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Système de Santé au Tchad et l'appui du projet santé 8e FED: Bilans et perspectives

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par Moise NOUBARAMADJE
ENAM De N'Djamena/Tchad - DESS 2006
  

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INTRODUCTION GENERALE

Un système de santé, c'est l'ensemble des organisations, des institutions et des ressources dont le but principal est d'améliorer la santé.

Pour fonctionner, un système de santé a besoin de ressources humaines et financières, d'informations, de fournitures, de moyens de transport et de communication, et d'une orientation globale. Il doit assurer des services répondant aux besoins et financièrement justes et toujours veiller à traiter les gens décemment.

La notion de « stewardship », ou administration générale des systèmes de santé, parfois appelée, de manière plus restrictive, « gouvernance », désigne l'ensemble des fonctions assumées par les pouvoirs publics en vue d'atteindre les objectifs nationaux de santé. Ces objectifs, qui tendent tous à l'amélioration de l'état de santé global de la population, concernent généralement l'équité, la couverture, l'accès, la qualité et les droits des patients. La politique nationale peut aussi préciser les rôles et responsabilités respectifs des secteurs publics, privés et bénévoles et ceux de la société civile dans la prestation et le financement des soins de santé.

Il s'agit d'un processus politique qui consiste à trouver un équilibre entre des influences et des exigences contradictoires. Il implique d'élaborer et de mettre en oeuvre des politiques en maintenant toujours la même orientation stratégique, de repérer et de corriger les évolutions non souhaitées et les distorsions, de défendre la place de la santé dans le développement national, d'édicter des règles auxquelles seront soumis les différents acteurs concernés de ceux qui financent les soins à ceux qui les dispensent et de créer des mécanismes favorisant la transparence. Plus largement, l'administration générale du système de santé exige de veiller à ce que les politiques et la législation adoptées par les pouvoirs dans d'autres domaines favorisent la santé, ou du moins ne la compromettent pas. Dans les pays qui reçoivent de fortes sommes d'argent au titre de l'aide au développement, il faudra gérer les ressources de manière à promouvoir l'exercice des responsabilités nationales, contribuer à la réalisation des objectifs politiques convenus et renforcer les systèmes nationaux de gestion.

Dans de nombreux pays comme le Tchad, il faut renforcer les capacités pour que les différentes fonctions relatives à l'administration des systèmes de santé soient efficacement exécutées. Cela demande de mieux cerner quelles sont les meilleures pratiques s'agissant de la gestion des systèmes de santé et du développement des responsabilités nationales.

Or durant ces années d'appui du FED à la Politique Nationale de Santé au Tchad, nous avons constaté assez de problèmes, incohérences, difficultés et contraintes dans l'exécution de ses budgets.

Ainsi les questions suivantes nous permettent d'analyser la situation :

Quel est l'appui réel du Projet Santé 8e FED au Système National de Santé au Tchad ?

Quelles sont les faiblesses, les contraintes et les points forts enregistrés ?

Quelles sont les perspectives d'avenir ?

C'est pour répondre à de telles questions que nous avions retenu ce thème « SYSTEME DE SANTE AU TCHAD ET L'APPUI DU PROJET SANTE 8e FED : BILANS ET PERSPECTIVES » pour tenter d'analyser, proposer des solutions aux points faibles, failles et difficultés ensuite essayer d'apporter des orientations si possible pour les années à venir. Ce qui conduira les prochains partenaires de ne pas tomber dans ces erreurs et permettre au Pays de mieux négocier prochainement avec les autres bailleurs de santé.

Notre étude porte uniquement sur l'appui du Projet Santé 8e FED au Système National de Santé. Le FED intervient aussi dans les autres secteurs et beaucoup d'autres partenaires interviennent dans le secteur de santé.

Mais pour notre étude les autres partenaires et autres secteurs ne feront pas partie.

Notre objectif principal est de faire améliorer l'appui des partenaires au système national de santé au Tchad, surtout le cas du Projet Santé 8e FED.

La méthodologie utilisée est celle descriptive et d'exploitation des documentations existantes (archives, textes,...).

Ainsi nous allons structurer notre rédaction en deux parties de la manière suivante :

Dans la première partie nous allons faire ressortir sous forme synthétique la construction du Système National de Santé au Tchad et ensuite présenter l'impact de l'appui du Projet Santé 8e FED sur ce Système National de Santé en analysant les différents bilans des cinq (05) Devis programmes.

Cette première partie renferme six (06) chapitres qui présentent le Système National de Santé ainsi que la Politique Nationale de Santé au Tchad, annoncent aussi les bilans du premier au cinquième devis programme du Projet Santé 8e FED et traitent également les budgets, les outils de gestion et certaines difficultés.

Dans la seconde partie, nous aurons à présenter les perspectives. Elle comporte trois (03) chapitres étudiant les points faibles, les points forts ainsi que les orientations et suggestions pour les années à venir.

Enfin une conclusion annoncera la fin de notre analyse.

SYSTEME NATIONAL DE SANTE AU TCHAD

Vaste pays d'Afrique Centrale (1.284.000 km2), peuplé de 9 564 400 habitants en 2006, avec un taux d'accroissement de 3,1%(1) situé au confluent des civilisations bantoue et arabo-musulmane, et néo-producteur de pétrole depuis octobre 2003, le Tchad est caractérisé par son enclavement intérieur et extérieur, sa diversité linguistique, culturelle et ethnique, son espace (moitié en zone désertique, 40% en zone sahélienne et 10% en zone soudanienne avec 50% de la population), une agriculture diversifiée dans le Sud et une grande pauvreté : près des deux tiers des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et le Tchad est classé au rang 171 (2) sur 177.

L'environnement tchadien se caractérise par un milieu naturel fragile, soumis à des aléas climatiques et conjoncturels et à une pression anthropique non maîtrisée (épuisement des sols, utilisation non rationnelle des ressources, destruction de la grande faune, transhumance non régulée dans un contexte de conflits ethniques).

Dans ce contexte, l'agriculture de faible rentabilité est le plus souvent de subsistance, mobilisant 80% de la population (37% du PIB dont 17% pour l'élevage qui est après le pétrole le 2ème poste d'exportation devant le coton et la gomme arabique)(2).

La pauvreté du Tchad tient aussi aux séquelles de plus de deux décennies de guerre civile et au fait que l'utilisation de la « manne » pétrolière, limitée en volume, est très encadrée et tarde à avoir des effets concrets pour les populations.

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(1) Enquête Démographique et de Santé du Tchad I

(2) Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la seconde enquête sur la consommation et le secteur informel de 2006

Le Tchad n'est en outre pas épargné par les crises, telle celle du Darfour avec l'afflux de plus de 200.000 réfugiés sur son sol (on compte aussi 45.000 réfugiés centrafricains au Sud), et par les fléaux récurrents (choléra, rougeole, méningite ou invasion de criquets pèlerins).

La réalité du pays est de fait très liée à son histoire récente, aux guerres qui ont ébranlé les notions d'Etat et de civisme ainsi que les capacités des institutions, créant une situation favorable à la corruption, à l'iniquité fiscale et la justice partisane. Le sentiment d'impunité et l'insécurité sont favorisés par l'extrême pauvreté, le chômage et l'analphabétisme. Sont touchés plus particulièrement les sociétés rurales et les quartiers populaires en périphérie urbaine, avec une inégalité d'accès aux soins de santé ou à l'éducation et une grande insuffisance d'équipements et de services essentiels de proximité (eau, énergie, assainissement, sécurité, social). La situation générale est très défavorable à la création d'emplois, sans pour autant provoquer une migration forte, celle-ci étant pour l'essentiel orientée sur la Libye, le Soudan, l'Egypte et l'Arabie Saoudite.

Le Tchad souffre donc de handicaps structurels qu'une administration insuffisamment organisée et peu motivée n'est pas en mesure de résoudre à court terme, compte tenu du déficit en formation et moyens et du manque de renouvellement combiné à une trop grande mobilité des effectifs. C'est ainsi que la situation s'est progressivement dégradée pour la population dans des secteurs aussi stratégiques que le coton qui concerne près de 2 millions de personnes, l'éducation (les écoles communautaires prolifèrent dans des conditions souvent très précaires), la santé (à titre d'exemple l'hôpital général de référence n'a pas reçu de subvention pendant plus des années), l'énergie et l'approvisionnement en eau potable, pour ne citer que ces exemples particulièrement graves.

Le Tchad a pourtant accompli de réels efforts depuis la Table Ronde de Genève IV en octobre 1998, étant en programme avec le FMI depuis novembre 1998 et disposant d'une Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance (SNBG) et d'une Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP) élaborée à partir de 2000, adoptée en juin 2003 et comportant les cinq objectifs suivants : promouvoir la bonne gouvernance, assurer une croissance économique forte et soutenue, améliorer le capital humain, améliorer les conditions de vie des groupes vulnérables et enfin restaurer et sauvegarder les écosystèmes.

Le Tchad appartient à la Zone Franc, à la CEMAC et à la CEEAC (communauté économique des Etats d'Afrique Centrale). Mais en raison notamment de l'enclavement du pays, la coopération régionale reste embryonnaire, même si le Tchad appartient à d'autres ensembles économiques et institutions sous-régionales, telles que le CENSAD (communauté des Etats sahélo-sahariens), la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), l'Autorité du Bassin du Niger (ABN), le Comité International de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel (CILSS).

Du fait des liens historiques, francophones et militaires, le Tchad conserve une relation très privilégiée avec la France, pays considéré comme le partenaire le plus proche et le plus conséquent, et ce malgré une certaine baisse des moyens d'intervention depuis quelques années.

C'est dans le contexte favorable des suites de la Table ronde de Genève IV, de l'accord avec le FMI et de l'élaboration de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté, qu'avait pu être organisée la 7ème session de la Commission mixte les 30 et 31 octobre 2002, mettant en avant trois axes stratégiques pour la coopération civile : le domaine social, la bonne gouvernance et la croissance économique. Cet exercice avait associé les représentants du secteur privé, les ONG et les coopérations décentralisées.

Pays d'Afrique centrale entièrement enclavé, le Tchad est situé entre les 7ème et 24ème degrés Nord et les 13ème et 24ème degrés de longitude Est. Il est le cinquième pays le plus vaste d'Afrique après le Soudan, l'Algérie, la république Démocratique du Congo et la Libye. Il est limité au Sud par la République Centrafricaine, à l'Est par le Soudan, à l'Ouest par le Cameroun, le Nigéria et le Niger. L'immensité du pays et l'absence de cotes maritimes posent des problèmes de transport, de communication et d'accessibilités à l'extérieur.

Le pays est découpé en trois (03) zones climatiques :

· Au Nord, une zone saharienne au climat désertique (pluviométrie inférieure à 200 mm de pluies par an) ;

· Au sud, une zone soudanienne assez fortement pluvieuse (pluviométrie entre 800 et 1200 mm de pluies par an), rendant certaines régions quasiment inaccessibles pendant la saison des pluies ;

· Entre les deux, une zone sahélienne avec une pluviométrie comprise entre 200 et 800 mm : N'Djamena, la capitale, est située dans cette zone.

Comme dans d'autres pays du Sahel, cette diversité de zones climatiques est fortement liée à certains aléas climatiques, faisant baisser la production agricole et, partant, l'économie nationale encore fortement dépendante du secteur primaire. Les déficits alimentaires ainsi occasionnés entrainent des problèmes nutritionnels importants, notamment pour certains groupes vulnérables de la population comme les enfants et les femmes enceintes.

Environ 256 groupes ethniques composent cette population, inégalement répartis sur l'ensemble du territoire. La densité moyenne est de 6,81 habitants/km². L'espérance de vie à la naissance est estimée à 50,3 années (1).

Des centaines de dialectes sont parlés au Tchad. Le français et l'arabe tchadien sont les deux langues officielles. Les religions pratiquées au Tchad sont l'Islam, le Christianisme et les religions traditionnelles.

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(1) Enquête Démographique et de Santé du Tchad II

Le taux d'inactivité chez les jeunes est très élevé du fait de la faiblesse du marché du travail, induisant ainsi des problèmes sociaux importants (délinquance, alcoolisme, drogue,...)

Le Produit Intérieur Brut (PIB) réel par habitant s'élevait à 700$ en 1997 (1). En 2005, le PIB/hbt avait été estimé à 636,54$ (2). Selon le calcul de l'IDH du PNUD, le produit National Brut (PNB) par habitant n'est que 180$.

La pression de l'environnement socioéconomique et épidémiologique a introduit un changement dans l'organisation, la gestion et le financement du système de santé du Tchad. Le système national de santé du Tchad a connu une évolution rapide, passant d'un système centralisé avec les interventions verticales concentrées pour la plupart dans des hôpitaux autour des grandes agglomérations vers un système plus ou moins déconcentré à partir de 1991 avec pour priorités, l'amélioration de l'accès aux soins de santé et la continuité des soins.

Cependant, quand on compare les indicateurs de santé avec ceux des pays ayant un niveau de PIB équivalent, ceux du Tchad restent quand même inférieurs. La mortalité infantile et infanto juvénile reste élevé et n'a pas beaucoup diminué depuis plus de 10 ans : 102/1000 Naissances Vivantes (NV)(2) tandis que les indicateurs de la mortalité maternelle se sont au contraire dégradés : 827/100 000 NV (3).

(1). Selon la Parité des Pouvoirs d'Achats

(2). Institut Supérieur des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED)

(3). Selon l'Enquête Démocratique de Santé du Tchad (EDST),

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984