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La difficile percée d'une modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud: Le cas de Songha

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par Sophie Lavigne
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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CHAPITRE III

LE PROJET SONGHAÏ : ÉVOLUTION ET PROBLÉMATIQUE

Dans l'optique du renouvellement des pratiques sociales, il est intéressant de comprendre la relation qu'entretiennent le Nord et le Sud, les processus de développement au Sud, et les intérêts du Nord dans cette « entreprise » de développement. Nous avons choisi pour réaliser une étude de cas, le projet Songhaï du Bénin, entre autres parce que M. Nzamujo, Fondateur de Songhaï du projet, avait exprimé, dans un de ses ouvrages, les difficultés rencontrées avec ses bailleurs de fonds et les stratégies qu'il avait adoptées pour contourner ces difficultés. C'est au travers de la relation des bailleurs de fonds -- du Nord -- et le projet Songhaï -- au Sud --, que nous définirons la relation Nord-Sud.

3.1 Description du Projet Songhaï

Songhaï est une Organisation Privée de Volontaires, une O.N.G. qui est enregistrée au Bénin, qui y opère, qui est maintenant présente au Nigeria, et dont la mission fondamentale est d'amorcer une transformation « morale et technique » au sein des populations les plus défavorisées pour accroître leur esprit d'entrepreneuriat. C'est une idée d'« empowerment » pour développer et transmettre des valeurs humaines appropriées à un changement de comportement, pour que les jeunes, les paysans, les femmes et les entrepreneurs deviennent des acteurs de leur propre développement, capables d'initiatives et de créativité. Le Centre Songhaï est un centre agrobiologique de formation, production, transformation, recherche et développement en agriculture. Il est doté de plusieurs « fermes-écoles » qui développent un système de production viable et peu coûteux basé sur l'agrobiologie et intégrant l'agriculture, l'élevage et la pisciculture. Son but est de valoriser les ressources naturelles locales pour diminuer les coûts de production et mettre en évidence les possibilités de synergie entre les différents secteurs de production.

Le premier centre Songhaï a été fondé en 1985 par M. Godfrey Nzamujo, un religieux bénédictin. Nigérian d'origine, celui-ci partit vivre aux États-Unis en 1970, où il fit ses études en informatique et compléta sa formation par des études de microbiologie et de chimie. Il devint ensuite professeur d'électronique et d'informatique en Californie. En 1983, la crise en Éthiopie provoque un questionnement chez Nzamujo et il décide de revenir en Afrique, au Bénin. Il entreprend de créer un centre agropastoral qui deviendra un réseau aux possibilités nombreuses.

Songhaï est aujourd'hui implanté sur plusieurs sites au Bénin. Le siège du centre ainsi que la première « ferme-école » sont situés  à Ouando, en banlieue de Porto-Novo, capitale administrative du Bénin située au sud-est du pays. Ensuite, vient la Ferme-école de Tchi-Ahomadegbé, devenue une coopérative en 1996 et qui est située dans le département du Mono (sud-ouest du Bénin). Puis, une « Ferme villageoise » est créée par les anciens élèves de Songhaï et la population rurale de Kinwedji (département du Mono) est, elle aussi, soutenue par le centre Songhaï. De plus, une ferme de production a été créée à Ilaro, au Nigeria, ainsi que de nombreux groupements féminins et mixtes toujours rattachés à l'agriculture et sa commercialisation. Et dernièrement, deux nouveaux centres ferme-école ont vu le jour, l'un dans le département du Zou à Savalou (centre) et le second dans le Borgou (Nord-est) à Parakou.

Une équipe d'animation paysanne assure un suivi à un réseau de plus de 250 fermes à travers tout le pays. L'équipe a comme tâche d'accompagner les fermiers dans leur installation en déterminant les chances de réussite, les meilleures activités de départ, les investissements et les financements appropriés pour favoriser l'essor de la ferme. De plus, le secteur agricol, s'il veut être dynamique, se lie souvent à l'industrie et à la commercialisation. Songhaï a ainsi développé des services complémentaires à l'agriculture, comme l'artisanat, les technologies et la mécanisation appropriés ou adaptés aux diverses régions du Bénin et au climat tropical.

Le Projet Songhaï a pris une ampleur considérable depuis quinze ans et il compte aujourd'hui plus de 150 employés (animateurs, techniciens, et responsables). Au-delà de son rayonnement sur le territoire national, Songhaï est un véritable mouvement international avec des partenaires comme Songhaï-France, Solidarité-Songhaï, Louveciennes Afrique et Développement, Songhaï-Chasselay, USAID (United States Aid for International Development), Danida, CCFD (Comité catholique contre la faim pour le développement), Songhaï Support Group (California), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l'HCR (Agence des Nations Unies), RABOBANK FOUNDATION (Pays Bas), l'Accion Verapaz (Espagne), le SID (Society for International Development), le CRDI (Centre de Recherches pour le Développement International), la Coopération Française, CODEV-Toulouse (France), les gouvernements du Bénin et du Nigéria.5(*)

Figure 2 Voici un schéma de production complet tel que présenté par Songhaï. Il est basé sur un système intégré qui exploite les avantages de la synergie entre l'agriculture, l'élevage et la pisciculture, d'une part, et entre la production, la transformation et la commercialisation de l'autre (Songhaï, 2003, www.songhai.org).

Le volet formation est essentiel, il se poursuit avec l'accompagnement des fermiers dans l'établissement de leurs fermes et la mise en chantiers de leurs plans agricoles, d'élevage et de transformation. La recherche est constante chez Songhaï pour développer des outils et des techniques qui rendent la production adaptée au sol et à la culture. Il faut ajouter l'infrastructure des comptoirs de vente, de la restauration, des télécentres, des crédits et des filières qui établissent un réseautage et un partenariat avec les acteurs privés. Le projet Songhaï est beaucoup plus vaste que le simple projet agropastoral, il s'en dégage un projet de société et de développement durable. Nsamujo ajouterait ce qui suit :

À Songhaï, nous voulons réparer cette situation mortifère qui fait douter l'Afrique d'elle-même, non pas à travers de beau discours, mais en développant une culture de succès. Les ateliers mis en place ainsi que le système de production agro-alimentaire sont destinés d'abord à asseoir cette mentalité de confiance en soi pour entraîner cette nécessaire conversion vers la vie et le changement (Nzamujo, 2002, p.35).

Nzamujo veut inculquer des valeurs de travail, de courage et de confiance en soi à la population, nous dirions de l'empowerment.

* 5 Voir le Centre Songhaï. 2003. : www.songhai.org

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote