ENGAGEMENTS
Les opinions, affirmations et interprétations
contenues dans le présent document n'engagent que son auteur et ne
reflètent pas nécessairement les points de vue de l'Institut de
Formation et de Recherche Démographiques (IFORD) ni du comité
d'encadrement.
DEDICACES
A mon feu père Idrissa Amadou SOW, tu resteras
gravé dans ma mémoire, que ton âme repose en
paix ;
A ma mère Mariam Yaya SOW, pour son amour et ses
nombreuses bénédictions ;
A mon grand frère Yaya Idrissa
SOW ;
A mes petits frères et petites soeurs ;
A mes cousins et cousines ;
Aux grandes familles Yaya Mengue, Boyel et Labba
Doula ;
Et à tous ceux qui me sont chers.
Je vous dédie ce modeste travail, qu'il
constitue un motif d'espoir pour les enfants mauritaniens vivant dans des
conditions de vie difficiles.
REMERCIEMENTS
Au moment où je termine ce modeste travail avec
beaucoup d'émotions je souhaiterai avant toutes choses rendre
grâce à Allah le Tout Puissant pour m'avoir permis d'arriver
à ce stade de ma vie et qui a tout mis en oeuvre pour la réussite
de ma formation primaire, secondaire et universitaire et en particulier celle
de l'IFORD.
Nos remerciements vont à l'endroit du personnel de
l'Office National de la Statistique (ONS) de Mauritanie, du Directeur
Général Baba Ould Boumeiss, du Directeur Adjoint Ould Samba, du
Coordonnateur Ahmed Ould Isselmou et de l'Inspecteur BA Kalidou ; Nous
vous adressons notre profonde reconnaissance pour les efforts consentis lors de
la recherche du financement de cette formation. Au Fonds des Nations Unies
pour la Population (UNFPA/ Mauritanie), à travers Monsieur Aidra
Seynath, pour avoir accepté de financer notre formation à
l'IFORD.
Nous exprimons tout particulièrement notre profonde
gratitude au Dr Samuel NOUETAGNI qui, malgré ses multiples occupations a
accepté de diriger notre travail. Merci, pour votre entière
disponibilité, vos conseils avisés, vos critiques constructives,
vos encouragements ainsi que pour votre rigueur scientifique que vous n'avez
jamais cessé de nous inculquer.
Nous remercions notre lecteur Dr Didier NGANAWARA, dont les
observations pertinentes ont permis d'améliorer ce travail. Ainsi et
surtout pour son sens d'humanisme.
Nous remercions également le Dr Gervais BENINGUISSE,
avec qui nous avions débuté ce travail en tant que lecteur, pour
ses orientations, ses conseils qui nous ont permis de mieux débuter ce
travail.
Nous tenons également à remercier la Directrice
de l'IFORD Pr ANNAN YAO Elizabeth, le Directeur des Etudes et de Formation le
Pr EVINA Akam, le corps professoral, les doctorants, les stagiaires, les
chercheurs et le personnel administratif de l'Institut pour l'encadrement sans
faille qu'ils nous ont assuré tout au long de cette formation. Nous leur
témoignons notre gratitude pour leur contribution, à notre
formation de démographe.
Nos remerciements vont très sincèrement à
l'endroit de son Excellence, Monsieur Kaba Ould Alewa, du Dr Messouda Mint
Baham, Ministre du développement rural et de l'environnement, du Dr
Diallo, Doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines, des
Docteurs Moctar Ould El Hacen, Malick Vall, SY Hamady, Ahmed Ould Rajel,
pour leur soutien inconditionnel durant toute notre vie estudiantine à
Nouakchott.
Notre reconnaissance au peuple camerounais courtois et
accueillant, sa collaboration nous à été d'une grande
utilité. Elle s'adresse à la communauté Mauritanienne au
Cameroun, pour la solidarité partagée pendant ces deux
années passées ensemble. En particulier à nos compatriotes
qui sont dans les grandes écoles de Yaoundé notamment au Centre
Régional Africain d'Administration du Travail (CRADAT) et à
l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée
(ISSEA).
Au-delà de tout, je ne saurai oublier Djibril Racine
SOW, Marie Yero Diyoye, Oumou raby, Fatou SALL, Zeinabou Abdoullaye, mes amis
Aboubacrine Ould Cheickna Ould Mohamed Lagdaf, Adama Yero, Alhassan Kalidou,
SEKE Kouassi, OUEDRAOGO Habibou, ZRA Issa, Ahmadou Samba et tous les autres
pour leur soutien inconditionnel.
A mon frère et compatriote, DIA Abdoul Yaya, pour
l'esprit d'entraide que nous avons su préserver durant ces deux
années en dépit de toutes les difficultés.
Aussi avons-nous trouvé judicieux d'adresser nos
remerciements à toutes les personnes qui, de près ou de loin,
directement ou indirectement, ont contribué à la
réalisation de ce travail.
Je remercie enfin tous mes camarades des 26ème,
27ème, 28ème et 29éme promotions pour la
convivialité et l'esprit d'équipe qui nous ont conduits durant
notre formation. La composition inter étatique de l'IFORD et sa
diversité culturelle et sociale ont été pour moi une
expérience enrichissante. Je leur présente à toute ma
gratitude.
LISTE DES
ABREVIATIONS
ACP : Analyse en Composantes Principales
BCG : Bacille Bilié de
Calmette et Guérin (protection contre la tuberculose)
BM : Banque Mondiale
CBMT : Cadre Budgétaire à Moyen
Terme
CHN : Centre Hospitalier National
CIPD : Conférence internationale sur
la population et le développement
CNORF : Centre National d'orthopédie et
Réduction Fonctionnel
CNP : Centre National de Psychiatrie
CNTS : Centre National de Transfusion
Sanguine
CSLP : Cadre Stratégique de lutte
contre la Pauvreté
CSM : Centre de Santé de Moughataa
DHS : Demographic and Health Surveys
DR : District de Récensement
DRPSS : Directions Régionales de la
Protection Socio-Sanitaire
DTCoq : Diphtérie Tétanos
Coqueluche (Vaccin)
EDS : Enquête Démographique et
de Santé
EDSM : Enquête Démographique
et de Santé en Mauritanie
EPCV : Enquête Permanente sur les
Conditions de vie des Ménages
FAO : Fonds des Nations Unies pour
l'Agriculture
FMI : Fonds Monétaire
International
HCZ : Hôpital Cheikh Zaed (HCZ)
HM : Hôpital Militaire
IDE : Infirmier Diplômé
d'Etat
IDH : Indice de Développement
Humain
IFORD : Institut de Formation et de
Recherche Démographiques
IMS : Infirmier Médico-Social
INRSP : Institut National de Recherche en
Santé Publique
IRA : Infections Respiratoires Aiguës
ISF : Indice Synthétique de
Fécondité
MI : Moustiquaires
Imprégnées
MSAS : Ministère de la Santé
et des Affaires Sociales
ONS : Office National de la Statistique
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
PASS : Projet d'Appui au Secteur de la
Santé
PCR : Plan de consolidation et de relance
PEV : Programme Elargie de Vaccination
PIB : Produit Intérieur Brut
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies Pour le
Développement
PPTE : Pays Pauvre et Très
Endetté
PREF : Programme de redressement
économique et financier
PVD : Pays en Voie de
Développement
RANVEC : Recensement Administratif National
à Vocation d'Etat Civil
RGP : Recensement Général de
la Population
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
RIM : République Islamique de
Mauritanie
SIDA : Syndrome Immuno Déficience
Acquise
SRO : Sels de Réhydratation par voie
Orale
TBN : Taux Brut de Natalité
TRO : Traitement de Réhydratation
par voie Orale
TS : Technicien de Santé
UM : Unité Monétaire
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la
Population
VIH : Virus de l'Immuno Déficience
Humaine
TABLE DES
MATIERES
Engagements
I
Dédicaces
II
Remerciements
III
Liste des abreviations
V
Table des matieres
VII
Liste des tableaux
X
Liste des graphiques
XI
Liste des figures
XI
Résumé
XIII
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I : CONTEXTE GENERAL DE
L'ETUDE
4
1.1. LA SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET
ADMINISTRATIVE
4
1.2. Contexte socioculturel
6
1.3. CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE
6
1.4. CONTEXTE SOCIO-DÉMOGRAPHIQUE
7
1.5. Généralités sur la
pauvreté
8
1.5.1. PROFIL DE LA PAUVRETÉ
8
1.6. Situation sanitaire
11
1.6.1. POLITIQUE DE SANTÉ
11
1.6.2. ORGANISATION DU SYSTÈME DE SANTÉ
12
1.6.3. RESSOURCE HUMAINES
13
1.6.4. PROFIL SANITAIRE
14
1.6.5. MALADIES TRANSMISSIBLES
15
1.6.6. Risques liés à
l'environnement et au style de vie
17
Conclusion partielle
19
CHAPITRE II : ASPECTS THEORIQUES
20
2.1. Synthèse de la littérature sur la
pauvreté et mortalité des enfants
20
2.1.1 Approches conceptuelles de la pauvreté
20
2.1.1.1. L'école welfarist
20
2.1.1.2. L'école des besoins de base
21
2.1.1.3. L'école des capacités
21
2.1.2. Le mécanisme d'action de la
pauvreté sur la mortalité des enfants
22
2.1.2.1. Au niveau macro
22
2.1.2.2. Au niveau micro
25
2.1.2.3. Caractéristiques des
ménages pauvres et mortalité des enfants
25
2.1.3. Déterminants de la mortalité des
enfants
26
2.1.3.1. Facteurs nutritionnels
26
2.1.3.2. Les facteurs socio-culturels
29
2.1.3.3. Les facteurs socio-économiques
33
2.1.3.4. Les variables intermédiaires
36
2.1.3.4.1. Les variables comportementales
36
2.1.3.4. Les variables biodémographiques
39
2.2. Hypothèses et Schéma conceptuel
41
2.2.1. Hypothèse générale de
l'étude
41
2.2.2. Schéma conceptuel de l'étude
41
2.2.2.1. Définitions des concepts
43
2.2.3. Hypothèses spécifiques et
schéma d'analyse
45
2.2.3.1. Hypothèses spécifiques
45
2.2.3.2. Variables opérationnelles de
l'étude
45
2.2.3.3. Schéma d'analyse
48
Conclusion partielle
49
CHAPITRE III : ASPECTS METHODOLOGIQUES
50
3.1. Sources de données
50
3.2. Evaluation de la qualité des
données
54
3.2.1. Evaluation de la déclaration des
âges des mères enquêtées
54
3.2.2. Evaluation de la parité moyenne et de
l'âge au décès
57
3.2..2.1. PARITÉ MOYENNE
57
3.2.1.2. EVALUATION DES PROPORTIONS DES
DÉCÈS DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS SELON LES GROUPES
D'ÂGES DES MÈRES
58
3.2.3. Evaluation des variables de l'étude
61
3.3. Construction du fichier d'analyse
62
3.3.1. FICHIER D'ANALYSE
62
3.4. Construction de l'indicateur de pauvreté
63
3.4.1. L'ACCÈS À UN LOGEMENT
DÉCENT
63
3.4.2. Le confort matériel
64
3.4.3. MÉTHODE UTILISÉE
64
3.4.4. L'indicateur de pauvreté construit
65
3.5. Méthodes d'analyse des données
66
3.5.1. L'ANALYSE DESCRIPTIVE BIVARIÉE
66
3.5.2. L'analyse explicative multivariée
67
3.5.2.1. PRINCIPE DE LA MÉTHODE
67
3.5.2.2. Interprétation des résultats
68
Conclusion partielle
69
CHAPITRE IV : DESCRIPTION DE LA RELATION
ENTRE LA PAUVRETE ET LA MORTALITE DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS EN
MAURITANIE
70
4.1. Association entre certaines variables
socioculturelles et comportementales et le niveau de vie
70
4.1.1. DESCRIPTION DU NIVEAU DE VIE SELON CERTAINES
VARIABLES SOCIOCULTURELLES
70
4.2. Association entre les variables
indépendantes et la mortalité des enfants
73
4.2.1. DESCRIPTION DE RISQUE DE DÉCÈS
DES ENFANTS SELON CERTAINES VARIABLES INDÉPENDANTES
73
4.1.1.1. Niveau de vie de ménage
74
4.2.2.1. Niveau d'instruction de la mère
75
4.2.3.1. Visites prénatales
76
4.2.3.5. VACCINATION DE LA MÈRE CONTRE LE
TÉTANOS
77
4.2.3.6. Sexe de l'enfant
78
Conclusion partielle
79
CHAPITRE V : IMPACT DE LA PAUVRETE SUR LA
MORTALITE INFANTO-JUVENILE EN MAURITANIE
80
5.1. NIVEAU DE VIE ET MORTALITÉ
INFANTO-JUVÉNILE : EFFETS DES VARIABLES SOCIO-ÉCONOMIQUES
80
5.2. NIVEAU DE VIE ET MORTALITÉ
INFANTO-JUVÉNILE : EFFETS DES VARIABLES SOCIOCULTURELLES
82
5.3. Niveau de vie et mortalité
infanto-juvénile : Effets des variables comportementales
84
5.5. NIVEAU DE VIE ET MORTALITÉ
INFANTO-JUVÉNILE : EFFETS DES FACTEURS SOCIOCULTURELS,
ÉCONOMIQUES ET COMPORTEMENTAUX
85
Résultats et discussion
90
Conclusion partielle
91
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
92
ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
97
ANNEXES
107
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1.1. Cassification des zones par gradient
de pauvrete
9
T
ableau 1.3. Effectifs et ratio du personnel du
secteur public
13
indicateurs socio-économiques en
2000
14
Tableau 2.1. Variables utilisées pour la
construction de l'indicateur niveau de vie du ménage
46
Tableau 2.2 : Variable independante de
base
46
Tableau 2.3 : Les variables de contrôle et la
variable dépendante
47
Tableau 3.1 : Taille et couverture de l'echantillon
EDSM, 2000/01
53
Tableau 3.2 La répartition des effectifs des
femmes enquetées par groupe d'âges quinquennaux
56
Tableau 3.3 La répartition des enfants nes
vivants et la parite moyenne atteinte par groupe d'âge quinquennaux des
mères
58
Tableau 3.4. Répartition des enfants
décédes dans les cinq dernières années
précédant l'enquête selon les groupes d'âges
quinquennaux des mères
59
Tableau 3.6 : Proportion des réponses
rélatives aux variables de l'étude
61
Tableau 4.1 : Description du niveau de vie selon le
milieu de résidence et le niveau d'instruction de la
mère
71
Tableau 4.2 : Description du niveau de vie selon
quelques variables comportementales
72
Tableau 4.3 : Risques de décès des
enfants de moins de cinq ans selon certaines variables independantes (en
%o)
73
Tableau 5.1. Effets du niveau de vie sur la
mortalite infanto-juvenile en présence des variables
économiques
80
Tableau 5.2. Effets du niveau de vie sur la
mortalite infanto-juvenile en presence des variables
socioculturelles
82
Tableau 5.3. Effets du niveau de vie sur la
mortalite infanto-juvenile en presence des variables
socioculturelles
84
Tableau 5.4 Du modele global : l'impact du
niveau de vie sur le décès des enfants de moins de cinq ans
contrôlée par les variables socio-économiques,
socioculturelles et comportementales
88
LISTE DES
GRAPHIQUES
Graphique 3.1 Evolution de l'effectif des femmes
enquetées par milieu de résidence selon l'âge des
femmes
56
Graphique 3.2 Evolution de l'effectif des femmes
enquetées par milieu de résidence selon le groupe d'ages
quinquennaux
57
Graphique 3.3 Courbe de la parité atteinte
des femmes par groupes d'âges quinquennaux
58
Graphique 3.4 Evolution de décès des
enfants de moins de cinq ans par groupes d'âges quinquennaux des femmes
enquetées
59
Graphique 3.5 Evolution de décès des
enfants de moins de cinq ans selon l'âge
(en mois)
60
Graphique 4-1 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le niveau de vie
74
Graphique 4-2 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le niveau d'instruction de la
mere
75
Graphique 4-3 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon la visite prénatale
76
Graphique 4-4 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon la vaccination antitetanique de la
mere
77
Graphique 4-5 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le sexe de l'enfant
78
LISTE DES FIGURES
Figure1.1. Carte administrative de la
République Islamique de Mauritanie
5
Figure 2.1. Le Schéma
conceptuel
42
Figure 2.2. Schéma
d'analyse
48
Figure 3.1 : Diagramme de lexis de la
période quinquennale précédant les 5 dernières
années
62
RESUME
Cette étude analyse l'impact de la pauvreté sur
la mortalité des enfants de moins de cinq ans en Mauritanie. L'objectif
général de cette étude est de mettre en évidence
les facteurs qui influencent la mortalité des enfants de moins de cinq
ans, en particulier la pauvreté des ménages. Cela pourrait aider
d'une part les décideurs de ce pays dans l'élaboration de la
politique de santé et d'autre part les utilisateurs pour les besoins de
recherche.
La littérature nous a permis de distinguer trois
principales Ecoles de pensée sur la mesure de la pauvreté
: l'école Welfarist, l'école des besoins de base
et l'école des capacités. De nombreuses études sur la
question de pauvreté et mortalité des enfants rencontrées
dans la littérature mettent l'accent sur les facteurs
socio-économiques, culturels et nutritionnels. La pauvreté,
appréhendée par l'indicateur niveau de vie influence la
mortalité infanto-juvenile à travers plusieurs variables telles
que la vaccination antitétanique de la mère, les visites
prénatales, etc. Bien qu'elle se focalise sur le niveau de vie,
l'étude examine aussi quelques caractéristiques
socio-économiques, socioculturelles et comportementales des
mères. Pour tester nos hypothèses nous avons utilisé les
données de l'EDS Mauritanie 2000-2001 et nous avons fait appel à
deux méthodes d'analyse : Méthode descriptive et
méthode explicative. L'analyse explicative multivariée montre que
plus le niveau de vie est élevé moins le risque de
décès des enfants est élevé. D'autre part, le
décès des enfants est déterminé par la
capacité financière du ménage à prendre en charge
les soins obstétricaux. Enfin, la pauvreté agit directement sur
la mortalité des enfants ou indirectement à
l'intermédiaires certaines variables telle que la visite
prénatale, la vaccination antitétanique...etc.
Ces résultats sont similaires à beaucoup
d'autres fournis par certaines études réalisées dans les
pays africains et méritent d'être pris en considération
dans le but d'orienter les actions concrètes pour lutter plus
efficacement contre la mortalité aux jeunes âges. Ainsi, nous
recommandons que toute stratégie de lutte contre la pauvreté en
Mauritanie puisse prendre en compte la réduction de la mortalité
infanto-juvenile.
INTRODUCTION GENERALE
Le niveau de mortalité des enfants d'un pays est l'un
des indicateurs les plus importants du développement économique
et social. Il est en effet, l'une des composantes de l'Indice du
Développement Humain (IDH) élaboré par les Nations Unies.
La mortalité en générale, et celle des
enfants de moins de cinq ans est en particulier l'un des problèmes
cruciaux de développement que connaissent les pays en
développement et surtout ceux d'Afrique au Sud du Sahara, en
dépit des stratégies de développement sanitaires mises en
oeuvre (Dackam, 1990). Cependant, au sortir de l'indépendance, les
niveaux de mortalité infantile et juvénile dans la plupart de ces
pays ont connu des baisses considérables. A titre d'illustration, les
estimations des Nations Unies (World Population, 1994) montrent bien que dans
la plupart des pays africains, le taux de mortalité infantile est en
moyenne en dessous de 100%o, alors que le niveau moyen de cet indicateur
dépassait 150%o avant les années 1970. Cette baisse de la
mortalité des enfants peut être attribuée à
plusieurs facteurs dont l'un des plus importants est le progrès de la
médecine. En dépit de ce déclin, la situation sanitaire
des enfants en Afrique subsaharienne demeure encore précaire par rapport
à celle observée dans d'autres régions du monde.
En effet, s'il est vrai que la mortalité peut intervenir à tout
âge, son intensité est beaucoup plus importante durant les cinq
premières années de la vie. En clair, les enfants constituent le
groupe le plus vulnérable au plan sanitaire et la morbidité
pendant cette période est particulièrement élevée.
La mortalité en bas âge détermine en grande partie le
niveau de la mortalité générale. Ainsi les
décès des enfants de moins de cinq ans représentent
près de 70% de l'ensemble des décès en Afrique du Nord,
60% en Afrique Centrale et Orientale, 55% en Afrique Occidentale et 45% en
Afrique Australe (Akoto, 1985). L'ampleur du phénomène de
mortalité dans cette tranche d'âge l'a placé au coeur des
priorités de la communauté internationale. Ainsi le
quatrième Objectif du Millénaire pour le Développement
prône une réduction de deux tiers du taux de mortalité des
enfants de moins de cinq ans entre 1990 et 2015.
Depuis la Conférence d'Alma Ata (Kazakhstan, 1978), le
problème de la santé a été au centre des
préoccupations des Pays en Voie de Développement (PVD). Cette
conférence avait réitéré que « la
santé est un droit de l'homme et que les soins doivent être
accessibles géographiquement et financièrement et socialement
approprié ». Autrement dit, la recherche du bien être
social a été et demeure de nos jours un combat des instances
dirigeantes du monde, comme en témoignent les différentes
conférences internationales consacrées à cette question.
La conférence dite (Initiative de Bamako, 1987), la Conférence
des Nations Unies sur l'environnement et le développement (Rio, 1992),
la Conférence internationale sur la population et le
développement (CIPD, Caire 1994), et le Sommet Mondial pour le
développement Social (Copenhague, 1995).
En 1999, la Banque Mondiale et le FMI ont lancé une
initiative conjointe qui place la lutte contre la pauvreté au coeur des
politiques de développement. En effet, l'initiative PPTE (Pays Pauvres
Très Endettés) renforcée par le DSRP (Document
Stratégique de Réduction de la Pauvreté) invite les pays
en développement à bénéficier d'une aide
financière à des taux concessionnels et à alléger
leur dette. La quasi-totalité des pays à bas revenus suivent
aujourd'hui cette nouvelle approche tandis que la communauté
internationale s'est rapidement alignée sur ces orientations (Banque
Mondiale, 2002). Un des tous premiers pays d'Afrique à avoir eu
accès à l'initiative de remise de dette, (Initiative PPTE, Pays
Pauvres Très endettés), la Mauritanie place aujourd'hui son
action gouvernementale résolument dans le cadre stratégique de
lutte contre la pauvreté (CSLP). Ce document d'orientation politique et
stratégique fait toute sa place aux objectifs de réduction de la
mortalité infantile et maternelle et de contrôle de
l'épidémie de VIH/Sida qui sont au coeur du développement
dans la perspective d'atteindre les objectifs du millénaire d'ici
à 2015 (Objectifs du Millénaire pour le Développement). La
stratégie du gouvernement de Mauritanie vise est fondée sur une
dynamique démocratique renouvelée et sur les progrès
économiques et sociaux récents afin d'accélérer la
croissance du secteur privé, de réduire la pauvreté et
d'améliorer le niveau de vie des Mauritaniens. Le gouvernement de
Mauritanie s'est également engagé à développer des
mécanismes de gouvernance et de développement des
capacités institutionnelles dans le cadre de la mise en place de
réformes structurelles profondes visant à une meilleure
performance des services publics. Parmi les objectifs clés du Cadre
Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté (CSLCP), un axe essentiel
est celui du développement du capital humain et de l'accès aux
infrastructures et aux services. L'action dans le secteur de la santé se
situe à la fois dans cette perspective d'amélioration des
conditions de vie et de meilleur accès aux services de santé dans
une dynamique de progrès vers les objectifs du millénaire.
Les statistiques concernant la Mauritanie sont encore plus
inquiétantes. Entre 1975-79 et 1997, soit au cours d'une période
d'environ 20 ans, la mortalité infantile aurait baissé
sensiblement, passant de 91%o à 74%o, et la mortalité
juvénile aurait baissé de façon importante, mais
vraisemblablement sur une période de 20 ans, passant de 103%o à
46%o. Globalement la mortalité des enfants de moins de cinq ans aurait
baissé d'environ un tiers entre la fin des années 1970 et la fin
des années 1990. En effet, selon le rapport de l'Enquête
Démographique et de Santé de Mauritanie 2000/2001 (EDSM,
2000-01), les taux de mortalité infantile, juvénile et
infanto-juvénile s'élèvent respectivement à 74, 46
et 116 pour 1000. Du point de vue du sexe, comme dans la plupart des
populations, on observe une mortalité plus élevée chez les
garçons que chez les filles : entre la naissance et le
cinquième anniversaire, le quotient de mortalité des
garçons est de 127%o, soit près de 20% plus élevé
que celui des filles (106%o). Au cours de la première année, la
mortalité des garçons est de 16% supérieure à celle
des filles (66%). la moyenne africaine est de 98 pour 1000 pour la
mortalité infantile et de 143 pour 1000 la mortalité
infanto-juvénile. Comment la pauvreté des
ménages agit-elle sur le niveau de mortalité
des enfants en Mauritanie ? Telle
est la question essentielle à la quelle cette étude vise à
répondre. Elle s'appuiera sur les données de l'enquête
démographique et de santé de Mauritanie (EDSM, 2000-01).
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à la connaissance des facteurs influençant la
mortalité des enfants et de fournir aux décideurs de ce pays et
autres utilisateurs potentiels, dans le cadre de l'élaboration de la
politique de santé et du document stratégique de réduction
de la pauvreté et à la communauté scientifique pour des
besoins de recherche, les facteurs influençant la mortalité des
enfants de moins de cinq à l'échelle nationale. Plus
spécifiquement il s'agit de :
ü Montrer les inégalités sociales de la
mortalité des enfants selon le niveau de vie des
ménages ;
ü Identifier les mécanismes par lesquels la
pauvreté agit sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans
en Mauritanie ;
ü formuler des recommandations pertinentes visant
à réduire l'impact de la pauvreté sur la mortalité
des enfants de moins de cinq ans.
L'étude s'articule autour de cinq chapitres. Contexte
général de l'étude, l'objet du premier chapitre. Le
deuxième chapitre présente l'aspect théorique de
l'étude. Le troisième chapitre traite des aspects
méthodologiques. Dans ce chapitre, nous évaluerons la
qualité des données et nous présenterons la
méthodologie utilisée. Le quatrième chapitre, traite de
l'analyse descriptive de la relation entre la pauvreté et la
mortalité des enfants en Mauritanie. La mesure de l'impact de la
pauvreté sur les risques de décès des enfants et de ses
mécanismes d'action fera l'objet du cinquième chapitre.
CHAPITRE I : CONTEXTE GENERAL DE
L'ETUDE
Ce chapitre présente les caractéristiques
générales de la Mauritanie notamment sa situation administrative
et géographique, ainsi que ses contextes socioculturel,
socioéconomique et sociodémographique. Il présentera aussi
les éléments sur la pauvreté et sur son système
sanitaire.
1.1. La
situation géographique et administrative
La République Islamique de Mauritanie (RIM) est
située en Afrique de l'Ouest entre le 15 et 27èmes
degrés de latitude nord et les 5èmes et
17èmes degrés de longitude ouest, avec une superficie
de 1 030700 km2. La Mauritanie est limitée
à l'ouest par l'Océan Atlantique, au sud par le
Sénégal, à l'est et au sud-est par le Mali, au nord par
l'Algérie et au nord-ouest par le Sahara occidental. Et ses côtes
s'étendent sur près de 700 km. Au centre et au nord du pays, le
relief est constitué par les massifs montagneux de l'Assaba, du Tagant
et de l'Adrar qui culminent à 400 et 500 mètres. Les parties les
plus hautes sont, en général, constituées de roches dures
qui forment des falaises abruptes. À l'exception de la plaine alluviale
du Sénégal, appelée Chemama, large de 10 à 25
kilomètres, le reste du pays est constitué en grande partie
d'alignements dunaires tels que ceux de la grande région de sable qui
s'étend à l'Est du Tagant et de l'Adrar. Par ailleurs, la
Mauritanie ne possède qu'un seul cours d'eau permanent, le fleuve
Sénégal, qui constitue une limite naturelle avec le
Sénégal. Du point de vue climatique, la Mauritanie est
caractérisée par un climat généralement chaud et
sec, saharien au nord et sahélien au sud. Il est doux en bordure de
l'Océan Atlantique et connaît quatre mois de saison de pluies (de
juin à septembre) irrégulière et mal répartie, et
une saison froide très courte.
Sur le plan administratif, la Mauritanie compte 13 Wilayas
ou régions et 53 Moughataas ou départements. Depuis 1988, la
Mauritanie a opté pour une politique de décentralisation avec la
création de 216 communes. Le développement local et les approches
communautaires et participatives mises en avant constituent des
stratégies prometteuses de progrès et de changements. Un
transfert effectif de compétences et de ressources aux
collectivités décentralisées leur permettrait de jouer un
rôle majeur dans la gouvernance locale.
Figure1.1. Carte
administrative de la République Islamique de Mauritanie
1.2. Contexte socioculturel
La Mauritanie, pays multiculturel saharo-sahélien est
située entre l'Afrique Noire et le Maghreb, ce qui lui confère un
héritage culturel et historique riche et diversifié. La
société Mauritanienne est composée de différentes
communautés (arabe et africaine) dont la référence
à l'islam constitue le socle et le ciment de l'unité. D'autre
part, la Mauritanie est entièrement composée de Musulmans; elle
est peuplée d'Arabes, de Peuls, de Soninkés et de Wolofs.
Le pays vit des mutations sociales importantes qui ont
accompagné les changements environnementaux liés aux
sécheresses successives dont les impacts visibles sont la modification
des systèmes traditionnels de production agro pastorale et
l'accélération de la sédentarisation et de
l'urbanisation.
1.3. Contexte
socio-économique
Avec un PIB annuel de 610$ par habitant, la Mauritanie se
classe parmi les pays à faibles revenus. L'économie reste
fortement dépendante de facteurs exogènes tels que la baisse de
la croissance mondiale, la fluctuation du prix des matières
premières, mais aussi la faible pluviométrie et les invasions
acridiennes qui affectent le secteur primaire. D'autres difficultés
structurelles persistent : faible capacité de production, absence
d'infrastructures de base, inefficacité du système
d'éducation et de formation et faible capacité
institutionnelle.
La croissance économique mauritanienne a
été relativement satisfaisante, ces dernières
années, avec une moyenne de 4,8 pour cent de 2001 à 2004. La
croissance du PIB en 2005 s'est poursuivie à 5,6 pour cent
(prévision 2006-2010 : 10,7 pour cent en moyenne), alors que
l'inflation restait relativement contenue à 12,3 pour cent pour
l'année 2005, en baisse continue (prévision horizon 2010 :
2,6 pour cent). Les exportations de la Mauritanie sont essentiellement
constituées des ressources halieutiques et du minerai de fer, et la
diversification de l'économie reste un important défi. La
découverte récente de ressources pétrolières et les
perspectives de production des forages offshore entrepris ces dernières
années vont cependant transformer la Mauritanie en un pays producteur
d'hydrocarbures. Il est estimé que les exportations de pétrole
et les revenus procurés ainsi au Gouvernement vont presque tripler le
PNB par habitant à moyen terme. En janvier 2001, suite à son
éligibilité à l'initiative PPTE, la Mauritanie a
élaboré un Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté (CSLP) qui a vocation d'articuler l'ensemble des politiques
sectorielles et de réduire la pauvreté. Cette politique est
axée sur (i) l'accélération de la croissance
économique, (ii) son ancrage dans la sphère des pauvres, (iii) le
développement des ressources humaines, (iv) l'expansion des services
sociaux de base, et (v) la promotion d'un développement institutionnel
et d'une bonne gouvernance. La Mauritanie vient de terminer la
préparation de son deuxième cadre stratégique selon un
processus d'analyse sur les enjeux nationaux et de concertation avec l'ensemble
des acteurs nationaux.
Les axes de cette stratégie sont dirigés vers
les interventions liées aux activités économiques
génératrices de revenu au profit des populations et des
interventions orientées sur les secteurs sociaux (Education,
Santé, Hydraulique...).
Les politiques de développement mises en place par les
gouvernements des pays en voie de développement et appuyés par
les institutions internationales ont pour défi majeur la lutte contre la
pauvreté, une condition nécessaire pour améliorer la
santé des enfants en général et particulièrement
ceux des moins de cinq ans.
1.4.
Contexte socio-démographique
La situation démographique et sociale
du pays est caractérisée par une forte croissance
démographique, un niveau de mortalité encore élevé,
une sédentarisation et une urbanisation accélérée
et une participation limitée de la femme au processus de
développement. Sur le plan de la croissance démographique, la
population a presque doublé en 23 ans entre 1977 et 2000. Elle est
passée de 1 338 830 habitants (1er RGP en 1977) pour atteindre 1.864.236
(RGPH de 1988) et 2 508 159 (RGPH 2000). Le taux de croissance moyen annuel
entre les deux derniers recensements est de 2,4% (1988 et 2000), alors qu'il
était de 2,9% entre les recensements de 1977 et 1988. Les projections
actuelles indiquent les mêmes tendances en terme de croissance, et la
population totale serait estimée à environ 2.700.000 habitants en
2005. Cette croissance rapide implique une augmentation de la population jeune
(40% de la population sont âgés de moins de 15 ans) effectuant une
pression considérable sur les infrastructures de base déjà
existantes (éducation, santé, emploi, etc.) et 6% environ sont
âgés de plus de 60 ans. Cette structure de la population
résulte d'une fécondité élevée et d'une
mortalité en baisse. En effet, l'indice synthétique de
fécondité, en dépit d'une tendance à la baisse,
demeure élevé : de 6,3 en 1988, il est estimé à 4,7
en 2000 et 4,6 en 2003. Son niveau est légèrement
inférieur à la moyenne de l'Afrique subsaharienne (5,4). Selon
l'Enquête Démographique et de Santé (2000-01), l'âge
médian au premier mariage est de 17 ans pour les femmes et la
prévalence de l'utilisation de la contraception moderne parmi les femmes
mariées est de 5%.
1.5.
Généralités sur la pauvreté
Avec un PIB par tête de 500 dollars en 1993 (Banque
mondiale, 1995), la Mauritanie a un PIB plus élevé que celui de
plusieurs autres pays de la sous-région. Ce niveau du PIB par tête
reflète principalement les activités minières et les
activités de la pêche. Par contre, la mesure du PIB par habitant
étant une mesure moyenne en termes statistiques, elle ne nous donne pas
beaucoup d'informations sur les conditions de vie de la plus grande partie de
la population. De plus, les indicateurs sociaux de la Mauritanie donnent une
image moins positive des conditions de vie des ménages1(*). Cela suggère l'existence
de poche de pauvreté importante parmi la population mauritanienne.
Jusqu'à récemment, il y avait très peu
d'informations fiables sur la pauvreté en Mauritanie. Cette situation a
changé avec la disponibilité de l'Enquête permanente sur
les conditions de vie des ménages (EPCV). Celle-ci est une grande
enquête qui, au niveau des ménages, recueille une manne
d'informations sur les divers aspects des conditions de vie des ménages
mauritaniens.
1.5.1. Profil de la pauvreté
Le profil de pauvreté en Mauritanie est de mieux en
mieux connu, en liaison avec les travaux menés pour la
préparation du cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté (CSLP). Les tableaux 1.1, 1.2 nous montrent une
répartition des différentes poches de pauvreté avec des
résultats mitigés des indicateurs de santé. Le seuil de la
pauvreté était de 53,841 UM par personne et par an en 1996 et de
67,316 UM en 2000.
Tableau 1.1. Classification des zones par gradient de
pauvreté
Régions par gradient
de pauvreté
|
Population
(1998)
|
% population
totale
|
% de
personnes
vivant en
deçà du seuil
de pauvreté
(1996)
|
% de
personnes
vivant en
deçà du seuil
de pauvreté
(2000)
|
% de
pauvres en
Mauritanie
vivant dans
cette région
(1996)
|
% de
pauvres en
Mauritanie
vivant dans
cette région
(2000)
|
Mauritanie
|
2.493.185
|
100,0
|
50,5
|
46,3
|
100
|
100,0
|
Zone 1 : Nouakchott
|
667.301
|
26,7
|
21,0
|
25,6
|
12
|
12,5
|
Zone 2 : Autres urbains
|
669.560
|
26,9
|
38,5
|
25,7
|
12
|
8,1
|
Zone 3 : Rural fleuve
|
1.156.324
|
46,4
|
60,7
|
71,5
|
19
|
34,7
|
Zone 4 : Rural aride
|
|
|
71,7
|
53,3
|
57
|
44,7
|
Sources : ONS Mauritanie
enquêtes EPCV 1996 et 2000 et « Profil de la Pauvreté en
Mauritanie, 2000 », avril 2002, Office National de la Statistique.
La zone rurale constitue 46,4 % de la population et abrite
plus de 75 % des pauvres du pays. Au sein de celle-ci on note cependant une
disparité entre le Rural Fleuve (vallée du fleuve
Sénégal) et le Rural Autre (zone aride). En 1996, le rural aride
était la zone la plus touchée par la pauvreté et
regroupait à elle seule plus de 57 % des pauvres, mais cette
région a vu à la fois son taux de pauvreté et sa
contribution au nombre de pauvres dans le pays diminuer au cours de la
période 1996-2000. En revanche, l'incidence de la pauvreté a
augmenté dans la même période dans la région du
fleuve et quelque peu à Nouakchott. Les ruraux sont les plus pauvres,
mais cette pauvreté n'est pas uniforme pour toutes les catégories
socio-professionnelles. En effet, même dans les zones rurales, les
populations agricoles sont beaucoup plus pauvres que les autres
catégories socio professionnelles. Ainsi, l'incidence de la
pauvreté chez les indépendants agricoles était de 69,6 %
en 2000.
Tableau 1.2. Classification des régions par
gradient de pauvreté (Enquête ONS 1996 et 2000)
Régions par gradient de
pauvreté
Classement 1996
|
Clas-sement 2000
|
Population 2000
|
% population totale
|
% de
personnes
vivant en
deçà du seuil
de pauvreté
(étendue de la pauvreté)
(1996)
|
% de
personnes
vivant en
deçà du seuil
de pauvreté
(étendue de la pauvreté)
(2000)
|
% de
pauvres en
Mauritanie
vivant dans
cette région
(1996)
|
% de
pauvres en
Mauritanie
vivant dans
cette région
(2000)
|
01. Assaba
|
3
|
223.263
|
8,4
|
84,3
|
65,5
|
14,0
|
12,7
|
02. Gorgol
|
2
|
233.263
|
8,8
|
77,4
|
76,2
|
13,5
|
17,5
|
03. Hodh El Gharbi
|
4
|
216.864
|
8,2
|
69,5
|
58,7
|
11,3
|
11,3
|
04. Brakna
|
5
|
250.039
|
9,4
|
67,7
|
56,5
|
12,7
|
13,2
|
05. Guidimaka
|
1
|
158.355
|
6,0
|
64,6
|
78,6
|
7,7
|
14,7
|
06. Tagant
|
7
|
79.500
|
3,0
|
59,1
|
44,8
|
3,5
|
1,6
|
07. Hodh El charghi
|
8
|
292.047
|
11,0
|
57,8
|
30,5
|
12,6
|
5,3
|
08. Adrar
|
10
|
75.476
|
2,9
|
50,0
|
23,3
|
2,8
|
0,5
|
09. Trarza
|
6
|
214.904
|
8,1
|
49,4
|
52,6
|
7,9
|
13,7
|
10. Tiris Zemmour
|
12
|
48.388
|
1,8
|
41,8
|
16,4
|
1,5
|
0,3
|
11. Nouakchott
|
11
|
728.635
|
27,5
|
20,6
|
25,1
|
11,2
|
8,6
|
12. Dakhlet Nouadibou
|
13
|
116.690
|
4,4
|
12,9
|
4,2
|
1,1
|
0,1
|
13. Inchiri
|
9
|
13.393
|
0,5
|
11,6
|
29,7
|
0,2
|
0,3
|
Sources : ONS Mauritanie
enquêtes EPCV 1996 et 2000 et « Profil de la Pauvreté en
Mauritanie, 2000 », avril 2002, Office National de la
Statistique.
Afin de lier les différents indicateurs de performance
du secteur, d'efficience et d'équité au niveau de pauvreté
des régions, un classement a été effectué en
utilisant les niveaux de pauvreté déterminés par
enquête. Ce niveau a été utilisé pour classer les
régions sanitaires par gradient de pauvreté et lier les
différents indicateurs de santé à la cartographie de la
pauvreté.
La pauvreté touche toutes les régions d'une
manière générale, mais les régions peuvent
être classées en trois grands groupes. Les régions les plus
pauvres sont celles du Guidimaka, de l'Assaba, du Gorgol, du Hodh El Gharbi et
du Brakna. Les régions les plus riches sont celles de Nouadhibou, de
Teris Zemmour et de Nouakchott. Entre les deux, un groupe intermédiaire
inclut les autres régions. Cette typologie de la pauvreté dans
les régions sera utilisée pour l'ensemble des analyses conduites
dans ce document.
1.6. Situation sanitaire
Les études en matière de santé
considèrent l'accessibilité aux soins en termes de
disponibilité (présence ou non d'une structure, présence
ou non du personnel de santé), de temps (distance), de coûts,
d'adoption au contexte dans lequel les soins sont offerts, ou de
disponibilité du personnel de santé, etc... (Akoto et al, 2002).
Ainsi, nous examinons les différentes composantes de la situation
sanitaire en Mauritanie.
1.6.1. Politique de
santé
La réforme du système de santé a
évolué, suivant des phases successives, visant à
améliorer les conditions socio-sanitaires des populations, à
travers notamment, le IVéme Plan Sanitaire (1981-1985), le
Programme de redressement économique et financier (PREF) (1985-88), le
Plan de consolidation et de relance (PCR) 1989-1992 et le premier Plan
Directeur 91-94 , encore en vigueur en 1997 ; ce qui a permis d'étendre
la couverture sanitaire de 30 à 75 %. L'année 1998 a
été marquée par l'introduction de l'approche sectorielle
donnant une vision plus large de la santé traduite dans le Plan
Directeur 1998-2002 qui vise à :
· Renforcer la couverture sanitaire, la
qualité et l'utilisation des services de santé ;
· Améliorer la performance du
système socio-sanitaire ;
· Réduire la morbidité et la
mortalité liées aux principales maladies ;
· Renforcer l'action sociale ;
· Assurer un financement adéquat du
système socio-sanitaire ;
· Créer un environnement favorable pour la
Santé.
Cette approche sectorielle vise la restructuration
stratégique et organisationnelle du secteur, la maîtrise des
interventions dans le secteur, la poursuite de la politique de
décentralisation des responsabilités et des ressources et le
renforcement des capacités de gestion, à tous les niveaux. Le
cadre budgétaire, à moyen terme, (CBMT) pour la période
2002-2004, s'articule autour des dimensions de la performance et leurs
contributions aux objectifs de lutte contre la pauvreté
:
Le CBMT fixe trois catégories d'objectifs : i)
améliorer les indicateurs de santé de la population mauritanienne
notamment parmi les groupes les plus pauvres, avec pour objectifs de
réduire la mortalité infantile et infanto-juvénile et la
mortalité maternelle ; ii) limiter l'impact des dépenses pour la
santé sur le revenu des plus pauvres ; iii) améliorer la
participation des pauvres à la gestion de leur santé.
1.6.2. Organisation du
système de santé
L'organisation du système de santé est
calquée sur le découpage administratif. Il est de type pyramidal
et comprend trois niveaux avec des caractéristiques administratives et
techniques biens définies :
1) Le Niveau Central :
· Sur le plan administratif, il regroupe
le cabinet du Ministre, le Secrétariat Général,
l'Inspection de la Santé, les huit Directions Centrales, les services et
les programmes prioritaires de santé.
· Sur le plan technique, il englobe les
structures suivantes : le Centre Hospitalier National (CHN), l'Institut
National de Recherche en Santé Publique (INRSP), le Centre National de
Transfusion Sanguine (CNTS), le Centre National de Psychiatrie (CNP), le Centre
National d'Orthopédie et Réduction Fonctionnelle (CNORF),
l'Hôpital Militaire (HM), l'Hôpital Cheikh Zaed (HCZ),
Hôpital de Nouadhibou et de Kiffa ainsi que deux établissements
centraux de formation du personnel de santé : l'Ecole Nationale de
Santé Publique et l'Institut des Spécialités
Médicales.
2) Le Niveau Intermédiaire :
· Sur le plan administratif, il regroupe
les Directions Régionales de la Protection Socio-Sanitaire (DRPSS) qui
comprend les services régionaux préventifs et sociaux.
· Sur le plan technique, il comprend
les 10 hôpitaux régionaux, capables d'offrir des prestations en
soins obstétricaux et néonatals complets grâce à
l'affectation récente d'un chirurgien, d'un gynécologue et d'un
pédiatre par structure.
3) Le Niveau Périphérique ou
Départemental (Moughataa) :
· Sur le plan administratif, c'est
l'ensemble des circonscriptions sanitaires des communes de la
périphérie ou du milieu rural.
· Sur le plan technique, il comprend les
53 Centres de Santé de Moughataa (CSM) dirigés par un
médecin, dont 13 de type A (avec maternité) et 40 de type B et
340 Postes de Santé (PS) tenus par un(e) infirmier(e) et une
accoucheuse et se situent dans les grandes communes rurales et les grandes
collectivités d'accès limité.
En plus des structures publiques, le secteur privé
contribue de manière significative dans la couverture sanitaire. Il
compte actuellement : 12 cliniques médicales comprenant plusieurs
spécialités avec en moyenne 10 lits d'hospitalisation ; 22
cabinets médicaux de consultation externe dirigés par des
médecins ; 15 cabinets de soins dirigés par des infirmiers et 14
cabinets dentaires et quelques laboratoires d'analyses médicales.
1.6.3. Ressource
humaines
La Mauritanie est confrontée à des
difficultés pour planifier, produire et utiliser le personnel de
santé, en cohérence avec les besoins, pour atteindre les
objectifs nationaux de santé. En effet, dans ce pays, et ce depuis 1985,
l'amélioration de la gestion du personnel a toujours été
une priorité. De nombreux problèmes ont été
identifiés, suite aux différentes évaluations, à
savoir: la faiblesse de la politique de ressources humaines, le besoin de
révision de la grille des salaires/indemnités, l'absence de
l'intégration entre le développement du secteur et le
développement des ressources humaines, la mauvaise distribution
quantitative et qualitative, les insuffisances en formation
spécialisée tenant compte des besoins et du profil d'emploi, la
faiblesse des programmes de formation continue, la faible motivation du
personnel.
Tableau 1.3. Effectifs et Ratio du personnel du
secteur public
Effectif du personnel de santé
|
Ratio par habitants
|
333 médecins
|
1 médecin/ 7652 habitants
|
241 sages femmes
|
1 Sage Femme/10573 habitants
|
1580 Personnels infirmiers (IDE, IMS, TS)
|
1 Infirmier/1 1612 habitants
|
50 pharmaciens
|
1 Pharmacien/50963 habitants
|
52 chirurgiens dentistes
|
1 chirurgien dentiste/49003 habitants
|
Source :
Stratégie OMS de coopération avec la
République Islamique de Mauritanie, (Bureau Régional de
l'Afrique Brazzaville) 2002-2008.
En 2001, les effectifs du Ministère de la Santé
et des Affaires Sociales (MSAS) étaient de 3 287 agents dont 39 % de
femmes ; ce personnel est inégalement réparti au niveau du
territoire national (47 % à Nouakchott) avec un déficit important
au niveau des structures sanitaires périphériques. La grave
situation des ressources humaines, a conduit en l'an 2000, à la
création au sein du MSAS, d'une direction spécifique, à
l'institution en 2002, de primes de motivation basées sur des
critères d'enclavement et d'éloignement et à l'amorce de
l'élaboration d'un nouveau plan de développement des ressources
humaines.
1.6.4. Profil sanitaire
Tableau 1.4. Principaux indicateurs2(*)
Indicateurs
socio-économiques en 2000
Population totale :
2 548 157 habitants
Taux d'accroissement annuel :
2.6 %
Produit Intérieur Brut (PIB) :
$US 380/habitant
Seuil de pauvreté :
46,3 %
Taux d'urbanisation :
56, 9 %
Population totale vivant dans les agglomérations
urbaines : > 45 %
Accès à l'eau potable :
34 %
Espérance de vie à la naissance
: 51,3 ans (Hommes : 53,8 et Femmes 51,8)
Taux de mortalité infantile :
87/1000
Taux de mortalité juvénile :
46/1000
Taux de mortalité maternelle :
747/100 000 naissances vivantes
Taux brut de natalité :
42,6/1000
Taux brut de mortalité :
13/1000
Indice synthétique de fécondité :
4,7
Intervalle inter génésique :
35 mois
Taux brut de scolarisation :
85,1 % (Filles = 84.2 % et Garçon = 86 %)
Taux d'alphabétisation des adultes (>15 ans)
: Hommes : 49 % et Femmes : 28 %
Indice de Développement Humain :
0,5
|
Source :
Stratégie OMS de coopération avec la
République Islamique de Mauritanie, (Bureau Régional de
l'Afrique Brazzaville) 2002-2008.
Selon le rapport sur la santé dans le monde, 2000 de
l'OMS, la Mauritanie occupait le 111ème rang en termes de niveau de
santé, parmi les 191 Etats Membres du classement. Il occupait le
169ème rang du classement en matière de performance globale du
système de santé en 2002.
La situation sanitaire reste toujours préoccupante et
la probabilité de décès est de 378 pour mille chez les
hommes contre 317 pour mille chez les femmes.
Les résultats de l'EDSM, 2000/2001, font ressortir des
taux de mortalité infantile de 74 p.m, des taux de mortalité
infanto-juvénile de 116 p .m., et un taux de mortalité maternelle
de 747 pour 100 000 naissances vivantes qui est l'un des plus
élevés de la sous région.
1.6.5. Maladies transmissibles
Les maladies transmissibles continuent de représenter
la cause majeure de mortalité, de morbidité et des handicaps dans
tous les groupes d'âges. Les pathologies couramment rencontrées
sont les infections respiratoires, le paludisme et les diarrhées
auxquelles s'ajoutent, entre autres, les endémo-épidémies
(tuberculose, VIH/SIDA, maladies cibles du PEV).
L'incidence de la Tuberculose a
été estimée à 2,74 % en 2000. Une estimation du
Programme National de Lutte contre la Tuberculose et la Lèpre (PNLTL)
indique qu'en Mauritanie le nombre de cas attendus par an est de 7 000, bien
que l'on n'en enregistre en réalité que 4 000. En 2001, le
nombre de cas cumulés estimé de VIH/SIDA
était de 10 000, et le taux de prévalence chez les
femmes enceintes de 0,57 %3(*).
Le paludisme constitue un problème
majeur de santé publique. En effet, on enregistre, chaque année,
250 000 à 300 000 cas de paludisme, soit 22 % des motifs de
consultations dans les formations sanitaires du pays. Le paludisme
représente également la 1ère cause de décès
dans les wilayas endémiques, où il est responsable de 60 % des
motifs d'hospitalisation.
Les maladies diarrhéiques constituent
la principale cause de décès chez les jeunes enfants dans le
pays. Environ 18 % des enfants font un ou plusieurs épisodes
diarrhéiques dans un intervalle de 15 jours. La prévalence de la
diarrhée est particulièrement élevée chez les
enfants de 6-23 mois. Les données des dernières enquêtes
montrent que 10 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d'infections
respiratoires aiguës, principalement de la pneumonie. Les IRA
sont particulièrement fréquentes chez les enfants de 6
à 11 mois (17 %)4(*).
Les schistosomiases constituent un
réel problème de santé publique et touchent près de
60 % de la population dans les wilayas endémiques5(*).
La forme urinaire est endémique depuis des
décennies, alors que la forme intestinale est émergente et
évolue très rapidement. Son explosion est liée aux
modifications de l'environnement consécutives aux aménagements de
la vallée du fleuve Sénégal comme la construction des
barrages de Diama et de Manantali. Devant l'ampleur d'un tel problème,
un Programme national de lutte contre la bilharziose a été
créé et un Plan d'action a été
élaboré en collaboration avec les partenaires. Même s'il
est fait état d'une baisse globale de la mortalité des enfants de
moins de cinq ans d'environ un tiers entre la fin des années 1970 et
1990, les taux restent très élevés. Les enfants sont les
plus touchés par les maladies transmissibles, surtout le paludisme, les
IRA, la diarrhée et les maladies cibles du PEV. Cette
vulnérabilité est renforcée par la malnutrition avec des
taux de 35 % de malnutrition chronique et 17 % de malnutrition
sévère.
La stratégie PCIME est adoptée dans ce cadre par
les autorités sanitaires et le préalable pour sa mise en oeuvre
est en cours.
Les maladies à potentiel
épidémique constituent une préoccupation majeure
dans le pays. Au cours de la dernière décennie, la Mauritanie a
connu plusieurs épidémies de maladies transmissibles
: choléra, diarrhées sanglantes avec apparition
de souches de Shigelles, résistantes aux antibiotiques, paludisme,
méningite cérébro-spinale et fièvre de la
vallée du Rift.
1.6.6. Risques liés
à l'environnement et au style de vie
L'urbanisation accélérée et massive ayant
entraîné la multiplication des zones d'habitats spontanés,
l'accentuation du déficit en équipements collectifs, l'absence
d'une planification urbaine, la paupérisation de la population ont
fortement contribué à la dégradation de l'environnement et
favorisé des modes de vie très précaires. Cette situation
expose à des risques importants sur la santé et explique la
prévalence assez élevée des maladies décrites
précédemment.
L'examen des résultats de l'EDSM montre que 66 % des
Mauritaniens n'ont pas accès à une eau de boisson saine, 53 %
n'ont pas de toilettes, et moins de 40 % des ordures ménagères
des villes sont collectées et déversées à la
périphérie, de manière incontrôlée, sans
parler de la gestion des déchets biomédicaux qui laisse à
désirer.
Cette situation est aggravée par l'adoption de
pratiques et de comportements compromettant fortement la bonne santé des
populations. On peut citer le tabagisme qui en 1999, a touché 51 % de la
population (77 % d'hommes et 23 % des femmes, et 45 % des élèves
des établissements secondaires) et le gavage (22 % en moyenne de la
population féminine) qui entraîne l'obésité.
Il faut noter aussi l'effet désastreux sur le pays, de
l'analphabétisme, du manque d'éducation de la population et de la
poursuite de certaines pratiques traditionnelles comme l'excision (65 % en
milieu urbain et 77 % en milieu rural), ou encore l'attitude pro nataliste de
la population (l'ISF varie de 5,1 à 4, 0), et le statut
socio-économique de la femme (31% des femmes contre 21% d'hommes n'ont
aucune instruction).
Les actions limitées de promotion de la santé
n'ont pas eu d'impact sur la performance des programmes prioritaires tels que
le Programme Elargi de Vaccination, la santé maternelle et infantile et
la lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose, le tabagisme, etc.
Quant aux risques liés aux urgences et catastrophes
naturelles ou accidentelles, ils ne sont pas évalués, et les
réponses apportées n'ont fait l'objet d'aucun plan
concerté pour des mesures préventives ou une réaction
à temps et adaptée en cas de besoin.
La malnutrition est bien prévalent en
Mauritanie. Les résultats des dernières enquêtes, montrent
que la prévalence de la malnutrition globale a augmenté, passant
de 23 % en 1996 à 32 % en 2000. Plus du tiers des enfants de moins de
cinq ans (35 %) souffrent de malnutrition chronique dont environ 17 %
présentent la forme sévère. La malnutrition aiguë ou
émaciation, touche près de 13 % des enfants de moins de cinq ans
dont 3% de cas sévères. Elle est plus prononcée chez les
garçons (15 %) que chez les filles (11 %). Toujours d'après cette
étude, 13 % des femmes de 15 à 49 ans, ont un indice de masse
corporelle inférieur à 18,5 et souffrent donc de malnutrition
chronique dont 2% de cas sévères.
Les autres problèmes nutritionnels sont
représentés par les troubles liés aux carences en iode (le
TDCI = 30,9 %). L'anémie carentielle touche 50 % des enfants de 5
à 14 ans et 60% des femmes enceintes. L'avitaminose A est de l'ordre de
2, 5 % à 2,7 % en moyenne, chez les enfants d'âge inférieur
à 5 ans avec des pics allant de 4 % en Adrar, 10 % au Hodh el Gharbi et
25 % à Nouadhibou). Les taux des petits poids à la naissance
(<2500g) sont de l'ordre de 24.4 % en moyenne avec des pics de 60% dans
certains milieux défavorisés de la population.
Conclusion partielle
Ce chapitre résume le contexte de la Mauritanie dans
lequel s'inscrit l'étude. Il a permis de dégager sa situation
administrative et géographique, ainsi que ses contextes socioculturel,
socioéconomique et sociodémographique. On a pu aussi faire la
lumière sur la pauvreté et le système sanitaire du
pays.
Malgré que la Mauritanie a un PIB plus
élevé que celui de plusieurs autres pays de la
sous-région, il existe des poches de pauvreté importantes parmi
sa population. Ce chapitre nous a également permis de relever les
actions menées au plan national pour réduire la pauvreté.
Les autorités ont pris conscience en encourageant la
décentralisation afin de surmonter l'urbanisation
accélérée et massive de la population et une allocation
des infrastructures sanitaires.
Quant à la situation sanitaire, elle reste toujours
préoccupante malgré les efforts déployés par le
gouvernement à travers les multiples politiques, programmes de
santé. La situation sanitaire de la population, notamment celle des
enfants et des femmes reste précaire même si elle a connu une
nette amélioration.
Ce chapitre nous aidera à mieux comprendre les
résultats des analyses qui feront l'objet des chapitres suivants. Mais
avant les analyses, il conviendra d'abord de faire une revue de la
littérature sur la relation entre la pauvreté et la
mortalité des enfants et présenter le cadre conceptuel ainsi que
les hypothèses de cette l'étude.
CHAPITRE II : ASPECTS THEORIQUES
Le présent chapitre s'articule autour de trois
principaux points. D'abord, une synthèse de la littérature sur
la relation entre la pauvreté et la mortalité des enfants de
moins de cinq ans ; ensuite, une élaboration du schéma conceptuel
de notre étude ainsi que des hypothèses qui le sous tendent.
Puis, une définition des différents concepts utilisés
dans le cadre de notre travail de recherche, et nous présenterons enfin
les variables opérationnelles et le schéma d'analyse.
2.1.
Synthèse de la littérature sur la pauvreté et
mortalité des enfants
La littérature sur la mortalité est bien
fournie, celle portant sur la pauvreté l'est tout autant. Cependant les
études portant sur la relation pauvreté et mortalité des
enfants sont très peu nombreuses. Ainsi pris séparément,
les deux thèmes ont fait l'objet de multiples études.
Pour appréhender cette relation, un essai de
définition du concept de la pauvreté s'impose avant la recherche
des mécanismes d'action de ce concept sur la mortalité des
enfants de moins de cinq ans.
2.1.1 Approches conceptuelles de
la pauvreté
La pauvreté est un phénomène complexe
à appréhender, nécessitant ainsi différentes
approches. Il est cependant devenu classique de distinguer trois principales
Ecoles de pensée sur la mesure de la pauvreté : l'école
Welfarist, l'école des besoins de base et l'école des
capacités. Ces trois écoles semblent être d'accord au moins
sur le point suivant : est considérée comme pauvre,
toute personne qui n'atteint pas un minimum de satisfaction raisonnable d'une
« chose » (Asselin et Dauphin, 2000). Ce qui les distingue, c'est la
nature et le niveau de ce minimum. Dans ce qui suit on va brièvement
résumer ces trois approches.
2.1.1.1. L'école
welfarist
Selon l'école welfarist, la « chose » en
question est le bien-être économique. Le concept du
bien-être est approché à celui de l'utilité. Il est
défini comme le degré de satisfaction atteint par un individu par
rapport aux biens et services qu'il consomme. Dans cette approche, les
comparaisons du bien-être, ainsi que les décisions relatives
à l'action publique sont fondées uniquement sur les
préférences des individus. Le classement de ces
préférences pour les biens est représenté par une
fonction d'utilité dont la valeur est censée résumer
statistiquement le bien-être d'une personne. Ainsi
considéré, les utilités forment alors la base des
préférences sociales y compris des comparaisons de la
pauvreté.
La théorie du bien-être sert de
référence à l'analyse de la pauvreté
monétaire. Du fait de l'impossibilité à mesurer les
utilités, elle s'appuie sur l'utilisation du revenu (ou de la
consommation) comme mesure du bien-être. En d'autres termes, si les
individus partagent les mêmes préférences et donc ont la
même fonction d'utilité non observable et s'ils font face au
même système de prix, le classement par le revenu sera le
même que le classement par les utilités à travers une
relation de pré-ordre identique (Marniesse, 1999). L'école
Welfarist souligne l'importance d'un accroissement des revenus, à
travers une augmentation de la productivité et de l'emploi comme
stratégie de lutte contre la pauvreté.
2.1.1.2. L'école des
besoins de base
Pour l'approche des besoins de base, la « chose manquante
» dans la vie des pauvres est un sous-ensemble de biens et services
spécifiquement identifiés et perçus comme universels,
communs aux hommes de différentes cultures et civilisations. Cette
pauvreté des « conditions de vie » ou « pauvreté
d'existence », traduit une situation de manque dans les domaines relatifs
à l'alimentation, à la santé, à l'éducation,
au logement, etc. Cette approche de la pauvreté se réclame d'une
vision humaniste qui dépasse l'économie pour en appeler à
la morale et à un développement de l'homme dans toutes ses
dimensions (Destremau et Salama,
2002).
L'un des principaux problèmes auxquels est
confrontée cette approche, est la détermination de ces besoins
essentiels qui peuvent varier d'un individu à l'autre selon l'âge
et le sexe. Cette approche privilégie les politiques orientées
vers la satisfaction des besoins essentiels dans la lutte contre la
pauvreté.
2.1.1.3. L'école des
capacités
Pour cette école, la « chose » qui manque
n'est ni l'utilité ni la satisfaction des besoins de base, mais des
habilités ou capacités humaines. Cette approche qui
découle des travaux de Sen, prix Nobel d'économie en 19986(*), se démarque de
l'approche en termes de besoins fondamentaux et s'inscrit dans le champ d'une
réflexion sur la justice sociale, l'égalité et les
inégalités. Les trois principales composantes de cette approche
sont « les commodités », les « fonctionnements » et
les « capabilités ».
Les commodités correspondent à l'ensemble des
biens et services et possèdent la caractéristique de rendre
possible les « fonctionnements ». Ces derniers prennent en compte les
accomplissements des individus, c'est-à-dire ce qu'ils « sont
» et ce qu'ils « font » avec leurs ressources. Les «
capabilités » correspondent à l'ensemble des
opportunités qui se présentent à une personne et parmi
lesquelles elle peut choisir : ce sont des diverses combinaisons de
fonctionnements qu'une personne peut réaliser. Ainsi, cette approche
permet d'aborder la pauvreté en la considérant comme le
résultat d'une incapacité à saisir les opportunités
qui se présentent en raison d'un manque de capacités
résultant d'une santé déficiente, d'une éducation
insuffisante, de déséquilibres nutritionnels, etc. Les
stratégies de réduction de la pauvreté porteraient ici sur
le renforcement des capacités humaines.
La mesure de la pauvreté se fait à partir de
plusieurs indices d'accessibilité aux services de base
nécessaires à la vie qui sont l'accès à
l'éducation et aux services de santé de base, l'accès
à un logement décent et hygiénique, l'accès
à une alimentation correcte et suffisante, etc. (Noumbissi, 1990). Ceux
qui n'ont pas accès à ces biens sont considérés
comme pauvres.
2.1.2. Le mécanisme
d'action de la pauvreté sur la mortalité des enfants
Pour mieux faire apparaître la relation entre la
pauvreté et la mortalité des enfants de moins de cinq ans, il
faut se situer à deux niveau d'analyse : le niveau macro et le
niveau micro.
2.1.2.1. Au niveau macro
De nombreuses études ont permis de constater la
persistance d'une relation négative entre le statut social du
père ou de la mère et la mortalité infantile
(Masuy-Stroobant cité par Tabutin, 1995). En d'autres termes, ces
études montrent que plus le niveau de vie du ménage est
élevé, moins la mortalité infantile est
élevée. Abondant dans le même sens, Pierre Surault
(cité par Tabutin, 1995) relève qu'en descendant l'échelle
sociale, la pauvreté s'accroît et la santé se
détériore.
Pour Fax J. cité par Hubert Gérard (1995,
P241), « A l'inégalité sociale devant la mort se superpose
une inégalité sociale devant la vie en bonne santé :
ainsi les moins favorisés se caractérisent-ils non seulement
par une durée de vie courte, mais aussi par une vie vécue en plus
mauvaise santé».
Le premier niveau se rapporte à l'environnement
économique global. Plus spécifiquement, il s'agit de voir dans
quelles mesures, la dotation en infrastructures, leur répartition
géographique, la disponibilité du personnel et des
équipements peuvent jouer un rôle dans la santé des
enfants. La relation entre pauvreté et santé a été
observée à l'échelon international par beaucoup d'auteurs
(H. Mosley 1985, Pison et al, 1988, Magali 1991, etc.) ceci se résume
comme suit : « Ainsi, au niveau mondial, la relation est
très marquée entre pauvreté et mauvaise
santé : Dans les pays les moins avancés, l'espérance
de vie n'est que de 49 ans et un enfant sur dix n'achève pas sa
première année de vie. Dans les pays à revenu
élevé, dont la durée moyenne de la vie est de 77 ans, le
taux de mortalité des enfants est de six pour 1000 naissances vivantes
(Banque Mondiale 2002). Il faut souligner que la situation des pays africains
en matière de mortalité des enfants n'est pas homogène.
Les études portant sur la mortalité
différentielle selon le milieu d'habitat montrent qu'en Afrique, la
mortalité dans son ensemble, et la mortalité
infanto-juvénile en particulier, est en général plus
faible en milieu urbain qu'en milieu rural (Akoto et Tabutin, 1989). Ces
résultats sont confirmés par les observations faites par Evina
Akam (1990) qui affirme que « Dans la plupart des analyses des
phénomènes démographiques telles que la
fécondité et la mortalité, on observe en
général des niveaux plus faibles en milieu urbain qu'en milieu
rural ». Comme l'observe Mosley (1985), les différences de
mortalité infantile semblent moins liées aux conditions
écologiques qu'aux conditions économiques. La majorité des
infrastructures socio-sanitaires sont concentrées dans les villes. Akoto
et Hill (1988) affirment par ailleurs qu'en Afrique, l'accès et
l'utilisation des services sanitaires sont très difficiles pour une
grande majorité de la population en raison de l'insuffisance des
services et de l'inégale distribution géographique des habitants.
Cependant on peut constater avec Akoto et Tambashe (2002),
qu'en milieu urbain, la crise économique a aggravé le
chômage des jeunes, entraîné une réduction des
salaires ou une perte d'emploi pour bon nombre d'actifs suite aux licenciements
et/ou à la fermeture de certaines entreprises. Une telle situation a
entraîné une baisse du pouvoir d'achat des populations citadines.
La Banque Mondiale (2001) montre que le taux d'évolution de la
pauvreté des villes est plus élevé en zone urbaine qu'en
milieu rural. On devrait s'attendre à ce que la mortalité des
villes soit plus élevée que celle de la campagne, ou tout au
moins que les écarts de mortalité entre les deux milieux se
réduisent dans le temps du fait des effets de la crise plus ressentie en
ville qu'en campagne.
Pour Mosley (1985), l'essentiel des différences de
mortalité observées tient beaucoup plus à la connaissance
et à la disponibilité des moyens de réduire le risque
d'exposition qu'aux conditions de maladies ou de traitement efficace de ces
dernières. Dans le même sens, Adam Wasgtaff (2000) affirmait que
« les communautés pauvres sont généralement
dépourvues de centres de santé primaire, de médicaments
essentiels et de vaccins ». D'autres facteurs tels que l'instruction
maternelle contribuent fortement à la baisse de la mortalité
infantile dans les villes. Si la mortalité est plus faible en ville
qu'en milieu rural, cela n'est pas seulement dû à une
inégalité dans la répartition géographique des
infrastructures médicales, mais aussi à une scolarisation plus
élevée en milieu urbain (Caldwell, 1979), une meilleure
couverture de la population à risque par l'action curative et une plus
grande acceptabilité des traitements modernes en milieu urbain.
Dans le même sens, les travaux menés à
Ibadan, au Nigeria, par Maclean (1988) ont montré que la qualité
des soins reçus à l'hôpital dépendait du niveau
d'instruction du patient ou de ses parents en dépit de la
gratuité des services. Il note que les instruits perçoivent mieux
les symptômes et sont davantage capables d'en faire un diagnostic
rationnel.
Au niveau macro, la relation semble établie, qu'en est
t-elle au niveau micro ?
La mortalité n'est pas exogène au contexte
social, son déclin apparaît de moins en moins comme le simple
résultat de la croissance économique ou des interventions
verticales en matière médicale (Gérard, 1995). Aussi
est-elle le produit des rapports sociaux dans un environnement socio-politique
et un système donné de production, de consommation et de
distribution (Quesney, 1995).
2.1.2.2. Au niveau micro
A l'échelon inférieur, la relation entre
pauvreté et survie des ménages est couramment observée.
Les ménages pauvres ou démunis sont caractérisés
par l'analphabétisme, la sous alimentation et la promiscuité,
favorisant ainsi la contagion de certaines maladies telles que la rougeole, la
diarrhée, le tétanos....
«Les enfants des familles pauvres vivent le plus
souvent dans un environnement caractérisé par approvisionnement
en eau limité et contaminé, l'absence de W-C et des conditions
peu hygiéniques de préparation et de conservation de la
nourriture » (Van Ginneken et. al., cités par Pison et al .,
1988). Aussi constate-t-on avec la Banque Mondiale (1990) que :
« Pauvreté et maladie restent fortement liées aussi
bien pour les enfants que pour les adultes ».
Pour Younoussi (1997), les ressources économiques du
ménage influencent la possession de toute une série de
biens : la disponibilité de l'eau potable, la présence
d'installation sanitaire, le type ou le confort du logement, le recours aux
moyens d'information nécessaire pour une utilisation des services
publics disponibles, etc. On peut donc s'attendre à une
amélioration des conditions de survie des enfants des ménages
aisés.
2.1.2.3. Caractéristiques
des ménages pauvres et mortalité des enfants
Dans toutes les sociétés, l'amélioration
des chances de survie du nourrisson et de l'enfant est le corollaire d'une
famille moins nombreuse et d'intervalle plus grand entre grossesses successives
(Biaye, 1994, cité par Younoussi, 1997).
Les caractéristiques du ménage (conditions de
vie du ménage) sont utilisées pour constituer la variable niveau
de vie en absence d'indicateurs monétaires représentant le revenu
du ménage. Les variables opérationnelles les plus
utilisées pour les représenter sont le plus souvent le mode
d'approvisionnement en eau potable, le type de matériaux de
construction, le nombre de personnes vivant dans le logement, type de toilettes
ou lieu d'aisance.
La qualité de l'eau consommée et la santé
des personnes (surtout chez les enfants) sont en étroite relation. Les
infections par les maladies parasitaires et certaines maladies pouvant
être fatale à la survie de l'enfant sont dues en grande partie par
la qualité de l'eau consommée. « On remarque le plus souvent
qu'une mère qui donne de l'eau saine à son enfant le
protège contre certaines maladies et par conséquent augmente ses
chances de survie » T. Vridaou, 2005.
Le type de toilette et le niveau de vie des ménages
sont fortement liés. Les ménages à revenu
élevé disposent des toilettes aménagées et à
l'inverse ceux dont le revenu est bas (familles pauvres) utilisent les latrines
non aménagées. Le risque de mortalité élevé
chez les familles pauvres est dû au risque élevé de
morbidité chez les personnes utilisant des latrines mal en point
(Moudjigui, 2003). L'existence de toilette mal aménagée se
perçoit en milieu urbain comme en milieu rural dans les régions
de l'Afrique subsaharienne. Les problèmes liés à
l'évacuation et à la canalisation des déchets se posent
avec acuité à tel point que les familles pauvres se trouvent dans
des difficultés d'élever leurs enfants dans des conditions non
hygiéniques. Cette situation donne lieu à une forte
morbidité et par voie de conséquence une mortalité
élevée des enfants vivant dans ces familles (Moudjigui, 2003).
De la qualité de l'eau de boisson dépend
beaucoup de maladies intestinales et parasitaires. De la quantité d'eau
disponible dépendent la propriété de l'individu et de la
maison, sans laquelle les maladies se propageraient rapidement. De même,
la présence des toilettes tenues dans de bonnes conditions
d'hygiène permet d'éviter le «péril
fécal» (Desgrées Du lou, 1996).
2.1.3. Déterminants de la
mortalité des enfants
La littérature sur les déterminants de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans est relativement abondante.
La Conclusion de celle-ci permet de mieux cerner l'étude, de guider la
définition des hypothèses et le choix des variables
(Rakotondrabe, 1996).
L'étude sociologique de différence de
mortalité de l'enfance a surtout porté sur le rôle
joué par les facteurs socio-économiques et culturels, à
savoir l'urbanisation, l'instruction, le revenu, le statut social ou les
pratiques alimentaires (Aaby, 1988). En effet, le même facteur social
(pauvreté par exemple) peut peser sur le risque de décès
à travers plusieurs variables intermédiaires, amplifiant ainsi
son action (Mosley, 1985).
Le phénomène de pauvreté se
présente comme l'élément déterminant dans
l'explication de la mortalité des enfants, mais il n'en reste pas moins
que d'autres facteurs intervient, dont les auteurs font mention. Il s'agit des
facteurs nutritionnels, socioculturels, socioéconomiques, et
comportementaux.
2.1.3.1. Facteurs
nutritionnels
Chaque année, dans les pays en développement,
près de 12 millions d'enfants de moins de cinq ans meurent
principalement de causes évitables (diarrhée, malnutrition, etc.)
et 55% de ces décès sont attribuables à la malnutrition
(OMS, d'après C.J.L Murray et al.). Il est donc nécessaire que
dans la recherche des facteurs rendant compte de la mortalité, l'on se
penche sur les pratiques nutritionnelles.
Dans la plupart des pays du tiers monde, la malnutrition est
considérée comme l'une des principales causes aussi bien de la
mortalité maternelle que celle des enfants de moins de cinq ans
(Harington 1971, Farah 1981 ; Chen, Huq, D'souza, 1981). Les comportements
nutritionnels englobent à la fois, les pratiques d'allaitement, le
sevrage, les comportements d'aliments nécessaires à l'enfant. Ces
pratiques varient selon le niveau d'instruction de la mère, le niveau de
vie du ménage. « C'est l'accroissement du niveau de vie qui,
en améliorant l'état nutritionnel des individus et donc leur
résistance aux infections, conduit au déclin de la
mortalité. La nutrition constitue le lien entre les facteurs
économiques et les facteurs biologiques » (Hubert
Gérard, 1995). L'alimentation est un facteur important, qui
développe l'organisme de l'enfant, en lui permettant de résister
contre les maladies.
En Afrique, de manière générale, les
enfants sont malnutris, et particulièrement en Mauritanie.
« L'enfant africain n'est sans doute guère vacciné,
mais il est aussi, et peut-être surtout mal nourri » (Akoto et
Allan, 1988). Cette malnutrition expose les enfants aux maladies infectieuses,
en les rendant beaucoup plus vulnérables. Les enfants mal nourris
constituent la population à risque élevé du fait de la
fragilité de leurs organismes. Bien des auteurs ont établi le
lien entre la nutrition et les infections.
Pour Bamikale (1987 cité par Pison et al, 1989) la
malnutrition affaiblit les mécanismes de défense de l'organisme.
Pour ces auteurs, un enfant malnutri devient plus réceptif aux agents
infectieux et moins apte à combattre efficacement l'infection ; A
cet effet, « la malnutrition entrave le processus immunitaire que
l'organisme développe en temps normal contre la plupart des
micro-organismes responsables de la diarrhée et réduit
par-là même la capacité de résistance à la
maladie » (Chen cité par. Pison et al, 1988). Bien plus, les
travaux de Dang Thu et co-auteurs (1996a et 1996b), cité par F.
Gendreau, 1998 font remarquer « qu'au Viet-Nam, on constate une
relation forte entre d'une part la pauvreté, d'autre part le faible
poids à la naissance des enfants de moins d'un an ou leur retard de
croissance ». Pour ces auteurs, la situation nutritionnelle est
étroitement liée à la situation économique des
familles. Ainsi, les pauvres souffrent plus de malnutrition que les non
pauvres.
Cependant, Bairagi (1985) a révélé selon
une étude faite au Bangladesh « qu'un revenu familial plus
élevé n'était associé à un meilleur
état nutritif que chez les mères instruites. Si la mère
était analphabète, l'élévation du revenu ne
provoquait pas d'amélioration sensible de l'état alimentaire de
ses enfants ». Contrairement à cet auteur, Reynault (1985)
pense que « d'un ménage aisé à une famille
pauvre, les habitudes alimentaires fondamentales ne varient guère, pas
plus que les comportements éducatifs ou les soins apportés au
jeune enfant (sevrage et maternage) ». L'attention que la mère
accorde à l'enfant, au bon traitement de la nourriture et à
l'hygiène peuvent réduire les risques de contamination des
aliments et de l'eau destinée à l'enfant.
Le manque d'aliments riches en protéine, en calories
et en micro nutriments telles que les vitamines exposent les enfants aux
maladies infectieuses. Les enfants des mères mal nourris sont davantage
plus fragiles et constituent la population à risque. Les chercheurs sont
unanimes sur le fait que « la santé de l'enfant est fonction
non seulement de sa propre alimentation mais également de celle de sa
mère » (Mosley 1984 ; Barbieri, 1991). Selon ces auteurs,
le régime maternel durant la grossesse a une influence majeure sur le
poids de l'enfant à la naissance et durant la période
d'allaitement, sur la qualité et la quantité du lait
absorbé par celui-ci. Il va sans dire que de nombreuses études
ont montré que les femmes enceintes et les mères allaitantes sont
très vulnérables parce qu'elles ont besoin davantage de calories
et d'éléments nutritifs.
L'OMS reconnaît dans les pays du tiers monde quatre
problèmes nutritionnels principaux : La malnutrition
protéine-calorique (appelée aussi malnutrition
protéino-énergique), les anémies nutritionnelles, le
goitre endémique et la xérophtalmie ou hypovitaminose A (Beghin
et al, citer par Vallin et Lopez, 1984). Selon ces chercheurs, les
anémies nutritionnelles graves sont associées à d'autres
maladies dont le parasitisme. Ils considèrent que le goitre n'est pas en
soi, mortel et, sa contribution à la mortalité globale n'a pas
été étudiée. Enfin, les formes graves de
xérophtalmie sont le plus souvent associées à la
malnutrition protéino-calorique, et elles ne sont jamais
fréquentes. La malnutrition protéino-calorique est
présente dans tous les pays en développement (Beghin et al,
cités par Vallin et Lopez, 1984). Chaque année, cent millions
d'enfants de moins de cinq ans en seraient atteints, dix millions souffraient
de la forme sévère et plus d'un million présenteraient
l'une des formes cliniques graves, le kwashiorkor ou le marasme (De Maeyer et
Habicht, 1982, cités par Vallin et Lopez, 1985).
La malnutrition protéino-calorique est un ensemble de
désordres atteignant les enfants de moins de cinq ans (plus rarement de
grands enfants et même des adultes) et dont les causes immédiates
sont un apport calorique et/ou protéique insuffisant combiné le
plus souvent à une carence en protéines ou au seul manque
d'aliments (De Maeyer (E) et Bengoa cité par Beghin et al, 1984).
En effet, Puffer et Gavin (1990) sont unanimes sur la
corrélation entre la malnutrition et la mortalité par certaines
causes. De nombreux auteurs sont d'accord sur le fait qu'une bonne nutrition
contribue à la croissance de l'enfant, à la lutte contre les
maladies infectieuses et réduit de ce fait la mortalité
infantile. Dans ce sens : « la qualité et la
variété des aliments au sein de la cellule familiale sont des
facteurs très importants du développement de l'enfant et de
l'équilibre physiologique de la mère, surtout lorsque celle-ci
est enceinte ou lorsqu'elle allaite » (Barbieri, 1991 ; Mosley,
1985).
2.1.3.2. Les facteurs
socio-culturels
Les facteurs socioculturels désignent l'ensemble des
normes, des valeurs traditionnelles et culturelles qui façonnent les
attitudes et les comportements des individus face à leur survie. Ce
concept renvoie à l'ethnie, à la religion, au milieu de
socialisation pendant l'enfance et à l'instruction des parents. C'est
ainsi que Cantrelle. P et Locoh. T (1990), soulignent que :
« Chaque société possède un ou des
systèmes nosologiques7(*) et étiologiques8(*) qui lui permettront de générer des
stratégies thérapeutiques selon l'origine de la maladie et les
acteurs mis en jeu. Partout en Afrique de l'Ouest on retrouve une dichotomie
entre maladies naturelles et maladies provoquées par la sorcellerie, les
génies, etc.... ».
a. L'ethnie
L'ethnie joue un rôle majeur dans les
différences de comportements des individus. L'appartenance d'un individu
à un groupe ethnique quelconque est susceptible d'influencer ses
décisions en matière de santé. Ainsi, Mudubu (1996)
affirme que la variable ethnie agit plus à travers les croyances, les
perceptions, les attitudes, les valeurs relatives au modèle culturel de
référence. Dans le même sens, Akoto (1993) fait aussi
remarquer que l'ethnie est une variable opérationnelle de la culture.
Elle influence la mortalité des enfants par les modèles culturels
(organisation sociale, environnement, etc.), les normes, les idées, les
croyances et attitudes qui sont véhiculés par les membres de la
société. La culture influence la mortalité à
travers la perception de la maladie. La définition des symptômes
de la maladie des enfants que donnent les parents conditionne la
rapidité du recours au système de soin et donc la survie de
l'enfant. L'auteur a poursuivi en affirmant que l'action de la culture sur la
mortalité des enfants de moins de cinq ans peut s'exercer par
l'intermédiaire de concept d'étiologie qui influence le choix du
système de soin ainsi que le type d'intervention sur la maladie de
l'enfant. Cela a pour conséquence un comportement différentiel
des individus en ce qui concerne les soins de leurs enfants. Dackam (1987),
à partir des données de l'enquête sur la mortalité
infantile et juvénile de Yaoundé, montre qu'il existe des
différences de mortalité selon les ethnies en matière de
mortalité des enfants.
Pour montrer l'importance des facteurs culturels au Mali, Hill
et Randall (1984) dans leur conclusion ont pris comme exemple les nomades
pasteurs Tamasheq et les anciens esclaves qui avaient un faible taux de
mortalité que les autres (Akoto et Hill, 1988).
La disparité du niveau de la mortalité des
enfants de moins de cinq ans en Mauritanie peut être expliquée par
l'appartenance ethnique. En effet, dans chacune des 4 groupes ethniques de la
Mauritanie, il existe des interdits alimentaires pour les femmes enceintes et
pour les enfants de moins de cinq ans.
b. La religion
La religion est le canal par lequel véhiculent un
certain nombre de valeurs et normes qui régissent la vie des
fidèles sur le plan comportemental, physiologique et physique (Akoto
1985). L'influence de la religion est très forte sur le comportement des
individus. La religion de la mère à travers les dogmes et les
pratiques détermine en partie la nutrition et le type de soins à
consacrer à l'enfant. Plusieurs études ont montré que la
religion des mères est une variable de différentiation en
matière de mortalité des enfants. Les études
réalisées au Kenya par Akoto relèvent que les enfants de
mère catholique ou protestante connaissent un risque de
décès moins élevé que ceux dont les mères
appartiennent aux autres groupes religieux (Akoto 1985). Par ailleurs, Mudubu
(1996), souligne qu'en Afrique noire, de façon générale,
la religion est une variable qui sert à approcher d'autres variables
telles que l'instruction, la profession. Pour mettre en lumière cette
thèse, Akoto (1991) a pris l'exemple des études menées au
Cameroun et au Sénégal. Ces études ont montré que
l'effet de la religion sur la mortalité a disparu complètement en
introduisant les caractéristiques socio-économiques des
mères. Il est confirmé que dans certaines confessions
religieuses, tous les adeptes sont soumis à certaines pratiques
véhiculées par leur idéologie ; C'est peut-être
un tel constat qui fait dire à Tabutin (1995, P275) que contrairement
à l'ethnie, la religion en Afrique n'apparaît pas encore comme une
source importante de différentiation de la mortalité. La
Mauritanie est un pays à 100% musulmans, dans un tel contexte la
religion peut ne pas être une source de différentiation.
c. Milieu de socialisation
de la mère
Le milieu de socialisation9(*) pendant l'enfance joue un rôle non
négligeable en matière de choix thérapeutique. En
psychologie sociale, la socialisation désigne le processus par lequel
les individus apprennent les modes d'agir et de penser de leur environnement,
les intériorisent en les intégrant à leur
personnalité et deviennent membres de groupes où ils
acquièrent un statut spécifique (Tollegbé 2004).
Comme l'ont si bien souligné Akoto et G. HILL Allan
(1988), « la santé des enfants ne dépend pas seulement de la
médecine (l'offre de soins), ni du niveau de vie économique (la
richesse du groupe ou de la famille). On sait maintenant que les facteurs
culturels (ethnie, religion, croyances) ont parfois leur importance sur le
comportement des couples et notamment des mères vis-à-vis des
enfants (...) ».
C'est pourquoi, l'introduction de la variable « milieu de
socialisation » dans une étude peut contribuer à mieux
cerner le problème.
d. Milieu de
résidence
Evina Akam (1990) affirme que « dans la plupart des
analyses univariées des phénomènes démographiques
tels que la fécondité et la mortalité, on observe en
général des niveaux plus faibles en milieu urbain qu'en milieu
rural ». La surmortalité rurale par rapport au milieu urbain va de
20 à 92% pour la mortalité infantile et de 18 à 19% pour
la mortalité juvénile (Akoto et Hill, 1988). Cette
disparité de la mortalité s'expliquerait par une concentration
des services socio-sanitaires en ville au détriment des campagnes. Et
Albert Palloni d'ajouter : « ce progrès social, et notamment
l'égalisation des chances d'accès aux ressources
matérielles et aux services de santé, la participation active
à la vie locale et nationale de toutes les couches sociales de la
population [...] jouent un rôle déterminant ». L'effet
de la variable milieu de résidence est en général amoindri
lorsqu'on contrôle les caractéristiques socioéconomiques et
culturelles du ménage. D'après l'enquête
démographique et de santé réalisée en 2000/2001 en
Mauritanie, la mortalité des enfants de moins de cinq ans en milieu
urbain est de 112 %o contre 120 %o en milieu rural.
e. Niveau d'instruction des
parents
Selon Caldwell (1979), l'éducation formelle des
parents représente aussi un des facteurs déterminants de la
survie des enfants. En effet, il a été démontré
dans plusieurs études son influence négative sur la
mortalité des enfants (Caldwell 1979, Akoto 1985). Il existe en
général une relation négative entre cette variable et la
survie infanto-juvénile. Akoto (1993) confirme : « a une
augmentation du niveau d'étude correspond en général une
baisse de la mortalité des enfants ». C'est à dire que si
l'on élève le niveau d'instruction des parents, toutes choses
étant égales par ailleurs, le niveau la de mortalité des
enfants devrait baisser.
e-1. Niveau d'instruction
de la femme
L'hypothèse selon laquelle le niveau d'instruction de
la femme a un effet sur la mortalité des enfants a été
émise par beaucoup d'auteurs. Behn (1980), dans ses études sur la
mortalité des enfants, a suggéré que la mortalité
des enfants dans les pays en développement était plus liée
à l'éducation de la mère que les autres variables
d'identification sociales. Les chercheurs, en général, lorsqu'ils
parlent de l'éducation, se réfèrent implicitement à
l'instruction. Akoto et Tabutin (1987) abordent dans le même sens et
affirment: « Partout, la mortalité baisse classiquement avec
l'augmentation de l'éducation de la mère, mais plus ou moins
fortement et plus ou moins rapidement ».
Des études au Nigeria ont montré que les
familles à faible revenu (moins de 70 dollars) ont une mortalité
nettement plus basse que celles qui sont plus riches (300 dollars et plus) mais
dont les mères sont illettrées ; Ce qui a fait dire
« mieux vaut (au Nigeria et peut être ailleurs) être
pauvre mais instruit, que plus riche mais illettré » (Pison,
1988).
Le niveau d'instruction peut également être un
indicateur de la catégorie sociale de la femme : plus le niveau
d'instruction de la femme est élevé, plus elle a la chance de
disposer d'un revenu élevé ou d'avoir un mari aisé ou
riche (Nations Unies, 1985). Une femme instruite a donc plus de chance de
disposer de revenus suffisants lui permettant d'accéder librement au
marché des biens médico-sanitaires et ce libre accès aura
des répercussions sur la survie des enfants (Akoto, 1993). L'effet du
niveau d'instruction du père, moins net, s'ajoute à celui de la
mère. En Mauritanie, les enfants dont la mère a, au moins, un
niveau d'instruction primaire courent des risques de mortalité nettement
plus faibles que ceux dont la mère n'a jamais fréquenté
l'école (96 0/00 contre 128
0/00 d'après EDSM 2000-01).
e-2. Niveau d'instruction
du père
Par le même mécanisme que chez la mère,
le niveau d'instruction du père peut également avoir un effet sur
la mortalité des enfants. Dans une étude menée par Akoto
et Tabutin (1987) dans six pays africains, il s'est avéré que
dans l'ensemble, la mortalité baisse avec l'instruction du père.
A Bobo Dioulasso (au Burkina Faso), le niveau d'instruction du père
s'est révélé comme premier facteur déterminant de
la survie des enfants (Banza B., 1993). Toutefois, de façon
générale, le niveau d'instruction de la mère a plus
d'influence sur la mortalité des enfants que celui du père.
2.1.3.3. Les facteurs
socio-économiques
De nombreuses études ont montré l'impact
prédominant de facteurs de type socio-économique sur la
mortalité des enfants (Gérominus, 1987 cité par Magali,
1991). D'une manière générale, la littérature
utilise le plus souvent comme variables économiques, l'activité
économique des parents, le niveau de vie qui sera
appréhendé ici par les caractéristiques du ménage.
Les variables économiques sont indispensables pour expliquer la
vulnérabilité des enfants de moins de cinq ans face à la
mortalité.
a. Le revenu du
ménage
Le revenu est appréhendé à travers le
niveau de vie du ménage. Donc, ce niveau de vie reflète non
seulement ses sources de revenu, mais aussi ses besoins, parmi lesquels la
santé des enfants. Les conditions de vie du ménage sont
utilisées comme des variables économiques parce qu'elles sont
fortement associées au niveau de vie du ménage. Elles sont
utilisées pour constituer l'indicateur niveau de vie en absence
d'indicateurs monétaires représentant le revenu du
ménage ; Elles sont fréquemment utilisées dans les
enquêtes et les recensements. Les variables opérationnelles les
plus utilisées pour les représenter sont le plus souvent le mode
d'approvisionnement en eau potable, le type de matériaux de
construction, le nombre de personnes vivant dans le logement, le type de
toilettes ou lieu d'aisance.
A l'heure actuelle, la plupart des pauvres d'Afrique plus
représentés en milieu urbain qu'en milieu rural. En Afrique
sub-saharienne, 70% des populations actives travaillent en
général dans le milieu rural et vivent de l'agriculture
(Ouedraogo et al., 1999). L'écart dans le mode d'approvisionnement en
eau entre riches et pauvres est dû en grande partie aux
différences qui existent en milieu urbain, dans la mesure où les
meilleures sources (robinets et bornes-fontaines) sont
généralement très limitées en milieu rural. En
effet, il s'agit avant tout pour les ruraux de l'absence d'infrastructure
hydraulique. Cependant, les enfants des pères modestes sont en situation
défavorisée en ce qui concerne pratiquement tous les facteurs
contribuant à un état de santé tels que l'information sur
les questions de santé, la nutrition et surtout d'accès aux
services de santé. Par ailleurs, il est aussi à noter que la
saisie des données sur le revenu est souvent entachée des erreurs
dans la mesure où les gens donnent très difficilement de bonnes
informations sur leur revenu.
b. L'activité
économique des deux conjoints
L'activité économique des deux conjoints
améliore le niveau de vie des ménages et, par suite, la situation
alimentaire des membres de la famille dont les enfants en particulier. C'est la
variable la plus utilisée dans la recherche des déterminants
économiques de la mortalité des enfants de moins de cinq ans
parce qu'elle permet d'une part, d'estimer le revenu monétaire du
ménage et d'autre part, celle de la mère permet aussi d'avoir une
idée sur le temps que consacre la mère aux taches du
ménage et à l'entretien de l'enfant. Selon Barbieri (1991), la
catégorie socio-professionnelle agit sur la mortalité à
travers l'alimentation, la qualité et le type de soins de santé,
etc. Dans le même ordre d'idée, l'auteur affirme que le revenu
procuré par l'activité économique des parents influence la
possession d'une série de biens et le recours aux nombreux services
susceptibles d'influer sur la santé des enfants.
b.1. Activité
économique de la mère
L'activité économique de la mère peut
avoir des effets néfastes ou favorables sur la survie des enfants selon
les études ayant pris en compte cette variable. En effet,
l'activité économique de la mère peut constituer une
source de revenu pour le ménage et permettrait d'améliorer le
niveau de vie du ménage qui a un impact sur la mortalité des
enfants. Akoto et Tabutin (1988), Noumbissi (1993), Mosley (1985) notent dans
le même ordre d'idée que : « L'occupation de la
mère peut influencer la mortalité des enfants à travers
l'alimentation des jeunes enfants (allaitement, sevrage) ou l'attention et les
soins qui leur sont accordés ».
La relation entre l'activité économique de la
femme et la mortalité des enfants dépend de la nature du travail.
Certains auteurs ont pensé que l'activité économique de la
mère permet d'estimer le temps que celle-ci consacre à
l'élevage de son enfant (Nations Unies, 1985). Les mères
travailleuses disposent souvent de très peu de temps pour s'occuper de
leurs enfants, surtout lorsque le lieu de travail est éloigné du
foyer ; elles sont obligées de laisser ceux-ci sous la surveillance
de leurs frères ou soeurs. Farah et Peston (1982) trouvent dans une
étude réalisée au Soudan, que les enfants dont les
mères travaillent courent plus de risques de décéder que
ceux dont les mères sont ménagers.
b.2. Activité
économique du conjoint
L'on utilise l'activité économique du
père comme Proxy du niveau de vie du ménage dans la mesure
où l'activité économique donne une indication sur le
revenu du ménage. Dans une étude portant sur la mortalité
infantile et juvénile au Cameroun et au Kenya, Akoto E, (1985, p188)
constate que les femmes dont les maris sont employés de bureau, du
commerce, cadres ou exerçant une profession libérale ont des
enfants qui courent un plus faible risque de mortalité comparativement
aux femmes dont les maris travaillent dans l'agriculture ou dans d'autres
domaines.
2.1.3.4. Les variables
intermédiaires
Les variables intermédiaires, encore appelées
déterminants proches sont celles qui ont un impact direct sur la
santé de l'enfant. Il s'agit des variables comportementales et des
variables biodémographiques.
2.1.3.4.1. Les variables
comportementales
Nous retenons ici, les soins prénatals et l'assistance
à l'accouchement, la vaccination, lieu d'accouchement, Allaitement et
aliments de complément, etc. Ceux-ci constituent un ensemble d'attitudes
que les parents, particulièrement la mère, se doivent d'observer
afin d'accorder plus de chances de survie à leur enfant.
a. Visites
prénatales et assistance à l'accouchement
La grossesse et l'accouchement sont
généralement des périodes à risque pour la femme et
l'enfant à naître. Ces risques sont en grande partie
maîtrisés par des mesures de surveillance prénatale, une
assistance qualifiée pendant et après l'accouchement (Locoh,
1990). Un bon suivi médical de la mère durant la grossesse
pourrait augmenter les chances de survie du nouveau-né. Pour certains
auteurs (Cheik et Etienne 1988, Kourgéni 1998, Akoto et Tambashe, 2002),
une bonne prise en charge médicale de la grossesse mesurée par la
précocité des consultations prénatales10(*) est associée à
une faible mortalité.
Pour une bonne santé de l'enfant, les soins
prénatals doivent être effectués à un stade
précoce de la grossesse et doivent se poursuivre avec une certaine
régularité jusqu'à l'accouchement. L'OMS recommande quatre
visites prénatales, à intervalles réguliers tout au long
de la grossesse ; le rapport de l'EDSM, 2000-01 relève
malheureusement que plus d'un tiers (35%) des mères n'ont
effectué aucune visite prénatale ; On note que 40% des
naissances n'ont été précédées que de 2
à 3 visites et que dans 7% des cas, la mère n'a effectué
qu'une seule visite ; enfin, seulement 16% ont fait l'objet de quatre
visites prénatales. Le nombre médian de visites s'établit
à 2,5 alors que l'OMS en recommande au moins quatre. La surveillance
prénatale a pour objet de suivre régulièrement la
croissance et le développement du foetus, de laisser prévoir
quelles difficultés pourraient surgir au moment de l'accouchement et de
dépister les anomalies qui peuvent mettre en danger la santé du
foetus et/ou de la mère.
b. Vaccination
La vaccination est l'un des moyens les plus efficaces de
lutte contre la mortalité des enfants. Quel que soit l'âge, le
risque de décès pour l'enfant non vacciné est plus
élevé que celui de l'enfant vacciné. Les vaccins
contribuent d'une manière active à la lutte contre les maladies
infectieuses telles que la rougeole et autres. Dackam (1990) montre dans une
étude démographique à Yaoundé (Cameroun)
l'influence de la vaccination sur la mortalité des enfants en calculant
un taux de mortalité pour les enfants vaccinés et un autre pour
les enfants non-vaccinés. Il constate à cet effet que les enfants
vaccinés ont une faible mortalité comparativement à leurs
homologues non-vaccinés.
Les programmes de vaccinations mis en place au lendemain de la
conférence d'Alma-Ata en 1978 ont été appliqués
dans presque tous les pays africains. Ils sont connus sous le vocable de
Programme Elargi de Vaccination (PEV). L'immunisation est devenue le fer de
lance de l'effet en matière de santé publique. Le Programme
Elargi de Vaccination de l'UNICEF, a permis en Afrique de vacciner 38% des
enfants contre la rougeole en 1986, et 34% contre la diphtérie, le
tétanos et la coqueluche (UNICEF, 1988). Comme l'a si bien noté
Mosley (1985) « l'objet des programmes de vaccination est
d'empêcher les épidémies et les décès
causés par des maladies que l'on peut prévenir par
vaccination ». Car, comme le souligne Dackam (1990), la plupart des
maladies évitables par vaccin sont mortelles. En général,
ces programmes visent les maladies transmissibles dont les principales sont la
rougeole, le tétanos et la coqueluche.
La réussite des programmes de vaccination est fonction
des moyens économiques, matériels, et de la qualification des
ressources humaines dont dispose le pays. Les pays à revenu faible sont
les plus exposés à ces types de maladies. Ainsi, « tous
les spécialistes de la santé, biologistes ou sociologues, doivent
reconnaître qu'en fait, la cause fondamentale des fortes
mortalités par maladies transmissibles est la
pauvreté » (Jones et al., cités par Vallin et Lopez,
1985). Pour ces auteurs, l'insalubrité, la promiscuité des
populations, l'analphabétisme ou la malnutrition contribuent largement
à la mortalité attribuée à ces maladies.
En Mauritanie, Les dernières données sur la
couverture vaccinale montrent un faible taux de couverture. En effet, dans
l'ensemble, seulement un tiers des enfants (32%) sont complètement
protégés contre les maladies cibles du PEV et 25 % ont
reçu toutes ces vaccinations avant l'âge de 12 mois. A
l'opposé, 15 % des enfants n'ont reçu aucun vaccin avec des taux
de déperdition très élevés, et ce malgré les
efforts entrepris pour revitaliser le PEV de routine ces dernières
années (EDSM, 2000). Ainsi les campagnes nationales de vaccination
visant l'éradication de la poliomyélite et le contrôle de
la rougeole ont donné des résultats satisfaisants, mais les taux
de vaccination de routine sont encore faibles. La vaccination permet
d'éviter certaines maladies meurtrières ou décès
dûs à ces maladies. Conformément aux recommandations de
l'OMS, un enfant est complètement vacciné lorsqu'il a reçu
le BCG (protection contre la tuberculose), le vaccin contre la rougeole et
trois doses de vaccin contre la polio et le DTCoq (protection contre la
diphtérie, tétanos et coqueluche).
c. Allaitement et aliments
de complément
Les pratiques d'alimentation constituent un facteur
déterminant de l'état nutritionnel des enfants qui affecte
à son tour, la morbidité et la mortalité des enfants.
D'après l'OMS (1981) « un bébé alimenté
avec le lait maternel est moins souvent malade et atteint de malnutrition qu'un
bébé nourri au biberon avec d'autres aliments. Si tous les
bébés étaient nourris exclusivement au sein jusqu'à
environ six mois, il serait possible d'éviter le décès de
plus d'un million de jeunes enfants chaque année dans le monde
».
Dans l'une de leurs recommandations, l'OMS et l'UNICEF
suggèrent que les enfants soient uniquement nourris au sein
jusqu'à 6 mois. Or les statistiques montrent que 28% des enfants de 0-3
mois sont allaités exclusivement alors que 25 % reçoivent de
l'eau en plus du lait maternel et 65 % d'autres types de liquides ou aliments
en plus du lait maternel. Ainsi les 1% des enfants sont non allaités au
sein. L'allaitement au sein par son intensité et par sa
fréquence, prolonge l'infécondité post-partum et par
conséquent, affecte l'intervalle entre les naissances, il influe sur le
niveau de fécondité.
Pour permettre un meilleur allaitement aux nouveau-nés,
l'espacement des naissances est indispensable. Plusieurs études ont
confirmé l'impact de l'espacement des naissances sur la mortalité
néonatale (Akoto et Hill 1988). A partir des résultas des
enquêtes menées par ces auteurs au Sénégal, au
Lesotho, au Kenya et au Ghana, ils ont montré que le risque pour un
enfant de décéder durant le premier mois de la vie augmentait
considérablement avec le nombre de frères et soeurs que sa
mère a mis au monde dans les deux années qui
précédaient sa propre naissance. « Un espacement des
naissances peut accroître la concurrence entre frères pour les
ressources maternelles et familiales et/ou augmenter les risques de
transmission des maladies infectieuses telle que la rougeole (Kuate et Palloni
(1993) ». En ce qui concerne l'alimentation de complément,
l'OMS souligne qu'à partir de 6 mois le lait maternel ne suffit plus
pour assurer la bonne croissance possible de l'enfant, d'où la
nécessité d'introduire à cet âge des aliments
solides de complément dans l'alimentation de ce dernier. L'alimentation
de complément des enfants au-delà de six moins doit comprendre
les farines, les légumes, les oeufs, les viandes, les fruits, etc.
lorsque l'alimentation de complément est pauvre11(*) , l'enfant est exposé
à des risques élevés d'infections qui peuvent être
maternelles. Il ressort de l'EDSM, 2000-01 que plus du tiers des enfants de
moins de cinq ans (35%) souffrent de malnutrition chronique et en environ 17%
souffrent de sa forme sévère.
Pour pallier ce problème d'alimentation des enfants,
les efforts des autorités doivent être orientés vers le
renforcement des équipements et matériels nécessaires aux
interventions nutritionnelles, la communication pour le changement de
comportement en matière de nutrition ; le suivi et
évaluation des interventions nutritionnelles.
2.1.3.4. Les variables
biodémographiques
Ces variables comprennent : l'âge de la mère
à la maternité, l'intervalle intergénésique et le
sexe de l'enfant.
a. L'âge de la
mère à l'accouchement
En général, les femmes âgées de
moins de 20 ans et celles de plus de 35 ans courent beaucoup plus de risques de
perdre leurs enfants que celles du groupe d`âges 20-34 ans (Akoto et
Hill, 1988, Noumbissi, 1993). En effet, le constat qui a été fait
est que le risque de décès des enfants de moins de cinq ans est
corrélé avec l'âge de la mère et est une fonction en
forme de U. Ce risque élevé aux jeunes âges de la
mère serait dû au fait qu'elles n'ont encore pas atteint la
maturité physique pour supporter une grossesse. Ce désavantage
pourrait entraîner un faible poids de l'enfant à la naissance. On
peut aussi évoquer le manque d'expériences des mères quand
aux prises de décisions en matières de soins et d'alimentation
à accorder à l'enfant En général, les femmes
âgées de moins de 20 ans et celles de plus de 35 ans courent
beaucoup plus de risques de perdre leurs enfants que celles d`âge de
20-34 ans (Akoto et Hill, 1988, Noumbissi, 1993). En effet, le constat qui a
été fait est que le risque de décès des enfants de
moins de cinq ans est corrélé avec l'âge de la mère
et est une fonction en forme de U. Ce risque élevé aux jeunes
âges de la mère serait dû au fait qu'elles n'ont encore pas
atteint la maturité physique pour supporter une grossesse. Ce
désavantage pourrait entraîner un faible poids de l'enfant
à la naissance. On peut aussi évoquer le manque
d'expériences des mères quant aux prises de décisions en
matière de soins et d'alimentation à accorder à l'enfant
(Bels, 1965 cité par Banza, 1993). Par contre, les mères ayant un
âge élevé exposent leurs enfants de moins de cinq ans
à un risque de mortalité élevé à cause des
malformations congénitales, des syndromes d'épuisement et des
risques de diminution de protection du lait maternel (Barbieri, 1991. Bels,
1965 cité par Banza, 1993).
b. L'intervalle
intergénésique
Certains travaux ont montré une association entre
l'intervalle deux enfants nés vivants et leur mortalité ;
Plus l'intervalle est court (moins de deux ans) plus élevé est le
risque de décéder de l'un ou de l'autre enfant. En Mauritanie,
l'intervalle entre les naissances semble influencer de manière
significative le niveau de malnutrition chronique et partant la
mortalité des enfants. Les enfants qui suivent leurs aînés
âgés de 48 mois sont moins touchés (27%) que ceux pour
lesquels l'intervalle est court, c'est-à-dire 24 mois (42%).
l'étude de Hobcraft (1984 cité par Barbieri, 1989) a
montré qu'un enfant né moins de deux ans après la
naissance précédente court un risque de décéder de
52% plus élevé que celui né plus de deux ans après
la naissance précédente, si l'enfant issu de cette
dernière vit encore. Akoto et Hill (1988) soulignent que l'effet d'un
intervalle inter génésique court est le plus important durant la
période néonatale. Ainsi, plus les naissances se rapprochent
moins bonne est la qualité du lait maternel, notamment sous l'effet
d'épuisement physique de la mère. Le rapprochement des naissances
peut entraîner une déficience physiologique de la mère et
par conséquent il a un impact sur le poids du nouveau-né.
c. Sexe de
l'enfant
D'une manière générale, on note une
surmortalité masculine jusqu'au premier anniversaire,
c'est-à-dire de 0 à 1 an révolu. Les études faites
par Akoto (1985), ont montré que les garçons sont plus
vulnérables à la naissance alors qu'une fois les premiers mois
franchis, la résistance des enfants aux agressions extérieures
dépend en grande partie du comportement social à l'égard
des garçons et des filles.
En revanche, si les différences de mortalité
entre sexe sont en bonne partie une question biologique, ce scénario
dépendrait de la structure chromosomique particulière des
garçons et du développement plus lent de leurs poumons, dû
aux effets de la testostérone (Banque Mondiale 2003).
Dans le contexte africain, la plupart des résultats
fournis par les Enquêtes Mondiales de la Fécondité (E.M.F.)
montrent cependant que les différences ne sont pas significatives
(Gbenyon et Locoh, 1989 cités par Rakotondrabé, 1996). Le
quotient de mortalité des garçons est estimé à
127%o, soit près de 20 % plus élevé que celui des filles
(106%o) selon l'EDSM 2000/2001.
2.2. Hypothèses et
Schéma conceptuel
2.2.1. Hypothèse
générale de l'étude
Dans cette étude, la pauvreté des
ménages serait l'élément fondamental dans l'explication
de la mortalité des enfants de moins de cinq ans en Mauritanie. A cet
effet, les caractéristiques socioéconomiques et culturelles des
parents sont les déterminants de la mortalité des enfants de
moins de 5 ans. Cette influence se réalise par l'intermédiaire
des caractéristiques comportementales et biodémographiques des
mères et des enfants.
2.2.2. Schéma
conceptuel de l'étude
Le cadre conceptuel est la traduction schématique de
l'hypothèse principale. Il est représenté comme
suit :
Figure 2.1. Le schéma
conceptuel
Contexte socio-économique et
culturel
Caractéristiques comportementales de la
mère
Caractéristiques socio-économiques des
parents
Pauvreté des ménages
Mortalité des enfants de moins de 5
ans
Caractéristiques socioculturelles des
parents
Caractéristiques biodémographiques de la
mère et l'enfant
2.2.2.1.
Définitions des concepts
Pour permettre une bonne compréhension des termes
utilisés dans cette recherche, nous en définitions quelques
concepts de base.
Ø Mortalité des enfants
On parle de mortalité pour définir le
phénomène des décès dans une population. La
mortalité des enfants est un concept qui désigne le risque pour
une personne âgée de 0 à 4 ans révolus de subir
l'évènement qui est le décès. En d'autres termes,
c'est le risque d'avènement d'un décès chez un enfant
ayant l'âge compris entre 0 et 5 ans exacts. Le décès
à son tour est la disparition de tout signe de vie après une
naissance vivante. Il peut se définir aussi comme la cessation de toute
activité biologique postérieure à une naissance vivante.
Compte tenu de la sensibilité différentielle des
enfants à l'environnement aux différents âges, la
mortalité des enfants peut se subdiviser en deux sous groupes :
Nous avons la mortalité infantile qui concerne les décès
des enfants survenus entre l'âge de 0 et 11 mois révolus et la
mortalité juvénile qui tient compte des décès des
enfants d'âge de 1 à 4 ans révolus.
Si nous considérons les deux intervalles ensemble,
c'est-à-dire de 0 à 4 ans révolus, alors nous nous
intéressons à la mortalité infanto-juvénile (ou la
mortalité des enfants de moins de cinq ans). C'est cette
mortalité dont l'étude cherche à déterminer les
facteurs notamment la pauvreté.
Ø Pauvreté des ménages
Aujourd'hui, tout le monde s'accorde sur le fait que la
pauvreté est un phénomène complexe, pluridimensionnel, ne
pouvant être réduit à sa simple expression monétaire
(c'est-à-dire à un niveau insuffisant de ressources
économiques pour vivre de façon décente). Le PNUD
(2000a : 34) déclare ainsi que « la pauvreté n'est
pas un phénomène unidimensionnel - un manque de revenus pouvant
être résolu de façon sectorielle. Il s'agit d'un
problème multidimensionnel qui nécessite des solutions
multisectorielles intégrées ». De même, la Banque
mondiale (BM 2000 : 1) affirme que la pauvreté a des
« dimensions multiples », de « nombreuses
facettes » et qu'elle est « la résultante de
processus économiques, politiques et sociaux interagissant entre eux
dans des sens qui exacerbent l'état d'indigence dans lequel vivent les
personnes pauvres ».
Dans le même ordre d'idée, S. Nouetagni (2004)
distingue la pauvreté monétaire de celle non
monétaire12(*).
Différentes formes de pauvreté existent ainsi et peuvent
être appréhendées ajoute t-il, soit de manière
objective13(*), soit de
manière subjective14(*).
Dans cette étude nous considèrerons la
pauvreté des ménages en termes de conditions d'existence et nous
la mesurerons à l'aide d'un indicateur composite de niveau de vie dont
nous aborderons les détails de sa construction.
Contexte socio-économique du pays :
Ce concept est défini à travers les indicateurs qui le
mesurent. Ces contextes socio-économiques peuvent être
appréhendés à travers les critères
macro-économiques comme le produit Intérieur Brut
(PIB), le revenu moyen par habitant ou le taux de couverture des besoins
alimentaires ainsi que l'environnement culturel.
Les caractéristiques
socio-économiques des parents : sont saisies ici par
l'activité économique des parents et les biens
d'équipement.
Les caractéristiques socioculturelles des
parents : Dans notre étude, elles font
référence au milieu de socialisation, à la région,
au milieu de résidence et au niveau d'instruction des parents.
Les caractéristiques comportementales des
mères : elles sont perçues comme le comportement
sanitaire et nutritionnel. Elles sont saisies à travers les variables
suivantes : la visite prénatale, la vaccination, la durée
d'allaitement, l'assistance à l'accouchement et le lieu
d'accouchement.
Caractéristiques biodémographiques
: Elles désignent dans cette étude, les
caractéristiques concernant la mère et l'enfant et susceptibles
d'influencer la santé dudit enfant. Ce sont : l'âge de la
mère à la maternité, l'intervalle inter
génésique et le sexe de l'enfant.
2.2.3.
Hypothèses spécifiques et schéma d'analyse
Il est question ici de définir les hypothèses
spécifiques, la spécification des variables de l'étude et
présentation du schéma d'analyse.
2.2.3.1. Hypothèses spécifiques
H1 : Le risque de
décès des enfants est plus élevé dans les
ménages de niveau de vie faible que dans les ménages de niveau de
vie élevé;
H2 : Le niveau d'instruction
de la mère influence négativement le décès des
enfants. On s'attend ainsi à ce que la mortalité des enfants
dimunie avec l'instruction de leur mère;
H3 : Le niveau de vie du ménage influence
négativement les risques de décès des enfants de
façon non seulement directe, mais aussi à travers les variables
comportementales.
2.2.3.2. Variables
opérationnelles de l'étude
Les variables choisies pour cette étude sont fonction
des hypothèses avancées et du cadre conceptuel
élaboré. Ainsi nous aurons :
a) Variable dépendante
La variable dépendante ou à expliquer est le
décès des enfants de moins de 5 ans, plus particulièrement
le décès des enfants nés au cours des dix dernières
années ayant précédé la date de l'enquête. Il
s'avère nécessaire de distinguer les décès
infantiles (de 0 à 1 an) des décès juvéniles (de 1
à 4 ans) et infanto-juvenile (de 0 à 5 ans). Dans cette
étude, nous allons nous intéresser uniquement aux
décès infanto-juvéniles. C'est une variable dichotomique,
elle prendra la valeur 1 si l'enfant est
décédé et 0 sinon.
b) Variables
indépendantes
La variable indépendante de base créée
à partir des informations sur le degré d'équipements des
ménages en biens électroménagers, sur les
caractéristiques de l'habitat est le niveau de vie des ménages
qui sera mesuré par un indicateur combiné. Ce dernier a trois
modalités : faible, moyen et élevé. L'es autres
variables explicatives sont : socio-économiques, socioculturelles
et les variables comportementales. Toutes ces variables sont consignées
dans les tableaux ci-dessous.
Tableau 2.1. Variables utilisées pour la
construction de l'indicateur niveau de vie du ménage
Variables
|
Modalités
|
Type de W.C
|
WC moderne avec Chasse d'eau
|
Latrines aménagées
|
Latrines rudimentaires
|
Pas de toilette/brousse
|
Matériau du sol
|
Carrelage
|
Ciment
|
Terre/sable
|
Accès à l'eau
|
Robinet à domicile
|
Fontaine publique
|
Puits publique
|
Puits non protégé
|
Eau de source
|
Citerne, bouteille et autres
|
Accès à
l'électricité
|
Oui
Non
|
Possession de la radio
|
Oui
Non
|
Possession d'une télévision
|
Oui
Non
|
Possession d'un réfrigérateur
|
Oui
Non
|
Possession de la voiture
|
Oui
Non
|
Possession d'un téléphone
|
Oui
Non
|
Source : Traitement des
informations issues de l'EDSM 2000-2001
Tableau 2.2 : Variable indépendante de
base
Variable indépendante de base
|
modalités
|
Niveau de vie
|
Niveau de vie faible
|
Niveau de vie moyen
|
Niveau de vie élevé
|
Source : Traitement des
informations issues de l'EDSM 2000-2001
Tableau 2.3 : Les variables de contrôle et la
variable dépendante
Facteurs
|
Variables
|
Modalités
|
Socio-économiques
|
Activité économique de la mère
|
Sans occupation
|
agricultrice
|
Commerçante
|
Secteur moderne
|
Autre secteur
|
Activité économique du père
|
Ne travaille pas
|
Cadre/ Employé/Service
|
Commerce
|
Agriculture
|
Manoeuvre
|
Socioculturels
|
Niveau d'instruction de la mère
|
Sans instruction
|
Primaire
|
Secondaire et plus
|
Milieu de socialisation
|
Nouakchott/Nouadhibou
|
Petites villes
|
rural
|
Région de résidence
|
Nouakchott
|
Zone Sud (G1)
|
Zone Fleuve (G2)
|
Zone Nord (G3)
|
Zone Centre (G4)
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
Rural
|
Comportementaux
|
Visites prénatales
|
Pas de visite
|
1 à 3 visites
|
4 visites
|
Vaccination de la mère contre le tétanos
|
Pas vacciné
|
Vacciné une fois
|
Assistance à l'accouchement
|
Non assisté
|
Accoucheuse traditionnelle
|
Sage/femme/matrone
|
Lieu d'accouchement
|
A domicile
|
Centre santé
|
Biodémographiques
|
Age de la mère au moment de l'accouchement
|
15-19 ans
|
20-34 ans
|
35-49 ans
|
Sexe de l'enfant
|
Masculin
|
Féminin
|
Variable dépendante
|
Mortalité infanto-juvénile
|
1- enfant décédé
|
0- enfant non décédé
|
Source : Traitement des
informations issues de l'EDSM 2000-2001
2.2.3.3. Schéma
d'analyse
Notre schéma d'analyse qui se découle de notre
cadre conceptuel est le suivant :
Figure 2.2. Schéma d'analyse
Niveau de vie des ménages
- Occupation de la mère
- Occupation du père
- Visites prénatales
- Vaccination antitétanique
- Lieu d'accouchement
- Assistance à l'accouchement
Décès des enfants de moins de 5
ans
- Niveau d'instruction de la mère
- Milieu de socialisation
- Région de résidence
- Milieu de résidence
- Age de la mère à
l'accouchement
- Sexe de l'enfant
Conclusion partielle
Ce chapitre nous a permis de distinguer trois principales
Ecoles de pensée sur la mesure de la pauvreté :
l'école Welfarist, l'école des besoins de base et
l'école des capacités, ainsi que de nombreuses études sur
la question de pauvreté et mortalité des enfants ayant mis
l'accent sur les facteurs socio-économiques, culturels et nutritionnels.
La pauvreté, caractéristique socio-économique agit sur le
décès des enfants de moins de cinq ans à travers plusieurs
variables intermédiaires.
En se référant à la revue de la
littérature, nous avons proposé un cadre conceptuel. A partir de
ce cadre, nous avons posé quelques hypothèses que nous tenterons
de vérifier dans le contexte particulier de la Mauritanie à
partir des données de l'EDSM réalisée en 2000/2001.
Avant de passer à la vérification proprement
dite de ces hypothèses, nous allons présenter dans le chapitre
suivant les données utilisées dans cette étude, en faire
une évaluation de la qualité et présenter enfin les
méthodes d'analyse qui seront mises en oeuvre.
CHAPITRE III : ASPECTS
METHODOLOGIQUES
Ce chapitre s'intéresse à l'évaluation de
la qualité des données de l'EDSM de 2000/2001 sur la
mortalité des enfants et la présentation de la
méthodologie. Mais avant cela, il sera opportun de présenter
brièvement les données utilisées, ainsi nous faisons la
lumière sur la procédure de la création de l'indicateur de
la pauvreté. Nous présenterons pour finir les méthodes
d'analyses qui nous servirons à vérifier nos hypothèses.
3.1. Sources de données
Cette étude utilisera les données du fichier
enfants provenant de l'Enquête Démographique et de Santé
réalisée en Mauritanie (EDSM 2000-01). En effet, nous pouvons
citer comme sources de données sur le plan national en Mauritanie : le
Recensement Général de la Population (RGP) de 1977,
l'Enquête Nationale Mauritanienne sur la Fécondité de 1981,
Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1988, et
l'Enquête sur la Santé de la Mère et de l'Enfant de 1990.
Pour ce faire, un accent particulier a été mis sur les
données les plus récentes issues de l'Enquête
Démographique et de Santé de Mauritanie (2000-01).
Cette première Enquête Démographique et
de Santé de Mauritanie (EDSM) a été exécutée
par l'Office National de la Statistique (ONS), avec l'assistance technique de
ORC Macro. Cette enquête entre dans le cadre du programme international
des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) ou
Demographic and Health Surveys (DHS). L'EDSM a été
financée par le Gouvernement mauritanien, sur crédit IDA dans le
cadre du Projet d'Appui au Secteur de la Santé (PASS) du
Ministère de la Santé et des Affaires Sociales. Elle a aussi
bénéficié de la contribution financière du FNUAP et
d'un appui logistique de l'UNICEF.
a) Enquête Démographique et de Santé de
Mauritanie (EDSM 2000-01) :
i. Champ et objectifs : L'Enquête
Démographique et de Santé de Mauritanie (EDSM 2000-2001) a pour
objectif d'estimer de nombreux indicateurs socio-économiques,
démographiques, sanitaires et nutritionnels au niveau de l'ensemble de
la population et au niveau des sous-populations des femmes de 15-49 ans, des
enfants de moins de 5 ans et des hommes de 15-59 ans. En particulier, l'EDSM
vise à identifier et/ou à estimer entre autres :
Pour l'ensemble de la population :
· les niveaux de scolarisation ;
· les niveaux de disponibilité et d'utilisation
des services de santé ;
· certains indicateurs de bien être des
ménages.
Pour les femmes de 15-49 ans et les enfants de moins de cinq
ans :
· divers indicateurs démographiques, en
particulier les taux de fécondité, de mortalité des
enfants et de mortalité maternelle ;
· les facteurs directs et indirects qui
déterminent les niveaux et tendances de la mortalité ;
· différentes composantes de la santé de
la reproduction et de la santé des enfants : visites prénatales
et postnatales, conditions d'accouchement, allaitement, vaccinations,
prévalence et traitement de la diarrhée et d'autres maladies chez
les enfants de moins de cinq ans ;
· l'état nutritionnel des femmes et des enfants
de moins de cinq ans au moyen des mesures anthropométriques (poids et
taille) ;
L'ensemble des données collectées constitue une
base de données qui facilitera la mise en place et le suivi de
politiques et de programmes dans le domaine de la population et de la
santé et, plus globalement, de politiques visant l'amélioration
des conditions de vie de la population mauritanienne. Par ailleurs, les
données ont été collectées selon une
méthodologie similaire à celle utilisée dans de nombreux
pays ayant participé au programme DHS. Elles font partie, de ce fait,
d'une base de données utilisable et comparable au niveau international.
ii. Questionnaires : Afin
d'atteindre les objectifs fixés, quatre types de questionnaires ont
été utilisés :
Questionnaire ménage. Il permet de
collecter des informations sur le ménage, telles que le nombre de
personnes y résidant, par sexe, âge, niveau d'instruction, la
survie des parents, etc. Par ailleurs, il permet de collecter des informations
sur les caractéristiques du logement (approvisionnement en eau, type de
toilettes, etc.).
Questionnaire femme. Il comprend les
dix sections suivantes : caractéristiques
socio-démographiques des enquêtées, reproduction,
contraception, grossesse, soins prénatals et allaitement, pratiques
traditionnelles, préférence en matière de
fécondité, caractéristiques du conjoint et travail de la
femme, VIH/sida et autres infections sexuellement transmissibles,
mortalité maternelle, taille et poids des mères de 15-49 ans
et de leurs enfants âgés de moins de 5 ans.
Questionnaire homme. Il s'agit
également d'un questionnaire individuel comprenant les six sections
suivantes : caractéristiques socio-démographiques des
enquêtés, reproduction, contraception, mariage et activité
sexuelle, préférences en matière de
fécondité, VIH/Sida et autres Infections Sexuellement
Transmissibles.
Questionnaire communautaire. Il s'agit d'un
questionnaire portant sur les infrastructures socio-économiques et
sanitaires du pays et qui a été utilisé au niveau de
chacune des grappes de l'échantillon.
Ces instruments ont été
développés à partir des questionnaires de base du
programme DHS, préalablement adaptés au contexte de la Mauritanie
et en tenant compte des objectifs de l'enquête.
iii. Échantillonnage :
L'échantillon de l'EDSM 2000-01 est un
échantillon aréolaire, stratifié et tiré à
deux degrés. L'unité primaire de sondage est le District de
Recensement (DR) tel que défini à la cartographie du Recensement
Administratif National à Vocation d'Etat Civil (RANVEC) de 1996. Chacune
des 13 wilayas qui composent le pays a été divisée en
urbain et rural.
Pour les besoins de l'analyse, trois domaines d'études
ont été constitués : Nouakchott, Autres villes et le
milieu rural. Par ailleurs, les wilayas ont été regroupées
en cinq grands domaines d'études selon un découpage
proposé par le Ministère de la Santé et basé sur la
proximité géographique des wilayas et leurs
caractéristiques socio-culturelles et
épidémiologiques :
Ø Nouakchott
Ø Zone Sud : Hodh Charghi et Hodh Gharbi
Ø Zone Fleuve : Trarza, Brakna, Gorgol et
Guidimagha
Ø Zone Centre : Assaba et Tagant
Ø Zone Nord : Inchiri, Adrar, Tiris-Zemmour et
Dakhlet Nouadhibou
Au total, 6758 ménages ont été
sélectionnés pour l'enquête ménage. Tous les
ménages tirés ont été identifiés à
l'aide d'un questionnaire ménage. Toutes les femmes âgées
de 15 à 49 ans qui se trouvaient dans les ménages ont
été enquêtées individuellement. En outre, elles ont
été mesurées et pesées, de même que leurs
enfants âgés de moins de cinq ans. Enfin, dans un
sous-échantillon de 40% des ménages, tous les hommes de
15 à 59 ans ont été enquêtés.
Parmi les 6 758 ménages sélectionnés, 6
233 ont été effectivement identifiés sur le terrain et
6 149 ont été enquêtés avec succès, soit
un taux de réponse de 98,7%. Dans les ménages
enquêtés, 8 012 femmes ont été
identifiées comme étant éligibles pour l'enquête
individuelle et 7 728 ont été enquêtées avec
succès, soit un taux de réponse de 96,5%. Enfin, dans un
sous-échantillon de 40% des ménages, on a identifié
2 487 hommes âgés de 15 à 59 ans et 2 191 ont
été enquêtés avec succès, soit un taux de
réponse de 88,1%.
Le tableau suivant résume les caractéristiques
de l'échantillon.
Tableau 3.1 : Taille et couverture de
l'échantillon EDSM, 2000/01
Enquêtes ménages
|
Urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Nombre de logements sélectionnés
|
3979
|
2779
|
6758
|
Nombre des ménages identifiés
|
3680
|
2553
|
6233
|
Nombre des ménages enquêtés
|
3640
|
2509
|
6149
|
Taux de réponse des ménages
|
98,9
|
98,3
|
98,7
|
|
|
|
|
Enquête individuelle femme
|
Urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Nombre des femmes éligibles
|
4999
|
3013
|
8012
|
Nombre des femmes enquêtées
|
4835
|
2893
|
7728
|
Taux de réponse des femmes
|
96,7
|
96
|
96,5
|
|
|
|
|
Ménage pour l'enquête homme
|
Urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Nombre des logements sélectionnés
|
1516
|
1059
|
2575
|
Nombre des ménages identifiés
|
1398
|
977
|
2375
|
Nombre des ménages enquêtés
|
1383
|
954
|
2337
|
Taux de réponse des ménages
|
98,9
|
97,6
|
98,4
|
|
|
|
|
Enquête individuel homme
|
Urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Nombre d'hommes éligibles
|
1742
|
745
|
2487
|
Nombre d'hommes enquêtés
|
1542
|
649
|
2191
|
Taux de réponse des hommes
|
88,5
|
87,1
|
88,1
|
Source : Rapport
Enquête Démographique et de Santé de Mauritanie,
2000-2001
3.2. Evaluation de la
qualité des données
Les données des enquêtes réalisées
sont en général entachées d'erreurs. Il importe donc de
procéder à l'évaluation de leur qualité pour que
les utilisateurs disposent d'éléments leur permettant d'en
apprécier les biais éventuels, la précision, et donc les
limites d'utilisation (Gendreau, 1993 : p14). Notre évaluation
portera sur l'âge des mères enquêtées, sur la
parité moyenne, sur le rapport de masculinité à la
naissance, sur la structure par âge et par sexe des enfants
décédés, sur la proportion des enfants
décédés par groupes d'âges des mères et sur
le nombre moyen des enfants de moins de cinq ans et des proportions des non
réponses.
L'évaluation de la qualité des données
est une étape importante dans le processus de recherche en sciences
sociales. Elle l'est encore plus dans les pays en voie de développement
où le système d'état civil fonctionne de façon
défaillante, ce qui laisse libre cours aux déclarations
fallacieuses des âges et aux problèmes de mémoires lorsque
les événements datent d'une période assez lointaine. A
ceci, s'ajoutent les tabous de tous genres liés essentiellement aux
pesanteurs socioculturelles. Cette évaluation permet donc de s'assurer
de la fiabilité des données utilisées car les
déclarations sont, comme nous venons de le dire, très souvent
entachées d'erreurs dues à des omissions ou à des reports
sur d'autres périodes.
3.2.1. Evaluation de la
déclaration des âges des mères enquêtées
L'âge est une variable très fondamentale dans
l'analyse des phénomènes démographiques. A cet effet, la
mauvaise déclaration de l'âge des mères a un impact non
négligeable sur l'étude de la mortalité. Par
conséquent, il est nécessaire d'examiner au préalable la
répartition des femmes selon l'âge.
Notre évaluation des données sera à la
fois graphique et à partir de certains indices. Parmi ces indices on
peut citer: l'indice de Whipple, de Myers, de Bachi et Indice combiné
des Nations Unies. Dans notre cas nous n'allons utiliser que l'indice de
Whipple car il est particulièrement approprié pour le type de
données dont nous disposons.
Ø L'indice de Whipple
Cet indice mesure l'attraction ou la répulsion des
âges terminés par 0 ou 5. Il est calculé en rapportant
l'effectif des personnes d'âge se terminant par 0 ou 5 à
l'effectif de la population âgée de 23-62 ans, le tout
multiplié par 5. Si tous les âges se terminent par 0 ou 5,
c'est-à-dire qu'il y a attraction parfaite vers ces âges, l'indice
vaut 5. S'il y a répulsion pour ces âges, l'indice est
inférieur à 1. Si la répulsion est parfaite,
c'est-à-dire si aucun âge ne se termine par 0 ni par 5, l'indice
vaut 0 (Gendreau, 1993).
La formule de calcul de cet indice :
Dans le cas où sont concernées les femmes de 15
à 49 ans, l'indice de Whipple s'obtient par la formule suivante :
Classification des Nations unies relative
à l'indice de Whipple
Si = 0, c'est qu'aucun des âges déclarés ne se termine
par 0 ou 5.
Si = 5, alors tous les âges se terminent par 5 ou 0
Si < 1, il y a répulsion pour les âges terminés par
5 ou 0.
Si > 1, il y a attraction pour les âges terminés par 5 ou
0.
Si = 1 alors il n'y a pas de préférence ni pour 5 ni pour
0.
Si, c'est que les âges déclarés sont exacts.
Les résultats donnent une valeur de
1,657. Cette valeur suggère une légère
attraction pour des âges terminés par 5 ou 0.
Ø Méthode graphique
Le graphique 3.1 met en exergue des pics aux âges
terminés par 0 ou 5, signe d'une mauvaise déclaration de
l'âge des femmes au moment de l'enquête. La population
féminine âgée de 15-49 ans évolue en dents de scie.
Pour effectuer une première correction de ces biais, on a fait des
regroupements en groupes d'âge (voir graphique 3.2).
Graphique 3.1 Evolution de l'effectif des femmes
enquêtées par milieu de résidence selon l'âge des
femmes
Source : Traitement des
données, l'EDSM, 2000-01
Tableau 3.2 La répartition des effectifs des
femmes enquêtées par groupe d'âges quinquennaux
Groupes d'âges
|
Urbain
|
Pourcentage
|
Rural
|
Pourcentage
|
Ensemble
|
Pourcentage
|
15-19 ans
|
1111
|
23,0
|
627
|
21,7
|
1738
|
22,5
|
20-24 ans
|
940
|
19,4
|
554
|
19,1
|
1494
|
19,3
|
25-29 ans
|
814
|
16,8
|
487
|
16,8
|
1301
|
16,8
|
30-34 ans
|
689
|
14,3
|
453
|
15,7
|
1142
|
14,8
|
35-39 ans
|
557
|
11,5
|
289
|
10,0
|
846
|
10,9
|
40-44 ans
|
473
|
9,8
|
291
|
10,1
|
764
|
9,9
|
45-49 ans
|
251
|
5,2
|
192
|
6,6
|
443
|
5,7
|
Total
|
4835
|
100,0
|
2893
|
100,0
|
7728
|
100,0
|
Source : Rapport
Enquête Démographique et de Santé de Mauritanie,
2000-2001
Graphique 3.2 Evolution de l'effectif des femmes
enquêtées par milieu de résidence selon le groupe
d'âges quinquennaux
Source : Traitement des données, l'EDSM,
2000-01
Les courbes ainsi obtenues avec le regroupement des
âges, indique une décroissance régulière de la
proportion des femmes avec l'âge. On observe une proportion
élevée des femmes aux âges jeunes (22,5% pour l'ensemble,
23,0% en milieu urbain et 21,7% en milieu rural). Les courbes
fléchissent au groupe d'âge 25-29 ans pour décroître
régulièrement et se stagner au groupe d'âge 45-49 ans. Dans
l'ensemble, les courbes sont assez régulières. Ainsi, elles
reflètent la structure attendue dans les pays à très
faible revenu. Ce qui semble montrer que le regroupement des âges a
permis de réduire les perturbations.
3.2.2. Evaluation de la
parité moyenne et de l'âge au décès
3.2..2.1. Parité
moyenne
On peut décrire la parité moyenne comme
étant le nombre moyen d'enfants par femme. La parité croit avec
l'âge des mères. Les irrégularités constatées
sur l'allure de sa courbe permet de détecter des erreurs telles que des
omissions d'enfants dues à la défaillance la de mémoire ou
à une mauvaise déclaration de l'âge de la mère. Ces
irrégularités peuvent provenir d'une sous-représentation
des mères à certains âges.
La courbe des parités suivant l'âge de la
mère ci-dessous montre une allure régulière dans
l'ensemble. Elle nous amène à dire que si nous considérons
les groupes d'âges, les enfants et l'âge des mères ont
été bien déclarés.
Tableau 3.3 La répartition des enfants
nés vivants et la parité moyenne atteinte par groupe d'âge
quinquennaux des mères
Groupe d'âge
|
Effectifs des mères
|
Nombre d'enfants nés vivants
|
Parité moyenne
|
15-19 ans
|
1738
|
267
|
0,15
|
20-24 ans
|
1494
|
1271
|
0,85
|
25-29 ans
|
1301
|
2625
|
2,02
|
30-34 ans
|
1142
|
3972
|
3,48
|
35-39 ans
|
846
|
4121
|
4,87
|
40-44 ans
|
764
|
4252
|
5,57
|
45-49 ans
|
443
|
2694
|
6,08
|
Total
|
7728
|
19202
|
2,48
|
Source : Rapport
Enquête Démographique et de Santé de Mauritanie,
2000-2001
Graphique 3.3 Courbe de la parité atteinte des
femmes par groupes d'âges quinquennaux
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
3.2.1.2. Evaluation des proportions des
décès des enfants de moins de cinq ans selon les groupes
d'âges des mères
L'évolution des décès par rapport
à l'âge de la mère est la résultante des
données collectées. En effet, on s'attend à ce que les
enfants nés des mères aux âges jeunes ainsi que ceux
nés des mères aux âges élevés ont un risque
de décès plus élevé que ceux des autres
mères. Cette mortalité différentielle selon l'âge
des mères s'explique non seulement par l'immaturité biologique
des mères aux jeunes âges et par la fatigue biologique des
mères aux âges élevés, mais aussi et surtout par les
comportements différentiels relatifs aux suivis médicaux de la
grossesse, de l'accouchement et du nouveau-né.
Tableau 3.4. Répartition des enfants
décédés dans les cinq dernières années
précédant l'enquête selon les groupes d'âges
quinquennaux des mères
Groupes d'âges des mères
|
Moins de cinq ans
|
Entre 1-4 an
|
Moins d'un an
|
15-19 ans
|
21
|
3
|
18
|
20-24 ans
|
72
|
15
|
57
|
25-29 ans
|
85
|
16
|
69
|
30-34 ans
|
77
|
16
|
61
|
35-39 ans
|
71
|
17
|
54
|
40-44 ans
|
34
|
9
|
25
|
45-49 ans
|
11
|
2
|
9
|
Total
|
371
|
78
|
293
|
Source : Rapport
Enquête Démographique et de Santé de Mauritanie,
2000-2001
Graphique 3.4 Evolution de décès des
enfants de moins de cinq ans par groupes d'âges quinquennaux des femmes
enquêtées
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Graphique 3.5 Evolution de décès des
enfants de moins de cinq ans selon l'âge
(en mois)
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Le graphique 3.4 met en exergue l'évolution des
décès des enfants de moins de cinq ans (mortalité
infanto-juvénile), entre un et quatre ans (mortalité
juvénile) et enfin de moins d'un an (mortalité infantile). On
constate une croissance de la proportion des décès en fonction de
l'âge des mères. Les courbes font remarquer une sous
déclaration des décès chez les femmes de 40-44 ans et
45-49 ans. On constate également une surmortalité des enfants de
moins d'un an.
Le graphique 3.5 ci-dessus donne l'évolution des
décès des enfants de moins de cinq selon l'âge
(exprimé en mois imputé) ; Il confirme la
surmortalité infantile, avec beaucoup plus de précision
l'excédante mortalité néonatale (décès de
moins d'un mois) et aussi la mauvaise déclaration des âges au
décès des enfants. On constate aussi une attraction pour les
âges des enfants décédés à plus de 0 mois,
à 12 mois et 24 mois. Ces attractions pourraient traduire une certaine
irrégularité dans la déclaration de l'âge des
enfants au décès. Ces erreurs de déclaration d'âge
au décès se trouvent sans effet si nous décidons
d'étudier la mortalité des enfants de moins de cinq ans. Enfin,
les méthodes d'évaluation de la qualité des données
sur la mortalité des enfants de moins de 5 ans ont permis
d'apprécier la qualité des données de l'EDSM
2000/01 ; comme toutes oeuvres humaines, elles présentent quelques
insuffisances mais elles sont acceptables.
3.2.3.
Evaluation des variables de l'étude
Les résultats du tableau 3.6 ci-dessous nous montrent
que pour l'ensemble des variables, les taux de réponse tournent autour
de 99,24%. Ce qui est largement supérieur au seuil de 90% admis. Ces
variables peuvent, par conséquent être utilisées dans le
cadre de notre analyse.
Tableau 3.6 : Proportion des réponses relatives
aux variables de l'étude
Types de variables
|
Taux de réponse (%)
|
Variable dépendante
|
Décès de l'enfant
|
100
|
Variables socio-économiques
|
Niveau de vie de ménage
|
97,25
|
Occupation de la mère
|
99,43
|
Occupation du père
|
99.50
|
Variables socioculturelles
|
Milieu de socialisation
|
99.89
|
Milieu de résidence
|
100
|
Région de résidence
|
100
|
Niveau d'instruction de la mère
|
100
|
Variables intermédiaires
|
Visites prénatales
|
99,96
|
Vaccination antitétanique
|
100
|
Lieu d'accouchement
|
100
|
Assistance à l'accouchement
|
99,81
|
Age de la mère à l'accouchement
|
93,50
|
Sexe de l'enfant
|
100
|
Source : Rapport de
l'enquête Démographique et de Santé de Mauritanie,
2000-2001
3.3.
Construction du fichier d'analyse
3.3.1. Fichier d'analyse
Les informations relatives à la mortalité des
enfants dans l'EDSM, 2000-01 ont été recueillies de
manière rétrospective. Elles concernent les
évènements survenus au cours des cinq dernières
années ayant précédé l'enquête. Compte tenu
des données disponibles, nous allons recourir à une analyse
longitudinale qui prend en compte une cohorte d'enfants en vue d'observer
depuis la naissance leur évolution jusqu'à l'extinction
complète.
Cependant, ces enfants ne sont pas tous exposés au
risque de décéder avant d'atteindre leur cinquième
anniversaire. Pour ce faire, il y aura un biais dû à un effet de
troncature comme nous présente la figure ci-dessous.
Figure 3.1 : Diagramme de Lexis de la période
quinquennale précédant les 5 dernières années
Age en années
révolues
Les informations collectées au cours de l'EDSM 2000-01
ne nous permettent pas d'obtenir des renseignements sur certaines variables
(allaitement, consultations prénatales, vaccination etc.) relatives aux
femmes enquêtées et aux enfants nés au cours de la
période quinquennale précédant l'enquête. Il est
judicieux de choisir la période (t-10, t-5) en vue de prendre en compte
tous les enfants nés vivants qui seront soumis au risque de
décéder avant d'atteindre leur cinquième anniversaire.
Cependant, sous l'hypothèse que la mortalité des
enfants de moins de cinq ans est restée stationnaire au cour de la
période [t-10, t-5] et que les comportements des mères en
matière de soins de santé n'ont pas évolué pendant
les dix dernières années.
3.4.
Construction de l'indicateur de pauvreté
Comme souligné lors de la définition de nos
concepts fondamentaux, nous avons choisi de construire un indicateur composite
de pauvreté (niveau de vie).
En effet, l'EDS 2000-01 de la Mauritanie ne nous permet pas de
disposer d'information complète sur le revenu, d'autant plus que les
populations ne déclarent pas toujours leurs revenus réels. Ainsi,
le revenu n'est pas bien mesuré et il ne rend pas bien compte du niveau
de vie réel du ménage. De plus, la pauvreté étant
un concept15(*)
pluridimensionnel, l'approche monétaire ou Welfarist ne suffit pas
toujours pour saisir l'ampleur du phénomène. Nous aborderons
alors la pauvreté en termes de conditions d'existence ; Cette
approche dite monétaire place la conceptualisation du bien-être
dans l'espace des accomplissements contrairement à l'approche
monétaire qui privilégie l'espace des ressources.
La pauvreté sera mesurée ici par un indicateur
du niveau de vie, indicateur composite qui sera construit à partir des
données sur les caractéristiques de l'habitat (l'accès
à un logement décent) et sur les biens matériels du
ménage (l'accès au confort matériel).
3.4.1. L'accès
à un logement décent
Cette dimension est saisie par les variables suivantes :
le principal matériau du sol, la source d'approvisionnement en eau et
type de toilette utilisée. Les deux dernières sont
étroitement liées à l'hygiène et peuvent
parallèlement servir de base pour expliquer l'état de
santé des personnes enquêtées, étant donné
que les informations sur ce sujet n'ont pas été collectées
lors de cette enquête.
3.4.2. Le confort
matériel
Ce confort constitue un élément important dans
la mesure ou la pauvreté se caractérise, entre autres, par le
dénuement matériel. Les variables que nous avons utilisées
pour rendre compte de cet aspect sont : la possession d'une
télévision, d'un poste de radio, d'un
réfrigérateur, d'une voiture, d'un téléphone et
l'usage de l'électricité comme source d'énergie.
3.4.3. Méthode
utilisée
Pour construire notre indicateur de pauvreté
« niveau de vie », nous avons dichotomisé les
différentes variables ci-dessus citées afin d'obtenir des
variables-modalités binaires. Nous avons ensuite recouru au
modèle d'Analyse en Composantes Principales pour n'en faire ressortir
qu'un facteur unique grâce à la procédure FACTOR du
logiciel SPSS DOS, puis nous avons
réparti le facteur commun ainsi créé en cinq quintiles
(Ntiles 5), qui ont été recodés en trois centiles (Ntiles
3) allant dans l'ordre croissant :
Ø Niveau de vie bas (pauvres)
Ø Niveau de vie moyen (moyens)
Ø Niveau de vie élevé (riches).
(Les résultats seront présentés en
annexe)
L'ACP est une méthode d'analyse factorielle
adaptée à l'étude des variables quantitatives. Elle peut
être aussi utilisée lorsque les données sont ordinales.
Elle permet de décrire et d'explorer les relations qui existent entre
plusieurs variables simultanément à la différence des
méthodes bivariées qui étudient les relations
supposées entre deux variables.
Les autres variables explicatives seront utilisées
pour contrôler l'effet net de la variable niveau de vie sur la
mortalité des enfants de moins de cinq ans. Il s'agit principalement :
des variables socio-économiques, socioculturelles et des variables
comportementales.
3.4.4. L'indicateur de
pauvreté construit
La construction de l'indicateur composite de pauvreté
(niveau de vie) est un processus délicat dans la recherche en sciences
sociales car ce résultat doit refléter plus ou moins la
réalité de la situation étudiée. Pour y arriver,
nous avons constitué trois groupes pouvant refléter le niveau de
pauvreté. Le niveau bas de l'échelle est considéré
comme pauvre, celui entre le bas et le haut de l'échelle comme moyen,
et celui en haut de l'échelle comme riche. En d'autres termes, notre
indicateur de niveau de vie est constitué de trois (3) groupes :
les pauvres, les moyens et les riches. Ces trois groupes reflèteraient
bien la réalité socio-économique des pays africains en
général et celle de la Mauritanie en particulier.
Les proportions obtenues à partir de ces trois groupes
sont de 46%, 35% et de 19% respectivement pour les pauvres, les moyens et les
riches.
Pour nous assurer de la validité de notre indicateur
composite, nous avons procédé à des croisements entre le
niveau de vie et quelques caractéristiques des ménages qui ont
contribué à sa construction. Il ressort, du croisement entre la
variable niveau de vie et la possession de l'électricité dans le
ménage que, 53,5% des ménages pauvres n'ont pas accès
à l'électricité alors que 91.2% des ménages riches
ont y accès. On observe cette même inégalité pour
l'accès à l'eau potable où l'on constate que la
majorité des ménages pauvres n'ont pas accès à
l'eau potable. En effet, seulement 5,6% utilisent l'eau de robinet, 34,9% l'eau
de pompe publique, 0,7% l'eau de citerne qui peuvent être
supposées de bonne qualité contre 36,1% qui utilisent l'eau de
puits non protégé, 19,7% l'eau de puits supposées de bonne
qualité. Quant aux riches, 57,4% des ménages ont accès
à l'eau de robinet dans la maison et 23,8% utilisent l'eau issue de
pompe publique. En outre, comme pour des ménages à
l'électricité et à l'eau potable, il existe des
inégalités entre individus, en ce qui concerne l'accès aux
toilettes dites modernes. A cet effet, il ressort que 92,4% des ménages
pauvres n'ont accès qu'aux latrines rudimentaires et seulement 1,6%
d'entre eux ont des toilettes modernes. Par contre, 70,4% des ménages
riches utilisent des toilettes modernes contre seulement 19,4 % qui ont des
toilettes aménagées. On fait le même constat avec les
variables comme la possession d'une radio, d'un réfrigérateur,
d'un téléphone, d'une voiture, le type de matériau du sol
etc. (voir annexe).
Nous avons classé les ménages aux
différents groupes suivants :
Groupes 1 : Ménages possédant
l'électricité, la télévision, le
réfrigérateur, l'automobile, le téléphone, le
carreau et chasse d'eau. Ils sont considérés comme ménages
riches (niveau de vie élevé).
Groupe2 : Ménages dont les logements sont
construits en terre, qui n'ont pas de toilettes et leur source
d'approvisionnement en eau est le puits. Comme ménages pauvres (niveau
de vie faible).
Et, entre ces deux groupes se trouvent les ménages de
niveau de vie moyen (possédant des touillettes rudimentaires, ayant des
forages comme source d'approvisionnement et du ciment comme matériel du
sol).
Il ressort en définitive d'importantes
inégalités d'accès aux biens de première
nécessité et aux services sociaux entre individus de
différentes couches sociales. Les enfants issus des ménages
pauvres ont un accès difficile à tous ces biens d'où
leurs conditions d'existences difficiles (exposition au décès).
3.5.
Méthodes d'analyse des données
Compte tenu de nos objectifs et de la nature de nos variables,
nous allons recourir à l'analyse descriptive et l'analyse explicative.
En effet, il ne suffit pas de faire au niveau brut une analyse descriptive de
la relation entre la pauvreté et la mortalité des enfants. Nous
allons poursuivre l'analyse en faisant appel à l'analyse explicative
afin de mesurer l'impact de la pauvreté sur la mortalité des
enfants de moins de cinq ans. Nous nous servirons des procédures
statistiques suivantes : les fréquences, les tableaux
croisés, et la régression logistique.
3.5.1. L'analyse
descriptive bivariée
L'analyse bivariée consiste à examiner
l'existence éventuelle d'une relation de dépendance entre la
variable à expliquer et chacune des variables explicatives.
L'observation (analyse bivariée) se réalise après
l'analyse des relations présomptueuses (prouvée par le
Khi-deux) pour permettre de mesurer les effets de chaque
groupe de facteurs de la pauvreté sur le décès des
enfants. C'est une étape vers l'analyse multivariée.
La description bivariée et la mise en évidence
d'une corrélation ne suffisent pas pour montrer qu'il y a une relation
causale entre deux variables. En effet, la corrélation entre deux
variables, aussi intense soit-elle, peut toujours être due à une
troisième variable cachée.
L'analyse bivariée, à la différence de la
régression multivariée, ne permet pas de situer à
l'éventualité de l'existence d'une variable caché. C'est
pour cela qu'elle ne prouve jamais l'existence d'une relation causale.
D'où la nécessité d'une analyse multivariée.
3.5.2. L'analyse
explicative multivariée
L'analyse multivariée est indispensable pour sortir des
contraintes de l'analyse descriptive (Bocquier, 1996). C'est une méthode
d'analyse multidimensionnelle permettant de prendre en compte plusieurs
facteurs susceptibles d'influencer le décès des enfants.
L'analyse multivariée présente l'avantage de fournir l'effet de
chacun des variables indépendantes. Toutes choses étant
égales par ailleurs, les variables indépendantes introduites dans
le modèle doivent être non collinéaires entre elles. La
régression logistique appliquée au niveau bivariée sera
appliquée.
3.5.2.1. Principe de la
méthode
Pour notre étude, notons Y la variable
dépendante (décès des enfants) et Xi (i = 1, 2, 3, 4 ...,
n) les variables indépendantes. La nature de la variable Y est
dichotomique (prend 1 pour la modalité décès et 0 si non).
Soit P la probabilité pour que l'enfant décède et 1-P la
probabilité qu'il survive jusqu'au cinquième anniversaire, Le
modèle de régression permet de poser cette équation :
Z=log [(p/ (1-p)] ;
-soit sous la forme linéaire
Z=â0+â1X1+â2×2+...+ânXn,
-soit sous la forme multiplicative : ez=p/ (1-p)
? p=åz/ (1+e)=odds ratio, ce qui veut dire le
rapport de chances. â0 est le terme indépendant de
l'équation exprimant le niveau moyen pour toutes valeurs des variables
indépendantes (Xi) et â0 les coefficients rattachés
à chacune des variables indépendantes Xi. Nos variables
explicatives qui sont pour la plupart catégorielles seront
dichotomisées avant d'être introduites dans le modèle.
Cependant il faut prendre soin de retenir pour chaque variable
une modalité comme référence. Cette dernière
modalité ne sera pas introduite dans le modèle et servira de
référence pour l'explication des paramètres
rattachés aux autres modalités de la même variable. Pour
hiérarchiser les variables ou encore de faire ressortir la contribution
de chaque variable à l'explication, on procède au modèle
pas à pas. Ce modèle s'applique à la recherche des
mécanismes d'action aux variables intermédiaires.
La régression logistique fournit, entre autres, le
nombre d'observations, la probabilité du Chi deux associée au
modèle, les rapports de chance (odds ratios), le seuil de signification
pour chacun des paramètres (Exp (â) ou odds ratios). On peut aussi
se référer à la table de classification du modèle
qui permet de comparer les valeurs prédites par le modèle aux
valeurs réellement observées.
3.5.2.2.
Interprétation des résultats
On interprète l'adéquation du modèle par
rapport aux données utilisées que l'incidence de la variable
indépendante sur la variable dépendante (décès des
enfants). La probabilité du Chi-deux associée au modèle
permet de se prononcer sur l'adéquation du modèle par rapport aux
données utilisées ; c'est-à-dire la capacité des
facteurs introduits dans le modèle à expliquer le
phénomène étudié. Dans le cas de figure, nous
considérons que le modèle est adéquat lorsque le seuil de
signification associé au Chi-deux est inférieur à 5.
Pour ce qui est du risque de mortalité, le
modèle de régression logistique fournit pour chaque variable
introduite dans l'équation, une probabilité (p>|z|) qui
indique le seuil de signification du paramètre relatif à la
modalité considérée. Lorsque cette probabilité est
inférieure à 5%, nous considérons qu'il existe une
mortalité différentielle significative entre les enfants
présentant la caractéristique de la modalité
considérée et ceux de la modalité de
référence. L'écart de risque est calculé à
partir des rapports de chances (odds ratio). Lorsque ce rapport de chances est
inférieur à 1 les enfants ayant la caractéristique de la
modalité considérée de la variable explicative ont (1-odds
ratio) moins de chance que leurs homologues de la modalité de
référence de ne pas décéder. Par contre, lorsque ce
rapport de chances est supérieur à 1, cela signifie que les
individus de la modalité considérée de la variable
explicative ont (odds ratio-1) plus de risque de décéder que
leurs homologues de la modalité de référence. Les
résultats de la régression logistique s'interprète donc de
la manière Les déterminants de la disparité
régionale de la mortalité infanto-juvénile en Mauritanie
suivante : si la variable indépendante augmente d'une unité,
alors le rapport de chance augmente de eâi
unités traduisant ainsi les influences de la variable explicative
considérée sur la variable dépendante.
Conclusion partielle
En définitive, nous avons pu évaluer la
qualité des données permettant d'étudier la
mortalité des enfants de moins de cinq ans en Mauritanie.
L'enregistrement des naissances et des décès est relativement
fiable en raison du type d'enregistrement (EDS).
Malgré les insuffisances liées à la
méthodologie de l'enquête (indisponibilité des informations
sur les enfants dont les mères sont décédées avant
la date de l'enquête par exemple) et à la qualité des
données sur l'âge, la parité et les décès,
les données utilisées dans cette étude permettent de faire
une analyse sans s'éloigner de la réalité. En effet,
après regroupement de l'âge, les données se sont
révélées de qualité satisfaisante pour mener
à bien cette étude.
Dans ce chapitre, nous avons essayé de présenter
et d'évaluer la qualité des données de l'Enquête
Démographique et Santé (EDS) de 2000-2001 qui constitue notre
source de donnée. Les données recueillies lors de cette
enquête sont relativement de bonne qualité malgré
l'existence de quelques imperfections. Elles feront l'objet des analyses dans
les chapitres qui suivent.
CHAPITRE IV : DESCRIPTION DE LA
RELATION ENTRE LA PAUVRETE ET LA MORTALITE DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS EN
MAURITANIE
Dans ce chapitre, il sera question de montrer la relation qui
existe à l'état brut entre la pauvreté et la
mortalité des enfants. Dans la seconde partie de ce chapitre, nous
montrons les associations entre la variable à expliquer
(décès des enfants avant 5 ans) et les variables explicatives.
L'interprétation des résultats consiste d'abord à
apprécier le degré de la relation par le test de Chi-deux au
seuil de 5%. Ainsi, deux variables sont significativement associées si
la probabilité de Chi-deux produite par le test est inférieure
à 5%. Ce seuil de significativité nous paraît justifier
compte tenu de la rareté du phénomène
étudié.
4.1. Association entre certaines
variables socioculturelles et comportementales et le niveau de vie
Il s'agit ici d'identifier les variables qui sont
significativement associées à la pauvreté en Mauritanie
durant les dix dernières années qui précèdent
l'enquête. Autrement dit, il s'agit de décrypter l'impact du
niveau de vie des ménages sur la mortalité des enfants de moins
de cinq ans ; Pour ce faire, nous allons procéder à
une analyse descriptive selon les variables retenues à l'aide des
tableaux croisés et nous apprécierons cela par le test de
Chi-deux au seuil de 5%.
4.1.1. Description du niveau de
vie selon certaines variables socioculturelles
Le tableau ci-après nous
indique que le milieu rural concentre la quasi-totalité des pauvres du
pays (93% sont du milieu rural). Ceci se comprend par le fait que, en
Mauritanie, l'activité principale des ruraux est l'agriculture et
l'élevage. Cette agriculture est essentiellement une agriculture de
subsistance. Le matériel de travail est traditionnel et non
mécanisé. L'érosion et la désertification
réduisent la superficie cultivable et la fertilité des terres et
par conséquent les revenus tirés du sol sont faibles. Il faut
dire aussi que le pays a été frappé par une grande
sécheresse depuis les années 70.
Par ailleurs, le niveau d'instruction de la femme est
étroitement lié avec le niveau de vie. En effet, ce pourcentage
diminue progressivement quand le niveau d'instruction de la femme augmente
(¾ des pauvres sont sans niveau d'instruction).
Tableau 4.1 : Description
du niveau de vie selon le milieu de résidence et le niveau d'instruction
de la mère
Milieu de résidence
|
Pauvres
|
Moyens
|
Riches
|
Total
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Urbain
|
991
|
27
|
887
|
85
|
290
|
97
|
2168
|
Rural
|
2703
|
73
|
154
|
15
|
9
|
3
|
2866
|
Total
|
3694
|
100
|
1040
|
100
|
299
|
100
|
5034
|
Chi2 (4)=1504.68973 pr=0.000
|
Niveau d'instruction
de la mère
|
Pauvres
|
Moyens
|
Riches
|
Total
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Sans niveau
|
2764
|
75
|
494
|
47
|
85
|
28
|
3343
|
Primaire
|
767
|
21
|
338
|
33
|
84
|
28
|
1189
|
Secondaire et plus
|
163
|
4
|
209
|
20
|
131
|
44
|
503
|
Total
|
3694
|
100
|
1040
|
100
|
299
|
100
|
5034
|
Chi2 (4)=771.44587 pr=0.000
|
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
Les nombres de visites prénatales permettent
d'appréhender la fréquentation des services de santé. Le
tableau 4.2 précédent montre que ces derniers sont moins
fréquentés par les couches les plus défavorisées.
Plus de la moitié des femmes n'ont pas fait de visite prénatale
et parmi lesquels plus de 3/4 de pauvres. La visite prénatale qui doit
prévoir les problèmes génitaux durant la grossesse n'est
pas suivie par la majorité des femmes. Aussi, on constate que seulement
13% des femmes ont effectué quatre visites prénatales
conformément aux recommandations de l'OMS.
La vaccination anti-tétanique de la mère
protège le nouveau-né contre le tétanos néonatal.
Il est recommandé deux injections au cours de la grossesse, avec au
moins 30 jours d'intervalle entre les deux piqûres, ou bien une seule
injection, si la mère a déjà reçu les deux doses au
cours de la grossesse précédente (ou avant toute grossesse)
(Kourguéni et al., 1998). La dernière dose doit être
administrée un mois avant l'accouchement ; d'après le
tableau précédent, plus de deux femmes sur trois n'ont pas
reçu la première dose de vaccin contre le tétanos
néonatal avant l'accouchement et parmi celles-ci plus de 75% de
pauvres.
Le lieu d'accouchement détermine la nature du type
d'assistance. On constate que deux femmes sur cinq dont 90% de pauvres ont
accouché à domicile.
L'assistance pendant l'accouchement par un personnel
qualifié peut fortement améliorer les suites pour la mère
et l'enfant grâce à l'utilisation des procédures techniques
appropriées, ainsi qu'à un diagnostic et à un traitement
précis et rapides des complications. Les données du tableau
précédent indiquent que parmi les femmes non assisté, 87%
sont pauvres.
Tableau 4.2 : Description
du niveau de vie selon quelques variables comportementales
Visites
Prénatales
|
Pauvres
|
Moyens
|
Riches
|
Total
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Pas de visites
|
2309
|
63
|
407
|
39
|
103
|
34
|
2819
|
1 à 3 visites
|
1044
|
28
|
423
|
41
|
111
|
37
|
1577
|
4 visites et plus
|
341
|
9
|
210
|
20
|
86
|
29
|
638
|
Total
|
3694
|
100
|
1040
|
100
|
299
|
100
|
5034
|
Chi2 (2)=291.27254 pr=0.000
|
Vaccination
antitétanique
|
Pauvres
|
Moyens
|
Riches
|
Total
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Aucun vaccin
|
2810
|
76
|
640
|
61
|
173
|
58
|
3622
|
Au moins une fois
|
881
|
24
|
401
|
39
|
127
|
42
|
1049
|
Total
|
3691
|
100
|
1040
|
100
|
299
|
100
|
5031
|
Chi2 (2)=118.79168 pr=0.000
|
Lieu d'accouchement
|
Pauvres
|
Moyens
|
Riches
|
Total
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Domicile
|
2032
|
55
|
197
|
19
|
26
|
9
|
2256
|
Centre de santé
|
1658
|
45
|
841
|
81
|
273
|
91
|
2773
|
Total
|
3691
|
100
|
1039
|
100
|
299
|
100
|
5029
|
Chi2 (6)=593.46002 pr=0.000
|
Assistance à l'accouchement
|
Pauvres
|
Moyens
|
Riches
|
Total
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Effectifs
|
Pourcent (%)
|
Non assisté
|
300
|
8
|
41
|
4
|
3
|
1
|
344
|
Personnel qualifie
|
1284
|
35
|
750
|
72
|
246
|
82
|
2279
|
Personnel traditionnel
|
899
|
24
|
121
|
12
|
25
|
9
|
1045
|
Autre personne
|
1205
|
33
|
128
|
12
|
25
|
8
|
1357
|
Total
|
3687
|
100
|
1039
|
100
|
299
|
100
|
5026
|
Chi2 (6)=633.23167 pr=0.000
|
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
On peut donc comprendre que ce sont les couches les plus
démunies qui n'utilisent pas les soins des services
obstétricaux.
4.2. Association entre les
variables indépendantes et la mortalité des enfants
Il s'agit ici d'identifier les variables qui sont
significativement associées au risque de décès des enfants
de moins de cinq ans en Mauritanie.
4.2.1. Description de risque de décès
des enfants selon certaines variables indépendantes
Le tableau 4.3 ci-dessous nous donne les variations de
mortalité infanto-juvénile selon le niveau de vie du
ménage, le niveau d'instruction de la mère, les visites
prénatales, la vaccination antitétanique et sexe de l'enfant. Et
nous ferons une présentation graphique de chaque variable.
Tableau 4.3 : Risques de décès des
enfants de moins de cinq ans selon certaines variables indépendantes (en
%o)
Variables indépendantes
|
Risque en %o
|
Probabilité Khi-deux
|
Niveau de vie du ménage
|
***
|
Faible
|
216
|
Moyen
|
137
|
Elevé
|
73
|
Niveau d'instruction de la mère
|
**
|
Sans niveau
|
304
|
Primaire
|
77
|
Secondaire ou plus
|
48
|
Visites prénatales
|
***
|
Pas de visites
|
285
|
1 à 3 visites
|
107
|
4 visites et plus
|
37
|
Vaccination antitétanique
|
***
|
Aucun vaccin
|
351
|
Vacciné une fois au moins
|
78
|
Sexe de l'enfant
|
***
|
Masculin
|
262
|
Féminin
|
168
|
ns= relation non significative, et significations aux
seuils : **= de 5% admis, **= de 1%, *= de 10%.
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
4.1.1.1. Niveau de vie de
ménage
Le niveau de vie du ménage est significativement
associé aux risques de décès des enfants de moins de cinq
ans au seuil de 5%. On constate d'une manière générale que
plus le niveau de vie s'améliore, moins est élevé le
risque de mourir chez les enfants de moins de cinq ans (graphique 4.1). Selon
les résultats, les enfants appartenant aux ménages de niveau de
vie bas courent plus de risque de décès que leurs homologues
habitant dans les ménages où les niveaux de vie sont moyens ou
élevés soient respectivement 13,7%, 7,3%.
Graphique 4-1 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le niveau de vie
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Le niveau de vie des ménages (matérialisé
par ses variables opérationnelles) est très couramment
utilisé en Afrique. La pauvreté des ménages est l'une des
importantes causes de décès des enfants. Les riches ont les
moyens d'offrir des soins et de la nourriture de qualité à leurs
enfants, les prédisposent à un environnement sain (latrines
aménagées, eau potable, etc.) ; Ce qui réduit
considérablement l'exposition des enfants à un certain nombre de
maladies telles que la diarrhée, le paludisme, la rougeole et autres.
Par contre, les ménages pauvres résidant le plus souvent en
milieu rural ou dans les bidonvilles, utilisent le plus souvent la
médecine traditionnelle pour soigner leurs enfants et ne font recours
à la médecine moderne que lorsque l'état de santé
de l'enfant est considérablement dégradé. Ce recours
tardif à la médecine moderne pourrait être fatal à
l'enfant pour la simple raison que son organisme ne pourrait pas supporter les
soins intensifs. Ce sont toutes ces raisons qui pourraient expliquer la forte
mortalité des enfants vivant dans les ménages de faible niveau de
vie.
4.2.2.1. Niveau
d'instruction de la mère
Graphique 4-2 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le niveau d'instruction de la
mère
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Le tableau 4.3 indique que le niveau d'instruction est comme
on s'attendait, associé au risque de mortalité des enfants. Au
seuil de 5%, le niveau d'instruction de la mère est associé au
risque de mortalité des enfants et présente d'une manière
générale une relation négative avec la mortalité
des enfants de moins de 5 ans (graphique 4.2). Les enfants dont les
mères sont sans niveau et niveau primaire ont respectivement 6,3 fois et
3,9 fois plus de risques de mortalité plus élevée que les
enfants des mères de niveau secondaire ou supérieur, soient
respectivement 30,4%, 7,7% et 4,8%. On constate aussi que le risque de
mortalité varie très fortement entre les enfants dont les
mères sont sans niveau, qui ont un niveau primaire et un niveau
secondaire ou plus. Cette influence négative du niveau d'instruction
serait due au fait que la scolarisation est un facteur de délaissement
des coutumes et des traditions. En effet, la scolarisation a tendance à
être un facteur de modernisation et d'occidentalisation dans les pays
d'Afrique subsaharienne comme ailleurs. En plus, cette différentiation
du niveau de mortalité selon le niveau d'instruction serait une
conséquence du bagage intellectuel acquis par les femmes
scolarisées leur permettant de faire la distinction entre les pratiques
néfastes à la santé de l'enfant et celles
bénéfiques à leurs progénitures.
4.2.3.1. Visites
prénatales
Le nombre visites prénatales permet
d'appréhender la fréquentation des services de santé. Le
graphique 4.3 montre que les femmes n'ayant effectué aucune visite
prénatale exposent leurs enfants au risque de mortalité le plus
élevé (soit 285 décès pour mille naissances). Par
contre, les femmes qui affirment avoir effectué 4 visites ou plus sont
celles dont les enfants sont exposées au plus faible risque de
mortalité (avec 37 décès pour mille naissances). Elles
sont seulement 9% qui ont suivi les recommandations de l'OMS. Les femmes qui
ont été consultées par un personnel médical lors de
leur grossesse, une à trois fois, font baisser le risque de
mortalité de leurs enfants par rapport à celles qui n'ont pas
été consultées par un personnel médical (soit 107
décès pour mille naissances). Mais ce nombre de visites semble
insuffisant car il occupe une position intermédiaire.
Graphique 4-3 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon la visite
prénatale
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Le comportement de la mère en matière de visites
prénatales peut influencer la mortalité des enfants car ces
visites ont des répercussions sur la santé de l'enfant. Plus les
femmes effectuent les consultations prénatales moins leurs enfants
courent des risques de décéder. Ces résultats semblent
confirmer les observations faites par Dackam (1987), selon lesquelles
« la santé de l'enfant durant les premières années de
la vie dépend des conditions de grossesse (...) ; à l'occasion de
ces visites, les futures mères peuvent être vaccinées
contre la rubéole, le tétanos ; ce qui protégerait
l'enfant pendant la période néo-natale ».
Pour le cas de la République Islamique de Mauritanie,
on constante qu'en incitant les femmes à effectuer ne serait-ce qu'une
à trois consultations prénatales, réduirait de 17,8% et de
24,8% (si elle effectue au moins 4 consultations pendant leur grossesse) le
risque de décès des enfants par rapport à une situation
où elles n'effectuent aucune consultation prénatale.
4.2.3.5. Vaccination de la
mère contre le tétanos
La vaccination antitétanique vise à immuniser
les mères contre le tétanos et surtout à prévenir
le tétanos qui menacerait les enfants nés à domicile sans
précaution d'asepsie. Pour une protection plus ou moins complète,
une femme enceinte devrait recevoir deux doses de vaccin. Selon Letonturier
(1996), la réception de quatre doses d'injections antitétaniques
par la mère au moment de la grossesse immunise l'enfant contre les
infections tétaniques qui peuvent l'affecter au cours de l'accouchement.
On remarque une forte corrélation entre le nombre
d'injections antitétaniques reçues par la mère au cours de
la grossesse et la mortalité des enfants de moins de 5 ans (tableau
4.3). Le graphique 4.4 montre que les enfants dont les mères n'ont
reçu aucune injection antitétanique au cours de la grossesse
courent presque 4,5 plus de risque de mortalité que ceux dont les
mères ont eu au moins une injection (soit 35,1% pour les enfants dont
la mère n'a pas reçu le vaccin pendant la grossesse et 7,8% pour
les enfants dont la mère a reçu au moins une fois le vaccin).
Graphique 4-4 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon la vaccination antitétanique de la
mère
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
4.2.3.6. Sexe de
l'enfant
La mortalité différentielle selon le sexe est
attribuée dans la littérature à des facteurs
endogènes (biologiques) pendant la période infantile et à
des comportements discriminatoires des parents fait à l'égard des
filles en matière de santé ou d'alimentation. Au seuil de 5%, le
sexe de l'enfant est une variable associée à la mortalité
des enfants. Le graphique 4.5 nous présente une surmortalité
masculine des enfants de moins de 5 ans (avec 26,2% pour les enfants de sexe
masculin et 16,8% pour les enfants de sexe féminin). Cette
surmortalité masculine serait due à la résistance de
l'organisme des petites filles à moins de 1 an face à certaines
maladies par rapport aux enfants de sexe masculin.
Graphique 4-5 : Risques de décès des
enfants de moins de 5 ans (%o) selon le sexe de l'enfant
Source : Traitement des
données de l'EDSM, 2000-01
Conclusion partielle
Sous réserve d'une analyse approfondie, en Mauritanie
la pauvreté reste rurale (93% des pauvres résidents en milieu
rural). Ainsi parmi les pauvres, trois quarts sont sans niveau d'instruction.
Par ailleurs, nous constatons que ce sont les femmes qui appartiennent aux
couches les plus démunies qui n'utilisent pas les soins des services
obstétricaux. La deuxième partie de ce chapitre était
consacrée à l'examen des liens entre les variables explicatives
et le décès des enfants. Il se dégage des résultats
suivants : le niveau de vie, le niveau d'instruction de la
femme, la visite prénatale, la vaccination antitétanique et le
sexe de l'enfant sont associés significativement au décès
des enfants de moins de cinq ans (5%).
Quel est l'effet propre ou l'impact de la pauvreté sur
la mortalité des enfants ? C'est l'objet du chapitre suivant.
CHAPITRE V : IMPACT DE LA PAUVRETE SUR
LA MORTALITE INFANTO-JUVENILE EN MAURITANIE
Dans cette section, nous allons,
à l'aide de la régression logistique, tester des modèles
progressifs qui consistent à introduire les variables selon la logique
de notre cadre d'analyse. Nous allons d'une part introduire la variable niveau
de vie (variable indépendante) dont nous allons contrôler l'effet
de chaque groupe de variables explicatives socio-économiques,
socioculturelles et comportementales. D'autre part, nous intégrerons
tous les autres variables dans un même modèle afin de
dégager l'impact de la pauvreté sur le décès des
enfants de moins de cinq ans.
5.1.
Niveau de vie et mortalité infanto-juvénile : Effets des
variables socio-économiques
Le modèle de la régression logistique nous
permet de dégager l'effet du niveau de vie sur la mortalité des
enfants de moins de cinq ans en contrôlant les variables
socio-économiques, notamment l'activité économique de la
mère et du père.
Tableau 5.1. Effets du niveau de vie sur la
mortalité infanto-juvénile en présence des variables
socio-économiques
Variables
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport à la modalité de
référence
|
M1
|
M2
|
Niveau de vie
|
**
|
*
|
*
|
Faible
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Moyen
|
0,77*
|
0,80 ns
|
0,78*
|
Elevé
|
0,62*
|
0,64*
|
0,65 ns
|
Activité économique de la
mère
|
***
|
***
|
**
|
Sans occupation
|
0,68**
|
0,72**
|
0,75*
|
Agricultrice
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Commerçante
|
0,72 ns
|
0,78 ns
|
0,77 ns
|
Secteur moderne
|
0,58*
|
0,69 ns
|
0,74 ns
|
Autres
|
1,19 ns
|
1,26 ns
|
1,27 ns
|
Activité économique du
père
|
***
|
|
***
|
Sans emploi
|
(réf)
|
|
(réf)
|
Cadre/Emploi/Service
|
0,48***
|
0,51***
|
Commerce
|
0,60**
|
0,59**
|
Agriculture
|
0,61**
|
0,54***
|
Service
|
0,86 ns
|
0,82 ns
|
Khi-deux
|
-----
|
20,688***
|
36,398***
|
ns= relation non significative
**= relation significative au seuil de 5% admis
***= relation significative au seuil de 1%
*=relation significative au seuil de 10%
|
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
En contrôlant l'activité économique de la
mère dans le modèle, on remarque que le niveau de vie conserve sa
signification. Par ailleurs, on observe une variation de l'effet du niveau de
vie. L'écart du risque de décès entre les enfants des
ménages de niveau de vie élevé et niveau de vie faible
passe de 38% à 36%. Bien plus, Il est curieux de constater que le risque
de décès des enfants dont les mères sont chômage est
de 25% moins de risque de décès comparativement à celui
des enfants dont les mères sont agricultrices. Ce résultat peut
se comprendre dans la mesure où, parfois les individus peuvent se
déclarer chômeurs. Quand bien même, ils font des
activités leur rapportant un revenu permettant de satisfaire leur
besoins, y compris ceux liés à la santé de leurs enfants.
En fait, les parents des enfants vivant dans les ménages de niveau de
vie élevé exerceraient des emplois défavorables au risque
de décès des enfants, d'ailleurs c'est dans les ménages de
niveau de vie élevé que se trouvent les femmes qui exercent des
activités modernes, celles-ci étant associées à un
faible risque de mortalité. En effet, la littérature
révèle le rôle ambivalent de l'activité
économique de la femme sur la mortalité de l'enfant. Celle-ci a
un effet tantôt négatif, tantôt positif sur le risque de
décès des enfants (les modalités commerçantes,
secteur moderne et autres secteurs ne sont pas significatifs). Ainsi, certains
auteurs dont Moseley (1985), montre que le temps que passe une femme à
travailler hors de la maison pèse négativement sur l'alimentation
et les soins à accorder aux enfants. Ce manque d'hygiène dans
l'alimentation des enfants peut provoquer chez ces derniers des maladies telles
que la diarrhée qui, combinée à la mauvaise alimentation
(allaitement), peut le conduire au décès.
En ajoutant l'activité de l'homme, le niveau de vie
reste significatif au seuil de 10%. Ainsi les enfants appartenant aux
ménages du niveau de vie moyen ont 22% moins de risque de
décéder par rapport à ceux dont le niveau de vie du
ménage est faible. En outre, les enfants des pères
Cades/employés/services16(*), ont un risque de décès de 49% moins
élevé que ceux dont les pères sont chômeurs. Et ceux
issus des pères commençants et agriculteurs ont respectivement
49% et 46% moins de risque de décéder que ceux dont les
pères sont sans emplois (M2).
Certaines études ont montré l'impact des
variables socioculturelles sur le décès des enfants. Le
modèle suivant nous permet d'examiner dans le cadre de la Mauritanie, la
variable niveau de vie et la mortalité infanto-juvénile en
mesurant l'effet des variables socioculturelles.
5.2. Niveau de vie et
mortalité infanto-juvénile : Effets des variables
socioculturelles
Dans cette partie, les variables socioculturelles
utilisées pour contrôler l'effet du niveau de vie sont : le
niveau d'instruction de la mère, le milieu de socialisation17(*), la région et le milieu
de résidence.
Tableau 5.2. Effets du niveau de vie sur la
mortalité infanto-juvénile en présence des variables
socioculturelles
Variables
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport à la modalité de
référence
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Niveau de vie
|
**
|
**
|
**
|
***
|
***
|
Faible
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Moyen
|
0,77*
|
0,76*
|
0,71**
|
0,62***
|
0,58***
|
Elevé
|
0,62*
|
0,57**
|
0,53**
|
0,45***
|
0,43***
|
Niveau d'instruction de la mère
|
**
|
ns
|
***
|
***
|
***
|
Sans niveau
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Primaire
|
0,69***
|
0,74**
|
0,69***
|
0,66***
|
0,65***
|
Secondaire et plus
|
1,07 ns
|
1,29 ns
|
1,19 ns
|
0,45 ns
|
1,13 ns
|
Milieu de socialisation
|
ns
|
|
ns
|
ns
|
ns
|
Grandes villes
|
0,89 ns
|
|
1,30 ns
|
1,07 ns
|
1,11 ns
|
Petites villes
|
0,96 ns
|
0,97 ns
|
0,99 ns
|
1,11 ns
|
Rural
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Région de résidence
|
***
|
|
***
|
***
|
Nouakchott
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
Zone sud
|
0,94 ns
|
0,70**
|
0,95 ns
|
Zone fleuve
|
0,90 ns
|
0,72**
|
0,95 ns
|
Zone nord
|
0,83 ns
|
0,88 ns
|
0,99 ns
|
Zone centre
|
0,36**
|
0,27***
|
0,37***
|
Milieu de résidence
|
ns
|
|
**
|
Urbain
|
(réf)
|
|
(réf)
|
Rural
|
1,17 ns
|
1,50**
|
Khi-deux
|
-----
|
16,237***
|
19,583***
|
45,901***
|
50,835***
|
ns= relation non significative
**= relation significative au seuil de 5%
admis
***= relation significative au seuil de 1%
*=relation significative au seuil de
10%
|
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
Toutes les variables socioculturelles influencent
significativement l'effet de niveau de vie sur la mortalité des enfants
à l'exception de la variable milieu de socialisation.
En contrôlant le niveau d'instruction de la mère,
l'effet du niveau de vie reste significatif. L'écart de risque de
décès entre les enfants des ménages de niveau de vie
élevé et ceux des ménages du niveau de vie faible est
passé de 38% à 43%. Donc, le contrôle du niveau
d'instruction de la mère a fait également diminuer le risque de
décès des enfants vivant dans les ménages de niveau de vie
élevé. Ainsi, la variable est significative au seuil de 1% (M4).
Les enfants dont les mères ont un niveau primaire ont 35% moins de
risque de décéder que ceux sans instruction. Ceci est conforme
aux résultats d'études antérieures, selon lesquelles le
niveau d'instruction influence positivement la diminution de risque de
décès chez les enfants.
Après le contrôle de la variable milieu de
socialisation au niveau du modèle (M2), le niveau de vie demeure
significatif au seuil de 5%. De même, les deux modalités niveau de
vie élevé et moyen sont significatives au seuil de 5%.
L'écart de risque entre les enfants des ménages de niveau de vie
élevé et faible est passé de 43% à 47%.
Le milieu de socialisation ne présente pas
d'association significative avec le risque de décès des enfants
tant au niveau brut qu'au niveau net (M4).
En contrôlant la variable région de
résidence, l'effet du niveau de vie sur le risque de décès
des enfants reste significatif au seuil de 1%. Les enfants des ménages
de niveau de vie élevé ont 55% moins de risque de
décéder que leurs congénères vivant dans les
ménages de niveau de vie faible. La variable elle-même
présente un effet significatif au seuil de 1% au niveau du modèle
(M4), ainsi les enfants dont les mères résident en zone (Wilayas)
centre ont 53% moins de risque de décéder que ceux dont les
mères résident en Nouakchott. Ce résultat est surprenant.
En effet, cela peut s'expliquer par le fait que les sous enregistrements
étaient nettement plus importants dans cette zone que le District de
Nouakchott (EDSM, 2000-2001).
Enfin, après le contrôle du milieu de
résidence, le niveau de vie conserve sa signification au seuil de 1%.
Par ailleurs, la variable milieu de résidence devient significative au
seuil de 5% (M4). Les enfants dont les mères résident en milieu
rural ont 1,5 fois plus de risque de décéder que ceux dont les
mères résident en milieu rural. Cela est logique dans la mesure
où en milieu urbain il ya une forte concentration des infrastructures
sanitaires.
5.3. Niveau de vie et
mortalité infanto-juvénile : Effets des variables
comportementales
Pour le tableau 5.3 ci-dessous, les variables comportementales
utilisées pour contrôler l'effet du niveau de vie sont :
visites prénatales, vaccination de la mère, lieu d'accouchement
et assistance à l'accouchement.
Tableau 5.3. Effets du niveau de vie sur la
mortalité infanto-juvénile en présence des variables
comportementales
Variables
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport à la modalité de
référence
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Niveau de vie
|
**
|
ns
|
ns
|
ns
|
*
|
Faible
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Moyen
|
0,77*
|
0,86 ns
|
0,87 ns
|
0,81 ns
|
0,77*
|
Elevé
|
0,62*
|
0,72 ns
|
0,72 ns
|
0,67 ns
|
0,53*
|
Visites prénatales
|
***
|
***
|
ns
|
ns
|
*
|
Pas visites
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
1 à 3 visites
|
0,65***
|
0,67***
|
0,82 ns
|
0,79 ns
|
0,77*
|
4 visites et plus
|
0,54***
|
0,58***
|
0,72 ns
|
0,77 ns
|
0,67*
|
Vaccination antitétanique
|
***
|
|
***
|
***
|
***
|
Pas vacciné
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Au moins une fois
|
0,54***
|
0,65***
|
0,64***
|
0,64***
|
Lieu d'accouchement
|
ns
|
|
*
|
ns
|
Domicile
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
Centre de santé
|
0,98 ns
|
1,21*
|
1,06 ns
|
Assistance à l'accouchement
|
ns
|
|
**
|
Pas assisté
|
(réf)
|
|
(réf)
|
Personnel qualifie
|
0,78 ns
|
0,95 ns
|
Personnel traditionnel
|
0,62**
|
0,64**
|
Autre assistant
|
0,76 ns
|
0,75 ns
|
Khi-deux
|
---
|
24,604***
|
32,590***
|
35,776***
|
44,133***
|
ns= relation non significative
**= relation significative au seuil de 5%
admis
***= relation significative au seuil de 1%
*=relation significative au seuil de
10%
|
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
Les variables comportementales constituent des variables
intermédiaires à travers lesquelles le niveau de vie des
ménages peut agir sur le décès des enfants. On
s'attendrait à ce que ces variables aient des effets significatifs sur
le décès des enfants.
L'introduction de la variable visite prénatale dans le
modèle fait disparaître la signification du niveau de vie.
Toutefois, cette variable reste significative au seuil de 1%. Elle explique
donc, en partie, l'influence de niveau de vie sur le risque de
décès des enfants.
En contrôlant la variable vaccination
anti-tétanique, la signification du niveau de vie disparaît
également, par conséquent, le niveau de vie agit à travers
ces deux variables.
Ces résultats vont dans le sens de la
littérature. La vaccination anti-tétanique, dont la
dernière dose doit être administrée au moins un mois avant
l'accouchement, est très efficace pour prévenir le tétanos
néonatal, ce qui fait de l'absence de vaccination de la mère un
facteur déterminant de risque de tétanos pour le
nouveau-né.
Après le contrôle de la variable lieu
d'accouchement, l'effet du niveau de vie reste toujours non significatif (M3).
On peut conclure à cet effet que, cette variable amplifie l'effet du
niveau de vie sur le décès des enfants.
Après le contrôle de la variable assistance
à l'accouchement, le niveau de vie devient significatif au seuil de 10%.
La variable elle-même devient significative au seuil de 5% (M4). Les
enfants des ménages du niveau de vie élevé ont 47% moins
risque de décéder que ceux vivant dans les ménages du
niveau de vie faible. D'autre part, les enfants du niveau de vie moyen ont 23%
moins de risque de décider par rapport à ceux dont les parents
vivent dans les ménages du niveau de vie faible. La littérature
indique d'ailleurs que la nature de l'assistance médicale dont
bénéficie la mère lors de l'accouchement influence la
mortalité de ses enfants.
Nous pouvons conclure par conséquent, que l'effet du
niveau de vie sur le décès des enfants passe à travers les
variables : visites prénatales, vaccination antitétanique et
lieu d'accouchement.
5.5. Niveau de vie et
mortalité infanto-juvénile : Effets des facteurs
socioculturels, économiques et comportementaux
L'effet du niveau de vie sur le risque des enfants en
contrôlant successivement les variables socio-économiques,
socioculturelles et comportementales (intermédiaires) est resté
significatif en dépit de légères variations.
En l'absence de contrôle des ces groupe des variables,
le niveau de vie est associé significativement à la
mortalité des enfants.
Après avoir contrôlé les variables
socio-économiques, son effet reste significatif (Cf. tableau 4-1). Bien
plus, après l'introduction de certaines variables socioculturelles
(niveau d'instruction de la mère, milieu de socialisation, région
de résidence et milieu de résidence), le niveau de vie influence
toujours significativement le risque de décès des enfants.
En contrôlant le niveau d'instruction de la mère,
l'effet du niveau de vie reste significatif et cette variable a un effet
significatif sur le décès des enfants (M3). Les enfants dont les
mères ont un niveau d'instruction primaire ont 24% moins de risque de
décéder que ceux dont les mères sont sans instruction. En
revanche les enfants des mères du niveau secondaire et plus, ne
présentent pas d'association significative avec le risque de
décès des enfants. Cela peut s'expliquer peut-être par le
faible effectif des femmes qui atteignent ce niveau d'étude. C'est dire
que ces dernières abandonnent l'école pour se marier.
En contrôlant la région de résidence,
l'effet du niveau de vie demeure significatif, la variable région est
significative au seuil de 1% (M5). Les enfants dont les mères
résident dans les zones du fleuve et du centre ont respectivement 24% et
69% moins de risque de décéder que ceux dont les mères
résident en Nouakchott.
En contrôlant le milieu de résidence, il est
à noter que le niveau de vie est significatif au seuil de 1%. Aussi, la
variable milieu de résidence est significative au seuil de 5% (M12). Les
enfants vivant en milieu rural ont 1,5 fois plus de risques de
décéder que leurs congénères vivant en milieu
urbain. Les enfants résidant en milieu urbain bénéficient
de l'avantage qu'offre la ville comparativement à ceux du milieu rural.
En contrôlant les variables intermédiaires,
l'effet du niveau de vie reste significatif. Mais toutes les variables
intermédiaires sont associées significativement au
décès des enfants à l'exception du lieu d'accouchement et
de l'assistance à l'accouchement.
En contrôlant la variable visite prénatale, elle
reste significative au seuil de 1% (M6). Le risque de décès des
enfants dont les mères ont effectué au moins quatre visites
prénatales est de 45% moins que celui des enfants dont les mères
qui n'ont jamais effectuées de visites. Ceux dont les mères ont
fait une à trois visites ont 35% moins de risque de
décéder que ceux dont les mères n'ont fait aucune visite.
Dans le modèle final (M12), la variable dévient non
significative.
En contrôlant la vaccination anti-tétanique
(M12), les enfants dont les mères ont eu à les vacciner au moins
une fois, ont 39% moins de risque de décéder que ceux dont leurs
mères n'ont effectuées aucun vaccin.
En contrôlant l'âge de la mère à
l'accouchement, cette variable a un effet significatif sur le
décès des enfants. Les enfants des mères
âgées de moins de 20 ans ont 1,41 fois plus de risque de
décéder avant cinq ans que ceux dont les mères sont
âgés de 20 à 34 ans révolus (M12).
Après le contrôle du sexe de
l'enfant, les enfants de sexe féminin courent 35% moins de risque de
décéder que ceux du sexe masculin. Ce résultat confirme la
thèse d'une surmortalité masculine à bas âge.
En contrôlant l'effet du niveau de vie par les variables
comportementales (voir modèle globale), la signification diminue
légèrement dès l'introduction de la visite
prénatale. L'effet de niveau de vie passe donc en partie par ces
variables.
Ces résultats montrent que ce sont les ménages
de niveau de vie élevé qui utilisent efficacement les services
sanitaires (visites prénatales, vaccination antitétanique,
assistance à l'accouchement et le lieu d'accouchement)
conformément aux recommandations de l'OMS. Eu égard aux relations
significatives entre ces variables et la mortalité des enfants de moins
de cinq ans, on peut comprendre que ce sont les ménages de niveau de vie
élevé qui disposent d'une capacité financière pour
une prise en charge des services obstétricaux. D'où la
vérification de notre hypothèse selon laquelle « les
enfants de niveau de vie faible sont plus exposés au risque de
décès que ceux du niveau de vie élevé ».
Ainsi, la non disparition de la signification de la variable niveau de vie,
dans le modèle global va dans le sens de l'hypothèse selon
laquelle, « Le niveau de vie du ménage influence
négativement les risques de décès des enfants de
façon non seulement directe, mais aussi à travers les variables
comportementales », ainsi cette dernière se trouve totalement
confirmée.
Tableau 5.4 du modèle global : l'impact du
niveau de vie sur le décès des enfants de moins de cinq ans
contrôlée par les variables socio-économiques,
socioculturelles et comportementales
Variables
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport à la modalité de
référence
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
M10
|
M11
|
M12
|
Niveau de vie
|
**
|
*
|
*
|
**
|
**
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Faible
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Moyen
|
0,77*
|
0,80 ns
|
0,78*
|
0,76*
|
0,73**
|
0,66***
|
0,63***
|
0,66***
|
0,65***
|
0,65***
|
0,63***
|
0,65***
|
0,64***
|
Elevé
|
0,62*
|
0,64*
|
0,65 ns
|
0,58**
|
0,56**
|
0,50**
|
0,48***
|
0,51**
|
0,50**
|
0,50**
|
0,49**
|
0,49**
|
0,49*
|
Activité économique de la
mère
|
***
|
***
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
*
|
*
|
*
|
Sans occupation
|
0,68**
|
0,72**
|
0,74*
|
0,76 ns
|
0,75 ns
|
0,73*
|
0,70**
|
0,72*
|
0,72*
|
0,72*
|
0,73*
|
0,73*
|
0,73*
|
Agricultrice
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Commerçante
|
0,73 ns
|
0,78 ns
|
0,78 ns
|
0,79 ns
|
0,78 ns
|
0,73 ns
|
0,68*
|
0,71 ns
|
0,69 ns
|
0,70 ns
|
0,71 ns
|
0,71 ns
|
0,72 ns
|
Secteur moderne
|
0,58*
|
0,69 ns
|
0,74 ns
|
0,70 ns
|
0,69 ns
|
0,64 ns
|
0,51 ns
|
0,61 ns
|
0,63 ns
|
0,63 ns
|
0,63 ns
|
0,66 ns
|
0,64 ns
|
Autre secteur
|
1,19 ns
|
1,26 ns
|
1,28 ns
|
1,32 ns
|
1,29 ns
|
1,16 ns
|
1,18 ns
|
1,10 ns
|
1,10 ns
|
1,11 ns
|
1,13 ns
|
1,12 ns
|
1,11 ns
|
Activité économique du
père
|
***
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
**
|
**
|
**
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Sans emploi
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Cadre/Employé/Service
|
0,47***
|
0,50***
|
0,49***
|
0,49***
|
0,51***
|
0,51***
|
0,51***
|
0,51***
|
0,51***
|
0,51***
|
0,50***
|
0,49**
|
Commerce
|
0,59**
|
0,59**
|
0,57**
|
0,57**
|
0,62**
|
0,64*
|
0,63**
|
0,63**
|
0,63**
|
0,62**
|
0,61**
|
0,59**
|
Agriculture
|
0,61**
|
0,54***
|
0,52***
|
0,53***
|
0,59**
|
0,62**
|
0,59**
|
0,58**
|
0,58**
|
0,58**
|
0,57**
|
0,55**
|
Manoeuvre
|
0,86 ns
|
0,82 ns
|
0,81*
|
0,80 ns
|
0,82 ns
|
0,83 ns
|
0,81 ns
|
0,81 ns
|
0,81 ns
|
0,82 ns
|
0,40 ns
|
0,79 ns
|
Niveau d'instruction de la mère
|
**
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
**
|
Sans niveau
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Primaire
|
0,69***
|
0,76**
|
0,73**
|
0,72**
|
0,71**
|
0,73**
|
0,73**
|
0,72**
|
0,72**
|
0,71**
|
0,70**
|
Secondaire et plus
|
1,06 ns
|
1,40 ns
|
1,34 ns
|
1,31 ns
|
1,30ns
|
1,41 ns
|
1,41 ns
|
1,39 ns
|
1,38 ns
|
1,38 ns
|
1,39 ns
|
Milieu de socialisation
|
ns
|
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
Grandes villes
|
0,88 ns
|
|
1,21 ns
|
1,03 ns
|
1,06 ns
|
1,08 ns
|
1,09 ns
|
1,09 ns
|
1,09 ns
|
1,06 ns
|
1,04 ns
|
Petites villes
|
0,96 ns
|
1,00 ns
|
1,01 ns
|
1,11 ns
|
1,11 ns
|
1,09 ns
|
1,09 ns
|
1,09 ns
|
1,09 ns
|
1,08 ns
|
Rural
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Région de résidence
|
***
|
|
***
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
Nouakchott
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Sud
|
0,94 ns
|
0,734 ns
|
0,96 ns
|
0,93 ns
|
0,89 ns
|
0,90 ns
|
0,91 ns
|
0,89 ns
|
0,89 ns
|
Fleuve
|
0,90 ns
|
0,76*
|
0,97 ns
|
1,03 ns
|
1,00 ns
|
1,01 ns
|
0,99 ns
|
0,98 ns
|
0,97 ns
|
Nord
|
0,83 ns
|
0,87 ns
|
0,96 ns
|
0,95 ns
|
0,90 ns
|
0,90 ns
|
0,90 ns
|
0,90 ns
|
0,88 ns
|
Centre
|
0,36***
|
0,31***
|
0,39***
|
0,39***
|
0,38***
|
0,38***
|
0,39***
|
0,38***
|
0,38***
|
Milieu de résidence
|
ns
|
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
**
|
Urbain
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Rural
|
1,17 ns
|
1,48**
|
1,56**
|
1,56**
|
1,54***
|
1,51**
|
1,49**
|
1,50**
|
Visites prénatales
|
***
|
|
***
|
ns
|
ns
|
*
|
ns
|
ns
|
Pas visite
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
1 à 3 visites
|
0,65***
|
0,64***
|
0,80 ns
|
0,79 ns
|
0,78 ns
|
0,79 ns
|
0,79 ns
|
4 visites et plus
|
0,55***
|
0,54***
|
0,69*
|
0,69*
|
0,68*
|
0,07 ns
|
0,68*
|
Vaccination antitétanique
|
***
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Pas vaccin
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Au moins une fois
|
0,54***
|
0,62***
|
0,62***
|
0,62***
|
0,69*
|
0,61***
|
Lieu d'accouchement
|
ns
|
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
Domicile
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Centre de santé
|
0,97 ns
|
1,05 ns
|
0,99 ns
|
1,00 ns
|
0,99 ns
|
Assistance à l'accouchement
|
ns
|
|
ns
|
ns
|
ns
|
Pas assisté
|
(réf)
|
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
Personnel qualifie
|
0,77 ns
|
0,87 ns
|
0,86 ns
|
0,88 ns
|
Personnel traditionnel
|
0,62**
|
0,65*
|
0,65*
|
0,67*
|
Autre assistant
|
0,76 ns
|
0,80 ns
|
0,80 ns
|
0,82 ns
|
Age de la mère à l'accouchement
|
**
|
|
*
|
*
|
< 20 ans
|
1,46***
|
|
1,42**
|
1,41**
|
20 à 34 ans
|
(réf)
|
(réf)
|
(réf)
|
35 ans et plus
|
1,08 ns
|
1,11 ns
|
1,09 ns
|
Sexe de l'enfant
|
***
|
|
***
|
Masculin
|
(réf)
|
|
(réf)
|
Féminin
|
1,52***
|
0,65***
|
Khi-deux
|
---
|
20,7***
|
36,4***
|
46,1***
|
47,2***
|
66,8***
|
70,9***
|
90,4***
|
99,7***
|
100,4***
|
105,3***
|
111,0***
|
127,2***
|
ns= relation non significative, **= relation
significative au seuil de 5% admis, ***= relation significative au seuil
de 1%, *=relation significative au seuil de 10%.
|
Source : Traitement des données de
l'EDSM, 2000-01
Résultats et discussion
Ce chapitre, à travers l'analyse explicative par le
biais du modèle pas à pas, a permis d'identifier l'impact de la
pauvreté sur la mortalité des enfants. Au terme de ces analyses,
nous avons obtenu les résultats suivants :
· De l'introduction des variables
socio-économiques, l'incidence du niveau de vie a baissé. Donc
l'influence de niveau de vie sur le décès des enfants se
réalise en partie par ces variables. Ces résultats
reflètent la réalité Mauritanienne.
· Le contrôle des variables socioculturelles a
augmenté la signification de l'effet du niveau de vie sur le risque
de décès. Par ailleurs, le niveau d'instruction réduit le
risque de décès des enfants. De même, les enfants dont les
mères résident en milieu urbain ont moins de chance de
décéder que ceux dont les mères résident en milieu
rural. Ceci est d'autant vrai car dans le contexte Mauritanien, le niveau
d'instruction est très discriminatoire en matière
d'hygiène et de prévention des maladies chez les enfants. Par
ailleurs, il y a une forte concentration des infrastructures sanitaires dans
les milieux urbains.
· Le contrôle des variables comportementales a
diminué légèrement l'effet du niveau de vie (Cf, tableau
5.4) ; Donc ce dernier agit en partie à travers ces variables,
peut-être faute de n'avoir pas pris en compte d'autres variables que sont
la durée d'allaitement et l'intervalle intergénésique. Ce
résultat reflète également le contexte Mauritanien dans la
mesure où ce sont les femmes appartenant aux couches les plus
démunies qui ne bénéficient pas facilement des soins
obstétricaux.
· Le risque de décès selon le sexe
confirme la thèse d'une surmortalité masculine à bas
âge modèle (M12). Selon l'EDSM 2000/2001, le quotient de
mortalité des garçons est estimé à 127%o, soit
près de 20 % plus élevé que celui des filles (106%o).
· Dans le modèle (M12), on voit que la
signification du niveau de vie demeure, ça veut dire qu'il agit
directement ou indirectement sur le décès des enfants. Ce
résultat rejoint notre hypothèse (H3).
Pour terminer, il convient de préciser que la relation
entre la pauvreté et la mortalité des enfants de moins de cinq
ans est mieux expliquée par le contexte culturel mauritanien de
manière générale.
Conclusion partielle
Les résultats de nos analyses révèlent
que plus le niveau de vie est élevé moins le risque de
décès des enfants est élevé. Ce résultat est
confirmé par la littérature. D'autres travaux dont ceux de
Geronimus, 1987, Jakobsen, 1987 cités par Barbieri, 1991, H Mosley,
1985, Bininguisse, (2001) ont abouti à cette même conclusion. Ces
auteurs ont expliqué l'effet positif du niveau de vie par
l'environnement socio-économique qui détermine les risques de
l'enfant en matière de santé.
D'autre part, le risque moindre de décès des
enfants est déterminé par les capacités financières
des ménages à prendre en charge les soins obstétricaux
(vaccination antitétanique...), et un traitement adéquat en cas
de maladie.
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Réduire la pauvreté reste une vaste
espérance contre laquelle se mobilise actuellement toute la
communauté internationale, dans le Nord comme dans le Sud. Ce
défi n'est cependant pas facile à tenir du fait que la
pauvreté est un phénomène multidimensionnel. En effet,
elle recouvre plusieurs aspects touchant à la fois l'alimentation, la
santé, le logement et l'éducation. Ces différents aspects
nous préoccupent particulièrement dans ce travail dans la mesure
où ils contribuent non seulement à la croissance de la
productivité du travail (croissance économique) mais aussi
à la réduction de la fécondité et à
l'amélioration du niveau de santé.
Aujourd'hui, la lutte contre la pauvreté est une des
préoccupations majeures pour un pays en développement, car on
comprend bien qu'on ne puisse pas acquérir un certain
développement en laissant une partie de la population dans la
pauvreté.
Les enfants constituent l'un des groupes vulnérables.
Cela est particulièrement vrai en Afrique où un
décès sur deux est celui d'un enfant de moins de cinq ans. Les
enfants sont les plus touchés par les crises diverses que traverse le
continent. Les réformes économiques imposées par les
institutions de Bretton Wood aux pays africains ont réduit dans bien des
cas le pouvoir d'achat des populations et conséquemment aggravé
les conditions sanitaires des enfants.
L'objectif général de cette étude
était de contribuer à une meilleure connaissance sur les facteurs
explicatifs de la mortalité des enfants, en particulier la
pauvreté des ménages et de fournir aux décideurs de ce
pays et autres utilisateurs potentiels des informations actualisées sur
le phénomène étudié. Plus spécifiquement, il
s'agit de :
ü Montrer les inégalités sociales de la
mortalité des enfants selon le niveau de vie des
ménages ;
ü Identifier les mécanismes par lesquels la
pauvreté agit sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans
en Mauritanie ;
ü Formuler des recommandations pertinentes visant
à réduire la pauvreté et la mortalité des enfants
de moins de cinq ans.
De la synthèse de la littérature, il est
ressorti trois principales Ecoles de pensée sur la mesure de la
pauvreté : l'école Welfarist, l'école des besoins de base
et l'école des capacités. Afin d'éclairer les
mécanismes d'action entre la pauvreté et la mortalité des
enfants, nous nous sommes situés aux deux niveaux d'analyse à
savoir niveau micro et macro. Ainsi, on a pu distinguer : Des facteurs
nutritionnels, socioculturels, socio-économiques et comportementaux.
Ensuite, à partir de ces facteurs explicatifs de la mortalité, on
a pu identifier un ensemble de variables qui sont en rapport avec le
phénomène. En nous référant aux résultats de
la synthèse de la littérature et du cadre théorique
développé par Barbieri M. (1991). Nous avons
élaboré un cadre conceptuel qui traduit nos hypothèses
(fondamentales et spécifiques).
Les données utilisées dans le cadre de ce
travail proviennent de la première Enquête Démographique
de Santé réalisée en Mauritanie (EDSM, 2000/2001).
Comme toute étude qui utilise des données
rétrospectives comme celles de l'EDS, on a procédé
à l'évaluation de la qualité des données relatives
à notre domaine d'étude. Cette évaluation a
consisté dans un premier temps à apprécier la
méthode d'échantillonnage et ensuite à évaluer la
déclaration de l'âge de la mère, de la parité
moyenne aux différents groupes d'âges des mères,
l'évolution des décès des mères en fonction du
groupe d'âges de la mère et des proportions de non réponses
des variables explicatives. Il ressort de cette évaluation que les
insuffisances relevées après évaluation de la base de
données n'entachent pas la qualité des informations recueillies.
Après l'évaluation de la qualité des données, on a
procédé à la construction du fichier d'analyse. Ce fichier
comporte essentiellement les variables économiques, culturelles et
intermédiaires que nous estimons utiles pour expliquer le
phénomène. Ainsi, à l'aide des méthodes
statistiques et certaines caractéristiques du ménage, la variable
niveau du vie de ménage a été créée à
partir des caractéristiques de l'habitat et biens matériels du
ménage. Le choix des caractéristiques et les biens du
ménage sont tributaires de la relation existante entre ces
caractéristiques, ces biens et la mortalité des enfants. Les
ménages ont été regroupés en trois niveaux : les
ménages pauvres ayant un niveau de vie faible, ceux qui ont un niveau de
vie moyen et les ménages riches qui ont un niveau de vie
élevé. Le souci de soumettre tous les enfants
sélectionnés au risque de mortalité jusqu'à
l'âge de cinq ans a guidé le choix de la délimitation de la
cohorte d'enfants pour l'étude. Ainsi, tous les enfants
enquêtés, nés entre l'année 2000 et 1995 et ayant au
plus de 5 ans au moment de l'enquête ont été choisis pour
la construction de notre fichier d'analyse.
Les résultats de l'analyse croisant le niveau de vie
avec certaines variables montrent que le milieu rural concentre la
quasi-totalité des pauvres du pays (93% sont du milieu rural). Par
ailleurs, le niveau d'instruction de la femme est étroitement lié
au niveau de vie. En effet, ce pourcentage diminue progressivement quand le
niveau d'instruction de la femme augmente (parmi les pauvres ¾ sont sans
niveau d'instruction). S'agissant des variables comportementales, les
résultats révèlent que ce sont les couches les plus
démunies qui n'utilisent pas les soins des services
obstétricaux.
L'analyse bivariée a abouti encore à l'existence
d'une forte association entre la pauvreté et le décès de
l'enfant de moins de cinq ans. Le risque de décès des enfants des
ménages du niveau de vie faible est presque 3 fois plus
élevé que celui des enfants vivant dans les ménages du
niveau de vie faible. Ce ratio diminue lorsqu'on passe des ménages de
niveau moyen et faible, à ceux de niveau de vie élevé. Le
risque de décès des enfants de niveau de vie moyen est environ
1,9 fois plus élevé que celle des enfants vivant dans les
ménages de niveau de vie faible.
Au niveau multivarié, l'hypothèse
générale a été confirmée. Toutes choses
étant égales par ailleurs, le niveau de vie des ménages
discrimine le décès des enfants de moins de cinq ans. Les risques
de décès des enfants des ménages de niveau de vie
élevé sont inférieurs à ceux de leurs
congénères qui sont dans les ménages de niveau de vie
moyen, lesquels ont des risques de décès inférieurs
à celui des enfants des ménages de niveau de vie faible. Les
ménages de niveau de vie élevé cumulent les avantages
d'avoir le niveau d'instruction le plus élevé, des habitats
décents, des sources d'approvisionnement en eau potable, des types de
toilettes adéquats, en somme, tout ce qui peut réduire les
risques d'exposition des enfants aux maladies infectieuses et transmissibles.
Les variables comportementales associées
significativement sont la visite prénatale, la vaccination, l'assistance
à l'accouchement, et constituent d'ailleurs des soins
obstétricaux. L'effet du niveau de vie passe par ces variables
comportementales. Eu égard aux relations significatives entre ces
variables et le décès des enfants de moins de cinq ans, on peut
comprendre que ce sont les ménages de niveau de vie élevé
qui disposent d'une capacité financière de prise en charge des
services obstétricaux, qui sont en partie tributaires de la
mortalité des enfants. Ainsi dans le modèle saturé, les
variables âge de la mère et sexe de l'enfant sont significatives.
Il faut dire aussi que la variable visite prénatale constitue le
déterminant clé.
H1 : Le risque de
décès des enfants est plus élevé dans les
ménages de niveau de vie faibles que dans les ménages de niveau
de vie élevés, a été confirmée.
H2 : Le niveau
d'instruction de la mère influence négativement le
décès des enfants. On s'attend ainsi à ce que les enfants
dont la mère a au moins un niveau d'instruction primaire court des
risques de décès plus faibles que ceux dont la mère sans
instruction, a été confirmée.
H3 : Le niveau de vie du
ménage influence négativement les risques de décès
des enfants de façon non seulement directe, mais aussi à travers
les variables comportementales, a été confirmée.
Cependant, il faut reconnaître que cette étude comporte des
limites, comme dans toute recherche en sciences sociales. Ces limites seraient
sujettes à d'éventuelles critiques ou suggestions. En occurrence,
cette recherche serait plus consistante en prenant en compte les deux
variables suivantes:
ü L'intervalle
intergénésique : souvent exprimé en mois,
désigne la période écoulée entre la survenue d'une
nouvelle grossesse et l'accouchement antérieur. Il ne figure pas parmi
les variables étudiées car sa valeur manque dans la base de
données.
ü La durée d'allaitement :
nous n'allons pas utiliser cette variable, car la question concerne seulement
les enfants en vie.
D'une manière générale le revenu et/ou la
consommation des ménages seraient mieux indiqués pour
appréhender le niveau de vie des ménages. Cependant, l'EDSM ne
saisit pas ces deux variables. Nous avons fait recours à un indicateur
composite qui prend en compte les biens d'équipement du ménage et
les caractéristiques de l'habitat (nature du sol, approvisionnement en
eau, type de toilette). Cette façon d'appréhender le niveau de
vie peut comporter des biais qui peuvent provenir de :
ü On ne connaît pas la nature d'obtention des
biens, à savoir si ce sont des biens achetés par le ménage
ou des dons d'un membre de la famille.
ü Cet indicateur standardisé peut être mal
distribué en milieu rural, il ne prend pas en compte certains biens
comme le bétail, les charrettes qui sont considérés comme
des signes de richesses en milieu rural. Dans les institutions traditionnelles
la prise en compte des concepts tels que le prestige social, la valorisation
sociale, la perception etc. devra permettre de mieux cerner la
différentiation en termes de niveau de vie en milieu rural. Ceci nous
aurait permis de construire un indicateur niveau de vie de milieu rural qui
prendra en compte les caractéristiques de richesse de ce milieu.
En outre, nous ne pouvons pas terminer ce travail sans
formuler quelques recommandations. Compte tenu des limites ci-dessus, nous
suggérons ce qui suit pour les études ultérieures :
Approfondir l'analyse en tenant compte non seulement de
l'aspect quantitatif (approche monétaire) et qualitatif (approche par le
confort) mais aussi celui lié aux perceptions socioculturelles des
populations rurales, en ce qui concerne la construction de l'indicateur de
pauvreté fondé sur le niveau de vie. Concrètement, il
s'agit, avant toute étude basée sur le niveau de vie,
d'interroger (par une enquête) les populations vivant en milieu rural
pour cerner leur point de vue, en termes de niveau de vie.
A l'endroit des pouvoirs publics :
Les analyses ont montré que le niveau de vie est un
facteur important de discrimination de la mortalité des enfants. Ainsi,
au niveau macro, nous recommandons que toute stratégie de lutte contre
la pauvreté en Mauritanie puisse prendre en compte la réduction
de la mortalité infanto-juvenile. En d'autres termes, les
stratégies de réduction de la pauvreté en Mauritanie
doivent être accompagnées des mesures de réduction de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans.
Par ailleurs, les résultats ont montré une forte
mortalité des enfants chez les femmes qui accouchent à un
âge jeune. D'autre part, le niveau d'instruction de la mère
diminue le risque de décès chez les enfants. Ainsi, qu'un faible
effectif de celles-ci atteint le niveau secondaire et plus. Il faut de ce fait
promouvoir la scolarisation des filles et lutter contre les déperditions
scolaires. Donc, le maintien des filles dans le système scolaire permet
d'élever l'âge au mariage (cadre idéal de
procréation en Mauritanie).
Des campagnes de sensibilisation intenses doivent être
menées auprès des femmes, surtout en milieu rural afin de les
inciter à fréquenter les centres médicaux, les
maternités existant dans leurs localités. Aussi, il faut
sensibiliser les femmes afin qu'elles fassent vacciner leurs enfants contre les
maladies infectieuses les plus courantes qui sévissent dans le pays. La
formation des matrones et des accoucheuses traditionnelles, doit être en
amont dans les politiques d'éducation sanitaire dans le volet de
formation. On peut réduire l'écart de risque de
décès entre les enfants de milieu rural et urbain, en dotant le
milieu rural des infrastructures sanitaires, en d'autres termes rapprocher les
centres de santé des populations.
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ANNEXES
Quelques maladies infanto-juvénile
De nombreuses études ont montré que la plus
grande partie des décès observés parmi les enfants de
moins de cinq ans dans les pays en développement sont dus à un
nombre restreint de maladies infectieuses et parasitaires (Akoto et Tabutin,
1985, Pison et al, 1988, Barbieri, 1991). Pour ces auteurs, au tout premier
plan de ces maladies figurent le tétanos, la rougeole, le paludisme, les
maladies intestinales et respiratoires.
Les facteurs sociaux qui renforcent le risque d'infection sont
essentiellement liés à la pauvreté des vêtements ou
de la literie, la promiscuité dans les logements, le manque d'eau et
d'installations sanitaires tels que les W.C, les canaux d'évacuations
des eaux usées, les dépotoirs des déchets qui favorisent
la contamination et la propagation des maladies.
a. La
diarrhée
La diarrhée et l'infection intestinale constituent un
important problème de santé publique dans les pays en voie de
développement. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
4.6 millions d'enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de
diarrhée dont 1.2 millions en Afrique. La cause ultime de la
morbidité par cette infection est la pauvreté, tant l'exposition
à la maladie que la faculté d'y résister dépendent
fortement des conditions économiques, sociales et écologiques.
Cet avis est également partagé par Mosley (1985, P.125). Les
enfants des familles pauvres sont ceux qui répondent le plus à
ces caractéristiques. Aussi, la période de sevrage est
très déterminante, car elle expose les enfants dont
l'alimentation n'est pas bien suivie et soutenue à ce que certains
auteurs appelaient la « diarrhée de sevrage » ou les
maladies diarrhéiques aigues. Mosley (1985) disait à cet
égard que « la période où l'allaitement au sein
se poursuit mais d'autres aliments entrent dans la nourriture de l'enfant,
ainsi que la période de trois mois suivant l'arrêt complet de
l'allaitement au sein est la période à la quelle la
diarrhée de sevrage ou maladie diarrhéique aigue est
fréquente chez le nourrisson ».
Suivant les recommandations de l'OMS, pour lutter contre les
effets de déshydratation, la Mauritanie a mis en place un programme qui
préconise la pratique du Traitement de Réhydratation par voie
Orale (TRO), en conseillant l'utilisation soit d'une solution
préparée à partir du contenu de sachets de Sels de
Réhydratation par voie Orale (SRO), soit d'une solution
préparée à la maison avec de l'eau, du sucre et du sel. De
part leurs conséquences, notamment la déshydratation et la
sous-nutrition, les maladies diarrhéiques constituent, directement ou
indirectement, une des principales causes de décès des jeunes
enfants dans les pays en développement.
b. Le
tétanos
Dans les pays en voie de développement, la
mortalité due au tétanos peut atteindre 100 pour 1000 naissances
vivantes (Leroy et Garenne, cité par Pison, 1989). Certaines
études (Bergren, 1983 cités par Leroy et al, 1989) ont
montré que le tétanos néonatal joue un rôle majeur
dans la mortalité infantile. Ainsi, cette affection peut
représenter 72% des causes de décès entre la naissance et
le 28éme jours en Inde. Les travaux de Bergren (1983) en
Haïti ont montré que la vaccination des femmes en âge de
procréer et l'amélioration de l'asepsie de l'accouchement peuvent
pratiquement éliminer le tétanos des nouveaux-nés.
c. La rougeole
De nombreux d'auteurs (Hendrickse, 1975, cité par
Aaby, 1988, P306) ont affirmé que la mortalité par rougeole est
attribuée aux conditions de vie et à la malnutrition. On en
conclut généralement que la rougeole tue, pour l'essentiel, des
enfants affaiblis qui, de toute manière mouraient d'une infection si ce
n'était de la rougeole. Les travaux de Puffer et Serrano (1975) ont
montré que la déficience alimentaire était une cause
contribuante ou préexistante des 60% des cas de la rougeole. La rougeole
était particulièrement grave dans les familles pauvres, mal
logées, vivant dans des petits appartements surpeuplés ou dans la
promiscuité d'asiles collectifs (Aaby, 1988, P302).
d. Le paludisme
Le paludisme est une cause de mortalité majeure chez
les enfants de moins de cinq ans en Mauritanie. Il est également un
facteur d'anémie chez l'enfant et une cause fréquente
d'absentéisme scolaire. Les mesures préventives, notamment
l'utilisation de moustiquaires imprégnées à l'insecticide
(MI), peuvent réduire considérablement le taux de la
mortalité infantile liée au paludisme. Dans les zones où
le paludisme est fréquent, les recommandations internationales proposent
de traiter toute fièvre chez l'enfant comme s'il s'agissait du
paludisme, en lui donnant immédiatement un traitement complet à
base de comprimés antipaludéens. Les enfants manifestant des
symptômes de paludisme aigu, tels que la fièvre ou les
convulsions, doivent être acheminés auprès d'une formation
sanitaire. De même, les enfants convalescents du paludisme doivent
recevoir un surplus de liquides et d'aliments et doivent poursuivre
l'allaitement maternel.
Tableau : Proportion des réponses des variables
de l'étude
Types des variables
|
Taux de réponse (%)
|
Variable dépendante
|
Décès de l'enfant
|
100
|
Variables socio-économiques
|
Niveau de vie de ménage
|
97,25
|
Occupation de la mère
|
99,43
|
Occupation du père
|
99.50
|
Variables socioculturelles
|
Milieu de socialisation
|
99.89
|
Milieu de résidence
|
100
|
Région de résidence
|
100
|
Niveau d'instruction de la mère
|
100
|
Variables intermédiaires
|
Visites prénatales
|
99,96
|
Vaccination antitétanique
|
100
|
Lieu d'accouchement
|
100
|
Assistance à l'accouchement
|
99,81
|
Age de la mère à l'accouchement
|
93,50
|
Sexe de l'enfant
|
100
|
Variables utilisées pour la construction de
l'indicateur du niveau de vie
|
Type de W.C
|
99
|
Matériau du sol
|
99
|
Accès à l'eau
|
99
|
Accès à l'électricité
|
99
|
Possession de la radio
|
99
|
Possession d'une télévision
|
99
|
Possession d'un réfrigérateur
|
99
|
Accès à l'électricité
|
99
|
Possession de la voiture
|
99
|
Possession d'un téléphone
|
99
|
Source : Rapport
Enquête Démographique et de Santé de Mauritanie,
2000-2001
Croisement des variables ayant servi à la
construction de l'indicateur de niveau de vie avec le niveau de vie
Niveau de vie by possession de Frigo
Niveau de vie by possession de téléphone
V122 Page 1 of 1
V153 Page 1 of 1
Count
Count
Row Pct prfri rfri
Row Pct ptele tele
Col Pct Row
Col Pct Row
1 2 Total
1 2 Total
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
1.00 2244 1 2244
1.00 2236 9 2244
Pauvres 100.0 .0 44.6 Pauvres
99.6 .4 44.6
49.2 .1
45.6 6.8
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
2.00 1781 8 1789
2.00 1770 18 1789
Moyens 99.6 .4 35.5 Moyens
99.0 1.0 35.5
39.1 1.6
36.1 14.5
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
3.00 531 469 1001
3.00 901 100 1001
Riches 53.1 46.9 19.9 Riches
90.0 10.0 19.9
11.7 98.2
18.4 78.7
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
Column 4556 478 5034
Column 4907 127 5034
Total 90.5 9.5 100.0
Total 97.5 2.5 100.0
Niveau de vie by possession de voiture
Niveau de vie by possession de television
V125 Page 1 of 1
V121 Page 1 of 1
Count
Count
Row Pct pvoit voit
Row Pct ptvis tvis
Col Pct Row
Col Pct Row
1 2 Total
1 2 Total
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
1.00 2133 112
2244 2.00 1530 259 1789
Pauvres 95.0 5.0 44.6 Pauvres
99.6 .4 44.6
45.9 29.1
56.8 .9
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
2.00 1736 53 1789
2.00 1530 259 1789
Moyens 97.1 2.9 35.5 Moyens
85.5 14.5 35.5
37.3 13.7
38.9 23.5
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
3.00 781 220 1001
3.00 168 833 1001
Riches 78.0 22.0 19.9 Riches
16.8 83.2 19.9
16.8 57.2
4.3 75.5
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
Column 4650 384 5034
Column 3932 1102 5034
Total 92.4 7.6 100.0
Total 78.1 21.9 100.0
Niveau de vie by possession d'électricité
Niveau de vie by possession de
radio
V119 Page 1 of 1
V120 Page 1 of 1
Count
Count
Row Pct pelect elect
Row Pct pradio radio
Col Pct Row
Col Pct Row
1 2 Total
1 2 Total
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
1.00 2242 3 2244
1.00 731 1514 2244
Pauvres 99.9 .1 44.6 Pauvres
32.5 67.5 44.6
56.3 .3
29.5 59.2
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
2.00 1649 140 1789
2.00 1367 422 1789
Moyens 92.2 7.8 35.5 Moyens
76.4 23.6 35.5
41.4 13.2
55.2 16.5
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
3.00 88 912 1001
3.00 379 622 1001
Riches 8.8 91.2 19.9 Riches
48.8 14.8 36.5 19.9
2.2 86.5
33.8 89.3 10.7
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
Column 3979 1055 5034
Column 1442 165 3427 5034
Total 79.0 21.0 100.0
Total 28.6 3.3 68.1 100.0
Niveau de vie by type de toilette
V116 Page 1 of 1
Count
Row Pct tmodr latrd latam brou
Col Pct Row
1 2 3 4 Total
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
1.00 35 153 844 1213 2244
Pauvres 1.5 6.8 37.6 54.0 44.6
17.5 17.2 60.1 47.7
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
2.00 24 209 288 1268 1789
Moyens 1.3 11.7 16.1 70.9 35.5
12.1 23.5 20.5 49.8
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
3.00 138 526 273 63 1001
Riches 13.8 52.6 27.3 6.3 19.9
70.4 59.3 19.4 2.5
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
Column 197 888 1405 2544 5034
Total 3.9 17.6 27.9 50.5 100.0
Niveau de vie by eau d approvisionnement en
eau
V113 Page
1 of 2 V113 Page 2 of 2
Count
Count
Row Pct robinet fontaine puit pub puitnon source
Row Pct achat ci
Col Pct a domici publiqu lique publique
Row Col Pct terne Row
1 2 3 4 5 Total
6 Total
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
NIVIEE
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
1.00 144 614 419 769 282 2244
1.00 16 2244
Pauvres 6.4 27.4 18.7 34.3 12.6 44.6
Pauvres .7 44.6
18.3 40.7 50.3 52.8 92.1
11.3
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄ'
2.00 192 536 339 637 13 1789
2.00 71 1789
Moyens 10.7 30.0 18.9 35.6 .8 35.5
Moyens 4.0 35.5
24.3 35.5 40.7 43.7 4.4
50.8
ÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄÅÄÄÄÄÄÄÄÄ'
ÄÄÄÄÄÄÄÄ'
3.00 453 359 75 50 11 1001
3.00 53 1001
Riches 45.2 35.9 7.5 5.0 1.1 19.9
Riches 5.3 19.9
57.4 23.8 9.0 3.5 3.5
37.9
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÁÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
ÀÄÄÄÄÄÄÄÄÙ
Column 789 1509 833 1457 306
5034 Column 140 5034
(Continued) Total 15.7 30.0 16.5 28.9 6.1
100.0 Total 2.8 100.0
* 1 Par exemple, le Human
Development Report 1997 des Nations Unies classe la Mauritanie au
135émes rang en termes de PIB per capita, mais seulement au
150e en termes de son Human Development Index.
* 2 ONS : RGHP 2000 ;
MSAS/ONS : EDSM 2000/2001 ; ONS : Profil de pauvreté 2000/2001
; Rapport 2002 sur le DHD ; Ministère de l'éducation nationale :
rapport annuel 2001.
* 3 Enquête nationale
de séroprévalence chez lez femmes enceintes 2001.
* 4 EDSM 2000.
* 5 Enquêtes CNH/MSAS
1998 et 1999.
* 6 Prix Nobel des pauvres selon
la presse britannique.
* 7 Classification des
maladies.
* 8 Partie de la médecine
qui recherche les causes des maladies.
* 9 Milieu où l'on a
vécu les 12 premières années de son existence conditionne
le plus souvent le comportement des personnes dans la société. Ce
milieu appréhendé d'une manière générale, de
façon dichotomique (milieu rural et milieu urbain) permet de comprendre
les différences d'attitudes et de pratiques entre les individus vivant
dans le même milieu de résidence.
* 10 Avant 4 mois et entre et 6
mois.
* 11 Les aliments de
complément pauvres sont ceux qui ne sont qui ne contiennent pas de
vitamine A, ni le fer, l'iode et proteino-énergique.
* 12 Pauvreté en
terme de capital humain (être en bonne santé, avoir une bonne
consommation...) ; pauvreté en terme de capital social (avoir un
réseau de relations...) ; pauvreté en terme de conditions
d'existence (caractéristiques du logement et possession de biens de
consommation...).
* 13 Pauvreté
monétaire ou non, de seuil absolu ou relatif.
* 14 Pauvreté vue par
les ménages eux-mêmes (chaque individu apprécie son niveau
de bien être). Ce type de pauvreté est parfois insaisissable par
les mesures objectives.
* 15 Lire à cet effet
Noumbissi et Sanderson (1988), Bininguisse (2001) et Samuel NOUETAGNI
(2004).
* 16 Il faut dire que ce
regroupement se justifie par le faible effectif des personnes se trouvant dans
chacune des modalités d'une part, et par le fait que nous voulons
prendre en compte tous ceux qui ont une activité
rémunératrice d'autre part.
* 17 Dans beaucoup
d'études, on n'introduit pas à la fois les variables milieu de
résidence et le milieu de socialisation dans le même
modèle. Ces variables étant souvent fortement colinéaires.
Cependant, dans notre cas, nous avons trouvé qu'il y'a absence de
colinéarité entre ces deux variables.
|