WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de la prise en charge d'enfants en malnutrition au centre de récupération nutritionnelle (CREN) de Tenghin

( Télécharger le fichier original )
par Issaka SONDE
Université de Liège (ULg) - Master en santé publique 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV. DISCUSSION

4.1. Limites méthodologiques

Le principal biais dans cette étude réside dans la sélection des cas. En effet, il n'y avait pas de critère strict de recrutement des enfants. Il est vrai que le critère principal d'admission est basé sur l'état de malnutrition (un indice poids-pour-taille < -3 écarts types de la médiane de référence NCHS/OMS ou la présence d'oedèmes symétriques affectant au moins les pieds) mais des critères secondaires d'admission, bien que justifiés ont été appliqués. La conséquence est que des enfants qui n'étaient pas en malnutrition sévère et d'autres qui n'étaient même pas en malnutrition, ont été admis pour la réhabilitation nutritionnelle.

4.2. Analyse des enfants sortis guéris et de l'ensemble des enfants admis au CREN

Sur l'ensemble des enfants suivis au CREN de Tenghin au cours de l'année 1999, 196 enfants sont sortis guéris. Cela représente un taux de guérison de 71,3%. Cependant, comme le montre la figure 2, seulement 68% (133) des enfants sortis guéris satisfaisaient au principal critère de sortie. Curieusement, 8 (4,1%) des 196 enfants ont été déclarés guéris et sont sortis bien que n'ayant enregistré le moindre gain de poids. Une analyse plus poussée montre que, de ces 8 enfants, 6 (75,0%) étaient des garçons, 4 (50%) étaient infectés par le VIH, 7 (87,5%) n'avaient pas été vaccinés contre la rougeole (le statut vaccinal du dernier n'était pas spécifié), 1 (12,5%) enfant présentait des oedèmes, 4 (50%) avaient plus de 23 mois.

Le non respect du critère de sortie des enfants atteste l'incapacité du CREN à faire face à la demande (en moyenne 30 enfants par mois).

Le taux de guérison obtenu au CREN est plus faible que celui obtenu par d'autres auteurs en Afrique. 79,5% par Main en 1975 au Burkina Faso [15], 87,5% par Beau et al. en 1993 au Sénégal [16], 79,5% en 2000 par Sall et al. au Sénégal [17], 85% par Mouko et al. en 2007 au Gabon [18].

L'âge médian des enfants admis au CREN était de 16 mois. Le même âge est retrouvé chez les enfants sortis guéris. Les enfants admis au CREN de Tenghin étaient plus âgés que ceux concernés par les études de Villamor et al. en 2005 en Tanzanie [18] et Bitwe et al. (2006) à Goma en Afrique Centrale [19] dans lesquelles l'âge médian était respectivement de 13,0 et 12,8 mois. Par contre, Ils étaient plus jeunes que ceux concernés par l'étude de Sall et al. en 1999 à Dakar au Sénégal avec un âge médian de 19,11 mois [20] et 17,0 mois pour Bachou et al. en 2006 à Kampala en Ouganda. La tranche d'âge de 12-23 mois était la plus touchée par la malnutrition et représentait plus de la moitié de l'échantillon aussi bien chez les enfants sorts guéris (53,1%) que pour l'ensemble de l'échantillon (52,4%). La prédominance de cette tranche est retrouvée dans la littérature [15,21,22,23,24]. C'est pendant cette période qu'intervient le sevrage associé le plus souvent à une alimentation de complément inadapté.

L'échantillon des enfants sortis guéris montrait une prédominance du sexe masculin (57,7%). Il en était de même pour l'échantillon de l'ensemble des enfants admis au CREN (57,5%). Cette tendance avait été observée par d'autres auteurs [15,19,20,21,24]. Cette prédominance masculine serait liée à une plus grande sensibilité des garçons à la malnutrition alors que l'anthropométrie moyenne est peu différente entre garçons et filles au moment du sevrage [25, 13].

21,4 et 21,1% des enfants sortis guéris et de l'ensemble des enfants admis au CREN présentaient des oedèmes à l'admission. Bitwé et al. [19] avaient relevé une proportion plus faible (12,5%) alors que Bachou et al. [26] notaient une proportion plus élevée et qui était de (50%). Les différences observées sont dues au fait que le CREN, en principe ne reçoit que les enfants malnutris, donc une probabilité plus forte de recruter des enfants oedémateux alors que les hôpitaux reçoivent tous les enfants malades parmi lesquels on peut retrouver les malnutris.

La proportion des enfants vaccinés contre la rougeole était plus élevée chez ceux sortis guéris (17,5%) par rapport à l'ensemble des enfants admis au CREN (12,9%). Les enfants malnutris mais qui avaient été vaccinés contre la rougeole semblaient donc mieux bénéficier de la réhabilitation nutritionnelle. La couverture vaccinale contre la rougeole est très faible chez les enfants admis au CREN de Tenghin. Cette faible couverture vaccinale contre la rougeole chez les enfants malnutris avait été évoquée par d'autres auteurs au Burkina Faso [22,27].

La prévalence au VIH était plus basse chez les enfants sortis guéris (9,7%) par rapport à l'ensemble des enfants admis au CREN (12,9%). Les enfants malnutris infectés par le VIH semblaient bénéficier d'une plus faible réhabilitation nutritionnelle comparativement aux enfants non infectés si on tient compte du gain d'un kg de poids comme critère principal de sortie du CREN.

41,8% soit plus de 2 enfants sur 5 admis au CREN avaient la diarrhée à l'admission. De nombreux auteurs dont Agbessi en 1987 [28], Tondé en 1999 au Burkina Faso [23], ont mis effectivement en parallèle l'incidence de diarrhée et le développement d'une malnutrition et parlent plus généralement d'une corrélation entre l'état infectieux et l'état nutritionnel. La forte proportion d'enfants ayant la diarrhée dans notre échantillon confirme l'argument de Somé en 1999 au Burkina Faso [6] qui rapportait qu'un enfant malnutri sur trois présentait une diarrhée à son entrée dans un CREN. Duboz et al. en 1988 [29] toujours au Burkina Faso notait que les maladies diarrhéiques étaient bien plus fréquentes chez les enfants malnutris que chez les biens portants, et qu'elles atteignaient leur maximum au moment du sevrage de l'enfant.

Plus d'un enfant sur 25 (4,8%) admis au CREN avait déjà séjourné antérieurement au CREN pour une réhabilitation nutritionnelle. Ce taux de rechute est plus faible par rapport à ceux relevés en 1987 en Tanzanie (10,1%) par Van Roosmalen [30] et en 2000 par Sall et al. au Sénégal (5,5%) [17]. Mais dans l'ensemble, ces taux traduisent l'incapacité ou l'incompétence des mères à adopter les conseils et recommandations reçus sur la prise en charge nutritionnelle des enfants.

Presque tous les enfants admis au CREN (94,3%) avaient un taux d'hémoglobine inférieur à 12g/dl. Ces enfants étaient anémiés et le taux d'hémoglobine moyen était de 8,4g/dl. Ce taux est proche de ceux relevés par Sall et al. en 1999 au Sénégal (7,2g/dl) [20 ] et par Bachou et al. en 2006 en Ouganda (9,0g/dl) [26].

Au niveau nutritionnel, 95,5% des enfants sortis guéris étaient en malnutrition aigue sévère (indice poids pour taille <-3) à leur admission au CREN. Tous les enfants n'étaient pas en malnutrition et cela s'explique au vu des critères secondaire de recrutements appliqués dans la pratique au CREN. Cependant, 89,7% des ces enfants se situaient en dessous de - 3 écarts types par rapport à la médiane de référence en ce qui concerne le Z-score périmètre brachial pour âge et présentaient donc un haut risque de décès. Ils devraient donc bénéficier d'une prise en charge adéquate aussi bien sur le plan nutritionnel que médical. Or l'équipe du CREN de cette période (trois infirmières et trois animatrices) ne semblait pas suffisamment compétente pour faire face à ce besoin.

L'ensemble des enfants admis au CREN souffraient plus d'une malnutrition aigue sévère (95,5%) que d'une malnutrition chronique sévère (36,7%).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille