WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

( Télécharger le fichier original )
par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3) Le lien entre l'art et la médecine n'a rien d'un phénomène nouveau pour de nombreuses cultures, et la France, par le biais de l'école d'art-thérapie de Tours, adopte une perspective empirique de ce lien.

Le lien entre l'art et la médecine est très présent dans plusieurs cultures traditionnelles et ancestrales, et s'incarne souvent à travers un être humain au rôle bien particulier : le chamane, ou guérisseur ou sorcier. On trouve ce personnage dans les quatre coins du monde, dont l'apparence et les fonctions peuvent varier (certains sont chefs de tribus, voyants, guérisseurs, psychopompes, télépathes...). Le chamane est un personnage très respecté au sein de sa communauté ; il est celui qui soigne avec les plantes (connaissances médicinales) mais aussi avec son esprit (dimension spirituelle et mystique), il est l'accroche entre l'au-delà (le monde des esprits, le monde divin) et le monde terrestre, ce qui lui permet (tout ceci, soyons d'accord, est la description type de ce qui caractérise le personnage du chamane, ses pouvoirs ne sont que supposés) de communiquer et transmettre à ses compères les messages de l'autre monde. Il est le porteur des connaissances et des croyances de sa tribu, et oeuvre souvent dans le secret.

Comment pratique-t-il ? Quand un membre de la tribu ou de la communauté vient demander de l'aide au chamane, celui-ci s'exécute selon des règles très précises, dont on retrouve des similarités entre les différents peuples. Le chamane opère une mise en scène de son acte de façon particulière : il se peint le visage et le corps avec différentes matières et couleurs (le symbolisme des matières et des couleurs est propre à chaque culture), s'orne et use d'accessoires variés (os taillés, bijoux, vêtements, aliments) et procède à des chants ou des danses qui l'amènent à un état de conscience altéré : la transe. Cette modification de l'état de veille de la personne se manifeste souvent de façon spectaculaire (mouvements convulsifs, modification de la voix...) et est sensée traduire l'établissement de la connexion du monde divin à l'esprit du sorcier. Ces rituels peuvent parfois durer plusieurs jours, selon l'aide demandée. Là où l'art entre en jeu s'explique dans les faits de mise en scène, des techniques utilisées, de représentation des idées, mais aussi dans la dimension spirituelle de l'usage des techniques, et dans la stimulation de la sensibilité archaïque, dite brute, à travers l'état de transe.

Dans notre société, le personnage du chamane est loin de posséder cette popularité, même si, dans notre passé, au temps des Gaulois, les druides tenaient plus ou moins ce rôle. Au fil de l'évolution de notre culture, la dimension mystique et spirituelle a peu à peu laissé sa place à la science, et notamment la médecine (pharmacologie, chirurgie...). La science a su expliquer bon nombre de phénomènes qui autrefois trouvaient leur origine et leur signification dans le surnaturel*. L'art a également pris au cours de l'Histoire des positions scientifiques (représentations anatomiques), politiques (dénonciation ou éloge des valeurs sociales ou d'événements historiques), même commerciales (publicités) ; et bien qu'il se soit en quelque sorte « vulgarisé », l'art continue de fasciner et d'émouvoir. Il n'a rien perdu de sa spiritualité, au sens où éveille notre esprit d'une façon qui ne nous est pas habituelle au

quotidien. Et c'est, entre autres, à partir de cette idée que nous pouvons oser penser à impliquer l'art dans le soin, et d'aborder la notion d'art-thérapie telle qu'elle est proposée au sein de l'école d'art-thérapie de Tours.

L'art-thérapie se traduit par l'exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et thérapeutique ; c'est-à-dire que l'on utilise les possibilités qu'implique l'art au regard de l'être humain dans une perspective de soin et de mieux-être*. L'art-thérapie est une discipline paramédicale qui s'adresse à toute personne souffrant de troubles de l'expression, de la communication et de la relation, et ce quelle qu'en soit la cause (pathologique, sociale, professionnelle...).

Pour une discipline qui n'existe officiellement, par l'A.F.R.A.T.A.P.E.M. (Association Française de Recherche et Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine ) que depuis une trentaine d'années, cette large perspective d'intervention peut sembler présomptueuse ; toutefois de plus en plus de travaux de recherche universitaires et professionnels voient le jour chaque année, concernant des structures médicales, sanitaires et/ou sociales diverses (hôpitaux, centres de réinsertion, milieu carcéral, maisons de retraite, etc.), et où l'impact de l'art-thérapie est empiriquement testé et évalué. De nombreuses techniques artistiques sont mises à l'épreuve dans ces travaux (le chant, la danse, le théâtre, la musique, l'écriture, le dessin, etc.), testant la pertinence de leur potentiel à l'égard de la pénalité concernée.

L'art-thérapeute est soumis à l'autorité médicale, c'est-à-dire qu'il répond à une indication du médecin ou de l'équipe soignante qui permet alors la prise en charge du patient indiqué. Il est d'ailleurs amené à travailler en équipe ; il ne faut pas voir l'art-thérapie comme un processus thérapeutique qui se suffit à lui-même, mais comme une approche complémentaire et originale du programme de soins établi par la structure. Elle est originale de par le fait qu'elle va se centrer sur les parties saines de la personne souffrante, à la différence du travail de l'ergothérapeute, par exemple. L'art-thérapeute dispose d'outils d'observation et d'évaluation propres (cf.annexe 3), dont leur souplesse peut permettre de s'adapter aux différentes pénalités (on n'utilisera pas les outils de la même façon avec un patient adulte dépressif qu'avec un enfant autiste). L'objectif est d'amener la personne à un mieux-être ; en se concentrant sur ses capacités résiduelles, et sur les productions qu'elle réalise, elle peut se voir autrement qu'une malade, ou qu'un objet de souffrance. Elle peut à nouveau et progressivement penser à s'investir dans un projet, s'en sentir digne, capable, et mettre le projet en oeuvre (ce qui fait appel respectivement à l'estime de soi, la confiance en soi, et l'affirmation de soi, qui sont les trois axes psychologiques de travail de l'art-thérapeute sur le patient). Bien sûr, il arrive que la prise en charge art-thérapeutique ne soit, après en avoir fait l'expérience, pas (ou plus) le processus de soin le mieux adapté au patient ; il relèvera alors de la compétence de l'art-thérapeute, en coopération avec l'équipe, de réorienter le patient vers une prise en charge plus efficace.

Maintenant que nous avons défini les modalités et les objectifs de l'art-thérapie, ainsi que son champ potentiel d'intervention, nous allons à présent nous pencher sur la structure qui a accueilli l'art-thérapeute stagiaire, et sur les modalités du projet que celle-ci a mis en place en accord avec le projet de soin de l'établissement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle