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Analyse des connaissances, des attitudes et pratiques du personnel de santé face aux accidents d'exposition au sang dans les formations sanitaires au Burkina

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par Paulin FAO
Ecole de Santé Publique (ESP) Université Libre de Bruxelles Belgique - DEA inter Facultaire en Sciences de la Santé 2005
  

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UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES

ECOLE DE SANTE PUBLIQUE

Annee academique 2004-2005

Analyse des connaissances, des attitudes et pratiques du personnel de santé face aux accidents d'exposition au sang dans les formations sanitaires au Burkina

Memoire pour l'obtention du Diplome d'Etudes Approfondies (DEA) en Sciences de la Sante

Présenté par : FAO Paulin

Inscription SAPU-R

Matricule ULB :031532 - 00

Sous la Direction du Professeur Philippe DONNEN

Table des matieres

________________________________________________________________________________

i. liste des sigles et abreviations 4

ii. liste des tableaux et figures 4

iii. Resume 5

1 Introduction 7

2 Objectifs de l'etude 10

2.1 Objectif général 10

2.2 Objectifs spécifiques 10

3 Materiels et methodes 11

3.1 Cadre de l'étude 11

3.1.1 Le Burkina Faso 11

3.1.2 Le Projet VIRUS 11

3.2 Type d'étude 12

3.3 Population d'étude 12

3.4 Echantillonnage 13

3.4.1 Taille d'échantillon 13

3.4.2 Echantillonnage des structures de santé 13

3.4.3 Tirage au sort du personnel paramédical à enquêter 13

3.5 Activités de l'étude 14

3.5.1 Elaboration des outils de collecte des données 14

3.5.2 Préparation de la base de sondage et du système de numérotation 14

3.6 La collecte des données 14

3.6.1 Recrutement et formation des enquêteurs 14

3.6.2 Pré test du questionnaire 15

3.6.3 Déroulement de l'enquête 15

3.6.3.1 Différentes phases de l'étude 15

3.6.3.2 Déroulement proprement dit de l'étude 15

3.6.3.2.1 Prise de contact avec l'administration de la structure de santé 15

3.6.3.2.2 Entrevues avec le personnel soignant 15

3.7 Gestion et analyse des données 16

3.7.1 Vérification et saisie des questionnaires 16

3.8 Plan d'analyse statistique 16

4 Resultats 16

4.1 Effectif des formations sanitaires visitées 16

4.2 Taux de réalisation des interviews par rapport au potentiel à enquêter 17

4.3 Description de l'échantillon 17

4.3.1 Répartition des agents selon la catégorie et selon la zone d'étude 17

4.3.2 Caractéristiques socio-demographiques 18

4.4 Dispositif sécuritaire et attitudes de protection des agents dans les formations sanitaires 19

4.4.1 Vaccination contre l'Hépatite virale B 19

4.4.2 Dispositif sécuritaire sur les lieux de travail 19

4.4.2.1 Disponibilité perçue par les agents de santé des mesures de protection individuelles et collectives 19

4.4.2.2 Disponibilité déclarée et utilisation du matériel de protection individuelle dans les unités de soins obstétricaux et dans les salles d'intervention chirurgicale 20

4.4.2.3 Utilisation des gants de protection en fonction du statut sérologique des patients 21

4.5 Connaissances par les agents de santé du principe du traitement des instruments 21

4.6 Accidents d'exposition au sang au cours des 12 derniers mois et leur gestion 22

4.6.1 Accidents par coupure ou piqûre avec un objet tranchant souillé et leur gestion 23

4.6.2 Accidents par projection dans l'oeil d'un liquide biologique et leur gestion 24

4.7 Perceptions des agents en matière de risques professionnels 24

5 Discussion 25

5.1 Résumé 25

5.2 Taux de réalisation de l'enquête 25

5.3 Vaccination contre l'Hépatite B 25

5.4 Le dispositif sécuritaire dans les formations sanitaires 26

5.5 Utilisation des mesures de protection individuelles par les agents de santé 26

5.6 Utilisation du matériel de protection selon le statut sérologique des patients 27

5.7 Connaissance par les agents du traitement des instruments souillés 27

5.8 Les accidents d'exposition au sang 28

5.9 Limites de l'étude 28

5.10 Conclusion et recommandations 29

6 Bibliographie 30

i. Liste des sigles et abréviations

ARV Antirétroviraux

CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale

CMA Centre Médical avec Antenne Chirurgicale

CHR Centre Hospitalier Régional

CHN Centre Hospitalier National

CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale

CMLS Comités Ministériels de Lutte contre le SIDA

CPLS Comités Provinciaux de Lutte contre le SIDA

CDLS Comités Départementaux de Lutte contre le SIDA

CCLS Comités Communaux de Lutte contre le SIDA

CVLS Comités Villageois de Lutte contre le SIDA

CDC Center of Diseases Control

IST : Infection Sexuellement Transmissible

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONUSIDA Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA

PNB : Produit National Brut

SIDA : Syndrome d'Immunodéficience humaine Acquise

SP/CNLS-IST Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles

VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine

ii. Liste des tableaux et figures

Figure 1 : Carte du Burkina Faso représentant les 45 provinces. 12

Tableau 1. Taux d'administration des questionnaires par zone d'enquête. 17

Figure 2 : Répartition des agents de santé enquêtés selon la zone d'étude. 17

Tableau 2. Répartition des agents de santé enquêtés par catégorie professionnelle. 18

Tableau 3. Caractéristiques des agents de santé. 18

Tableau 4. Disponibilité déclarée des mesures de protection individuelle et collective au niveau des formations sanitaires. 20

Tableau 5. Disponibilité du matériel de protection individuelle au niveau des unités de soins obstétricaux et régularité d'utilisation. 20

Tableau 6. Disponibilité du matériel de protection individuelle dans les salles d'intervention chirurgicales et régularité d'utilisation. 21

Tableau 7. Connaissances des agents de santé sur le principe du traitement des instruments en milieu de soins. 22

Tableau 8. Modalités déclarées de la gestion des piqûres ou coupures accidentelles au cours des 12 derniers mois. 23

iii. Résumé

Titre : Analyse des connaissances, des attitudes et pratiques du personnel de santé face aux accidents d'exposition au sang dans les formations sanitaires au Burkina Faso

Contexte et objectifs : Au cours d'une analyse nationale de la situation du VIH/SIDA au Burkina Faso en 2003, une étude a été initiée et conduite par le centre MURAZ dans les formations sanitaires, sur les connaissances, les attitudes et les pratiques du personnel de santé face aux accidents d'exposition au sang. Le but étant de fournir des informations pour la réorganisation des services.

Méthodologie : Entre avril et décembre 2003, une étude transversale a été réalisée auprès du personnel de santé dans quatre zones d'étude au Burkina Faso. L'interview des agents de santé s'est faite à l'aide d'un questionnaire standardisé. Un score des connaissances sur les procédures de traitement des instruments a été calculé à partir de la capacité à citer la décontamination, le lavage, la désinfection de haut niveau et la stérilisation.

Résultats : 1570 ont accepté de prendre part à l'étude sur 1692 recensés, soit un taux de réalisation de 92,5%. Près de 60% des agents affirment avoir déjà reçu leur vaccin contre l'Hépatite B. Les mesures de protection collectives ont été jugées disponibles par la majorité des personnes interrogées. Les mesures de protection individuelles ont été jugées peu disponibles par les agents des unités de chirurgie et d'obstétrique. Moins de 20% des agents avaient un bon score de connaissance sur le traitement des instruments. La gestion des accidents d'exposition au sang connaissait beaucoup de lacunes.

Conclusion : L'étude montre l'urgence pour les autorités de la santé d'assurer une amélioration du plateau technique et une mise en oeuvre des précautions standards.

Mots clés : Connaissance, Accident, Exposition VIH, Personnel de santé, Burkina Faso.

Title: Analysis of knowledge, attitudes and practices of healthcare workers facing blood exposure incident in health facilities in Burkina Faso

Context and objectives: During a national survey on the situation of HIV/AIDS in Burkina Faso in 2003, a study has been initiated and conducted by MURAZ Center in health facilities on knowledge, attitudes and practices of health workers facing blood exposure incident. The aim was to provide information for services reorganization

Methodology: Between April and December 2003, a cross-sectional study has been done close to health workers in four zones of study in Burkina Faso. Interview of chosen health workers has been done with a standardized questionnaire. A knowledge score on basics principles of medical instrumental treatment has been calculated from the capacity to quote decontamination, washing, high-level disinfection and the sterilisation.

Results: 1570 health workers on 1697 listed agreed to take part to the study, that is a realization rate of 92,5%. About 60% of the agents affirm already received their vaccine against Hepatitis B. The collective protection measures were considered to be available by the majority of the questioned people. The individual protection measures were considered to be less available by health workers of both surgical and obstetric units. Less than 20% of the agents had a good score of knowledge on the medical instrument treatment. The management of blood exposure incident had many gaps.

Conclusion: The study shows the urgency for the authorities of health to improve technical equipments and implement standards precautions.

Keys Words: Knowledge, Accident, Exposure HIV, Health workers, Burkina Faso.

1 Introduction

Le SIDA constitue de nos jours un fléau mondial du fait de son impact négatif sur le potentiel humain et économique, des familles, des communautés, et des pays (1). Cette maladie est en grande progression, particulièrement dans les pays à ressources limitées, et cela, malgré les grands efforts consentis pour arrêter son extension.

Selon l'ONUSIDA, près de 38 millions (34,6 - 42,3 millions) de personnes vivent avec le VIH dans le monde en fin 2003 ''(2). L'épidémie du VIH/SIDA a depuis son apparition, pris différentes formes à travers le monde. Dans certaines régions, l'infection s'est généralisée à l'ensemble de la population. Tandis que dans d'autres, l'infection est restée très limitée à des sous-groupes à haut risque tels que les travailleurs du sexe et leurs clients, les homosexuels et les utilisateurs de drogues injectables (1).

L'Afrique subsaharienne qui renferme 10% de la population mondiale, concentre à elle seule environ 70% des personnes infectées par la maladie ''(2, 3).

Le Burkina Faso est l'un des pays d'Afrique de l'Ouest les plus touchés par le VIH/SIDA (4). La récente Enquête Démographique et de Santé (EDS 2003) a trouvé une prévalence moyenne de 1,8% sur un échantillon représentatif de la population générale (5, 6). Un Comité National de Lutte contre le Sida existe depuis l'enregistrement des premiers cas de malades du SIDA en 1986. En 2001 ce conseil est devenu le Conseil National de lutte contre le VIH/SIDA et placé sous l'autorité directe du Chef de l'Etat avec comme principales missions : l'orientation, la coordination, l'appui technique et la supervision de l'ensemble des activités se rapportant au SIDA et aux IST.

Le gouvernement a adopté un cadre stratégique de lutte contre le VIH/SIDA et les IST pour une période de 5 ans allant de 2001 à 2005 selon quatre axes prioritaires qui sont :

- Le renforcement des mesures de prévention de la transmission ; Le renforcement de la surveillance de l'épidémie ;

- L'amélioration de la qualité de la prise en charge globale des personnes infectées et affectées ;

- L'élargissement de la réponse et la promotion d'un partenariat national et international en faveur de la lutte contre le VIH/SIDA.

Ces axes prioritaires devraient s'opérationnaliser à travers cinq secteurs d'interventions qui sont : (a) les secteurs ministériels (CMLS), (b) le secteur privé des entreprises, (c) le secteur décentralisé correspondant aux Comités Provinciaux, Départementaux, Communaux et villageois de lutte contre le SIDA (CPLS, CDLS, CCLS, CVLS), (d) le secteur communautaire représentant les ONG, les associations et organisations à base communautaire, (e) et enfin le secteur de la coordination essentiellement géré par le SP/CNLS-IST.

L'exécution des activités dans les différents secteurs d'intervention a bénéficié de l'appui technique et financier de plusieurs partenaires bilatéraux et multilatéraux à travers divers projets et programmes.

Le plan national ainsi mis en oeuvre requiert pour sa mise en oeuvre d'énormes ressources, parmi lesquels des ressources humaines qualifiées et motivées. Cependant, ces ressources humaines qui constituent l'essentiel du système de santé ne sont pas épargnées dans la marche dévastatrice de cette épidémie.

En tant que membre de la communauté où ils vivent et travaillent, les agents de santé courent les mêmes risques d'infection par le VIH par le biais des comportements à risques. Dans le cadre professionnel, ils sont quotidiennement exposés au risque d'accident d'exposition au sang par l'intermédiaire des actes invasifs (prélèvements, chirurgie), de la pratique des accouchements, du nettoyage des instruments et de l'évacuation des déchets (3, 7, 8).

Ces accidents d'exposition au sang constituent un problème crucial du fait du nombre important et de la sévérité des pathologies qu'ils peuvent transmettre (9, 10). D'après l'état actuel des connaissances, le sang ne constitue pas le seul liquide biologique par lequel le VIH pourrait se transmettre.

D'autres liquides biologiques représentés par le sperme, le liquide céphalorachidien, le liquide amniotique, les exsudats inflammatoires de séreuses, et autres fluides biologiques contaminés par du sang (urines ou salive) peuvent transmettre l'infection à VIH
·
·(3, 11).

Des études ont montré que le taux de transmission du virus du SIDA est de 3 %o en cas de piqûre accidentelle par un instrument souillé (3, 12), et de 0,9 %o en cas d'exposition des muqueuses aux liquides biologiques contaminés (13).

Le risque de contamination des infections transmissibles par voie sanguine dépend de plusieurs facteurs qui sont (12): (a) la prévalence de l'infection dans la population des consultants, (b) la fréquence des activités à grand potentiel de transmission, (c) la nature de l'exposition (piqûre cutanée, contact cutané), (d) la présence du virus dans le liquide contaminant et sa charge virale, (e) la disponibilité et l'efficacité des mesures de prévention pré exposition et de post-exposition.

En plus d'être quotidiennement exposé au risque de contamination, le personnel de santé ne bénéficie pas toujours d'un cadre approprié de travail et n'est pas souvent bien renseigné sur les précautions usuelles de prévention de la transmission du VIH comme l'on pourrait l'imaginer.

Et lorsque la notion de prophylaxie était connue, le protocole ou les procédures de prise en charge n'étaient pas souvent bien maîtrisées (14).

La présente étude qui a été initiée, tire ses justifications de trois raisons essentielles. La première est le fait qu'aucune étude n'ait encore été menée sur le comportement du personnel soignant sur les lieux de travail au Burkina Faso. La deuxième raison relève plus de la problématique du fonctionnement global des services santé dans le cadre de l'épidémie du SIDA. En effet, il parait important que les initiatives visant l'amélioration de la prise en charge des personnes infectées par le VIH s'opèrent dans le cadre d'un fonctionnement optimal des services de soins. Une telle étude contribuera à fournir des informations pour la réorganisation des services. La troisième raison est relative au rôle primordial que joue le personnel de santé dans le défit gigantesque qu'est l'intégration de la prise en charge globale des patients dans l'offre de soins habituelle (15).

De sorte que, comprendre leur contexte de travail serait d'une importance capitale.

C'est ainsi que le département de la surveillance épidémiologique du Conseil National de Lutte contre SIDA a, en collaboration avec l'OMS, le PNUD et l'ONUSIDA initié un projet dénommé « VIH et IST en milieu Rural, Urbain et en milieu Sectoriel de l'éducation et de la Santé (VIRUS) » chargé d'analyser la situation du VIH/SIDA dans le but de disposer des données sur l'ampleur de l'épidémie du VIH, les comportements et les attentes des populations concernées.

C'est dans le cadre de ce projet, que l'analyse de la situation du personnel de santé face aux accidents d'exposition aux liquides biologique a été effectuée. Le but étant de tirer les informations utiles pour la réorganisation des services.

2 Objectifs de l'étude

2.1 Objectif général

L'objectif principal de l'étude était d'analyser les connaissances, les attitudes et pratiques du personnel de santé face aux accidents d'exposition au sang dans les formations sanitaires au Burkina Faso.

2.2 Objectifs spécifiques

Il s'agissait de manière spécifique de :

· Décrire les dispositions sécuritaires de prévention des infections dans les formations sanitaires ;

· Analyser les connaissances du personnel de santé en matière de traitement des instruments ;

· Décrire les attitudes et pratiques de protection des agents de santé face aux accidents d'exposition au sang ;

· Estimer l'importance des accidents d'exposition au sang et analyser leur gestion au sein des structures sanitaires ;

3 Matériels et méthodes

3.1 Cadre de l'étude

3.1.1 Le Burkina Faso

L'étude s'est déroulée au Burkina Faso. Il s'agit d'un pays continental d'environ 274 000 km² de superficie, sans débouché maritime qui est situé dans la boucle du Niger. Il est limité au Nord et à l'ouest par le Mali, au nord-est par le Niger, au Sud-est par le Bénin et au sud par le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire. En 2003, la population a été estimée à 12 millions d'habitants (5).

À l'instar de nombreux pays africains, le Burkina Faso est confronté à un environnement économique difficile depuis plusieurs décennies, avec un PNB par habitant en 2002 de 268 $US, l'un des plus faibles au monde.

Sur le plan administratif, le Burkina Faso compte 45 provinces réunies en 13 régions. Sur le plan du système sanitaire, le Burkina Faso compte 55 districts regroupés en 13 régions sanitaires. Ces districts constituent au niveau de la pyramide sanitaire nationale des entités décentralisées du système de santé. La base de pyramide sanitaire est représentée par les formations sanitaires du 1er échelon appelées Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS). Le 2ème échelon est représenté par le Centre Médical avec Antenne Chirurgicale (CMA) qui est l'Hôpital du District. C'est la structure de référence pour le1er échelon. Le sommet de la pyramide (3ème échelon) est représenté par les Centres Hospitaliers Régionaux et les Hôpitaux Nationaux.

3.1.2 Le Projet VIRUS

Le but de ce Projet était d'analyser la situation de l'épidémie du VIH/SIDA au Burkina Faso à travers plusieurs populations cibles que sont la population générale en milieu urbain et rural, les femmes enceintes en milieu rural, les enseignants et le personnel de santé. La figure 1 montre les zones où s'est déroulé la partie du projet de recherche chargé du secteur santé.

Il s'agissait de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et des provinces du Yatenga et du Poni.

La présente analyse s'inscrit dans le déroulement du projet VIRUS au niveau du secteur de la Santé.

Ouagadougou : Chef lieu Province N°13

Bobo-Dioulasso : Chef lieu Province N°11

Yatenga : Province N°42

Poni : Province N°32

Figure 1 : Carte du Burkina Faso représentant les 45 provinces.

3.2 Type d'étude

Nous avons réalisé une enquête transversale qui s'est déroulée entre 8 avril et le 16 décembre 2003.

3.3 Population d'étude

L'étude a concerné le personnel de santé impliqué dans l'offre des soins dans les formations sanitaires des zones retenues. Les critères d'inclusion étaient les suivants : (a) être un personnel paramédical, stagiaire Médecin /Pharmacien ou infirmier participant activement à l'offre des soins dans les formations sanitaires tirées au sort des zones d'enquêtes retenues ;

(b) être présent dans la formation sanitaire pendant la durée de l'enquête ; (c) avoir donné son consentement verbal éclairé à participer à l'enquête après explication de l'ensemble de la procédure d'enquête.

3.4 Echantillonnage

3.4.1 Taille d'échantillon

L'échantillon global requis pour cette étude était de 2400 sujets. Cette taille d'échantillon a été obtenue de la façon suivante : nous avons choisi de façon délibérée un indicateur de prévention qui est le pourcentage d'agents de santé déclarant utiliser le matériel de protection pendant le travail.

En l'absence de données antérieures, nous avons fixé à 50% la proportion du personnel paramédical utilisant le matériel de protection, et pour une précision de 5% avec une puissance de 80%. Ainsi, nous avons obtenu un échantillon initial de 762 sujets pour un effet grappe de 2. Cet échantillon initial a été doublé (1524) et augmenté de 20% à cause des éventuels non-réponses, des refus et des questionnaires mal remplis (1676). En définitive la taille de cet échantillon a été arrondie à 2400 pour l'ensemble de l'étude.

3.4.2 Echantillonnage des structures de santé

La procédure utilisée pour l'identification des structures était un échantillonnage stratifié proportionnel à la taille.

3.4.3 Tirage au sort du personnel paramédical à enquêter

Avant le début de la phase de terrain, l'équipe de recherche disposait des listes des structures de santé (tirées au sort) à visiter avec les effectifs à enquêter. En fonction de l'effectif des formations sanitaire dont nous disposions, nous avons pu établir selon la règle de la proportionnalité le nombre de sujet à interviewer dans chaque structure de santé.

3.5 Activités de l'étude

3.5.1 Elaboration des outils de collecte des données

Ces outils ont été élaborés en tenant compte des dispositions prévues par le protocole et des données d'une revue de la littérature scientifique relative aux questions traitées par l'étude. Ce questionnaire a été structuré de façon à obtenir chez le personnel de la santé les données suivantes : (a) les caractéristiques sociodémographiques, (b) la disponibilité des mesures de protection collectives et individuelles ainsi que leur utilisation, (c) les connaissances sur le principe de base du traitement des instruments, (d) la notion de survenue d'accidents d'exposition au sang au cours des 12 derniers mois et leur gestion, (e) la perception du risque professionnel par les agents.

3.5.2 Préparation de la base de sondage et du système de numérotation

Nous avons pu obtenir des Médecins chef de districts sanitaires des zones retenues, les données statistiques relatives aux effectifs en personnel par formation sanitaire. Ces informations ont permis de construire la base pour l'échantillonnage. Un système de numérotation des zones d'enquête, des structures de santé et des sujets potentiels a été mis en place avant le début de l'enquête pour une bonne identification des questionnaires.

3.6 La collecte des données

3.6.1 Recrutement et formation des enquêteurs

Un personnel d'enquête de niveau universitaire a été recruté pour assurer les activités de collecte de données. Les critères de recrutement étaient basés sur l'expérience en matière d'enquête et la familiarité avec les études en milieu de soins. Ce personnel a bénéficié d'une formation théorique de cinq jours sur les notions de base en matière de VIH/SIDA, les accidents d'exposition au sang, l'organisation du système de santé au Burkina Faso et les procédures de l'étude. Cette formation théorique a été accompagnée par des exercices de remplissage des outils de collecte des données.

3.6.2 Pré test du questionnaire

Un pré test de deux jours a permis de standardiser l'administration du questionnaire chez les agents enquêteurs. Ce pré test a ciblé les formations sanitaires qui n'avaient pas été retenues après le tirage au sort. Un débriefing a permis d'aplanir les difficultés liées à l'utilisation des différents outils.

3.6.3 Déroulement de l'enquête

3.6.3.1 Différentes phases de l'étude

L'étude s'est déroulée en plusieurs phases. Les différentes zones d'enquête ont été touchées par l'enquête les unes après les autres entre le 8 avril 2003 et le 16 décembre 2003.

3.6.3.2 Déroulement proprement dit de l'étude

3.6.3.2.1 Prise de contact avec l'administration de la structure de santé

Des autorisations d'enquête ont été obtenues avant le début des activités de terrain. Les différentes équipes munies de leurs documents d'autorisation s'introduisaient au niveau des formations sanitaires identifiées pour effectuer les entrevues. Une première entrevue avec le responsable de la structure permettait à l'équipe de présenter l'étude, les enquêteurs ainsi que les modalités pratiques d'exécution des activités.

3.6.3.2.2 Entrevues avec le personnel soignant

Les entrevues avec le personnel de santé ont été effectuées à l'aide d'un questionnaire standard. Le consentement de l'agent à participer à l'interview individuelle était demandé à l'avance après un bref exposé des objectifs de l'étude. En cas de refus de participer à l'interview individuelle, il était néanmoins demandé à la personne concernée de fournir s'il le désirait un minimum d'informations sociodémographiques ainsi que les raisons du refus. Ces informations ont été reportées sur des fiches dites « fiche refus ».

3.7 Gestion et analyse des données

3.7.1 Vérification et saisie des questionnaires

Les contrôleurs et superviseurs de terrain ont fait un contrôle d'exhaustivité pour vérifier si l'enquête a pu toucher les zones qui avaient été identifiées. Ce contrôle, menée pendant la collecte des données était couplé à une vérification de la cohérence des réponses.

Ce n'est qu'après cette phase que les questionnaires étaient transmis au Centre de Calcul. Les données ont été saisies sur micro-ordinateur à l'aide du logiciel ACCESS.

3.8 Plan d'analyse statistique

Les données ont été analysées grâce au logiciel SPSS version 10. 0. L'analyse des données a consisté à la production des mesures de fréquence des différentes variables. Les proportions ont été comparées par le test Chi2 de Pearson. Les moyennes ont été comparées par le test t de Student. Le seuil de signification statistique a été fixé à une valeur de p 0,05. Le coefficient de kappa a été utilisé pour les tests de concordance dans les réponses relatives au port des gants selon le statut sérologique des patients. Un score de connaissance a été calculé à partir des réponses aux questions concernant le traitement des instruments souillés. Un point était donné à chaque procédure citée. Ce qui porte le score maximum à 4. Les procédures concernée sont : la décontamination, le lavage et rinçage, la désinfection de haut niveau et la stérilisation.

4 Résultats

4.1 Effectif des formations sanitaires visitées

L'enquête effectuée dans le cadre du secteur santé au Burkina Faso s'est déroulée à travers quatre zones d'enquête. 97 formations sanitaires ont été visitées par l'équipe d'enquête soit 14 à Ouagadougou, 24 à Bobo-Dioulasso, 31 et 28 respectivement dans les provinces du Yatenga et du Poni.

4.2 Taux de réalisation des interviews par rapport au potentiel à enquêter

Tableau 1. Taux d'administration des questionnaires par zone d'enquête.

Zone d'Etude Effectif Effectif Effectif Taux (%)

attendu dénombré Enquêté Refus Réalisation Refus

Ouagadougou 600 623 600 23 96,3 3,7

Bobo-Dioulasso 600 598 503 95 84,1 15,9

Poni 600 179 170 9 94,9 5,0

Yatenga 600 297 297 0 100 0,0

Total 2400 1697 1570 127 92,5 7,5

Sur un total prévisionnel de 2400 agents de santé à recruter, 1697 ont été effectivement recensés sur le terrain dont 1570 ont accepté de prendre part à l'étude, soit un taux de réalisation de 92,5%.

4.3 Description de l'échantillon

4.3.1 Répartition des agents selon la catégorie et selon la zone d'étude

Figure 2 : Répartition des agents de santé enquêtés selon la zone d'étude.

Comme le montre la figure 1, les agents de santé enquêtés des zones de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso représentent à eux seuls 70,2% de l'échantillon. Le tableau 2 donne la répartition des personnes interrogées selon la catégorie professionnelle.

Tableau 2. Répartition des agents de santé enquêtés par catégorie professionnelle.

Catégorie professionnelle Effectif %

· Attaché de santé 127 8,1

· Etudiant (Médecine & Pharmacie) 20 1,3

· Infirmier Diplômé d'Etat 259 16,5

· Technicien de laboratoire 34 2,2

· Sage femme /Maëuticien 144 9,2

· Préparateur d'Etat en Pharmacie 3 0,2

· Infirmier Breveté 215 13,7

· Accoucheuse auxiliaire 213 13,6

· Agent Itinérant de santé 82 5,2

· Stagiaire ENSP 237 15,1

· Autres profils1(*) 235 14,9

Total 1569 100

4.3.2 Caractéristiques socio-demographiques

Le tableau 3 ci-après donnent les caractéristiques des agents interrogés au cours de l'enquête. L'échantillon était constitué de 45% (706) d'hommes et de 55% (864) de femmes. Le sexe ratio était de 0,81. L'âge moyen dans l'échantillon était de 35,3 ans (DS 8,2). 6,2% (98) avait une ancienneté de moins d'un an. Ceux ayant une ancienneté de moins de trois ans représentaient 24% (376).

Tableau 3. Caractéristiques des agents de santé.

________________________________________________________________________________________________________________________

Caractéristiques Hommes Femmes p

n (%) n (%)

________________________________________________________________________________________________________________________

Age

§ Inf à 25 ans 52 (7,4) 58 (6,7) 0,618

§ 25 ans et plus 653 (92,6) 804 (93,3)

Situation de vie familiale

§ Vit en couple 480 (92,1) 597 (92,6) 0,785

§ Vit seul 41 (7,9) 48 (7,4)

Ancienneté dans la profession ou la formation

§ Moins de 3 ans 204 (29,0) 172 (20,0) <0,001

§ 3 ans et plus 499 (71,0) 689 (80,0)

________________________________________________________________________________________________________________________

Une peu plus de la moitié des agents enquêtés (59,7%) étaient mariés. Les proportions des personnes célibataires, vivant en concubinage, séparées /divorcées et veuves étaient respectivement de 25,7%, 8,9%, 2,5% et 3,1%.

4.4 Dispositif sécuritaire et attitudes de protection des agents dans les formations sanitaires

4.4.1 Vaccination contre l'Hépatite virale B

58,9% des agents de santé affirmaient avoir déjà reçu le vaccin contre l'hépatite B. Pour ceux qui n'avaient pas encore reçu le vaccin, 39,6% (soit 248 agents) ont évoqué le caractère onéreux de celui-ci ; 24% (150) ont signalé qu'ils ignoraient le lieu où l'on pourrait se le procurer, et 16,3% (102) estimaient n'avoir pas encore été vacciné par négligence. Nous avons voulu connaître si l'état de non-vaccination était le fait des nouveaux agents entrés en fonction ou ayant débuté leur formation après l'année 2000 en tenant compte de la campagne de vaccination du personnel de santé organisée entre 1999 et 2000. L'analyse ne montre pas une différence statistiquement significative entre la proportion des agents vaccinés ayant au moins 3 ans d'ancienneté (59,5%) et la proportion de vaccinés ayant moins de 3 ans d'ancienneté (57,4%) (Chi2 = 0,504 p=0,478)

4.4.2 Dispositif sécuritaire sur les lieux de travail

4.4.2.1 Disponibilité perçue par les agents de santé des mesures de protection individuelles et collectives

Le tableau 4 donne les proportions d'agents déclarant les moyens de protection individuels (gants, blouses) et collectifs (système d'évacuation des déchets biomédicaux) disponibles dans leurs services respectifs.

Tableau 4. Disponibilité déclarée des mesures de protection individuelle et collective au niveau des formations sanitaires.

________________________________________________________________________________

Dispositif ou Pourcentage d'agents l'estimant disponible

matériel (%)

________________________________________________________________________________

Gants (n=1570) 84,6

Blouses (n=1570) 88,5

Conteneurs pour objets tranchants (n=1570) 93,2

Poubelles pour autres déchets (n=1570) 88,2

Vidoirs pour déchets liquides (n=1570) 74,5

Antiseptiques (n=1570) 82,6

Incinérateurs (n=1570) 69,7

________________________________________________________________________________________________

D'une manière générale, la majorité des agents de santé interrogés a déclaré ce dispositif disponible au niveau de leurs structures de travail.

4.4.2.2 Disponibilité déclarée et utilisation du matériel de protection individuelle dans les unités de soins obstétricaux et dans les salles d'intervention chirurgicale

Les agents de santé des unités de soins obstétricaux (176) et ceux des salles d'intervention chirurgicales (192) ont été interrogés sur la disponibilité en matériel de protection individuelle dans leurs services respectifs. Pour ceux qui avaient déclaré ce matériel disponible, la régularité de son utilisation a été demandé. Les résultats sont présentés au niveau des tableaux 5 et 6. D'une manière générale, le matériel de protection individuelle dans les unités de soins obstétricaux et dans les salles d'intervention chirurgicales a été jugé disponible par très peu d'agents.

Tableau 5. Disponibilité du matériel de protection individuelle au niveau des unités de soins obstétricaux et régularité d'utilisation.

________________________________________________________________________________________________________________________

Matériel de protection Disponibilité Régularité d'utilisation pour

individuel déclarée ceux déclarant le matériel disponible

(N=176)

Toujours Souvent Jamais

% n % % %

________________________________________________________________________________________________________________________

Tablier de protection 44,3 78 64,1 28,2 7,7

Lunettes de protection 14,8 26 53,8 23,1 23,1

Chaussures / bottes de protection 10,8 19 73,7 15,8 10,5

Gants de révision utérine 24,4 43 86,0 9,3 4,7

________________________________________________________________________________________________________________________

Tableau 6. Disponibilité du matériel de protection individuelle dans les salles d'intervention chirurgicales et régularité d'utilisation.

________________________________________________________________________________________________________________________

Matériel de protection Disponibilité Régularité d'utilisation pour

individuel déclarée ceux déclarant le matériel disponible

(N=192)

Toujours Souvent Jamais

% n % % %

________________________________________________________________________________________________________________________

Tablier de protection 39,6 76 82,2 17,8 0,0

Lunettes de protection 14,1 27 65,4 23,1 0,0

Chaussures / bottes de protection 30,7 59 74,6 16,9 8,5

________________________________________________________________________________________________________________________

Cependant la majorité de ceux estimant ce matériel disponible affirme son utilisation régulière.

Les principales raisons de non utilisation ou d'utilisation irrégulière étaient, le nombre insuffisant, le mauvais état et le caractère inadapté du matériel de protection.

4.4.2.3 Utilisation des gants de protection en fonction du statut sérologique des patients

En outre, l'étude a voulu apprécier l'utilisation des gants de protection que les agents de santé adopteraient en cas de prélèvement sanguin chez des patients dont ils connaîtraient ou non le statut sérologique au VIH. Le coefficient kappa calculé dans ce contexte a permis de vérifier la concordance des réponses dans les deux situations de statut VIH connu ou non. On note d'un part une concordance satisfaisante dans les réponses avec cependant une tendance plus grande à préconiser le port de gants en cas de prélèvement chez un patient séropositif connu (coefficient kappa =0,57 p<0,001). D'autre part, on note également une tendance plus grande à proposer que les gants soient doublés en cas de prélèvement chez un patient connu séropositif au VIH (coefficient kappa =0,54 p<0,001).

4.5 Connaissances par les agents de santé du principe du traitement des instruments

L'objectif du traitement des instruments souillés (pinces, ciseaux etc.) est de les rendre réutilisables. Pour y parvenir, les étapes suivantes sont à suivre.

La première étape, la décontamination, consiste en un trempage des instruments dans une solution antiseptique afin d'inactiver les germes dans le but de les rendre moins dangereux au moment du lavage. Dans une seconde étape, ce matériel est brossé et lavé aux détergents afin d'enlever les particules qui collent aux instruments. Puis un rinçage et un séchage à la compresse achèvent la deuxième étape. A partir de cet instant, deux possibilités s'offrent à l'utilisateur en fonction des possibilités qu'offre le plateau technique. On peut procéder à une désinfection de haut niveau qui, a l'avantage de tuer la majorité des germes à l'exception des endospores (soit par trempage dans un solution antiseptique, soit par ébullition pendant 30 min). Si cela est possible, on procédera à une stérilisation à la chaleur sèche ou humide.

Sur les 1570 agents de santé de l'échantillon, 1388 soit 88,4% ont déclaré avoir souvent eu à traiter des instruments dans le cadre de leurs activités. Le tableau 7 montre que parmi les 1388 agents de santé, 18,2% (252) avaient pu citer correctement toutes les procédures (score 4) du traitement des instruments souillés. Aucune procédure n'a pu être citée par 2,9% (40) des agents.

Tableau 7. Connaissances des agents de santé sur le principe du traitement des instruments en milieu de soins.

________________________________________________________________________________

Score de connaissance Effectif Pourcentage

n (%)

________________________________________________________________________________

§ 0 (Aucune bonne réponse) 40 2,9

§ 1 (une bonne réponse) 206 14,8

§ 2 (deux bonnes réponses) 434 31,3

§ 3 (Trois bonnes réponses) 456 32,9

§ 4 (Quatre bonnes réponses) 252 18,2

________________________________________________________________________________

Total 1388 100,0

4.6 Accidents d'exposition au sang au cours des 12 derniers mois et leur gestion

L'enquête auprès des agents de santé s'est aussi intéressée à la survenue des accidents d'exposition au sang dans les formations sanitaires au cours des 12 derniers mois. L'accident pouvait être celui que l'agent interrogé a présenté ou celui dont il a été informé. Les questions relatives à la nature de l'accident (piqûre par objet souillé ou projection dans l'oeil de liquide biologique) ont été posées indépendamment. Par la suite, les agents qui ont été informés ou qui ont eu un accident ont été sollicités pour donner le nombre d'accidents survenus (y compris celui les concernant) ainsi que la gestion qui en a été faite pour ceux dont ils se souvenaient le plus. Les réponses pouvaient être multiples. Une grille de réponses pré codées, non suggestives et correspondant aux éléments de la prise en charge telle que préconisée par le CDC a permis de récolter les informations.

4.6.1 Accidents par coupure ou piqûre avec un objet tranchant souillé et leur gestion

Sur l'ensemble des agents interrogés, 380 (24,3%) ont déclaré avoir eu ou pris connaissance d'au moins un cas de piqûre accidentelle par un instrument souillé. Le nombre moyen de piqûres accidentelles déclaré par agent était de 3,4 (DS 6,9). Le tableau 8 montre que plus du quart des répondants ont cité le lavage abondant à l'eau courante et le trempage de la plaie dans une solution antiseptique. La notification à l'administration et la prophylaxie antirétrovirale ont été des mesures très peu citées.

Tableau 8. Modalités déclarées de la gestion des piqûres ou coupures accidentelles au cours des 12 derniers mois.

________________________________________________________________________________

Mesures Pourcentage d'agents

prises ayant énoncé la prise de la mesure

________________________________________________________________________________

· Lavage abondant de la plaie à l'eau (n=380) 37,6

· Trempage dans une solution antiseptique (n=380) 54,2

· Pansement de la plaie (n=380) 12,1

· Notification à l'administration (n=380) 2,4

· Sérologie VIH chez la personne victime (n=380) 13,9

· Traitement ARV entrepris (n=380) 2,1

· Sérologie de contrôle 6 semaines plus tard (n=380) 4,2

________________________________________________________________________________

4.6.2 Accidents par projection dans l'oeil d'un liquide biologique et leur gestion

Ce type d'incident a été rapporté par 14,5% (227) des personnes enquêtées. Le nombre moyen déclaré était de 3,4 (DS 4,11) accidents par projection dans l'oeil de liquide biologique. Le tableau 9 montre que la majorité a évoqué le lavage immédiat de l'oeil à grande eau. L'utilisation d'un collyre antiseptique a été citée par 21% des personnes interrogées (227). Par contre la notification à l'administration et la sérologie VIH ont été des mesures très peu citées. Aucun n'a mentionné la prophylaxie antirétrovirale

Tableau 9. Modalités déclarées de la gestion des accidents par projection dans l'oeil d'un liquide biologique provenant d'un patient dans les 12 derniers mois précédant l'étude.

________________________________________________________________________________

Mesures Pourcentage d'agents

prises ayant énoncé la prise de la mesure

________________________________________________________________________________

· Lavage immédiat et à grande eau de l'oeil (n=227) 69,2

· Utilisation de collyre antiseptique (n=227) 21,1

· Notification à l'administration (n=227) 4,0

· Sérologie VIH effectuée (n=227) 3,1

· Traitement ARV entrepris (n=227) 0,0

· Sérologie de contrôle 6 semaines plus tard (n=227) 0,9

________________________________________________________________________________

4.7 Perceptions des agents en matière de risques professionnels

Les personnes interrogées au cours de cette étude ont été amenées à s'exprimer sur la situation actuelle du personnel de santé au travail. Pour la grande majorité des agents, la profession d'agent de santé est perçue comme une profession à risque d'infection à VIH. Les principales raisons qui sous entendent ces perceptions sont : le cadre d'exercice de la profession jugé particulièrement exposant (70,5%), le manque de matériel de protection (32,9%), et le matériel médical peu sécurisant (28,8%).

5 Discussion

5.1 Résumé

Le taux de participation dans notre étude était de 92,5%. Un peu plus de la moitié des personnes interrogées avaient déjà reçu le vaccin contre l'hépatite B. Le dispositif sécuritaire dans les formations sanitaires a été jugé disponible par au moins 65% des agents de santé. Ce dispositif était insuffisant dans les unités de soins obstétricaux et dans les salles d'intervention. L'utilisation déclarée des mesures de protection individuelles variait entre 50 et 80%.Les accidents d'exposition au sang étaient une réalité au niveau des formations sanitaires mais la gestion connaissait beaucoup de lacunes. Enfin la profession d'agent de santé a été perçue comme particulièrement à risque.

5.2 Taux de réalisation de l'enquête

Le taux de réalisation de l'enquête qui était de 92,5% montre une forte participation des agents de santé à l'étude ; ce qui traduit une représentativité relativement bonne de nos résultats. Une étude réalisée sur l'incidence des accidents par piqûre chez les étudiants en médecine en fin de cycle en Malaisie en septembre 2001 et utilisant un questionnaire auto administré a donné un taux de retour de 97,4% (16). Par contre l'enquête effectue chez les chirurgiens au Nigeria a donné un taux de réponse de 37.3% (17)

5.3 Vaccination contre l'Hépatite B

Les accidents professionnels constituent un problème crucial dans la pratique des soins du fait du nombre important et de la sévérité des pathologies qu'ils peuvent transmettre (9, 10). Les mesures de prévention préconisées par le CDC (Center of Diseases Control) et l'OMS prévoient de ce fait qu'une vaccination contre l'Hépatite B soit effectuée pour toute personne dont l'activité routinière le met en contact avec le sang ou d'autres liquides biologiques (18, 19). Les résultats relatifs à la vaccination contre l'hépatite B dans notre étude suggèrent qu'une campagne de vaccination soit effectuée pour le personnel de santé dans les structures de santé.

5.4 Le dispositif sécuritaire dans les formations sanitaires

Une majorité des agents de santé a estimé les mesures collectives de prévention, globalement disponibles. Il faudrait cependant maintenir les efforts pour une amélioration soutenue et continue du cadre de travail. Une mise en oeuvre des précautions universelles de prévention de la transmission des infections véhiculées par le sang s'avère nécessaire comme le stipule l'OMS (20).

Dans les unités de soins obstétricaux et chirurgicaux, la présence du sang constitue une constante, et les accidents d'exposition au sang y sont fréquents comme l'a montré d'autres auteurs '(16, 21). Le fait que les mesures de protection individuelles aient été jugées très peu disponibles suggère que des efforts d'équipement des formations sanitaires soient entrepris.

Dans le contexte actuel d'épidémie du SIDA, le personnel de santé travaille également avec la hantise d'être contaminé par les patients. Dans les structures de santé au Burkina Faso, un geste comme la révision utérine est généralement effectué avec des gants stériles ordinaires lorsque ceux qui sont destinés à la révision n'étaient pas disponibles. Les gants de révision utérine offrent un avantage de protection de la main de l'opérateur jusqu'à hauteur du coude tandis que les gants ordinaires, du fait de leurs tailles, recouvrent jusqu'à hauteur du tiers inférieur de l'avant-bras. De ce fait, les risques de contact avec du sang d'une parturiente reste toujours possible. Cette situation n'est pas pour rassurer le personnel officiant dans les salles d'accouchement.

5.5 Utilisation des mesures de protection individuelles par les agents de santé

L'importance de la disponibilité des moyens de protection dans la réduction de la transmission de l'infection à VIH a été toujours rappelée. Cependant, une chose est de disposer d'un moyen de protection et une autre est son utilisation effective. La non-utilisation par le personnel de santé du matériel de protection a été signalé dans notre étude comme dans d'autres effectuées ailleurs en Afrique et en Europe (16, 17, 22).

Plusieurs raisons ont souvent été évoquées pour justifier la non-utilisationn des ces mesures de protection au titre desquelles la non-disponibilité, le caractère défectueux, l'oubli, et le contexte d'urgence (23). Dans l'étude d'Adebamovo et al. au Nigeria, 6,7% ont évoqué l'oubli, 2,2% pensaient « que ces mesures n'étaient pas nécessaires », 1,1% ont affirmé ignorer leur existence et 4,4% n'ont donné aucune raison (17).

Au-delà de la disponibilité et de la qualité des mesures de protections, d'autres motifs pourraient expliquer la non-utilisation. D'autres types d'investigation basées sur des modèles psychologiques tel que le modèle des croyances en santé auraient permis d'élucider au mieux les déterminants du comportement de protection des agents -(24). Toutes fois, une fourniture en équipements adaptés de protection s'avère nécessaire.

5.6 Utilisation du matériel de protection selon le statut sérologique des patients

La manière dont le personnel perçoit le port de gants pour les prélèvements de sang selon statut du patient nous semble préoccupante. L'idéal serait l'adoption par le personnel soignant de comportements de protection standards sans présager du statut des patients. Cela aurait l'avantage d'éviter des situations stigmatisantes par le simple fait des mesures adoptées par le personnel de santé. De plus, où se trouve l'intérêt à doubler les paires de gants quand on sait que la piqûre accidentelle relève plus des erreurs de manipulation du matériel tranchant (recapuchonage d'aiguille, etc.), des mouvements inattendus des patients au moment de l'injection et de l'évacuation inappropriée des objets tranchants souillés '(21, 20).

5.7 Connaissance par les agents du traitement des instruments souillés

La connaissance par les agents de santé du principe de traitement des instruments est faible. Une élaboration des directives décrivant les procédures de traitement est à initier. Les directives ainsi élaborées doivent faire l'objet d'une formation et d'une large diffusion dans toutes les formations sanitaires.

5.8 Les accidents d'exposition au sang

Le CDC a prévu des directives relatives à la prise en charge des personnes victimes d'accidents d'exposition au sang (18). La littérature rapporte des situations de faible notification des accidents d'exposition par le personnel de santé
·
·(11, 16). Notre étude n'a pu disposer d'informations notifiées sur des registres de sorte qu'il est difficile d'effectuer une quantification. La faible notification telle que mentionnée par le personnel de santé et l'absence d'une organisation de collecte d'information relative aux accidents d'exposition pourraient expliquer cet état des faits. Cette faible notification pourrait aussi s'expliquer par le fait que personnel victime redoute une certaine stigmatisation.

Des lacunes ont été observées dans la prise en charge qui a été faite des accidents d'exposition. L'application des directives du CDC requiert que les formations sanitaires disposent en leur sein d'un personnel bien formé aux procédures d'évaluation du risque potentiel de transmission du VIH (selon un algorithme) et au suivi clinique et psychologique. Il est aussi nécessaire qu'un équipement minimum pour les tests VIH en urgence et pour la prophylaxie antirétrovirale post exposition soit disponible. La plupart des formations sanitaires que nous avons visité n'offraient pas ce cadre.

Toutes ces constatations démontrent bien la nécessité d'une réelle application des précautions standards de prévention des accidents d'exposition au sang qui ont démontré leur capacité à réduire les risques (25). La prise en charge qui intervient lorsque les efforts de prévention n'ont pas permit d'empêcher la survenue des accidents d'exposition au sang, devrait être toujours disponible afin de réduire le risque pour le personnel soignant.

5.9 Limites de l'étude

La méthode d'étude que nous avons utilisé donne uniquement la manière dont la disponibilité était perçue par les utilisateurs. Cette étude pourrait être complétée par d'autres investigations en l'occurrence les enquêtes de service utilisant des méthodes d'observation participative. Toutes fois, il reste évident que des efforts devraient être consentis pour une amélioration des conditions de travail du personnel de santé.

5.10 Conclusion et recommandations

Notre étude a montré que le dispositif sécuritaire a été jugé disponible par au moins 65% des agents pour les mesures collectives. Par contre les unités de soins obstétricaux et de chirurgie connaissent selon le personnel de santé un déficit en moyens de protection individuels. Il demeure encore plus d'un tiers d'agents déclarant n'avoir pas été vacciné contre l'hépatite B. Des lacunes ont été observées dans la gestion des accidents d'exposition au sang relatés par le personnel de santé. Des lacunes qui pourraient bien s'expliquer par le manque de compétence et de plateau technique des formations sanitaires dans la gestion des accidents professionnels. Ceci commande que les autorités sanitaires prennent des dispositions pour que les précautions standards de prévention soient instituées dans toutes les formations sanitaires. Pour cela nous recommandons :

· Une amélioration du cadre infrastructurelle et une fourniture en matériel de protection dans des formations sanitaires

· Une couverture vaccinale du personnel de santé en vaccin contre l'hépatite B

· L'élaboration, la diffusion, la formation et la mise en application des directives écrites relatives à la protection contre les accidents d'exposition au sang

· La mise en place d'une organisation de notification, de documentation, de suivi et de prise en charge des accidents d'exposition au sang

· La dotation des formations sanitaires en kit de prise en charge post exposition

· La formation de personnel de santé chargé de la prise en charge psychologique des personnes victimes d'accidents d'exposition au sang.

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Remerciements

Au terme de ce travail, nous voulons adresser nos sincères remerciements à nos responsables au niveau Institutionnel en l'occurrence le Directeur Général du Centre MURAZ, le Chef du Département VIH/SIDA & Santé de la Reproduction et le Coordonnateur du Projet VIRUS pour le soutien et la disponibilité qu'ils nous ont accordé pour ce travail.

Nos remerciements vont également à l'endroit des différents collaborateurs au niveau du Projet VIRUS pour l'entraide et l'esprit de collaboration qui a prévalu.

Nous faisons une mention particulière aux autorités sanitaires et administratives, aux acteurs de terrain à savoir le personnel de santé des zones d'étude, pour la disponibilité dont ils ont fait montre tout au long de cette étude.

Enfin, nous adressons nos remerciements au Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte Contre le SIDA et les IST et aux partenaires financiers du Projet pour leur disponibilité et les conseils prodigués dans le cadre de l'exécution de cette étude.

* 1 Gérant de dépôt, Accoucheuse villageoise, Manoeuvres






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