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L'analyse de l'opération de rapatriement ou opération baliste pendant la crise israélo-libanaise de 2006.

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par Axel Patinet
IEP de Lille - Master de communication publique 2006
  

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Axel Patinet

Séminaire de recherche : nationalismes, identités et conflits

Mémoire

Le drapeau Libanais comprend 3 bandes horizontales rouge (sacrifice), blanche (paix) et rouge, avec un cèdre vert (symbole du Liban) au centre .Ce drapeau a été crée en 1943.

La géographie

La république libanaise se situe en bordure de la Méditerranée, entre l'Etat d'Israël au sud et la République syrienne au nord et s'étend sur 10452 kilomètres carrés. La géographie du territoire est très montagneuse et la plaine côtière, d'environ deux cents kilomètres de long, est étroite et les sommets de la chaine montagneuse côtière atteignent plus de 2500 mètres en certains endroits. Derrière cette chaine, se trouve la plaine fertile de la Bekaa, à 800 mètres d'altitude, bordée à l'est tout au long de la frontière avec la Syrie par la chaine aride de l'Anti-Liban.

La population

En raison des problèmes communautaires, l'Etat, depuis 1932, n'a plus effectué de recensement de la population. Les chiffres qui existent sur la population libanaise et la population étrangère au Liban sont donc tous des estimations. On estime le nombre de Libanais résidant en permanence au Liban à environ trois millions de personnes, soit le même chiffre, qu'en 1975.Le nombre d'étrangers varie lui entre un et deux millions de personnes et on peut penser qu'il y a au moins 250000 Palestiniens et entre 600000 et 700000 Syriens. La population du Liban est fortement urbanisée; avant la guerre, Beyrouth et son agglomération comptaient déjà environ un million de personnes; les troubles de la guerre civile ont entrainé un redéploiement de la population de Beyrouth vers les périphéries.

Le taux d'urbanisation est de 60 %, le taux d'alphabétisation est lui de 80% .L'espérance de vie est en moyenne de 67 ans.

Il existe une importante communauté française au Liban puisque il y a plus de 14500 immatriculés dont 90 % de binationaux.

L'organisation politique et administrative

Le Liban est une république parlementaire dont la Constitution a été établie le 23 mai 1926.Elle s'inspire de la Constitution française de la IIIème république en 1875.Conformément à l'article 95 de la Constitution, les hautes fonctions civiles et militaires dans l'administration sont réparties entre les notables des différentes communautés religieuses. La communauté maronite qui bénéficiait d'une prédominance dans les répartitions communautaires a vu sa situation décliner depuis les accords de Taif en 1989.1Désormais les communautés musulmanes sunnite et chiite ont établie leur prédominance dans la gestion du Liban.

La langue officielle est l'arabe et tous les documents officiels sont obligatoirement rédigés dans la langue nationale. Le français se maintient comme seconde langue bien que fortement concurrencé par l'Anglais.

Le pays est divisé en six grandes préfectures appelé mohafazat et chaque préfecture est elle même subdivisée en arrondissements (qada). (cf. carte administrative annexe 1)

Il n'existe pas de religion d'Etat, mais seuls sont reconnus par l'Etat et protégés les pratiques des communautés religieuses considérées comme « historiques » depuis un arrêté du haut commissaire français en 1936.On dénombre légalement dix sept communautés mais seules sept apparaissent de taille suffisamment importantes pour être significatives politiquement. Il s'agit des communautés maronites, sunnites, chiites, grecques orthodoxes, grecques catholiques, druzes et arméniennes. (cf. carte des communautés annexe 2)Cet ordre communautaire constitue le fondement de l'ordre public au Liban; les registres d'état civil sont tenus par l'Etat mais ils doivent porter mention obligatoirement de l'appartenance à une communauté religieuse. Chaque communauté possède ainsi ses propres tribunaux pour juger des affaires de statut personnel. Les chefs religieux des communautés disposent de plusieurs privilèges de type protocolaire. Depuis Juillet 2005, le premier ministre est Monsieur Fouad Siniora.

Les principales forces politiques du pays

Les principaux partis politiques existants au Liban sont : le Parti Kataëb (principal parti maronite), le Bloc national (Chrétiens), le Parti National Libéral (maronite - Dory Chamoun), le Parti socialiste progressiste (druze, M. Walid Joumblatt), Amal et Hezbollah (partis chiites).

L'analyse de l'opération de rapatriement ou opération Baliste pendant la crise israélo-libanaise de 2006.

Apres les événements dramatiques qu'a connus le Liban de la mi juillet à la mi-aout 2006, j'ai décidé d'étudier plus spécifiquement les conditions de mise en place de l'opération de rapatriement dit opération « Baliste ».Nous avons tout d'abord pensé choisir comme thème de mémoire la politique étrangère de la France durant ce conflit en essayant ainsi de mettre en lumière les relations étroites qui prévalaient entre ces deux pays. Seulement, nous pûmes constater que le thème retenu était beaucoup trop vaste et ainsi quasi impossible à analyser de manière précise et pertinente. Mes recherches se sont donc focalisées sur un seul aspect de la politique étrangère menée par la France : le rapatriement de ses ressortissants encore présent au Liban lors du déclenchement du conflit entre Tsahal1(*) et le Hezbollah.2(*)

L'opération de rapatriement ou d'exfiltration a débuté le 14 juillet 2006 pour s'achever un peu plus d'un mois plus tard le 16 aout 2006.Cette période de temps correspond en fait à la première phase de l'opération dite phase d'urgence ; elle a permis d'effectuer « une assistance au départ volontaire des ressortissants souhaitant quitter le Liban ».La deuxième phase de l'opération Baliste que nous n'aborderons pas dans cet exposé est une phase dite de reconstruction du pays. Pendant cette période, les militaires engagés dans l'opération Baliste ont non seulement aidé la FINUL II à se déployer (transport des éléments du génie, débarquements à Naqoura et à Beyrouth), mais ils ont également participé à la surveillance des approches maritimes du Liban, ont construit des ponts Bailey et lancé une coopération bilatérale avec l'armée libanaise .Nous ne focaliserons ici donc seulement sur la première phase de l'opération Baliste.

Cette opération m'est apparue intéressante à étudier pour un certain nombre de raisons. Sur le plan théorique tout d'abord, l'analyse de l'opération me permettra de mieux comprendre la prise de décision politique, le déroulement et l'application d'une politique publique. Ainsi, je tenterai de mettre en lumière ici la pluralité des acteurs institutionnels et politiques qui ont contribué à l'élaboration d'un programme d'action ainsi que de sa mise en place. L'opération baliste est également digne d'analyse de par son envergure très importante puisqu'il s'agit du plus important rapatriement de civils depuis la seconde guerre mondiale.3(*)Il faudra, par cette analyse rendre compte de la complexité de l'opération et de mettre ainsi en avant ses différents aspects politiques, diplomatiques, économiques, logistiques et sanitaires. Enfin, ce rapatriement mérite car il est le révélateur d'une tradition diplomatique d'un pays, d'une histoire commune. L'opération baliste illustre ainsi la volonté française de préserver son influence sur la scène diplomatique internationale et notamment dans le Proche -Orient et au Liban mais il révèle également les liens profonds qui unissent le pays de Cèdre et la France. L'opération baliste, si elle s'inscrit dans le cadre d'un conflit spécifique, fait également parti d'un processus historique plus large partant du mandat de la France au Liban dans les années 1920 ,à l'indépendance du pays en 1943 jusqu'à la guerre civile qui déchira le pays pendant les années 1980.La particularité de cet état tampon et multicommunautaire qu'est le Liban devra donc constituer la toile de fond d'analyse du mémoire. Si je n'analyserai pas la société libanaise ni les relations privilégiées que ce pays a entretenu avec la France, ces éléments doivent cependant être pris en compte pour mieux comprendre toutes les particularités de l'opération de rapatriement.

Je tenterai d'analyser ici l'opération baliste selon une double approche conceptuelle : à la fois une étude en termes d'analyse de politique publique, toute politique étrangère étant une politique publique ; et une analyse s'appuyant sur les différentes théories des Relations Internationales existantes. En ayant cette double approche, nous espérons mieux rendre compte de la complexité du phénomène décisionnel, des contraintes bureaucratiques et organisationnelles nationales mais aussi de la difficulté d'agir et de décider pour les acteurs institutionnels sur la scène internationale. La problématique centrale sera donc de se demander de quelle manière la théorie des RI, l'analyse en terme de politique publique peut elle nous aider à mieux comprendre la prise de décision politique qui a amené à l'opération de rapatriement dit opération baliste .Comment donc et par qui se sont effectuées ces prises de décision et comment ont-elles été appliquées ?Enfin, existe-t-il une véritable adéquation entre les objectifs définis et ceux réellement atteints dans le cadre de l'opération ?

Il nous faut définir les termes de notre sujet ainsi que les principaux concepts que l'on va évoquer pour mieux établir ainsi les bases de notre raisonnement. Tout d'abord les principaux termes de notre sujet. Qu'est ce qu'une opération de rapatriement ? Un rapatriement correspond à «  un renvoi dans sa patrie par les soins des agents consulaires »4(*)

Il existe plusieurs types de rapatriement ; ici, le rapatriement des ressortissants français correspond à un rapatriement volontaire. Conformément à la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 aout 1949, le rapatriement volontaire correspond au désir de l'individu ou de son gouvernement alors qu'il peut exister des rapatriements effectués uniquement sur le désir de la puissance détentrice.

Le terme de « politique étrangère » ne figure pas dans l'intitulé du sujet mais il nous faut néanmoins le définir car il est en fait sous entendu ; en effet, l'opération baliste correspond à une facette de la politique étrangère de la France au Liban, politique étrangère qui elle-même appartient au domaine des politiques publiques. On peut définir une politique étrangère comme « l'instrument par lequel un Etat tente de façonner son environnement politique international ».5(*)L'analyse de la politique étrangère occupe ainsi une place très importante dans les divers débats sectoriels existants au sein de la discipline des RI. Autrefois défini comme la « seule partie de l'activité étatique dirigé vers le dehors »6(*),nous devrons désormais situer notre analyse dans une perspective prenant plus en compte l'existence des ONG, des diplomaties infra- étatiques, des politiques étrangères appartenant à la sphère de décision européenne et des organisations internationales tel que l'ONU .

Enfin, il faut replacer dans son contexte l'opération baliste en la situant dans le cadre plus large d'un conflit, celui opposant le Liban à Israël.

Le conflit se situe dans une phase de crise. Comment peut-on définir une crise ? Etymologiquement, une crise signifie « jugement », « décision », puis par extension la phase décisive d'une maladie. Hors du domaine médical, le terme de crise revient à désigner l'idée de trouble, les situations de déséquilibre profond voire de désordre (politique, géopolitique, économique).

Je reviendrai brièvement sur le conflit sans apporter de développement trop long car là n'est pas le sujet de mon mémoire. Cependant, le conflit constitue un élément important car il est l'événement qui motive la décision de l'opération baliste.

La crise israélo libanaise est un conflit armé qui débute le 12 juillet 2006 et qui oppose Israël au Liban, principalement des forces armées comme le Hezbollah de Hassan Nasrallah7(*), et dans une moindre mesure, l' armée libanaise. Une trêve correspondant à la résolution 1701 de l' ONU est intervenue le 14 août, au moment le plus intense des affrontements armés.

Le conflit a été déclenché suite à un accrochage entre le Hezbollah et l' armée israélienne à la frontière, qui a abouti à la capture de deux soldats israéliens en vue de les échanger, comme ce fut le cas plusieurs fois, avec des prisonniers libanais en Israël, et à la mort de huit autres. Cette attaque intervient au 18e jour de l' opération Pluie d'été8(*) menée par les Forces de défense d'Israël contre les activistes du Hamas qui a touché surtout les infrastructures palestiniennes et la population dans la Bande de Gaza. Une tentative de sauvetage des soldats par un commando de Tsahal échoue et conduit à la mort de cinq autres soldats israéliens.

Suite à ces évènements, Israël décide de lancer l'opération «Juste Rétribution» renommée depuis «Changement de Direction», qui s'étend sur tout le Liban hormis le Chouf, fief traditionnel des druzes. Pour Israël, il s'agit d'éradiquer les implantations du Hezbollah au Liban, capables de tirs de missiles, nombreux et de longue portée depuis le retrait israélien de 2000 et qui fait usage de ses roquettes contre le tiers nord du territoire israélien.(cf cartes du conflit en annexe 3,4 et 5)

Les conséquences de cette opération du côté libanais sont: plus de 1000 morts civils dont 30% d'enfants de moins de 12 ans; une majorité des infrastructures du pays détruites de nombreux quartiers résidentiels rasés; une marée noire en Méditerranée; des opérations qualifiées de crimes de guerre par Amnesty International dans les villages du Sud, comme celui de Marwahin. Cet organisme dénonce les dégâts excessifs causés aux civils et à l'infrastructure civile. Israël explique que le Hezbollah a sa part de responsabilité dans ces destructions en se cachant parmi les civils qu'il prend comme bouclier humain.

Du côté israélien, plus de 400 morts ont été recensés et plus de 500000 personnes ont fuit le nord du pays à cause des tirs de roquettes du Hezbollah. Ces munitions n'étant pas guidées, elles ont été dénoncées par Amnesty international comme étant des armes sans discrimination, ce qui constitue un crime de guerre et ce d'autant plus qu'elles étaient conçues pour optimiser les dégâts infligés à la population.

L'armée israélienne annonce avoir tué 320 combattants du Hezbollah . Le Hezbollah annonce lui la perte de 62 combattants . En décembre 2006, plusieurs mois après la fin du conflit, un représentant important du Hezbollah reconnait la mort de 250 combattants présentés fièrement comme des martyrs tandis qu'Israël déplore la mort de 159 Israéliens dont 39 civils en 34 jours de combats. 9(*)

Nous avions souligné dans notre problématique que nous aurions recours principalement à deux sous disciplines de la science politique que sont la théorie des Relations Internationale et l'analyse en termes de politiques publiques.

La définition de la théorie des RI pose tout d'abord problème dans la mesure où il s'agit d'une discipline assez récente. Toute science sociale doit se caractériser par deux traits fondamentaux qui sont une démarche scientifique reconnue et un objet d'étude déterminé. Or, ce double pré requis est sujet à de multiples controverses. Certains auteurs tels que Ferguson et Mansbach 10(*)souligne ainsi les interrogations qui soulève l'adjectif « international » qui, selon eux, ne se définit que négativement par opposition au national. Ils en concluent ainsi à l'impossibilité d'établir une quelconque théorie des relations internationales. Cependant, cette assertion mérite discussion. Il nous faut donc revenir sur la genèse de cette discipline et délimiter son objet d'étude.

L'adjectif international a été créé par le philosophe utilitariste anglais J.Bentham au XVIIIème siècle.11(*)Il a été le premier à prendre conscience de la mutation profonde que constitue l'apparition des Etats -nations et l'augmentation concomitante des transactions et échanges transfrontaliers entre eux. Le mot international se popularisant, il a désormais une autre signification que celle proposée par Bentham. Selon lui, l'Etat est le seul sujet du droit international et international est donc alors synonyme d'interétatique. De nos jours cependant, sa position apparait stato- centré et n'est plus considéré que comme une perspective parmi d'autres au sein des Relations Internationales. On considère désormais en effet que les RI désignent l'ensemble des relations qui se déroulent au delà de l'espace contrôlé par les Etats pris de manière individuelle, quelque soit la nature de l'acteur concerné par lesdites relations et quelque soit la réalité de ces relations (qu'elles soient de nature économiques, diplomatiques, militaires, etc.)12(*)Il existe néanmoins un postulat qui est celui de la structure anarchique de l'environnement international et qui constitue ainsi un critère de délimitation des RI.

La discipline académique apparait en tant que telle aux lendemains de la première guerre mondiale lorsqu'il est apparu véritablement nécessaire de développer une étude scientifique de la politique internationale. Il s'agissait alors de comprendre comment un conflit d'une telle ampleur avait pu éclater et d'éviter, dans le futur, des conflits de même type. Il va alors se développer à l'intérieur de la discipline de nombreux débats inter paradigmatiques entre libéraux, marxistes et réalistes. Il n'y a donc pas une mais des théories des relations internationales. La vocation des Relations Internationales n'est donc pas de fournir une vérité définitive sur l'état du monde mais plus simplement de proposer des concepts, des problématiques permettant de mieux comprendre les grandes tendances du monde contemporain.

L'analyse en terme de politiques publiques s'avère enfin utile dans la mesure où elle permet de mieux comprendre et appréhender le résultat de l'action gouvernementale, ses processus et acteurs. Elle permet également de mettre à jour le processus décisionnel, processus qui nous intéresse particulièrement ici pour analyser la prise de décision de l'opération baliste par les autorités françaises. Une politique publique peut se définir comme « le produit de l'activité d'une autorité investie de puissance publique et de la légitimité gouvernementale ».13(*)Une politique publique comprend cinq caractéristiques principales : un contenu, un programme, une orientation vers des buts énoncés, un facteur de coercition (l'acte public repose sur une coercition qui est celle du monopole de la force) et un ressort social (une politique publique se définissant par son ressort, par les ressortissants dont ses actes vont affecter les comportements, la situation.) Les outils d'analyse de cette discipline permettent également de structurer l'approche que nous allons avoir de l'opération baliste.

Ainsi, on se focalisera successivement sur l'émergence d'un problème public, ici le sort des français au Liban puis la prise de décision publique en soulignant qu'elle constitue une réalité multiple et complexe dépendant à la fois de la rationalité de l'acteur, des contraintes du rôle et des contraintes organisationnelles et du style décisionnel. Enfin, nous étudierons la mise en oeuvre de l'opération baliste en distinguant le processus de la mise en oeuvre avec ses prescriptions et objectifs et la structure de la mise en oeuvre ou système d'action réel.

L'opération baliste étant un événement récent, il n'y pas de productions scientifiques l'analysant. Cependant, une abondante littérature existe concernant l'environnement proche de cette opération. Plusieurs thèmes se dégageant de ce sujet on fait l'objet d'une production savante: la politique étrangère de la France au Proche Orient, le processus décisionnel de l'acteur politique, les théories des politiques publiques expliquant la rationalité de l'acteur, les différentes étapes d'une politique publique(reconnaissance d'un problème, mise sur l'agenda, application, terminaison, etc.) les théories des RI quant à la différence entre politique intérieure et politique étrangère et enfin les analyses socio-historiques sur le Liban.

Celles-ci sont assez nombreuses et l'on peut citer notamment les ouvrages des spécialistes reconnus George Corm et Joseph Chami sur l'histoire du Liban14(*), ceux traitant de la vie politique et constitutionnelle de Antoine Messara15(*)et enfin ceux plus spécifique relatif aux différentes communautés du pays de Pierre Dib.16(*)L'histoire des rapports France -Liban nous servira de mise en perspective historique de l'opération de rapatriement qui ne pourra être traité de manière a-historique.17(*)En effet, il faudra inscrire notre travail sur l'opération de rapatriement en prenant en compte la dimension historique de la diplomatie française au Liban.

Les théories des RI bien que discipline récente présentent aussi une littérature importante. Les ouvrages concernant les différentes théories en présence sont incontournable notamment ceux de Dario Battistela et de Philippe Braillard.18(*)Les débats autour du secteur que constitue la politique étrangère dans le champ des relations internationales sont nombreux également et les oeuvres de Holsti, Allison19(*) constituent des études pionnières dans ce domaine.

L'analyse des politiques publiques comportent elle aussi de nombreux ouvrages. Si ce champ des sciences politiques a été tout d'abord dominé par la pensée d'auteurs américains, il existe un renouveau de la discipline en France depuis les années 70 avec les travaux fondateurs de Mény, Thoenig et de Michel Crozier.20(*)Les analyses établis par Mény et Thoenig nous aideront ainsi à mieux comprendre les processus d'émergence, de formulation, d'adoption, de mise en oeuvre et d'adoption de l'opération baliste par les autorités publiques françaises.

L'analyse que nous allons donc développer ici sera innovante à plusieurs titres. Tout d'abord, de par le fait que l'opération baliste n'a jamais été étudiée et mis en perspective en tant que tel ; de plus, nous adopterons ici une approche pluridisciplinaire en croisant la vision de la théorie des RI et celle plus stato -centrée des politiques publiques. L'apport de notre travail sera ainsi de mettre en valeur les mécanismes de la décision politique dans le cadre difficile du conflit entre Israël et le Liban dans la région du Proche Orient, zone de surcroit, de fortes tensions internationales. Si l'analyse de la prise de décision politique en matière de politique étrangère a déjà été traité, l'innovation de notre approche sera de prendre plus en compte les considérations internationales par le recours à la théorie des RI ainsi que des rapports très spécifiques qu'entretiennent la France et le Liban. Il existe donc une nouveauté du sujet abordé ainsi que de la méthode adoptée.

Les principales sources que nous utiliserons seront les allocutions et discours de M. Douste Blazy, ministre des Affaires Etrangères, de M. Chirac, président de la république et Mme Alliot Marie, ministre de la Défense, M. Sarkozy, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire et de M de Villepin, Premier ministre. Nous analyserons ces documents en ayant recours à une théorie du discours diplomatique pour mettre en lumière leur force légitimante et la manière dont ils traduisent la volonté politique française.21(*)Nous aurons également comme source les comptes rendus, rapports officiels émis par les différents ministères concernés dans la décision et la mise en place de l'opération baliste (à savoir, Ministère de la Défense, de la Santé, des Affaires Etrangères, de l'Equipement).A cela, s'ajoutera le recours à l'analyse des travaux des Assemblées (Sénat et Assemblée Nationale) tels que les rapports de la commission des A.E, des groupes d'amitié franco-libanais et des débats parlementaires. L'analyse d'articles de la presse nationale (quotidiens, hebdomadaires) sera également utile pour mieux rendre compte de la retransmission des événements et de la prise de conscience d'une situation problématique.

Plus entretiens............

Dans cette première partie consacrée aux origines de l'opération baliste et à l'identification de la crise, nous analyserons les éléments principaux qui ont amené à une prise de conscience des autorités publiques quant à la nécessité d'un rapatriement. Nous analyserons ainsi le rôle des médias et de l'opinion publique dans la mise sur agenda de cette opération de rapatriement. Puis, nous étudierons l'identification de la crise du point de vue officiel et institutionnel. Il s'agira de garder ici en mémoire l'histoire de la politique étrangère française au Proche Orient et au Liban et de voir comment l'identification de cette crise spécifique peut s'inscrire dans le temps long et donc dans une certaine tradition diplomatique.

Dans la deuxième partie sur la prise de décision politique et l'action diplomatique française, nous développerons une problématique liée à la place du M.A.E22(*) dans le processus décisionnel en matière de politique étrangère. Il faudra ainsi se demander si le M.A.E a été fortement concurrencé dans la prise de décision politique de l'opération Baliste. Même si il existe une pluralité d'acteurs impliqués dans le processus de décision, il faudra souligner dans cette partie l'importance d'un « milieu décisionnel central » selon l'expression de M.C.Kessler.23(*)

Enfin, dans une troisième et dernière partie développant la mise en place de l'opération, nous nous interrogerons sur l'implémentation en opérant une distinction entre l'approche prescriptive et sectorielle de type top-down et l'approche plus systémique et politique24(*).Il s'agira donc de rendre compte de la réalité de la mise en place de l'opération en se focalisant sur deux aspects du rapatriement : la logistique, l'organisation et l'humanitaire.

* 1 Tsahal (en Hébreu Tsva Haganah Le-Israël : Forces de défense israéliennes, abrégé en français par Tsahal) désigne l'armée israélienne qui fut fondée le 26 mai 1948, en remplacement des organisations armées antérieures, dont la principale était la Haganah(. Haganah signifie « défense » en hébreu. La Haganah se composait de mouvements de résistance de droite comme le groupe Stern. Il s'agit d'une organisation clandestine créée en 1920, comme force de protection pour les juifs ayant émigré en Palestine. Son but originel était de défendre les communautés juives d'éventuelles attaques par les Arabes.)Elle comprend tous les corps d'armée dont l'armée de l'air, l'armée de terre, la marine et des services secrets qui figurent parmi les plus efficaces du monde.

Source : http://www.idf.il

* 2 Le Hezbollah (Hizb Allah) (en arabe ?izba-llâh, « Parti de Dieu ») fondé 1982 est un mouvement politique chiite libanais possédant une branche armée qui est à son origine et qui fut créée en réaction à l'invasion israélienne au Liban en 1982, en s'appuyant sur un financement syrien et iranien. Le Hezbollah est considéré comme un mouvement de résistance par l'Iran, la Syrie et une grande partie de l'opinion publique des pays arabes ou musulmans, et comme organisation terroriste par les États-Unis le Canada, le Royaume-Uni et Israël entre autre. La position de l'Europe est plus contrastée ambigüe. Ainsi, l'union européenne n'a pas inscrit le Hezbollah sur la liste des différentes organisations terroristes dans le monde. Cependant, certains des chefs de ce mouvement tel que le responsable du service des renseignements, Mughniyah, Imad Fayiz sont considérés comme des terroristes internationaux. L'ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à son désarmement. Source : http://www.republique-des-lettres.fr/hezbollah

* 3 Plus de 14000 personnes rapatriés dont près de 10800 français.

On entendra par français dans notre exposé également les binationaux franco -libanais .Ceux ci représentent 90% de la communauté française au Liban et constituait ainsi également une part importante des rapatriés français pendant l'opération baliste.

Source : www.diplomatie.gouv.fr

* 4 Dictionnaire de l'Académie Française, neuvième édition (1986).

* 5 F.Charillon, introduction dans F. Charillon (dir.) Politique étrangère, Nouveaux regards, Paris, Presses de Sciences Po, 2002.

* 6 Définition de la politique étrangère selon M. Merle, la politique étrangère, Paris, économica, 1984, p.9

* 7 Nasrallah, sollicité par l'Ayatollah Khamenei et par le conseil des sages du parti, devient chef du Hezbollah après la mort d'Abbas Moussaoui le 16 février 1992.

* 8 L'opération pluie d'été correspond au nom de code donné à l'opération militaire lancée par Israël dans la bande de Gaza en Juin 2006 .Source :www.lemonde.fr

* 9 Données statistiques de L'ONG Amnesty International, www.amnesty.fr

* 10 Y. Ferguson et R. Mansbach, The Elusive Quest, Theory and International Relations, Columbia, University of South Carolina Press,1988.

* 11 J.Bentham, Introduction to the principles of Morals and legislation (1789), Lenders, The Athlone Press, 1970.

* 12 M.C.Smouts,Les nouvelles relations internationales. Pratiques et théories, Paris, Presses de Sciences po, 1999.

* 13Y.Meny, J.C.Thoenig, Politiques publiques, Paris, PUF, 1989.

* 14 Parmi ces écrits les plus récents on peut citer : G.Corm,-Le Liban contemporain, histoire et société, Paris éditions La découverte, 2003.

-Le Proche-Orient éclaté 1956-2003, Gallimard, Paris, coll. « Folio/Histoire », 2003.

* 15 A.Messara a publié de nombreux ouvrages en langue traitant des différentes forces politiques libanaises, on peut citer notamment :-A.Messara, Partis et forces politiques au Liban, fondation libanaise pour la paix civile permanente, Beyrouth, 1996.

-Les partis et forces politiques au Liban. Renouvellement et engagement Beyrouth, 1998.

* 16 P. Dib, Histoire des maronites, 3 volumes, libraire orientale, Beyrouth, 2001 ;

* 17 N.Salhab, La France et les maronites, Dar el Machrek éditeurs, Beyrouth, 1997.

* 18 D.Battistella, Théorie des relations internationales, Paris, Presses de sciences po, 2006.

* 19 K.Holsti, Public opinion and foreign policy, International Studies Quaterly,1992.

G.Allison, Essence of Decision. Explaining the Cuban Missile crisis, Boston, Little Brown, 1971.

* 20 Il faut citer ici deux ouvrages incontournables dans le champ des politiques publiques :-Y.Mény, J.C Thoenig, Politiques publiques, Paris, PUF, 1989.

-M. Crozier, E. Friedberg, L'acteur et le système, Paris, Le Seuil, 1977.

* 21 Nous nous fonderons notamment sur les analyses de C.Villar, le discours diplomatique, Paris, Broché, 2006.

* 22 M.A.E : ministère des affaires étrangères, dénomination que nous reprendrons par commodité par la suite.

* 23 M.C.Kessler, La politique étrangère de la France, Paris, Presses de Sciences po, 1999.

* 24 Y.Mény,J.C Thoenig, op.cit.,pp.233,234

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