Cultures maraà®chères dans l'économie des ménages à Réo et à Goundi dans la province du Sanguié au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Siégnounou BOGNINI Université de Ouagadougou - Maitrise 2006 |
1 Burkina Faso Ministère des Enseignements Secondaire Ministère de l'Agriculture, de Supérieur et de la Recherche Scientifique l'Hydraulique et des (MESSRS) Ressources Halieutiques (MAHRH) Université de Ouagadougou Deuxième Programme National de Unité de Formation et de Recherche Gestion des Terroirs Sciences Humaines (P.N.G.T 2) Département de Géographie Coordination Provinciale Option : Géographie Rurale Boulkiemdé/Sanguié Mémoire de maîtrise LES CULTURES MARAICHERES dANS L'ECONOMIE bES MENAGES A REO ET A GOUNbI Présenté et soutenu par : Sous la direction de : BOGNINI Siégnounou Frédéric O. Koulansouonthé PALE siebognini@yahoo.fr Chargé de recherche 2 A MON PERE ET A MA MERE A TITRE POSTHUME A MON FRERE A MES SCEURS A LA FAMILLE BONDE A TOUS MES AMIS A TOUS CEUX QUI N'ONT CESSE DE ME TEMOIGNER LEUR ATTACHEMENT JE DEDIE CE MEMOIRE 3 Les efforts consentis par certaines personnes à la réalisation de ce travail exigent de notre part des remerciements. Nous adressons nos remerciements à tout le corps enseignant du département de géographie pour la formation reçu. A notre directeur de mémoire M. PALE O. K. Frédéric, nous disons grand merci pour la qualité de la formation et pour ses conseils. Notre reconnaissance et nos remerciements les plus sincères au personnel du PNGT2 du Boulkièmdé/Sanguié pour leur multiple soutien et aux paysans de Réo et de Goundi pour leur franche collaboration. A tous les membres de la COMAR, nous disons merci. Nos remerciements vont également à l'endroit de Monsieur et Madame DAMIBA, M. Niki BONDE, M. Yéréyavé T. BONDE, M. BALELEMA, qui nous ont encouragé dans cette initiative et nous ont manifesté leur soutien constant. Nous sommes reconnaissants aux amis et frères de chaque instant, YARO Yaya, YAMEOGO Siaka, BAKOUE Ousmane, COULIBALY Hamed, SANOU Bakari, SOMA Assonsi, WELGO Adama, KONKOBO Hamadou. A tous ceux qui n'ont pu être cités, nous leur disons merci. 4 Les cultures maraîchères à Réo et à Goundi étaient basées sur l'exploitation des jardins de case. Elles étaient consacrées aux légumes locaux comme l'aubergine, le gombo, l'oseille, etc. essentiellement pour la consommation familiale. De nos jours cette activité a connu une nette évolution. On est passé à une économie de marché favorisée par la proximité et le développement des centres urbains comme Koudougou qui augmente sans cesse les besoins en légumes des citadins. C'est ainsi que les ménages à Réo et à Goundi ont fait des cultures maraîchères leur principale activité de contre saison. Ils sont arrivés à intégrer le maraîchage dans leur système de production traditionnel prolongeant ainsi en saison sèche le calendrier agricole des principales cultures. Les revenus issus du maraîchage font de cette activité la principale source de revenus des ménages. Les cultures maraîchères rapportent l'essentiel des revenus parmi les diverses activités menées par les ménages. Elles ont un impact positif sur la vie sociale et économique des paysans à travers la création de nouvelles activités rémunératrices, l'acquisition des biens d'équipements et manufacturés, la contribution à la sécurité alimentaire, à la santé et à l'éducation. Le maraîchage apparaît donc comme une composante essentielle de l'économie rurale à Réo et à Goundi, dans le contexte actuel de la persistance de la pauvreté en milieu rural. Mots clés : Burkina Faso - province du Sanguié - Réo - Goundi - Agriculture - Cultures maraîchères -Système de production - Ménage - Economie rurale. 5 AGR: Activités Génératrices de Revenus AMB: Action Micro Barrage BACB: Banque Agricole et Commerciale du Burkina BNDT : Base Nationale de Données Topographiques BUC : Bibliothèque Universitaire Centrale BUNASOLS : Bureau National des Sols CFA : Centre de Formation Agricole CIDR : Centre d'Initiation au Développement de Réo. CIRD : Centre International de Recherche pour le Développement CNCA: Caisse Nationale de Crédits Agricoles COMAR : Coopérative Maraîchère de Réo CPR : Centre de Promotion Rural DAV : Délégué Administratif Villageois DPAHRH : Direction Provinciale de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques. DRAHRH : Direction Régionale de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques. ETP : Evapo-Transpiration Potentielle FCFA: Franc de la Communauté Financière Africaine INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie MAHRH : Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques. NPK : Nitrate Phosphate Potassium ONG : Organisation Non Gouvernementale PDLSaB : Projet de Développement Local du Sanguié et du Boulkièmdé SDR : Stratégie de développement Rural PNGT2 : Deuxième Programme National de Gestion de Terroir SDR : Stratégie du Développement Rural SOCCOPRAT : Société de Conservation, de Commercialisation et de Transformation des Produits Agricoles SONAPOST: Société Nationale des Postes et Télécommunication. UAT : Unité d'Appui Technique UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature UCOBAM: Union des Coopératives Maraîchères du Burkina ZAT: Zone d'Animation Technique 6 Dans la plupart des pays de l'Afrique sub-saharienne, les cultures maraîchères ont été introduites par les missionnaires blancs et les fonctionnaires de l'administration coloniale en vue de satisfaire leurs besoins alimentaires. Au Burkina Faso, ces cultures ont fait leur introduction vers les années 1920. Les sites de production étaient circonscrits autour des jardins de case et à proximité des camps militaires pour approvisionner en légumes les garnisons. Par la suite, le maraîchage s'est étendu à la périphérie des villes comme Ouagadougou et Bobo Dioulasso, où les populations expatriées étaient plus denses. Au moment des indépendances, ces villes connaissaient une extension favorisée par l'exode rural et l'explosion démographique. Cet accroissement de la population suscite une forte demande en produits maraîchers. La croissance de ces villes et la forte demande des légumes qui l'accompagne ont constitué le moteur du développement maraîcher. Selon une étude menée par Autissier V. (1994), une ville d'un million d'habitants dont la population augmente de 7% l'an, crée une demande supplémentaire en produits maraîchers qui nécessite la mise en terre de 50 à 100 hectares de légume chaque année. Par ailleurs, les grandes périodes de sécheresse de 1970 à 1973 ont également entraîné un essor important du maraîchage. L'activité maraîchère apparaît comme une alternative intéressante à un moment où les systèmes de production agricole fortement fragilisés entraînent des déficits céréaliers récurrents. Dès lors, les paysans s'y intéressent aussi bien pour améliorer leur ration alimentaire que pour leurs revenus. I. PROBLEMATIQUE Au Burkina Faso, le secteur rural occupe une place prépondérante dans l'économie nationale. L'agriculture qui emploie plus de 80 % de la population active contribue pour plus de 40% du PIB. Elle constitue donc la principale source de croissance économique du pays. Malgré tout, l'agriculture burkinabé reste en deçà des attentes des populations. Cette situation tient à une faible production agricole qui s'oppose à une croissance rapide de la population (3% par an). En outre, certaines activités économiques (élevage, pêche et exploitation forestière) non moins importantes qui autrefois venaient en appoint comme sources de revenus monétaires, sont aujourd'hui altérées par la dégradation des conditions climatiques et les sécheresses à répétition. Ces facteurs sont également à l'origine de la prédominance d'une agriculture de subsistance basée sur les cultures vivrières destinées à l'autoconsommation. Tous ces éléments concourent à une faible monétarisation de l'économie rurale. Pour y faire face, une des mesures prises par les pouvoirs publics a été de redynamiser l'agriculture en mettant l'accent sur les cultures de rente notamment le coton. Au vu des résultats impressionnants (70 à 90 milliards de francs CFA aux producteurs de coton entre 2002-2003 selon Stratégie de Développement Rural (SDR), 2004), on est tenté de dire que cette option constitue un enjeu important pour l'amélioration des conditions de vie des populations rurales. En dépit de ces multiples efforts, la pauvreté sévit avec plus d'acuité en milieu rural. En effet, selon la dernière Enquête Burkinabé sur les Conditions de Vie des Ménages (EBCVM) effectuée en 2003, 52,3% de la population rurale vivent en dessous du seuil absolu de la pauvreté estimé à 82 672 FCFA/ adulte/ an, contre 19,9% de la population urbaine. En terme de ménage, cette situation représente 43,5% des ménages qui n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins socio-économiques. Cette persistance de la pauvreté en milieu rural est également imputable à la faible diversification des Activités Génératrices de Revenus (AGR). Toutefois, l'extension des centres urbains et la diversification des habitudes alimentaires suscitent une demande de plus en plus croissante en produits agricoles, et constituent des opportunités pour développer des activités comme le maraîchage. Cette nouvelle donne explique en partie l'introduction et le développement des cultures maraîchères aussi bien en zone périurbaine qu'en campagne. En effet, le maraîchage revêt une grande importance au Burkina Faso. En 2003, 28 900 hectares y étaient emblavés pour le maraîchage (Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques, 2004). En plus, cette activité est une composante essentielle de la filière fruits et légumes qui contribue pour plus de 5 milliards au PIB (SDR, 2004). La culture maraîchère fait partie des activités qui visent l'amélioration des rations alimentaires et des conditions économiques des ménages en milieu rural. Pour les paysans qui le pratiquent, le maraîchage prolonge en saison sèche, les cultures céréalières de la saison des pluies, les initie à de nouvelles techniques de production et leur procure des revenus supplémentaires. Dans la province du Sanguié, la culture maraîchère a rapporté 748 405 211 francs CFA à 18 964 producteurs en 1997, soit une moyenne de 39 464, 52 francs CFA par producteur. En effet, dans cette province on dénombre de grandes superficies emblavées par le maraîchage. La production maraîchère était estimée à 33 539 tonnes en 2000, ce qui représentait 13% de la production nationale (INSD, 2000). Cette activité fait la renommée de cette province considérée comme l'une des capitales des produits maraîchers au Burkina Faso. Réo, chef lieu de la province du Sanguié et Goundi sont des zones réputées pour la culture maraîchère dans le Sanguié. Les cultures maraîchères y occupent une place importante dans les activités agricoles. Elles y ont été introduites par les missionnaires blancs à l'époque coloniale. L'engouement pour cette activité se poursuit de nos jours et est manifesté par la création d'une coopérative maraîchère la Coopérative Maraîchère de Réo (COMAR) en 1962 pour pallier les contraintes de production et de commercialisation. En 1985, les statistiques disponibles au niveau de la Direction Provinciale l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (DPAHRH) du Sanguié faisaient état de 652 tonnes de produits maraîchers récoltés dans la province du Sanguié. En 2004, selon la même source, cette production est passée à 11 095 tonnes. Réo et Goundi ont respectivement assuré 34,51% et 14,48% de cette production. Plusieurs facteurs expliquent le développement de la culture maraîchère dans ces zones. Il y a d'abord le développement et la proximité des villes comme Koudougou situé à 15km de ces localités ainsi que Réo, qui entraînent une forte demande en légumes. Ensuite il y a le développement des voies de communication (Nationale 1, 14 et 21) reliant les deux localités à Ouagadougou et Bobo Dioulasso en passant par Koudougou. Goundi et Réo profitent de leur position géographique pour produire et approvisionner ces centres urbains. Le maraîchage y constitue la principale source de revenus et occupe les ménages en saison sèche. Cette activité présente donc des opportunités économiques importantes dans le contexte actuel de la persistance de la pauvreté en milieu rural. La présente étude qui s'intitule « les cultures maraîchères dans l'économie des ménages à Réo et à Goundi » vise à analyser l'ampleur de cette activité dans ces localités tout en mettant en exergue les transformations socio-économiques induites dans la vie des ménages qui la pratiquent. Il est donc important de savoir comment s'organisent la production et la commercialisation des produits maraîchers face aux besoins croissants des citadins et des populations locales ? Quelles peuvent être les retombées économiques de cette activité pour les ménages de Réo et de Goundi ? Ces interrogations nous ont amené à formuler les hypothèses suivantes : II. LES HYPOTHESES DE TRAVAIL L'hypothèse principale de cette étude s'appuie sur l'idée que la culture maraîchère à Réo et à Goundi, occupe une place importante dans les activités agricoles et contribue à l'amélioration de l'économie des ménages comparativement aux autres activités économiques. De cette hypothèse principale découlent les hypothèses secondaires suivantes :
V. LES PROBLEMES RENCONTRES Les difficultés rencontrées lors de cette étude se situent dans la seconde partie de la démarche méthodologique, c'est-à-dire les enquêtes de terrain. Il s'agit notamment de la collecte des données sur les revenus. En effet, certains producteurs et vendeurs ont souvent montré des réticences à répondre aux questions relatives aux revenus. Cela est dû au fait qu'ils nous assimilaient à un agent des impôts. Cette situation a contribué à allonger le temps des enquêtes de terrain car il fallait mettre en confiance les producteurs et les vendeurs. Nous avons donc mené une petite sensibilisation à l'échelle locale afin de dissiper ces inquiétudes. En outre, nous avons constaté l'inexistence d'une comptabilité bien tenue par les ménages ; cela a rendu difficile l'estimation des revenus au cours des 2 dernières années précédent nos enquêtes. Malgré ces difficultés, nous avons pu mener à bout cette étude qui s'articule sur 3 parties : > La première partie présente le milieu physique, humain et économique de la zone d'étude ; > La deuxième partie décrit les aspects de la production, de la consommation et de la commercialisation des produits maraîchers ; > La troisième partie analyse l'impact du maraîchage sur les conditions de vie des ménages. PREMIERE PARTIE : LE CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN DES
CULTURES
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