MASTER 1
Relations internationales et stratégiques
Année 2008/2009
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Nécessité d'une gouvernance
mondiale alimentaire
Présenté par
Mathilde DARRAS-SADIK
Sous la direction de
Cécile SPORTIS
Ancienne directrice du Bureau de Liaison de Paris du
Programme alimentaire mondial
« Peace, to have a meaning for many who have know only
suffering in both peace and war, must be translated into bread or rice,
shelter, health and education as well as freedom and human dignity.
«
« Pour que la paix ait un sens pour la multitude
d'êtres humains qui n'ont connu jusqu'ici que la souffrance -en temps
de paix comme en temps de guerre- , elle doit se traduire en pain ou en riz,
en habitat stable, en santé et en éducation ainsi
qu'en dignité humaine et en liberté.»
Texte grave au sol de l'United Nations Plaza à New
York. Ralph Bunch, sous-secrétaire général des
Nations-Unis de 1959 à 1971 et prix Nobel de la paix en
1950.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 5
De mauvais diagnostics : une approche du probl»me
alimentaire mondial incohérente .... 11
Difficulté à mesurer la faim 11
Risque face à l'instabilité des prix agricoles
13
La méthodologie de la FAO est-elle toujours
d'actualité ? 15
Absence d'identification des sources calories 16
Les objectifs du Millénaire non atteints : constat
d'un échec annoncé 18
Repenser aide alimentaire et aide publique au
développement 20
Une mauvaise interprétation des concepts : une approche du
probl»me alimentaire mondiale incohérente 24
Difficulté d'acc»s à la nourriture :
difficulté d'acc»s au marché 24
Interprétations et manipulations des concepts de base
25
La sécurité alimentaire et productivisme :
débats et notion controversée 26
La souveraineté alimentaire :
élémentaire mais négligée 32
Résoudre le probl»me alimentaire mondial ? 36
Dignité de la personne humaine : une priorité
36
Vers une reconnaissance d'un droit à l'eau 37
Droit à l'alimentation à renforcer 39
Mise en Ïuvre et une réelle volonté
commune 40
CONCLUSION 43
ANNEXE 1 : Carte de la faim dans le monde pour la période
2003/2006 45
ANNEXE 2 : Les 8 Objectifs du millénaire pour le
développement 46
ANNEXE 3 : Les objectifs du Millénaire et leur situation
en 2005 48
ANNEXE 4 : Carte représentant les acquisitions de terres
agricoles en 2009 51
ANNEXE 5 : Les onze mesures base des acquisitions ou locations de
terres
agricoles à grandes échelles 52
ANNEXE 6 : Définition compl»te de la
souveraineté alimentaire 54
ABREVIATIONS
APD : Aide publique au développement CAD : Comité
d'aide au développement
CIRAD : Institut fran»ais de recherche agronomique au
service du développement CNUCED : Conférence des Nations-Unies
sur le commerce et le développement FAO : Organisation des Nations-Unies
pour l'alimentation et l'agriculture
FMI : Fond mondial international
INRA : Institut national de la recherche agronomique
OCDE : Organisation de coopération et de
développement économique
OGM : Organisme génétiquement modifié OMC :
Organisation mondiale du commerce OMD : Objectifs du millénaire
OMS : Organisation mondiale de la santé ONG : Organisation
non gouvernementale PAM : Programme alimentaire mondial PIB : Produit
intérieur brut
UNICEF : Fond des Nations-Unies pour l'enfance
INTRODUCTION
Le cap historique du milliard de personnes souffrant de la faim a
été franchi en 2009... soit un sixi»me de la population
mondiale.
Combien en faudra-t-il pour que la faim devienne enfin une
priorité mondiale1?
Mis en lumi»re par les médias au printemps 2008,
le public découvre les émeutes de la faim et « La «
crise alimentaire s'explique par la conjonction néfaste de plusieurs
facteurs : une spéculation de la part de grands fonds d'investissement
dans l'agriculture qui provoqua une flambée des prix alimentaires
atteignant des niveaux qui n`avaient plus été vue depuis les
années 70 ; une baisse conjoncturelle des récoltes liées
aux aléas climatiques; une concurrence progressive des biocarburants;
une hausse de la consommation animale lié au changement de régime
alimentaire dans les pays émergents; et une diminution volontaire des
stocks mondiaux des gros producteurs2.
Pourtant la véritable faim est silencieuse ou
cachée3 et concerne selon les estimations de la FAO, 1,2
milliards de personnes dans le monde en 2009, soit pr»s d'un sixi»me
de la population mondiale.
Et cette année, compte tenu des prix élevés
des denrées alimentaires, le nombre des victimes de la faim devrait
augmenter globalement d'environ 11 %4.
La quasi-totalité des personnes sous-alimentées
de la plan»te vivent dans les pays en développement : 642
millions de personnes en Asie et le Pacifique; 265 millions en Afrique
subsaharienne; 53 millions en Amérique latine et les Cara ·bes;
42 millions
1 Question posée par le portail francophone de
la solidarité internationale, disponible sur
http://www.portail-humanitaire.org
2 Pierre Janin, «Crises alimentaires mondiales.
Désordres et débats», Hérodote, n°131,
4e trimestre 2008.
3 Connu sous le nom anglophone Hidden
Hunger.
4 Selon les projections de la FAO qui s'appuient sur
une étude menée par le Département de l'agriculture des
Etats-Unis.
au Proche-Orient et en Afrique du Nord; et 15 millions au total
dans les pays développés5.
La faim reste la premi»re cause de mortalité dans le
monde : en 2006, la mortalité due à la sous alimentation
représentait 58% de la mortalité totale:
« Dans le monde, environ 62 millions de personnes
toutes causes de décOs confondues meurent chaque année. En 2006,
plus de 36 millions de personnes sont mortes de faim ou de maladies dues aux
carences en micro-nutriments6.»
Le nombre de malnutris a retrouvé les niveaux des
années 70.
En effet, en 1965, 950 millions de personnes étaient
touchées par la malnutrition7. Alors qu'en 2001 ce chiffre
était tombé à 826 millions et La FAO estimait à
l'époque pouvoir atteindre un chiffre inédit de « seulement
« 600 à 650 millions de personnes touchées par la
malnutrition pour une population mondiale de 7,2 milliards8.
Théoriquement, aujourd'hui et contrairement aux peurs malthusiennes, on
sait que l'offre alimentaire est suffisante pour nourrir le monde. Face
à la hausse démographique, la peur devrait plutôt
s'orientait vers des considérations d'ordre environnemental.
En revanche, la sécurité alimentaire n'est pas
nécessairement atteinte. La répartition et la
disponibilité de ces denrées alimentaires ne sont pas
également réparties géographiquement.
« La faim touche les personnes qui ne peuvent
revendiquer de droits d'accOs à une quantité suffisante de
denrées9. «
5 Voir annexe 1 : Carte de la faim dans le monde pour
la période 2003/2006.
6 Jean Ziegler, L'empire de la Honte, Paris,
Fayard, 2004.
7 René-Eric Dagorn, «Le retour des
émeutes de la faim», Sciences humaines. Disponible sur
http:www.scienceshumaines.com/le-retour-des-emeutes-de-la-faim_fr_22389.html
8 FAO, L'état de l'insécurité
alimentaire dans le monde en 2006, Rome, 2007.
9 Amartya Sen, Un nouveau mod»le
économique : développement, justice et liberté, Paris,
Odile Jacob, 2003, p.218.
Actuellement, les prix moyens des denrées alimentaires
sont toujours 17 % plus élevés qu'en 2006 et 24 % de plus qu'en
200510, et ne rebaisseront pas.
Mais l'instabilité des marchés n'est qu'un des
aspects du probl»me de la faim. La question d'un acc»s
régulier aux produits alimentaires à des prix accessibles reste
enti»re.
« La faim n'est pas une calamité naturelle
« affirme Olivier de Schutter, Rapporteur spécial des Nations
Unies sur le droit à l'alimentation depuis 200811.
La faim est avant tout le résultat de choix politiques qui
peuvent être modifiés.
On ne peut évoquer le probl»me de la faim sans
parler des politiques agricoles, économiques, de développement et
de lutte contre la pauvreté mises en place et qui sont
interdépendantes dans la gestion du probl»me alimentaire
mondial.
Ceci est justement valable lorsque l'on souligne la
dépendance alimentaire des pays en développement, une
dépendance alimentaire liée aux difficultés d'acc»s
aux terres cultivables, et au marché local.
La faim résulte en premier lieu de la pauvreté.
Et la gravité de la pauvreté résulte de l'ampleur des
inégalités économiques et sociales qui
caractérisent la majorité des pays en développement. Et
ces inégalités résultent à leur tour
essentiellement des options des responsables politiques et économiques.
Puisque 80 % des personnes qui meurent de faim ne sont pas en zone de
conflit.
Pendant des années, de mauvaises politiques
économiques ont été imposés aux pays en
développement par le biais des ajustements structurels12 des
économistes du FMI et de la Banque mondiale.
10 Chiffres avancés par J.Diouf lors d'un appel
pour renforcer la sécurité alimentaire mondiale lors du Forum des
céréales de Saint Petersbourg, le 6 Juin 2009.
Disponible sur
http://www.fao.org
11 T.Nagant, «La faim n'est pas une
fatalité», RTBF, 3 AoUt 2009,
Disponible sur
http://www.rtbf.be/info/monde/economie/la-faim-nest-pas-une-fatalité-pour-olivier-deschutter-13021,
consulté le 10 AoUt 2009.
12 Les plans d'ajustement structurel reposaient sur la
libéralisation du commerce, la privatisation des entreprises et des
services de l'Etat, de l'austérité fiscale et de la lutte contre
l'inflation.
La banque mondiale qui promettait à tort aux pays en
développement d'importantes retombées issues de la
libéralisation des échanges, pond»re actuellement son
jugement.
L'agriculture fut longtemps oubliée des enjeux
internationaux et les débats se sont orientés plutôt vers
les effets plutôt que les causes et vers la réduction de la
pauvreté.
Selon l'OCDE, entre 1987 et 2005, l'aide mondiale pour
l'agriculture a connu une chute vertigineuse. Elle est passée de 11,5
à 3,9 milliards de dollars aux dépends des plus pauvres, soit une
baisse de 34 %.
Ce n'est que récemment que le développement
rural est redevenu un sujet d'intérêt, sans pour autant que les
engagements financiers suivent.
« Il semble toutefois que les pays riches
redécouvrent enfin l'immense potentiel de l'agriculture en matiOre de
lutte contre la pauvreté « selon Thierry Kesteloot,
Spécialiste des questions agricoles et de la souveraineté
alimentaire au sein d'Oxfam solidarité13.
Le rapport de 2008 de la Banque mondiale sur le
développement dans le monde souligne également la contribution
vitale de l'agriculture dans la lutte contre la
pauvreté14.
De nombreux sommets15, promesses de dons effectifs
eurent lieux, ainsi des engagements financiers furent pris de la part des pays
riches. Pourtant les résultats sont loin d'être convainquants
à la vue du nombre croissant de personnes qui ont faim.
13 Oxfam, What agenda now for agriculture? a response
to the word development, report 2008, publié en Octobre 2007.
14 Banque mondiale, Rapport sur le
développement dans le monde en 2008 : l'agriculture au service du
développement, publié en 2007.
15 Sommet mondial de l'alimentation de la FAO de 1996
et de 2002, Sommet pour la sécurité alimentaire de la FAO de
2008, Sommet du G8 à Aquila en 2009.
« De sommet en sommet, on assiste à de grandes
déclarations sur la faim, et on lance des promesses de don. Mais il n'y
a ni suivi ni sanctions «, déplore Olivier de Schutter,
rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à
l'alimentation.
Mais résoudre le probl»me de la faim n'est pas
uniquement une question de moyen financier, c'est surtout une question de
volonté politique.
Des choix politiques unifiés et responsables peuvent
s'intégrer dans une gouvernance mondiale.
Actuellement, il n'existe pas de syst»me de gouvernance
mondiale que ce soit dans le domaine économique ou dans le domaine
alimentaire et agricole, même si de nombreux acteurs y aspirent.
L'idée de gouvernance dite globale vise à
combler le décalage entre le marché mondial de plus en plus
unifié d'un ordre international fragmenté16. Et pousse
à la régulation des marchés.
Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry et Laurence Tubiana,
affirment que « Pour que le choix de l'intégration
internationale soit durable, il faut que les populations en per»oivent les
bénéfices, que les États s'entendent sur ses
finalités, et que les institutions qui la gouvernent soient per»ues
comme légitimes. Ces trois conditions ne sont que partiellement
remplies17.»
La construction d'une gouvernance mondiale alimentaire et
agricole responsable et durable est nécessaire afin de peser
collectivement sur les probl»mes existants en instaurant un syst»me
de régularisation. Et ceci, ne peut se faire sans la formation d'une
légitimité politique transparente à toutes les
échelles territoriales (locale, étatique, régionale et
mondiale).
16 Gilles Andréani, « Gouvernance globale:
origines d'une idée «, Politiques étrangeres, n3,
2001, p.549-568.
17 Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferrry et Laurence
Tubiana, «Les institutions économiques de la mondialisation»,
in Gouvernance mondiale, Rapport du conseil d'analyse économique, La
documentation francaise, 2002.
Pour convaincre qu'il faut la mise en place de param»tres
et d'actions globaux, cohérents aussi bien au niveau international que
national et local, dans le but d'un meilleur acc»s à la nourriture
et d'une réduction significative des inégalités et de la
pauvreté, il faut être capable de décrypter l'actuelle
gestion de la situation alimentaire mondiale aujourd'hui.
L'objet de ce mémoire ouvre l'occasion de dresser un
bilan de cette gestion alimentaire mondiale, d'analyser les actions, outils et
politiques actuellement appliquées18 pour affirmer qu'on se
trouve face à de mauvais diagnostics, à une mauvaise
interprétation des concepts et à une non harmonisation des
politiques.
18 Les éléments traités et
choisis s'av»rent importants dans la compréhension de la situation
alimentaire mondiale actuelle sans pour autant être exhaustifs.
De mauvais diagnostics : une approche du
probl»me alimentaire mondial incohérente
Difficulté à mesurer la faim
Le bilan de la faim dans le monde est catastrophique, ce sont
les chiffres qui le montrent. Néanmoins, ces chiffres que les
institutions internationales diffusent ne sont que des approximations.
Le nombre de malnutris varient selon les institutions entre
950 millions et plus d'1 milliard dans le monde en 2009. Une différence
non négligeable lorsque l'on regarde de plus prés et que l'on
aper»oit que ce sont des hommes, des femmes et des enfants dont l'on
parle.
Selon Sylvie Brunel, cette différence est «
une marge d'erreur considérable liée au fait que personne
n'est en réalité en mesure de déterminer l'ampleur exacte
de la faim19.»
Il faudrait pour cela conna»tre la population exacte de
chaque pays, la production totale d'aliments et pas uniquement de
céréales de ce pays, le niveau d'échanges avec
l'extérieur, les habitudes de consommations des familles et la
répartition exacte de la nourriture au sein des familles. Selon
l'auteur, seules les enquetes locales de consommations
réalisées à l'intérieur des familles sur une
durée suffisamment longue peuvent permettre d'appréhender
l'ampleur de la malnutrition chronique.
Et actuellement, seule l'unité VAM du Programme
alimentaire mondial, qui effectue des évaluations d'analyse et de
cartographie de vulnérabilité afin de mieux
19 Sylvie Brunel, Nourrir le monde, Larousse
2009, p.46.
comprendre la nature de l'insécurité alimentaire et
des risques pesant sur les moyens de subsistance des populations est reconnue
comme fiable20.
En 2008, Jean Ziegler21 chiffre à 12
millions le nombre de déc»s annuels d'enfants de moins de cinq ans,
en estimant que la moitié d'entre eux sont dus directement ou
indirectement à la malnutrition, alors que l'UNICEF22 chiffre
ce même nombre à 5 millions et l'OMS23 à 1
million.
Qui croire? Un rapporteur indépendant ou des
institutions produisant des chiffres pour souligner leur utilité et
« justifier un catastrophisme de principe susceptible de leur
permettre de reconduire leur budget24.»
Les chiffres de la faim et de l'insécurité
alimentaire sont souvent l'objet de manipulations techniques. Ils sont sujets
à des modifications de typologies, à des variations des seuils et
échelles, à des calculs d'indicateurs dans le but de renforcer ou
limiter l'ampleur statistique et spatiale d'un phénom»ne
précis25. Et ainsi servant les intérêts des ONG
et des agences internationales justifiant leurs actions et leur budget.
Pour pouvoir agir correctement, là oü le besoin s'en
ressent, des outils et une base de données communes sont essentiels pour
évaluer les param»tres de la faim.
Les institutions internationales doivent se donner les moyens de
travailler ensemble et suivre les recommandations du rapporteur spécial
sur le droit à l'alimentation.
20 L'unité du VAM utilise toutes une
série d'outils technologiques et de méthodes analytiques : images
transmises par satellite, analyse spatiale, suivi des prix des denrées
alimentaires sur les marchés locaux, enquêtes approfondies
aupr»s des ménages et discussions avec les ménages pauvres
en situations d'insécurité alimentaire.
21 Rapporteur spécial pour le droit à
l'alimentation du Conseil des droits de l'Homme de l'Organisation des
Nations-Unies de 2000 à 2008.
22 Fond des Nations-Unies pour l'enfance.
23 Organisation Mondiale de la Santé.
24 Op.cit. Sylvie Brunel, Nourrir le monde,
Larousse, 2009, p.48.
25 Pierre Janin, « Le soleil des
indépendance [alimentaire] ou la mise en sc»ne de la lutte contre
la faim au Mali et au Sénégal.», Hérodote, n 131, 4e
trimestre 2008.
Risque face à l'instabilité des prix
agricoles
L'année 2008 restera marquée par la hausse
spectaculaire des prix des denrées alimentaires de base. Ainsi entre Mai
2007 et Mai 2008, le blé a subi une augmentation de 157 %, le
ma ·s de 140 %, le riz de 93 % et le lait de 48 %26.
Et selon la FAO, durant cette période, l'indice
général de cinquante-cinq produits alimentaires a crU de 54 %.
Les causes de cette hausse sont multiples.
En premier lieu, elle peut s'expliquer par le pouvoir d'achat
en hausse dans les pays émergeants27. Ainsi, leur
consommation alimentaire s'est accrue et des changements dans les habitudes
alimentaires sont apparus, notamment par une consommation de viande plus
élevée. Rappelons qu'en moyenne sept calories
végétales sont nécessaires pour produire une calorie
animale28.
Par ailleurs, une conjoncture néfaste due à des
accidents climatiques engendrant de mauvaises récoltes s'est traduit par
une augmentation de la demande dans les pays importateurs et une baisse de
l'offre de pays exportateurs et par conséquent a provoqué une
hausse des prix agricoles.
Quant à la responsabilité des agrocarburants
dans cette hausse, les volumes actuels de produits agricoles destinés
aux agrocarburants n'expliquent pas la hausse des prix. D'apr»s les
estimations d'Agrimonde29, sur le total des calories
végétales produites dans le monde, moins de 5 % sont
destinées aux usages non alimentaires dont font partie les
agrocarburants. L'alimentation humaine représente 55 % de ce total et
l'alimentation animale 30 %. En revanche, la hausse annoncée de
l'utilisation des céréales pour des agrocarburants ont accrut
l'intérêt du marché des produits
26 Op. cit., Pierre Janin, « Crise alimentaire
mondiale. Désordres et débats «, Hérodote, n °
131, 4e trimestre 2008.
27 Brésil, Chine et Inde.
28 Selon la FAO en 2006.
29 Projet de prospective mené par le Cirad et
l'Inra, Agrimonde est un outil de réflexion collective sur les enjeux
alimentaires et agricoles mondiaux.
Pour en savoir plus
http://www.inra.fr/l_institut/prospective/agrimonde
agricoles pour les spéculateurs financiers. Donc c'est
l'anticipation de cette hausse de la demande qui explique la flambée des
prix agricoles30.
Mais, la cause principale serait la spéculation des
denrées agricoles sur les marchés et serait à l'origine de
la crise alimentaire de 200831.
Recommandé par le Fond monétaire international,
l'organisation mondiale du commerce et la Banque mondiale, les mati»res
premi»res dont celles agricoles ont été
insérées sur le marché économique et dans le libre
échange.
Ainsi, les denrées de base voient leur prix fixé
à la Bourse de Chicago32.
En mati»re de produits agricoles, une théorie
appelée La loi de King-Davenant33 permet d'évaluer
l'incidence d'un défaut d'approvisionnement en blé sur
l'augmentation des prix du blé. En effet, toute variation de production
se traduit par des fluctuations de prix démultipliées. Ainsi,
lorsque les récoltes sont bonnes, les prix agricoles s'effondrent, et
lorsqu'elles sont mauvaises, les prix flambent.
Certains pays exportateurs, de même que les courtiers en
céréales, ont anticipés une hausse des prix en limitant
les mises en marché des produits agricoles, considérant ce
secteur comme lucratif.
Or ces pratiques ne sont pas sans conséquences sur la
sécurité alimentaire des plus pauvres. Ce sont surtout les pays
qui importent massivement des produits alimentaires pour nourrir leurs
populations qui souffrent de la hausse des prix. L'évolution des prix
est donc essentielle pour conna»tre l'évolution de la malnutrition,
puisque la faim dépend de l'acc»s à la nourriture et du
pouvoir d'achat des plus pauvres.
30 Selon le portail de la science, dossier sur la
crise alimentaire mondiale, disponible sur
http://www.science.gouv.fr
31 Dominique Baillard, « Comment le marché
mondial des céréales s'est emballé ? «, Le monde
diplomatique, n 650, mai 2008.
32 Sébastien Abis, Pierre Blanc, Barah
Mika ·l, « Le malheur est-il dans le pré ?», La revue
internationales et stratégiques, N 73, Printemps 2009.
33 Cette loi a été
énoncée pour la premi»re fois dans l'ouvrage de Charles
Davenant, Essay upon the probable methods of making gainers in the balance
of trade. Cependant, depuis le début du 19e si»cle, on
l'attribut au statisticien Gregory King.
La volatilité des cours de produits agricoles est la
conséquences de l'absence de régulation des marchés due
à la libéralisation des échanges, à la non
intervention des Etats et à l'absence de stocks de denrées
alimentaires.
Un engagement des Etats dans la régulation des prix et la
gestion de l'agriculture est donc une obligation si l'on ne souhaite pas que ce
risque devienne pérenne.
La méthodologie de la FAO est-elle toujours
d'actualité ?
Pour se rendre compte de la production et de la consommation
mondiale ou selon les différentes régions du monde, la FAO
fournit des statistiques à cet égard34.
Les évaluations de la FAO ne sont faites que sur les
céréales. Chiffre englobant la totalité de ce que
représente la production et le commerce des céréales. Ce
qui de surcro»t nous empêche de savoir ce que représente la
part destinée à l'alimentation animale et celle destinée
à l'alimentation humaine dans le cadre du commerce net et importation,
dans le cadre de la production vivri»re et dans le cadre du commerce des
denrées alimentaires.
La FAO travaille sur les récoltes prévisibles et
non sur la consommation humaine alors que l'on sait qu'une partie de la
récolte sera destiné aux animaux.
De plus, lorsque l'on parle de la part de la consommation
alimentaire par rapport à la consommation totale, les statistiques
proviennent de l'Organisation Internationale du Travail et de la publication
des pays et n'est qu'un chiffre général qui ne différencie
pas le type d'aliments consommés.
Pour finir, le chiffre de l'aide alimentaire ne concerne
également que les céréales, alors que l'on sait que l'aide
alimentaire comporte d'autres types de denrées alimentaires.
34 Les statistiques de la FAO sont fournis par
FAOSTAT.
Recevoir des évaluations pertinentes et justes est
capital pour pouvoir évaluer correctement les enjeux du probl»me
alimentaire mondial.
La FAO doit s'engager dans ce sens et être capable de
fournir une véritable représentation de la production mondiale,
de la consommation mondiale en distinguant la part destiné à
l'Homme et celle destiné à l'animal.
Absence d'identification des sources calories
La sous-nutrition se caractérise par un état de
manque important de nourriture du fait d'un apport alimentaire insuffisant pour
combler les dépenses énergétiques journali»res d'un
individu. Alors que la sous alimentation est l'absorption
réguli»rement insuffisante d'aliments par rapport aux besoins. Ces
deux états peuvent entra»nés des carences nutritionnelles et
peut par conséquences provoquer la mort.
Les carences en vitamines et en sels minéraux sont une
conséquence habituelle de la sous-nutrition et de la sous alimentation
entra»nant certaines maladies : l'anémie, le
béribéri, la pellagre et le scorbut35.
Lorsque la sous-nutrition se produit au stade de l'enfance,
elle a des effets graves sur la croissance du cerveau humain, et nuit de
fa»on parfois irréversible à ses capacités.
35 L'anémie est caractérisée par
un manque de fer, de vitamine B12 ou d'acide folique qui se traduit par un
manque de globules rouges.
Le béribéri est une maladie causée par un
déficit en vitamine B1 qui provoque une insuffisance cardiaque et des
troubles neurologiques.
La pellagre est une maladie liée à une carence en
vitamine B3 et en tryptophane et se traduisant par des lésions
cutanées.
Le scorbut est une maladie due à une déficience en
vitamine C qui se traduit par le déchaussement des gencives,
hémorragies et la mort.
Le rapport de 2004 de l' UNICEF et de la Banque
mondiale36 dresse un bilan accablant : les carences en fer parmi les
bébés de 6 à 24 mois affectent le développement
mental de 40 à 60 % des enfants des pays en développement ; les
carences en iodes ont fait reculer la capacité intellectuelle de ces
pays de 10 à 15 %, et causent la naissance de 18 millions d'enfants
handicapés mentaux par an; le manque de vitamine A entra»ne la mort
d'un millions d'enfants chaque année et la carence en protéine de
6 à 18 mois.
Lorsque l'on parle de Calories, la FAO distingue deux seuils
différents dans le domaine alimentaire :
Le seuil physiologique s'entend par la quantité de
nourriture nécessaire sur le plan biologique. Est évalué
en moyenne pour une population donnée, une disponibilité comprise
entre 1900 et 2400 (kilo) calories par personne et par jour. Ceci dépend
si la population est jeune ou âgée, active ou
sédentaire...La valeur moyenne retenue par l'institution sera celle de
2100 calories par personne et par jour.
Tandis que le seuil économique est la quantité
de nourriture qui doit être disponible pour que le prix ne flambe pas,
par conséquent pour que la population la plus pauvre puisse y avoir
acc»s, ce seuil se place autour de 2700 calories par personne et par
jour.
La moyenne mondiale est largement au dessus de ce seuil. Mais
le continent africain se situe en dessous, et par conséquence, une
partie de la population sous alimentée chronique en Afrique car la
pauvreté ne leur permet pas d'acheter de la nourriture37.
Calculer les calories dont chaque individu a besoin est
nécessaire mais pas suffisant. En effet, dans les analyses des
institutions internationales, les sources caloriques manquent, sont-elles
d'origines animales, végétales ? Le bilan calorique d'un individu
peut être correct et pour autant être dans un état de
malnutrition si son alimentation ne lui apporte les vitamines et
oligo-éléments nécessaires à son fonctionnement.
Il est essentiel de tenir compte d'une nourriture saine,
qualitativement et quantitativement et d'une nourriture acceptable
culturellement38, chaque civilisation
36 UNICEF and World Bank, Vitamin and Mineral
deficiency, global progress report, 2004.
37 Sylvie Brunel,Nourrir la plan»te,
Larousse, 2009, p.36.
se caractérisant par son propre rapport à
l'alimentation, pour apporter le chiffre de la malnutrition des pays en
développement et y apporter des solutions.
Les objectifs du Millénaire non atteints :
constat d'un échec annoncé
En 2000, ont été retenus par un groupe d'experts
du Secrétariat de l'Organisation des Nations Unis, du FMI, de l'OCDE et
de la Banque mondiale huit objectifs dit Objectifs du
Millénaire39. Et à l'horizon de 2015, des obligations
de résultats ont été pris par un engagement chiffré
de toutes les institutions internationales et gouvernements.
Les OMD constituent un cadre de priorité pour les
objectifs de développement les plus pressants dans le monde et integrent
des buts et des indicateurs liés à des échéances
précises, mesurables et réalisables afin d'encourager la
communauté internationale à intensifier ses efforts pour les
atteindre.
En ce qui concerne leur financement, les pays riches doivent
remplir les promesses faites à Monterrey40, en faisant «
des efforts concrets pour se rapprocher de l'objectif consistant à
consacrer 0,7 % de leur produit national brut à une aide publique au
développement versée aux pays en
développement41».
Néanmoins, l'examen des résultats au bout de cinq
ans est décevant42.
38 ibidem p.40.
39 Voir annexe 2 : Les objectifs du millénaire
pour le développement.
40 La conférence de Monterrey de 2002,
consacrée au financement pour le développement, sous
l`égide des Nations-Unies visait à réfléchir
à la fa»on de maximiser les moyens mobilisées au service de
l'atteinte des OMD dans les pays en développement et elle a
débouché sur le consensus de Monterrey reposant sur six
piliers.
41 Millenium project, Etoffer l'enveloppe
financi»re consacrée à la réalisation des OMD,
2006. Disponible sur
http://www.unmillenniumproject.org
42 Voir annexe 3 : Les OMD et leur situation en
2005.
Analyse de Stéphanie Treillet, L'économie du
développement : de Bandoeng à la mondialisation, 2e
édition, Armand Colin, 2008, p.24.
L'Objectif N1 - la réduction de moitié d'ici 2015
du nombre de personnes souffrant de sous-alimentation - a été
réaffirmé au sommet de Rome en Juin 2008.
Désormais, M. Diouf43 estime qu'il n'est «
plus réaliste «.
Le communiqué final du G8 agricole à Cison di
Valmarino du 20 avril 200944, reconna»t que le monde «
est trés loin d'atteindre « l'objectif des Nations Unies
de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de
mani»re chronique de la faim d'ici à 2015.
Pour la premi»re fois les ministres sous-entendent
clairement ne pas pouvoir atteindre l'un des huit Objectifs du
Millénaire pour le Développement sur lesquels 192 pays se sont
engagés.
Pourtant, face à ce constat d'échec, la
communauté internationale à travers les institutions des
Nations-Unies ne manque pas d'être relancer sans cesse sur le retard pris
dans la réalisation des OMD.
En présentant le premier rapport45 sur le
retard pris dans la réalisation des OMD,
Ban Ki-moon46 s'est alarmé, relevant
l'insuffisance des progr»s réalisés par rapport aux
engagements des Etats membres. Il y est souligné que malgré les
progr»s dans plusieurs domaines, les engagements des Etats membres n'ont
pas été remplis.
En termes d'aide publique au développement, on constate
un grand écart entre ce qui a été réellement
accompli et les engagements pris. Ainsi, en 2007, il manquait dix milliards de
dollars par rapport aux promesses faites par les pays donateurs. L'aide
provenant des pays de l'OCDE et des membres du Comité d'aide au
développement47 n'a atteint que 0,28 % de leur PIB, face
à l'engagement qu'ils avaient pris de voir 0,7 % de leur PIB
affectés à l'APD.
43 Directeur exécutif du FAO.
44 Les membres des délégations ont
discuté des moyens et des stratégies permettant d'accro»tre
la production et la productivité, du rTMle des marchés, de la
relation entre agriculture et environnement et du rTMle de l'organisation
internationale pour stabiliser les marchés.
45 Rapport de 2008 intitulé «
Résultats du Partenariat mondial pour la réalisation des OMD
«. Ce rapport est le produit d'un travail collectif de plus de vingt
organes du syst»me des Nations-Unies, ainsi que de la Banque mondial, du
FMI, de l'Organisation mondiale du travail, et de l'OCDE.
46 Secrétaire général des
Nations-Unies depuis 2007.
47 Le CAD est la principale instance chargée
des questions de coopération-développement au sein de l'OCDE. Le
CAD est un lieu de coordination des bailleurs de fonds, en particulier
bilatéraux.
Si cet objectif devait être réalisé pour
2010, l'APD devra augmenter de 18 milliards de dollars par an dont 7,3
milliards à destination de l'Afrique48. Cela signifie que
l'APD passerait de 80 milliards de dollars en 2004 à prés de 130
milliards en 201049. Mais le plus grand retard dans la
réalisation des OMD concerne le secteur du commerce.
Les pays en développement sont toujours à la
marge dans le syst»me commercial multilatéral. Et selon la
Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement,
il est nécessaire de relancer le cycle de Doha pour «
remédier à des distorsions systématiques
anciennes «50, comme celles liées aux subventions
agricoles accordées par les pays développés. Mais surtout,
selon ses propos, « la réforme axée sur le
développement et la libéralisation de l'agriculture dans le cadre
de l'OMC sont nécessaires au renforcement des capacités de
production agricole des pays en développement et à la
résolution durable de la crise. «
Néanmoins, il est important de prendre en compte le
caract»re néfaste de la libéralisation des échanges
pour les pays en développement démontré à plusieurs
reprises.
En ce sens, une réévaluation des OMD dans la
durée accompagnée d'un engagement financier contraignant de la
part des pays développés et d'une démocratisation de l'OMC
doivent être envisagées pour améliorer le sort des pays les
plus pauvres.
Repenser aide alimentaire et aide publique au
développement
Selon la FAO, l'aide alimentaire est le transfert de produits
alimentaires d'un pays donateur à un pays bénéficiaire
à titre de don pur ou de conditions de faveur exceptionnelles.
48 Département de l'information des
Nations-Unies, Conférence de presse relative au lancement du rapport sur
le retard pris dans la réalisation des objectifs du millénaire
pour le développement, New York, 4 Septembre 2008.
49 Selon l'OCDE.
50 CNUCED, « Les objectifs du millénaire
pour le développement ne pourront être réalisés que
si le programme de Doha pour le développement aboutit «, nouvelle,
31 juillet 2008.
L'aide alimentaire est souvent accusée de nuire au
développement agricole local, ainsi de faire baisser les prix et
empêcher les paysans locaux de vendre leurs récoltes. Ce fut
notamment le cas lors de la crise alimentaire au Niger à l'Eté
2005. Cette association ne peut être affirmée
catégoriquement dans la mesure oü l'aide alimentaire répond
à la logique de l'insécurité alimentaire, qu'elle soit
permanente ou temporaire.
Traditionnellement, l'aide alimentaire et l'aide publique au
développement peuvent être apportées sous deux formes,
l'aide bilatérale et multilatérale51.
Tandis que l'aide multilatérale a les moyens
d'être contrôlée par les agences internationales classiques
(Banque mondiale, Commission européenne, Programmes et Agences des
Nations-Unies), peu de moyen existe pour contrôler les dons de l'aide
bilatérale.
La multilatérale d'origine européenne permet
d'acheter les denrées alimentaires sur place ou dans les pays
voisins52, et par sa logistique de terrain et le personnel local
à sa disposition, elle s'av»re efficace, équitable par ses
achats locaux et rapide.
L'aide multilatérale américaine est de nature
différente et demeure largement la premi»re mondiale. En effet, 83
% de l'aide alimentaire achetée dans les pays donateurs en 2006
provenaient des Etats-Unis. Alors que 80 % de l'aide alimentaire fournie par
les autres pays donateurs ont été achetés de producteurs
agricoles des pays aidés ou de pays voisins53. Mais cela ne
représente que 35 % de l'aide distribuée par le PAM.
Cependant, les critiques y vont de bon train contre l'aide
américaine souvent accusée de faire usage de l'aide
alimentaire dans le seul but de se débarrasser des excédents
de nourriture et d'ouvrir ainsi de nouveaux marchés puisque les
réels
51 L'aide bilatérale est directement
destinée à un pays en développement, alors que l'aide
multilatérale transite par une organisation internationale.
52 L'aide sous forme d'achats locaux est aussi
appelé par le PAM l'aide triangulaire.
53 Selon The international food aid information
system, Annual issue food aid monitor : Food aid flows 2006, Mai
2007.
profits sont distribués aux fermiers américains
sous forme de subventions aux exportations pour leurs excédents
agricoles . Or ceci s'av»re inexact puisque l'aide alimentaire
américaine utilise des appels d'offres pour les céréales
et le transport. Et, la production de céréales destinée
à l'aide alimentaire représente que 0,022 % des marchés
mondiaux.
Selon Jean Merckaert, Chargé de programme sur le
financement du développement au Comité catholique contre la faim
et pour le développement54, entre 100 et 180 milliards ont
été détournés depuis le début de l'aide au
développement globale.
Mais les milliards détournés ne
représentent en fait que 5 à 6 % du chiffre total de l'APD depuis
sa création dans les années 60. Et c'est une marge d'erreur
acceptable pour tous les programmes de cette ampleur.
Ces accusations troublent la gestion de l'aide alimentaire.
Elles ne font que se détourner des réels probl»mes qui sont
ceux de l'aide bilatérale et de la baisse de l'aide alimentaire et
l'aide publique au développement.
Selon le Conseil International des
céréales55, l'aide alimentaire était de 8,3
millions de Tonnes en 2005/2006, de 7,5 millions de Tonnes en 2006/2007 et
continue à baisser à 7,1 millions de Tonnes en
2007/200856.
Lorsque l'Union européenne est passée de l'aide
en nature à une aide financi»re, les budgets ont été
divisés par deux. Ceci prouve que l'aide pécuniaire coUte
beaucoup plus ch»re que l'aide en nature et non le contraire.
L'aide alimentaire est en baisse et ce, alors qu'il y a
beaucoup plus de personnes malnutries passant de 952 millions à 1,2
milliards en moins d'une année, et ceci dans un contexte de crise
économique.
54 Jean Merckaert, « Entre 100 et 180
milliards détournés depuis le début de l'aide au
développement «, interviewé par Guillaume Dumant,
Institut fran»ais pour la recherche sur les administrations et les
politiques publiques, le 16 Novembre 2007, suite à la campagne sur
les biens mal acquis de chefs d'Etats africains par le Comité catholique
contre la faim et pour le développement. Disponible sur
http://www.ifrap.org
55 International Grains Council est une organisation
intergouvernementale spécialisée dans les échanges de
céréales. Pour en savoir plus
http://www.igc.org.uk
56 International Grains Council, Food aid
operations 2005/2006, 2006/2007, 2007/2008.
L'aide bilatérale est généralement
utilisée à des fins de politique
étrang»re57. Et cette aide est le plus souvent
détournée. Cette aide bilatérale provient surtout des pays
émergeants et est à destination principale des pays de l'Afrique
de l'ouest. Elle ne comporte pas seulement des avantages et peut
s'avérer ravageur pour le marché local par « l'inondation
« de denrées alimentaires à des prix tr»s
compétitifs, tel est le cas du riz.
Cette aide bilatérale n'étant soumise à
aucun contrôle de la part des institutions internationales
classiques58 en mati»re d'aide alimentaire, est souvent
détournée de son but initial.
Les Etats donateurs n'ont pas la capacité d'évaluer
les besoins du pays receveur d'une aide bilatérale, puis de
contrôler le cheminement de cet argent.
L'aide alimentaire multilatérale est quant à
elle ciblée, limitée dans le temps et réexaminée
tous les six mois.
Les agences internationales classiques ont crées des
outils. En effet, pour prévenir la survenue de crises alimentaires
généralisées, a été con»u dés
les années 70, un Syst»me d'alerte Précoce. Il permet de
guetter les déficits de précipitations annonciateurs de mauvaises
récoltes afin de prévenir leur impact humain59.
De même, le Programme alimentaire mondial a son propre
outil d'analyse et de cartographie capable de définir les seuils de
vulnérabilité qui permettront de déterminer l'impact des
programmes sur la faim et la pauvreté et de définir les zones
d'intervention les plus appropriées60.
57 Jacques Adda et Marie-Claude Smouts, La France
face au sud, le miroir brisé, Karthala, 1989, p.35.
58 La FAO, le PAM et l'UNICEF.
59 Pour en savoir plus sur le site de
prévention des crises alimentaires
http://www.food-security.net/Le-systeme-d-alerte-precoce.php
60 Pour en savoir plus
http://www.vam.wfp.org
Une mauvaise interprétation des concepts : une
approche du probl»me alimentaire mondiale incohérente
Difficulté d'acc»s à la nourriture :
difficulté d'acc»s au marché
Actuellement, la production de céréales est
disponible en quantité suffisante pour nourrir toute l'Humanité
mais un tiers est destiné à nourrir des animaux.
De plus, elle n'est pas répartie équitablement.
L'acc»s au marché reste problématique autant
pour acheter de la nourriture (qui est trop ch»re) que pour y
accéder physiquement pour vendre ou acheter.
La question des infrastructures pour faire acheminer la
nourriture se posent encore et celle du pouvoir d'achat est essentielle.
Les pays pauvres, et notamment africains, manquent de moyens
et de volonté pour mettre en place des politiques agricoles, ou tout
simplement pour que les agriculteurs puissent participer au marché.
Faute de silos, ils ne peuvent stocker leur production pour vendre au meilleur
prix et, faute de routes ou de voies ferrées, ils ne peuvent acheminer
leur production vers les lieux de vente. Le probl»me est connu, mais
l'investissement pour les résoudre n'est pas
financé61.
La réalité rappelle souvent des enjeux financiers.
Chaque pays recherche à maximiser ses intérêts
économiques.
Les pays en développement ont sacrifiés leur
paysannerie en misant davantage sur l'urbanisation, l'industrialisation et la
paix sociale en offrant de la nourriture importée à bas coUt. Et
par ses importations massives pour subvenir aux besoins d'une population,
présentaient une source financi»re en recevant les taxes à
l'importation62.
61 Laetitia Clavreul et Adrien de Tricornot, « Un
monde affamé est un monde dangereux «, Le monde, 30 Juin
2009.
62 Sylvie Brunel, « La nouvelle question
alimentaire «, Hérodote, n 131, 4e trimestre 2008.
A l'heure d'aujourd'hui, il est nécessaire de
privilégier le marché local des Pays en développement au
lieu d'importer une nourriture à bas prix pour se nourrir. Pour cela,
les gouvernements de ces Etats doivent mettre les moyens, les ambitions et la
volonté pour aider leur paysannerie à vivre correctement et
s'améliorer, par la mise en place d'infrastructures suffisantes et de
subventions.
Des stocks régulateurs, qui fut longtemps l'objet de
lutte de la Banque mondiale, ont été remis en place et devraient
ainsi limiter les spéculations locales des denrées
alimentaires.
Interprétations et manipulations des concepts de
base
Il n'existe pas de définition globale des concepts
essentiels liés aux probl»mes alimentaires et sont donc
susceptibles d'être l'objet de manipulation et interprétation
diverses selon les acteurs qui les utilisent.
La « faim « est le plus souvent assimilée
à la satisfaction des besoins énergétiques et est
mesurée selon des normes nutritionnelles parfois changeantes selon les
institutions.
La « faim dite cachée63 «, notion
difficile à distinguer sur le terrain, renvoi aux manques liés
aux carences en micronutriments64.
Quant à la notion de « crise «, elle serait
sujette à deux mod»les explicatifs qui se contredisent :
Le premier mod»le consid»re la « crise «
comme un événement conjoncturel d'origine externe (aléas
climatiques, criquets, prix, épidémies...), se traduisant par une
rupture brutale de l'offre65. Et serait à l'avantage des
acteurs de l'aide humanitaire d'urgence ou de gouvernement.
63 Plus souvent utilisé selon le terme anglo
saxon « Hidden Huger «.
64 Op. cit., Pierre Janin, « Crises alimentaires
mondiale. Désordres et débats. «, Hérodote,
n 131, 4e trimestre 2008.
65 J.Copans, Sécheresses et famines au
Sahel, Paris, Maspero, 1975.
Le second mod»le a tendance à inscrire la «
crise « dans la durée, liée à une dégradation
progressive des moyens d'existence et des capacités de survie face
à laquelle il est difficile de lutter66. Cette derni»re
est mise en avant par les agences internationales de développement et
les chercheurs.
Si la notion de « faim « a le même sens pour
tous, celle de l' « insécurité alimentaire « est
davantage liée à des questions de degré ou de
priorité67.
L'insécurité alimentaire se produit lorsque des
personnes n'ont pas acc»s à des denrées alimentaires sUres
et nutritives en quantités suffisantes qui garantiront une croissance et
un développement normaux et une vie active saine.
Et si la lutte contre l'insécurité alimentaire
constitue un enjeu collectif, elle est loin d'être un objet
partagé, du fait des concurrences explicites entre les acteurs de la
gouvernance des crises68.
C'est pourquoi, établir des définitions
indiscutables doivent être une priorité pour recentrer l'aide
alimentaire et la production agricole sur leur véritable enjeu : nourrir
la plan»te.
La sécurité alimentaire et productivisme
: débats et notion controversée
Il n'existe pas de définition officielle de la
sécurité alimentaire pourtant la notion de sécurité
alimentaire est largement utilisée dés que l'occasion se
présente par les institutions internationales.
Selon l'organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et
l'agriculture, le concept de sécurité alimentaire est apparu
dans les années 70. Alors qu'elle sera
66 J.-P. Olivier de Sardan, « La crise
alimentaire au Niger «, Afrique contemporaine, De Boeck
université, n 225, 2008.
67 Pierre Janin, « La vulnérabilité
alimentaire des sahéliens : concepts, échelles et enseignements
d'une recherche de terrain «, L'espace géographique,
Paris, Belin, n 4, 2006.
68 Pierre Janin, « Le soleil des
indépendances [alimentaires] ou la mise en sc»ne de la lutte contre
la faim au Mali et au Sénégal «, Hérodote, n
131, 4e trimestre 2008.
fréquemment utilisée à partir de 1995/1996
lorsque le nombre de personnes affamées augmentera, mais la
priorité de la communauté internationale sera ailleurs.
Cette notion a évoluée de considérations
plutôt quantitatives et économiques vers une définition
tenant compte de la qualité et de la dimension humaine.
En effet, en 1975, on entendait par sécurité
alimentaire, la capacité de tout temps d'approvisionner le monde en
produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation, tout en
ma»trisant les fluctuations et les prix.
Tandis qu'en 1990, la sécurité alimentaire
signifiait la capacité d'assurer que le syst»me alimentaire fournit
à toute population un approvisionnement alimentaire nutritionnellement
adéquat sur le long terme.
Cette évolution de définition a influencé
les stratégies de la FAO pour assurer la sécurité
alimentaire pour tous et spécialement pour les pays en
développement.
Le concept de sécurité alimentaire fait
référence à la disponibilité ainsi qu'à
l'acc»s à la nourriture en quantité et en qualité
suffisante.
Il existe une définition couramment utilisée mais
dont les indicateurs ne sont pas fiables.
La sécurité alimentaire comporte ainsi quatre
dimensions :
1. La disponibilité (la production intérieure, la
capacité d'importation, la capacité de stockage et l'aide
alimentaire.)
2. L'acc»s (dépend du pouvoir d'achat et de
l'infrastructure disponible.)
3. La stabilité des infrastructures, de la politique et
du climat
4. La salubrité et de la qualité (hygi»ne et
acc»s à l'eau.)
Récemment, la FAO parlait de sécurité
alimentaire lors du sommet de Juin 2008 à Rome sur l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde69.
A cette occasion, à été exprimer la
conviction que « la communauté internationale doit prendre
des mesures urgentes et coordonner pour lutter contre les effets
69 Le sommet sur l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde s'est
déroulé du 3 au 5 Juin 2008 à Rome, et a réuni des
représentants de 180 pays de l'Union Européenne et de
gouvernements.
négatifs de la flambée des prix des
denrées alimentaires sur les pays et les populations les plus
vulnérables du monde «.
La FAO estime que la flambée des prix des
denrées alimentaires est la principale responsable de l'absence de
progr»s dans la réduction du nombre de personnes souffrant de la
faim dans le monde et donc de sa forte augmentation. Et a pour
conséquence d'aggraver l'insécurité alimentaire et la
malnutrition au sein des populations pauvres en diminuant la quantité et
la qualité des aliments consommés70.
Mais l'insécurité alimentaire ne peut être
enti»rement expliquée par la flambée des prix des
denrées alimentaires.
Le fonctionnement d'ensemble du syst»me alimentaire
mondial a été perturbé et continue à l'être.
Depuis la fin des années 1970, celui-ci s'est orienté vers un
abandon généralisé des cultures vivri»res au profit
d'un syst»me planétaire marchand de circulation des produits
alimentaires.
Marcel Mazoyer et Laurence Roudart en ont parfaitement
décrit le mécanisme dans leur ouvrage sur l'Histoire des
agricultures du monde71 :
« Les agriculteurs des pays en développement
ont alors réduit ou délaissé les cultures vivriOres
destinées à la vente, afin de consacrer une part croissante de
leurs forces aux productions tropicales d'exportation (É). Ainsi se sont
formées ou confirmées de grandes spécialisations
agroexportatrices : café, thé, cacao, tabac, arachide, coton,
ananas, banane, etc. (É) Le recul relatif des cultures vivriOres
destinées à la vente, alors même que la demande urbaine ne
faisait qu'augmenter, a plongé beaucoup de pays en développement
dans une dépendance alimentaire croissante ».
70 FAO, L'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde, rapport 2008, Rome,
Juin 2008
71 Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, Histoire
des agricultures. Du néolithique à la crise contemporaine,
Seuil, coll « points d'essais «, 2002.
En effet, selon les mêmes auteurs, les importations de
céréales en Afrique ont été multipliées par
cinq depuis 1965 tandis que la production locale était divisée
par deux.
Selon Jacques Diouf, l'accroissement de la production
vivri»re dans les pays en développement et non
autosuffisants72, doit être au cÏur des politiques, des
stratégies et des programmes visant à assurer la
sécurité alimentaire sur une base durable.
Ceci passe par l'amélioration de la
productivité. En effet, les intentions du directeur
général de la FAO de « mettre en place des filets de
sécurité ciblés (...) afin que tous puissent
avoir accès aux aliments dont ils ont besoins pour mener une vie
saine73 «, associé à la mise en place de
politique pour « aider les petits agriculteurs, pour les
permettre d'accroitre la production vivrière, gràce à
un meilleur accès aux semences, aux engrais, aux aliments pour animaux
et autres intrants74 », peuvent être bonnes
pour accro»tre l'offre alimentaire et baisser les prix sur les
marchés locaux.
Encore faudrait-il que la petite paysannerie est acc»s
à la terre75.
L'acc»s à la terre ou le droit d'exploitation
durable est le processus dans lequel des personnes, individuellement ou
collectivement, gagnent des droits, des possibilités et de la
sécurité pour occuper et utiliser la terre76.
La question de la terre est d'autant plus importante que sur
le milliard de personnes qui souffrent de faim, les deux-tiers sont des paysans
sans terre.
Et cette perte de droits des producteurs sur la terre a des
conséquences dramatiques.
En effet, posséder une parcelle de terre, c'est disposer
d'une source de richesses et de pouvoir mais aussi d'un moyen de
pérenniser son statut social. Les activités liées
72 Les pays qui n'ont pas la possibilité de
subvenir aux besoins alimentaires de leur peuple par leur seule production.
73 Op.cit., FAO, L'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde, rapport 2008.
74 Idem.
75 Marc Dufumier, Agricultures africaines et
marché mondial, Fondation Gabriel Péri, 2007.
76 Selon Ritimo, le Réseau d information et de
documentation pour le développement durable et la solidarité
internationale. Disponible sur
http://www.ritimo.org
à la terre sont à la base même des moyens
de subsistance, de revenus et d'emplois et de gestion convenable de
l'environnement.
Dans un contexte de mondialisation et d'industrialisation de
l'agriculture, la concentration des exploitations va de pair avec
l'expropriation des petits paysans et la spéculation fonci»re. Ce
sont des producteurs modernisés liés à des entreprises
transnationales qui s'accaparent d'immenses superficies de terres. Ce
mod»le de développement agricole productiviste conduit à la
marginalisation des petits paysans.
La productivité invoquée par la FAO, n'est donc
pas le terme à évoquer mais plutôt celui du productivisme
dans la mesure oü sont privilégiées les quantités de
biens produites sur la qualité.
Le productivisme est également le sacrifice de toute
autre considération pour maximiser la production. Le productivisme n'est
pas sans risques pour l'acc»s à la terre, pour la
préservation des ressources naturelles et pour la dimension familiale de
l'agriculture paysanne des pays en développement.
Ainsi se développe une course à l'acquisition de
nouvelles terres par des pays tels que la Chine, l'Inde.
Des millions d'hectares sont actuellement achetés ou
loués dans les pays en développement les plus pauvres par des
gouvernements, des multinationales et des investisseurs privés. Ceci a
pour conséquence la marginalisation de la petite paysannerie par leur
expulsion, la précarité de l'acc»s à l'eau et la
disparition de leurs moyens de subsistance77.
Parmi les pays louant leurs terres aux plus offrant, l'exemple du
Mali est pertinent :
« Il y a de quoi rendre autosuffisant le Mali en riz,
voire d'en faire une puissance exportatrice, un atout en période de
crise alimentaire. Mais faute de moyens, l'Etat compte sur les capitaux
étrangers pour mettre des terres en culture, et construire des routes et
des canaux d'irrigation78». Les terres maliennes sont
louées à des investisseurs chinois, américains et libyens
qui y cultivent la canne à sucre. Mais ce
77 Voir annexe 4 : carte représentant les
acquisitions de terres agricoles en 2009.
78 Laetitia Clavreul, « Au Mali, les nouvelles
mises en culture bénéficient surtout aux investisseurs libyens
«, Le monde, le 15 Avril 2009.
qui inqui»te le plus est la gestion de l'eau dont les petits
agriculteurs sont les laisser pour compte.
Ainsi les investisseurs étrangers peuvent viser une
rentabilité financi»re en produisant de la canne à sucre
destiné à la vente d'agrocarburants.
La motivation des pays louant des terres sur un territoire
d'un autre Etat est en premier lieu d'assurer sa sécurité
alimentaire par l'autosuffisance alimentaire car ses ressources ne sont pas
suffisantes pour des raisons climatiques, mais le plus souvent ce sont des
raisons économiques qui poussent ces Etats à investir sur
d'autres territoires que le leur.
Ainsi, l'Arabie Saoudite par le biais de ses groupes
agro-alimentaires a investi massivement au Soudan pour une autosuffisance
alimentaire dite « délocalisée
«79.
Une autre dimension économique s'est
développée et vise à privilégier des cultures de
rentes à des fins d'exportations.
Le cas de l'Egypte est frappant, alors que ce dernier
re»oit l'aide alimentaire pour nourrir sa population80. L'Etat
a développé un syst»me d'aide et de soutien en faveur des
agro-investisseurs et au détriment des petits paysans. Ainsi l'Egypte
est un grand exportateur de produits agricoles de part ses cultures de cotons,
de fleurs...mais est aussi un grand importateur de produits alimentaires.
Le productivisme risque aussi de faire oublier les
préoccupations environnementales. Des situations de défrichements
forestiers, d'épuisement des ressources en eau, de surexploitation de la
fertilité, et d'utilisations imprudentes de pesticides et OGM sont
malheureusement monnaie courante et sont de graves menaces sur la
biodiversité81.
79 Gilles Paris, « L'Arabie Saoudite vise une
autosuffisance alimentaire délocalisée «, Le monde,
le 17 Avril 2009.
80 Habib Ayeb, « Crise alimentaire en Egypte :
compétition sur les ressources, souveraineté alimentaire et rTMle
de l'Etat «, Hérodote, n° 131, 4e trimestre.
81 Nicolas Bricas et Beno»t Daviron, « De la
hausse des prix au retour du productivisme agricole : les enjeux du sommet sur
la sécurité alimentaire de Juin 2008 à Rome «,
Hérodote, n° 131, 4e trimestre.
Et en dernier lieu, le productivisme est néfaste
à l'environnement social. En effet, la production intensive met en
danger de disparition des exploitations familiales à caract»re
trangén»rationnel quasiment unanime dans les pays en
développement.
Pour conclure, le productivisme est contraire au
développement de l'agriculture de fa»on durable.
Les gouvernements et les institutions internationales doivent
prendre leur responsabilité et envisager des politiques agricoles sur le
long terme.
Et à ce propos, Olivier de Schutter a publié un
appel pour la prise en compte d'un ensemble de onze principes liés aux
droits de l'homme comme base minimale dans les contrats d'acquisitions ou de
locations à large échelle de terres agricoles, plus
communément appelés « land grabbing «. Ces principes
sont également un appel pour le respect du droit à
l'autodétermination des peuples et du droit au
développement82.
Améliorer l'acc»s à la terre est une
nécessité pour réduire la pauvreté, assurer une
gestion durable des ressources naturelles, réduire les conflits, freiner
l'exode rural et l'urbanisation et accro»tre la sécurité
alimentaire ainsi que la souveraineté alimentaire est une
priorité.
La souveraineté alimentaire :
élémentaire mais négligée
82 Communiqué de presse, « Le rapporteur
spécial sur le droit à l alimentation recommande des principes et
des mesures pour réguler les acquisitions à large échelle
de terres «, le 11 Juin 2009.
Voir annexe 5 : Les onze mesures énoncées comme
base d'acquisitions ou de locations de terres agricoles.
.
La souveraineté alimentaire est un concept
développé et présenté pour la premi»re fois
par l'ONG Via Campesina83 lors du Sommet de l'alimentation
organisé par la FAO à Rome en 1996.
La souveraineté alimentaire peut être
définit comme le droit des populations, et des pays de définir
leurs propres politiques alimentaires et agricoles. Ces politiques doivent
être écologiquement, socialement, économiquement et
culturellement adaptées à chaque contexte spécifique et ne
pas menacer la souveraineté alimentaire d'autres pays84.
Précisons d'emblée que la souveraineté
alimentaire n'est pas la sécurité alimentaire. Et à
l'instar de la sécurité alimentaire, la souveraineté
alimentaire n'est jamais ou tr»s peu invoqué par les institutions
internationales85.
La sécurité alimentaire ne s'intéresse
qu'aux quantités d'aliments disponibles.
Elle peut être atteinte en important la totalité des
aliments. Alors que la souveraineté alimentaire défend la
priorité donnée aux marchés locaux.
La souveraineté alimentaire rentre en contradiction avec
les projets politiques visant la libéralisation et la volonté de
réguler l'agriculture et le commerce par le marché.
Néanmoins, ces deux concepts ne s'opposent pas pour autant. Ils
pourraient même se compléter.
Au lieu d'associer la notion de sécurité
alimentaire à celle de productivisme86 comme à coutume
de faire la FAO, associer sécurité alimentaire à la notion
de souveraineté alimentaire et au droit à l'alimentation serait
une solution juste et durable pour les pays en développement.
En justifiant le productivisme, et donc le jeu du marché
sans correctif, pour éradiquer la faim dans le monde et ainsi assurer
la sécurité alimentaire, la FAO ne fait
83 Pour en savoir plus
http://www.viacampesina.org
84 Définition proposée l'ONG Plate forme
de la souveraineté alimentaire
http://www.pfsa.be Voir annexe 6 :
Définition compl»te de la souveraineté alimentaire.
85 Seuls les altermondialistes se font porte parole de
la souveraineté alimentaire lors des différents forums sociaux
mondiaux.
86 Produire plus en maximisant les rendements.
qu'appuyer les grandes firmes agro-alimentaires qui sont
déjà largement sous le couvert de l'OMC par sa politique de
libéralisation des marchés.
Pour ne citer qu'un exemple de souveraineté
alimentaire, voici celui de groupes indig»nes qui proposent un nouveau
mod»le de développement agricole87.
Ils prônent des zones économiques vertes se
distinguant des zones économiques classiques en ceci qu'elles ne
cherchent ni à attirer des investissements étrangers, ni à
exploiter les ressources naturelles et reposent intégralement sur des
ressources et des investissements locaux. Respecter les coutumes et les
ressources locales à chaque étape du processus et de parvenir au
plein emploi pour la population qui vit et travaille dans les zones
économiques vertes et ainsi valoriser leurs communautés. Cet
exemple à pour but de montrer que d'autres politiques existent et sont
des alternatives à suivre pour une institution telle que la FAO.
Le concept de souveraineté alimentaire concerne
également l'aide alimentaire et un acteur tel que le PAM laisse le choix
d'une population donnée face à la provenance de l'aide
alimentaire88.
Par conséquent, l'appel de l'ONG sud africaine, African
Center for Biosafety adressé au directeur du PAM89, du droit
de l'Angola et du Soudan de choisir, d'accepter, ou de refuser l'aide
alimentaire génétiquement modifiée90 est
purement polémique.
Les acteurs de la question alimentaire mondiale ont le devoir de
prendre en compte la souveraineté alimentaire de chaque pays.
Chaque civilisation, chaque culture a ses priorités,
qui ne rel»vent d'ailleurs pas forcément du domaine alimentaire.
Chacune d'entre elles se caractérise par un rapport spécifique
à la nourriture, des goUts et des attentes profondément
différents. Et arriver avec des solutions toutes prêtes seraient
mener à l'échec.
87 Harmony Siganporia, « La revanche des
communautés tribales «, paru dans Tehelka (New Delhi), Courrier
international, n 974, du 2 au 8 Juillet 2009.
88 Un accord écrit est signé entre le
PAM et l'Etat qui recoit l'aide alimentaire sur sa provenance.
89 James Morris était le directeur
exécutif du PAM en 2005.
90 Grain, « Le programme alimentaire mondial et
l'aide alimentaire génétiquement modifiés au Soudan et en
Angola «, Semences de la Biodiversité, n 36,
Février 2005.
Disponible sur
http://www.grain.org/semences_files/note-36-fr.pdf
Il faut donner le choix aux populations locales de
décider d'investir ou non dans des productions vivri»res ou de
rentes car au final ce qui importe c'est d'augmenter leur pouvoir d'achat et
avoir la capacité d'acheter de la nourriture et subvenir à leur
besoin.
Par contre, il est nécessaire de redéfinir les
r»gles du commerce international par la mise en place d'un
développement soutenable et d'un commerce durable entre les pays du Nord
et ceux du Sud.
Résoudre le probl»me alimentaire mondial
?
Dignité de la personne humaine : une
priorité
Lorsque l'on est face aux chiffres de la faim, la
difficulté est de s'imaginer que derri»re se cache des centaines de
millions d'hommes, et surtout de femmes et d'enfants qui vivent dans des
conditions plus que précaires et souffrent de la faim chaque jour.
Ces Hommes méritent un respect inconditionnel, quel que
soit leur %oge, leur sexe, leur santé physique ou mentale, leur
religion, leur condition sociale ou leur origine ethnique.
Puisque la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
de 1948 dés son premier article dispose que :
« Tous les êtres humains naissent libres et
égaux en droits et en dignité «.
Rappelons que :
« Toutes personnes a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa
famille, notamment par l'alimentation91.»
La pauvreté est le plus souvent à l'origine de la
faim. 80 % des morts de faim sont issus de la pauvreté.
Cette pauvreté qui prive de tous les moyens permettant
d'être reconnus en tant qu'êtres humains est une violation de la
dignité humaine.
Cela renvoie aux ressources financi»res, mais aussi
à la capacité à prendre la parole, à s'organiser,
à s'affirmer dans l'espace publique : autant à des droits civils
et politiques qu'à des droits économiques, sociaux et
culturels.
Etre pauvre, c'est ne plus exister socialement. Ce qui ne fait
que souligner l'indivisibilité et l'interdépendance des droits
fondamentaux92.
91 Article 25, Déclaration universelle des
Droits de l'Homme et du citoyen, Paris, 10 Décembre 1948.
92 Eric Poinsot, « La pauvreté: un combat
d'Amnesty? «, débat, La chronique, n 270, Mai 2009.
Au niveau international, les textes sont présents mais ne
suffisent pas, leur application n'en serait que meilleure.
Au niveau national, de grands efforts doivent être mis
à contribution, notamment au sein des gouvernements à l'apparence
non démocratique et transparent envers sa population.
La dignité trouve donc sa place dans la lutte contre la
pauvreté, dans l'acc»s à l'alimentation et également
dans l'acc»s à l'eau.
Vers une reconnaissance d'un droit à l'eau
Le contexte international actuel présente une
préoccupante rareté de cette ressource fondamentale pour la
vie.
Dans le monde, 1,2 milliard de personnes n'ont pas acc»s
à l'eau potable, 4 millions d'entre elles meurent chaque année de
maladies provoquées par le manque d'eau potable et 6000 enfants meurent
chaque jour pour avoir consommé de l'eau non potable93.
Partie intégrant du droit à l'alimentation,
l'acc»s à l'eau potable, salubre et propre et à l'eau
d'irrigation de base doit être préservé en application de
l'obligation de respecter, de protéger et de donner effet au droit
à l'alimentation94.
En effet :
« Le droit à l'eau consiste en un
approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coOt
abordable, d'une eau salubre et de qualite acceptable pour les usages
personnels et domestiques de chacun. [...] Le droit à l'eau est
93 Selon l'OMS.
94 Jean Ziegler, Le droit à l'alimentation,
Mille et une nuits, 2002.
indispensable pour mener une vie décente. Il est une
condition préalable à la réalisation des autres droits de
l'Homme.»95
Lorsque l'on parle d'un droit à l'eau, on envisage deux
crit»res pour que la question de l'inégalité sociale soit
réglée :
Garantir un meilleur acc»s à l'eau en pointant les
dangers que représentent pour les populations les plus démunies
la privatisation de plus en plus fréquente des réseaux
d'alimentation en eau, ainsi qu'une qualité de l'eau suffisante pour
garantir une bonne santé.
Des pays se sont ralliés à la pertinence de
droit à l'eau en l'intégrant dans leur constitution ou en en
faisant clairement mention dans des textes officiels tels que la Belgique, le
Royaume Uni, Irlande, le Chili, l'Afrique du sud, le Brésil, le Nigeria,
l'Ethiopie, la Gambie, l'Ouganda, l'Inde...96.
Cependant, du 16 au 22 mars 2009, s'est tenu à Istanbul
le Cinqui»me Forum Mondial de l'Eau qui s'est terminé par une
Déclaration Ministérielle qui ne reconna»t pas l'acc»s
à l'eau potable comme un droit humain97.
Ce Forum Mondial de l'Eau fut organisé par le Conseil
Mondial de l'Eau98, une institution qui à la
réputation de servir les intérêts privés et
dominée par les multinationales de l'eau, «
intéressées à développer une vision de l'eau
comme marchandise et non comme bien commun de
l'humanité99.»
95 Le comité des droits économiques,
sociaux et culturels du Conseil économique et social des Nations-Unies
décida d'interpréter le droit à l'eau dans son
Observatoire générale n ° 15, adoptée le 26 Novembre
2002.
96 Selon l'Académie de l'eau.
Disponible sur
http://www.academie-eau.org/IMG/pdf/DroitAIEau_04.pdf
97 Action contre la faim, « Vers un recul du
droit à l'eau ? «, 19 Mars 2009. Disponible sur
http://www.actioncontrelafaim.org/no_cache/press/communiqes/communique/article/110/versun-
recul-du-droit-a-leau/
98 Le conseil mondial de l'eau se présente
comme un centre de réflexion international sur l'eau, regroupant
plusieurs centaines d'organisations à travers le monde, acteurs des
secteurs publics et privés, agences des Nations-Unies, de la Banque
mondiale et de quelques ONG.
99 Selon le blog d'Adolfo Pérez Esquivel,
Buenos Aires, le 26 Mars 2009.
Cette problématique restera préoccupante tant que
ce droit à l'acc»s à l'eau potable pour tous et dans
l'égalité ne soit reconnu comme prioritaire.
Droit à l'alimentation à renforcer
Jean Ziegler, rapporteur spécial de la Commission des
droits de l'Homme des Nations Unies de 2000 à 2008, définit le
droit à l'alimentation comme :
« Le droit à l'alimentation est le droit
d'avoir un accOs régulier, permanent et libre, soit directement, soit au
moyen d'achats monétaires, à une nourriture quantitativement et
qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions
culturelles du peuple dont est issu le consommateur, et qui assure une vie
psychique et physique, individuelle et collective, libre d'angoisse,
satisfaisante et digne100.»
La faim entra»ne un cercle vicieux, celui de la
pauvreté.
L'affaiblissement lié à la malnutrition
entra»ne des probl»mes de santé et aggrave les maladies les
plus bénignes. Les personnes exposées à la faim, victime
d'un syst»me immunitaire fragile sont ainsi vulnérables aux
maladies du sida, du paludisme et de la tuberculose.
La malnutrition est dite intergénérationnelle, en
effet des femmes malnutries donneront naissance à des enfants de poids
insuffisant.
La malnutrition alt»re les capacités
d'apprentissage. Les enfants sous-alimentés auront des
difficultés à aller au bout d'un cursus scolaire de base et la
plupart ne pourront acquérir les compétences indispensables
comme savoir compter, lire et
Disponible sur
http://alireagenevesuissemonde.blog.tdg.ch/archive/2009/04/16/correspondance-
latnalxix.html
100 Op. cit., Jean Ziegler, Le droit à l'alimentation,
Mille et une nuits, 2002.
écrire. Ils n'auront alors pas les moyens de gagner
décemment leur vie à l'âge adulte.
On a longtemps parlé de la malnutrition comme
conséquence de la pauvreté, on l'analyse aujourd'hui comme l'une
des causes. Elle abaisse la productivité et entrave la croissance
économique.
Selon le FAO, la faim coUte aux pays en développement
l'équivalent de 220 Millions d'années de vie
productive101.
Face à ce constat alarmant, il est nécessaire
d'agir. Ne rien faire serait supporter la pauvreté pourtant si difficile
à vivre quotidiennement pour plus de la moitié de la population
de la plan»te. Agir car on ne peut accepter l'inacceptable, car ce serait
oublier les textes fondamentaux révélateurs d'une
égalité et d'une dignité pour tous. Le droit à
l'alimentation pour tous les humains est un droit universel et pour cela doit
être une priorité pour les gouvernements et acteurs internationaux
afin que chaque Homme puisse en jouir.
Mise en oeuvre et une réelle volonté
commune
En Octobre 2008, a été mobilisé en peu de
temps 3700 milliards de dollars pour sauver les banques. Alors que le directeur
général de la FAO a fait de nombreux appels expliquant depuis des
années qu'il suffirait de 30 milliard de dollars, soit moins d'un
centi»me de la somme allouée à la crise financi»re,
pour éradiquer la malnutrition102.
Lors du sommet de Rome en Juin 2008103, 22 milliards
de dollars d'aides avaient été promis. La déclaration
finale jugeait « urgent « d'aider les pays en développement
et
101 FAO, Rapport de l'insécurité alimentaire
dans le monde, SOFI, Rome, 2004.
102 Op. cit., Sylvie Brunel, Nourrir le monde, Larousse,
2009.
103 Sommet de la FAO sur l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde en Juin 2008 à
Rome.
en transition à investir davantage et à
développer leur production agricole et alimentaire.
Mais seulement 2,5 milliards de dollars ont effectivement
été versés aujourd'hui104. Ce qui
témoigne d'un côté de la mauvaise volonté de la part
des Etats et de l'autre d'une concurrence entre les institutions105
pour récolter les promesses de dons.
Rendre contraignantes les contributions devient d»s lors un
sujet de l'agenda international.
« Les États peuvent s'acheter à bon
compte une crédibilité. Il est certain que sils devaient se
justifier tous les six mois, ils seraient beaucoup plus prudents. Mettre en
place un tel suivi, encourager la publication et le suivi des comptes figurent
parmi les défis actuels. « Selon Olivier de
Schutter106.
« Ce qui est important aujourd'hui, c'est de
réaliser que le temps des paroles est désormais
révolu «, a dit Jacques Diouf, directeur général
de la FAO, début Juin 2009 à propos de la crise alimentaire au
Forum mondial des céréales à SaintPétersbourg.
Ces mots sont le signe que très peu de décisions
passées ont été réalisées pour relancer
l'agriculture des pays pauvres ou mieux réguler les marchés.
Actuellement, la problématique alimentaire mondiale est
complexe car elle ne concerne pas, comme nous avons pu le voir, que de nourrir
une population.
Les domaines de l'économie, de l'agriculture, de
l'environnement et du développement sont interdépendants et ont
des conséquences sur la situation alimentaire.
Il faut donc envisager de réguler les marchés,
revoir la politique de libéralisation des marchés et celle des
subventions démesurées des pays riches ; de mettre en
place des politiques agricoles nationales cohérentes et soutenables ;
de définir de règles
104 Op. cit., Leatitia Chavreul et Adrien de Tricornot, « Un
monde affamé est un monde dangereux « Le monde, 30 Juin
2008.
105 Concurrence entre la FAO et la Banque mondiale.
106 Entretien, « Nous allons vers de nouvelles crises
alimentaires «, L'humanité.
Disponible sur
http://www.humanite.fr/Nous-allons-vers-de-nouvelles-crises-alimentaires
internationales contraignantes pour préserver les
ressources naturelles, afin améliorer la faim dans le monde.
L'enjeu est de taille, puisque dans un rapport de
2007107, ont été identifiées quatre causes de
conflits de la faim possibles pour les prochaines années causées
par le réchauffement climatique : la dégradation des eaux douces,
le déclin de la production alimentaire, l'augmentation des
épisodes violents (tempêtes, inondations ou sécheresses
prolongées), et les migrations causées par les catastrophes et
tensions environnementales.
Afin de réduire le nombre de personne souffrant de la
faim et d'éviter de surcroit les conflits liés à cette
même faim, il faut se donner les moyens d'agir en mettant en place des
objectifs mondiaux harmonisants et en instaurant un diagnostic transparent
dénué d'intérêts privés.
Les acteurs habituels, institutions internationales, des ONG
et les Etats doivent se révéler démocratiquement
représentatifs, légitimes et attachés à une
politique transparente et unie pour témoigner d'une volonté
commune de changement et de renouveau.
Selon Vandana Shiva108, l'instauration d'une «
démocratie alimentaire « est un impératif.
Un contrôle sur le syst»me alimentaire afin d'assurer
une production durable et saine ainsi qu'une distribution et un acc»s
à la nourriture équitable doit s'installer.
Une gouvernance mondiale légitime, démocratique,
représentative et efficace pour la sécurité alimentaire et
le droit à l'alimentation est la priorité.
La problématique alimentaire est un enjeu
planétaire même si certaines personnes et certaines régions
du monde sont plus touchés que d'autres.
Tous les acteurs de la communauté internationale doit
engager leur responsabilité et combattre le fléau qui touche
prés d'un sixi»me de l'humanité : la faim.
107 Le conseil consultatif allemand sur le changement climatique
et le programme des Nations-Unies pour l'environnement, Le changement
climatique comme risque à la sécurité, Rapport de
2007. Disponible sur
http://www.wbgu.de
108 Vandana Shiva, Le terrorisme alimentaire, Paris,
Fayard, 2001.
CONCLUSION
Par cette étude, nous avons essayé d'être
mettre en lumière les dysfonctionnements et les incohérences de
la manière dont été gérée la situation
alimentaire mondiale.
Certains diagnostics, interprétations, agissements et
politiques nationales et internationales ont été
dénoncés puisqu'ils contribuent non pas à
l'amélioration de la faim dans le monde mais à aggraver la
situation.
Désormais cela doit cesser et poursuivre le chemin du
multilatéralisme, de la réforme, de la rénovation ou de la
suppression pour améliorer la situation actuelle et la combattre est la
priorité.
Une prise de conscience, témoignage de toutes les
déclarations politiques existantes ne suffit plus : il faut agir.
Les Etats vont devoir définir ce qu'ils veulent
réellement : la priorité est t-elle de nourrir à bas prix
par intensivité des cultures et justifiant l'agriculture industrielle au
détriment des plus pauvres, de la santé et de l'environnement ou
miser sur une agriculture durable pour tous maintenant et pour les
générations à venir ?109
La solution face au probl»me de la faim doit passer par
un développement agricole durable. Le mod»le agricole doit
être repensé afin de remettre le développement humain au
coeur de ses priorités.
La transparence et de la représentativité sont
les deux ma»tres mots qui doivent s'atteler aux institutions
internationales, et en particulier à l'Organisation mondiale du
commerce.
Les pays les plus pauvres doivent impérativement
être représentés dans les instances de négociation
du commerce international et agricole.
109 Op.cit., Sylvie Brunel, Nourrir le monde, Larousse,
2009, p.102.
Le défi de combattre la faim est immense. La situation
d'instabilité doit pousser les Etats vers une gouvernance mondiale
alimentaire. Cette derni»re nécessite un développement
soutenable environnemental, économique, politique, sociale et agricole
entre les pays du Sud et ceux du Nord.
Lier multilatéralisme de la part des Etats et
souveraineté alimentaire est essentiel pour construire une gouvernance
mondiale alimentaire équilibré, juste et durable.
« Au lieu d'imposer à tous les autres une
maxime dont je veux qu'elle soit une loi universelle, je dois soumettre ma
maxime à tous les autres afin d'examiner par la discussion sa
prétention à l'universalité. Ainsi s'opère un
glissement : le centre de gravité ne réside plus dans ce que
chacun souhaite faire valoir, sans être contredit, comme étant une
loi universelle, mais dans ce que tous peuvent unanimement reconna»tre
comme une norme universelle110.»
Si l'humanité veut se libérer de la faim, de la
pauvreté, du sous-développement et des inégalités,
elle doit aller vers un espace public mondial qui serait la base de la
communauté internationale « universelle «.
110 J·rgen Habermas, Morale et communication. Conscience
morale et activité communicationnelle, Paris,Cerf, 1996, p.88.
ANNEXE 1 : Carte de la faim dans le monde pour la
période 2003/2006
(en %)
ANNEXE 2 : Les 8 Objectifs du millénaire pour le
développement
(selon le portail de l'action du syst»me des Nations-Unies
sur les OMD)
OBJECTIF 1 : Réduire l'extrême
pauvreté et la faim
Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la
proportion de la population dont le revenu est inférieur a un dollar par
jour.
Assurer le plein-emploi et la possibilité pour chacun, y
compris les femmes et les jeunes de trouver un travail décent et
productif.
Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la
proportion de la population qui souffre de la faim.
OBJECTIF 2 : Assurer l'éducation primaire pour
tous
D'ici a 2015, donner a tous les enfants, gar»ons et filles,
partout dans le monde, les moyens d'achever un cycle complet d'études
primaires.
OBJECTIF 3 : Promouvoir l'égalité des sexes
et l'autonomisation des femmes
Éliminer les disparités entre les sexes dans les
enseignements primaire et secondaire d'ici a 2005, si possible, et a tous les
niveaux de l'enseignement en 2015 au plus tard.
OBJECTIF 4 : Réduire la mortalité
infantile
Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de
mortalité des enfants de moins de 5 ans.
OBJECTIF 5 : Améliorer la santé
maternelle
Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de
mortalité maternelle Rendre l'acc»s a la médecine
procréative universel d'ici a 2015
OBJECTIF 6 : Combattre le VIH/sida, le paludisme et
d'autres maladies D'ici a 2015, avoir enrayé la propagation du
VIH/sida et avoir commencé a inverser la tendance actuelle.
D'ici a 2010, assurer a tous ceux qui en ont besoin l'acc»s
aux traitements contre le VIH/sida.
D'ici a 2015, avoir ma»trisé le paludisme et d'autres
maladies graves et commencer a inverser la tendance actuelle.
OBJECTIF 7 : Préserver l'environnement
Intégrer les principes du développement durable
dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance actuelle a
la déperdition des ressources naturelles. Réduire
l'appauvrissement de la diversité biologique et en ramener le taux a un
niveau sensiblement plus bas d'ici a 2010.
Réduire de moitié, d'ici a 2015, le pourcentage de
la population qui n'a pas d'acc»s a un approvisionnement en eau potable ni
a des services d'assainissement de base. Améliorer sensiblement, d'ici a
2020, les conditions de vie de 100 millions d'habitants des taudis.
OBJECTIF 8 : Mettre en place un partenariat pour le
développement Poursuivre la mise en place d'un syst»me
commercial et financier multilatéral ouvert, réglementé,
prévisible et non discriminatoire.
Répondre aux besoins particuliers des pays les moins
avancés (PMA).
Répondre aux besoins particuliers des pays en
développement sans littoral et des petits États insulaires en
développement (en appliquant le Programme d'action pour le
développement durable des petits États insulaires en
développement et les décisions issues de la vingt-deuxi»me
session extraordinaire de l'Assemblée générale).
Traiter globalement le probl»me de la dette des pays en
développement par des mesures d'ordre national et international propres
à rendre l'endettement tolérable à long terme.
En coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre
les médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en
développement.
En coopération avec le secteur privé, faire en
sorte que les nouvelles technologies, en particulier les technologies de
l'information et de la communication, soient à la portée de
tous.
ANNEXE 3 : Les objectifs du Millénaire et leur
situation en 2005
(Source : Stéphanie Treillet, L'économie du
développement, de Bandoeng à la mondialisation, Armand Colin, 2e
édition, 2008)
Objectifs
|
Cibles
|
Situation en 2005
|
1. Réduire l'extrême pauvreté et la
faim.
|
Réduire de moitié entre 1990 et 2015 la proportion
de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par
jour.
Réduire de moitié la proportion de la
population qui souffre de la faim
|
Cet objectif pourrait etre atteint en Asie orientale et dans le
Pacifique (ob le nombre de pauvres a diminué de 25 millions entre 1990
et 2001) mais pas en Afrique subsaharienne, oil le nombre de pauvres
s'accro»t, en Amérique latine et aux Cara ·bes oil elle ne
diminue que trop lentement. L'Asie de l'est et du sud-est, l'Amérique
latine et les Cara ·bes, devraient atteindre l'objectif en ce qui
concerne les jeunes enfants, mais pas les autres régions. Le
nombre de personnes souffrant de la faim continue à
augmenter en Afrique Subsaharienne et en Asie du sud.
|
2. Assurer l'éducation primaire pour
tous.
|
Donner à tous les enfants, garcons et filles, les
moyens d'achever un cycle complet d'études primaires.
|
Plusieurs régions devraient atteindre l'objectif avant
2015, mais les progr»s réalisés sont encore insuffisants en
Afrique subsaharienne (oil le sida décime les enseignants), au
Moyen-Orient et en Asie du Sud.
|
3. Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomisation des femmes.
|
Eliminer les disparités entre les sexes dans les
enseignements primaires et secondaires d'ici à 2015, si possible, et
à tous les niveaux de l'enseignement en 2015, au plus tard.
|
Dans les pays en développement, il existe encore des
différences de scolarisation à tous les niveaux de l'enseignement
en fonction du
sexe (87 filles pour 100 garcons dans le primaire, 75 / 100 dans
le secondaire). Malgré les progr»s, les disparités restent
importantes en Asie du sud, Afrique subsaharienne et Moyen-Orient. Dans de
nombreux pays, les filles ont moins de chances de rester à
l'école que les garcons.
|
4. Réduire la mortalité
infantile.
|
Réduire de deux-tiers le taux de mortalité des
enfants de moins de 5 ans.
|
En moyenne, dans les pays en développement, pour 1 000
naissances, plus de 100 enfants meurent avant l'%oge de 5 ans. Pr»s de la
moitié des déc»s d'enfants de moins de Cinq ans surviennent
en Afrique subsaharienne et plus du tiers en Asie du sud. Le sida et les
conflits armés ralentissent les progr»s dans les années
1990.
|
5. Améliorer la santé
maternelle.
|
Réduire de trois quarts le taux de mortalité
maternelle.
|
D'apr»s des estimations de 1995, la mortalité
maternelle est beaucoup plus élevée dans toutes
|
|
Objectifs
|
Cibles
|
Situation en 2005
|
|
|
les régions en développement que dans les
régions développés, et elle est 50 fois plus
élevée en Afrique subsaharienne, oü les progr»s ont
été quasi-inexistants.
|
6. Combattre le VIH/ sida, le paludisme et d'autres
maladies.
|
Stopper la propagation du
VIH/sida et commencer à inverser la tendance actuelle.
Ma»triser le paludisme et d'autres grandes maladies, et
commencer à inverser la tendance actuelle.
|
Les taux de prévalence du VIH augmentent encore dans tous
les pays en développement. Il est sept fois plus élevé en
moyenne que dans les pays industrialisés. Le paludisme tue 1 million de
personnes par an, principalement en Afrique, et la tuberculose a
réapparu.
|
7. Assurer un environnement durable.
|
Intégrer les principes du développement durable
dans les politiques nationales ; inverser la tendance actuelle à la
déperdition des ressources
environnementales.
Réduire de moitié le pourcentage de la population
qui n'a pas acc»s de facon durable à un approvisionnement en eau
potable.
Améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions
d'habitants de taudis, d'ici à 2015.
|
Les émissions de CO2 par
habitant au niveau mondial ont à peine changé.
Mais depuis l'adoption du
Protocole de Montréal en 1996, la consommation
mondiale de CFC a nettement baissé.
|
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
|
Poursuivre la mise en place d'un syst»me commercial et
financier multilatéral ouvert, fondé sur des r»gles,
prévisibles et non
discriminatoire. Cela suppose un engagement en faveur d'une bonne
gouvernance, du développement et de la lutte contre la pauvreté,
aux
niveau tant national qu'international.
S'attaquer aux besoins particuliers des pays les moins
avancés. La réalisation de cet objectif suppose l'administration
en franchise et hors contingents de leurs exportations, l'application du
programme renforcé d'allégement de la dette des pays pauvres
tr»s endettés, l'annulation des dettes bilatérales envers
les créanciers officiels, et l'octroi d'une aide publique au
développement plus généreuse aux pays qui
démontrent leur volonté de lutter contre la pauvreté.
Répondre aux besoins particuliers des Etats
enclavés et des petits Etats insulaires en
développement.
|
Le montant net de l'aide publique au développement - en
pourcentage du PNB des pays donateurs - a baissé au cours des
derni»res années et est au plus bas, le montant net de l'APD
destiné aux pays les moins avancés également, et dans une
plus grande mesure.
Ces derni»res années, le pourcentage des importations
des pays développés provenant de pays en développement
et
admises en franchise de droits (hors pétrole) a
augmenté, mais il a baissé pour les pays les moins
avancés.
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Objectifs
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Cibles
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Situation en 2005
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Traiter globalement le probl»me de la dette des pays en
développement par des mesures d'ordre national et international propres
à rendre leur endettement viable à long terme.
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En coopération avec les pays en développement,
créer des emplois décents et productifs pour les jeunes.
|
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En coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre les
médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en
développement.
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En coopération avec le secteur privé, mettre les
avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de
l'information et de la communication, à la portée de tous.
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ANNEXE 4 : Carte représentant les acquisitions de terres
agricoles en 2009
ANNEXE 5 : Les onze mesures base des acquisitions ou locations de
terres agricoles à grandes échelles
(Conseil des Droits de l'Homme des Nations-Unies,
Promotion and protection of all human Rights, civil, political, economic,
social and cultural right, including the right to development, Report of
the special rapporteur on the right to food Olivier de Schutter, Gen»ve,
21 Juin 2009.)
1- Negotiations leading to investment agreements should be
conducted in full transparency, with the participation of the local
communities, whose access to land and other productive resources could be
affected as a result of the arrival of an investor.
2- In principle, any shift in land use may only take place
with the free, prior and informed consent of the local communities concerned.
This is particularly important for indigenous communities, in view of the
discrimination and marginalization that they have historically endured. Forced
evictions should only be allowed in the most exceptional circumstances, when in
accordance with the locally applicable legislation, when they are justified as
necessary for the general welfare, and when they are accompanied by adequate
compensation and alternative resettlement or access to productive land.
3- In order to ensure that the rights of the local
communities will be safeguarded at all times, States should adopt legislation
protecting those rights and specifying in detail the cases in which shifts in
land use or evictions are allowed, as well as the procedure to be followed.
Moreover, States should assist local communities in obtaining
collective registration of the land they use, in order to ensure that their
rights will enjoy full judicial protection. Such legislation should be designed
in accordance with the Basic principles and guidelines on development-based
evictions and displacement, submitted in 2007 by the Special Rapporteur on
adequate housing as a component of the right to an adequate standard of living,
and with general comment No. 7 (1997) of the Committee on Economic, Social and
Cultural Rights on the right to adequate housing (art. 11.1): forced
evictions.
4- Investment agreement revenues should be used for the
benefit of the local population. Depending on the circumstances, arrangements
under which the foreign investor grants access to credit and improved
technologies for contract farming, or precluding the possibility of buying at
predefined prices, a portion of the crops produced, may be preferable to
long-term leases of land or land purchases.
5- Host States and investors should establish and promote
farming systems that are sufficiently labour-intensive to contribute to job
creation and to the strengthening of local livelihood options.
6- Host States and investors should cooperate in identifying
ways to ensure that the modes of agricultural production respect the
environment.
7- Whatever the content of the arrangement, it is essential
that the obligations of the investor are defined in clear terms, and that these
obligations are enforceable, for instance by the inclusion of predefined
sanctions in the event of non-compliance.
8- In order to ensure that investor agreements do not result
in greater food insecurity for the local population, particularly as the result
of increased dependence on international markets or food aid in a context of
higher prices for agricultural commodities, the agreements should include a
clause providing that a minimum percentage of the crops produced be sold on
local markets, and that this percentage may be increased, in proportions to be
agreed in advance, if the price of food commodities on international markets
reaches a certain level.
9- Impact assessments should be conducted prior to the
completion of negotiations in order to highlight the consequences of the
investment on the enjoyment of the right to food through: local employment and
incomes, disaggregated by gender and, where applicable, by ethnic group; access
to productive resources of the local communities, including pastoralists or
itinerant farmers; the arrival of new technologies and investments in
infrastructure; the environment, including soil depletion, the use of water
resources and genetic erosion; and access, availability and adequacy of
food.
10- Indigenous peoples have been granted specific forms of
protection of their rights on land under international law. States shall
consult and cooperate in good faith with the indigenous peoples concerned in
order to obtain their free and informed consent prior to the approval of any
project affecting their lands or territories and other resources, particularly
in connection with the development, utilization or exploitation of mineral,
water or other resources.
11- Waged agricultural workers should be provided with
adequate protection, and their fundamental human and labour rights should be
stipulated in legislation and enforced in practice, consistent with the
applicable instruments of the International Labour Organization (ILO).
ANNEXE 6 : Définition compl»te de la
souveraineté alimentaire
(selon ONG plate-forme de la souveraineté alimentaire
http://www.pfsa.be)
La souveraineté alimentaire est un concept
développé et présenté pour la premi»re fois
par l'ONG Via Campesina lors du Sommet de l'alimentation organisé par la
FAO à Rome en 1996. Il a depuis été repris et
précisé par les altermondialistes lors des différents
Forums Sociaux Mondiaux.
La Souveraineté Alimentaire est définit comme le
droit des populations, et des pays de définir leurs propres politiques
alimentaires et agricoles. Ces politiques doivent être
écologiquement, socialement, économiquement et culturellement
adaptées à chaque contexte spécifique et ne pas menacer la
souveraineté alimentaire d'autres pays.
La souveraineté alimentaire inclut :
· Le droit à une alimentation de qualité,
culturellement appropriée.
· Le droit à des revenus décents oü les
prix agricoles couvrent les coUts de production et permettent de vivre
dignement de son activité agricole.
· Le droit d'acc»s aux moyens de production (terre,
eau, intrants, crédits É). Ce droit implique une
répartition équitable des moyens de production entre les
paysans.
· Le droit de protéger et de réglementer la
production et le commerce agricole afin qu'ils répondent aux attentes de
la société et respectent l'environnement.
La souveraineté alimentaire n'est pas la
sécurité alimentaire : la sécurité alimentaire ne
s'intéresse qu'aux quantités d'aliments disponibles. La
sécurité alimentaire peut être atteinte en important la
totalité des aliments. La souveraineté alimentaire défend,
elle la priorité donnée aux marchés locaux.
La souveraineté alimentaire rentre en contradiction
avec les projets politiques visant la libéralisation et la
volonté de réguler l'agriculture et le commerce par le
marché. La souveraineté alimentaire défend au contraire le
droit de favoriser et de soutenir l'agriculture familiale durable, de
préserver les ressources naturelles (eau, forêts, sols, etc.), la
santé des consommateurs, la biodiversité, l'emploi agricole en
nombre suffisant et dignement rémunéré,É
La souveraineté alimentaire n'est pas le repli sur soi
: le commerce international a sa raison d'être quand il n'est pas
l'objectif prioritaire de l'agriculture et qu'elle néglige le besoin des
populations locales. Pour les produits destinés essentiellement à
l'exportation comme c'est le cas des produits tropicaux, la souveraineté
alimentaire défend le principe d'une gestion de l'offre internationale
entre pays producteurs et pays importateurs qui permet de garantir des prix
justes aux producteurs et la sécurité d'approvisionnement pour
les utilisateurs.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
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www.aidh.org/alimentation/
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- Portail francophone de la solidarité internationale
www.portail-humanitaire.org/
- Plate forme Souveraineté alimentaire www.pfsa.be/
- Réseau de prévention des crises alimentaires
www.food-security.net/
- Réseau d'information et de documentation pour le
développement durable et la solidarité internationale
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- International food policy research institute www.ifpri.org/
- Institut Fran»ais pour la Recherche sur les
Administrations et les Politiques Publiques
www.ifrap.org/
- Portail gouvernemental de la documentation fran»aise
www.vie-publique.fr/
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