1.5.5. Les formes de mécanisation de la production
maraîchère : une alternative pour accroître la
production
Des formations, initiées par les structures
d'encadrement ont porté sur toutes les opérations de production,
de la préparation de jardins à la récolte. L'ensemble de
ces techniques permet d'améliorer le rendement pour accroître le
revenu et également pour un meilleur approvisionnement des centres
urbains. Ces techniques de production moderne diffusées par les agents
techniques de l'agriculture, les projets de développement rural et ONG
intervenant dans la zone, sont beaucoup axées sur l'oignon à
cause de sa valeur commerciale.
Pour cette spéculation, un accent est mis sur la
fertilisation des sols. L'opération prévoit un apport
relativement important d'éléments organiques que minéraux.
En effet, il est
recommandé un apport de 15 à 20 tonnes/ ha de
fumure organique bien décomposée et 200 à 250 kg/ ha
d'engrais sur un sol bien mouillé.
Au stade de repiquage, il est recommandé de
l'urée à raison de 60 à 70 kg/ ha mélangés
à 150 kg/ ha de NPK aux pieds des plantules après 3 semaines.
Cette dose est répétée 45 jours plus tard.
Pendant le cycle végétatif, pour l'arrosage par
aspersion il faut 1L/ m2 chaque 2 jours, tard le soir. Pour ce qui
est de l'irrigation par gravité, il faut un arrosage chaque trois 3
jours.
La modernisation de la production maraîchère
prévoit de substituer aux petites planches, des planches plus longues de
4m de long sur 2m de large au moyen d'un équipement attelé
(charrue plus paire de boeuf). L'ensemble de ces techniques modernes permet
d'obtenir un rendement de 25 à 35 t/ha. Mais, elles sont difficilement
applicables.
1.5.6. Les raisons d'une non-application des techniques
modernes
L'ensemble des innovations pour accroître la production
maraîchère dans la zone d'étude rencontre des
difficultés dans leur application effective pour plusieurs raisons.
En effet, selon l'échantillonnage, le niveau
d'instruction est de 57,40% à Goundi contre 54,84 % à Réo.
Les illettrés représentent 42,6% des producteurs. Leur
instruction qui se résume pour la plupart à une
alphabétisation et quelques formations suivies à l'école
rurale n'est pas à notre avis suffisante pour maîtriser les
techniques modernes de production. Cependant, l'avantage est la solide
expérience que possèdent les producteurs de Goundi et de
Réo. Cette expérience est de 20 ans en moyenne et plus de 40 ans
pour certains.
La fertilisation pour la production de l'oignon est
entravée par le manque de moyen financier. La quantité moyenne
d'engrais chimiques utilisés estimés à 46,168 kg pour le
NPK et 17, 83kg pour l'urée à Goundi ; 26,41kg et 11,79kg
respectivement pour le NPK et l'urée à Réo est largement
en déça des quantités recommandées. Cette situation
est liée en plus du manque de moyens financiers, à un
problème de mentalité. En effet, le paysan gourounsi n'a pas
l'habitude d'investir d'énormes sommes dans son unité
d'exploitation. Sur le plan économique, le risque financier lié
à la rentabilité incertaine des investissements ne facilite pas
la modernisation.
Une autre raison selon les producteurs est que l'engrais
chimique altère la qualité gustative de l'oignon par une hausse
de la teneur en eau et réduit de ce fait la période de
conservation. La différence est vite faite par les commerçants
sur le marché car selon ces derniers, l'oignon produit uniquement avec
de la fumure organique a une écorce beaucoup
plus épaisse que celui produit avec de l'engrais et se
conserverait encore mieux. Cependant, l'utilisation du compost dans le
jardinage est limitée par le manque d'eau.
Le déficit en eau entraîne à la fois une
augmentation de la durée de décomposition des matériaux et
une réduction du volume produit d'où la difficulté de
l'utiliser la même année. En plus, cette même fumure est
utilisée dans les champs pour la culture vivrière. Une autre
contrainte est le besoin alimentaire des animaux qui réduit
considérablement les quantités disponibles des résidus de
récolte pour la production de la fumure. A cela s'ajoute le
caractère extensif de l'élevage et la faible intégration
agriculture-élevage.
L'introduction d'un équipement attelé comme la
charrue pour la confection des planches plus longues est un peu
influencée par les traditions ancestrales. Celles-ci autorisent un
individu à posséder un animal de traction (boeuf ou âne)
que si son père en possède. Dans le cas contraire, pour
l'acquérir, il faudra d'abord en acheter un pour le père vivant
ou décédé en guise de sacrifice avant d'en
posséder. Ce poids social a une grande influence sur la culture
attelée en pays gourounsi.
L'ensemble de ces techniques modernes de production est
difficilement applicable au contexte socio-économique des producteurs
gourounsi. Leur application implique nécessairement des dépenses
pour l'acquisition des facteurs de productions. Par contre, les producteurs
n'ont pas cette habitude de le faire et trouvent la campagne
maraîchère très courte alors que le maraîchage est la
principale source de revenu. La formation à ces techniques de production
passerait par un changement de mentalité pour une meilleure orientation
des revenus dans la production maraîchère.
|