Importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase : Observations
faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de
Cotonou
INTRODUCTION GENERALE
L'Ecole Polytechnique d'Abomey-Calavi (EPAC) dans le souci de
donner une formation de qualité à ses étudiants en
Analyses Biomédicales a instauré un stage pratique de fin de
formation en vue de compléter les cours théoriques.
Ainsi, notre stage de fin de formation s'est
déroulé dans le département LABORATOIRE du CNHU du 02 juin
2008 au 03 août 2008. Ce département est composé de cinq
services à savoir la Biochimie, la Parasitologie, la Banque de Sang
(BDS), la Bactériologie et l'Hématologie dans lesquelles nous
avons travaillé à chaque fois pendant deux semaines.
Tous les matins, nous étions à la salle de
prélèvement commune aux services du LABORATOIRE et nous avons
constaté que de nombreux prélèvements étaient
systématiquement rejetés, particulièrement ceux
destinés aux examens d'hémostase. Ceci nous a motivé
à choisir le thème : « Importance de la
qualité du prélèvement sanguin en hémostase :
Observations faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert
Koutoukou MAGA (CNHU-HKM) de Cotonou »
Les objectifs visés par ce travail sont les suivants :
OBJECTIF GENERAL
Montrer l'importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
- Identifier les défauts du
prélèvement sanguin réalisé par certains services
du CNHU-HKM.
- Apprécier les atouts du
prélèvement sanguin réalisé par la salle de
prélèvement des laboratoires.
- Montrer l'impact d'un mauvais prélèvement
sur les tests de l'hémostase.
1
Importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase : Observations
faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de
Cotonou
Pour ce faire, nous aborderons le problème suivant le
plan ci-après :
- Première partie :
Généralités sur le prélèvement sanguin au
laboratoire et plus spécifiquement sur le prélèvement
sanguin destiné aux examens d'hémostase.
- Deuxième partie : Cadre et méthodologie de
travail - Troisième partie : Résultats et commentaires.
Nous achèverons notre étude par une conclusion et
émettrons des suggestions.
2
Importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase : Observations
faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de
Cotonou
I- Importance de la phase pré-analytique
spécifique aux
prélèvements sanguins
1- Définition et importance
La phase pré-analytique est l'ensemble des facteurs
qui peuvent influencer le résultat d'un échantillon avant
analyse. Une bonne application des règles permet de réduire
l'anxiété du patient tout en augmentant l'efficacité et la
précision du préleveur.
Les prélèvements biologiques défectueux
obligent à refaire le prélèvement et entraînent des
coûts supplémentaires en personnel, en matériel, en temps
et en énergie. Si une anomalie n'est pas détectée ou
signalée, il est fort possible que les résultats soient
erronés et eux-mêmes responsables d'examens complémentaires
inutiles et pouvant porter préjudice au patient.
La non-conformité a un coût élevé.
Ce coût est estimé à 25 % du budget annuel du
matériel de prélèvement. La non-conformité des
échantillons peut avoir pour conséquence d'endommager les
analyseurs [4].
2- Qui est impliqué ?
Trois facteurs importants interviennent dans le processus
préanalytique. Le premier facteur est le facteur temps. Il
représente 20 % du processus diagnostique [4].
Le deuxième facteur est celui représenté
par les personnes. Dans ce processus participe un certain nombre
d'intervenants, à savoir le personnel infirmier, le personnel de
laboratoire, les médecins, les techniciens...
Le troisième facteur reprend les différents
chaînons du processus qui va de la prescription du médecin
à la saisie des données, du prélèvement proprement
dit au transport...
3- Importance de la phase préanalytique
Une méthode de travail prédéfinie par les
acteurs principaux, à savoir les enseignants, les instances
médico-hospitalières, permettrait de définir un processus
adéquat de prélèvement pour chaque situation. Cela
réduirait de manière significative les erreurs depuis la
prescription des prélèvements jusqu'à l'analyse de
l'échantillon prélevé. Les cinq points ci-dessous,
constituent probablement les points sensibles qui pourraient être
améliorés :
3
Importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase : Observations
faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de
Cotonou
- Les informations cliniques reprises sur la prescription
doivent être libellées de manière précise, lisible
et sans équivoque. Dans le cas contraire, il est fort possible et
même probable qu'il y ait un risque de mauvaise interprétation ou
que les actes posés soient erronés. De même, les
résultats ainsi obtenus seraient sans rapport avec la demande initiale
et mèneraient immanquablement à un retard de diagnostic.
- La prise de contact, l'identification ainsi que la
préparation du patient à elles seules sont sources de 22 %
d'erreurs importantes dans la phase préanalytique [2].
- Les conditions et mode de prélèvement
revêtent une importance essentielle dans la détermination des
résultats, la pose du diagnostic et le choix éventuel d'un
traitement (exemples : la gestion des veines difficiles, la gestion de
l'écoulement difficile, les essais répétés, ...)
- L'identification des échantillons est une
étape importante du processus de prélèvement. Ceux-ci
doivent être dûment étiquetés, identifiés et
comporter les informations suivantes : date de naissance, nom de jeune fille,
sexe, nature de l'échantillon, nom du préleveur, date et heure de
prélèvement, traitements éventuels suivis par le patient,
degré d'urgence de l'analyse.
- Le transport devrait être effectué de
manière optimale afin que le prélèvement ne subisse aucune
modification ; il devrait se faire dans des délais brefs et à
température ambiante. Un soin particulier en cas de transport par
pneumatique est à conseiller, car ce mode de transport peut provoquer
l'activation plaquettaire et par conséquent une hémolyse [4].
4- Quelques statistiques
D'après Narayanan et coll., les erreurs les plus
communément commises avant, pendant et après les
prélèvements sont principalement :
- phase pré-analytique : représente 85 % des
erreurs ;
- demande de reprélèvement : #177; 5 % ;
- tubes périmés utilisés : 9 % ;
- tubes mal identifiés : 22 % ;
- tubes non conforme : 17 % ;
- tubes manquants : 17 % ;
- tubes souillés + contact sang : 31 % ;
4
Importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase : Observations
faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de
Cotonou
- la phase préanalytique est impliquée dans 68 %
des erreurs en coagulation !
La détection d'erreurs est estimée de
manière globale à 0,11 % (pour la coagulation à 0,47 %),
ce qui en soi pourrait sembler une marge d'erreurs peu significative.
Remarque : Si nous prenons l'exemple de la coagulation,
nous constatons que la marge d'erreur grimpe à 0,47 %. A l'inverse,
l'implication de la phase préanalytique dans la marge d'erreurs
rétrograde à 68 %. Dans la conscience collective, la coagulation
est incontestablement le point d'attention ! [2].
5
Importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase : Observations
faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de
Cotonou
II- Facteurs d'influence et procédure de
prélèvement
Les facteurs d'influence et la procédure de
prélèvement peuvent modifier les valeurs jusqu'à plus ou
moins 50 %, voire augmenter certains paramètres de 30 fois leur valeur !
[2].
1- Facteurs importants d'interprétation
Dans les valeurs de référence, devraient
être repris l'âge, le sexe, la race, des facteurs qui peuvent avoir
une influence sur les paramètres suivants : hémoglobine, acide
urique, bilirubine, phosphatase alcaline, cholestérol, LDL, HDL... En ce
qui concerne la race, les paramètres suivants peuvent subir une
influence à savoir amylases, granulocytes, monocytes...
Le patient a-t-il pris un repas récemment ?
L'idéal est d'effectuer le prélèvement douze heures
après l'ingestion d'aliments, car certains paramètres comme le
glucose, les triglycérides, la Vitesse de Sédimentation...
peuvent être influencés. L'heure idéale de
prélèvement se situe entre 7 et 9 heures du matin et en tout cas
avant 12 heures, car les paramètres suivants peuvent être
influencés : cortisol, fer, calcium, magnésium, phosphore...
Idéalement, il faut attendre 12 heures après un
exercice musculaire pour effectuer un prélèvement, car les
paramètres suivants peuvent être influencés : lactates,
Créatine PhosphoKinase...
Il est important de s'assurer de l'existence ou non d'une
situation de stress, car les paramètres suivants peuvent être
influencés : cortisol, hormones thyroïdiennes...
Les facteurs principaux qui influencent les
prélèvements sont la grossesse, l'obésité,
l'alcool, le cycle menstruel, la contraception orale, le tabac, la
caféine, les médicaments.
La prise de sang doit s'effectuer avant les soins ou/et la
prise de médicaments. Si le patient prend des médicaments, il
faut prendre en compte le pic sérique, choisir l'état
stationnaire pour faire le prélèvement. Dans le cas d'un bilan
préopératoire, la surveillance du traitement, du bilan
thyroïdien et du bilan cardiaque est importante.
Afin que le prélèvement se fasse de
manière optimale, le patient sera en position couchée ou
allongée, éventuellement assis. Pour certains paramètres,
des variations pouvant aller jusqu'à plus ou moins 50 % sont
observées si le patient change de position. En position debout, les
variations s'échelonnent de 5 à 15 %. Les variations
observées lors de la préparation du prélèvement
(de
6
Importance de la qualité du
prélèvement sanguin en hémostase : Observations
faites au Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de
Cotonou
l'ordre de plus de 15 %) peuvent être dues au choix du
garrot, à une mauvaise utilisation ou un mauvais placement. La position
idéale du garrot se situe à plus ou moins dix centimètres
au-dessus du site de prélèvement.
L'ordre des tubes doit être respecté, ainsi que
le volume de remplissage. Le taux d'erreurs est estimé à #177; 2
% [2]. Étant donné les nouvelles normes des fabricants, le
mélange des tubes doit être effectué maximum 2 minutes
après prélèvement, et cela concerne tous les tubes.
Le stockage ainsi que le transport des tubes devraient se
faire en position verticale à température ambiante. La
température de conservation et de transport se situe idéalement
entre 4 °C et 23 °C.
Il faut respecter le temps de rétraction du caillot
pour les tubes sérum, à savoir 30 minutes à
température de la pièce. Cela permet d'éviter la
postcoagulation et le risque de blocage des automates. Les tubes sérum
devraient être centrifugés au plus tard 1 heure après le
prélèvement.
|