Université François Rabelais
n° :
UFR de Médecine - Tours Mention :
&
A.F.R.A.T.A.P.E.M
Association Française de
Recherche et Applications des
Techniques Artistiques en
Pédagogie
UNE EXPÉRIENCE D'ART-THÉRAPIE AU SEIN D'
ÉTABLISSEMENTS D'HÉBERGEMENT POUR PERSONNES ÂGÉES
DÉPENDANTES.
|
Mémoire de fin d'étude présenté par
:
Daisy JOUAUD
Dans le cadre du :
Diplôme
Universitaire d'Art-Thérapie
Année
2010
Lieux de stage :
Résidence Villa
Sainte Marie
23, rue du Général Destaing
Université François Rabelais
UFR de
Médecine - Tours
&
A.F.R.A.T.A.P.E.M
Association Française de
Recherche et Applications des
Techniques Artistiques en
Pédagogie
UNE EXPÉRIENCE D'ART-THÉRAPIE AU SEIN D'
ÉTABLISSEMENTS D'HÉBERGEMENT POUR PERSONNES ÂGÉES
DÉPENDANTES.
|
Mémoire de fin d'étude présenté par
:
Daisy JOUAUD
Dans le cadre du :
Diplôme
Universitaire d'Art-Thérapie
Année
2010
Lieux de stage :
Résidence Villa
Sainte Marie
23, rue du Général Destaing
REMERCIEMENTS :
Je remercie tout particulièrement le Docteur Anne
PHILIPPE, Responsable du Pôle gériatrique de l'Hôpital
d'Aurillac, présidente de l'antenne Cantal de l'association France
Alzheimer, et médecin coordonateur dans les structures d'accueil, de
m'avoir fait l'honneur d'être ma directrice de mémoire.
Madame Borne et Monsieur Lapeyre directeurs des deux EHAPD ou
le stage à été réalisé, ainsi que le
personnel de ces mêmes résidences, pour leur disponibilité
leur écoute et leurs conseils tout au long du stage.
Je tiens également à remercier tous ceux qui m'ont
épaulée et soutenue tout au long de l'élaboration de ce
mémoire pour leur compréhension et leurs encouragements.
Monsieur R.Forestier pour son enseignement.
Enfin, et tout particulièrement, je remercie tous les
résidents ainsi que leurs familles sans qui ce travail n'aurait pu avoir
lieu.
PLAN :
REMERCIEMENTS p.1
PLAN p.2
GLOSSAIRE .p.7
INTRODUCTION .p.8
PREMIERE PARTIE : La prise en charge en
art-thérapie peut permettre
d'améliorer la qualité de vie des
personnes âgées placées en institution
.p.10
A/ Le vieillissement est un phénomène biologique
dont les retentissements
biologiques et sociaux sont étroitement
liés
|
.p.10
|
1/ Présentons une définition de la qualité
de vie
|
p.10
|
2/Le vieillissement est un processus naturel biologique qui
fragilise la personne âgée.......
|
p.11
|
3 /Le vieillissement modifie l'accès à
l'environnement spatio-temporel
|
.p.12
|
Les atteintes des capacités sensorielles altèrent
les mécanismes d'esthésie
|
p.12
|
Les atteintes psychomotrices contribuent à l'isolement
de la personne âgée......
|
p.13
|
4/Le vieillissement et les changements qu'il implique peuvent
isoler socialement
la personne âgée. .p.13
a)-Définissons ce qu'est une personne
âgée p.13
b)-Le vieillissement peut provoquer un
rétrécissement de l'environnement social
de la personne âgée p.15
5/L'état de vieillesse peut provoquer une souffrance
psychique. p.15
6/La personne âgée placée en institution
connaît une multiplication des facteurs pouvant
altérer la qualité de vie. p.16
Le placement signifie la perte des repères p.16
Le placement induit un changement de statut p.17
Le placement apparaît comme la dernière
demeure p.18
B/ L'art a la particularité d'agir sur
l'être humain. p.18
1/ L'être humain est une réalité avant tout
biologique. p.18
L'être humain peut percevoir puis traiter certaines
caractéristiques physiques et chimiques de l'environnement, sous forme
d'informations p.19
L'être humain : un ensemble de structures,
organisées dans l'espace
et dans le temps p.19
2/ L'art est connu par ses oeuvres. p.20
3/Il existe différentes formes d'expressions humaines.
.p.21
L'ouvrier et l'artisan sont à différencier de
l'artiste au même titre que leurs productions p.21
L'artiste produit des oeuvres d'art .p.22
4/ L'art a un pouvoir sur l'être humain. .p.23
C/La prise en charge en art-thérapie participe à
l'amélioration de la qualité de vie des
résidents. p.24
1/L'art-thérapie peut contribuer au maintien de
l'autonomie. p.24
2/L'atelier d'art-thérapie offre un contexte de
liberté facilitant la prise d'initiative. p.25
3/L'art-thérapie offre à la personne
âgée la possibilité de recouvrer une identité
au sein de l'institution. p.25
La personnalité du sujet s'exprime lors de
l'activité artistique. p.26
La production artistique offre des possibilités
relationnelles p.27
4/L'activité artistique redonne à la
personne âgée de nouvelles possibilités de ressenti de
son
corps physique. p.28
Le corps physique est impliqué dans l'activité
artistique. p.28
Le corps douloureux peut être gratifié.
p.28
DEUXIEME PARTIE :Présentation du stage pratique
au sein des établissements d'accueil ainsi que deux des études
de cas réalisées. p.30
A/ Les résidences Sainte-Marie et Saint-Joseph sont
dépendantes de l'association
« les cités cantaliennes de l'automne »
.p.30
1/Présentons les établissements
d'hébergements pour personnes âgées dépendantes.
p.30
2/Présentons les structures Sainte-Marie et Saint-Joseph.
p.30
Le projet de l'établissement décline un projet
de vie et un projet de soin p.30
Les résidences Ste Marie et St Joseph proposent une
organisation d'un espace
convivial et stimulant p.31
Des prestations et des moyens humains sont mis à
disposition p.31
3/ Il peut être effectué une typologie des
pathologies en EHPAD p.33
4/ La réalisation du stage et de ses objectifs s'est faite
en lien avec les attentes et les demandes de chacun. p.34
Le déroulement du stage s'est organisé sur une
durée de 140H p.34
L'art-thérapie a été
présentée au sein des établissements p.34
Un temps d'observation a été
nécessaire p.34
L'équipe et les résidents ont fait le choix de
prises en charge individuelles p.35
Le stagiaire a proposé la mise en place d'un atelier
d'art-thérapie .p.36
B/Une prise en charge en art thérapie se réalise en
plusieurs étapes :
de l'orientation au bilan de fin de prise en charge
p.37
1/L'orientation et les séances de rencontre permettent
l'élaboration de la prise en charge. p.37
L'orientation de la prise en charge est une décision
collective p.37
Les séances de rencontres permettent la
réalisation d'une fiche d'ouverture....p.37 2/L'élaboration
de la stratégie thérapeutique prend en considération
l'état de base, les objectifs et les moyens. p.38
Un objectif général est fixé en lien avec
les motifs d'orientation et
l'état de base du patient. p.38
Une méthode et des moyens sont imaginés.
.p.38
c)-Une stratégie thérapeutique reposant sur
l'opération artistique
est mise en place p39
2/L'observation et les outils dont dispose
l'art-thérapeute permettent la réalisation d'un suivi
thérapeutique p.40
La grille d'observation permet le recueil des informations
p.40
La notation des items permet l'évaluation objective de
la prise en charge .p.40
Les réunions de transmission apportent un regard
collectif et permettent le réajustement des objectifs des prises en
charge p.40
Le bilan s'effectue de manière régulière
et vient clôturer la prise en charge......p.41
C/ Etudes de cas p.42
1/Anna p.42
Le comportement général d'Anna a motivé
son indication en art-thérapie p.42
La prise en connaissance de l'état de base d'ANNA nous
permet de mieux comprendre les difficultés qu'elle rencontre
p.42
Portons un regard sur les pénalités d'Anna
p.43
La revalorisation de l'estime de soi constitue l'objectif
général de la prise en charge, le projet est organisé en
vue de cet objectif. p.43
Les réticences d'Anna et son traitement médical ont
motivé la décision
de séance en chambre p.45
f)-Le plaisir est l'élément moteur de la
stratégie thérapeutique . p.45
g)- Les items sont évalués de façon
objective sur une échelle de 1 à 5 p.46
1)- L'évaluation de l'implication relationnelle est
relative à l'objectif général p.46
2)-L'évaluation des capacités esthétiques
est ciblée sur le plaisir dans l'activité p.47
L'image de soi est un élément qu'il convient
d'évaluer p.48
L'évaluation de la confiance en soi est faite au regard
du phénomène artistique.. p.48
Nous décrivons les dix séances dont a
bénéficié Anna .p.50
L'évaluation des observations des séances nous
permet de tirer un bilan sur la prise en charge d'Anna p56
La synthèse de la prise en charge nous permet d'observer
de façon générale un
regard sur la prise en charge d'Anna p.62
Bilan de la prise en charge p.63
2/ Le cas de François nous permet de révéler
certaines limites de l'art-thérapie. p.64
L'équipe a orienté François vers une prise
en charge en art thérapie en raison des conséquences qu'implique
sa récente perte de capacité p.64
L'anamnèse de François participe à la
connaissance de son état de base p.64
Nous présentons les séances de rencontre. p.65
Un prise en charge en art-thérapie n'a pu être
établie. .p.67
TROISIEME PARTIE : Discussion autour de
l'expérience du stage p.69
A/ Réflexions et commentaires sur l'étude
de cas p.69
B/ Une prise en charge en art-thérapie
orientée dés l'entrée en institution peut permettre
à la personne âgée de mieux vivre les ruptures
engendrées. p.70
C/ L'atelier d'art-thérapie permet une
continuité identitaire. p.71
1/ Les résidents en situation d'institutionnalisation
soudaine peuvent être réfractaires aux activités.
p.72
2/ L'art-therapie n'est pas qu'action mais aussi contemplation
p.72
C/ Le bien être des résidents passe aussi
par le bien être de l'équipe. p.73
1/ L'équipe de soin peut rencontrer des difficultés
p.74
Le contexte de soin au sein d'un EHPAD est particulier
p.74
Les soignants peuvent souffrir d'un manque de
reconnaissance p.74
La souffrance des soignants peut avoir un impact sur les
résidents. p.75
2/Proposons une hypothèse de prise en charge des
soignants. .p.76
L'équipe soignante est une équipe
multiculturelle .........p.76
L'art-thérapie peut permettre aux soignants de
retrouver un plaisir dans l'activité ainsi qu'une reconnaissance
p.76
c)-La mise en place d'un atelier collectif de soignants peut poser
quelques difficultés p 77
3/ Proposons l'hypothèse d'un atelier d'art-therapie de
groupe soignants/soignés p.77
La difficulté des relations humaines au sein de
l'institution est une souffrance commune p.77
L'établissement est un lieu de travail pour l'un et un
lieu de vie pour l'autre......p.78
l'atelier d'art-thérapie offre un espace
relationnel p.79
L'équipe de soin se doit de garder une distance avec
les patients p.80
La prise en charge d'un groupe soignant/soigné pourrait
permettre une meilleure
qualité de soin. p.80
D/ Il existe des avantages à la présence
d'un art-thérapeute au sein des EHAPD. p.81
1/Un regard sur les apports d'un art-thérapeute a
l'équipe de soin p.81
La complémentarité des observations
pluridisciplinaires et interprofessionnelles est
bénéfique. p.81
L'art thérapeute participe à l'idéal de
réalisation d'un soin de qualité p.81
Victor Von Weizsäcker a une réflexion : «
placer le sujet au centre de la praxis
médicale » p.82
Il existe une différence entre faire du soin et prendre
soin. p.82
2/ L'art-thérapeute propose un lien entre le projet de vie
et le projet de soin. . .....p.83
CONCLUSION p.84
ANNEXES p.86
BIBLIOHRAPHIE ....p.91
GLOSSAIRE :
Art : Expression humaine et volontaire
orientée vers l'esthétique
Art-thérapie : Utilisation du
potentiel artistique dans une visée humanitaire et thérapeutique
Bien-être : Un état qui touche à la
santé, au plaisir, à la réalisation de soi, à
l'harmonie avec soi et les autres.
EHPAD : Etablissement d'hébergement pour
personne âgée dépendantes
Esthétique : Relatif à la
beauté
Fiche d'observation : outil qui permet le
recueil des observations
Mécanisme : Ensemble de pièces
destinées à assurer le fonctionnement de quelque chose
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
OMI : oedème des membres
inférieurs.
Opération artistique : schéma
synthétique de l'activité artistique
Phénomène artistique : intention
action production
Protocole : C'est un ensemble
d'élément qui constitue l'intérêt de la prise en
charge, sa faisabilité, la réalisation concrète de
l'activité thérapeutique, l'analyse, conclusion et bilan.
Stratégie thérapeutique : prend en
considération l'état de base, les objectifs et les moyens
Santé : Un état de bien-être physique,
mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d'infirmité
Sensibilité : Qualité par laquelle
un sujet est sensible aux impressions physiques
Site d'action : situation particulière
d'une difficulté sur laquelle l'art-thérapeute doit
s'arrêter soit pour progresser soit pour l'éliminer
Soin : Vient de Sonjan qui veut dire
s'occuper de
Vieillissement : Le vieillissement est un
processus normal touchant tous les êtres vivants dès le
début de leur existence. Cette loi biologique fondamentale s'inscrit
dans les gènes de chacun de nous.
Vieillesse : Le dernier âge de la vie, ou
période de la vie humaine, dont on fixe le commencement à la
soixantième année, mais qui peut être plus ou moins
retardée ou avancée, suivant la constitution individuelle
INTRODUCTION :
Engagée dans la formation d'art-thérapie de l'Ecole
de Tours proposée par l'A.F.R.A.T.A.P.E.M (Association Française
de Recherche et d'Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie
et Médecine), poursuivi par le diplôme universitaire
d'art-thérapie de la Faculté de Médecine de Tours. C'est
dans ce contexte que s'est déroulé le travail que nous allons
aborder.
Le stage qui fait l'objet de ce mémoire s'est
déroulé au sein de deux établissements
d'hébergement pour personnes âgées dépendantes
(EHPAD) à Aurillac dans le Cantal.
Dans la première partie nous aborderons l'état de
vieillesse. Nous essaierons de cerner la problématique physique, et nous
comprendrons l'ampleur de la problématique sociale prise par le
vieillissement, ainsi que ses représentations. Ainsi, nous ciblerons ses
conséquences psychologiques sur la personne et les
pénalités qu'elles peuvent engendrer.
La représentation et l'approche de la vieillesse ayant
changé nous aborderons la mise en place d'un nouveau
phénomène, le placement du sujet âgé en institution
Nous verrons que ce placement, généralement fait dans l'urgence,
impose de nouvelles contraintes auxquelles sont soumises les personnes
âgées. Nous verrons que l'institution est vue par la personne
âgée comme un lieu de transit " en attendant la mort ".
Subissant ce placement, presque jamais préparé,
la personne âgée qui entre en maison de retraite n'est connue que
par son dossier médical et devient rapidement et uniquement un objet de
soin.
Afin de comprendre en quoi l'art-thérapie peut
améliorer la qualité de vie de la personne âgée, il
conviendra d'aborder le sujet de l'Art ainsi que la notion
d'esthétique
Afin de comprendre le lien qui unit l'Art à l'être
humain, nous nous questionnerons sur ce qui amène l'homme à
créer, et nous poserons un regard sur les différentes formes
d'expressions humaines.
Par cette première approche, en fin de première
partie, nous ferons le lien entre l'art-thérapie et la personne
âgée placée en institution. Nous permettant ainsi de mettre
en lumière les apports d'une prise en charge dans le contexte
particulier qu'est l'institution.
La deuxième partie est consacrée à la
présentation du stage pratique. Nous énoncerons les objectifs du
stage ainsi que son déroulement et nous présenterons les
structures d'accueil. Dans cette partie seront également abordées
les méthodes de travail de l'art-thérapeute. Nous
présenterons le déroulement d'une prise en charge en
art-thérapie à travers ses différentes étapes.
Enfin, nous restituerons deux études de cas
réalisées pendant le stage afin d'allier théorie et
pratique .
En troisième partie nous tirerons profit de cette
expérience afin d'aborder de nouvelles questions. Nous verrons que
travailler avec des personnes âgées entraîne des angoisses
de la part du personnel soignant.
Si pour les résidents, la fonction de
l'art-thérapeute est légitime en institution, son rôle
auprès des soignants n'est absolument pas évoqué. Nous
présenterons plusieurs hypothèses de prises en charge
susceptibles d'améliorer la qualité de vie au sein des
institutions. En s'appuyant sur l'idée que le bien être des
résidents passe aussi par celui de l'équipe soignante.
C'est par cette approche que nous terminerons en analysant les
apports d'un art thérapeute au sein d'une équipe. Nous verrons la
richesse du travail interdisciplinaire, mais aussi les difficultés qu'il
implique. Et, dans l'objectif de comprendre la différence entre faire du
soin et prendre soin, nous verrons que l'art-thérapeute
intégré à une équipe de soin au sein d'un EHPAD
permet de faire la liaison entre le projet de vie et le projet de soin.
PREMIERE PARTIE : La prise en charge en art-therapie
peut permettre d'ameliorer la qualité de vie des personnes
âgées placées en institution.
A/ Le vieillissement est un phénomène
biologique dont les retentissements biologiques, psychologiques et sociaux sont
étroitement liés.
1/ Présentons une définition de la
qualité de vie
Avant toute chose, il va être important d'aborder les
notions de santé et de qualité de vie afin de comprendre par la
suite en quoi celles ci peuvent être altérées chez la
personne âgée. Pour cela, il conviendra de s'intéresser
à ce qui va différencier une personne en bonne santé d'une
autre ainsi qu'à la définition de la qualité de vie.
Les deux notions de santé et de qualité de vie sont
liées et interagissent l'une sur l'autre et sont donc difficiles
à définir indépendamment.
La santé selon l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) est << un état de bien-être physique,
mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d'infirmité »1. Elle implique que tous les besoins
fondamentaux de la personne soient satisfaits, tant affectifs, sanitaires,
nutritionnels, sociaux ou culturels. Dés lors, on peut envisager et
comprendre qu'un être humain ne peut se satisfaire d'un état
simple de bonne santé physique.
La qualité de vie selon l'OMS va quant à elle se
définir comme << la perception qu'a un individu de sa place
dans l'existence, dans le contexte de la culture et du système de
valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses
normes et ses inquiétudes »1. Il va s'agir,
toujours selon l'OMS << d'un large champ conceptuel, englobant de
manière complexe la santé physique de la personne, son
état psychologique, son niveau d'indépendance, ses relations
sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les
spécificité de son environnement ».1
1 Constitution de l'OMS élaborée et
adoptée lors des conférences internationales de la santé.
Celle-ci datant de 2005
Au regard de ces deux définitions, on s'aperçoit
donc à quel point la qualité de vie ne peut être
réduite à celle de bonne santé et à quel point la
santé ne suffit pas à expliquer les différences de niveau
dans la qualité de vie. Certains sujets dont le statut fonctionnel et de
santé est considéré comme déplorable ont une
qualité de vie élevée, et la réciproque est vraie.
Gérard Brami donne une interprétation de la qualité de vie
de la personne âgée en institution selon laquelle la personne
accueillie «doit trouver l'environnement nécessaire à
une vie convenable, à une vie respectable au sein de l'institution
>>2. Garantir la qualité de vie va correspondre «
aux conditions normales qui existent dans leur communauté d'origine
et le plein respect de leur dignité humaine, de leur croyance, de leur
besoins, de leur intérêt et de leur vie privée
>>2
2/ Le vieillissement est un processus naturel biologique
qui fragilise la personne âgée.
Par définition le vieillissement correspond à
l'ensemble du processus physiologique naturel inscrit dans le code
génétique qui traduit l'action du temps sur l'individu. Il
correspond à une diminution de la résistance et de
l'efficacité de l'organisme, à un affaiblissement
général des fonctions internes qui vont fragiliser le sujet
âgé.
La vieillesse quant à elle correspond à un
état, celui du dernier âge de la vie qui résulte de ce
même processus de vieillissement, normal et physiologique.
De nature multidimensionnel, le vieillissement est progressif
et universel, les individus ne vieillissent pas tous de la même
façon ni au même rythme c'est pourquoi il n'existe pas une
vieillesse mais des vieillesses.
Cette pluralité des formes de vieillesse s'explique
entre autre par les progrès médicaux et l'amélioration des
conditions de vie qui font que la population de plus de 60 ans augmente
d'année en année. Ainsi, les progrès actuels de la
médecine permettent une espérance de vie plus longue mais de la
même manière cette augmentation de l'espérance de vie
augmente la durée d'exposition aux facteurs de risques, fragilisant la
personne âgée et donnant naissance à des disparités
considérables.
2 « Droits et liberté des personnes
hébergées >> G.BRAMI Berger-Levrault 1995
3/ Le vieillissement modifie l'accès a
l'environnement spatio-temporel
L'être humain est avant tout un accident
spatio-temporel, une chose, au milieu d'un tout. Ainsi avant de s'exprimer ou
d'agir il est avant tout un être de captation. C'est à dire qu'il
reçoit, puis interprète les informations qui l'entourent. Nous
allons voir que certaines atteintes physiques viennent affecter ces mêmes
mécanismes chez la personne âgée. Pouvant ainsi rendre
difficile l'interprétation de son environnement direct.
a)- Les atteintes des capacités sensorielles
altèrent les mécanismes d'esthésie.
L'impression du sujet à une stimulation
extérieure se manifeste par des phénomènes chimiques,
neurologiques, au niveau des organes des sens, et au niveau du système
nerveux central, ainsi que par divers mécanismes. On appelle
sensibilité ou encore esthésie la capacité de capter ces
informations venant de l'extérieur, c'est ensuite que la
différenciation de l'objet par rapport à d'autres objets se fait,
en association avec les capacités cognitives.
Les sens sont les organes de la perception. Certaines
sensibilités sont desservies par des organes sensoriels particuliers.
Une modalité sensorielle est liée à l'activité d'un
organe sensoriel spécifique. La vue est la modalité, l'oeil est
l'organe sensoriel.
Les fonctions sensorielles subissent aussi les effets de
l'âge. On peut dire que la personne âgée, trahie par ses
organes moteurs l'est aussi par ses organes perceptifs.
Prenons par exemple les déficiences visuelles chez la
personne âgée. Elles sont courantes, et la presbytie par exemple
provoque une réduction de l'accommodation c'est à dire la
capacité à localiser des objets très rapprochés.
L'opacification du cristallin réduit la quantité de
lumière, fausse les couleurs et rend difficile la perception
précise des objets
Les capacités auditives dont le champ et la
fréquence diminuent (presbyacousie) isolent progressivement la personne
âgée de son entourage. En effet l'intelligibilité du
langage et des bruits environnants s'altère, ne permettant plus par
exemple à la personne de suivre normalement une conversation.
De la même manière, les mécanismes
d'olfaction et de gustation présentent eux aussi une diminution. La
personne se voit privée petit à petit du plaisir du goût et
des odeurs.
b)- Les atteintes psychomotrices contribuent à
l'isolement de la personne âgée. .
La sensibilité proprioceptive (sensibilité de
l'organisme qui a sa propre position et son propre mouvement) est liée
aux récepteurs musculaires et articulaires. Mais la marche
bipédique peut être la source de nombreuses pathologies chez la
personne âgée. Problèmes de circulation sanguine, lumbago,
sciatique. En outre la station debout, le contrôle de l'équilibre
et la gestion de l'orientation dans l'espace au cours des déplacements
sont difficiles.
Régi par le système vestibulaire (situé
dans l'oreille interne) celui ci est également atteint, et la
dégénérescence de ses cellules entraîne des
sensations de déséquilibre et d'accélération.
Une personne présentant de tels troubles pourra
souffrir d'une peur phobique de la chute, éviter de marcher seule, de
sortir de son domicile et restreindre ainsi volontairement ses
déplacements, avec les conséquences tout à fait
négatives que ceci entraîne sur le contrôle de soi et le
sentiment de son efficacité personnelle. Tout ceci peut entraîner
un risque d'isolement social.
4/ Le vieillissement et les changements qu'il implique
peuvent isoler socialement la personne âgée
a)-Définissons ce qu'est une personne
âgée
La personne âgée est avant tout un être
unique, une personne adulte qui a un vécu et un passé. Une
personne âgée se démarque au premier abord par ses
caractéristiques observables. Nous avons vu que le vieillissement rend
l'enveloppe du corps défaillante. C'est sur la peau surtout que
s'inscrivent les marques du temps, rides, pigmentation, notamment sur le visage
vecteur de l'image de soi. La détérioration des cheveux et des
dents confirme la dégradation de l'enveloppe corporelle.
Mais il existe plusieurs approches pour définir la
personne âgée, la référence à l'âge
étant l'une des premières.
L'OMS définit une personne âgée comme
quelqu'un de plus de 60 ans. Dans la réglementation française
c'est aussi cet âge qui a été retenu pour certaines
prestations ou dispositions concernant les personnes âgées. Cette
définition, purement légale, ne tient pas compte du
vieillissement différentiel (ou vieillissement biologique) de chaque
individu que nous avons abordé plus haut.
La référence au statut social permet une autre
approche. Par ce biais serait considérée comme personne
âgée, toute personne non productive, c'est à dire à
la retraite.
Mais la définition de la personne âgée
étant en lien avec celle de la vieillesse il est important de
préciser que celle ci dépendra également du contexte
historique. Ainsi, posons un regard sur la problématique sociale de la
représentation du sujet âgé et son évolution. .
On constate dans les écrits que de tout temps il a
été projeté sur les sujets âgés ses angoisses
ou ses aspirations les plus profondes.
La tradition biblique honore la sagesse : « les cheveux
blancs sont une magnifique couronne c'est sur la voie de la justice qu'on la
trouve ».
Nous voyons avec Voltaire une image plus cartésienne du
vieillard, c'est celui qui a atteint la Raison et la Vertu, et ignore
l'épicurisme et les tourments de la passion.
Par la suite, au début du siècle, le vieillard
sera caractérisé par son impuissance, sa déchéance
physique et son savoir. Autrefois, les vieillards étaient
associés aux notions de sagesse , de pouvoir et de patriarcat.
« L'ère industrielle a accentué les connotations
négatives de la vieillesse en la réduisant à
l'inutilité par manque de rentabilité et de productivité
»3
Par cette approche, nous comprenons que le statut même de
personne âgée, peu gratifiant dans notre société ,
devient en lui même une forme d'exclusion sociale.
3 Meire.P Neyrinck.I « Le paradoxe de la vieillesse,
l'autonomie dans l'indépendance » De Boeck , université
Paris, Bruxelles, 1995, p122
b)-Le vieillissement peut provoquer un
rétrécissement de l'environnement social de la personne
âgée
Le vieillissement est ponctué d'une suite de ruptures.
Ces ruptures sont en lien avec les événements de la vie, et
provoquent un rétrécissement de l'environnement social de la
personne âgée.
Le départ à la retraite soustrait le sujet de
ses connaissances de travail, mais aussi du contact quotidien avec d'autres
individus. Outre cette coupure, la retraite a aussi un effet direct sur
l'estime de soi.
Le départ des enfants redouble ces effets et renforce un
sentiment d'inutilité.
Ainsi, petit à petit, le sujet âgé se
trouve coupé de l'environnement social, de par sa mise à
l'écart dû à son âge, mais aussi à la
diminution de ses capacités physiques qui l'empêche de se
déplacer aisément.
5/L'état de vieillesse peut provoquer une
souffrance psychique
Voir diminuer ses relations, ses capacités, perdre de plus
en plus son autonomie peut avoir un impact important sur le psychisme du
sujet.
Un sentiment d'inutilité, de dépendance peut venir
affecter l'estime et la confiance en soi. Ainsi la dépression de la
personne âgée est fréquente.
- Absence de buts et d'objectifs dans la vie: se sentir inutile
en raison du départ à la retraite ou avoir moins
d'activités à cause de problèmes physiques
- Problèmes de santé et problèmes
médicaux: maladie et mobilité réduite, douleurs
chroniques, déclin intellectuel, maladie d'Alzheimer
- Médicaments: de nombreux médicaments peuvent
déclencher ou révéler une dépression
- Peurs: peur de la mort ou peur de mourir, anxiété
et stress (problèmes financiers ou problèmes de santé)
- Deuil récent: la mort d'un ou plusieurs amis, le
décès d'un membre de la famille ou d'un animal de compagnie, le
décès d'un des époux ou du conjoint
Vieillir est un processus qui s'inscrit dans la durée. Il
s'alimente des évolutions dans le sentiment de vieillir, de
l'expérience de la perte des compétences et de la
dévalorisation.
Ce processus que nous venons de voir est complexe mais ne
dépend pas du seul point de vue de la santé.
Le regard que les plus âgés portent sur leur propre
avancée de l'âge peut nous amener à penser que ce processus
s'inscrit plutôt sous le signe de la déprise.
Il en va des réaménagements successifs et plus
ou moins réussis de la vie. La qualité du vieillir est elle
même dépendante des conditions par lesquelles les plus
âgés parviennent ou non à se ménager, tout en
sauvegardant l'identité qu'ils se sont forgés au long de leur
existence, à préserver leur rôle d'acteur.
La déprise est « un principe d'économie
des forces et de réduction des risques dans un principe de
sélection d'espace et d'activité, dominée par le souci de
s'épargner et de moins s'exposer »4. Mais ce
processus de nature anticipatoire répond surtout a un souci de
préservation de soi en tant que sujet , de sauvegarde des relations
essentielles et des espaces dans lesquels on peut être autre chose que
« vieux »
6/ La personne âgée placée en
institution connait une multiplication des facteurs pouvant altérer la
qualité de vie
(cf Annexe n°1)
Nous avons pu mettre en lumières certaines contraintes
auxquelles le sujet âgé est confronté durant le
vieillissement. Cependant nous allons prendre en considération d'autres
ruptures et événements, notamment ceux concernant le placement en
institution. En effet, ce deuil progressif de l'image de soi, bien que
prévalent, ne constitue cependant pas la seule source de souffrance. Et
nous allons voir que le placement, souvent vécu comme une rupture peut
venir altérer la qualité de vie du sujet.
a)- Le placement signifie la perte des repères
Depuis les années 60, en matière de politique de
vieillesse, la priorité est au maintien à domicile. Mais, quand
la dépendance physique vient s'ajouter à la dépendance
domestique, quand un traumatisme survient ou que la personne a besoin de soins,
quand elle ne peut plus, seule, accomplir les actes de la vie quotidienne ou
que sa sécurité et celle de son environnement nécessitent
une surveillance quasi-permanente, le placement en institution est
incontournable.
4 Mantovani.J, Membrado M « expérience de la
vieillesse et forme du vieillir. » Information sociale n°88 p
10-17, 2000
En général, une très faible proportion de
résidents a réellement consenti à son entrée en
institution. La plupart du temps, les personnes âgées entrent
à l'initiative de la famille ou sont placées par un tiers ou par
un organisme. Souvent vue comme la solution du dernier recours par la famille,
elle fait souvent suite à une succession de séjours dans
différents établissements : service de médecine, retour au
domicile puis nouvelle admission à l'hôpital suivie d'une
entrée en maison de retraite
Il est donc possible d'imaginer l'angoisse de cette personne
arrivant seule dans un lieu inconnu ; certes entourée, mais de visages
inconnus.
L'entrée en maison de retraite est donc marquée
d'une série de rupture liées dans un premier temps aux
changements environnementaux, qu'ils soient géographiques affectifs ou
sociaux Résider dans un EHPAD, demande une acceptation de la situation,
puis une adaptation à cette situation.
- Un règlement intérieur
- Des rythmes de vie imposés (le lever et le coucher, la
toilette, les repas, le petit
déjeuner et le goûter, la sieste, les soins
d'hygiènes et de confort, les animations) Autant de services
planifiés à l'échelle de la collectivité et
beaucoup plus rarement, à l'échelle de l'individu.
b)- Le placement induit un changement de statut.
Il est nécessaire tout d'abord d'examiner cette notion de
"résident". On note que cette appellation souligne le fait que
l'intéressé habite une résidence.
Violemment confrontés à un environnement
collectif, le passage de l'indépendance à la promiscuité
est difficile à vivre. Les personnes âgées placées
en institution recouvrent différents visages, associées à
leur caractère, leurs habitudes, mais, inexorablement, elles sont
souvent perçues par le personnel au travers d'une tâche à
accomplir dans un temps déterminé. Pour un administratif d'un
établissement sanitaire, la personne âgée est globalement
représentée comme un nom sur un dossier, et un dossier est un lit
occupé. Son visage est peu souvent relié au nom car il y a
très peu de visites avant l'entrée qui comme nous l'avons vu
survient de façon soudaine.
Ces différents éléments de
représentation de la personne âgée au sein de la structure
(objet de soin, nom sur un dossier sur une grille) affectent
particulièrement la personne.
Qui, déjà en perte de repères, se retrouve
dans un environnement collectif où il lui est difficile d'exprimer son
identité et sa personnalité et où l'attention
générale est centrée sur le soin.
c)- Le placement apparaît comme la dernière
demeure.
Si la proportion de personnes âgées est en constante
augmentation, il faut savoir que la proportion des personnes âgées
vivant en institution reste stable. L'entrée se faisant en moyenne
à 82 ans, l'acceptation est d'autant plus difficile lorsque l'on sait
que 30 % des personnes âgées entrant meurent la première
année. Ainsi, outre la décision de contrainte due aux
circonstances indépendantes de sa volonté, l'idée d'ultime
demeure vient s'y ajouter. Les répercutions psychologiques peuvent
être importantes.
De plus, la mauvaise image des maisons de retraite, les
affaires de maltraitances et de manque de personnel véhiculés par
les medias, l'image de l'hospice mouroir reste encore ancrée. Beaucoup
d'amis ou de proches y décèdent ce qui fait dire que
l'institution renvoie d'avantage à une idée de mort que de
vie.
Ajoutons que dés les premier jours de son
entrée, la personne va être au contact de personnes en fauteuil
roulant, plus ou moins démentes ou voir mourantes. Ces images des autres
vont lui renvoyer une image de son devenir.
B/ L'art a la particularité d'agir sur
l'être humain
1/ L'être humain est une réalité
avant tout biologique.
S'agissant de l'être humain, cette réalité
est avant tout biologique car même nos activités cognitives les
plus abstraites dépendent de nos neurones.
Il est bon de se rappeler ici qu'un être biologique se
distingue de la matière non vivante par ses capacités à :
s'auto-construire, a maintenir sa propre structure (homéostasie) via des
échanges avec son environnement (nutrition, respiration,
élimination de déchets divers), se reproduire, et
évoluer.
a)- L'être humain peut percevoir puis traiter certaines
caractéristiques physiques et chimiques de l'environnement, sous forme
d'informations
Les informations sont recueillies par des organes sensoriels et
sensitifs, et véhiculées vers des centres nerveux.
Ces capacités de mémorisation, de comparaison,
d'analyse, de synthèse, peuvent engendrer, des créations
(pensées, délires, rêves, ...), des simulations
(représentations psychiques de situation),..., autant d'activités
non matérialisées, qu'on peut donc qualifier de
"psychiques". Ainsi l'ensemble d'un "être" humain à un moment
donné, est la résultante d'interactions physiques et chimiques
avec les environnements successifs auxquels il a été
exposé durant toute sa vie.
b)- L'être humain : un ensemble de structures,
organisées dans l'espace et dans le temps.
L'être humain n'existe donc que par la permanence de ces
échanges, qui lui permettent d'entretenir et/ou de perfectionner des
états d'équilibres physiques et chimiques
Au total, l'être humain est constitué par deux
grandes organisations, l'une biologique et l'autre psychologique, intimement
liées, et s'influençant mutuellement, mais ayant aussi une
existence propre chacune
Finalement l'individu humain en tant qu' "être", est un
état instantané, un accident spatiotemporel à quoi
s'ajoute une histoire (c'est à dire une succession d'états
instantanés,) biologique et psychologique ; c'est le cas pour tous les
êtres humains. Cependant, chaque personne réalise sa vie
différemment. Pour autant, tout être humain cherche à
s'épanouir, la personnalité fera que certains apprécieront
plus la cuisine que le sport.
Mais l'être humain arrive aussi dans un monde social et
culturel où l'art est déjà présent.
2/ L'Art est connu par ses oeuvres
L'Art est connu par ses oeuvres, et ces oeuvres sont des
productions humaines.
L'oeuvre d'art est toujours chose sensible, la symphonie atteint
l'ouïe comme vibration physique, le bas relief ma rétine.
L'être humain naît dans un contexte où
l'Art est présent, au même titre qu'un objet quelconque, ces
objets artistiques rayonnent d'une façon particulière et c'est
cette particularité qui fait qu'on ne les confond pas avec autre
chose
En effet si l'être humain voit l'oeuvre d'art
accrochée au musée comme il voit le menu à la porte du
restaurant, il ne les confondra pas pour autant, il s'agit d'un contexte
différent, celui des valeurs esthétiques auxquelles son
goût peut lui donner un accès privilégié.
L'Art vient puiser au plus profond de l'être humain. Le
processus du passage de l'impression à l`expression orientée vers
l'esthétique est complexe. Et c'est sur ce même processus que se
fondent les bases du travail de l'art-thérapeute.
Mais si l'Art est expression il n'est cependant pas un langage
car il se différencie par le champ émotionnel qu'il implique.
Ainsi, l'oeuvre d'art se distingue du simple effet naturel,
qu'elle est le produit d'une activité humaine Si la nature produit des
effets, elle ne crée pas des oeuvres.
Pourtant, nous n'allons pas nommer oeuvre d'art n'importe quelle
production humaine.
L'oeuvre n'a pas en soi de vocation utilitaire cependant les
choses n'ont pas toujours été entendues ainsi.
Selon Kant « l'Art se distingue de la nature comme le
« faire » l'est de « agir » ou du « causer » en
général est le produit ou la conséquence de l'art se
distingue en tant qu'oeuvre du produit de la nature en tant qu' « effet
» » 5
5 E.Kant« Critique de la faculté de juger
» (1790) p134-136 trad, A.Philonenko, VRIN, 1993
Relève de l'art ainsi défini, aussi bien
l'activité artisanale technicienne industrielle que l'activité
artistique.
Avant le 17ème siècle d'ailleurs, l'Ecole des Beaux
Arts ne se distingue pas de l'Ecole des Arts et Métiers.
C'est en 1762 que l'Académie distingue les deux ordres
:
-artiste : celui qui travaille dans un art où le
génie et ma main doivent concourir -artisan : ouvrier dans un art
mécanique, homme de métier
Il s'ensuit donc que si toute oeuvre est expression, toute
expression n'est pas art.
3/ Il existe différentes formes d'expressions
humaines
Pour que l'oeuvre existe, il faut donc qu'un être humain la
réalise, et pour la réaliser il utilise des techniques et tous
ses mécanismes physiques.
Il peut y avoir plusieurs types d'activités humaines
opérant la mise en forme de quelque chose : mise en forme technique,
artisanale et artistique. Qu'est-ce qui distingue le travail de l'artiste du
travail de l'artisan ou de celui de l'ouvrier ?
a)- L'ouvrier et l'artisan sont à différencier
de l'artiste au même titre que leurs productions
L'ouvrier est asservi au domaine de la technique, il
dépend du domaine de la technologie. Ce n'est pas lui qui a conçu
ce qu'on lui demande de réaliser. Dans l'objet technique, la conception
est séparée de la réalisation. Il n'a pas la
possibilité d'y ajouter une touche personnelle. Ce à quoi aboutit
son travail, l'objet technique, n'a pas une finalité qui soit d'abord
esthétique. Le travail de l'ouvrier est rationalisé pour qu'il
soit le plus possible productif. Donc, dans tout travail technique,
l'utilité oriente la production, et la consommation pure et simple est
la fin à laquelle aboutit le travail
Celui qui par contre a encore le sentiment de réaliser
une oeuvre, c'est l'artisan. Par artisan nous entendons ici, celui qui par
exemple, fait de la poterie traditionnelle, qui travaille le cuir ou le tissu.
L'artisan a pour lui son savoir-faire. Il a la possibilité d'exprimer sa
créativité dans ce qu'il réalise, de s'investir dans ce
qu'il fait, il « oeuvre ». Cependant, il reste soumis à
l'économie de marché.
Ce qu'il crée n'est pas seulement décoratif, mais
doit aussi être utile.
L'artisan réalise un modèle et le reproduit
à beaucoup d'exemplaires, même s'il peut tendre vers la
création d'une oeuvre unique en donnant une touche originale à
chaque vase de porcelaine par exemple.
L'artisan garde en commun avec l'artiste une possibilité
de création que n'aurait pas par exemple l'ouvrier.
b)- L'artiste produit des oeuvres d'art
L'artiste comme nous l'avons vu est avant tout un être
humain. Il fait de ses idées la matière même de son oeuvre
et tente de les faire coïncider dans le monde réel. La
particularité de ses productions se trouve en ce point : rendre sensible
du sens, faire coïncider dans le monde réel, subjectivité et
objectivité. Il est impossible de disjoindre en l'oeuvre le fond et la
forme puisqu'il va de soi que la gloire de la forme est tributaire de la
densité du fond dont elle rayonne. Tout le travail de l'artiste
résidant en cette recherche d'un équilibre entre le fond et la
forme donnant lieu à un idéal esthétique.
Esthétique que nous définissons comme relatif au
sentiment du beau.
Beau : qui suscite un plaisir esthétique, qui plaît
par l'harmonie de ses formes et de ses couleurs.
Nous comprenons donc que l'esthétique à besoin
d'être canalisé pour permettre une activité artistique.
Cela demande un savoir faire et des techniques, un ensemble de connaissances
qui permettront sa réalisation.
Nous pouvons donc distinguer deux phases caractéristiques
de cette activité.
La première que nous nommerons << Art 1 >> :
dit art archaïque, il s'agit là d'une forme d'expression globale
où le corps est médiateur .
Puis c'est une phase d'intentionnalité qui mènera
à << l'Art 2 >>, entendu comme un passage a l'action par une
activité volontaire et ordonnée utilisant la technique comme
médiateur.
4/ L'art a un pouvoir sur l'être humain.
L'activité artistique est l'une des toutes
premières manifestations de la culture humaine. L'animal ne crée
pas, n'invente pas des formes nouvelles. Dans les grottes
préhistoriques, nous retrouvons les premières traces humaines des
témoignages artistiques. Comment imaginer alors que l'homme n'a pas
besoin d'art quand toute l'histoire de l'aventure humaine atteste sa
présence ?
L'Art est un moyen d'éducation par excellence. Une
grande partie du temps passé sur les bancs d'écoles est
consacrée à l'étude d'oeuvres littéraires, qui, non
seulement nous enseignent la langue française et permettent de nous
exprimer, mais elles sont aussi sensées être un point de
départ à la réflexion. Elles nous permettent de voyager
à travers l'esprit de l'auteur et être tour à tour bon et
méchant, victime et bourreau. L'art est un outil de progrès
personnel irremplaçable, progrès qu'il fait faire à
l'homme d'abord élève puis adulte (qui continue
l'éducation commencée à l'école). En fin de compte,
ce que le contact de l'art apporte à l'homme, c'est son
humanité.
C/ La prise en charge en art-thérapie participe
à l'amélioration de la qualité de vie des
résidents.
Les personnes très âgées et celles qui
sont en établissement rencontrent fréquemment des poly
pathologies. Mais ne peut-on pour autant viser une amélioration de la
santé et de la qualité de vie? Nous avons pourtant bien vu que
l'amélioration du bien être est la voie ouvrant à cette
possibilité.
Nous allons voir en quoi l'art-thérapie peut agir sur la
qualité de vie du sujet âgé placé en institution.
Après nous être intéressé à
l'Art, nous allons pouvoir aborder les aspect qui unissent Art et
thérapie. Si l'Art n'a pas de vertu curative, c'est pourtant son
application thérapeutique que nous allons aborder.
Par définition, l'art-thérapie est : «
l'exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et
thérapeutique. »6
Proposons une analyse de cette définition :
Par << exploitation >> est entendue : la mise en
valeur du potentiel artistique révélant la méthodologie de
la prise en charge en art-thérapie, recouvrant à la fois
l'idée d'action mais aussi de réflexion.
Par << potentiel >> sont entendus : les effets et
l'action inhérents au phénomène artistique Artistique : ce
qui est fait par l'être humain, dans une recherche d'un idéal
esthétique. Humanitaire : pour le bien de l'homme
Thérapeutique : manière de traiter telle ou telle
maladie.
1/ L'art thérapie peut contribuer au maintien de
l'autonomie
L'OMS définit la santé mentale comme <<
un état de bien-être qui permet à chacun de
réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de
la vie, de travailler avec succès et de manière productive et
d'être en mesure d'apporter une contribution à la
communauté ». Mais nous allons voir que pour une personne
âgée placée en institution, prendre des initiatives, faire
des choix et rester acteur de sa vie n'est pas chose aisée.
2/ L'atelier d'art-thérapie offre un contexte de
liberté facilitant la prise d'initiative.
Le << mode de vie >> expression usuelle,
caractérise la manière dont les individus agissent, vivent dans
un milieu et une époque déterminée. Plusieurs
éléments ayant trait au mode de vie se trouvent
bouleversés lors de l'entrée en maison de retraite.
L'entrée en maison de retraite et donc comme nous
l'avons vu, en collectivité, signifie une certaine prise en charge de la
vie quotidienne et du rythme de vie, ainsi que l'existence de règles
écrites et de coutumes propres à l'établissement.
Malheureusement, trop souvent maternée, la personne
âgée fragile a tendance à s'abandonner à cette forme
de maternisation, et il lui devient difficile de prendre des initiatives, de
faire des choix.
6 « Les base de l'enseignement en art thérapie
», 1990, Publication de l'université de Tours.
L'autonomie se définit comme la faculté de se
déterminer par soi-même dans ses activités, de choisir, de
valider, d'agir librement.
Par le terme choix on entend à la fois l'action de
choisir et son résultat. C'est également avoir la
possibilité de choisir (choisir du terme germanique « tausjan
»=goûter) c'est à dire adopter par préférence,
de sélectionner, de décider.
Pour que fonctionne une demande il faut qu'il y ait quelqu'un qui
puisse la recevoir, l'entendre, or ce n'est pas toujours le cas dans ces
institutions.
Si une prise en charge en art-thérapie se doit
d'être orientée, elle ne peut cependant s'effectuer sans le
consentement de la personne concernée. Tout comme la
fréquentation de l'atelier, le résident ne subit aucune
obligation de participation.
Cette liberté d'accès est primordiale. L'acte
créateur ne peut être forcé, mais il est impulsé par
l'art-thérapeute.
La personne âgée, via l'art thérapie,
redécouvre une forme de liberté totale, d'abord dans
l'acceptation du suivi, dans l'accès à l'atelier. Et enfin, une
liberté totale face à son oeuvre, puisqu'au sein de l'atelier, le
droit à l'erreur, à l'échec est reconnu.
Il est difficile de prendre des initiatives si l'on n'a pas
confiance en soi.
La confiance est le coeur même de l'estime de soi, et, est
essentielle à la créativité, puisqu' être
créatif exige de prendre le risque de faire quelque chose de
manière nouvelle.
Aussi, si l'action renforce l'estime de soi, mener à
bien des petits projets au sein de l'atelier permet d'y contribuer, en
améliorant le sentiment de compétence personnelle et la
reconnaissance des autres.
3/ L'art-thérapie offre a la personne âgée la
possibilité de recouvrer une identité au sein de
l'institution.
Une personne âgée a souvent le sentiment
d'être inutile, impuissante.
Pour l'art-thérapeute, la biographie du résident
est la première condition d'une approche individualisée
respectant l'histoire, la personnalité, les valeurs et les croyances de
la personne. Les effets négatifs de l'institution de ne
considérer les besoins que de manière collective, rend difficile
la reconnaissance du résident comme un être singulier. A travers
une prise en charge individuelle, l'Art-thérapie peut lui permettre tout
simplement de se reconnaître lui même dans ce contexte où le
risque de dépersonnalisation est fort.
L'Art-thérapie peut permettre à la personne elle
même de se « rassembler » dans un contexte institutionnel qui
favorise le morcellement.
En donnant une place, au choix, au sein de l'atelier, on permet
à la personne de se redécouvrir à nouveau en tant
qu'individu
Le choix qui participe à notre mode de vie au quotidien se
trouve trop souvent mis entre parenthèse en institution.
L'Art-thérapie peut rendre la possibilité au
résident de retrouver son statut d'être « pensant et agissant
»
a)- La personnalité du sujet s'exprime lors de
l'activité artistique.
Dans un environnement où le mode de fonctionnement
repose sur le collectif et l'uniformité, l'activité artistique
implique de faire ses propres choix. Or, faire un choix, c'est s'affirmer.
Qu'il s'agisse de choisir un outil, une couleur, ou un projet. Le choix
correspond a une certaine tournure d'esprit, et cette notion ainsi que son
utilisation sont en lien avec la culture et l'éthique de la personne
Cependant, les établissements d'accueils ne sont pas
toujours en mesure d'offrir cette possibilité. En effet, si solliciter
un choix, un avis semble normal dans le contexte d'un EHPAD, c'est aussi
s'exposer au risque d'une demande et donc d'une réponse que le personnel
ne va pas pouvoir satisfaire faute de temps et/ou de moyens. La personne
âgée se trouve donc dans la difficulté d'effectuer un
choix, le personnel est souvent amené ou tenté de choisir
à sa place contribuant ainsi, au quotidien, à une
dépersonnalisation éventuelle du résident. Ce manque de
possibilité de s'exprimer peut provoquer une souffrance chez la
personne.Aussi, la prise en charge en Art-thérapie accompagnée
par une personne compétente et qualifiée semble une alternative
bénéfique, puisque, si la possibilité de choix et
nécessaire, elle peut aussi placer le sujet en difficulté.
L'activité artistique pratiquée au sein d'un
atelier d'art-thérapie offre à la personne âgée
résidente la possibilité de s'exprimer de façon
singulière, et lui permet de troquer son statut de malade pour celui
d'individu.
« Le processus de créativité en art
thérapie, mouvement dynamique en fonction de la personne dans sa
singularité, à l'opposé de la passivité et du repli
sur soi, permet de mettre en forme directe ou indirecte verbale ou non verbale
ce que l'on peut dire et ne pas dire » 7
7 JL.Sudres, G.Roux, M. Laharie, F.Fournière« La
personne âgée en Art-thérapie de l'expression au
b)- La production artistique offre des possibilités
relationnelles
Les personnes âgées sont perçues comme
très demandeuses. D'abord du point de vue affectif, face à la
situation d'institutionnalisation qu'elles peuvent vivre comme une forme
d'abandon, mais aussi en raison de la demande d'aide pour les actes de la vie
quotidienne liée à la perte d'autonomie.
Cette demande semble à l'équipe importante et
continuelle : << ils veulent tout, tout de suite ». Et les soignants
évoquent la difficulté à satisfaire cette demande,
difficulté attribuée à la charge de travail.
L'idée de solitude est souvent abordée lorsqu'on
aborde le sujet de la personne âgée. Certains soignants associent
l'idée d'isolement, de retrait et de repli ou encore d'ennui, de perte
d'intérêt et de désinvestissement Dans le milieu
particulier des maisons de retraites on entend souvent dire que la plupart des
résidents s'isolent, refusent le contact avec d'autres, << plus
rien ne les intéresse ».
L'Art-thérapie peut participer à cette mise en
relation à travers la socialisation qu'elle induit et qu'elle impulse.
Le développement relationnel accessible lors des séances
d'Art-thérapie est une sorte de premier pas pour que la personne soit
extraite de la pure matérialité. Cette même
matérialité qui enferme la personne malade dans ce qu'elle est.
L'institution les condamnant à subir au quotidien des limitations
parfois inappropriées.
L'Art-thérapie inscrit la personne dans la
réalité, l'extirpant de sa matérialité à
travers des jeux de matière.
La relation à l'autre est essentielle car elle permet
l'instauration d'un climat de confiance nécessaire à toute prise
en charge en Art-thérapie. C'est ce climat de confiance qui permettra au
patient suivi de participer pleinement à sa prise en charge. En
Art-thérapie le côté relationnel est primordial, tant pour
l'art-thérapeute que pour le patient. En effet, la rencontre
quotidienne, le partage d'une certaine intimité font de la relation
à l'autre un élément essentiel du bien être de
chacun. La relation à l'autre est guidée grâce à la
mise en oeuvre de différents principes tels que l'écoute, la
politesse, le respect, dont celui du choix et de l'individualisation des
demandes.
lien social » L'Harmattan 2004 p .29
L'atelier d'Art-thérapie c'est aussi une proposition de
rencontre autour d'un support plastique. Ce dernier devient alors « le
prétexte » à la relation qui vient rompre l'isolement.
N'oublions pas que la démarche de chacun se doit
d'être volontaire. Participer ou non a la création n'est pas une
obligation, la simple présence est une forme de participation.
D'autre par l'Art a un effet relationnel dans le sens où
est mise en valeur l'importance du traitement mondain de la production.
En effet, pour faire reconnaître l'Art en tant
qu'activité de l'expression, il nous faut le ramener
dans le champ de
la sociabilité et permettre un lien entre l'auteur et les spectateurs de
l'oeuvre.
4/L'activité artistique redonne a la personne
âgée de nouvelles possibilités de ressenti de son corps
physique
a)- Le corps physique est impliqué dans
l'activité artistique.
L'émotion qui vient de emovere : mettre en
mouvement, donne tout son sens à la question que nous allons aborder.
Si nous venons d'aborder les bienfaits de
l'Art-thérapie sur le bien être mental de la personne
âgée, l'activité artistique implique aussi le corps. Si
l'acte créateur demande réflexion, estime et confiance en soi, il
demande aussi un effort physique.
Par exemple, réaliser un dessin implique une position
assise confortable, s'appliquer sur la réalisation d'un détail
demande de gérer sa respiration, c'est aussi diriger et maîtriser
ses mouvements. Ainsi, au quotidien, l'art thérapie peut participer
à un maintien des capacités physiques du sujet
âgé.
b)- Le corps douloureux peut être gratifié.
Le corps physique de la personne âgée, corps
douloureux soumis à des soins ou à des manipulations parfois
pénibles, peut placer le sujet âgé dans une forme de
privation sensorielle, où le corps est synonyme de douleur. Dans
l'institution, le corps est un objet de soin, aussi, si quelqu'un vient frapper
à votre porte, c'est bien souvent pour venir prodiguer un soin «
là où ça fait mal ». Il est difficile partant de
là, de supposer que son propre corps peut être une source de
plaisir.
Mais la pratique artistique accompagnée et
orientée par un thérapeute peut venir combler ce manque sensoriel
en apportant de nouvelles possibilités.
L'Art-thérapie en sollicitant les « parties saines
», permet d'enclencher un processus de revalorisation, et d'apporter une
gratification sensorielle qui viendra contrebalancer les pertes que
connaît la personne âgée..
Une personne présentant des troubles de l'audition peut
trouver dans les arts plastiques une gratification visuelle .Une personne mal
voyante va trouver dans la musique un autre champ sensoriel
considérable.
De plus, le fait de continuer à exercer des
activités stimulantes intellectuellement dans lesquelles on dispose de
savoir faire et d'expérience, peut contribuer à freiner le
déclin des performances et permet de développer le potentiel
latent, via la pratique d'activités stimulantes et le
développement de nouvelles habilités.
DEUXIEME PARTIE :Présentation du stage pratique
au sein des établissements d'accueil ainsi que deux des études
de cas réalisées.
A/ Les résidences Sainte-Marie et Saint-Joseph
sont dépendantes de l'association « les cités cantaliennes
de l'automne »
1/Présentons les établissements
d'hébergements pour personnes âgées dépendantes.
Un établissement d'hébergement pour personnes
âgées dépendantes (EHPAD) désigne en France la forme
d'institution pour personnes âgées la plus répandue.
Ceux ci ont signé une convention tripartite avec le
Conseil Général et l'autorité compétente de
l'Assurance Maladie lui donnent le droit d'héberger des personnes
âgées dépendantes.
Ces établissements sont réputés
médicalisés, puisqu'ils ont la capacité de faire face
à la dégradation de l'état de santé et à la
perte d'autonomie des résidents.
Les maisons de retraite médicalisées disposent d'un
personnel paramédical disponible en permanence pour les
résidents. Un suivi est donc assuré pour tous les
pensionnaires.
2/Présentons les structures Sainte-Marie et
Saint-Joseph.
« Les cités cantaliennes de l'automne » est une
association privée à but non lucratif, qui gère
aujourd'hui onze EHPAD dans la région Cantalienne.
Le stage pratique s'est déroulé au sein de deux
structures sur le bassin aurillacois, aux résidences Sainte-Marie et
résidence Saint-Joseph.
a)- Le projet de l'établissement décline un
projet de vie et un projet de soin
Comme tout EHPAD, les résidences Sainte-Marie et
Saint-Joseph s'organisent autour d'un projet d'établissement.
Si l'objectif général de l'établissement
est, bien entendu, le bien être des résidents, un projet
d'établissement décliné en projet de soin et projet de vie
permet de formaliser ces objectifs.
Le projet de soin vise à prévenir et à
traiter les maladies, il définit les modalités selon lesquelles
l'établissement peut assurer les soins requis par l'état de
santé et le niveau d'autonomie de chaque résident.
Ceux ci sont suivis par leur médecin
généraliste habituel.
Le projet de vie quand à lui, limite le
désavantage social induit par la perte d'autonomie, il définit
les objectifs et les moyens de l'établissement en terme de
qualité hôtelière, d'hébergement et de vie
sociale.
b)- Les résidences Sainte-Marie et Saint-Joseph
proposent l'organisation d'un espace convivial et stimulant
La structure architecturale des établissements est la
traduction physique du projet de vie et de soins.
On retrouve dans ces établissements les
caractéristiques essentielles d'un domicile. Des espaces privatifs et
communs fonctionnels, mais qui offrent aussi la possibilité de "vivre
comme chez-soi dans un chez-nous".
Ils ont la possibilité d'être personnalisés.
De plus, le résident a la possibilité d'inviter et de recevoir
les personnes de son choix.
Les espaces communs sont conçus de façon à
faciliter la circulation et l'appropriation par les personnes
âgées accueillies.
En ces lieux, différents affichages d'orientation et
d'informations sont installés , une cheminée, un
téléviseur, une bibliothèque, divers équipements et
jeux sont mis à leur disposition
c)- Des prestations et des moyens humains sont mis à
disposition dans les institutions.
Une organisation est un ensemble de personnes entreprenant une
action collective à la poursuite de la réalisation d'une action
commune.
Afin de réaliser l'accueil et la prise en charge de
personnes âgées, les maisons de retraite, comme toute
organisation, se structurent principalement autour d'une division du travail et
des moyens de trouver une forme de coordination entre les différentes
tâches.
Présentons de façon générale le
personnel présent dans ces structures, intéressons nous à
leurs rôles et à leurs relations avec les résidents.
Puisqu'il faut ici souligner un point important : si la résidence est un
lieu de travail pour certains, elle est également un lieu de vie pour
d'autres. Aussi, il est important de poser un regard sur la façon dont
la vie s'organise au sein de ces structures.
-L'accueil et l'administration :
Le directeur assure la conduite générale de
l'établissement, mais se trouve également à
l'écoute des résidents, et veille constamment à leur
sécurité, tout en oeuvrant à améliorer la
qualité de vie au sein de son établissement.
Le secrétariat dont le rôle est essentiel, est le
premier lieu d'accueil dans la résidence et concourt ainsi à
faciliter l'intégration des résidents.
-La restauration et l'hébergement :
Elément clé du bien vivre et du bien être,
le pôle est assuré par un chef de cuisine entouré
d'aides-cuisine et d'agents de service. Régulièrement
associés avec l'animation via des repas festifs ou à
thèmes, le travail consiste à assurer la qualité du
service hôtelier tout en respectant les régimes alimentaires des
résidents. Les menus sont élaborés en concertation avec
les résidents au rythme des saisons. A chaque repas des plats de
substitution sont proposés.
Les agents de services polyvalents assurent le confort des
résidents en les accompagnant au quotidien, leur travail s'articule
autour de l'entretien des chambres et des locaux communs et du service des
quatre repas journaliers.
Il arrive que certains résidents soient désireux
d'effectuer quelques tâches eux-mêmes ; le personnel
d'hébergement, au fait de ce désir, participe au maintien de
l'autonomie de la personne et fait partie intégrante du projet
individualisé.
La lingère s'occupe du linge des résidents, des
tenues du personnel et du linge de maison. Par sa fonction (ramassage et
distribution du linge auprès de chaque résident), elle a un
contact personnalisé avec chaque résident. Ces derniers
participent occasionnellement en effectuant de menus travaux de rangement ou
pliage.
Un gardien effectue les tâches techniques qui permettent de
contribuer de façon efficace à l'entretien et à la
sécurité des locaux, et d'assurer les réparations
courantes.
Les résidents partagent régulièrement des
activités simples avec lui (petits travaux d'entretien, sorties des
poubelles) permettant ainsi une continuité symbolique à leur vie
antérieure.
-Les soins et le maintien de l'autonomie :
L'équipe soignante a pour mission de maintenir l'autonomie
du résident en veillant à son confort, et d'impliquer les
familles dans l'accompagnement de leur parent.
Les infirmières mettent en oeuvre les prescriptions
médicales, assurent les soins strictement infirmiers et le suivi des
résidents. Elles coordonnent le travail des équipes.
Les aides soignants travaillent sous la responsabilité des
infirmières de jour comme de nuit assurant les soins d'hygiène,
de sécurité et de confort.
La place de l'animation au sein du travail d'équipe est
une question cruciale pour la vie dans la résidence. L'animation est
vécue comme le nouage entre les différents secteurs
d'activités, et se trouve être l'affaire de tous, et de tous les
instants.
Les animateurs travaillent en collaboration avec l'ensemble du
personnel. Cela permet au résident de s'exprimer, d'agir, d'inscrire sa
vie dans la continuité malgré la rupture que représente
pour eux l'arrivée en résidence.
3/ Il peut être effectué une typologie des
pathologies en EHPAD
Si nous venons d'aborder le sujet du personnel, il convient de
nous intéresser plus précisément au public accueilli.
En 2006, la Direction de la Recherche des Etudes de
l'Evaluation et des Statistiques (DRESS) a publié une étude et
ses résultats sur les pathologies et la perte d'autonomie des personnes
âgées accueillies en EHPAD pour un échantillon d'environ
4500 résidents.8
Dans l'étude précédemment citée, il a
été montré que les personnes âgées vivant en
établissement cumulent environ sept pathologies
L'étude fait donc apparaître la prévalence
de la poly-pathologie, puisque les résidents présentent en
moyenne plus de 6 affections associées. L'affection la plus
fréquente est représentée par les syndromes
démentiels, dont la maladie d'Alzheimer , elle touche 55,2% des
résidents. Viennent ensuite l'hypertension artérielle (48,7%),
l'incontinence urinaire (43,5%) et les états dépressifs
(34,8%).5
8 DRESS « Etudes et résultats, pathologie et perte
d'autonomie des résidents en EHPAD » n° 515
4/ La réalisation du stage et de ses objectif s'est faite
en lien avec les attentes et les demandes de chacun.
a)- Le déroulement du stage s'est organisé sur
une durée de 140H
La durée totale du stage étant de 140 heures,
ce même temps a été réparti par moitié entre
chaque EHPAD, la fréquence des jours de stage étant d'une
après midi par semaine dans chacune des deux maisons de retraite
présentées ci dessus.
Le choix de ces deux structures en particulier découle
également de l'opportunité que représentait la
présence du même médecin coordinateur eu sein des deux
EHPAD. Les journées de stage coïncident avec ses jours
d'intervention. Les animateurs respectifs aux structures sont
présentés comme maîtres de stage.
b)- L'art-thérapie a été
présentée au sein des établissements
J'ai pu réaliser ce stage en raison de
l'intérêt que portaient les directeurs à
l'artthérapie. Encore peut connue, l'expérience de cette
profession au sein des établissements devenait une
opportunité.
L'équipe soignante quant à elle n'en avait pas
ou très peu entendu parler. Quant aux animateurs, l'essentiel du travail
résidait dans la difficulté de différenciation avec leur
profession.
Ainsi, dans ce contexte, les directeurs et moi-même
avons mis en place une réunion de présentation. Ces
réunions ont eu pour objectif de faire connaître la
présence du stagiaire au sein des établissements, puis, de
présenter et d'expliquer les objectifs et le déroulement du
stage. Enfin, la présentation de l'art-thérapie a permis à
l'équipe pour la suite du stage d'être en mesure d'orienter des
résidents et de suivre l'évolution des prises en charge.
c)- Un temps d'observation a été
nécessaire
Un lieu est marqué par son nom, et chaque lieu a sa
connotation. Comme nous venons de le voir à l'intérieur de ces
lieux il y a des sous ensembles. Aussi, l'art thérapeute doit s'adapter
au fonctionnement de l'établissement et à son projet.
C'est-à-dire à un ensemble structuré
d'objectifs et de moyens, débouchant sur une réalisation
concrète, qui, petit à petit devient le projet de la personne,
ici du résident.
Dés lors, si l'objectif du stage était bien la
prise en charge en art thérapie de personnes âgées
institutionnalisées, le premier objectif a pourtant bien
été celui de la rencontre et de la prise de connaissance du
travail de soignant dans ce type d'établissement, puisque la rencontre
avec le public accueilli passe par la rencontre avec le personnel.
Ainsi, il était important d'observer comment la vie
s'organisait au sein de ces structures, avec l'accord des directeurs un temps
d'observation a été mis en place,. Je suis allée à
la rencontre du personnel afin de comprendre les relations particulières
que chacun entretenait avec les résidents. L'objectif résidait
non seulement à aller à la rencontre du public accueilli mais
aussi de créer des liens avec l'équipe
La participation aux animations m'a permis de prendre contact
avec les résidents, leur signifier ma présence, de créer
un lien avec eux, mais aussi de prendre conscience dans la pratique du type
d'activité qui plaisaient et de leurs capacités
générales.
Aller à la rencontre des personnes âgées
alitées me semblait important. En suivant les agents de service j'ai pu
me présenter aux personnes en incapacités de se
déplacer.
Enfin, ma participation aux réunions de transmissions,
chaque jour d'intervention, avec le personnel soignant, m'a permis de
m'informer sur les patients et de prendre connaissance de leur situation
psychique et de leur évolution. Mais également, de comprendre et
de partager les difficultés que pouvait rencontrer le personnel sur
lesquelles nous reviendrons plus loin.
d)- L'équipe et les résidents ont fait le choix
de prises en charge individuelles
Les établissements des Cités Cantaliennes ne
bénéficiant pas de la présence d'un ergothérapeute
ou encore d'un psychologue, l'art-thérapie présentait dés
lors une opportunité de suivi individuel.
Les discussions et les observations de l'équipe nous
ont permis de dégager un point essentiel concernant la demande
relationnelle des résidents. Certains sont souvent réfractaires
à des activités de groupe, et parfois leur état de
santé ne leur permet pas de sortir de leur chambre. Le peu de
possibilités intermédiaires proposées nous a
confortés dans l'idée de nous projeter sur des prises en charge
individuelles.
e)- Le stagiaire a proposé la mise en place d'un
atelier d'art-thérapie
Les premiers temps du stage m'ont permis le recueil (de
recueillir les je pense que c'est mieux) d'information nécessaires
à la mise en place d'un projet : celui du cadre thérapeutique. A
savoir:
-un lieu aménagé (l'atelier)
-un temps organisé (durée et fréquence des
séances)
- un objectif thérapeutique cohérent avec le projet
individualisé et le projet global de l'établissement.
- des outils artistiques
- une méthode
Ce projet présenté comprenait la proposition du
lieu de l'atelier, choix qui s'est fait en fonction de différents
critères indispensables tels que : des repères spatiaux et
temporels facilités ( marquage, fléchage, couleurs des espaces,
symboles d'activité et du temps, horloge ... ), des portes, des mains
courantes, des sols et des locaux favorisant une circulation sans obstacle, des
équipements ne présentant aucun danger, l'absence de passages et
d'agitation inutile ...
Mais également les techniques proposées, à
savoir les Art-plastiques et la musique, en rappelant aussi qu'il s'agira de
prises en charge individuelles.
C'est ainsi que l'atelier a été mis en place dans
un ancien bureau dans la Résidence Saint-Joseph, et au sein d'un salon
petit déjeuner dans la Résidence Sainte-Marie.
La question du rythme et de la durée des séances
a également été abordée lors de la
présentation du projet. Dans le souci, de d'abord sécuriser la
personne, maintenir ses repères et respecter les horaires et ses
habitudes.
Après discussion, nous prévoyons de proposer des
séances d'une heure pour chaque personne suivie, poursuivies par une
heure de bilan (remplissage des fiches d'observation, bilan de la
séance, projet pour la suivante).
2-Une prise en charge en art-thérapie se
réalise en plusieurs étapes : de l'orientation au bilan de fin de
prise en charge, que nous présentons comme protocole
thérapeutique.
Précisons avant toute chose qu'une prise en charge en
art-thérapie ne peut se réaliser sans un cadre
thérapeutique c'est à dire :
-Un lieu aménagé
-un temps organisé, des horaires fixes
-des outils artistiques, du matériel
Et enfin prenant en considération la méthode et les
objectifs envisagés pour les prises en charge.
1/ L'orientation et les séances de rencontres permettent
l'élaboration de la prise en charge.
a)- L'orientation de la prise en charge est une
décision collective
L'équipe et le médecin coordinateur orientent
les prises en charges en art-thérapie. L'indication découle d'un
repérage d'un dysfonctionnement par l'équipe et qui vient donner
lieu à une orientation.
Dés lors qu'une personne est indiquée, un
entretien préalable va être organisé à savoir
d'abord avec le médecin, pour connaître les raisons de
l'orientation, puis avec l'équipe, et enfin avec le résident
concerné lors de séances de rencontres.
b)- Les séances de rencontres permettent la
réalisation d'une fiche d'ouverture.
La séance de rencontre corrélée à
la prise en connaissance de l'état de base du patient (capacités
physiques, intellectuelles, pénalités, maladies, traitement
médical) permet une connaissance globale de la personne.
Si les informations recueillies auprès de l'équipe
et du médecin sont importantes et participent à la mise en place
du projet, la première rencontre avec la personne orientée l'est
tout autant.
En effet lors de ces séances l'art thérapeute
recueille des informations plus relatives à l'artthérapie. A
savoir :
- les capacités esthétiques,
- les gouts personnels
- les capacités relationnelles
...etc
2/ L'élaboration de la stratégie
thérapeutique prend en considération l'état de base, les
objectifs et les moyens.
La connaissance de l'état de base de la personne
orientée est indispensable.
Ces informations sont recueillies auprès de
l'équipe, du/des médecins, mais aussi de la famille et du patient
lui même.
a)- Un objectif général est fixé en lien
avec les motifs d'orientation et l'état de base du patient.
Les séances de rencontre, les motifs d'indication et les
renseignements et discussions fournis par l'équipe nous permettent une
connaissance de l'état de base du patient.
Des objectifs thérapeutiques sont fixés en
liens avec les objectifs de la structure. Rappelons ici, que l'un des objectifs
général de ce type d'établissement est le maintien de
l'autonomie. Aussi, une prise en charge en art-thérapie dans le contexte
de ces structures se doit de s'inscrire dans ce même projet et ce
même objectif.
Des objectifs intermédiaires peuvent êtres
également imaginés. Ces objectifs sont souvent en lien direct
avec l'art-thérapie. Ils vont servir de pont et de tremplin vers le ou
les objectifs généraux
b)- Une méthode et des moyens sont imaginés.
A partir de ces informations, l'art thérapeute imagine une
méthode pour la prise en charge, définissant si la séance
se déroulera sous forme de jeu, d'exercice ou de situation libre...
- la méthode (jeux exercice, situation)
-la dominante (art plastique ou musique par exemple)
-phénomènes associés
- une technique (collage, peinture...) et un projet.
Précisons qu'il existe différentes formes de prises
en charge, la forme individuelle, le binôme ou le groupe.
A l'image de l'oeuvre d'art , la prise en charge en
art-thérapie est également appréciable en terme de fond et
de forme.
La forme de la prise en charge se fera en fonction du projet
et du type de séance décidés. Le choix se fera toujours
pour une raison précise et ciblée, en privilégiant le soin
plus que la technique.
Le fond définira ce que l'on va faire ensemble et comment,
l'art thérapeute s'adaptant aux difficultés du patient, à
son style, à ses gouts et à ses attentes.
c)- Une stratégie thérapeutique reposant sur
l'opération artistique est mise en place
La stratégie thérapeutique prend en compte : -
l'état de base du patient
- les objectifs fixés
- les moyens utilisés
Si l'originalité de l'art-thérapie repose sur
l'utilisation de l'art à des fins humanitaires et thérapeutiques
nous allons ici nous arrêter sur l'un des outils de l'art
thérapeute permettant l'analyse thérapeutique.
A savoir : l'opération artistique définie comme
l'organisation des éléments qui oriente l'expression humaine vers
l'art. (cf Annexe n°2)
L'activité artistique est une des sources
privilégiée d'observation de l'art thérapeute.
Il va cibler les mécanismes défaillants au
regard de l'opération artistique, remarquant les sites d'action .C'est
dans cette démarche qu'il va élaborer sa stratégie
thérapeutique. Donnant ainsi lieu à un ensemble organisé,
permettant la mise en lumière du cheminement employé pour
atteindre l'objectif général.
2/ L'observation et les outils dont dispose
l'art-thérapeute permettent la réalisation d'un suivi
thérapeutique.
L'observation étant la source principale d'information
de l'art thérapeute, il nous faut ici nous arrêter sur les
méthodes de recueil d'informations permettant l'évaluation et le
suivi des séances.
a)- La grille d'observation permet le recueil des
informations
La fiche d'observation est propre à chaque prise en
charge
Celle ci est élaborée en lien avec les
objectifs thérapeutiques et intermédiaires. Elle regroupe des
informations de bases, comme la date, le repérage des séances, le
rappel des objectifs, mais, plus particulièrement, elle permet
l'appréciation des observations relatives aux objectifs. Cette
appréciation permettra d'évaluer l'évolution de la prise
en charge
b)- La notation des items permet l'évaluation
objective de la prise en charge
L'item est la base de l'observation et de l'évaluation.
Il constitue le plus petit fait observable. C'est la pertinence du choix de
l'item et sa quantification qui permettent son évaluation.
c)- Les réunions de transmission apportent un regard
collectif et permettent le réajustement des objectifs des prises en
charge.
Si l'art thérapeute entretient une relation
privilégiée avec la personne bénéficiant de la
prise en charge. Il ne peut cependant pas s'exclure de l'équipe
puisqu'il:
-se doit d'être en lien permanent avec l'équipe,
puisqu'il travaille dans l'orientation des mêmes objectifs.
-L'art thérapeute ne peut valider seul, sans observations
complémentaires d'un tiers, la réussite d'un objectif.
-L'art thérapeute se doit de recueillir des
informations sur l'évolution de la prise en charge en dehors des
séances ou sur une éventuelle modification du traitement ou de
l'état de base.
Le travail en lien avec l'équipe permet donc un suivi
pertinent et professionnel de la prise en charge. De plus, la communication
avec l'équipe et le recueil de nouvelles informations permettent le
réajustement de certains objectifs,
Il faut ici préciser la richesse de ces réunions
interdisciplinaires. Cependant, une difficulté rencontrée lors du
stage a nécessité la mise en place d'un nouveau mode de
communication et d'échange d'informations.
En effet, ma présence ponctuelle et les équipes
de soin tournant régulièrement, il était courant de ne pas
rencontrer la même personne durant plusieurs semaines.
Avec l'accord de tous, a été mis en place au
sein du bureau des infirmières, la possibilité d'inscrire nos
observations respectives sur un tableau. Tandis que j'y inscrivais les faits
importants survenus lors des séances du jour et les projets pour les
suivantes, l'équipe inscrivait ses observations relatives aux prises en
charge, permettant ainsi de recueillir encore plus d'observations.
Les rencontres occasionnelles avec les familles ont permis un
regard supplémentaire pour valider ou non les progrès
observés.
d)- Le bilan s'effectue de manière
régulière et vient clôturer la prise en charge.
Les prises en charge ayant été
réalisées dans le contexte d'un stage, la fin des suivis
thérapeutiques se trouvait imposée. Si les objectifs
généraux n'étaient pas atteints pour chacune d'entre elle,
il a cependant fallu préparer les résidents à la fin des
suivis, et proposer une hypothèse de poursuite via les activités
d'animations.
Un bilan a été réalisé pour chaque
patient, et a été présenté au personnel des
établissements. Le bilan rédigé a été mis a
disposition des familles des résidents ayant
bénéficiés d'une prise en charge, mais aussi de
l'équipe .
C/ Etudes de cas
Lors de ce stage il m'a été permis de
réaliser des prises en charges. Nous présentons ici deux
études de cas.
1/ Anna
a)- Le comportement général d'Anna a
motivé son indication en art-thérapie
Les raisons suivantes ont été
évoquées par l'équipe lors de la décision
d'orientation d'Anna vers une prise en charge en art-thérapie.
Selon le personnel :
Anna est qualifiée, personnalité narcissique. Elle
se plaint de façon fréquente et répétitive.
Notamment au sujet des incapacités de l'équipe de soin. .
Agressive, son comportement vis a vis de l'équipe est
ponctué de réflexions voir d'insultes. En constante opposition,
la résidente refuse que le ménage soit fait dans sa chambre et
est très peu coopérative lors des soins médicaux ou
hygiéniques que l'équipe lui procure.
Accumulant divers objets, son environnement est en
désordre constant.
En plus de sa réticence de contact avec l'équipe,
Anna refuse de prendre ses repas en salle à manger et ne participe
à aucune animation, s'isolant de plus en plus chaque jour.
b)- La prise en connaissance de l'Etat de base d'ANNA nous
permet de mieux comprendre les difficultés qu'elle rencontre
L'anamnèse d'ANNA nous renseigne sur son passé :
Anna est née en 1916 en Espagne, et vit en France depuis
l'âge de 7 ans.
D'abord veuve de guerre, elle est aujourd'hui également
veuve de son second mariage. Mère, elle garde contact avec son fils avec
lequel les relations sont difficiles.
Anna a connu une vie professionnelle très active,
coiffeuse esthéticienne et gérante de plusieurs
établissements. Issue d'un tissu social aisé, Anna a
été habituée à un certain confort de vie et a
souvent eu du personnel à son service.
Son entrée en institution date du mois d'Aout 2006.
Anna présente des polypathologies :
Anna est atteinte d'une arthrose généralisée
des membres inférieurs (OMI), mais souffre également de lourds
problèmes cardiaques , une hypertension artérielle et une
décompensation cardiaque ont nécessité la
pose d'une prothèse aortique Un oedème des membres inferieurs et
une maladie d'Hashimoto (hyperthyroïdie) viennent compléter ses
atteintes physiopathologiques.
Ces atteintes nécessitent la prise d'un traitement
médical régulier pouvant avoir un impact sur la prise en charge
de par les effets secondaires de certains médicaments.
c)- Portons un regard sur les pénalités
d'Anna
La détérioration physique ainsi que la perte
d'autonomie et d'indépendance liées au placement en institution
ont provoqué chez Anna une baisse de l'estime de soi.
Sa désocialisation impacte sur sa perte du sentiment
d'identité et impacte sur sa qualité de vie. Physiquement l'OMI
empêche la patiente de se déplacer sans un accompagnement
personnel ou une canne. Les déficiences cardiaques influent sur ses
capacités respiratoires ainsi sa voix est fatigable et son souffle
devient court lors d'échanges verbaux prolongés.
Son expression verbale est cependant compréhensible et la
patiente s'exprime clairement.
d)- La revalorisation de l'estime de soi constitue l'objectif
général de la prise en charge, le projet est organisé en
vue de cet objectif.
Objectif général :
Suite à des séances de rencontre, la prise en
charge en art-thérapie a été axée autour d'un
objectif principal : la restauration de l'estime de soi.
A partir de cet objectif général sont
également impliquées les notions de confiance en soi,
d'image
corporelle et de relation sociale et constituent des objectifs
intermédiaires inévitables.
Objectifs intermédiaires :
Des objectifs intermédiaires ont été
fixé afin de permettre un cheminement progressif de la prise en charge.
Et, ils joueront le rôle de tremplin vers l'objectif
général.
- Etablir une relation de confiance avec l'art
thérapeute.
- Retrouver du plaisir dans l'activité
- Permettre la mise en oeuvre des capacités
méconnues et/ou oubliées
Enfin, un objectif intermédiaire a également
été fixé à la demande de l'équipe : -La
prise des repas en salle à manger
La méthode est élaborée en fonction des
objectifs thérapeutiques fixés.
Dans un premier temps la méthode envisagée pour la
prise en charge d'Anna sera de stimuler ses capacités oubliées
.Cette approche se fera premièrement par le biais de la stimulation
sensorielle, en lui proposant de feuilleter des magazines de mode et de
coiffure.
Puis il s'agira de l'emmener a témoigner de ses
capacité par des traces graphiques, en lui proposant de réaliser
des fiches de conseils de mode, associant l'écriture, le collage..
Enfin, la démarche se poursuivra dans l'objectif d'emmener
la patiente à réaliser des fiches pour certains membres du
personnel et/ou résidents dans un souci de resocialisation.
Le projet imaginé pour Anna est à dominante art
plastique, avec les phénomènes associés pliage, collage,
sur divers supports.
Les moyens utilisés se basent en premier lieu sur une
dynamique de présence aux séances, en favorisant le contact, la
relation et l'écoute avec l'art-thérapeute.
Suivi par un temps de stimulation sensorielle par le biais des
magazines, ou il s'agira de permettre à Anna de redécouvrir ses
capacités et connaissances, lui permettant de trouver du plaisir dans
l'activité.
Enfin, à partir de cette base de travail sera
associé le travail plastique dans une phase dynamique active, par la
réalisation de fiche conseil.
e)- Les réticences d'Anna et son traitement
médical ont motivé la décision de séance en
chambre
Le comportement agressif envers l'équipe et son refus de
côtoyer les autres résidents constituent les premières
raisons de décision de prise en charge en chambre. Si l'un des objectifs
est bien de resocialiser Anna, la pousser brusquement à sortir de sa
chambre pour aller à la rencontre d'autres personnes risquerait de
provoquer une boucle d'inhibition. L'intimité du contact en
séance individuelle sera présentée comme axe dynamique.
De plus, ses difficultés de déplacement et
certains effets secondaires de son traitement médical contribuent
à cette décision.
Prendre en considération le traitement médical
d'Anna nous permet également de différencier certains effets
secondaires d'autres effets lors des séances.
f)- Le plaisir est l'élément moteur de la
stratégie thérapeutique de la prise en charge.
(Cf Annexe n°3)
En fondant la réflexion sur l'opération
artistique, tout en distinguant les mécanismes qui fonctionnent et les
sites d'action, une stratégie thérapeutique est
élaborée pour la prise en charge d'Anna.
En s'appuyant et en utilisant comme processeur la relation
à l'art thérapeute, la stratégie est d'amener Anna
à, dans un premier temps, retrouver plaisir dans une activité
gratifiante.
L'utilisation de ses connaissances personnelles qu'elle tient
de son passé permettra à Anna de se sentir revalorisée non
pas à travers ce corps douloureux et vieillissant, mais plutôt
à travers ses connaissances et ses capacités oubliées.
En lui permettant de se sentir utile et entourée,
d'entretenir sa mémoire, de réapprendre à être
coquette, de se rendre utile aux autres.
Mais aussi transmettre un savoir dont la personne est la seule
détentrice.
Le plaisir est une source de motivation et permet à la
prise en charge d'évoluer et de solliciter des prises d'initiative chez
Anna. L'appréciation d'une gratification sensorielle va inciter la
patiente à chercher à nouveau cette sensation agréable.
Engendrant ainsi un élan corporel dans l'activité qu'elle
apprécie et par la même occasion qui lui permet de s'inscrire dans
un projet plus long lui offrant ainsi un objectif personnel.
Le plaisir retrouvé et les capacités
révélées, l'atmosphère sécurisant de
l'atelier et la relation de confiance avec l'art thérapeute offrent
à Anna une liberté de choix et de possibilité de prise
d'initiative contribuant ainsi à l'approche d'une revalorisation de
l'estime de soi.
.
g)- Les items sont évalués de façon
objective sur une échelle de 1 à 5
Au sein des rubriques que nous allons présenter sont
regroupés plusieurs faisceaux d'items se rapportant chacun à des
faits précis. Les items seront mesurés sur la base d'observation
et évalués de façon objective sur une échelle de 1
à 5.
Le 1 correspondant au résultat le plus négatif et
le 5 étant celui de l'idéal.
Les mesures d'items utiliseront des termes progressifs (toujours
du moins au plus) et adaptés à la nature de ceux ci.
1)- L'évaluation de l'implication relationnelle est
relative à l'objectif général
L'estime de soi se développe au contact des autres. La
relation à l'art thérapeute étant moteur dans la prise en
charge il convient d'évaluer l'évolution des capacités
relationnelles d'Anna au cours de la prise en charge.
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Relation art thérapeute
|
Absence
|
Ecoute
|
Expression
|
Relation
|
Relation privilégiée
|
Mode relationnel
|
Agressivité
|
Opposition
|
Indifférence
|
Respect
|
cordialité
|
Quantité des contacts
|
Inexistants
|
Rares
|
Ponctuels
|
Nombreux
|
systématiques
|
Qualité des contacts
|
Agressifs
|
Polis
|
Cordiaux
|
Affectueux
|
agrippants
|
Sourire
|
Aucun
|
Un
|
Rares
|
Quelques
|
nombreux
|
plaisanteries
|
Aucunes
|
Une fois
|
Rares
|
Quelques
|
nombreuses
|
Dans la même rubrique sera évaluée
l'expression orale :
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Quantité
|
Sans
|
Rare
|
Moyenne
|
Importante
|
incessante
|
Qualité
|
Incohérente
|
Troublée
|
Compréhensible
|
Claire
|
élaborée
|
Fonction
|
Aide matérielle
|
Ecoute
|
Porte parole
|
reconnaissance
|
Réhabilitation
|
Sera également évaluée la conduite plaintive
d'Anna au travers des expressions verbales Ce sous ensemble correspondant
à une conduite d'échec.
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Quantité de plaintes
|
Souvent
|
Quelques fois
|
rares
|
Une fois
|
Jamais
|
plaintes au sujet du personnel
|
Perte de capacité
|
Placement
|
2)- L'évaluation des capacités esthétique
est ciblée sur le plaisir dans l'activité
Permettre à Anna de retrouver du plaisir dans une
activité constitue l'un des objectifs intermédiaires, en voici
les items spécifiques.
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Thymie durant l'activité
|
Agressivité
|
Mauvaise humeur
|
Humeur égale
|
Bonne humeur
|
enthousiasme
|
Regard durant l'activité
|
Absent
|
Triste
|
Présent
|
Intéressé
|
rayonnant
|
Tension nerveuse
|
Agressivité
|
Agitation
|
Nonchalance
|
Calme
|
dynamique
|
Intérêt dans la participation
|
Refusé
|
Récitante
|
Hésitante
|
Motivée
|
enthousiaste
|
3)- L'image de soi est un élément qu'il convient
d'évaluer
L'image de soi est un élément constituant de
l'estime de soi. Ainsi son évaluation est un élément
indispensable nous permettant d'observer l'évolution du cheminement vers
l`objectif général.
Dans ces observations sera également pris en compte
l'environnement que constitue la chambre d'Anna.
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
La patiente est habillée
|
Non
|
non
|
Exprime le souhait
|
oui
|
oui
|
La patiente a une apparence soignée
|
Non
|
Faible
|
Simple
|
Bon
|
Sophistiquée
|
Apparence générale de la chambre
|
Mauvaise
|
Faible
|
Simple
|
Bonne
|
Très bonne
|
4)- L'évaluation de la confiance en soi est faite au
regard du phénomène artistique
La confiance en soi constitue un élément essentiel
de la prise en charge d'Anna, son évaluation se fait ici au regard du
phénomène artistique. Chacun est présenté ci
dessous comme des sous ensembles.
Intention :
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Reconnaissance du projet
|
Oubli total
|
Reconnaissance
|
Réminiscence
|
Souvenir particulier
|
Evocation spontanée
|
Début de l'activité
|
Après aide
|
Après stimulation
|
Hésitant
|
Lent
|
rapide
|
Intérêt
|
Refusé
|
Réticente
|
Hésitante
|
Acceptée
|
enthousiasme
|
Volonté de
participer a la prochaine séance
|
Refusée
|
Réticente
|
Hésitante
|
Acceptée
|
aide
|
Action :
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Anna fait des choix
|
Aucun
|
Un
|
Rares
|
Quelques
|
nombreux
|
Prise d'initiative
|
Aucune
|
Une
|
Rares
|
Quelques
|
nombreuses
|
concentration
|
Non perçue
|
Perturbée
|
Faible
|
Moyenne
|
grande
|
autonomie
|
Aidée
|
Accompagnée
|
Guidée quelques fois
|
Guidée une fois
|
autonome
|
Durée de l'activité
|
nul
|
<10 min
|
<20 min
|
> demi- heure
|
séance
|
dynamique
|
Absence
|
Présence vide
|
Contemplatif
|
Acteur passif
|
Récepteur actif
|
Implication physique dans l'activité
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Participe physiquement
|
Non
|
Une fois
|
Rares
|
Quelques
|
nombreux
|
Implication physique
|
Refusée
|
Réticent
|
Hésitante
|
Encouragée
|
autonome
|
Position
|
Dangereuse
|
Inconfortable
|
Inadaptée
|
Adaptée
|
dynamique
|
Faire/subir
|
Passivité
|
Attente d'aide
|
Demande d'aide
|
Respect
des
consignes
|
initiatives
|
Production :
|
(-) 1
|
2
|
3
|
4
|
5 (+)
|
Devenir de la production
|
Jetée
|
oubliée
|
confiée
|
gardée
|
exposée
|
Auto évaluation de la production
|
Dévalorisation
|
Indifférence
|
Satisfaction mitigée
|
Auto- satisfaction
|
Fierté
|
i)- Nous décrivons les dix séances dont a
bénéficié Anna
S << rencontre >>
La première rencontre avec Anna a eu lieu dans sa chambre.
L'accueil froid au premier abord est devenu plus ouvert dés lors que je
lui expliquais ma fonction.
Lors de cette rencontre, je lui fis la proposition de participer
à des séances d'art-thérapie, en lui laissant le choix de
l'horaire en fonction de mes jours d'intervention. .
Anna accepta avec enthousiasme en me précisant qu'elle ne
souhaitait pas avoir à sortir de sa chambre, ni à partager ces
séances avec d'autres résidents. Nous concluons sur des
séances d'une heure chaque mercredi après midi de 16H30 à
17H30.
S1
C'est lors de cette séance qu'a été
proposé le projet << fiche conseil esthétique >>
à Anna. Projet accueilli avec enthousiasme par Anna, qui a
commencé l'activité sans sollicitation, tout en me demandant
régulièrement mon avis sur ses choix , Anna a
sélectionné avec intérêt diverses tenues et
accessoires .
Cependant, Anna a refusé clairement de s'impliquer
physiquement dans l'activité , malgré mes sollicitations, Anna
choisira les éléments lors de toute la séance et me
demandera de réaliser la fiche.
Fait important apparu lors de la séance :
Lors de l'activité et plus particulièrement lors
des choix de tenues vestimentaires, Anna s'est exprimée sur je cite :
<< le peu de soin accordé à ses vêtements par les
lingères >>.
Cependant celle ci s'est spontanément reprise en disant :
<< ce n'est pas intéressant, revenons en à nos moutons
>>
S2
Si lors de la réunion de transmission, le personnel
signale qu'il trouve le comportement d'Anna moins agressif depuis cette
première semaine d'intervention, précisons cependant que cette
observation ne peut pour le moment être validée , ou
accordée à l'art-thérapie le fait étant qu'il n'y a
eu qu'une seule séance.
Anna m'accueille chaleureusement me saisissant les deux mains
pour me saluer.
La quantité d'expression verbale d'Anna est importante,
voir incessante ponctuée de plaintes. Malgré mes rappels, Anna ne
semble pas se souvenir du projet, mais à la vue de la fiche que nous
avons réalisée la semaine passée elle s'exclame : «
c'est une très bonne idée », et elle démarra de
façon autonome l'activité.
Ne souhaitant toujours pas s'impliquer physiquement dans
l'activité, Anna m'a cependant repris sur la manière dont j'avais
réalisé un collage, se saisissant de la colle pour reprendre mon
erreur.
En fin de séance Anna me dit vouloir relier les quelques
fiches que nous réaliserons sous forme de livret que nous pourrions
mettre à la disposition d'autres résidents dans le hall de la
structure.
Fait important :
Lors de cette séance Anna était habillée et
non en pyjama. Les volets de sa chambre étaient ouverts et la patiente a
pris l'initiative d'éteindre la télé lors de mon
arrivée.
S3
Fait important avant séance :
Précisons qu'il n'y a pas eu de séances depuis deux
semaines en raison de mon absence pour raisons scolaires.
Lors de la réunion de transmission, j'apprends que le
traitement médical d'Anna a connu quelques modifications que je prends
en connaissance.
Lors de cette séance, l'environnement de la chambre d'Anna
était particulièrement peu soigné.
Des tas de journaux accumulés jonchaient le sol et les
meubles, les volets étaient fermés et j'ai du demander à
Anna de bien vouloir baisser le son de la télé.
En pyjama Anna se dit heureuse de me revoir mais me dit ne pas
vouloir réaliser de fiche pour cette séance
préférant « papoter », ce sont ses termes.
En pyjama, elle me dit être fatiguée, dormir
beaucoup et me précisant qu'elle s'est réveillée la nuit
dernière sans reconnaître les lieux.
Cette information apparaissant comme un site d'action, je prends
l'initiative d'éliminer cette difficulté thérapeutique en
modifiant les horaires des prochaines séances afin qu'Anna n'interrompe
pas sa sieste. Je relate cette information à l'équipe soignante
en fin de séance. Anna étant née en Espagne et moi
même pratiquant cette langue, nous passons la séance à
discuter en espagnol.
S4
Fait important avant séance :
A la réunion de transmission j'apprends qu'Anna suis un
nouveau traitement pour son oedème des membres inferieurs, qui offre de
très bons résultats.
A la demande d'Anna, j'ai relié les quelques
premières fiches que nous avons réalisées.
Si Anna est en pyjama, sa chambre est cependant plus
rangée que d'habitude. Sa télé est allumée et elle
ne baissera pas le son lors de ma venue.
Lorsque je lui dis avoir appris que son nouveau traitement
portait ses fruits, elle me fait savoir que le médecin lui a
conseillé de marcher mais qu'il n'y a personne pour l'accompagner. Je
lui propose donc de faire un tour en ma compagnie. Elle accepte. Dans le
couloir où nous rencontrons sa voisine de palier qui nous salue, Anna
entame spontanément la discussion. Puis, au bout de dix minutes, nous
reprenons notre marche et retournons dans sa chambre. Spontanément elle
me demande ce que j'ai amené. Je lui montre le petit livret.
L'idée lui plait et elle se félicite du résultat.
Fatiguée de la marche Anna ne désirera pas
réaliser de fiche cette séance.
S5
Fait important avant séance:
Lors de la réunion de transmission l'équipe me
signale qu'Anna a été déjeuné en salle à
manger dimanche.
Apparition d'un nouvel objectif intermédiaire :
l'équipe s'est exprimée sur le fait des prises de repas en salles
à manger. L'objectif à leur demande étant qu'Anna puisse
descendre prendre ses repas au moins une fois pas semaine.
Anna ayant la visite de sa coiffeuse, la séance ne durera
que 20 min. Ayant peu de temps pour la réalisation d'une fiche, La
méthode sera donc une situation ouverte. L'accueil est très
chaleureux, Anna est souriante, et, dés mon entrée, me demande de
lui passer une veste de tailleur car elle ne se trouve pas présentable.
Son état de santé s'est amélioré et elle se
déplace sans déambulateur dans la chambre jusqu'à son
fauteuil.
Avec enthousiasme elle me montre qu'elle a conservé le
petit carnet de recueil de conseils. Je lui demande comment s'est
déroulé son repas en salle à manger.
Elle me dit que c'était très bien, et que
c'était agréable de voir que les gens ne l'avaient pas
oubliée et que tous voulaient manger à côté
d'elle.
Lors de cette séance, l'animateur est intervenu pour
distribuer les menus de la semaine. A sa lecture Anna s'est exclamé avec
joie : « demain il y a du foie gras ».
Je lui dis que cela pourrait être l'occasion de
renouveler l'expérience de la salle à manger. Elle accepte mais
précisant qu'elle n'a rien à se mettre. Nous cherchons donc
ensemble une tenue qui lui plait.
Avant mon départ je signale à l'équipe
qu'Anna désire manger parmi les autres résidents le lendemain
afin qu'ils la préparent et qu'ils la sollicitent.
S6
Fait importait avant séance :
Lors de la réunion j'ai appris qu'Anna avait bien
été manger avec les autres résidents comme nous avions
prévu ensemble.
Pour cette séance l'accueil est chaleureux, la chambre est
un peu plus désordonnée que la fois passée. Elle n'est pas
habillée (haut pyjama) elle me dit être fatiguée et elle ne
désire pas poursuivre le projet.
S7
Lors de la réunion de transmission j'apprends qu'Anna
depuis une semaine coupe ses bandes qui lui permettent de soigner ses
oedèmes. L'équipe me signale qu'il est important pour elle de
poursuivre ce soin. Mais la deuxième difficulté est qu'Anna
refuse de mettre les chaussures adaptées à son oedème, les
trouvant peu esthétiques.
Ce nouveau site d'action est pris en compte comme un nouvel
objectif intermédiaire.
A mon arrivée Anna me demande d'aller marcher, en me
précisant qu'elle désire voir l'atelier où je travaille
Je lui propose d'enfiler pour ce faire ses chaussures
orthopédiques, à ma surprise elle accepte, mais je
m'aperçois que celles ci sont trop grandes de plusieurs pointures et
qu'elles entravent sa marche. J'en informe l'équipe en fin de
séance.
Anna remet donc ses chaussures habituelles et nous partons
marcher.
Sur le chemin, nous croisons des membres de l'équipe et
des résidents avec qui elle discute chaleureusement. Cependant, toutes
les discussions et expressions verbales sont principalement prétexte
à des plaintes.
L'atelier lui plait, mais lui rappelle que sa chambre est plus
petite et moins jolie, nous rebroussons donc chemin jusqu'à sa chambre
pour de pas risquer de faire rentrer Anna dans une boucle d'inhibition. La
marche aura duré toute la séance.
S8 :
Fait important : Il n'y a pas eu de séance la semaine
dernière, en effet, Anna dormait profondément à l'heure du
rendez vous que nous nous étions fixé. Je n'ai donc pas
souhaité la réveiller
Si des progrès avaient pu être observés lors
des 5 premières séances, le comportement général
d'Anna depuis deux séances semble se dégrader à nouveau.
Elle s'oppose aux soins, elle est agressive avec le personnel qui lors de la
réunion de transmission a déclaré : « nous capitulons
».
Lors de la séance Anna avait un comportement
très confus, installée dans son fauteuil en pyjama, elle me
questionne incessamment sur mes activités journalières. L'heure
de mes repas, de mes levers, horaires de travail. Son discours est peu
cohérent et elle me répète régulièrement les
mêmes questions et les mêmes phrases.
Enfin elle me demande si j'avance sur mon livre de conseil, je
lui dis que c'est son livre mais elle me répond agressivement que non
Elle désire mettre fin à la séance, sur ce,
nous nous quittons tandis qu'elle me confond l'espace d'un instant avec une
résidente.
S9
Fait important avant séance :
Durant la semaine, le fils d'Anna s'est adressé aux
infirmières concernant le comportement de sa mère. Malgré
les baisses de résultat de ces dernières séances, il dit
trouver sa mère moins agressive et en net progrès depuis la prise
en charge en Art-Thérapie.
La réunion de transmission m'informe qu'Anna est un peu
plus calme depuis peu de temps
Lors de la séance Anna a sorti spontanément le
livre de fiche en s'exclamant : « c'est pas mal, mais y'en faudrait
d'autre », saisissant les magazines à la recherche de nouvelles
tenues. Nous réalisons, en tout et pour tout, deux fiches lors de cette
séance.
Précisons qu'Anna ne s'est que très peu plainte.
Impliquée dans l'activité elle a pris de nombreuses initiatives.
L'ambiance générale fut très chaleureuse.
Fait important intervenu durant la séance :
Anna s'est rendue aux sanitaires durant la séance, en
sollicitant mon aide, elle a souhaité se coiffer et se maquiller.
S'exclamant : « voilà je suis plus présentable ».
S10
Fait important : Il s'agit de la dernière
séance.
J'apprends à la réunion de transmission qu'Anna
accepte de remettre ses bandes, son comportement est plus calme avec
l'équipe dont certains membres la qualifie de
« sympathique ».
Anna est très souriante et se dit heureuse de me voir.
Installée dans sa salle de bain, elle se maquille se
coiffe, tout en me tenant en discussion. . Elle s'habille, et me propose de
goûter ensemble en me disant que c'est agréable de recevoir du
monde chez soi.
Nous discutons, communiquons, échangeons. Anna ne parle
pas de notre projet.
j)- L'évaluation des observations des séances
nous permet de tirer un bilan sur la prise en charge d'Anna
Anna s'est impliquée relationnellement avec l'art
thérapeute
Rappelons qu'Anna a été orientée vers
l'Art-thérapie notamment en raison des difficultés relationnelles
qu'elle rencontrait avec le personnel et les autres résidents.
Ainsi, l'implication relationnelle, d'abord avec l'art
thérapeute était l'un des premiers objectifs de la prise en
charge.
Graphique n°1 Evaluation de l'implication
relationnelle
Nous pouvons observer qu'une relation s'est très vite
installée lors des séances.
Une variante est cependant observable notamment lors des
séances 7 et 8, nous montrant que si ce premier objectif a pu être
atteint, il reste cependant fragile.
Anna a su retrouver du plaisir dans le projet :
L'objectif général étant la revalorisation
de l'estime de soi, la stratégie était de proposer à Anna
un projet lui permettant de révéler ses capacités
oubliées. L'objectif étant de lui permettre de retrouver plaisir
à travers une activité gratifiante.
Graphique n°2 Evaluation du plaisir dans
l'activité
En observant les résultats obtenus lors des séances
1 et 2, nous pouvons dans un premier temps affirmer qu'Anna a
apprécié la proposition du projet.
Même si Anna n'a pas souvent participé
physiquement à l'activité, l'évaluation de ce faisceau
d'item a cependant pris en compte les moments ou Anna abordait oralement le
sujet du projet. On peut ainsi observer qu'elle en a parlé avec
plaisir.
Le plaisir retrouvé Anna a pu retrouver confiance en
elle et s'impliquer dans un projet en retrouvant confiance en elle :
Graphique n°3 Evaluation de l'intention
Graphique n°4 évaluation de la confiance en soi
au travers de l'activité artistique
Si le graphique N° 4 ne prend en compte que les
séances ou Anna s'est impliquée physiquement, on peut cependant
s'apercevoir a travers le graphique n°3 qu'elle a pourtant à chaque
fois abordé le sujet du projet. Et même lorsque les séance
ne donnaient pas lieu à la création d'une fiche, elle a toujours
d'une manière ou d'une autre montré son intention quant à
sa poursuite. Rappelons-nous la séance 2, ou elle a pris l'initiative de
relier les fiches par exemple.
Le projet à eu un impact sur la revalorisation de
l'image de soi : Graphique n°5 Evaluation de la revalorisation de
l'image de soi.
Même si Anna a le plus souvent participé aux
séances en pyjama, nous pouvons observer qu'elle s'est de plus en plus
souciée de son apparence.
Si sa présentation était de plus en plus
soignée, l'aspect de sa chambre est resté en moyenne
égal.
Anna s'est aussi impliquée relationnellement avec les
autres :
Graphique n°6 : Evaluation de l'implication
relationnelle avec les résidents et le personnel.
Nous pouvons noter un progrès dans sa relation avec les
autres.
Il arrivait que les séances soient interrompues par la
venue du personnel. Ces contacts ont également été motif
d'évaluation.
Dans ce graphique, on peut observer une évolution dans la
relation qu'Anna pouvait entretenir avec le personnel.
Au sujet du contact avec les autres résidents
rappelons-nous que la séance 6 correspond à la séance ou
Anna est retournée manger en salle à manger. Ce qu'elle avait
beaucoup apprécié. Une relation peut être faite entre cet
évènement et l'impulsion insufflée à Anna quand
à chercher à aller au contact des autres lors de la séance
7. Malheureusement, nous ne pouvons affirmer que cet objectif est atteint, mais
nous pouvons observer qu'il est « en cours d'acquisition ».
Un regard sur la conduite d'échec d'Anna :
Le personnel avait présenté Anna comme une personne
très plaintive.
Posons donc un regard sur l'évolution de ses expressions
verbales plaintives tout au long des séances d'Art-thérapie.
Ce graphique correspondant à une conduite d'échec,
précisons que l `évaluation s'en trouve inversée.
L'évaluation, de ce fait, étant faite sur une
échelle de 0 à 5, le 0 étant l'absence d'expressions
verbales plaintives, et le 5 des expressions incessantes.
Graphique n°7 : Evaluation des expressions verbales
plaintives.
A la vue de ce graphique nous pouvons observer une baisse
considérable de sa conduite plaintive, des séances 1 à
6.
Puis un pic se représente en séance 7,
séance qui a eu lieu dans la période ou Anna a coupé ses
bandes thérapeutiques pour son OMI.
k)- La synthèse de la prise en charge nous permet
d'observer de façon générale un regard sur la prise en
charge d'Anna
Sont réunis dans cette synthèse l'ensemble des
principaux objectifs intermédiaires nécessaires à la
réalisation de l'objectif général.
Graphique n°8 : Synthèse évaluative de la
prise en charge d'Anna
Les résultats restent encore très variables, et on
ne peut confirmer la validation de l'objectif général.
Si les résultats restent en dents de scie,
l'évaluation de l'image de soi nous permet d'affirmer un réel
progrès.
Nous pouvons faire une observation quand aux résultats
obtenus pour les séances 4 et 5.
C'est à la même période qu'Anna a
bénéficié de sa thérapie pour son OMI.
Thérapie qui avait porté ses fruits en diminuant de moitié
l'inflammation. Ainsi, à cette même période nous pouvons
observer une amélioration des résultats dans l'évaluation.
Une hausse de la confiance en soi. Ces résultats peuvent être mis
en relation.
C'est aussi suivant cette thérapie qu'Anna a
désiré sortir de sa chambre , d'abord dans le couloir, puis,
jusqu'à l'atelier d'art-thérapie.
C'est au court de cette période qu'elle a pris
l'initiative d'aller a la rencontre des autres . De la même façon,
on s'aperçoit également de la baisse des résultats en S6,
S7 et S8 lorsqu'Anna coupait ses bandes ;
l)- Bilan de la prise en charge
Les notions d'impression, d'intention et d'action ont
été délicates à évaluer, considérant
que si lors des séances l'avis de la patiente était
présent, celle ci fut le plus souvent réfractaire à
l'implication physique dans l'activité.
En effet, les pénalités physiques
rencontrées par la patiente ont un impact considérable sur son
image et son estime de soi et le manque de confiance en ses capacités
restantes ont plus souvent donné lieu à des séances
où l'échange verbal prédominait sur le "faire".
Cependant, la patiente a pu renouer avec la notion de plaisir
et s'est très vite engagée dans le projet proposé. Et,
même si la majorité des réalisations ne découlaient
pas de ses mains, l'envie de s'inscrire dans un projet a entraîné
une progression constante de la confiance en soi et des prises
d'initiatives.
L'amélioration de l'estime de soi a permis à la
patiente de s'engager progressivement dans un processus relationnel.
Puisqu'elle a pris, à plusieurs reprises l'initiative de sortir de sa
chambre et d'aller à la rencontre de ses « voisins de palier »
mais également de prendre, à quelques occasions, et grâce
à la sollicitation de l'équipe ses repas en salle à
manger. Ce qu'elle a beaucoup apprécié.
Tout au long des séances il a été permis
d'observer une baisse considérable des expressions verbales plaintives,
notamment celles concernant le personnel de l'institution.
L'amélioration du comportement « caractériel », parfois
agressif et têtu de la patiente a été également
observé par certains membres de l'équipe.
Des progrès ont également pu être
observés dans la présentation physique de la patiente et sont
révélateurs d'une meilleure estime de soi. En effet, au fil des
séances la patiente qui, dans un premier temps était
principalement en pyjama m'a progressivement accueillie de plus en plus
soignée. D'abord habillée, et plus actuellement maquillée,
coiffée.
Il faut préciser que les périodes de net
progrès coïncident avec la période où la patiente a
bénéficié d'un traitement thérapeutique pour son
OMI. Ainsi, les progrès obtenus ont été possibles
grâce à un travail collectif.
Si des progrès ont pu être observés, nous
avons pu également observer lors de 2 séances un net
déclin des progrès réalisés, qui montrent que si
l'objectif principal a pu être touché il ne peut encore être
validé. La prise en charge ayant pris fin en raison de la fin du stage,
il serait bénéfique que la patiente continue à être
sollicitée et que la prise en charge en art-thérapie puisse
être éventuellement relayée par un suivi psychologique, ou
des sollicitations pour participer aux animations afin de permettre à la
patiente de poursuivre le cheminement entrepris.
2/ Le cas de François nous permet de révéler
certaines limites de l'art-thérapie.
a)- L'équipe a orienté François vers une
prise en charge en art-thérapie en raison des conséquences
qu'implique sa récente perte de capacité
L'équipe a orienté François vers une prise
en charge en art-thérapie pour les raisons suivantes : très actif
à l'origine, et en pleine possession de ses capacité cognitives,
François s'isole complètement depuis la dégradation rapide
de son état de santé.
Ses angoisses donnent lieu a un comportement agressif et
grossier. Il ne participe plus aux animations.
b)- L'anamnèse de François participe à
la connaissance de son état de base
François est âgé de 88 ans.
Placé en institution depuis 3 ans, il est
célibataire et sans enfant.
Assureur de profession, il avait pour habitude, avec un groupe
d'amis, de réaliser des représentations les weekends dans un
cabaret.
En l'espace de 3 ans François a perdu toute acuité
visuelle devenant ainsi totalement dépendant pour les gestes du
quotidien. Diagnostiqué dépressif, François n'a cependant
pas de traitement. Mais ses angoisses étant grandes, son sommeil
nécessite la prise de somnifères. De tempérament joyeux et
sympathique, il est devenu aujourd'hui agressif , son vocabulaire est grossier
et il est en proie à un sentiment de persécution constant dans la
situation où il ne retrouve plus ses objets dans sa chambre.
C'est une personne très coquette, à l'apparence
très soignée .
Il est important de souligner que François, avait
l'habitude d'être très entouré et n'a aujourd'hui plus de
visite.
En plus de sa perte totale de capacité visuelle, son
audition baisse considérablement depuis quelques temps.
Malgré ses problèmes de vue, François est en
mesure d'effectuer seul certains trajets. Notamment celui de sa chambre
à la salle à manger. Il est capable sans aide de s'orienter assez
facilement dans l'établissement.
Après une réunion collective avec l'équipe,
l'objectif général de la prise en charge aurait pu être le
maintien des acquis, notamment ceux concernant son orientation dans l'espace.
Mais aussi celui de lui donner la possibilité de redécouvrir ses
capacités restantes dans un processus de revalorisation de l'estime de
soi au travers d'une activité gratifiante.
Mais la connaissance de l'équipe concernant le
comportement de François nous a fait envisager l'idée qu'il
pourrait ne pas accepter l'idée d'une telle prise en charge. Aussi, pour
nous, le premier objectif était celui d'une prise de contact.
L'état de base de François donne lieu à une
situation particulière.
En effet son incapacité visuelle est une source de
souffrance qui ne me permet pas de lui proposer une activité où
cette sensibilité serait sollicitée.
Même si François présente une baisse de
l'audition, nous décidons avec l'équipe d'orienter
l'éventuelle prise en charge vers une dominante musique. En effet, la
musique semblant être un domaine que François apprécie
particulièrement.
c)- Nous présentons les séances de rencontre.
La rencontre avec François s'est faite par une très
belle journée, sa chambre spacieuse présentait de nombreuses
photos aux murs.
Lorsque je me suis présentée à lui, le
contact fut très chaleureux, il se dit "heureux de voir des gens".
Je lui explique la raison de ma présence, mon rôle
dans l'institution. Je lui précise que je suis présente chaque
jeudi. Et je lui demande s'il accepte que je vienne le saluer la semaine
prochaine. François me dit « qu'il accepte avec plaisir , qu'il
aimerait refaire des choses » me précisant à plusieurs
reprises "vous savez ça fait pas longtemps que je suis comme ca".
.
S2
Pour cette deuxième rencontre François a
demandé à se rendre à l'atelier. Une fois rendu sur le
lieu il me dit que ca ne sert à rien, qu'il ne voit rien.
Souvent il s'excuse de sa situation, s'excuse de me faire me
déplacer pour rien,
Lors de la fin de séance il me donne une bise et me sourit
en me disant "vous êtes tenace" et me demande de venir le saluer la
semaine suivante
S3
Lors de cette rencontre, François me reconnaît
difficilement. Désorienté, il s'exprime beaucoup, notamment, sur
sa perte d'acuité visuelle et sur les problèmes qui en
découlent au quotidien.
Comme la semaine passée il me demande d'aller
jusqu'à l'atelier. Sur le chemin il continue de m'expliquer son
désarroi face à ses pertes. Sur le trajet nous rencontrons une
résidente. La conversation s'engage mais François semble
désintéressé et il ne répond pas. Me saisissant par
le bras il me dit : « allons-y ».
Arrivés à l'atelier son comportement est de plus en
plus agressif, cependant, à certains moments il me saisit le bras
gentiment et me complimente sur "ma présence, ma gentillesse". Le temps
avançant François semble de plus en plus énervé, il
hausse le ton , et ses paroles deviennent grossières.
Il me dit clairement « que voulez vous que je fasse, je ne
suis plus capable de rien, pourquoi m'amenez vous ici ? je ne ferai rien et je
ne veux rien faire. ».
Sur ces mots je lui propose de le raccompagner, il accepte et
semble soulagé.
A notre séparation, je lui demande s'il accepte simplement
que je vienne lui dire bonjour la semaine prochaine, il me répond oui,
m'embrasse sur le front en me disant ces mots: « vous êtes bien
gentille, mais je ne vois vraiment pas ce que vous pourrez faire de moi je suis
foutu », il me sourit et s'éloigne...
François est décédé la semaine
suivante.
d)- Une prise en charge en art-thérapie n'a pu
être établie.
Si le désir et la volonté de s'engager a
été exprimé à une reprise par François, la
capacité à le réaliser s'amenuisait peu a peu,
concrétisant une expérience déchirante pour
François.
Face à l'expression de l'angoisse de François
qu'il ne fallait absolument pas banaliser, il me semble que
l'art-thérapie le confortait dans ses échecs en lui proposant de
s'engager au delà de ses possibilités.
Lors de nos quelques rencontres, François a fait part de
sa souffrance, de sa solitude, de sa lassitude de vivre.
Durant cette expérience, il a été difficile
de savoir quoi faire, face à ce comportement. Comment essayer de trouver
des ressources et apporter son soutien.
Si l'on a pu voir que l'addition des pertes dues à
l'âge, (perte du domicile, famille etc..) sont difficiles à vivre,
celle qui m'a semblé la plus accablante était souvent celle
liée à la perte d'autonomie.
Souvent, je suis restée sans voix, car le registre
habituel n'était pas de mise dans cette situation.
Si l'art-thérapie permet d'aider certaines personnes dans
leurs troubles de l'expression, de la relation et ou de la communication,
l'expérience de la prise en charge de François nous permet de
comprendre que l'art-thérapie n'est pas de mise pour n'importe quelle
situation. L'art-thérapie ne peut apporter une solution à tous
les problèmes.
Dans le cas de François, qui faisait face à une
situation difficile, la prise en charge en artthérapie, au lieu de
travailler à la recherche de révélation d'un potentiel, a
plus été perçue comme un révélateur des
difficultés du sujet
La souffrance n'est pas plus productive ou porteuse de
création, mais dans le cas de François plutôt isolante,
stérilisante, enfermante, produisant un repli sur soi.
Il était difficile d'envisager proposer à
François de s'engager dans un projet, puisque cela impliquait de se
projeter dans un futur, qu'il n'imaginait pas.
Ses plaintes portant sur une perte irréparable,
irremplaçable. Et si François avait pu être en mesure
d'accepter ses pertes, ce n'est pas pour autant qu'il en aurait accepté
les conséquences.
Il m'a été difficile de faire face à
l'ambivalence de François, une partie de lui même disant vouloir
faire et apprendre des choses, et une autre partie agressive et souffrante,
s'exprimant sur son désir de mourir.
Avec du recul, la réflexion me pousse à penser que
l'art-thérapie avec une approche différente aurait pu aider
François.
Dans l'idée de lui donner l'opportunité de «
donner un sens, rétrospectif et actuel , dans l'urgence de transmettre
ses aboutissements personnel »9
9 «Que sais-je : l'art-thérapie »
J.P KLEIN p104 Puf/2004
TROISIEME PARTIE : Discussion autour de
l'expérience du stage
A/ Réflexions et commentaires sur l'étude
de cas
Lors de la prise en charge d'Anna, j'ai été
confrontée à une situation à laquelle je ne m'attendais
pas. En effet, à plusieurs reprises, malgré la validation des
observations par certains membres du personnel, notamment celles concernant la
baisse du comportement agressif d'Anna . Il est toujours demeuré un
certain nombre de salariés qui semblait refuser cette observation. Lors
de discussions, j'ai eu le sentiment qu'ils n'étaient pas en mesure
d'accepter l'idée d'une quelconque amélioration du comportement
d'Anna.
Lors de discussions plus intimes, certains membres m'ont
affirmé « qu'Anna avait été trop loin », «
qu'ils ne se sentaient plus capable de l'aider », « qu'ils
capitulaient ».
Lors de la prise en charge, la quantité des expressions
verbales plaintives d'Anna a pu être évaluée. Et par la
même occasion a été évalué le sujet de ces
plaintes. A savoir :
-l'équipe de soin
- la baisse de ses capacités
- son refus d'institutionnalisation
Graphique n° : Evaluation du sujet des expressions
verbales plaintives
A la vue du graphique on peu s'apercevoir que finalement les
plaintes d'Anna ,n'étaient pas principalement centrées sur le
personnel de soin. Mais bien le plus souvent sur son refus
d'institutionnalisation, ou encore ses pertes de capacité.
Ce graphique à été présenté
à l'équipe de soin. A sa vue, le personnel à clairement
exprimé sa surprise : « nous ne pensions pas ».
Ainsi, l'utilisation de l'évaluation basée sur
les observations objectives a permis à l'équipe de mieux prendre
conscience de la situation et d'avoir une connaissance d'Anna plus juste que
des idées reçues.
Le projet a tenu lieu de moteur dans la prise en charge mais Anna
ne s'est que très rarement impliquée physiquement.
Dans l'étude de cas, nous avons pu voir qu'Anna n'a pas
souvent désiré participer au projet. Pourtant, elle a toujours
montré un enthousiasme à l'idée de participer aux
séances. Et l'évaluation nous permet aussi d'affirmer que le
projet lui plaisait, puisqu'elle a su prendre à plusieurs reprises des
initiatives.
Cependant, les séances ont plus souvent donné lieu
à des instants où la relation et la communication
prédominaient sur le faire.
Cependant, Anna a souvent exprimé le désir
d'aller marcher, ainsi la question de la marche et de son lien avec le moral et
la santé s'est fondamentalement posée lors de cette prise en
charge.
Continuer à marcher a semblé logiquement être
un aspect important de l'idée que pour les personnes âgées
« garder ses jambes apparaît aussi important que garder sa
tête »
B/ Une prise en charge en art-thérapie
orientée dés l'entrée en institution peut permettre
à la personne âgée de mieux vivre les ruptures
engendrées.
Malgré des démarches soutenues pour la recherche
d'un équilibre entre ce qui est possible de faire dans un EHPAD et les
attentes des résidents, il reste difficile d'éviter le
phénomène de régression lors de l'entrée en
institution. Ce phénomène, par sa fréquence, et ses
implications, mérite un développement particulier.
L'idée principale qui ressort au cours du stage, concerne
les nouveaux arrivants et l'importance d'une prise en charge
particulière à leur entrée.
Puisque « l'accompagnement concerne aussi les
personnalités vulnérables même lorsqu'il n'y a pas
d'affaiblissement personnel particulier »10.
C/ L'atelier d'art-thérapie permet une
continuité identitaire.
Les idées abordées, dans l'hypothèse
d'une prise en charge en art-thérapie orientée dés
l'entrée en institution, le sont, dans l'objectif de favoriser au mieux
ce changement de vie pour la personne âgée et indirectement son
entourage.
En effet, l'art-thérapie dans ce contexte pourrait
participer à une adaptation la plus harmonieuse possible.
Si une entrée dans des conditions sereines ainsi qu'une
préparation adéquate constituent des moyens pour prévenir
certains risques, la poursuite de l'intérêt porté au
résident une fois son entrée est importante
Chaque entrée se doit d'être adaptée, et,
malheureusement, faute de temps et de moyen, l'équipe a souvent tendance
à se « borner » aux seules cases du dossier d'admission, sans
réellement se détacher de la partie purement administrative du
recueil de données.
C'est pourquoi, la prise en charge en art-thérapie
orientée dés l'entrée en institution pourrait aider le
nouveau résident dans cette étape. Mais, elle pourrait
également permettre à l'équipe de recueillir d'autres
informations, non plus simplement administratives au sujet du nouvel
arrivant.
L'art-thérapie, dans le but d'optimaliser ce grand
bouleversement pour le résident, pourrait lui permettre d'entretenir et
de nourrir le maintien de l'identité.
Nous avons vu que l'entrée en institution et l'existence
collective qu'elle impose plonge brutalement la personne âgée dans
une toute autre logique.
10 M.Personne, R. Vercauteren « Accompagner
les personnes âgées fragiles » p7
Après avoir quitté son ancien lieu de vie,
accepter le quotidien du séjour en institution entraîne
également pour elle beaucoup de souffrance. Il lui faut se prêter
à un certain nombre d'apprentissages.
Ainsi, à travers cette prise en charge le nouveau
résident pourrait trouver :
-Un moyen de poursuivre ses activités
-Avoir l'occasion de sortir de sa chambre (souvent lieu
d'isolement à l'entrée)
-Avoir la possibilité de rencontrer d'autres
résidents à travers des prises en charges collectives - Maintenir
son autonomie
- trouver du plaisir à travers une activité
gratifiante
Réamorcer la possibilité d'un futur, d'un projet,
faire entrevoir que les choses pourraient être autres et qu'on peut
encore aspirer à quelque chose de bon, se projeter dans un futur,
où on pourrait changer, ré-entamer une vie, pouvoir sortir du
gris, du terne, de la souffrance glaciale, pour enfin pouvoir se permettre de
vivre autrement, de se vivre sur un mode moins dévalorisant, faire
redémarrer le temps en « injectant » du désir, en
«injectant» du projet, en tentant de donner foi en un futur autre.
1/ Les résidents en situation d'institutionnalisation
soudaine peuvent être réfractaires aux activités.
Les premiers temps de vie en institution sont souvent un moment
de rupture marqué par l'angoisse, l'incertitude et l'indécision.
Le second temps étant celui de la résignation.
Certains résidents choisissent de s'isoler
volontairement, la vie en collectivité leur pèse, ils
préfèrent rester dans leurs chambres et attendre la visite de
leurs proches. Ils ne participent pas aux activités collectives et
préfèrent que l'on passe un petit moment à bavarder avec
eux. La fréquente brutalité de l'institution peut
également provoquer chez la personne âgée une envie de
s'isoler. Le sujet se voit alors refuser tout type d'activité pour
signifier son refus d'institutionnalisation. On peut ainsi imaginer qu'il soit
également réfractaire à l'idée de participer
à un atelier d'art-thérapie.
2/ L'art-thérapie n'est pas qu'action mais aussi
contemplation.
Il demeure cependant que l'isolement n'est pas toujours un
choix. Concernant principalement les personnes alitées ou à
mobilité réduite, en grande perte d'autonomie ou très
dépendantes physiquement, quelques unes sont recroquevillées et
silencieuses dans leurs fauteuils, sombrant dans un isolement total .
Lors du stage, j'ai été confrontée
à des discussions à ce sujet avec l'équipe. En effet,
certains membres du personnel affirmaient « qu'il n'y avait plus rien
à faire » avec ce type de personne, que leur incapacité
physique les empêchait de prendre part à tout type
d'activité .
Il me semble important de poser une réflexion sur ce
sujet.
Je rappelle en réflexion à ce sujet le chapitre que
nous avons évoqué plus haut concernant l'implication du corps
physique dans l'activité artistique.
La présence en soi est une participation, elle engage
à se montrer aux autres, à s'impliquer avec les autres.
La passivité, ici associée à une
activité (l'art-thérapie) n'est en aucun cas synonyme de
vacuité. Ce temps de présence est directement en rapport avec
l'action.
L'art-thérapie en plus de l'animation est peut être
la seule circonstance où peuvent se rencontrer et cohabiter le temps
d'une séance les résidents.
Les déplacements en maison de retraite n'ont pas souvent
de rapport immédiat avec l'envie ou la volonté de se rendre
quelque part.
Les résidents ne sont pas facilement acteurs de leur
mobilité. Et c'est bien souvent l'organisation du travail qui programme
les déplacements.
Aussi, donner la possibilité aux résidents de
choisir ou non son déplacement à travers la proposition de
participation à l'atelier d'art-thérapie, c'est
déjà lui rendre la possibilité d'être maître
de sa mobilité.
De plus, accepter de participer à ces séances,
même sans implication physique dans l`activité mais ne serait ce
que par sa présence c'est aussi être maître de sa
volonté.
C/ Le bien être des résidents passe aussi
par le bien être de l'équipe.
Nous avons principalement abordé la vie en institution
sous l'angle de la personne âgée. Il ne faut cependant pas oublier
que si cette vie en institution est possible c'est grâce au travail des
professionnels. Il convient de s'intéresser aux difficultés
qu'ils peuvent rencontrer dans leur travail.
1/ L'équipe de soin peut rencontrer des
difficultés
a)- Le contexte de soin au sein d'un EHPAD est
particulier
Les "soignants" entendus ici comme étant l'ensemble des
aides-soignants(es), des A.M.P., des A.S.H., mais aussi toutes celles et tous
ceux qui sont amenés à soigner ou à servir en E.H.P.A.D.,
ont pour tâche de faire au mieux, pour assurer le bien-être des
résidents(es).
Pour les infirmières, les aides soignantes ou
auxiliaires de vie, être confrontées chaque jour à la
dépendance, à la vieillesse et à la mort est un vrai
défi. Cela nécessite des ressources personnelles importantes, une
énergie de chaque instant. Le travail est éprouvant physiquement,
par des allées et venues continuelles d'une chambre à l'autre, du
salon à la salle à manger, par de nombreux transferts de
résidents aussi, du lit au fauteuil et du fauteuil au lit, plusieurs
fois pas jour, même si ces manoeuvres sont le plus souvent
facilitées par des lits médicalisés ou l'utilisation de
lève malade. La moindre absence d'un salarié perturbe cette
organisation minutée et demande chaque fois au personnel un effort
supplémentaire pour satisfaire à l'ensemble des soins
exigés.
Le manque de temps, cette course contre la montre, sont
souvent évoqués dans les transmissions d'équipe, surtout
lors de certaines périodes, ou du fait de l'aggravation de la
dépendance de certains résidents, la charge de travail
s'accroît considérablement. Au delà d'un travail
physiquement pénible, le personnel doit faire face à un travail
éprouvant sur le plan psychologique.
b)- Les soignants peuvent souffrir d'un manque de
reconnaissance
Dans son quotidien, le personnel est confronté à la
dépendance, à la déchéance physique, à la
démence, à l'agressivité de certains résidents.
Les soignants absorbent comme des éponges, les
angoisses, les souffrances, les moments de déprime, l'agressivité
et les délires...ils essaient d'y répondre par de l'attention, de
l'écoute de la réassurance. . Ils doivent faire preuve de
patience : négocier, discuter, pour un soin, un repas, une prise de
médicament. (comme nous avons pu le voir lors de la prise en charge
d'Anna).
A ces difficultés s'ajoute le contact quotidien avec les
familles parfois exigeantes, agressives, ou angoissées, ce qui demande
du temps et de la patience.
Par ailleurs, le décès d'un résident est
bien souvent vécu comme une épreuve, après une
période de soin ou chacun s'est beaucoup investi, car accompagner la vie
jusqu'à son terme ne laisse jamais indifférent.
Le travail en maison de retraite est différent d'un
autre service de soin car c'est un lieu de vie où la sortie se solde par
le décès. Ce côtoiement avec la mort et la vie
retirée avec les résidents entraîne un isolement
professionnel qui contraste avec les autres soignants. Pour ces derniers,
l'objectif du soin est le retour à l'autonomie alors que l'infirmier de
maison de retraite par exemple doit se fixer d'autres buts pour lui permettre
de trouver une motivation dans son travail.
Ajoutez à cela les facteurs personnels, ainsi que les
facteurs institutionnels (manque de soutien, de reconnaissance, mauvaise
communication au sein de l'équipe, rapports hiérarchiques) mais
aussi facteurs liés à la spécialité ( charge de
travail, répétition des deuils). De plus, les équipes ont
à appréhender tout un éventail de profils psychologiques
et donc de comportements devenant parfois difficiles à maitriser,
à comprendre et à partir desquels il faut s'adapter, et les
savoirs construits chaque jours par les soignants ne sont malheureusement pas
toujours considérés
c)- La souffrance des soignants peut avoir un impact sur les
résidents.
Les personnes âgées transfèrent toutes
leurs charges affectives et leurs angoisses sur le personnel qui devient leur
seul interlocuteur et on peut déjà mesurer le poids qui incombe
aux soignants.
Les soins quotidiens, notamment la toilette ou l'aide aux
repas vont créer une sorte de relation parents/enfants. Le risque
étant de créer une situation infantile provoquant une situation
de régression chez le résident.
Ce rapport de force inversé donne au personnel un pouvoir
qui, lorsqu'il n'est pas contrôlé peut conduire à des
situations de maltraitance.
2/ Proposons une hypothèse de prise en charge des
soignants.
a)- L'équipe soignante est une équipe
multiculturelle
Ces derniers temps ont vu se rencontrer dans les équipes,
des membres plus anciens et non qualifiés et des effectifs nouvellement
diplômés ou nouvellement arrivés.
De plus, il est des différences interculturelles au sein
des équipes qu'il est indispensable de prendre en compte
b)- L'art-thérapie peut permettre aux soignants de
retrouver un plaisir dans l'activité ainsi qu'une reconnaissance.
Cette hypothèse est principalement axée autour de
l'idée de fédérer une équipe et créer du
lien par une démarche participative autour d'un projet.
Mettre en place des séances d'art-thérapie de
groupe, avec des personnes de diverses qualifications et provenant
d'équipe différentes, peut permettre à ces groupes de
travailler de façon transversale dans une approche différente,
offrant une approche culturelle diversifiée. Cela permettrait au
personnel de mieux se connaître et de faire émerger une
communication et des relations entre les différentes personnes
constituantes du groupe.
Au cours de ces séances, les difficultés
rencontrées par le personnel peuvent être mises à
l'écart ou abordées librement.
Proposer de l'art-thérapie au personnel peut permettre de
décloisonner l'organisation du travail pour créer du lien.
Souvent, une affectation des salariés en binôme
par étage est donnée. Mais cette situation peut aussi donner lieu
à un manque de communication et de relation avec les autres membres de
l'équipe. A travers les séances d'art -thérapie,
l'objectif pourrait être de recréer du lien afin de rendre
l'équipe plus dynamique et solidaire, et de fait, plus disponible et
plus efficace pour les résidents.
L'intérêt de ces groupes étant de
rencontrer l'autre, d'apprendre à le connaître hors du contexte de
soin. Le personnel devient le temps d'une séance le centre
d'intérêt. En leur permettant de partager des expériences
autres que les expériences professionnelles, de mettre en commun leur
savoir, savoir faire et savoir être.
Puisque mieux connaître l'autre, c'est aussi avoir la
possibilité de créer des liens et de développer ainsi une
certaine cohésion dans l'équipe.
c)- La mise en place d'un atelier collectif de soignants peut
poser quelques difficultés.
Concevoir et mettre en oeuvre ce type de projet
nécessite de trouver du temps disponible pour sa mise en oeuvre. Les
personnes principalement concernées, à savoir le personnel comme
nous l'avons vu plus haut, sont déjà très prises par le
temps.
Compte tenu de l'organisation du travail, il serait
inenvisageable d'imaginer réduire le temps consacré aux soins en
projetant ces séances sur leur temps de travail, ainsi le seul levier
d'action serait que le personnel participe à ces séances hors de
leur temps de travail. Mais comme nous pouvons le comprendre, ils quittent leur
lieu de travail une fois leurs journées terminées. Ainsi, on peut
se demander si le personnel accepterait de rester une heure
supplémentaire, au sein de l'établissement pour participer aux
séances. On pourrait peut être imaginer qu'un lieu
extérieur a l'établissement serait plus propice à ce type
de projet.
De plus, accepter de participer à ces séances
pourrait sembler paradoxal à l'équipe puisqu'ils passeraient du
statut de soignant à celui de soignés. Avouant ainsi le passage
de la plainte à une demande d'aide et les difficultés qu'il
implique.
3/ Proposons l'hypothèse d'un atelier
d'art-thérapies de groupe soignants/soignés.
a)- La difficulté des relations humaines au sein de
l'institution est une souffrance commune.
Les résidents ont besoins de soin, mais surtout que
l'on prenne soin d'eux. Et prendre soin ne s'arrête pas à offrir
une prestation de soin, social, hôtelière mais à
reconnaître le résident comme sujet dans toute sa
singularité. Ainsi, les besoins des résidents ne se portent pas
simplement sur des besoins physiologiques, mais aussi relationnels et
sociaux.
Les interventions des salariés auprès des
résidents leur renvoient une image de leur exercice professionnel
souvent dévalorisante et insatisfaisante. Ils enchaînent des
toilettes, des changes, des aides alimentaires dans des temps très
courts avec des gestes très techniques mais où l'espace
relationnel est mis de coté.
Ces deux observations nous permettent de cibler une
difficulté inhérente aux deux parties. En effet le manque de
relation semble être une souffrance commune.
b)- L'établissement est un lieu de travail pour l'un et
un lieu de vie pour l'autre
Il faut noter que le personnel est sur son lieu de travail alors
que le résident est dans son lieu de vie.
Bien qu'indissociable, le temps des résidents et celui
des personnels ne sont pas de la même nature. Lorsque les uns sont
pressés par le temps (pour finir avant 11h les toilettes par exemple)
les autres attendent. Les deux parties souffrent de la situation. D'un
coté ceux qui patientent et réclament, et ceux qui s'irritent de
voir tant d'impatience. La charge de travail du personnel ne peut être
augmentée sans affecter le bien être des résidents.
C'est cette valeur accordée au travail du personnel qui
constitue souvent le point de rencontre entre le temps des résidents et
celui du personnel. Et souvent, leur congé, leur qualité de
travailleur, leurs horaires servent de sujet aux résidents (nous avons
pu l'observer dans l'étude de cas d'Anna).
Ainsi, le rythme de la vie en institution est plus souvent
centré sur l'activité soignante que sur la vie de ses
résidents. La journée des résidents est rythmée par
le travail soignant sur le déroulement duquel ils n'ont aucune prise.
L'optimisation de la prise en charge est contrainte par
l'optimisation du travail soignant.
c)- l'atelier d'art-thérapie offre un espace
relationnel
Face aux contraintes techniques, au manque de temps, l'atelier
d'art-thérapie offre l'occasion, de développer la relation
humaine soignant / soigné.
Parce qu'à l'occasion de ces ateliers, soignants et
soignés « travaillent » ensemble, ils construisent une
relation faite de complicité et de confiance.
La prise en charge en art-thérapie d'un groupe
soignant/soigné pourrait participer à la recherche d'un mieux
être, à une amélioration de la qualité de vie au
quotidien tant pour les résidents que pour les membres de
l'équipe.
En favorisant les échanges par le biais de l'expression
créatrice de chacun, l'objectif de ce type de prise en charge serait de
tenter de développer un état d'esprit porté par l'ensemble
des acteurs de l'établissement, à savoir les résidents et
le personnel.
En offrant à chacun la possibilité de se
rencontrer dans un autre contexte que celui du soin, en permettant à
chacun tout d'abord d'exprimer ou non son choix de participation, du type
d'activité, en favorisant l'expression de ses désirs, comme celui
de prendre du plaisir pour soi et avec les autres. En finalité, se
sentir exister, et, en favorisant des échanges et des transmissions
mutuelles fondées sur le plaisir de partager aide à lutter contre
le cloisonnement entre ces deux parties qui pourtant cohabitent.
Le contexte d'une prise en charge en commun en
art-thérapie apparaîtrait comme une raison, une motivation
à cette relation. Le lieu même de l'atelier jouant le rôle
de lieu de contact qui permettrait de créer un lien, comme un pont entre
les rives qu'ils représentent. .
Si l'acte de soin purement médical ne peut subir cette
transgression, le « prendre soin » à travers l'activité
et le plaisir partagé, lui, le peu.
L'atelier d'art-thérapie serait en mesure d'offrir un
contexte de communication à la fois verbale ou non verbale. L'art et
l'art thérapeute jouant le rôle de médiateur.
En effet, à mesure que la personne âgée
avance dans la dépendance, elle voit aussi la communication mise en
cause.
A travers cette hypothèse de prise en charge, la personne
âgée et le personnel se voient offrir la possibilité d'une
expressivité accessible .
Le personnel et les résidents n'ont souvent la
possibilité de créer une relation que lors des moments
clés de la vie du service, à savoir les toilettes, les repas, les
soins...
Nous pouvons donc supposer que leur prise en charge en
art-thérapie pourrait leur permettre de communiquer autrement, de
prendre du temps, de donner du sens autre que médical à leurs
actes, de façon à rompre les relations techniques qui lient le
personnel aux résidents.
d)- L'équipe de soin se doit de garder une distance
avec les patients.
On peut se questionner sur les risques que pourrait
présenter une telle prise en charge.
Nous comprenons que l'équipe se doit de garder une
distance avec les résidents, et inversement. Cette distance qui
correspond à une relation juste que deux individus doivent trouver pour
pouvoir se parler.
Les résidents étant déjà en
demande d'un rapprochement relationnel avec le personnel soignant, la mise en
place d'un atelier commun pourrait mettre le personnel dans une position encore
plus vulnérable.
Il se dessine dans ce questionnement une opposition entre une
attitude purement déontologique objective, et une attitude où le
soignant serait amené à agir au delà de son rôle en
tant que personne face à une autre personne et cela sans filet, et sans
distanciation mettant le patient et lui même en danger.
e)- La prise en charge d'un groupe soignant/soigné
pourrait permettre une meilleure qualité de soin.
Il est évident qu'il y a nécessité d'une
collaboration entre les résidents et les soignants, ne serait ce que
lors des soins.
La personne âgée doit pourvoir se mobiliser pour
aider le soignant, se tourner sur le coté par exemple.
Nous savons qu'une relation de confiance est un
élément moteur dans l'acceptation du soin. Hors, en EHPA la
communication se met essentiellement en place à travers un
échange d'ordre médical.
Ainsi, les résidents et les soignants voyant la
possibilité d'entrer en relation dans un autre
contexte , verraient
en même temps la possibilité d'engager une forme de confiance
entre eux.
Et l'on peut imaginer que cette confiance acquise au sein de
l'atelier, serait bénéfique lors des soins.
.
D/ Il existe des avantages à la présence
d'un art-thérapeute au sein des EHAPD.
1/- Un regard sur les apports d'un art-thérapeute à
l'équipe de soin.
a)- La complémentarité des observations
pluridisciplinaires et interprofessionnelles est bénéfique.
L'interprofessionnalité permet une prise en charge de
la personne âgée grâce à une vision globale de sa
situation. Chacun des membres ne disposant que d'une approche parcellaire de la
personne, une mise en commun est nécessaire pour mettre en place un
dispositif de prise en charge cohérent.
Ainsi, une approche du résident dans sa
globalité constitue une reconnaissance plus sincère de sa
personne, de son identité. Les résidents ne sont plus
considérés comme des corps à laver, à soigner,
à nourrir ou à animer, mais des sujets avec un parcours et une
vie qui ne s'est pas arrêtée à l'entrée de
l'institution.
b)- L'art thérapeute participe à l'idéal
de réalisation d'un soin de qualité
La médecine à toujours fait appel à une
vision objectivée basée sur la pathologie, sur l'organe
malade.
Déjà Descartes au XVIIème avait une vision
mécaniste de l'homme. Créé par Dieu, il suffisait de
remplacer l'organe malade pour guérir le malade.
Ainsi, la médecine considérait le corps mais
négligeait, ou plutôt, niait la liaison que le corps avait une
âme.
Pour entamer cette réflexion sur ce qu'est aujourd'hui
un soin de qualité il paraît opportun de faire
référence à Victor Von Weizsäcker qui en tant que
philosophe s'est intéressé sur la quintessence de la
médecine.
c)- Victor Von Weizsäcker a une réflexion :
« placer le sujet au centre de la praxis médicale »
Pour Victor Von Weizsäcker c'est la
médicalité de la médecine qui définit l'essence de
la médecine. Cela sous entend pour lui de placer le sujet au centre de
la praxis médicale. Alors ,que très longtemps, seule la
pathologie était le centre d'intérêt du corps
médical. Cela marque une évolution majeure dans notre
société. Le sujet se trouve au centre de nos
préoccupations.
d)- Il existe une différence entre faire du soin et
prendre soin
Si faire du soin renvoie à l'acte de soin, cet aspect
du soin reste dénué de tout lien entre le soignant et la personne
malade. Alors que prendre soin implique que le soignant considère la
personne qu'il va soigner. Non seulement il soigne le malade mais il entreprend
une relation soignante avec le patient.
Ce concept de soin renvoie le soignant à ses propres
valeurs et à son éthique du soin.
Ce concept de prendre soin désigne cette attention
particulière que l'on va porter a une personne vivant une situation
particulière en vue de lui venir en aide, de contribuer à son
bien être et de promouvoir sa santé. Cette conception du soin
constitue à mon sens les valeurs d'un soin de qualité, que doit
rechercher sans cesse l'art thérapeute avec ses patients, au même
titre que tout soignant dans ses relations avec les atteints.
2/ L'art thérapeute propose un lien entre le projet de vie
et le projet de soin. .
La présence d'un art thérapeute au sein de
l'équipe, peut permettre de favoriser l'émergence d'une culture
commune du soin et du bien être du résident.
La prédominance du soin et le cloisonnement professionnel
qu'elle entraîne peut représenter un frein à
l'amélioration de la qualité de vie des résidents.
Dans un premier temps, un rapprochement entre le projet de vie et
le projet de soin, via l'artthérapie garantirait une meilleure prise en
compte des souhaits des résidents.
Favoriser l'autonomie de la personne âgée dans un
EHPAD peut être vu différemment selon chaque membre de
l'équipe.
Si pour une infirmière cette idée peut
être vue exclusivement sous l'angle de la maladie ou du handicap,
perpétuant ainsi la prédominance du soin, l'art-thérapie
quant à elle vient recentrer les pratiques sur les attentes et donc le
bien être du résident.
La présence d'un art thérapeute au sein de
l'équipe permettrait une certaine cohérence dans les champs
d'intervention communs, pour valoriser une approche globale de la personne
âgée qui repose sur la complémentarité des
ressources pluri-professionnelles de l'établissement, contribuant ainsi
à la réalisation de l'enjeu de qualité, en globalisant
l'accompagnement et surtout en l'adaptant au contexte de vie.
« Que l'on parle d'humanisation, de projet de vie, de
qualité de vie, (...) toutes ces démarches sont indissociables,
car il importe dans tous les cas de faire des établissement de
réels lieux de vie . Il s'agit de ne pas limiter la prise en charge de
la personne âgée à la réponses aux besoins
fondamentaux »11
11 « Les personnes âgées en institution,
vie ou survie ? » C. Badey-Rodriguez p9, Seli Arslan 1997
CONCLUSION :
Quelques années avant de mourir, Winnicott avait
écrit dans un carnet ces quelques mots : « Oh Dieu, faites que
je sois vivant quand je mourrai. » Ce voeu et cette réflexion
montrent que la vieillesse est une expérience particulièrement
difficile et déroutante.
Aujourd'hui, on porte un autre regard sur la personne
âgée, elle commence à être considérée
autrement, c'est-à-dire comme un être à part entière
qui mérite non seulement notre compréhension, notre
intérêt, notre respect mais surtout notre écoute, cette
écoute faisant désormais partie intégrante d'un travail
trop longtemps négligé.
A l'instar du médecin, du psychologue ou de tout autre
membre de l'équipe de soin, le travail de l'art-thérapeute est
également important.
Nous avons vu que le choix participe à notre vie au
quotidien. Malheureusement nous avons observé que cet accès au
choix était difficile en EHPAD.
Ainsi tout au long du mémoire nous avons
démontré comment l'art-thérapie pouvait permettre à
la personne âgée de retrouver un statut d'individu au sein de
l'institution. Tout d'abord en lui rendant cette possibilité de choix,
et en lui donnant la possibilité de s'exprimer singulièrement.
Au travers de cette analyse nous avons également
précisé que ce travail prenait tout son sens dés lors
qu'un travail d'équipe était mis en place.
En effet l'interprofessionalité peut constituer une
réponse efficace dans l'objectif d'améliorer la qualité de
vie des personnes âgées. L'art-thérapie permet le
développement d'une culture commune, où la subjectivité du
patient viendrait compléter les informations médicales.
A travers l'étude de cas d'Anna nous avons pu voir que le
plaisir de faire, passe par le plaisir de posséder une identité,
lui permettant ainsi de maintenir un statut, et des liens sociaux.
La prise en charge en art-thérapie a permis de freiner le
mouvement régressif, en permettant l'émergence d'une solution
répondant aux exigences de la situation présente.
L'art-thérapie peut permettre à la personne
âgée de redevenir susceptible de progrès, alors que souvent
le personnel la croit enlisée dans un processus de
dégénérescence.
En étayant cet aspect, nous avons pu voir que
l'art-thérapie était en mesure de répondre à la
fois aux demandes des résidents mais aussi du personnel.
Dans un souci de rendre du sens, aussi bien à la
structure, qu'à l'équipe de soin, et aux résidents, nous
avons pu nous rendre compte que la relation est l'une des richesses du
métier. Je pense que dans le cadre des maisons de retraite, elle
constitue l'un des enjeux global.
Mais c'est aussi un enjeu global de la société dans
laquelle s'insère la question de la représentation et donc de la
considération de la personne âgée.
Annexe n°1 : Application de la pyramide de Maslow aux
personnes âgées placées en institution.
Besoin de résoudre des taches, de s'impliquer dans un
projet
|
Aide au maintien de
l'autonomie besoin de reconnaissance d'un statut , de se sentir
écouté et respecté
|
Trouver des appartenances nouvelles , besoin de contact humain
|
Besoin de se sentir aidé et entouré plutot que
contraint et
|
Besoin de nouvelles
stimulations sensorielles pour compenser les pertes
occasionnées par le
vieillissement
|
Abraham MASLOW 12était psychologue. Il a
développé une théorie sur les besoins humains sous forme
de pyramide illustrée ci dessus. Pyramide que nous avons tenté
d'appliquer aux personnes âgées placées en institution.
12 Les informations sur A. Maslow sont tirées
du site internet
www.maslow.com
Annexe n°2 : Schéma synthétique de
l'opération artisique13
8
2 5
4
: << l'avant >>, considérant qu'avant nous,
l'Art existait déjà. L'être humain naît dans un monde
ou l'Art est déjà présent
1 : << l'oeuvre d'Art >>, caractérisée
par son identification en tant que telle. , elle existe en elle même, par
elle même et pour elle même.
2 : le << 1 >> rayonne, et, est motif à
être vu, entendu, autrement dit
capté. la double flèche
représente l'accident spatio temporel qui rayonne, et l'autre
flèche, sa captation.
3 : << le traitement brut ou archaïque de
l'information >> phase initiale du traitement neurologique de
l'information
4 : << Le traitement sophistiqué de l'information
>>, suite aux réactions archaïques du corps fait place une
activité mentale, sollicitant les mécanismes de
représentation, d'abstraction, impliquant la personnalité du
sujet.
5 : << La pousse corporelle >>, c'est cet
entraînement qui produit la poussée de nature à produire un
élan corporel. C'est lors de cette phase que l'activité passe de
l'impression à l'expression.
6 : << le savoir faire, la technique >>, l'acte
volontaire dirigé, produit lors des phases 4 et 5, les savoirs faires et
techniques sont impliqués, l'organisation des mouvements, la
motricité sont impliqués.
7 : << La production artistique >>, c'est le
résultat de la mise en oeuvre des phases précédentes.
13 13 R. Forestier, << Tout savoir sur
l'art-thérapie >> 5ème édition p172-187 FAVRE
2007
8 : « Le traitement mondain », l'oeuvre d'art
n'existant qu'en elle-même, par elle même et pour elle même,
elle est donnée a être vue, captée.
1' : L'oeuvre d'art produite devient à son tour un nouvel
accident temporel renvoyant à la phase 1.
|
|
|
|
|
|
|
Elément moteur de
|
Volonté de retrouver
|
Révélation de
|
Estime et confiance sont
|
la prise en charge
|
|
cette sensation agréable
|
|
capacité oubliée
|
|
nécessaires à la prise de contact avec autrui.
|
Objectif intermédiaire n°1 :
Relation à l'artthérapeute
Items: -qualité -mode -contact -dynamique
Objectif intermédiaire n°5 :
Implication relationnelle sociale
Items : -contact avec résident/personnel
-Mode relationel -Qualité
- Fonction
Objectif
intermédiaire n°2 : Plaisr dans
l'activité
Items : -qualité
-implication -participation
-sourire
Objectf intermédiaire n°3 :
Confiance en soi
Items : -prise d'initiative
- choix
- autonomie
Objectif intermédiaire n°4 : Revalorisation
image de soi
Items : - apparence de la chambre
-apparence physique - physique soigné
Objectif général :
REVALORISATION DE L'ESTIME DE SOI
Annexe n°3 : Shéma récapitulatif de
la stratégie thérapeutique d'Anna
Annexe n° 4 : Tableau récapitulatif des
bénéfices d'une prise en charge des résidents sur l
'équipe soignante.
Adulte âgé
|
Soignants et auxiliaires
|
Conserver et stimuler l'autonomie
|
Libération de la charge de travail de petites taches
éventuelles au quotidien
|
Développement relationnel avec l'art-thérapeute
et/ou un groupe de résidents
|
Baisse de l'importante demande relationnelle
|
S'impliquer dans un projet, redécouverte de
capacités oubliées.
|
Nouveaux sujets de discussions, meilleure connaissance de la
personne
|
|
|
Annexe n°5 : Tableau récapitulatif des
bénéfices de la prise en charge de l'équipe sur les
résidents.
Fédérer une équipe
Meilleure connaissance des autres membres
Soignants et auxiliaires
Adulte âgé
- L'équipe est plus solidaire donc plus disponible pour
les résidents
- L'équipe connaît mieux ses membres donc meilleures
organisation de travail.
Annexe n°6 : Tableau récapitulatif des
bénéfices d'une prise en charge soignants/soignés.
Soignant et auxiliaires
|
Adulte âgé
|
Mise en place d'une nouvelle confiance réciproque
|
Facilité d'accès aux soins
|
Meilleur connaissance du résident
|
Meilleure connaissance des membres de l'équipe
|
Ne communication non centrée sur le soi
|
L'équipe soignante répond aux attentes
relationnelles.
|
Un temps/ rythme commun
|
Réponse à la demande relationnelle.
|
Faire plaisir au lieu de prendre soin
|
Prendre plaisir au lieu de subir les soins.
|
Nouvelle forme de dialogue en changeant la nature de
l'échange ordinaire.
|
Sentiment de revalorisation
Valorise l'implication dans la relation.
|
BIBLIOGRAPHIE :
1- << Constitution de l'OMS »
élaborée et adoptée lors des conférences
internationales de la santé. 2005
2- G.BRAMI << Droits et liberté des personnes
hébergées >> Berger-Levrault 1995
3- P.MEIRE, I.NEYRINCK. « Le paradoxe de la vieillesse,
l'autonomie dans l'indépendance » De Boeck, Université
Paris, Bruxel , 1995
4- J.MANTOVANI, M.MEMBRADO << Expérience de la
vieillesse et forme du vieillir. >> Information sociale n°88,
2000
5- E.KANT << Critique de la faculté de juger
» (1790) p134-136 trad, A.PHILONENKO ,VRIN, 1993
6- « Les base de l'enseignement en art thérapie
», 1990, Publication de l'université de Tours.
7- JL.SUDRES, G.ROUX, M. LAHATIE, F.FOURNIERE, << La
personne âgée en Artthérapie de l'expression au lien social
>> L'Harmattan 2004
8- DRESS << Etudes et résultats, pathologie et
perte d'autonomie des résidents en EHPAD >> n° 515
9- » J.P KLEIN <<Que sais-je :
l'art-thérapie » Puf/2004
10- M.PERSONNE, R. VERCAUTEREN « Accompagner les
personnes âgées fragiles » Eres 2009
11- >> C. BADEY-RODRIGUEZ « Les personnes
âgées en institution, vie ou survie ? »
SeliArslan 1999
12-
www.maslow.com
13- R. FORESTIER << Tout savoir sur
l'art-thérapie >> 5 éme édition p172-187 FAVRE
2007
Université François Rabelais
UFR de
Médecine -
Tours
&
A.F.R.A.T.A.P.E.M
Association
Française de Recherche et Applications des Techniques
Artistiques en
Pédagogie et Médecine
UNE EXPÉRIENCE D'ART-THÉRAPIE AU
SEIN
D'ÉTABLISSEMENTS D'HÉBERGEMENT POUR PERSONNES
ÂGÉES DÉPENDANTES.
Daisy JOUAUD
Diplôme Universitaire d'Art-Thérapie / 2010
La vieillesse n'est pas une valeur prisée dans notre
société. C'est pourtant un processus qui tend à se
développer car les progrès actuels de la médecine
permettent une espérance de vie plus longue. Mais vieillir en bonne
santé devient un privilège.
Face à une perte d'autonomie grandissante, le placement
en institution devient incontournable. Le manque de personnel, de moyen et de
place, font de ces lieux un domaine ou << faire du soin >>
l'emporte sur << prendre soin >>, avec des conséquences
inévitables sur la qualité de vie des résidents.
Tout au long de ce travail nous allons tenter de répondre
à l'hypothèse suivante : L'art-thérapie peut permettre
d'améliorer la qualité de vie des personnes âgées
placées en institution.
Nous nous intéresserons au vieillissement, et aux
difficultés que peuvent rencontrer les résidents. Nous
décrirons les spécificités de l'art-thérapie ainsi
que ses méthodes d'applications.
Enfin, il sera discuté des différentes prises en
charges effectuées, et des possibilités de tirer avantage de la
présence d'un art thérapeute dans ces établissements.
An exprience of art therapy within nursing
home
Ageing is not well considered in our society. Nevertheless this
is a developing process that might last on longer periods, as the current
progresses of medecin allow a longer life expectation. But ageing healthy
remains a privilege.
In the face of a growing loss of autonomy the placement in
institutions becomes inescapable. The lack of staff means and rooms change
these institutions into place where << give care >>, takes over
from << take care >>with hudge consequences on the resident
`quality of life. Through this work we are considering the following
hypothesis:
<< Art-therapy can improve the quality of life of elderly
people leaving in institution >> We will describe the specificities of
art therapy and the different procedures to put an art therapy protocol into
practice.
In the end, two case studies will be dwelt with, as well as the
way to take the advantage of the present of an art-therapist in institution.
VIEILLESSE - DIFFICULTÉS - ART - SPÉCIFICITÉ
- THÉRAPIE