1 Introduction
Le SIDA constitue de nos jours un fléau mondial du fait
de son impact négatif sur le potentiel humain et économique, des
familles, des communautés, et des pays (1). Cette maladie est en grande
progression, particulièrement dans les pays à ressources
limitées, et cela, malgré les grands efforts consentis pour
arrêter son extension.
Selon l'ONUSIDA, près de 38 millions (34,6 - 42,3
millions) de personnes vivent avec le VIH dans le monde en fin 2003 ''(2).
L'épidémie du VIH/SIDA a depuis son apparition, pris
différentes formes à travers le monde. Dans certaines
régions, l'infection s'est généralisée à
l'ensemble de la population. Tandis que dans d'autres, l'infection est
restée très limitée à des sous-groupes à
haut risque tels que les travailleurs du sexe et leurs clients, les homosexuels
et les utilisateurs de drogues injectables (1).
L'Afrique subsaharienne qui renferme 10% de la population
mondiale, concentre à elle seule environ 70% des personnes
infectées par la maladie ''(2, 3).
Le Burkina Faso est l'un des pays d'Afrique de l'Ouest les
plus touchés par le VIH/SIDA (4). La récente Enquête
Démographique et de Santé (EDS 2003) a trouvé une
prévalence moyenne de 1,8% sur un échantillon
représentatif de la population générale (5, 6). Un
Comité National de Lutte contre le Sida existe depuis l'enregistrement
des premiers cas de malades du SIDA en 1986. En 2001 ce conseil est devenu le
Conseil National de lutte contre le VIH/SIDA et placé sous
l'autorité directe du Chef de l'Etat avec comme principales
missions : l'orientation, la coordination, l'appui technique et la
supervision de l'ensemble des activités se rapportant au SIDA et aux
IST.
Le gouvernement a adopté un cadre stratégique de
lutte contre le VIH/SIDA et les IST pour une période de 5 ans allant de
2001 à 2005 selon quatre axes prioritaires qui sont :
- Le renforcement des mesures de prévention de la
transmission ; Le renforcement de la surveillance de
l'épidémie ;
- L'amélioration de la qualité de la prise en
charge globale des personnes infectées et affectées ;
- L'élargissement de la réponse et la promotion
d'un partenariat national et international en faveur de la lutte contre le
VIH/SIDA.
Ces axes prioritaires devraient s'opérationnaliser
à travers cinq secteurs d'interventions qui sont : (a) les secteurs
ministériels (CMLS), (b) le secteur privé des entreprises, (c) le
secteur décentralisé correspondant aux Comités
Provinciaux, Départementaux, Communaux et villageois de lutte contre le
SIDA (CPLS, CDLS, CCLS, CVLS), (d) le secteur communautaire représentant
les ONG, les associations et organisations à base communautaire, (e) et
enfin le secteur de la coordination essentiellement géré par le
SP/CNLS-IST.
L'exécution des activités dans les
différents secteurs d'intervention a bénéficié de
l'appui technique et financier de plusieurs partenaires bilatéraux et
multilatéraux à travers divers projets et programmes.
Le plan national ainsi mis en oeuvre requiert pour sa mise en
oeuvre d'énormes ressources, parmi lesquels des ressources humaines
qualifiées et motivées. Cependant, ces ressources humaines qui
constituent l'essentiel du système de santé ne sont pas
épargnées dans la marche dévastatrice de cette
épidémie.
En tant que membre de la communauté où ils
vivent et travaillent, les agents de santé courent les mêmes
risques d'infection par le VIH par le biais des comportements à risques.
Dans le cadre professionnel, ils sont quotidiennement exposés au risque
d'accident d'exposition au sang par l'intermédiaire des actes invasifs
(prélèvements, chirurgie), de la pratique des accouchements, du
nettoyage des instruments et de l'évacuation des déchets (3, 7,
8).
Ces accidents d'exposition au sang constituent un
problème crucial du fait du nombre important et de la
sévérité des pathologies qu'ils peuvent transmettre (9,
10). D'après l'état actuel des connaissances, le sang ne
constitue pas le seul liquide biologique par lequel le VIH pourrait se
transmettre.
D'autres liquides biologiques représentés par le
sperme, le liquide céphalorachidien, le liquide amniotique, les exsudats
inflammatoires de séreuses, et autres fluides biologiques
contaminés par du sang (urines ou salive) peuvent transmettre
l'infection à VIH · ·(3, 11).
Des études ont montré que le taux de
transmission du virus du SIDA est de 3 %o en cas de piqûre accidentelle
par un instrument souillé (3, 12), et de 0,9 %o en cas d'exposition des
muqueuses aux liquides biologiques contaminés (13).
Le risque de contamination des infections transmissibles par
voie sanguine dépend de plusieurs facteurs qui sont (12): (a) la
prévalence de l'infection dans la population des consultants, (b) la
fréquence des activités à grand potentiel de transmission,
(c) la nature de l'exposition (piqûre cutanée, contact
cutané), (d) la présence du virus dans le liquide contaminant et
sa charge virale, (e) la disponibilité et l'efficacité des
mesures de prévention pré exposition et de post-exposition.
En plus d'être quotidiennement exposé au risque
de contamination, le personnel de santé ne bénéficie pas
toujours d'un cadre approprié de travail et n'est pas souvent bien
renseigné sur les précautions usuelles de prévention de la
transmission du VIH comme l'on pourrait l'imaginer.
Et lorsque la notion de prophylaxie était connue, le
protocole ou les procédures de prise en charge n'étaient pas
souvent bien maîtrisées (14).
La présente étude qui a été
initiée, tire ses justifications de trois raisons essentielles. La
première est le fait qu'aucune étude n'ait encore
été menée sur le comportement du personnel soignant sur
les lieux de travail au Burkina Faso. La deuxième raison relève
plus de la problématique du fonctionnement global des services
santé dans le cadre de l'épidémie du SIDA. En effet, il
parait important que les initiatives visant l'amélioration de la prise
en charge des personnes infectées par le VIH s'opèrent dans le
cadre d'un fonctionnement optimal des services de soins. Une telle étude
contribuera à fournir des informations pour la réorganisation des
services. La troisième raison est relative au rôle primordial que
joue le personnel de santé dans le défit gigantesque qu'est
l'intégration de la prise en charge globale des patients dans l'offre de
soins habituelle (15).
De sorte que, comprendre leur contexte de travail serait d'une
importance capitale.
C'est ainsi que le département de la surveillance
épidémiologique du Conseil National de Lutte contre SIDA a, en
collaboration avec l'OMS, le PNUD et l'ONUSIDA initié un projet
dénommé « VIH et IST
en milieu Rural, Urbain et en milieu
Sectoriel de l'éducation et de la Santé
(VIRUS) » chargé d'analyser la situation du
VIH/SIDA dans le but de disposer des données sur l'ampleur de
l'épidémie du VIH, les comportements et les attentes des
populations concernées.
C'est dans le cadre de ce projet, que l'analyse de la
situation du personnel de santé face aux accidents d'exposition aux
liquides biologique a été effectuée. Le but étant
de tirer les informations utiles pour la réorganisation des services.
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