la recherche scientifique actuelle qui se cantonne bien souvent à l'obtention de résultats déjà connus. Si cette connaissance ne peut évidemment pas nuire à la vie des laboratoires, le but assigné aux centres de recherche n'est pas de reproduire des connaissances anciennes ou même de les vérifier mais à partir de ces dernières d'établir des relations nouvelles entre les paramètres caractérisant les objets d'études. Se demander à quelles conditions - au moins nécessaires - un milieu de recherche peut émettre des résulats nouveaux devient donc urgent.

0.1.- Les objectifs et résultats attendus.

Pour une modeste part également, la mise en évidence d'éléments subjectifs dans le processus de recherche pourra équilibrer les méfaits du triomphe de la science actuelle. Prenant l'avantage sur les deux autres discours spéculatifs d'appréhension du monde extérieur, le discours philosophique et religieux, la science, entretient, en effet, l'illusion pour le commun d'être une certitude objective. Si, du fait de leur impact sur la réalité, ses résultats prennent valeur de certitude, le processus qui y mène, en revanche est loin d'être ni purement rationnel ni certain1. La subjectivité du chercheur qui laisse place au doute et aux produits de son imagination n'apparaît évidemment pas dans l'énoncé des résultats. Les analogies, en outre, produites par la subjectivité du chercheur et absentes des résultats finaux du fait de leur faible

1 A cet égard, les travaux de J. Kepler sont probants : dans son livre de 1596 « Mysterium Cosmographicum », Kepler construit son modèle de l' Univers en remarquant que les 6 sphères des 6 planètes connues du Soleil pouvaient être contenues dans les 5 solides de Platon,qui, parfaits, s' accordaient bien à la nature divine de la création.

valeur épistémologique, pourront, une fois remises à leur juste place, retrouver leur fécondité.

Pour ce qui concerne en particulier l'étude du processus créatif, l'essai d'utiliser les données expérimentales dans un modèle de simulation devrait mettre en lumière le rôle de l' anomalie dans le processus : elle apparaît plus clairement par comparaison entre les données expérimentales et les résultats obtenus par simulation. Faire apparaître cette divergence ne peut, en effet, que stimuler les recherches ultérieures.

0.1.- Le processus créatif sous 4 aspects

Depuis quelques années, ma conviction s'est forgée sur quelques aspects du processus créatif : essentiellement une pratique, il se trouve être hors de ce que les philosophes appellent la » clôture logocentrique » c'est-à-dire, à proprement parler, hors de ce qui peut se dire. De plus, pour préciser le point de vue de mon approche, j'ai dû choisir la théorie psychanalytique du sujet qui tient compte de l' inconscient. Ce dernier a été décrit par J. Lacan comme » Les alluvions laissés par le langage » tandis que G. Rosolato énonçait une conséquence de cette théorie, à savoir que tout énoncé d' une chaîne signifiante se double d' une autre chaîne, inconsciente celle-là dont l' origine est le désir (sexuel ) inconscient. Concernant non plus le sujet mais l' objet, ma conviction, fondée sur la distinction cartésienne entre le « res cogitans » et le « res extensa » s'était portée vers une conception de l' objet, par nature, non différent du sujet2. Après tout, le monde matériel qui nous entoure est fait, comme nous, de molécules et ce qu'on appelle la vie semble être un attribut particulier à certains objets sans que leur composition soit de nature différente. Pour marquer cette nature semblable de l'objet et du sujet, j'ai utilisé la même notation A (objet ou sujet apportant satisfaction) ou Ë (objet ou sujet apportant frustration) pour exprimer l'imperfection sous forme d' une barre qui manque à Ë pour s'écrire A. Du même coup, si je supposais que le sujet était le siège du désir, et par conséquent métonymique par nature, l'objet de parfait dans un certain état est découvert imparfait dans un autre avant que ne se déroule le processus créatif aboutissant à une nouveauté. Le cadre de l'étude est, lui, calqué sur les aspects abordés lors du questionnement.

2 A l'égard du sujet et de l' objet supposé de même nature, j' ai été séduit par les théories de Maturana et Vasela ou de F. Capra qui tentent de rompre avec la dichotomie cartésienne distinguant un » Res extensa » d' un » Res cogitans » pour marquer la différence de nature entre le sujet ( vivant ) et l' objet ( inanimé ).

1.- L' environnement : c ' est la question posée à un groupe de chercheurs dans une discipline considérée.

2.- la situation créative où la réponse est cherchée grâce à un dispositif technique (invention ) artistique ( oeuvre d' art ) ou scientifique ( découverte)

3.-le ou les sujet(s) créateur(s) disposé(s) à un réarrangement symbolique. 4.-la création qui est le produit auquel aboutit tout le processus.

1.- L'environnement de la recherche

Avant d'entrer dans les détails du dispositif de recherche aboutissant ou non à une réponse à la question posée, un bref aperçu du contexte dans lequel la recherche s'effectue est nécessaire. Si la question des causes de l'hypertension artérielle est un problème mondial, le laboratoire de physiologie dans lequel les expériences sont faites est, en revanche, norvégien.

Sans se livrer à une étude de culture comparée, il apparait important d'esquisser les caractéristiques culturelles du cadre dans lequel s'effectuent les recherches médicales, objet de cette étude. Comparé à un pays latin comme la France dont le modèle comportemental principal se résume par un couple « punition / récompense «, la Norvège, de tradition luthérienne, est caractérisée par «Fais ton devoir et exige ton droit « dont le couple correspondant est « droit/devoir ». Cette différence s'accompagne également de visions de la vie assez éloignées. Si l' on place la France dans la catégorie des pays où règne le principe de plaisir, la Norvège au contraire, serait plutôt le pays du principe de réalité. Le modèle norvégien « par objectifs «pragmatique », d' autre part, allant jusqu'à diviser les objectifs principaux en sous-objectifs, donne à la Norvège son efficacité très terre-à- terre.

On doit à Aksel Sandemose la loi de Janteloven3 qui s' exprime de la manière suivante :

1. Tu ne crois pas que tu es quelqu' un.

2. Tu ne dois pas croire que tu vaut autant que nous.

3. Tu ne dois pas croire que tu es plus astucieux que nous.

4. Tu ne dois pas te figurer que tu es mieux que nous.

5. Tu ne dois pas croire que tu sais plus que nous.

6. Tu ne dois pas croire que tu es plus que nous.

7. Tu ne dois pas croire que tu as du talent dans quelque domaine que ce soit.

8. Tu ne dois pas te moquer de nous.

3 La loi de Jante (Janteloven ) a éte formulée par Aksel Sandemose en 1933, dans « En flyktning krysser sitt spor» ( un réfugié retrouve ses traces ) .Cette loi, selon Aksel Sandemose, donne une bonne image «des gens pleins de méchanceté et capables de s'écraser les uns les autres.

9. Tu ne dois pas croire que quelqu un se preoccupe de toi.

10. Tu ne dois pas croire que tu peux nous apprendre quelque chose.

et qui marque profondément la mentalité norvégienne et donc a des conséquences sur les activités de recherches. Cette « janteloven » régulant la vie sociale norvégienne, est l'envers de la médaille d' un pays devenu riche en découvrant le pétrole, un peu plus grand que la moitié de la superficie francaise4 mais 6 fois moins peuplé, puritain où les idéaux de sociabilité ou de morale sont extrèmement hauts.

En particulier, la morale du devoir (Exige ton droit et fais ton devoir ) marque profondément les mentalités de la recherche scientifique. Habitué à étudier un « pensum » dès son plus jeune âge, un universitaire norvégien passe à force de volonté à travers une masse d'informations. S'il est ainsi capable de connaître un certain nombre de données, il ne lui est que rarement demandé de »briller » ou de montrer ses talents. La crainte de se distinguer de ses compatriotes est également une constante qui trouve son origine dans la pression sociale du groupe. Peu de gens osant se distinguer de l'ensemble de ses concitoyens, la société norvégienne est typiquement celle de » homme moyen ».

Dans une société, d' autre part, où la vie d'un individu est supposée essentiellement sociale, le besoin de satisfaction propre est reporté à un avenir lointain et diffus, les règles élémentaires d'économie libidinales (engagement, deuil ) ne sont alors respectées que pour une infime minorité (Famille royale, prêtrise etc ). Les valeurs d' égalité non pas de droits mais de pouvoir économique fait alors de la Norvège une société de «frères jaloux « comparées aux sociétés latines de « pères rivaux «.

Généralement très réservés, les chercheurs norvégiens sont, d' autre part, bien socialement organisés de telle sorte qu'aucune prise de décision ne se fait sans d'âpres discussions.5 dûment régulées. Mais l'idée généralement admise que certains

4 Superficie de la France : 675 417km2 pour 64 102 000 hab. Soit une densité de 93,59 hab./km2. Superficie correspondante de la Norvège : 324 220 km2 pour 4 640 219 hab. Soit une densite de 14 hab./km2

5 En 1979, Bruno Latour, publie avec Steve Woolgar Laboratory Life: the Social Construction of Scientific Facts ( le titre français la Vie de laboratoire : la Production des faits scientifiques (1988)). Dans cet ouvrage, les deux auteurs entreprennent une étude ethnologique d'un laboratoire de recherche spécialisé en neuroendocrinologie au Salk Institute. Ils montrent que la description naïve de la méthode scientifique, selon laquelle la réussite ou l'échec d'une théorie dépendent du résultat d'une seule expérience, ne correspond pas à la pratique réelle des laboratoires. Généralement, une expérience produit seulement des données peu concluantes, attribuées à un défaut du dispositif expérimental ou de la procédure. Ainsi, une grande partie de l'éducation scientifique consiste à apprendre comment trier les données qui doivent être gardées et celle qui doivent être jetées, un processus qui semble, pour un regard extérieur non- éduqué, une manière d'ignorer les données qui contredisent l'orthodoxie scientifique.

» phares » apparaissent dans un milieu de recherche qui entrainent d'autres chercheurs dans leur questionnement n' est pas très visible dans les départements scientifiques de l' Université. Il faut bien du temps au contraire, au chercheur extérieur à la Norvège pour découvrir autre chose que des chercheurs extrèmement réservés peu enclins à partager leurs connaissances. Dans ces conditions, en situation de recherche, la réponse considérée comme inscription de relations nouvelles laissant intactes d' autres, inscription encore nommée »mobile immuable6» prendra un aspect bien particulier en Norvège : la pression sociale tend à donner à la production de connaissances nouvelles l' avantage non pas aux éléments mobiles inédits qui pourraient déboucher sur l'inscription de la réponse mais aux éléments immuables répétant à quelques détails près des connaissances établies depuis longtemps. La réserve des chercheurs norvégiens, de plus, présuppose un certain rapport à la parole. En terme d'énergie psychique, la régulation des débats, si elle assure à chacun un égal temps de parole, ne permet pas de pertes indispensables à la production d'organisation signifiantes nouvelles. La féconditié de leur production dépend pour une lage part des possibilités offertes aux locuteurs d'exprimer un certain nombre d'erreurs évaluées selon les critères de validité retenus pour la recherche ainsi qu'une certaine quantité d'énoncés « hors sujet ». L' obligation faite à chacun de ne pas se distinguer d'autrui ou d'exprimer autre chose de des données factuelles, interdit du même coup l' apparition de paroles «hors sujet « ou « bavardage «. Seule peut-être la culture féminine connait-elle « la papote « qui est pratiquée à des fins d'activation mentale et de décharge émotionnelle. « Cette papote » (ou parlote), considérée en Norvège, comme pure perte de temps est l' très loin de la tradition de l' arbre à palabre africain7 !

La production d'organisations signifiantes nouvelles, d' autre part, provient , du point de vue adopté pour la créativité, d'une métaphore du sujet, métaphore générée à la suite d'une conversation8 où le signifiant présente 2 faces, l' une du coté de l'émetteur et l'autre du coté du récepteur.

Latour et Woolgar proposent une vision hétérodoxe et très controversée des sciences. Ils défendent l'idée que les objets d'étude scientifiques sont « socialement construits » dans les laboratoires, qu'ils n'ont pas d'existence en dehors des instruments de mesure et des esprits qui les interprètent. Ils considèrent l'activité scientifique comme un système de croyances, de traditions orales et de pratiques culturelles spécifiques.

6 En terme lacanien, on écrirait : une création est une ré-écriture de la réalité à l'aide du Symbolique

7 Dans les 2 sens du terme, loin (éloigné géographiquement ) et loin ( loin de pratiquer )

8 A cet effet, on peut classer les conversations en 3 niveaux :

1.-celles où il s' agit d'échanger de l' information pour une action orientée vers un but ( le si gnifiant est supposé porter un sens invariable qui pass d' un interlocuteur à l' autre ),

2.-celles où les interlocuteurs sont d' accord sur une réalité commune,

3.-celles où les interloctueurs construisent une réalité nouvelle à partir d' une plate-forme commune.

Le laboratoire observé se trouve d' autre part dans une structure hiérarchisée comme dans toute Université, la hiérarchie donnant la valeur des connaissances détenues par les chercheurs-enseignants, les étudiants et le personnel administratif. Au sommet de la hiérarchie se trouvent les professeurs, supposés détenir un savoir

d' experts9 qui donnent les prémisses de la recherche. Dans le processus de production des connaissances leur importance est considérable dans la mesure où, détenteurs d'un savoir étendu, ils sont supposés seuls à pouvoir renouveler le savoir en apportant une vision nouvelle sur un ancien thème.

Le découpage de l'Université en disciplines est d' autre part, une condition de production de nouvelles connaissances mais aussi un obstacle au « décloisonnement « des recherches pour les «transferts de technologie». Les recherches multidisciplinaires ont tenté de remèdier aux inconvénients du cloisonnement de l'Université en disciplines et à l' extrème spécialisation des chercheurs. Mais dans le cas présent, la recherche pluridisciplinaire n' a été envisagée que tardivement dans le processus pour la très simple raison que les experts éventuellement concernés par la recherche sont peu nombreux en Norvège.

Du point de vue de la créativité toutefois, les exemples sont nombreux où les véritables innovations ne sont pas venues des experts en la matière mais de « transfuges « d' une discipline à une autre. Pour prendre un exemple norvégien, J. Vaaler, ingénieur et mathématicien a surtout brillé par l'invention du trombone10 loin de préoccupations scientifiques puisque, c' est en tordant des cure-pipes, que l'idée lui serait venue d' attacher les feuilles de papier avec un tortillon de fer. Mais il est probable que beaucoup de gens ont tordu des cure-pipes avant J. Vaaler sans pour autant en découvrir un usage astucieux.

Si la richesse du pays 11 d' autre part, laisse supposer une abondance de moyens financiers, les objectifs de recherche, en revanche, sont largement

9 En terminologie lacanienne parmi les 4 discours

1.- Bureaucrate, (Universitaire )

2.- Travailleur ( Maître)

3.-Chômeur (Hystérique)

4.-Cabinet de recrutement ( Analyste)

5.-Employeur ( Capitaliste)

le discourse du professeur est à classer dans une des 2 catégorie (Bureaucrate ) ou du Travailleur (Maître))

10 L'invention du trombone est attribuée au mathématicien et ingénieur électricien norvégien,

Johan Vaaler de Lierfoss. En 1899, il présente ses idées à une Commission norvégienne. Comme la Norvège n'avait pas de bureau de brevets à cette époque, J. Vaaler enregistre son invention en Allemagne. Deux ans après, il obtient un brevet americain. J. Vaaler n'est jamais devenu riche : américains et britaniques acquièrent des brevets pour des concepts voisins plus proches du trombone à double tour que nous connaissons aujourd' hui. Toutefois, les norvégiens ont choisi le

trombone pendant la Seconde Guerre Mondiale comme symbole de ralliement contre l' occupant.

11 PIB par habitant (2002) : 34 500 euros (France : 24837 euros en 2002) Statistiques OCDE

tributaires de la masse critique12 en expertise, en temps et en partenariat pour l' obtention de résultats significatifs.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire