WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude des déterminants de la forte incidence des IST dans le district sanitaire de koupéla.

( Télécharger le fichier original )
par Eloi SILGA
Ecole Nationale de Santé Publique de Ouagadougou - Attaché de santé en épidémiologie 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

5.1.3 : Les facteurs liés à la population

· Profil sociodémographique

L'entretien avec la population a permis de recueillir leurs caractéristiques sociodémographiques qui peuvent avoir une influence sur la survenue des IST ou constituer des entraves dans la lutte contre les IST.

ü La distance

La distance médiane que doivent parcourir les enquêtés pour se rendre à la FS la plus proche est de 1km avec un minimum de 0 km et un maximum de 20 km. En d'autres termes, 50% des enquêtés parcourent 1 km au plus pour se rendre à la FS la plus proche. De plus, le 3ème quartile après rangement par ordre croissant de la distribution des enquêtés selon la distance de leur domicile à la FS la plus proche, correspond à 5 km. Cela signifie que 75% des enquêtés parcourent au plus 5 km pour se rendre à la FS la plus proche. Cette proportion montre que la situation est favorable à une bonne utilisation des services de santé, et cela eu égard à la proportion nationale d'accessibilité géographique (proportion des populations à moins de 10 d'une FS) qui était à 72,48% en 2007. Cela témoigne d'une meilleure accessibilité géographique des services de santé dans le DSKPL. Une bonne accessibilité géographique des services de santé devrait contribuer à la réduction des IST si les populations utilisaient convenablement les FS.

ü Le sexe

Le sexe féminin représente 53% des enquêtés tandis que le sexe masculin est à une proportion de 47%. Le sexe semble avoir une influence sur la survenue des IST. En effet le test de chi2 est statistiquement significatif au seuil de 5%. Ces résultats sont corroborés par l'étude de l'INSD [23] qui avait trouvé que la répartition des IST n'était pas uniforme entre les deux sexes. Dans notre cas, le sexe féminin pourrait être un facteur de risque de la survenue des IST. En effet, la probabilité de faire une IST quand on est de sexe féminin est de 59,5% tandis qu'elle est de 36,6% quand on est de sexe masculin. Il importe alors d'accorder une attention particulière au sexe féminin dans les actions de lutte.

ü L'âge

Notre échantillon est constitué majoritairement d'adultes de 25 à 49 ans (73,4%).

L'âge moyen des enquêtés est de 28 ans avec un écart type de 8 ans. C'est également l'âge moyen des personnes qui ont eu des antécédents d'IST. Cette moyenne se situe dans la tranche adulte. Ces résultats sont proches de ceux d'une étude prospective menée par F. LY et col [8] qui avaient trouvé que l'âge moyen des personnes atteintes d'IST était de 25 ans. Le test de chi2 de la variable « groupe d'âge » et la variable « survenue d'IST » n'est pas significatif. Cela signifie que dans cette étude, il n'y a pas un âge particulier auquel la survenue d'IST serait particulièrement importante dans cette population de 15 à 49 ans. Autrement dit, tous les âges dans la tranche d'âge de 15 à 49 ans sont concernés par les IST. L'âge ne semble pas non plus influencer la connaissance des enquêtés (test statistique non significatif). De ces résultats, l'âge ne peut être particulièrement tenu pour responsable dans la survenue des IST. Ces constats nous permettent de conclure qu'en dehors de ressources vraiment limitées, il ne serait pas pertinent de limiter les interventions à des tranches d'âge particulières dans cette population de 15 à 49 ans.

ü Le niveau d'instruction

La scolarisation a touché seulement 38,5% des enquêtés, tout niveau confondu. Cette proportion est faible rapport au taux rapporté dans la littérature selon laquelle le taux de scolarisation est de 43% en 2004 (source : DPEBA Kourittenga, service statistique). Cette situation témoigne d'une sous scolarisation de nos populations. Lorsqu'on connaît très bien le rôle que joue le niveau d'instruction dans les connaissances en matière de santé, et plus particulièrement en matière d'IST, on peut conclure que la situation n'est pas favorable à la diminution de l'incidence des IST. Le niveau d'instruction semble d'ailleurs avoir une influence sur la connaissance et la survenue des IST. En effet le test de chi carré est statistiquement significatif pour ces deux variables (p<0,05). Ce constat est corroboré par l'étude de l'INSD qui avait trouvé que les connaissances n'étaient pas satisfaisantes dans 77% des non instruits. Le fait d'être dans une situation de non instruit est ainsi un facteur de risque de survenue des IST. Le district qui compte jusqu'à 71,5% de non instruits selon notre enquête, est donc exposé à l'augmentation de l'incidence des IST.

ü Le statut professionnel

La majeure partie des enquêtés sont des cultivateurs et des ménagères dans les proportions respectives de 30,7% et de 38 ,3%. Le statut professionnel semble influencer la connaissance des IST et la survenue de la maladie (test statistique significatif au seuil de 5%). Le statut de fonctionnaire serait particulièrement favorable à la connaissance (la probabilité de connaître bien les IST quand on est de ce groupe est de 85,7%) et celui du secteur informel serait particulièrement favorable à la survenue d'IST (la probabilité qu'ils surviennent une IST quand on est de ce groupe est de 86,4%). Ces informations nous indiquent que l'établissement des priorités doit tenir compte de ces facteurs.

· Comportement en cas d'IST.

Les comportements des populations en cas de survenue d'une IST déterminent la circulation des germes pour une grande part. En effet les informations sur l'itinéraire thérapeutique des individus atteints d'IST et celles sur la gestion du partenaire sexuel nous permettent de se faire une idée sur la propagation de ces infections dans la communauté. Pour pouvoir apprécier ces deux situations, il nous a été nécessaire de connaître les antécédents d'IST des enquêtés.

ü Itinéraire thérapeutique des patients atteints d'IST

Parmi les personnes ayant eu des antécédents d'IST, ceux qui ont recherché un traitement auprès d'un agent de santé sont de 64,7%, tandis que les autres ont eu recours soit à l'automédication (10%), soit aux tradi-praticiens (11,8%), ou n'ont pas du tout recherché un traitement (13,5%). Ces résultats sont corroborés par des études similaires sur la question :

- I.E. KAMBIRE [22] a trouvé que les enquêtés, en première intention, avaient eu recours, soit aux FS (71%), soit à l'automédication (11%), soit aux tradi-praticiens (7%), ou n'ont pas du tout recherché un traitement (11%).

- Selon l'INSD [23], parmi les enquêtés ayant déclaré avoir eu une IST et/ou des symptômes associés aux IST, 60 % se sont adressés à un professionnel de la santé pour être traité. Dans 30 % des cas, les enquêtés sont allées dans une boutique ou une pharmacie pour obtenir des médicaments ou des conseils (automédication). Enfin, dans 10 % des cas, les enquêtés ont consulté un guérisseur traditionnel.

- E. ZONGO [25], a trouvé que 90% des mères avaient recours aux agents de santé en première intention en cas de conjonctivite purulente de leurs nouveau-nés, et que les recours à l'automédication et aux tradi-praticiens représentaient respectivement 9% et 1% des enquêtés.

Ces résultats montrent que, bien que l'utilisation des services de santé en première intention soit importante, le recours à autre chose qu'aux agents de santé constitue encore de nos jours une pratique de soins.

Ces individus qui ont recours à d'autres types de soins autres que les services de santé sont une source de propagations des IST étant donné qu'ils traineront toujours avec les germes. Ces résultats montrent que l'itinéraire thérapeutique des patients atteints d'IST n'est pas à l'avantage d'une réduction considérable des IST dans le DSKPL.

ü La notification au partenaire sexuel

Le traitement du partenaire sexuel est une stratégie de réduction de la circulation des germes dans la communauté. Parmi les malades ayant consulté un agent de santé, seulement 62,7% (soit 69 personnes) ont été recommandé le traitement du partenaire sexuel par le prestataire. Ce qui montre que la PEC des IST connaît des insuffisances compte tenu d'une proportion importante d'individus (37,3%) chez qui le traitement du partenaire sexuel n'a pas été demandé.

Parmi les personnes qui ont bénéficié d'une recommandation du traitement du partenaire sexuel, 53,6% ont déclaré avoir porté l'information à leurs partenaires sexuels. Ce qui sous entend que 46,4% n'ont pas passé l'information à leur partenaire sexuel. Ce résultat est proche de ce qu'avait trouvé I.E. KAMBIRE [22]. Il a trouvé dans son étude que 64% des patients avaient tenu informés leurs partenaires sexuels de la nécessité de se présenter à la FS pour leur soin. Comme dans cette étude, notre étude montre une rétention de l'information de la part du patient initial et par voie de conséquence, une déperdition importante de cas dans la communauté. Ce qui n'est pas à l'avantage d'une diminution de l'incidence.

Parmi les personnes qui ont porté l'information à leurs partenaires, 24,7% ont affirmé que leurs partenaires sexuels n'ont pas répondu à l'invitation du prestataire. Ce qui montre qu'il ya certainement une insuffisance dans l'approche de notification au partenaire sexuel.

· Comportement sexuel.

Les comportements des populations en matière de sexualité ne seraient pas en reste dans les facteurs qui expliquent l'augmentation de l'incidence des IST dans le DSKPL. En effet, les résultats d'entretien avec les populations sur leurs comportements sexuels sont éloquents.

ü Le nombre de partenaires sexuels

Une proportion de 30,9% des enquêtés ayant déclaré avoir déjà eu des rapports sexuels ont déclaré avoir eu plusieurs partenaires sexuels ces deux dernières années. Cette proportion est proche de celle retrouvée dans l'étude menée par F. LY et col [8] qui avait trouvé que sur le plan comportemental, parmi les individus ayant eu des antécédents d'IST, 34% avaient plus de 2 partenaires au moment de l'étude.

Dans une étude sur les comportements sexuels à risque, C. DIALLO [24] avait également relevé que 42% des enquêtés ayant une vie sexuelle active avaient plus de deux partenaires sexuels les 12 derniers mois précédent l'étude.

La proportion de 30,9% qui est similaire à celles relevées par ces auteurs nous indique que les comportements sexuels à risque dans le DSKPL sont aussi importants que dans les zones où ces études ont été menées, si l'on en croit aux déclarations des enquêtés. Le multi partenariat est l'un des facteurs qui n'est pas sans incidence sur la survenue des IST, en témoigne le test statistique de chi2 significatif au seuil de 5%. Il joue donc un rôle important dans l'augmentation de l'incidence dans le DSKPL dans la mesure où la proportion des personnes ayant ce comportement est importante.

ü L'utilisation des préservatifs

Les individus ont la liberté de vivre leur sexualité. Mais ils se doivent de protéger la santé des autres, surtout dans ce contexte actuel de pandémie du VIH. Le port des préservatifs à des occasions douteuses devrait être un reflexe pour tout citoyen de ce monde. Le résultat que nous avons obtenu sur l'utilisation des préservatifs sont alarmants si l'on en croit aux déclarations des enquêtés. En effet, 25% des enquêtés à partenaire sexuel multiple ont déclaré ne pas utiliser le préservatif lors des rapports sexuels à risque. C. DIALLO [24] a trouvé un résultat différent. Il a trouvé que 90,8% des enquêtés utilisaient systématiquement des préservatifs comme moyen de prévention contre les IST/SIDA. Ce qui veut dire que 9,2% n'en utilisaient pas systématiquement. Cela indique que l'utilisation systématique du préservatif aux situations à risque est moins importante dans le DSKPL. A considérer le test statistique de chi2, l'utilisation du préservatif lors des occasions à risque réduit la survenue des IST. Les conséquences qu'expriment les résultats auxquels nous sommes parvenus se résument à l'augmentation de la tendance des IST.

· Connaissances sur les IST.

Les connaissances des enquêtés sur les IST pourraient se présenter comme déterminants clés de l'incidence des IST.

Pour apprécier les connaissances des populations sur les IST, des questions se rapportant aux items suivants ont été posées : Les manifestations des IST, les modes de transmission, les moyens de prévention, l'existence de traitement, les risques des IST.

Certains de ces items ont été traités par des auteurs comme H. OUEDRAOGO [18] et I.E. KAMBIRE [22]. Celle-ci a trouvé dans son étude que 40% des individus enquêtés connaissaient bien les modes de transmission des IST, tandis que dans notre étude, 82,03% des enquêtés ont une bonne connaissance. Nos résultats sont corroborés par l'étude menée par I.E. KAMBIRE qui a trouvé que 81% des individus avaient une bonne connaissance des modes de transmission. Au regard de ces comparaisons, on peut conclure que les modes de transmission sont assez bien maîtrisés par la population du DSKPL. Cela constitue un atout dans la lutte contre les IST.

Pour ce qui est de la prévention, notre étude relève qu'une proportion de 70,1% a une connaissance jugée satisfaisante. I.E. KAMBIRE avait trouvé une proportion de 47% et H. OUEDRAOGO était parvenue à un résultat de 17%. Les résultats de ces 2 études sont en déca des nôtres. Ce qui nous permet de conclure que nos résultats dénotent d'une assez bonne connaissance des populations en matière de prévention contre les IST.

D'une manière générale, les enquêtés devraient arriver à répondre convenablement à toutes les questions se rapportant aux items énumérés pour que leur connaissance globale sur les IST soit jugée bonne. Suivant ce critère, le résultat montre que seulement 42,45% des enquêtés ont une connaissance satisfaisante sur les IST. L'INSD a trouvé un résultat différent du notre. Selon cette étude, 69% des enquêtés n'avait pas une bonne connaissance sur les IST. Ce qui correspond à une proportion de 31% des populations qui ont une bonne connaissance. Ce résultat auquel nous somme parvenu dénote d'une insuffisance de connaissance sur les IST dans la population du DSKPL, dans la mesure où nous attendions à une proportion d'au moins 70%. Cette insuffisance globale est le corolaire des insuffisances de connaissance sur l'existence de traitement moderne efficace contre les IST (16,4%), sur les manifestations des IST (65,35%), et sur les conséquences des IST (63,02%). Cette situation a une incidence négative certaine sur la lutte contre les IST car pour bien combattre un mal il faut bien la connaître ; surtout dans le cas des IST où une bonne connaissance aide à les éviter au maximum.

· Perception des IST.

Au total, 52,1% des enquêtés ont déclaré ne pas parler assez couramment des IST dans leur entourage. Les raisons essentielles de ce mutisme sont le tabou pour 22,5% des cas et la honte pour 75,5% des cas. A propos de la honte, I.E. KAMBIRE [22] a trouvé que 41% des participants de son étude avaient ressentit la honte qui les a conduit à éviter les services de santé pour les soins. Cela confirme l'idée généralement admise dans nos contrées selon laquelle le sexe constitue un sujet tabou. Cette situation pourrait constituer un handicap sérieux dans la lutte car, les populations chez lesquelles ce sentiment de honte ou de tabou est bien partagé sont peu disposées à participer aux débats de causerie éducative sur les IST, à plus forte raison être des relais pour la sensibilisation.

Tous ces résultats relatifs aux populations de 15 à 49 ans font état d'une insuffisance générale de connaissance dont la fréquence est assez élevée. Ils montrent également des comportements favorables à la propagation des IST. Ces résultats nous permettent de confirmer notre troisième hypothèse de recherche qui dit que les facteurs liés aux populations expliquent l'augmentation de l'incidence des IST.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld