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Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

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par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

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B) Certaines remarques au regard de la population choisie sont amenées à être posées vis-à-vis de ce travail.

1) Évoquer l'exclusion de la personne âgée dépendante alors qu'elle vit en institution peut sembler ambigu à comprendre et pose un certain degré d'impertinence sur la réalité des faits.

Dans la première partie de ce mémoire nous parlions de l'exclusion de la personne âgée principalement dans le cadre socio-spatial. L'exclusion se traduisait dans la difficulté d'accès aux soins et aux services dont dispose le milieu fortement urbanisé, mais aussi de l'isolement qui en découle (exode rural). Toutefois, les différentes mesures employées pour lutter contre l'exclusion des personnes âgées prend de l'ampleur, et touche de plus en plus de régions rurales et défavorisées. Même dans le milieu urbain, des réaménagements ont lieu, notamment en terme d'accessibilité (lignes de bus spéciales, escaliers remplacés par des rampes, logements adaptés en centre-ville...). La précarité des personnes âgées gagne de plus en plus d'importance au sein des priorités du gouvernement, mais ce problème est hélas encore bien loin d'être résolu. Si les mesures visent à maintenir le mieux possible une qualité de vie autonome de la personne âgée, qu'en est-il de la qualité de vie offerte aux personnes âgées dépendantes institutionnalisées ? Peut-on vraiment parler d'exclusion ?

En théorie, les personnes âgées dépendantes vivant dans des institutions spécialisées comme les EHPAD ne doivent pas souffrir d'exclusion. Elles vivent avec d'autres résidents, ont un accès permanent aux soins médicaux, et un accès à certains soins de confort, bénéficient d'activités d'animation, etc. Que le placement soit volontaire ou subi, la personne institutionnalisée fait administrativement et humainement partie du groupe institutionnel, on ne peut donc pas justifier l'usage du terme d'exclusion. Il serait dans ce cas plus pertinent d'avancer la notion d'isolement, qui se traduit non pas par l'impossibilité d'être intégré au groupe, mais par un éloignement vis-à-vis du groupe. Cette nuance est importante à comprendre dans le fait que la personne est quotidiennement en contact avec plusieurs personnes (personnel, résidents...), mais ce contact ne s'entretient pas ; alors que dans l'exclusion, on fait clairement référence à une absence de contact avec le groupe, ou la société. Pour résumer simplement, la personne isolée (volontairement ou non) appartient au groupe mais ne le vit pas comme tel, alors que la personne exclue voudrait appartenir au groupe, mais ne le peut pas.

Toutefois l'isolement est aussi envisageable en tant que processus intermédiaire intervenant dans le processus d'exclusion, ce qui peut amener à confondre ces deux termes. Une personne exclue a d'abord et forcément été au préalable une personne isolée, marginalisée, avant d'être coupée de la collectivité. Illustrons cela avec l'exemple du départ à

la retraite : La personne active appartient au groupe de l'entreprise, puis, le départ à la retraite se prépare ; la personne et ses collègues sont conscients qu'elle va bientôt quitter l'entreprise, perdant concrètement et progressivement la qualité relationnelle qu'elle entretenait avec eux, mais aussi le travail en lui-même. Selon l'activité, la personne peut voir sa charge de travail diminuer peu à peu, pour enfin cesser le jour du départ.

L'isolement n'implique pas spécialement une souffrance (l'exemple cité précédemment peut également le montrer ; la personne peut très bien vivre sa préparation à la retraite), mais l'exclusion (et encore, le mot est fort dans cet exemple) de la personne par rapport à l'entreprise entraîne la perte de son identité de << travailleur >> et instaure donc un manque, un manque qu'il faut combler pour pouvoir à nouveau s'épanouir. Le travail à effectuer n'est donc pas le même pour l'isolement et l'exclusion. Il faut donc faire très attention aux subtilités des termes que l'on choisit quand on établit un plan de soins, en institution comme ailleurs.

Comment un individu peut se retrouver isolé dans l'institution ? Lorsque la famille décide de confier leur membre âgé et dépendant à un établissement spécialisé, ils savent que leur proche sera << bien entouré >>. Malheureusement, la réalité se vit bien souvent différemment sur le terrain. Le résident qui arrive dans l'institution sait qu'il est très probable que sa vie va se terminer ici. La personne éprouve déjà le traumatisme de sa séparation avec son domicile (et de tout ce qui touche de près ou de loin au domicile, comme la famille, les biens mobiliers, le patrimoine familial, les voisins...), et elle sait que son nouveau lieu de résidence correspond à celui où d'autres personnes âgées comme elle << attendent la mort >>. L'institution, c'est le contact permanent avec la maladie, les médicaments, les examens, et d'une façon plus implicite, la mort. Certaines personnes récemment installées dans l'institution peuvent décliner à une vitesse fulgurante, ne voyant plus l'intérêt de vivre, coupées de tous les repères qui faisaient d'elles des personnes << dignes >> ; elles perdent toute forme d'appétence* : on appelle cela le syndrome de glissement.

L'appétence sociale est également mise en péril. Le résident peut très bien ne pas vouloir chercher à établir de relation avec les autres, qu'il vit comme une source d'angoisse morbide ; il va s'isoler du reste du groupe institutionnel. Pour citer un exemple concret, une dame récemment arrivée dans l'U.S.L.D. de l'Ermitage avait été amenée par une aidesoignante pour participer à une activité culinaire, et pour l'occasion, de se faire des relations auprès des autres résidents. Mais lorsqu'elle a regardé ses confrères et consoeurs autour des tables de travail, elle s'est tournée vers l'animatrice en grimaçant : << Mais il est hors de question que je me mêle à ces vieilles toupies ! Non mais vous les avez vues ?! >> Cette attitude intolérante est dure, mais elle traduit aussi une souffrance que la personne endure, et n'arrive pas à dépasser vis-à-vis du cadre et du milieu qu'elle doit désormais côtoyer au quotidien.

C'est pour cela que les animations, les soins paramédicaux et socio-esthétiques sont si importants dans ce milieu. Leur rôle est de donner un quotidien de vie agréable et digne à tous, même si le handicap et la maladie les amènent dans une situation de dépendance extrême. Les personnes âgées sont avant tout des êtres humains qui ont des besoins et des envies comme chacun d'entre nous ; il ne faut pas les considérer autrement. Et ces personnes ont au moins autant que nous autres besoin de reconnaissance, une reconnaissance bien plus noble que celle du << patient >>. L'isolement peut aussi subtilement s'installer vis-à-vis de ce mode relationnel, qui n'est que trop courant dans les institutions médicalisées. Mais de récentes formations proposées au personnel soignant mettent l'accent sur le côté humanitaire du milieu de soins et de la prise en charge, et de son importance au sein de la qualité de vie des résidents. C'est, d'une certaine façon, un moyen de lutter contre la marginalisation des personnes âgées dépendantes.

Nous pouvons maintenant comprendre plus aisément, à travers ces quelques exemples, que le terme d'isolement est préférable à celui d'exclusion quand on parle de ce public précis, ainsi que les dégâts tant physiques que psychiques que l'isolement peut causer à la personne qui en est victime ou auteur. Mais, en ce qui concerne la prise en charge art-thérapeutique, si elle a déjà démontré son efficacité à travers de nombreux travaux de recherche, quelles en sont ses limites et pourquoi ?

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand