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L'analyse de l'opération de rapatriement ou opération baliste pendant la crise israélo-libanaise de 2006.

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par Axel Patinet
IEP de Lille - Master de communication publique 2006
  

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C) L'aspect sanitaire et humanitaire

Nous avons abordé auparavant les questions d'acheminement et de sécurisation Nous développerons dans cette partie l'aspect sanitaire du rapatriement. Nous évoquerons également mais de manière moins approfondie les missions humanitaires qui, si elles font partie de l'opération Baliste ne sont pas centrales dans le processus.

Nous verrons tout d'abord la mise en place du dispositif pour l'accueil des rapatriés à l'aéroport de Roissy CDG puis nous étudierons les actions du gouvernement pour le recouvrement des frais de santé et le versement des prestations familiales pour les rapatriés. Enfin, nous analyserons les rencontres entre le gouvernement français et libanais sur les problématiques liées à la santé.

Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités met en place dès le 18 juillet 2006, en lien avec Philippe Douste -Blazy, ministre du M.A.E un dispositif d'accueil à l'aéroport de Roissy CDG .A ceci s'ajoute l'envoi de plusieurs équipes médicales pour assurer la médicalisation des avions assurant le rapatriement des ressortissants français et européens vers la France.

Le dispositif de solidarité a été mis en place en lien avec le préfet et la DDASS de Seine -Saint-Denis et se fonde sur trois axes différents. Le premier correspond à un soutien médical ainsi qu'un suivi en cas de besoin à l'arrivée. Cette équipe sera renforcée par une équipe de la CUMP (cellule d'urgence médico-psychologique).

Le deuxième consiste en la mise en place d'un système de garde avec une crèche pour les enfants en bas âge. La DDASS 93 et 95, la croix rouge française, la brigade des mineurs et le Parquet orienteront en cas de besoin les mineurs seuls vers le lieu d'accueil et d'Orientation de Taverny.

Le troisième est fondé sur un guichet unique permettant aux ressortissants français d'avoir des renseignements sur leurs droits sociaux, dont l'ouverture immédiate a été demandée le 18 juillet par le ministre de la Santé et des solidarités aux directions de la CNAMTS64(*) et de la CNAF.65(*)

En conclusion, nous développerons trois points. Nous reviendrons tout d'abord sur l'opération en elle-même en récapitulant les principaux axes de notre exposé. Puis nous établirons une évaluation de cette politique publique. Enfin, nous étudierons la terminaison de l'opération Baliste et ouvrerons notre sujet en abordant les conséquences de la guerre pour le Liban.

Le propos de ce mémoire était de pouvoir mieux comprendre l'opération Baliste et le processus de décision politique ainsi que sa mise en oeuvre par une optique interdisciplinaire comprenant la théorie des RI et l'analyse en termes de politique publique.

En nous fondant sur le schéma d'analyse de C.O.Jones, nous avons pu établir un séquençage en trois étapes : la reconnaissance de la crise, le processus de prise de décision et enfin la mise en oeuvre de l'opération Baliste.

L'identification de la crise s'est opérée en deux temps ; tout d'abord par la reconnaissance d'une situation problématique par les médias, l'opinion publique et les institutions publiques puis par la formulation d'une action avec l'étude des solutions possibles. Il est apparu qu'il existait un certain consensus au niveau du gouvernement français quant à la nécessité et à l'urgence d'une intervention. Ce sentiment existait également dans l'opinion publique que cela se traduise à travers les médias ou les associations libanaises en France.

Le processus de décision a été analysé  en se focalisant sur la multiplicité des acteurs impliqués dans le processus et concurrençant ainsi le poids du M.A.E dans l'action diplomatique française. Il a s'agit notamment de mettre en valeur la coopération multi-niveaux et l'européanisation de la politique publique. Nous avons également établi le style décisionnel adopté qui était celui d'un processus pragmatique qui correspond le plus à la réalité de la prise de décision des autorités françaises.

La mise en oeuvre ou implémentation de l'opération Baliste a été analysée en terme de politique publique en distinguant entre l'approche de type top down administrative et l'approche systémique et politique qui rendait mieux compte de la complexité de l'implémentation. Nous avons donc rendu compte de la réalité de la mise en place de l'opération en se focalisant sur deux aspects principaux du rapatriement : la logistique, l'organisation et l'humanitaire, le sanitaire.

L'évaluation de la politique publique revient à s'interroger sur les résultats de la mise en place de l'opération Baliste. Deux attitudes conceptuelles existent pour évaluer l'opération : soit étudier s'il existe dans le système politique français des associations, des corps de contrôle qui ont consacré leurs efforts à repérer et à expliquer le contenu des résultats générés par l'opération Baliste .L'autre attitude consiste pour l'analyse à bâtir des concepts et des méthodes qui permettent précisément de décrire, d'expliquer et de juger de façon scientifique les résultats de l'action gouvernementale.66(*)

Nous adopterons tout d'abord la première approche d'évaluation qui se fonde sur les corps de contrôle. Il s'agit dans notre cas du contrôle général des armées.

Selon le contre-amiral Xavier Magne, cette mission était profondément interarmées. Initialement, les unités des différentes armées manifestaient une certaine réserve. Cependant, prises dans l'action, elles ont fini par constituer une seule vraie force. En effet, il apparait que l'opération de type interarmées suscite toujours de nombreuses interrogations des doutes et parfois même des arrière-pensées. En effet, il existe une certaine défiance entre les différentes armées que cela soit l'armée de l'Air à l'égard de l'armée de Terre ou la Marine Nationale à l'égard de l'armée de l'Air. Cependant sur le terrain de l'opération baliste, les doutes ne perdurent jamais très longtemps. L'évaluation de l'opération passe donc par un contrôle de l'efficacité des troupes qui dépende en grande partie d'une bonne coopération entre les armées. Malgré des réticences au départ, la réalité de l'interarmées a vite pris le dessus et les militaires investis dans l'opération Baliste ont vite été très sensibles à la notion de communauté de destin, perçue sans doute avec encore plus d'acuité lorsque l'on est sur un bâtiment qui, frappé par un missile, peut entraîner chacun dans la mort.

L'opération française devait en plus prendre en compte l'armée israélienne. Il est apparu que l'intervention de Tsahal est apparue inadaptée à l'agression du Hezbollah. Il nous a semblé que les opérations menées ont été plus longues et plus fatigantes que celles qui avaient été initialement prévues.

Ainsi, lorsque les navires français délivraient du matériel à Naqoura-le poste de commandement de la FINUL étant pris entre deux feux, des hélicoptères israéliens les survolaient parfois et tiraient des roquettes sur des positions du Hezbollah, quelques centaines de mètres plus loin. Des drones passaient parfois à proximité de nos positions. Avec la fatigue et l'énervement, le risque de méprise croit de façon exponentielle. Cela a toujours été un de mes grands soucis. Il s'agissait donc de diffuser l'information aux Israéliens et ainsi les inciter à ne pas survoler les bateaux français, les prévenir également que lorsque leurs appareils entraient dans une zone de deux miles nautiques autour de nos bâtiments, nous les considérions comme menaçants. La situation était donc assez tendue même si au final aucun accident majeur ne s'est produit.

Le contre amiral Magne ajoute que l'intervention depuis la mer, utilisant des moyens amphibies est apparue parfaitement adaptée à cette zone. Les cotes libanaises ne sont pas propices à priori à ce genre de manoeuvres. Elles sont riches en zones rocheuses et il n'y est donc pas très facile d'y débarquer. Les endroits accessibles nous ont permis de transporter les hommes et leur matériel jusqu'aux zones utiles. Le fret humanitaire a ainsi pu être acheminé alors que par la route, la destruction des ponts rendait ces déplacements impossibles.

De plus, le soutien à partir de la mer a été particulièrement utile. La compagnie du génie chargée de construire les ponts Bailey a travaillé dans des conditions délicates en zone d'insécurité .Les Français ont, en particulier, cherché à réduite son empreinte au sol. Il était en effet difficile de connaitre l'attitude des réseaux syriens vis-à-vis des forces de l'opération Baliste. Tout ce qui permettait de limiter le nombre de personnes effectivement déployées sur le territoire libanais était utile. Des voies maritimes et aériennes ont été ouvertes pour leur acheminer un soutien logistique, santé et militaire voire informatique.

Les moyens mis en oeuvre par l'opération Baliste correspondaient donc totalement aux besoins sur le terrain. A ce titre, le contrôle général des armées souligne la réussite de l'opération qui a su prendre en considération à la fois le contexte difficile de conflit et la géographie libanaise peu propice à des débarquements.

La terminaison de l'opération baliste  est une phase du travail gouvernemental que l'on connait peu théoriquement. La fin d'une politique publique n'est pas un fait normal ou naturel. Bien au contraire, elle constitue un phénomène politique spécifique et mérite donc d'être étudier. Quant une politique se termine elle ? Elle prend fin parce que l'autorité publique a placé une limite dans le temps à un programme d'activité en décrétant que celui- ci ferait l'objet d'une allocation financière spéciale pour un mois dans notre cas. La fin de l'opération baliste s'est traduite par la disparition du problème traité ; à savoir le problème des ressortissants qui étaient en danger au Liban. L'opération a donc pris fin quand tous les ressortissants sont rentrés en France mais cependant celle-ci s'inscrit dans un contexte plus large de la mission FINUL. La situation du Liban est toujours critique .La crise qui commence dès 2004, s'est renforcée en février 2005 avec le spectaculaire assassinat de Rafic Hariri, pour connaitre son paroxysme pendant la guerre de l'été 2006.Il s'agit donc d'exposer ici les conséquences majeures de la guerre pour le Liban et les instabilités qu'elle a produite dans le pays.

Après le cessez le feu du 14 aout 2006, le renforcement de la FINUL et le retrait quasi-total de l'armée israélienne du sud du Liban le 1er octobre, le pays hérite non seulement d'un paysage dévasté mais aussi d'une nouvelle donne politique. Le déploiement de l'armée libanaise au Sud répond aux exigences de la communauté internationale, à une revendication d'Israël et au souhait du gouvernement du Premier ministre Fouad Siniora. Il ne coïncide nullement avec le désarmement du Hezbollah qui est pourtant stipulé dans la résolution 1559 de septembre 2004 mais dont la réalisation est renvoyée à un processus de dialogue interlibanais commencé avant le début de la guerre. Proclamant sa « victoire divine », le Hezbollah semble, quant à lui être sorti politiquement renforcé de cette confrontation en ayant fait la preuve d'importantes capacités de résistance. Selon Franck Mermier67(*), le Hezbollah et son secrétaire général, Hassan Nasrallah «  ont atteint leur zénith parmi les populations arabes, qui ont vécu une bataille et une victoire par procuration », à l'issue de ce que la chaine de télévision Al Jazira a appelé la « sixième guerre israélo-arabe ». Un sentiment qui contraste beaucoup avec les positions initialement hostiles de plusieurs dirigeants arabes condamnant le comportement du Hezbollah mais aussi avec les réactions d'une partie de la population libanaise qui s'est sentie entrainée malgré elle dans ce conflit. Une fois de plus, le thème de la « guerre pour les autres » est réapparu, pour signifier que le Liban constitue la scène privilégiée des règlements de comptes régionaux et internationaux, avec cette fois-ci en arrière plan l'antagonisme opposant les Etats-Unis à l'Iran et la Syrie. Il semble en être une victime récurrente, en temps de guerre comme en temps de paix, puisque les clivages de la classe politique libanaise paraissent reproduire en grande partie les lignes de fracture de la politique internationale sans cependant que cet apparent alignement soit toujours vérifié.

Il en résulte une définition changeante et fluctuante mais surtout contradictoire, de l'ennemi extérieur, Israël ou Syrie, Iran ou Etats-Unis, qui s'incarne en un ennemi intérieur souvent assimilé à un agent de l'étranger. Les frontières symboliques de la société libanaise sont aussi poreuses que ses frontières internationales et la définition de leurs tracés et passages constitue un point de litige permanent entre les différents pôles de sa représentation politique. La guerre de l'été 2006 aura donc accentué les clivages, rigidifié les positions et aggravé une tendance dangereuse à l'anathème politique. Cela s'est ainsi traduit par un usage répété de la référence aux divers événements de la guerre civile dans les discours des différents dirigeants politiques libanais. Ces rappels ont le défaut principal de rappeler la fragmentation de la société libanaise qui est déjà fortement divisé  entre de multiples mémoires partisanes. Le fort mouvement de solidarité qui s'est fait jour durant la guerre pour accueillir les déplacés, en majorité chiites notamment dans les zones à majorité chrétienne, sunnite et druze semble avoir laissé place, après la cessation des combats au renforcement des fractures et des tensions communautaires. Melhem Chaoul68(*)précise également que Beyrouth a connu plusieurs séries d'affrontements entre bandes de jeunes, ceux les plus récurrents opposant des chiites à des chrétiens et d'autres mettant aux prises chiites contre sunnites dans les secteurs ouest de la capitale.

C'est donc un pays entier qui a été bouleversé en profondeur par ce conflit tant sur le plan économique (importantes destructions matérielles69(*)) que politique et sociétal.

* 64 La CNAMTS, assureur solidaire en santé définit les politiques de gestion du risque et négocie les conventions qui déterminent les liens entre l'Assurance Maladie et les professionnels de santé libéraux (médecins, auxiliaires médicaux).

Source : www.cnaf.fr

* 65 Les Allocations familiales forment la "branche Famille" de la Sécurité sociale, à travers le réseau formé par la caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf) et l'ensemble des caisses d'Allocations familiales (Caf). Dans l'accompagnement des ses 29,5 millions de bénéficiaires directs et indirects (6,5 bénéficiaires directs pour les prestations familiales et 5 pour les minima sociaux), la branche Famille doit s'adapter à une grande diversité de situations.

Source : www.cnaf.fr

* 66 Les études les plus complètes sur l'évaluation des politiques publiques ont été réalisées par plusieurs auteurs anglo-saxons :

D.J.Palumbo, the politics of program evaluation, London, sage, 1988.

P.H.Rossi, W.Williams, Evaluation Research: An assessment of current theory, Practice and Politics, UNESCO, 1979.

* 67 Franck Mermier, anthropologue et chercheur CNRS et directeur scientifique à l'institut français du Proche -Orient(Beyrouth) a publié récemment un ouvrage intitulé : Liban, une guerre de 33 jour, la découverte, Paris, 2006.

* 68 M.Chaoul est professeur de sociologie à l'université libanaise de Beyrouth, auteur de nombreux articles sur la société libanaise et la guerre civile ainsi que sur la récente guerre israélo-libanaise de 2006.

* 69 La guerre de 2006 a provoqué de nombreuses destructions qui résultent principalement des bombardements de l'aviation et de la marine israéliennes. Ils on entrainé des dommages très lourds, évalués au milieu du mois d'aout 2006 à quelque 3,6 milliards de dollars de dégâts matériels directs dont environ 1,2 milliards de dollars pour les infrastructures et les établissements industriels et 2 ,4 milliards pour les habitations et les commerces.

Source :CDR,17 août 2006

(cité par The Lebanon Weekly Monitor)

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