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Communes, organisations communautaires et ONG, comme couloir pour la participation de la diaspora africaine au développement de l'Afrique

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par Eric Patrick FEUBI PAMEN
Université de Yaoundé II SOA - Article 2009
  

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AFRICAN REMITTANCE CONFERENCE

Première conférence africaine sur le transfert d'argent

23 - 25 NOVEMBRE 2009. PALAIS DES CONGRES DE YAOUNDE

THEME :

DIASPORA AFRICAINE ET TRANSFERT D'ARGENT UN: GISEMENT

 
 
 
 

POUR LE FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS EN AFRIQUE.

SOUS-THEME : COMMUNES, ORGANISATIONS COMMUNAUTIARES ET ONG, COMME COULOIRS DE PATICIPATION DE LA DIASPORA AFRICAINE AU DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE.

FEUBI PAMEN ERIC PATRICK, 3e CYCLE D'ECONOMIE MATHEMATIQUE ET ECONOMETRIE, FSEG, Université de
YAOUNDE II-SOA. Adresse : pamen_2003@yahoo.fr / armeric_63@yahoo.com / 77 40 18 23 /99 19 03 62

RESUME :

Depuis la fin du 20e siècle, notre planète vit sous l'ère nouvelle de la mondialisation des économies; mieux encore de la globalisation financière. Cependant, certaines régions du monde, comme l'AFRIQUE n'ont qu'une contribution marginale dans ce processus qui chaque jour, connait des avancées fulgurantes. C'est ce qui par exemple justifie la faible part1 des gains de l'AFRIQUE dans les mouvements internationaux de capitaux. Et étant donné que l'investissement est le moteur de la croissance économique et que sans capitaux il n'est pas possible de financer de réels projets d'investissement, on comprend aisément les raisons des faibles taux de croissance économique à travers le continent. C'est la raison fondamentale pour laquelle nous explorons des voies et moyens nouveaux par lesquels le peuple africain pourrait accroire son bénéfice en ce qui concerne les transferts mondiaux d'argent. Dans cette aventure, nous nous intéressons, entre autres, à la diaspora africaine. Et plus précisément, nous mettons en évidence le rôle des organisations communautaires, des communes et ONG, comme couloirs de participation de la diaspora africaine pour renforcer le processus de développement de l'AFRIQUE. L'établissement d'un réel partenariat entre les collectivités territoriales décentralisées par exemple et la diaspora africaine faciliterait à cette diaspora une forte et concrète implication dans la promotion

1 En 2006, l'AFRIQUE détient 7% des transferts mondiaux d'argent

d'une croissance durable pour l'AFRIQUE, en mobilisant par exemple du capital physique (argent).

Mots clés : Transfert d'argent, diaspora africaine, investissement, communes, ONG, croissance durable.

ABSTRACT :

Since the end of the 20th century, we are talking about globalization, and especially the financial globalization. Although remittances have been growing at an astonishing rate of about 30% annually, reaching over 250 billion U.S. dollars in 2006 according to the World Bank, Africa's share of this new source of wealth is about 7% of the global total. Remittances money sent home by migrant workers have been ballooning in the last couple of years, and in many developing countries now exceed the combined volume on international aid and foreign direct investment. Furthermore, close to 90% of the funds reaching Africa through remittances are spent on mostly social needs. That is the reason why, we are now seeking for new paradigms on how we can establish links between Africa and its Diaspora, in order to examine ways and means of improving the ways remittance reaching AFRICA are used by the populations. Therefore we think that councils, community based organizations, Non Governmental Organizations can become channels for Diaspora participation in African development.

SOMMAIRE

- Introduction

- Section I : L'investissement, source de croissance économique.

- Section II : Le rôle des communes des organisations communautaires et des organisations non gouvernementales (ONG).

1)- Le rôle des communes,

2)- Le rôle des organisations communautaires,

3)- Le rôle des ONG.

-Section III : Institutions financières et croissance économique.

1)- Cadre théorique (justification théorique),

2)- Les dysfonctionnements du système financier actuel et les solutions préconisées,

3)- Le cas du BENIN,

- Section IV : Le rôle de la Diaspora africaine et des pouvoirs publics.

1)- Le rôle de la Diaspora africaine,

2)- L'apport des pouvoirs publics,

3)- L'impact de la communauté internationale, - Conclusion

INTRODUCTION

Depuis les années d'indépendance (1960), les pays africains n'ont toujours pas retrouvé le chemin du « paradis » économique, malgré leurs innombrables richesses naturelles et humaines. Cette partie du globe est même plutôt saignée à blanc. Menace de crise financière internationale, possibilité de krach bancaire généralisé, crise sociale profonde (chômage généralisé, paupérisation, etc..), déficit budgétaire, dette internationale, stagnation de l'activité économique, sont autant de clichés qui alimentent l'actualité économique à travers le continent Africain. Plusieurs initiatives2 au niveau Etats africains et même de commun accord ou avec l'appui multiforme des bailleurs3 de fonds internationaux et le les pays partenaires du Nord ont été menées, mais sans grand succès. Le problème du décollage et de la pleine émergence économique de l'Afrique demeure à l'ordre du jour des grandes discussions internationales. Une décennie déjà que le monde entier est entré dans

2 PAS, FASR, IPPTE, etc....

3 Fonds Monétaire International(FMI) et Banque Mondiale (BM).

l'ère nouvelle de la mondialisation et de la globalisation des économies. Désormais, chaque pays dans l'élaboration et la mise en oeuvre de sa politique économique doit intégrer la contrainte extérieure4. Car la mondialisation induit des menaces concernant par exemple l'emploi (l'exacerbation ou la montée de la concurrence) et la souveraineté des Etats dont la marge de manoeuvre se réduit. L'aspect le plus spectaculaire de cette internationalisation des économies c'est la globalisation financière. Elle facilite et accélère l'intégration et l'imbrication des économies à travers le monde. Et on note une croissance fulgurante des marchés financiers (bourses de valeur). Les flux financiers ont pris le pas sur les flux réels (biens et services) entre les individus ou les pays, et même sur la mobilité du capital humain (main d'oeuvre). On aurait donc cru que cet état des choses constituerait une aubaine pour l'Afrique pour sortir enfin du stade du sous - développement, en ayant par exemple plus facilement accès aux capitaux afin de financer des projets d'investissement sur le continent. Malgré le fait que le monde soit devenu un village planétaire, les différentes régions du monde bénéficient inégalement des bienfaits de cette floraison et de la prospérité des marchés financiers, du fait de la mondialisation. Plus spécifiquement, l'AFRIQUE n'a qu'une contribution et un gain très marginaux et infimes en ce qui concerne les transferts d'argent internationaux. Conséquemment, on note la rareté de financement pour soutenir la croissance économique dans ces pays. C'est la raison fondamentale pour laquelle nous explorons une voie alternative à la politique économique conventionnelle des pouvoirs publics, pour faire sortir l'AFRIQUE du cercle vicieux « sous - développement - endettement - pauvreté » : cette alternative c'est la Diaspora africaine. Notre ambition est de faire ressortir la dynamique (sur le plan économique) qui résulterait d'une synergie d'actions entre la Diaspora, les communes, les organisations communautaires et organisations non gouvernementales (ONG), pour le développement de l'AFRIQUE. Dans cette entreprise, nous mettons en exergue dans un premier temps le rôle de l'investissement comme moteur de la croissance économique. Nous présentons aussi le rôle des communes et autres organisations non gouvernementales. Par la suite nous étalons notre démarche pour accroitre les transferts d'argent en faveur de l'AFRIQUE, et faciliter l'action de la Diaspora africaine. Enfin nous présentons les résultats escomptés ainsi que les conclusions vers lesquelles converge notre étude.

SECTIOA I : L'INVESTISSEMENT, SOURCE DE CROISSANCE ECONOMIQUE

4 La contrainte extérieure est constituée par le fait qu'un pays doive sur le long terme, assurer l'équilibre entre l'ensemble de ses entrées de devises en provenance de l'extérieur et ses sorties de devises.

1ere conference africaine sur le transfert d'argent, NOV. 2009, YDE. FEUBI PAMEN ERIC PATRICK

La croissance économique est l'augmentation soutenue et durable pendant une période plus ou moins longue d'un indicateur5 économique de dimension . C'est l'accroissement durable de la production globale d'une économie, mieux encore l'accroissement des richesses produites par un pays au cours d'une période.

Au sens large, l'investissement désigne l'acquisition de biens durable. L'investissement est l'opération réalisée par un agent économique consistant à obtenir les biens de production durables (machines, bâtiments, équipements, etc. ...). L'investissement représente alors l'accroissement de son capital technique.

L'entreprise qui investit fait travailler d'autres entreprises, elle stimule la demande et l'activité économique. En même temps, elle développe les capacités de production installées et l'offre des biens possible. Voyons d'abord le côté de la demande. Que se passe-t-il lorsque les chefs d'entreprise décident d'accroitre leurs projets d'investissement ? Les entreprises qui investissent s'adressent aux fabricants de machines. Le chiffre d'affaires des fournisseurs d'équipements augmente, ainsi que les salaires qu'ils distribuent, les impôts et taxes qu'ils paient et les profits qu'ils réalisent. Leurs salariés, éventuellement en nombre accru consomment plus. Les producteurs de produits alimentaires, de vêtements, de télévisions, d'automobile voient leurs ventes et leurs recettes augmenter. Ils accroissent leurs productions, leurs embauches, leurs salaires, leurs commandes à leurs fournisseurs. Tournons-nous maintenant du côté de l'offre. L'investissement apporte une nouvelle capacité de production. L'entreprise investit tout à la fois pour répondre à la demande, pour conserver ou accroitre sa part de marché, pour réduire les délais de fabrication, pour améliorer la qualité des produits et en lancer de nouveaux, et pour réduire ses coûts unitaires en utilisant , pour une même production, moins de facteurs : moins de salariés, moins de matières ou moins d'énergie.

Au-delà des effets à court terme de l'investissement dans la conjoncture économique, celui -ci exerce une influence sur le niveau de croissance durable d'un pays. L'investissement a en effet un rôle spécifique dans la diffusion de l'innovation, c'est le vecteur par lequel les innovations technologiques se diffusent dans l'économie. Les nouveaux équipements intégrant des procédés plus modernes, permettent dans la plupart des cas de réaliser des gains dans la productivité globale des facteurs (capital, travail, terre, etc. ...). Ils sont ainsi source de gains de parts de marché. De la même manière, l'investissement immatériel, c'està-dire les dépenses en recherche -développement, de formation, de logiciels, ou de prospection commerciale (marketing), contribuent également à une amélioration de la compétitivité des entreprises par plusieurs canaux. - Les innovations dans les processus de production permises par la recherche et l'utilisation de nouveaux logiciels abaissent le coût

5 C'est le Produit Intérieur Brut (PIB), c'est-à-dire la richesse crée dans une économie au courant d'une année ; c'est la somme des valeurs ajoutées plus les consommations intermédiaires.

1ere conference africaine sur le transfert d'argent, NOV. 2009, YDE. FEUBI PAMEN ERIC PATRICK

de fabrication et améliorent la compétitivité-prix des produits et favorisent l'apparition de nouveaux produits. - Les dépenses commerciales accentuent leur différenciation et permettent leur diffusion, ce qui constitue un élément de la compétitivité hors prix de l'offre nationale.

C'est dans ce même sillage qu'abonde J. A. SCHUMPETER, pour souligner le poids décisif de l'innovation et du progrès technique dans la croissance économique : pour lui, l'innovation est liée au montant des investissements consentis par l'économie. Le cycle de croissance actuel dans les pays du Nord, lié à l'essor des technologies de l'information et de la communication en est une illustration.

SECTIOA II : LE ROLE DES COMMUNES, ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES, ET

ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT.

Dans cette section, nous relevons le rôle indéniable dans la sphère économique, mieux dans la promotion du développement, des organisations communautaires, des communes et des organisations non gouvernementales (ONG). Afin de faciliter l'implication de la DIASPORA africaine au financement des investissements en AFRIQUE.

1)- LES COMMUNES

L'Etat n'assume pas seul et de façon exclusive, la besogne administrative. L'Etat depuis longtemps et dans tous les pays se décharge d'une partie de la tâche administrative sur des collectivités locales et d'autres personnes administratives secondaires qui ont leur administration propre, leurs services à elles. Aujourd'hui, on parle de plus en plus de décentralisation. L'Etat transfert aux collectivités territoriales décentralisées des compétences particulières et des moyens appropriés. En effet, la volonté de promouvoir la décentralisation dans de nombreux pays africains est ancienne. Ce processus est actuellement en cours d'accomplissement à travers le continent. La décentralisation constitue l'axe fondamental de la promotion du développement, de la démocratie et de la bonne gouvernance au niveau local. La décentralisation vise à rapprocher les populations locales du pouvoir central afin que, ces populations soient aptes à prendre entre leurs propres mains leur destin. Les économistes justifient la décentralisation par le fait qu'elle donne lieu à une redistribution plus économique et efficace : les décisions relatives aux dépenses publiques prises à un niveau administratif plus sensible aux besoins des administrés et plus près d'eux, ont plus de chance de refléter la demande des services locaux, que des décisions prises par un gouvernement central lointain. La décentralisation est perçue ici comme offrant un pouvoir de développement local. Somme toute, la décentralisation a, entre autres enjeux, la promotion de la vie économique et sociale locale.

Ainsi les communes ont par exemple pour rôle la promotion des activités de production agricoles, pastorales, artisanales, piscicoles d'intérêt communal. La création, la construction, l'équipement, la gestion et l'entretien des infrastructures et équipements socioéconomiques (marchés, hôpitaux, ponts, routes, centres sociaux, etc...), relèvent aussi des fonctions régaliennes des collectivités territoriales. On peut aussi mentionner l'appui multiforme aux micros projets générateurs de revenus et d'emplois, et l'encouragement à la création de regroupements communautaires6.

2)- LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

Dans la réalité, les organisations communautaires se présentent généralement sous la forme de groupements d'intérêt commun (GIC), de petites et moyennes entreprises (PME), de petites et moyennes industries (PMI), d'établissements de microfinance, de micro-assurance, de transfert d'argent, de tontines ou tontinières. Elles mènent des activités à but lucratif et parfois à but non lucratif.

Elles ont entre autres missions, celle de la facilitation de la réinsertion sociale et de la lutte contre les exclusions, la promotion des activités socio-économiques (Ex : artisanat, économie sociale, etc...), la promotion de l'emploi et du développement communautaire (orientation et placement de la main d'oeuvre).

Au final, les organisations communautaires suppléent les pouvoirs publics dans leurs missions sociales et économiques pour la garantie du bien-être des populations locales. Ceci en partenariat avec les communes et les organisations non gouvernementales (ONG) qui, généralement disposent de plus de moyens techniques et financiers.

3)- LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES

Les organisations non gouvernementales représentent une source importante de la valorisation du capital humain. Leurs activités sont traditionnellement fortement orientées vers des objectifs de développement humain7. Par exemple la génération des revenus pour les couches sociales défavorisées ou exclues du circuit économique normal, les projets pour l'amélioration des écoles8, l'alimentation, la santé. Notons aussi que l'étendue, la vitalité et l'efficacité des activités des organisations non gouvernementales vont varier considérablement d'un pays à un autre ; suivant son histoire, sa culture, sa législation

6

GIC, PME, PMI, Microfiances, Tontinières, etc. ...

7 Le développement humain s'apprécie à partir de l'indice de développement humain (IDH, PNUD, 2001) qui intègre, entre autres variables l'éducation, la santé, la nutrition, etc. ...

8 L'enseignement élémentaire, en particulier au premier stade de développement, est généralement considéré comme ayant un impact plus important sur le développement humain que l'enseignement supérieur.

1ere conference africaine sur le transfert d'argent, NOV. 2009, YDE. FEUBI PAMEN ERIC PATRICK

fiscale, et les déficiences actuelles de son gouvernement quant à la fourniture de ces services (éducations des populations, biens et services collectifs, etc. ...).

Il ressort donc des développements précédents que les associations communautaires, les ONG, les coopératives, l'économie populaire, jouent un rôle croissant de producteurs de biens et services privés, publics et collectifs. Ils se posent comme un véritable pôle de développement. Examinons maintenant la corrélation positive qui existe entre les institutions financières et la croissance économique, spécifiquement dans notre contexte africain.

SECTI011 III : INSTITUTIONS FINANCIERES ET CROISSANCE ECONOMIQUE.

La croissance économique d'un pays est tributaire, en grande partie, de l'efficacité de son système financier. Les règles et organismes qui permettent d'allouer l'épargne entre les différents acteurs et usagers de la vie économique constituent les institutions financières (banques, établissements de microfinance, micro-assurance, microcrédit, de transfert d'argent et de devises, et les autres intermédiaires).

1)- CADRE THEORIQUE (JUSTIFICATION THEORIQUE~

Le rôle du système financier dans le développement est essentiel (transformation d'actifs liquides en actifs illiquides, mutualisation de l'épargne et transformation des risques individuels, mobilisation de l'épargne et du crédit, etc. ..). Le marché du crédit porte sur des transactions intertemporelles où interviennent des relations de confiance et de proximité. L'existence d'un marché financier très développé et efficace, y compris d'un marché de capitaux à risque qui sous-tend l'esprit d'entreprise, joue un rôle clé dans le dynamisme de l'économie.

Dans une économie sans système financier, chaque agent économique ne pourrait investir son épargne que dans ses propres projets et dans ses projets, que sa propre épargne : l'économie serait cloisonnée. Ainsi des projets d'investissement pourraient ne pas voir le jour alors même qu'une épargne existante serait inutilisée. Certains agents pourraient accumuler une épargne « dormante » alors même que l'exécution d'investissements rentables serait repoussée. De plus, en l'absence de possibilité de transférer l'épargne d'un agent à un autre, rien ne garantirait que ce soient les projets les plus rentables qui soient financés. Enfin, l'impossibilité de répartir l'épargne d'un agent entre plusieurs projets diversifiés accroitrait le risque (lié à tout projet d'investissement) et dissuaderait donc l'investissement.

Le système financier sert à remédier à ces problèmes. Les intermédiaires financiers peuvent sélectionner les bons projets parmi l'ensemble de ceux devant être financés. Le système financier permet de rendre les placements moins risqués, il gère aussi les risques (les agents peuvent diversifier leurs portefeuilles). Aussi, le taux d'épargne d'une économie peut dépendre de la nature du système financier. Notons toutefois que le système financier ou les institutions financières diffèrent fortement d'un pays à un autre.

2)- LES DYSFONCTIONNEMENTS FINANCIERS ACTUELS ET LES EBAUCHES DE SOLUTION :

Pour de nombreux pays africains, les années 1980 ont été marquées par les programmes d'ajustement structurels (P.A.S) initiés par les bailleurs de fonds internationaux9. Ces programmes étaient dominés par des efforts de stabilisation visant à ramener les dépenses nationales au niveau du revenu national (équilibre budgétaire). L'Etat s'est donc désengagé du secteur financier. Depuis lors, la priorité des gouvernements africains est donnée à la gestion des déficits financiers et aux problèmes liés au budget de l'Etat. Au détriment de la mise en place et du financement d'une politique d'investissement efficace pour soutenir la croissance économique et l'emploi. Toutefois, au début des années 1990, la microfinance se développe, sous l'impulsion des leaders internationaux comme HILARY CLINTON.

Dans un tel contexte, on remarque une très faible diversification des systèmes financiers à travers le continent africain, exception faite des pays comme l'AFRIQUE DU SUD. Conséquemment, il existe une segmentation des circuits financiers, une interaction entre finance formelle et finance informelle. Les exclus du système bancaire peuvent ainsi accéder aux services financiers grâce aux établissements de microfinance, de microcrédit, de micro assurance, de transfert d'argent, aux caisses d'épargne et de crédit, etc. .. Ce financement décentralisé toute la majeure partie de la population non bancarisée10. Car il est caractérisé par une plus grande souplesse de son organisation, un ancrage social et un faible coût de ses services auprès du public. Ainsi, l'informel financier11 exerce un rôle important

9

Fonds Monétaire International (FMI) et Banque Mondiale (BM), crées en 1944 à Breton Woods, aux USA. Ils comptent chacun 184 membres en 2002.

10

En Afrique, les institutions de microfinance (IMF) adressent généralement leurs offres de services aux couches sociales les plus défavorisées, et qui le plus souvent représentent une très grande proportion de la population totale. C'est ce qui en partie explique leur rapide éclosion dans le corps social.

11 Dans certaines régions comme le pays BAMILEKE au CAMEROUN, il a la taille et le rôle d'une banque. Il joue un rôle de relais de financement de l'informel productif, généralement dans une logique de court terme. Il peut difficilement se transformer en véritable institution de crédit.

1ere conference africaine sur le transfert d'argent, NOV. 2009, YDE. FEUBI PAMEN ERIC PATRICK

d'intermédiation financière que ce soit sous forme de tontines12 (tontines mutuelles13, tontines commerciales14, tontine financière15) ou sous toute quelconque autre forme.

Le système de financement décentralisé (banques populaires, sociétés de financement, réseaux d'épargne et crédit coopératif, crédit mutuel, crédit solidaire), réduisent les coûts de transaction, limitent les phénomènes d'antisélection16, de risque moral17, et financent les exclus du système officiel. Il ressort de notre propos que la voie alternative de la finance décentralisée18 peut déboucher sur la création d'une réelle dynamique pouvant aboutir à la relance économique. C'est ce qui nous conduit à examiner le cas particulier d'un pays de la sous région Afrique de l'Ouest.

3)- CAS DU BENIN

Comme les autres pays sous-développés ou du tiers-monde en général et de l'AFRIQUE en particulier, le BENIN a connu courant les années 1980, les politiques d'ajustement et de stabilisation des finances publiques sous l'égide des bailleurs de fonds internationaux. L'Etat s'est ainsi déchargé de son rôle économique de l'époque qui était celui de principal pourvoyeur d'emploi, de principal investisseur. Pour se contenter du pilotage de la politique budgétaire. La montée du secteur informel au BENIN s'est accompagnée d'un foisonnement des pratiques informelles d'épargne et de crédit, car les banques n'étaient pas adaptées aux besoins de financement de ce secteur. Dans ce pays, les tontines et tontinières fleurissent depuis toujours. Toute la population, ou quasiment toute, participe régulièrement à ces opérations. Et comme il s'agit là d'une finance très personnalisée dans laquelle l'économie et le social sont fortement imbriqués, elle est susceptible de s'adapter en permanence aux

12 La tontine repose sur une adhésion individuelle volontaire. Les relations se nouent sur une base contractuelle. Le lien associatif est temporaire et renvoie à un objectif d'épargne et de crédit collectif.

13 La tontine mutuelle, à fonds d'épargne rotative, où la levée bénéficie à chacun des sociétaires selon un ordre préétabli, mais révisable.

14 La tontine commerciale, à fonds d'épargne fixe, administrée par un gérant « garde -monnaie » qui reçoit des cotisations et consent des prêts. Dans ce cas les tontiniers remplissent donc certaines fonctions bancaires.

15 La tontine financière, où l'ordre des levées est mis aux enchères. C'est une logique d'intermédiation financière. Les intérêts perçus sur chaque prêt sont capitalisés et remis en jeu.

16 Le terme antisélection désigne un effet pervers du fonctionnement des marchés dû à des problèmes informationnels particuliers.

17 Le risque moral apparaît dans les situations où certaines actions des agents, qui ont des conséquences sur le risque de dommage, sont inobservables par les assureurs (marché des assurances).

18 En 2000, l'ONU a mis sur pied les OMD. Parmi les mécanismes à développer pour réduire la pauvreté figure en bonne place la microfinance. L'année 2005 a même été consacrée année de la microfinance.

1ere conference africaine sur le transfert d'argent, NOV. 2009, YDE. FEUBI PAMEN ERIC PATRICK

mutations qui s'opèrent dans le corps social. Le BENIN se pose donc comme un laboratoire au sein duquel on peut plus facilement comprendre la finance informelle et son évolution.

En 2004, les crédits consentis par les institutions de microfinance représentaient 25% des crédits bancaires au secteur privé. Les dépôts qu'elles avaient reçus représentaient aussi 25%, à peine plus, des dépôts à terme reçus par les banques. Le secteur de la microfinance au BENIN représente donc le quart du secteur bancaire. Le secteur de la microfinance au BENIN se caractérise également par son dynamisme et la diffusion de ses institutions à travers le pays. Le secteur béninois de la microfinance a normé ses relations avec le secteur bancaire depuis 1995, et les institutions de microfinance sont obligées toutes d'avoir un compte bancaire qui facilite leurs opérations. Au-delà des différents groupes dans lesquels les institutions de microfinance sont classées, certaines sont affiliées à un réseau central qui dispose d'une institution centrale, d'autres encore ont été crées sur un même modèle, mais elles restent autonomes, d'autres enfin sont des unités crées localement d'une façon tout à fait indépendante par une ONG le plus souvent. Une autre initiative a été la création en Mars 2000 au BENIN d'une association nationale des praticiens de la microfinance.

Au final, nous pouvons donc dire que cette originalité, cette dynamique de la microfinance au BENIN sous ses différentes facettes que sont, entre autres, le microcrédit, la micro-épargne, le transfert d'argent, la micro-assurance, devrait être expérimentée dans d'autres pays africains afin de rattraper le retard que nous accusons en matière de développement économique. Et dans ce cas de figure la Diaspora africaine peut jouer un rôle déterminant et fondamental.

SECITI011 IV : LE ROLE DE LA DIASPORA AFRICAINE ET DES POUVOIRS PUBLICS

Dans cette section nous mettons en évidence le rôle crucial de la Diaspora africaine dans le déclenchement réel et la poursuite du processus de développement du continent africain d'une part, et d'autre part les mesures d'accompagnement que prendraient dans ce processus les pouvoirs publics, les gouvernements africains. Nous ajoutons accessoirement le rôle à jouer par la communauté internationale.

1)- LE ROLE DE LA DIASPORA AFRICAINE :

La mondialisation pose l'ensemble des questions économiques, sociales ou environnementales à un niveau qui dépasse de plus en plus les compétences locales des Etats. Le rôle de l'extérieur et donc de la Diaspora trouve donc ici toute sa justification quant à l'élaboration des politiques de développement dans un pays. La crise financière ou encore

crise des « subprimes19 » née aux Etats Unis d'Amérique durant l'été 2007 s'est du fait de la transmission internationale des flux aussi bien dans la sphère monétaire que dans la sphère réelle , étendue à toute l'économie mondiale. Cette crise tend à devenir une crise économique. Car l'effet domino20 conduit à une crise systémique. On cout donc le risque de voir s'écrouler les économies africaines. Nous nous intéressons donc à la contribution de l'élite extérieure africaine pour éviter le chaos. En marge des mesures gouvernementales dans le cadre de la politique économique, nous voulons implémenter un mécanisme de collaboration entre les communes, les organisations communautaires, les organisations non gouvernementales, et la Diaspora africaine, afin que les premières se posent comme un couloir, mieux une passerelle à l'action de la deuxième. Ceci permettrait d'accroître le montant des transferts d'argent en direction de l'Afrique, dans l'optique de constituer un gisement pour le financement des investissements.

Depuis plus de trois décennies les flux migratoires africains en direction du reste du monde ont connu une progression croissante, voire exponentielle. Cette population, jeune pour l'immense majorité, va à la recherche de conditions de vie et d'emploi meilleures ; bref ils désirent « faire fortune ». Entre 1990 et 2000, les régions développées ont accueilli environ 2,6 millions d'immigrants. L'AFRIQUE est l'une des grandes sources de migrants. On estime aujourd'hui à plusieurs centaines de milliers le nombre d'immigrés africains par pays à traves le monde. Par exemple, un communiqué publié en Mai 2009 par le Ministère français de l'immigration informe que « le CAMEROUN est le premier pays d'AFRIQUE subsaharienne en termes de flux annuel d'immigration vers la France (48000 titres de séjour par an) et le 4e en termes d'importance de sa communauté présente sur le sol français (36000 personnes en 2007). En 2009, il se pose désormais pour la communauté internationale le problème de la maitrise de ces flux migratoires.

Chaque migrant africain est une élite21. Il doit avoir le sentiment du devoir d'oeuvrer à son niveau pour la prospérité de l'AFRIQUE. En tant que digne fils de ce continent, il doit songer à transférer à sa famille restée en AFRIQUE une partie de la richesse qu'il crée (valeur ajoutée) à l'étranger. Afin de capitaliser leurs efforts la Diaspora africaine devrait agir de façon concertée en se constituant en associations. Ces associations pourraient d'ailleurs bénéficier du soutien des organisations et organismes internationaux. Il nous semble utile, pour illustrer ce dernier cas que, en Avril 2009 la conférence mondiale sur le racisme

19 Les subprimes sont des prêts hypothécaires à risque, à des taux moins préférentiels.

20 L'effet de domination traduit l'influence asymétrique et irréversible d'un agent économique ou d'un pays sur un autre.

21 Personne, groupe de personnes, considéré comme ce qu'il y a de meilleur, qui se distingue par ses grandes qualités.

1ere conference africaine sur le transfert d'argent, NOV. 2009, YDE. FEUBI PAMEN ERIC PATRICK

organisée sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies (ONU) à DURBAN en AFRIQUE DU SUD a, entre autres préoccupations accordé son attention à la garantie des droits des migrants comme gage d'une paix véritable dans le monde.

En se regroupant, la Diaspora peut initier la mise en place d'une législation internationale sur le transfert d'argent en AFRIQUE. Ceci permettrait de faciliter les transferts de fonds de ces immigrés vers l'AFRIQUE, de lever les contraintes imposées dans certains pays du Nord sur le seuil maximum d'argent qu'un travailleur immigré africain est autorisé à transférer au bout d'un certain temps.

La Diaspora peut aussi instaurer un réseautage entre elle et l'AFRIQUE. Dans ce cas de figure, les populations du continent devraient se constituer en organisations communautaires ou autres associations. Les collectivités territoriales décentralisées joueraient aussi un rôle de couloir pour l'action de la Diaspora. Ce dispositif permettrait conséquemment un meilleur usage des fonds transférés en AFRIQUE. Car jusqu'ici l'argent transféré en AFRIQUE par sa Diaspora est, pour l'essentiel, consacré au financement des dépenses courantes22 par les familles bénéficiaires restées au pays.

Les organisations non gouvernementales (ONG), dont les apports en matière de programmes de développement à travers le monde ne sont plus à démontrer, étant le plus souvent basées dans les pays du Nord, la Diaspora africaine gagnerait à se rapprocher d'elles afin de créer le cadre idéal d'une synergie d'actions entre elle et ces organisations non gouvernementales pour un plan de sauvetage de l'AFRIQUE. Ici encore, le rôle des organisations communautaires à travers le continent africain, celui des communes, est déterminant. En ce sens qu'elles servent de relais (relais local). Aussi, il n'et pas à exclure le cas où la Diaspora elle-même se constitue en organisations non gouvernementales afin de bénéficier du soutien multiforme des organismes et organisations proches du système des nations unies23.

La Diaspora apporte aussi la solution technologique. Ici, elle facilite la diffusion des technologies de l'information et de la communication en AFRIQUE. Ainsi, les établissements de transfert d'argent adaptent aisément leurs offres de services aux exigences de l'heure. Il devient désormais facile et plus rapide pour un Malien ou un Congolais travaillant à GEMBLOUX en Belgique ou à VIENNES en AUTRICHE de transférer de l'argent à sa famille

22 Biens alimentaires, vestimentaires, santé, etc. ..

23 On pourrait donc voir en cela, l'émergence d'une nouvelle conscience des pays du Sud. Une illustration à notre propos peut être la création, le 15 Juin 2003, en marge du sommet du MERCOSUR à ASUNCION, du G3. C'est un accord formel entre l'INDE, le BRESIL, et l'AFRIQUE DU SUD ; En vue de parler d'une seule voix au sein des organisations internationales au nom des pays en voie de développement. Cette alliance a été baptisée

« commission trilatérale IBSA ».

restée au pays. Sachant que cet argent peut être mobilisé à des fins d'investissement ou pour financer la scolarisation des enfants. Toutes choses qui refoulent l'avancée de la pauvreté. C'est dans ce sillage que LOUIS MICHEL24 stipule que « le fossé entre riches et pauvres est dû non au colonialisme, mais à la révolution industrielle ».

Accessoirement les pouvoirs publics, les gouvernements africains, peuvent agir aussi bien au niveau national, régional qu'international pour crédibiliser et renforcer les actions menées par la Diaspora africaine.

2)- L'APPORT DES GOUVERNEMENTS AFRICAINS :

Tout d'abord, chaque pays africain gagnerait à établir des liens de coopération étroits avec sa diaspora. C'est une source alternative de financement de leurs programmes de politique macroéconomique.

Au niveau local l'Etat doit créer un cadre légal optimal pour les diverse organisations communautaires et autres organisations non gouvernementales, dans l'optique de faciliter et d'encadrer l'exercice de leurs activités quotidiennes. Ces associations sont un partenaire privilégié de la Diaspora africaine. Elles sont proches, mieux que quiconque des réalités quotidiennes des couches sociales les plus défavorisées. Le processus de décentralisation actuellement en cours dans de nombreux pays africains doit connaitre une accélération pour donner enfin leur autonomie aux collectivités territoriales qui se posent dorénavant comme des pôles, voire des points d'ancrage du développement local.

Les gouvernements africains devraient encourager des regroupements au niveau sousrégional et même régional afin de partager leurs expériences en matière de transfert d'argent et de développement. Et aussi, parvenir à une action concertée pour faciliter et accroitre les fonds transférés en direction de l'AFRIQUE par la Diaspora.

Au niveau international, les Etats peuvent militer en faveur de non taxation des transactions financières en direction de l'AFRIQUE.

3)- L'IMPACT DE LA COMMUNAUTt INTERNATIONALE :

Après le processus de décolonisation des années 1960 ayant modifié le rapport de forces au sein de l'assemblée générale des Nations Unies, des revendications des pays du

24 Commissaire européen à la coopération européenne en 2001.

tiers monde ont conduit à la déclaration en 1974 du Nouvel Ordre Economique International (NOEI) et en 1986 à la déclaration du droit au développement.

Les pays en développement doivent donc faciliter les initiatives des immigrés en faveur de leurs pays d'origine. Dans l'optique de favoriser son progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande. Des efforts ont été faits et restent encore à faire dans ce sens, depuis l'assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies (ONU) du 4 Décembre 1986. Car les inégalités entre le Nord et le Sud demeurent. La récente conférence de DURBAN en AFRIQUE DU SUD d'Avril 2009, sur le racisme se situait justement dans cette même lancée. Nous interpellons donc la communauté internationale, les organismes du système des Nations Unies afin de faciliter à la Diaspora africaine des actions de développement en faveur de leur continent d'origine.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle