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Analyse de l'optimalité de la ZMAO (Zone monétaire de l'Afrique de l'Ouest ) dans un contexte d'intégration

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par Lesfran Sam Wanilo AGBAHOUNGBA
Université de Parakou - Maà®trise 2012
  

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    INTRODUCTION

    Le bouleversement engendré par l'intégration économique et financière dans certaines régions de la planète (Europe par exemple) a suscité, à travers le monde, l'émergence des pôles économiques ou blocs régionaux. Avec l'extension de l'économie du marché et les négociations qui s'opèrent par le biais de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l'intégration économique devient un impératif aux nations. A ce titre, le Général de Gaulle l'a si bien souligné en 1958 : « l'avenir appartient aux grands ensembles régionaux... » comme pour dire que le processus d'intégration des Etats est une nécessité incontournable. Une telle intégration serait avantageuse aux pays membres à travers une allocation optimale des ressources, un accroissement des investissements, de l'épargne intérieure et une intermédiation financière qui renforcerait l'accroissement des échanges internationaux. Ces vertus sont censées permettre aux économies de l'espace, de tirer profit des opportunités offertes par la nouvelle donne de l'économie internationale qu'est la mondialisation. Elle se justifie par le fait que la coordination des politiques économiques à l'échelle sous-régionale pallierait la vulnérabilité extérieure dont sont victimes ces économies, stimulerait la possibilité de croissance interne, agrandirait leur poids dans les négociations internationales et conduirait à une extension des marchés nationaux via l'économie d'échelle.

    Bien que convaincus du créneau porteur qu'est l'intégration, les blocs économiques ont, cependant, connu des situations mitigées dans leur marche vers une Union Economique et Monétaire (UEM) viabilisée.

    La ZMAO, malgré sa volonté de solutionner les problèmes de paiement qui la minent, a toujours du mal à faire de l'intégration économique un instrument utile pour faire face aux enjeux et défis de la mondialisation afin d'asseoir les bases d'une croissance durable aux pays membres. Au sein de l'UEMOA, par exemple, des réformes sont engagées par cet espace à travers l'adoption d'une politique commerciale commune et la création de son Marché Financier Régional (MFR) pour accroître les échanges en son sein.

    De même, la gestion des politiques économiques qui s'opère par l'instauration du respect des critères de convergence, gage d'une bonne gestion des finances publiques, devrait permettre de diminuer, au maximum, les différences entre certaines variables macroéconomiques. Elle renforcerait les performances économiques en termes de croissance et de surcroît, accélérerait l'intégration économique de cette zone.

    Eu égard à ces facteurs (accroissement des échanges intra-zone et coordination des politiques économiques), leur effectivité en termes de réalisation d'objectif devrait permettre de voir, en la ZMAO, une zone monétaire optimale (ZMO).

    L'étude des préoccupations relatives à la convergence des économies et de l'intensification des échanges au sein d'une UEM donnée, condition nécessaire au lancement de la monnaie commune de la CEDEAO (Eco), permet d'introduire dans l'analyse, la théorie des zones monétaires optimales. C'est dans cette logique que nous avons jugé pertinent de porter notre réflexion sur le thème : « Analyse de l'optimalité de la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO) dans un contexte d'intégration». En d'autres termes, la ZMAO peut-elle constituer une zone monétaire optimale favorable à la création de la monnaie commune Eco ? C'est à ce niveau que réside la problématique de cette recherche.

    A la lumière de la revue de littérature en la matière, pour y parvenir, nous avons calculé et analysé, dans un premier temps, les indicateurs des échanges commerciaux intra ZMAO, dans un second temps, ceux liés aux échanges financiers via l'intégration financière. Enfin, nous avons utilisé le test de la óconvergence et le modèle de â-convergence d'inspiration néoclassique qui se complètent.

    En effet, le test statistique de ó-convergence vise à mesurer le degré de rapprochement, dans le temps, entre plusieurs économies au regard d'un ou plusieurs indicateurs macroéconomiques. Une tendance à la diminution de l'écart type de ces indicateurs indiquerait la présomption de la présence d'un mécanisme

    de convergence au sein des économies. Tandis que le modèle de â-convergence vise, d'une part, à indiquer la nature de convergence dont il est question et, d'autre part, à calculer le taux de convergence des économies vers l'état d'équilibre. Ces analyses vont permettre de juger de l'optimalité de l'aire monétaire ZMAO.

    De ce fait, un plan tripartite structuré en chapitres composés chacun de sections est adopté. Il s'agit d'aborder, dans un premier chapitre, le cadre théorique et méthodologique dans un second chapitre, l'approche de l'optimalité de la ZMAO à travers les échanges intra zone et, dans un troisième chapitre, l'approche de l'optimalité de la ZMAO à travers la convergence des économies.

    CHAPITRE PREMIER

    CADRE THEORIQUE ET

    METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

    Ce chapitre expose le cadre théorique et la méthodologie de l'analyse de l'optimalité de la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO). Il présente, en premier lieu, la problématique et la revue de littérature. Ensuite, nous exposerons les objectifs, les hypothèses de recherche et la méthodologie adoptée.

    Section 1 : Problématique de l'étude et revue de littérature

    Paragraphe 1 : Problématique de l'étude

    L'adoption, le 1er janvier 1999, par onze pays membres de l'Union Européenne (UE) d'une monnaie commune (Euro) se substituant à leurs monnaies nationales, suscite auprès d'autres groupements régionaux, un regain d'intérêt pour l'intégration monétaire. Aussi, compte tenu des impératifs qu'imposent la mondialisation et ses retombées néfastes pour les « petites nations », certains pays au sein de la CEDEAO projettent la création d'une Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO) viable, où tous les pays membres amorceront les bases d'un sentier de croissance économique durable et soutenable.

    Ainsi, en 1983, mus par la volonté de solutionner les problèmes de paiement qui minent la CEDEAO et qui résultent de la divergence des zones monétaires dans la région, les Chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté vont entreprendre de nombreuses initiatives dans le but de créer une zone monétaire unique en Afrique de l'Ouest. D'initiative en initiative, la CEDEAO en est arrivée à formuler une stratégie dite «approche accélérée de l'intégration» au vingt deuxième sommet de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO, tenu les 9 et 10 décembre 1999 à Lomé. Cette stratégie vise la construction rapide d'une zone monétaire unique en Afrique de l'Ouest sur une base plus large et en remplacement de l'actuelle UEMOA. La stratégie en question consiste, dans une première phase, à créer une seconde zone monétaire au sein de la CEDEAO, dénommée Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO)1 puis,

    1 La zmao compte cinq pays : Gambie, Ghana Guinée, Nigéria et Sierra Léone

    dans une seconde phase, procéder à la fusion des deux zones (UEMOA et ZMAO) en une seule dans l'espace CEDEAO avec une monnaie baptisée Eco. Avec cette stratégie, le projet de zone monétaire unique CEDEAO est devenu un espoir pour tout le continent africain car, elle pourrait servir d'exemple pour toutes les autres Communautés Economiques Régionales (CER) que compte le continent, afin que l'union africaine (UA) puisse réussir à créer la zone monétaire unique du continent en 2021.

    Mais, le report de la date de lancement de la monnaie Eco est venu alimenter le pessimisme quant à la volonté des Etats de la ZMAO d'aller vers une union monétaire véritable avec ceux de l'UEMOA. Ce report de la date est dû au fait que l'écart entre les objectifs initiaux en matière de respect des critères de convergence, indispensables au lancement de l'Eco, et les performances réalisées par les Etats posent le problème de la bonne définition de la stratégie, de la réalité de la volonté politique et de la nécessité de la création d'une zone monétaire unique CEDEAO.

    Face donc à la situation mitigée des pays membres de la ZMAO dans leur marche vers une intégration monétaire, il urge d'élucider cette préoccupation à savoir : la ZMAO peut-elle constituer une zone monétaire optimale ? A la lumière des soubassements théoriques et des travaux empiriques, cette question de l'étude sera appréhendée à travers les questions spécifiques que voici :

    · Quelle est l'ampleur du volume des échanges intra zone ?

    · Quel est le degré d'intégration financière de la zone ?

    · Quel est l'état de convergence des économies de la zone ?

    Les réponses aux deux premières questions nous permettront de nous prononcer sur le degré des échanges intra zone et celles relatives à la dernière question sur l'état de convergence des économies de cette zone.

    La théorie des zones monétaires optimales constitue le cadre théorique nous permettant d'appréhender cette recherche.

    Paragraphe 2: Revue de littérature

    Cette section consistera à passer d'abord sur la clarification des concepts, afin de mieux les cerner, ensuite, sur la revue théorique et les prolongements empiriques des zones monétaires optimales, et enfin, à un réexamen de la théorie. A) La clarification des concepts.

    · Zone monétaire :

    C'est l'ensemble des pays regroupés autour d'un pays central et respectant les règles monétaires suivantes :

    · parité fixe entre monnaies des pays et celle du pays central ;

    · convertibilité des monnaies ;

    · mise en commun des réserves de change ;

    · harmonisation des règlementations de change.

    A titre illustratif, on peut citer la zone franc, la zone euro, la zone sterling2...

    · Zone monétaire optimale :

    Théorie économique fondée sur les travaux de Mundell R. (« A theory of optimum currency areas », AER, 51, 1961) et de Mckinnon R. (« Optimum currency areas », AER, 53, 1963).

    Selon Mundell, une ZMO est un espace monétaire à l'intérieur duquel, les régions qui le composent n'ont pas besoin du taux de change (TC) commun, comme instrument d'ajustement pouvant être utilisé pour les résorptions des déséquilibres consécutifs à des chocs asymétriques internes et externes qui frapperont les Etats membres de la zone. L'adoption d'un taux de change fixe et irréversible et d'une monnaie unique entre les pays est la condition sine qua non d'appartenance à une union monétaire (UM).

    · Intégration

    2 La zone sterling est une zone monétaire de 1931 à 1967, date à laquelle la livre a été dévaluée sans que les autres monnaies ne la suivent.

    Regroupement, unification ou articulation et coordination d'éléments antérieurement séparés en vue de constituer un élément cohérent. En économie politique, on distingue, notamment, l'intégration économique.

    · Intégration économique

    C'est l'ensemble des procédés par lesquels deux ou plusieurs nations créent un espace économique commun. Balassa B. retient cinq formes d'intégration par degré d'intensité croissante :

    ü la zone de libre-échange : c'est une zone oCI les droits de douane et les restrictions quantitatives aux échanges sont abolis entre les pays de la zone mais, oCI les politiques extérieures de chaque Etat vis-à-vis des pays tiers restent libres ;

    ü l'union douani1re : il s'agit d'une union tarifaire (zone de libreéchange dotée d'un tarif extérieur commun) où les législations nationales en matière de douane sont harmonisées ;

    ü le marché commun : c'est une union douanière où, en outre, la libre circulation des personnes et des capitaux est réalisée ;

    ü l'union économique : il s'agit d'un marché commun qui a, en outre, réalisé une harmonisation des politiques économiques nationales, aussi bien conjoncturelles que sectorielles (énergie, monnaie, agriculture, industrie, social, etc.).

    ü l'union monétaire ou intégration monétaire : c'est une union économique avec une banque centrale unique, harmonisation des politiques monétaires et utilisation d'une monnaie commune ou une monnaie unique. Elle apparaît comme un préalable à l'union économique ;

    ü l'intégration économique totale : c'est l'étape finale de l'intégration qui consiste en l'unification des politiques conjoncturelles, sectorielles, structurelles sous l'égide d'une autorité supranationale.

    · Convergence

    C'est une évolution vers un même horizon ou une même valeur pour deux ou plusieurs variables. Dans le domaine du développement économique, on distingue plusieurs formes de convergences :

    V1 convergence absolue

    Dans le modèle de croissance de Solow, la thèse de la convergence absolue affirme que les économies initialement pauvres connaissent des taux de croissance par tête plus élevés que les économies initialement riches. Donc, les pays pauvres vont rattraper les pays riches (effet de rattrapage). Mais, les travaux empiriques, notamment, ceux de Barro R. et Sala-I Martin portant sur un grand nombre de pays et sur une période de près de quarante ans rejettent cette hypothèse donnant ainsi lieu à la convergence conditionnelle.

    V1 convergence conditionnelle ;

    Les économies qui ont un certain nombre de caractères proches, (comme, par exemple, la croissance démographique, le taux d'épargne...) valident la prédiction de convergence du modèle solovien qui est donc une approximation acceptable de la réalité, à condition, de prendre en compte le capital humain. Autrement dit, la convergence ne s'opère qu'entre pays partageant les mêmes caractéristiques structurelles.

    V1 Club de convergence ;

    On parle de club de convergence pour les pays ayant un modèle de croissance commun. Il pourrait exister plusieurs clubs de convergence ; ce qui signifie qu'il puisse ne pas y avoir de convergence entre les pays appartenant à différents clubs.

    B) Revue théorique de littérature

    L'architecture de l'économie mondiale contemporaine, notamment, avec l'éclosion des regroupements régionaux, a fait renaître le débat sur les zones monétaires optimales. Ainsi, la théorie économique, depuis plus d'une

    quarantaine d'années, s'efforce de répondre à la question de savoir : à partir de quels critères, peut-on considérer que, des espaces monétaires nationaux ont intérêt à se rassembler et à ne former qu'une seule zone monétaire marquée par l'existence, soit d'une monnaie unique, soit d'une structure de parité fixe et irrévocable. Cette théorie des zones monétaires optimales s'inscrit dans le cadre de la macroéconomie keynésienne des années 60. Elle est née du débat en cours sur les avantages et coûts liés à un régime de change (change fixe et flexible).

    Deux types d'analyse prévalent jusqu'à ce jour pour tenter de définir une zone monétaire optimale : les traditionnelles sont formulées par Mundell (1961), McKinnon (1963) et Kenen (1969). Après eux, un nouveau type d'analyse dite analyse coûts-bénéfices est apparue en complément et est menée par d'autres économistes. La problématique était de savoir, à partir de quel moment, deux pays ont intérêt à se lier entre eux par un système de change fixe. En d'autres termes, la théorie cherche à identifier le critère qui permettrait de réduire les coûts de l'autonomie de l'abandon monétaire. En effet, Mundell identifie la mobilité des facteurs de production comme substitut à la fonction d'équilibre du système de change. Ainsi, sous l'hypothèse de flexibilité des prix et des salaires, une mobilité de travail entre pays et une immobilité des capitaux, rendent moins nécessaires les modifications du taux de change pour restaurer la compétitivité internationale et l'équilibre extérieur. Pour lui, l'ajustement des déséquilibres se réalise par un transfert de ressources humaines d'une région A en récession vers une région B en expansion. Ce qui permet, dans un système de change fixe, la résorption du chômage et le déficit commercial en A. Par contre, il est observé une hausse des salaires dans la région B sans faire recours à l'usage du taux de change. Par exemple, le passage des travailleurs d'une région A à chômage élevé vers une région B à faible chômage tend à uniformiser les salaires et les coûts. Ainsi, des Etats auront intérêt à former une union monétaire, lorsque la mobilité de leurs facteurs est avérée.

    Pour compléter l'analyse de Mundell, McKinnon (1963) va proposer de son côté, à travers ses travaux intitulés « le degré d'ouverture des économies » (mesuré par le rapport des biens échangeables et les biens non échangeables) comme critère à l'établissement d'une zone monétaire. Autrement dit, les coûts liés à l'abandon du taux de change comme instrument de politique économique diminuent en fonction du degré d'ouverture des économies et de l'importance de leurs échanges réciproques. En effet, plus une économie est ouverte, plus les prix nationaux sont soumis aux effets de variations du TC. Ces effets peuvent provoquer des modifications des coûts, notamment, celui de la main d'oeuvre. Les variations de change auraient un fort impact sur les prix relatifs des biens échangeables/biens non échangeables, exprimés en monnaie locale pour les pays relativement ouverts. En effet, si l'ouverture est forte, toute dépréciation du change qui interviendrait en cas de changes flexibles aura un impact significatif sur le rapport demande locale/demande externe. L'affectation des ressources sera ainsi fortement perturbée et l'impact des variations de change par la modification des prix relatifs sera très sensible. Par contre, si l'ouverture est faible, le secteur des biens non échangeables dominera ; ce qui aura pour effet d'atténuer le rôle perturbateur des variations de prix relatifs dues au change. Une parité fixe est donc préférable pour les économies ouvertes du fait que les variations du taux de change nominal auraient, sans doute, des effets sensibles sur leur compétitivité réelle. Par conséquent, (selon McKinnon (1963)), les économies ouvertes ont intérêt à constituer une zone monétaire afin d'éliminer les risques de change qui sont sources de fortes instabilités financières et économiques.

    Kenen (1969), quant à lui, contrairement à l'analyse de Mundell et de McKinnon, va se focaliser sur « le degré de diversification des productions ». Il montra que la mobilité du travail n'est pas un critère satisfaisant de la zone monétaire optimale car, elle est rarement parfaite. Pour lui, les économies diversifiées peuvent, plus facilement, adopter des changes fixes et s'intégrer à une

    zone monétaire que celles qui se caractérisent par une diversification modeste. En effet, si la structure de production est diversifiée, un choc négatif sur la demande d'un type de bien ou d'un secteur d'activité, aura un effet moindre. Ceci résulte d'une faible fraction d'emplois détenue par chaque type de bien ou de secteur dans l'économie. Un choc n'aura donc que peu de conséquences sur l'agrégat et affectera les pays de manière similaire. De même, les chocs ne peuvent atteindre simultanément tous les secteurs de l'économie. Si le taux de change est utilisé comme instrument de stabilisation, les variations seraient plus importantes dans une économie non diversifiée. Dans une économie diversifiée, les chocs extérieurs se compensent plus facilement et l'instrument du taux de change sera moins utilisé. La diversification et la similarité de la production réduisent le besoin de politique de change et donc des coûts de son abandon.

    L'analyse de ces trois auteurs sur les critères d'optimalité d'une zone monétaire optimale constitue le socle de la théorie traditionnelle des zones monétaires optimales (Mongelli, 2002). Néanmoins, le renouvellement de la théorie des zones monétaires optimales, notamment basé sur d'autres critères de convergences (la flexibilité des prix et des salaires, le degré d'intégration des marchés financiers et la similarité des taux d'inflation) va être formulé à partir de la fin des années 60, pour renforcer cette théorie traditionnelle.

    Ainsi, pour Ingram et al (1969), l'intégration financière rend moins nécessaire les modifications des coüts relatifs entre pays via l'ajustement du taux de change. La libéralisation financière permet de corriger les déséquilibres de la balance des paiements sans pression sur le taux de change et les taux d'intérêt. Cette approche se fonde sur le fait que les capitaux sont plus mobiles que la main d'oeuvre pour financer les déséquilibres intra régionaux. Si la fluidité des capitaux entre pays excédentaires et pays déficitaires est assurée dans le même espace, cette zone monétaire est optimale. Ici, l'optimalité d'une union monétaire est appréciée lorsqu'elle est totalement intégrée financièrement.

    Par contre, pour Fleming (1971), la similarité des taux d'inflation sur une certaine période de temps entre différents pays induit des conditions d'échange stables et par conséquent réduit le besoin d'ajustement du taux de change. Pour lui, des taux d'inflation sensiblement différents selon les pays, pourraient être source de pouvoirs d'achats divergents et entraîner le recours à l'instrument taux de change pour corriger les écarts. Il suggère un changement macroéconomique caractérisé par une convergence de certains indicateurs tels que : les taux d'inflation, les institutions du marché de travail, les politiques économiques ou les préférences sociales. Giovanni et al (1973) soutiennent la similarité des taux d'inflation entre les pays comme une condition d'optimalité d'une zone monétaire. En effet, cette similarité rend moins nécessaires les modifications du taux de change (réévaluation ou dévaluation) vis-à-vis des autres monnaies pour restaurer la compétitivité internationale.

    D'autres critères tels que la notion de bien public qu'est l'espace intégré (Kindleberger, 1986) ; le rôle des stratégies et des biens finals respectifs des autorités en présence (Hammada et al, 1980) ; l'identité dans les préférences de structures qui expliquerait que même sans structures économiques identiques, les préférences communes en vues de les construire suffisent à justifier la perspective d'intégration (Bourguinat, 1973) et enfin la symétrie dans l'absorption des chocs sont identifiés comme pouvant expliquer la construction de zones monétaires.

    Quand bien même la théorie des zones monétaires optimales offre un tremplin valable pour apprécier une zone monétaire, elle n'en constitue cependant pas un cadre opérationnel pour la construction de zones monétaires. C'est à ce constat qu'est parvenu Tavlas (1994), pour qui la théorie des zones monétaires optimales n'offrait pas un cadre unifiant. La théorie traditionnelle des zones monétaires optimales a pour avantage l'élimination du risque de change et pour inconvénient la perte de la souveraineté monétaire. Elle surestime le rôle du taux de change dans l'ajustement des chocs. Ces auteurs de la phase pionnière ont posé la question de l'arbitrage entre le taux de change fixe et flexible pour un espace

    économique. Ils concluent qu'une union monétaire ne serait concevable de manière optimale que pour les régions affectées par des chocs symétriques et qui disposent face à des chocs asymétriques, des mécanismes d'ajustement automatiques.

    La théorie traditionnelle des zones monétaires optimales n'offre donc pas un cadre global pour juger de l'ensemble des coüts et bénéfices de l'union monétaire. Elle se concentre sur les coüts macroéconomiques qu'engendre l'abandon de l'instrument du taux de change. De même, elle ne permet pas de déterminer un seuil à partir duquel l'union monétaire est bénéfique pour un pays. Ces limites de la théorie renforcent l'option d'un prolongement empirique de cette théorie des zones monétaires optimales par certains auteurs.

    C-Prolongement empirique

    Ce prolongement empirique repositionne la problématique autour des enjeux de l'union économique et monétaire. Dans cette nouvelle approche, il ne s'agit plus de déterminer les critères d'optimalité d'une zone monétaire optimale, mais d'identifier les coüts et bénéfices liés à l'union économique et monétaire.

    L'enjeu d'une union monétaire s'analyse autour de deux aspects :

    · Une union monétaire est-elle optimale ?

    · Un pays a-t-il intérêt ou non à intégrer une zone monétaire existante ?

    Ces enjeux posent le problème de la stabilité (interne et externe) des structures. Plusieurs courants d'idées aussi complémentaires vont enrichir la littérature économique en la matière. Ainsi pour Krugman et al (2000), l'analyse coût-bénéfice pour un pays de rejoindre une zone monétaire à taux de change fixe dépend de la mesure dans laquelle son économie est bien intégrée à celle de ses partenaires potentiels. Il en résulte que le seuil critique d'intégration d'un pays est en corrélation négative avec la perte de stabilité économique résultant d'une perturbation sur le marché des prix. De même, ce degré d'intégration est en corrélation positive avec le gain d'efficience monétaire. De ce fait, un pays

    intégrera une zone monétaire lorsque son gain d'efficience est supérieur à sa perte de stabilité économique. L'adhésion n'est avantageuse qu'au-delà d'un seuil critique d'intégration. Ils définissent, enfin, une zone monétaire optimale comme un groupe de régions dont les économies sont étroitement liées par les échanges de biens et par la mobilité des facteurs de production.

    Bayoumi (1994) va proposer, quant à lui, l'analyse de la zone monétaire optimale dans un Modèle d'Equilibre Général (MEG) dans lequel les prix et les salaires sont rigides. En effet, dans son modèle à plusieurs régions, il aboutit aux résultats suivants : d'une part, l'union monétaire accroît le bien-être intérieur de la zone tandis qu'elle le réduit à l'extérieur et, d'autre part, l'adhésion accroît les bénéfices des adhérents précédents. De même, le gain net de l'union monétaire dépend de plusieurs facteurs tels que : la taille économique de l'espace, la corrélation des chocs, la mobilité du travail, le niveau des coûts de transaction des relations entre les niveaux de demande des biens dans les différentes régions.

    De même, Ricci (1997) présente, sous le MEG avec les mêmes hypothèses que Bayoumi, le modèle visant à déterminer si l'Union Européenne est une zone monétaire optimale. Pour ce faire, il s'intéresse à mesurer le degré du commerce intra-Union Européenne, l'asymétrie des chocs et étudie les facteurs d'ajustement pouvant remplacer l'instrument du taux de change. La résolution de son modèle nous renseigne que lorsqu'il y a une croissance des économies, en accroissant l'ampleur des chocs réels, ceci réduit le bien-être net de l'Union Monétaire. Malgré la pertinence de ses conclusions, son modèle n'a pas pu lever l'équivoque.

    Helpman (1992) montre qu'en présence du modèle d'équilibre général avec un marché financier imparfait qu'il a développé, qu'il est difficile de s'assurer contre les chocs affectant le revenu du travail. Dans ce contexte, les fluctuations monétaires résultant des chocs réels, engendrent des variations du taux de change. Ces variations ne sont bénéfiques que si elles créent des opportunités d'assurance dans les échanges d'actifs nominaux.

    De son côté, Neumever (1998), tout en soutenant la même vision que Helpman, étend l'analyse aux chocs politiques. Il montre que les chocs politiques (décisions politiques) diminuent l'efficacité des marchés financiers. Il conclut que l'adhésion à une zone monétaire améliore le bien-être si les gains issus de l'élimination du risque de change excèdent le coüt des divers instruments financiers dans l'économie.

    Par ailleurs, Eichengreen (1997) détermine un indice d'optimalité d'une zone monétaire. Cet indice est la pondération des indicateurs suivants : asymétrie des chocs, importance du commerce bilatéral, taille économique des pays. Il aboutit à un résultat selon lequel, le coüt de l'union monétaire est faible si le degré de symétrie des chocs est grand. Cette approche est fondée sur le fait que les mouvements de production reflètent, à la fois, l'influence des chocs et les réponses de politique économique. Par la méthode «auto regressive vector» et la procédure de décomposition appliquées à cet effet, il a permis d'identifier les chocs d'offre, de demande et de les différencier des réponses aux chocs.

    Néanmoins, cette méthode est remise en cause car, elle ne permet pas d'identifier l'origine des chocs. De même, le problème posé par l'abandon de l'instrument du taux de change ne tient pas seulement à l'asymétrie des chocs, mais aussi, aux réactions des économies face à un choc commun.

    L'analyse des théories de la zone monétaire optimale issue des prolongements empiriques nous laisse à notre. Ces approches ne sont pas réellement novatrices puisqu'il existe une similarité entre les arguments avancés. La détermination des coüts et bénéfices liés à l'union monétaire est difficilement quantifiable pour juger de l'optimalité d'une zone monétaire. Cette situation amène à un réexamen de la théorie.

    D- Réexamen de la théorie

    Les critiques sur les hypothèses et conclusions ont engendré une reformulation de la théorie des Zones Monétaires Optimales. Le cadre théorique

    est remis en cause en raison de son manque d'unification et son caractère restrictif.

    En effet, la littérature économique révèle que cette théorie (Théorie traditionnelle et les prolongements empiriques) est régie dans :

    · Un cadre non unifié.

    On y détecte une contradiction interne. A titre illustratif, une petite économie ouverte se doit d'adopter un change fixe (selon le critère d'ouverture de Kenen, 1969). Cependant, une petite économie a toutes les chances d'être peu diversifiée et devrait opter pour un change flottant (Kenen, 2003b). Ceci révèle un manque de cohérence dans le cadre analytique. Cette contradiction dans les conclusions est due aux différences dans les hypothèses et sur la source des déséquilibres (Tavlas, 1994). De même, si la mobilité du travail peut favoriser la concentration de la production, ce critère de mobilité du travail peut donc s'opposer aux critères de diversification des structures productives (Gros, 2003).

    · Un cadre restrictif.

    La théorie traditionnelle des zones monétaires optimales se concentre sur deux pays et omet les chocs extérieurs (variation du TC). Il est probable que la politique monétaire menée par les principaux pays partenaires non membres influence le bien-être de la zone monétaire. Les études empiriques ont montré que l'instrument du taux de change comme mécanisme d'ajustement est moins efficace. Il permet un ajustement face aux chocs sous certaines conditions. En effet, une variation du taux de change nominal ne permet l'ajustement que si dans le premier pays, le même niveau de dépréciation est requis vis-à-vis du RDM. Dans le second pays, aucune modification du taux de change réel n'est viable (Mélitz, 1995).

    · L'endogénéité des crit~res.

    L'analyse des critères de la Zone Monétaire Optimale est basée sur des hypothèses statiques. Les critères peuvent évoluer, dans le temps, et sont affectés par le processus même de l'intégration économique. L'intensité du commerce et le niveau de corrélation des cycles entre deux pays constituent deux critères des zones monétaires. La formation de l'union économique et monétaire pourrait influencer le niveau de ces deux critères à l'intérieur d'une zone monétaire. Les études empiriques sur l'Union Européenne révèlent que l'intégration économique et monétaire a pour effets de renforcer les échanges et rend les chocs plus symétriques. Cette réalité amène les économistes, notamment, Krugman à parler d'endogénéité des critères d'une Zone Monétaire Optimale. Il en découle que, même si un ensemble de pays ne remplit pas les critères d'une zone monétaire optimale ex ante, il est possible qu'il les remplisse ex post.


    · Alternative de l'UEM.

    Le taux de change est un instrument efficace de stabilisation en raison de l'hypothèse keynésienne qui régit la théorie des zones monétaires optimales. Lorsque ces hypothèses ne sont plus vérifiées, le taux de change :

    o n'est plus toujours efficace. Il est efficace lorsque la variation du taux de change nominal se répercute sur la compétitivité et n'est pas compenser par les variations du prix ;

    o peut générer des chocs sur le marché des titres, compte tenu des anticipations des agents économiques. Ces anticipations se font de façon mimétique et créent des bulles spéculatives, sources des crashs boursiers (Buitter, 2000) ;

    o peut être un instrument dangereux de crise.

    En effet, dans la théorie traditionnelle des zones monétaires optimales, il y a absence de mobilité des capitaux. Or, dans un contexte d'extrême mobilité des capitaux, un pays ne peut donc avoir, à la fois, un taux de change stable et une politique monétaire indépendante [Triangle d'impossibilité de Mundell].

    Cette contrainte pèse sur les économies et se traduit par des crises de change [crise du Système Monétaire Européen, Mexicain, Asiatique]. Ainsi donc, l'adoption d'un taux de change flottant constitue la nouvelle alternative.

    Il ressort de ces insuffisances que la théorie traditionnelle des zones monétaires optimales focalise son attention sur les coûts et donne peu de chance aux bénéfices découlant d'une Union Economique et Monétaire. De ce fait, elle ne peut être considérée comme un cadre complet d'analyse d'une UEM. On y décèle la non référence aux relations entre pays membres et les tiers (Ricci, 1997). La prise en compte des interdépendances entre les pays membres conduit à l'analyse de la stabilité de l'union monétaire par une coordination internationale des politiques économiques. Cette coordination prend en compte les problèmes d'externalités (en internalisant). Elle aboutit en général à un bien-être supérieur pour l'ensemble des pays. Cette nouvelle donne paraît aux yeux des économistes, l'outil d'analyse de l'optimalité d'une zone monétaire.

    Bourguinat et al (1999) s'inscrivant dans cette logique montrent que les pays qui ont des relations commerciales intenses et qui acceptent un même compromis en matière de politique économique, remplissent les conditions d'optimalité d'une zone monétaire. En d'autres termes, l'intensification des échanges au sein d'une union économique et monétaire donnée est une condition nécessaire mais, non encore suffisante pour la formation d'une zone monétaire optimale. A l'épreuve des faits et en s'inspirant de l'expérience de l'Union Européenne la plus plausible, la convergence des économies paraît ainsi une condition suffisante afin de rendre optimum un espace économique et monétaire. Sur ce, ce paradigme pourrait être un outil d'analyse de l'optimalité d`une zone monétaire dans un contexte d'intégration. Ainsi donc, l'analyse de l'optimalité de la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO) se fera sous deux approches :


    ·
    · l'approche d`échange intra zone ;


    ·
    · l'approche de convergence des économies.

    Section 2 : Objectifs, hypothèses et méthodologie de recherche

    Pour répondre à la question de recherche, nous avons formulé quelques objectifs et hypothèses.

    Paragraphe 1 : Objectifs et hypothèses.

    A) Objectifs de la recherche.

    L'objectif principal de la présente étude est d'analyser, à la lumière de la théorie des zones monétaires optimales, l'optimalité de la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest. De cet objectif global, découlent les objectifs spécifiques suivants :

    + évaluer et analyser le volume des échanges commerciaux intra zone ;

    + évaluer et analyser le degré d'intégration financière de la zone à travers le

    volume des transactions, la capitalisation boursière, l'indice composite ;
    + analyser la convergence des économies au sein de la ZMAO.

    B) Hypothèses de recherche

    Pour atteindre les objectifs, nous avons formulé les hypothèses de recherche suivantes :

    H1 : le volume des échanges commerciaux intra ZMAO est faible;

    H2 : les échanges financiers de la zone sont faibles ;

    H3 : les économies au sein de la ZMAO ne convergent pas.

    Paragraphe 2 : Méthodologie de recherche

    Cette partie consistera à préciser les données et leurs sources, les divers indicateurs des échanges intra zone, et aussi, les tests de convergence des économies.

    A) Données et sources

    La recherche sur l'internet (sur le site de ecowas et ecostat) et documentaire a permis de recueillir les données secondaires sur :

    · les échanges commerciaux intra-ZMAO, d'une part, et ses échanges avec le reste du monde, d'autre part;

    · l'intégration financière dans la ZMAO (mouvements transfrontaliers des capitaux) ;

    · les séries chronologiques des agrégats macroéconomiques, notamment, les critères de convergence, le taux de croissance réel du PIB par tête et le taux d'épargne des pays de l'espace ZMAO.

    Les données statistiques utilisées dans le cadre de ce travail sont celles fournies par le rapport sur la convergence des économies de la CEDEAO par l'Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO), la ZMAO et le FMI.

    Il est très vraisemblable que ces statistiques sous évaluent la taille des échanges internes car, beaucoup de transactions transfrontalières ne sont pas enregistrées par les services officiels spécialisés. En revanche, ces données peuvent être utilisées comme base pour l'évaluation des échanges intra-zone, et aussi, celle de la mesure de la convergence des économies.

    B) Indicateurs de mesures des échanges intra ZMAO

    Pour atteindre les deux premiers objectifs de cette recherche, il est procédé à l'analyse des indicateurs liés aux échanges intra-ZMAO. Ces indicateurs concernent les échanges commerciaux et l'intégration financière3. Ils sont de la période allant de 1998 à 2008.

    1-Mesures des échanges commerciaux intra-ZMAO

    Il s'agit de calculer et d'analyser, pour la ZMAO et par année, les éléments suivants :

    3 Pour des questions de taille, d'indisponibilité de données, cette analyse s'est faite sur le NCM et sur la période allant de 2004 à 2008

    taux de croissance des importations et exportations intra-ZMAO ; balance commerciale intra-zone ;

    taux de couverture du commerce intra- ZMAO ;

    le commerce intra-ZMAO ou coefficient d'intégration.

    Le taux de croissance des exportations (ou importations) est le pourcentage de la différence des exportations (ou importations) de l'année en cours et de l'année précédente sur les exportations (ou importations) de l'année précédente.

    La balance commerciale est déterminée par la différence entre les exportations et les importations intra-ZMAO.

    Le taux de couverture est le rapport en pourcentage des valeurs réelles des exportations par les valeurs réelles des importations.

    Le degré du commerce intra ZMAO ou coefficient d'intégration est le rapport de la somme des exportations et des importations régionales sur la somme des exportations et des importations mondiales de la ZMAO.

    2-Mesures des échanges financiers : intégration financière

    En ce qui concerne l'analyse de l'intégration financière, l'on se penchera sur le Nigeria Capital Market (NCM) pour des questions de taille et d'indisponibilité des données. Pour ce faire, il est question de mesurer de l'intégration financière à travers deux aspects :

    · la portée géographique : il s'agit ici de calculer l'évolution des volumes de transactions dans ce marché financier ;

    · les catégories d'actifs : il s'agira ici des liens entre les systèmes bancaires, les marchés d'action et d'obligation. Ceci nous permettra de mettre en évidence le type de financement propre aux économies de la ZMAO (bancaire et boursier).

    De même, dans le but de saisir le dynamisme du processus d'intégration financière, il sera question d'apprécier l'évolution de la capitalisation boursière du NCM et l'indice composite (qui mesurent la santé financière de la bourse),

    instrument d'intégration financière. Ces aspects élucideront le rythme d'intégration financière dans la ZMAO via le NCM.

    L'analyse de tous ces aspects ainsi décrits permettra de vérifier les deux premières hypothèses. Ces premières hypothèses seraient validées dès lors que les indicateurs liés aux échanges intra-ZMAO seront inférieurs à 50%.

    C-Test économétrique de convergence

    1-Discussion sur le choix de l'instrument de mesure de la convergence des économies

    L'analyse des hypothèses fondant l'optimalité d'une zone monétaire selon Mundell paraît incompatible avec ceux des nouvelles théories de croissance en qui se mire le test statistique de la -convergence et le modèle de la âconvergence.

    En effet, l'approche mundellienne d'une zone monétaire optimale repose sur la mobilité des facteurs de production, notamment, la main d'oeuvre et une flexibilité des salaires.

    Par contre, selon la vulgate de Solow, le progrès technique est fixe et exogène dans la formation du PIB au sein d'une économie. A la lumière de l'expérience de l'UE, ce modèle a été remis en cause du fait de son caractère statique et de l'exogénéité du progrès technique. La relecture des sources de croissance a révélé une endogénéité du progrès technique4. Cette critique portée à ce paradigme a donné naissance à la nouvelle théorie de croissance. De celleci, s'inspire le test de la ó-convergence et le modèle de la â-convergence. S'il est vrai qu'il existe une controverse dans la portée du test de la ó-convergence et le modèle de â-convergence afin de juger de la convergence ou non des économies du fait des conditions préalables d'une convergence réussie (caractéristiques structurelles identiques quoi que, évidemment, est quasi impossible), on note en

    4 La nouvelle théorie de croissance d'inspiration néoclassique

    eux un effort de formulation du concept de convergence via les outils économétriques. Toutefois, reconnaissant que cette formulation du test de la óconvergence et le modèle de la â-convergence constitue une théorie parcellaire, elle pourrait, néanmoins, permettre d'appréhender l'état de convergence des économies. Ainsi donc, au lieu de considérer ces deux approches comme étant deux théories incompatibles de par les hypothèses qui les y régissent, l'on pourrait valablement les appréhender en termes de complémentarité dans une dynamique d'explication des nouveaux faits économiques contemporains, qui est la problématique de l'optimalité des espaces économiques et monétaires.

    Ceci étant, pour atteindre le dernier objectif de cette recherche, l'approche de la convergence des économies recommandée par Barro et al (1990) serait utilisée à cette fin ; il s'agit de :

    · la ó-convergence ;

    · la â-convergence.

    2-La ó-convergence

    Ce concept permet de mesurer le degré de rapprochement, dans le temps, entre plusieurs économies au regard d'un ou plusieurs indicateurs (critères de convergence ou le revenu réel par tête). Son analyse repose sur l'étude de l'évolution de la dispersion des séries considérées. Il y aura présomption de la présence d'un mécanisme de convergence dès lors qu'on observe une tendance à la diminution de la dispersion des valeurs prises par les variables au sein d'un groupe de pays sur la période considérée. L'indicateur de dispersion peut être la variance ou l'écart type des séries.

    Soit Xit la valeur de la variable X pour le pays i à la date t ; (avec

    i= 1.........n et t= 1........p) ici X représente les critères de convergence

    (R1 R9) Var Xit= ?

    ?

    - ~ avec u= et ó=

    )

    L'analyse graphique (écart type) sur la période, permet d'apprécier le processus de convergence de l'économie par rapport à la variable X. Une tendance à la diminution de l'indicateur de l'écart type indiquerait la présence d'un «bon» processus de convergence. Dans le cas contraire, les indicateurs divergent.

    3-La â-convergence

    L'idée sous-jacente de ce concept s'inspire de la vulgate des théories de la croissance néoclassique selon laquelle les pays pauvres rattraperont les nations opulentes s'ils réalisent un taux de croissance supérieur. En d'autres termes, dans ce modèle, le processus de convergence est enclenché lorsqu'un pays pauvres croit plus vite qu'un pays riche et tend à rejoindre, à long terme, le niveau de revenu par tête du pays riche (effet rattrapage).

    En effet, on fait la régression du taux de croissance annuel du PIB par tête du pays i (TCit) sur le niveau initial de ce PIB en valeur (Y0i) tout en contrôlant les différences en termes d'état stationnaire, c'est-à-dire, les différences dans les technologies, les taux d'épargne, les taux de croissance de la population, les dépenses publiques sur le PIB, la coordination des politiques économiques à l'échelle régionale. Toutes ces variables structurelles explicatives sont contenues dans le vecteur Zit. En d'autres termes, zit est un vecteur de variables explicatives de nature économique ou non permettant de contrôler les états permanents des économies. Compte tenu de la difficulté de quantifier les variables structurelles, le taux d'épargne serait la seule variable explicative prise par Zit.

    L'équation ci-après peut-être estimée en utilisant les données de panel (pour les pays de la ZMAO de 2000 à 2009).

    TCit= a-â log(Yit) + yZit + Eit (1)

    Après l'estimation de l'équation (1), il est possible de calculer la vitesse de convergence conformément au modèle de convergence néoclassique.

    Le coefficient â s'écrit : â= -[1- expo (-ë n)]/ n (2)

    â mesure le degré de convergence, de divergence ou de permanence des écarts des économies par rapport à leur état stationnaire ; avec ë = vitesse de convergence vers l'état d'équilibre ou taux de convergence. La transformation de (2) donne : ë= -[ log(1 + fin) ]/n ; avec n = période séparant l'année initiale (t--n) de l'année finale t. De même, ce coefficient â permet de mesurer la durée (d) nécessaire pour que l'économie comble la moitié de cet écart (sa demi-vie).

    d= ( log 2)/ë

    L'équation (1) conduira à une â-convergence si le coefficient â est négatif et est statistiquement différent de zéro. Cette â-convergence est dite conditionnelle si le paramètre y est différent de zéro (c'est-à-dire, les zit sont différentes d'un pays à un autre). Il y a convergence conditionnelle lorsque le revenu par tête des pays dont les caractéristiques structurelles sont identiques, converge vers un niveau identique à long terme (état stationnaire) indépendamment de leur niveau initial. Par contre, la â-convergence est dite absolue lorsque y=0 (les zit sont identiques). On parle de la convergence absolue lorsque le revenu réel par tête converge vers un niveau identique à long terme quelles que soient les conditions initiales.

    Les études empiriques ont montré que les disparités dans les structures économiques sont très déterminantes dans l'évolution des économies et du processus de convergence à long terme. De même, l'équilibre économique de long terme est fonction des caractéristiques structurelles des pays (niveau de technologie, croissance démographique...). La convergence absolue requiert, au préalable, la convergence des caractéristiques structurelles. A la lumière de ces facteurs, la convergence conditionnelle est acceptée pour la ZMAO et résiste au test de régression économétrique par rapport à la convergence absolue.

    Les logiciels d'économétrie Stata et Eviews 5.0 sont utilisés pour l'obtention de l'estimation de ce modèle. Ces deux outils de la mesure de la convergence des économies (ó et â convergence) permettront de vérifier la dernière hypothèse. En effet, l'hypothèse 3 est validée si l'ensemble des indicateurs macroéconomiques ne converge pas (pour le cas de la ó-convergence) et lorsque l'estimation économétrique révèlera la faiblesse du taux de convergence des économies de la ZMAO via un coefficient â négatif.

    En somme, ce chapitre a retracé le cadre théorique et méthodologique suivant lequel, le travail d'analyse sera effectué. Il est nécessaire d'apprécier l'optimalité de la zone à travers les échanges intra ZMAO.

    CHAPITRE DEUXIEME

    APPROCHE DE

    L'OPTIMALITE DE LA ZMAO

    A TRAVERS LES ECHANGES INTRA-

    ZONE

    Ce chapitre vise à apprécier le degré des échanges intra ZMAO à travers deux aspects : La première section s'occupe d'analyser les échanges commerciaux tandis que les échanges financiers (intégration financière) sont analysés dans la seconde section.

    Section 1 : Analyse des échanges commerciaux intra-ZMAO

    Cette analyse s'est faite par rapport à l'évolution des indicateurs qui sont associés aux échanges intra zmao.

    Paragraphe 1 : Evolution des indicateurs

    L'indicateur approprié de la complémentarité entre les pays d'un même espace économique est l'intensité des échanges des biens et services. Les indicateurs qui reflètent l'évolution du commerce intra-zone sont, entre autres :

    · le taux de croissance des exportations et importations intra-zone ;

    · le taux de couverture du commerce intra-zone ;

    · la balance commerciale intra-zone ;

    · le coefficient d'intégration (approche commerciale)

    A) Taux de croissance des exportations et importations intra-ZMAO

    Le graphique ci-dessus porte sur l'évolution des exportations et importations intra-ZMAO.

    Graphique n°1 : Evolution des X et M intra ZMAO.

    Source : Réalisé à partir du tableau A (cf Annexe1)

    L'analyse du graphique indique que :

    · de 1999 à 2003, le taux de croissance des exportations intra zone évolue en dents de scie.

    · vers la fin de 2003, ce taux a connu un trend haussier persistant atteignant son pic en 2006 (86%) suivi malheureusement d'une chute brutale et une reprise vers la fin de 2007.

    · de même; sur toute la période, il est observé une évolution en dents de scie pour le taux de croissance des importations avec un pic en 2007.

    Globalement, ces taux de croissance sont très volatiles et sensibles aux

    chocs.

    B-Taux de couverture du commerce intra ZMAO

    Les rapports de prix qui s'établissent à l'international ont une influence certaine sur l'impact du commerce intra zone via la production, la consommation et le bien-être. Il est donc nécessaire de faire recours aux termes de l'échange (rapport des prix à l'exportation d'un pays aux prix de ses importations). La situation est considérée favorable lorsque ce rapport est supérieur à 100% et défavorable dans le cas contraire.

    L'analyse de ce tableau B (cf annexe1) indique que, tout au long de la période, ce taux est supérieur à 100%. Ceci révèle que la situation est favorable dans l'optique du commerce intra zone. Il faut noter, néanmoins, que cette croissance, au lieu d'être ascendante, est assortie d'une évolution mitigée et contrastée.

    Graphique n°2 : Evolution du taux de couverture.

    Source : Réalisé à partir du tableau B (cf Annexe1).

    La représentation graphique (graphique 2) de ce même ratio révèle que :

    · de 1998 à 1999, l'on observe une tendance en forte instabilité avec une évolution en hausse ;

    · vers fin 1999, il est constaté un trend baissier qui se stabilise à partir de 2001 ;

    · à partir de 2005, il est observé une ascension vertigineuse atteignant son pic en 2006 suivi d'une chute drastique du taux en 2007.

    Cette chute de performance serait due aux différentes crises internationales (alimentaire, économique et financière...) ayant secoué le monde ces dernières années. La situation se stabilise, heureusement, et l'on observe un trend relativement haussier à partir de 2007.

    C- Balance commerciale intra-ZMAO

    Le tableau ci-dessous présente le solde de la balance commerciale intra

    200 001 202 2003 2004 205 2006 207 2008

    Anné

    ZMAO sur la période de l'étude.

    Tableau n°1 : Balance commerciale intra-ZMAO (en millions de dollars
    EU)

    Années

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Eléments

    98

    99

    00

    01

    02

    03

    04

    05

    06

    07

    08

    BC

    347,4

    818,4

    963

    45,7

    642,6

    213,2

    560,9

    432,6

    5549,3

    938,6

    1034,5

    TC%

    -

    135,6

    17,7

    -95,3

    1306

    -66,8

    163,1

    -22,9

    1182,8

    -83,1

    10,2

     

    Source : ecostat et calcul de l'auteur

    Il ressort de l'analyse de ce tableau que le solde de la balance commerciale, tout au long de la période d'étude, est excédentaire. Son évolution en termes de croissance est instable. Elle est intercalée d'une croissance à taux positifs et négatifs tout au long de la période. Le pic de ce solde est atteint en termes de croissance en 2006 (1182,8%).

    Cependant, l'analyse de cette balance commerciale, par pays, cache des disparités importantes comme le montre le tableau ci-après.

    Tableau n°2 : Balance commerciale intra ZMAO par pays (en millions de
    dollars EU) (moyenne de la période d'étude)

    Pays Eléments

    Gambie

    Ghana

    Guinée

    Nigéria

    Sierra
    Léone

    X

    02,8

    590

    19

    1749

    1,5

    M

    24

    428

    100

    353

    409

    BC

    -21,2

    162

    -81

    1396

    -408

     

    Source : ecostat et calcul de l'auteur

    En effet, seuls le Ghana et le Nigéria réalisent une balance commerciale excédentaire. Les autres pays réalisent, par contre, une contre performance avec une balance commerciale déficitaire. Ce déficit pourrait s'expliquer, d'une part, par les habitudes de consommation des agents économiques influencées par une préférence pour les produits hors zone et, d'autre part, par la prolifération des maisons import-export dans ces pays qui, en fait, ne font que de l'importation.

    Cette situation ainsi décrite est préjudiciable à l'optimalité de cette zone monétaire car, comme le soulignait si bien MAGNIFICO, reprenant un avertissement de G. MYRDEL à propos de l'Europe : « l'intégration ne pourrait pas réussir si elle promettait de rendre les régions fortes plus fortes et les régions faibles encore plus faibles ».

    D- Le coefficient d'intégration

    Il est encore désigné sous le vocable de degré de commerce intra zone. C'est un indicateur qui vise à mesurer l'effort d'intégration qui s'opère au sein des pays de la ZMAO en matière d'échanges commerciaux en son sein et par rapport au reste du monde. Le tableau et le graphique ci-après nous permettent d'analyser cet effort.

    Tableau n°3 : Coefficient d'intégration de la ZMAO

    (milliards de dollars EU)

    Pay

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    s Eléments

    98

    99

    00

    01

    02

    03

    04

    05

    06

    07

    08

    X M intra

    313

    673

    2201

    1886

    110

    506

    2637

    4152

    8068

    5829

    6072

    X M mondiale

    9773

    2783

    13455

    15628

    6281

    3540

    20003

    23237

    41043

    46163

    47616

     
     
     
     
     
     
     

    1

     
     
     
     

    C.I

    1,13

    3,09

    16,36

    12,07

    2,96

    0,65

    13,18

    17,87

    19,66

    12,63

    12,75

     

    Source : ecostat et calcul de l'auteur

    L'analyse du tableau n°3 laisse apparaître que la grande partie du commerce qu'effectuent ces pays est tournée vers le reste du monde. Le tarif extérieur commun de la CEDEAO, au lieu d'être un instrument stimulateur du commerce interne pour ces pays, ne joue qu'un rôle passif au service des pays industrialisés. De même, sur toute la période d'étude, ce coefficient oscille entre 10% et 20% ; ce qui est très faible par rapport à l'objectif escompté et au coefficient d'intégration des autres zones monétaires. Par exemple, le

    coefficientd'intégration de l'ASEAN est estimé à 50,3% ; à 56% pour la ALENA ; à 73,8% pour l'UE5.

    Graphique n°3 : Evolution du coefficient d'intégration

    Source : Réalisé par l'auteur à partir du tableau 3

    L'analyse indique que :

    · de 1998 à 2000, ce coefficient d'intégration évolue à un rythme satisfaisant ;

    · de 2000 à 2003, ce coefficient présente un trend baissier ; on est passé de 16% 10% en 2003 ;

    · à partir de 2003, cet indicateur a repris un trend haussier avec son pic (19,66%) en 2006 ;

    · à partir de 2006, ce trend a chuté puis, stagne à partir de 2007.

    La littérature économique sur l'interconnexion des marchés fait ressortir une forte corrélation entre le marché des biens services et le marché financier. Ceci paraît à priori vrai du fait que le commerce intra zone facilite l'intégration financière et sera stimulé par elle.

    5 Source : OMC/Statistique du commerce international 2005...

    Section 2- Analyse de l'intégration financiqre dans la zmao

    Cette section vise à analyser les mouvements de capitaux qui sont censés accompagner les transactions commerciales, et ceci, à travers la mesure du degré de l'intégration financière de la zone. Dans l'espace CEDEAO, trois marchés financiers peuvent être formellement cités. Il s'agit du Nigerian Capital Market (NCM), de la bourse d'Accra au Ghana, la bourse du Cap - Vert et la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), qui est une création de l'UEMOA. La présente étude se focalisera davantage sur le NCM pour des raisons de taille, d'importance et de disponibilité de données.

    Paragraphe 1 : Nigerian Capital Market (NCM) et Missions.

    A) Le NCM

    Le NCM a été véritablement créé en 1960 avec la mise en place du Lagos Stock Exchange (LSE). Il n'a été, cependant, véritablement opérationnel qu'en 1991. Admis d'abord comme une association limitée par garantie, il fonctionnait sur la base de subventions annuelles versées par la Banque Centrale du Nigeria (CBN). C'est en 1977 que le LSE a été reconstitué en Nigerian Stock Exchange (NSE) qui est le centre d'affaires du LSE. Il constitue un puissant moyen de mobilisation de l'épargne du secteur public et privé et un instrument efficace de redistribution de ces ressources à des fins de production. Il est structuré en deux compartiments à savoir :

    · le premier compartiment qui apporte une importante caution au déroulement des affaires subvient aux besoins de financement des entreprises, généralement, de grande taille. Ce compartiment reste très sélectif au regard des conditions d'accès ;

    · le Second Securities Market (SSM) est plus souple et constitue le domaine prisé d'intervention des petites et moyennes entreprises. L'objectif final attendu

    est de renforcer la capacité de l'économie nigériane à mobiliser, de manière efficiente, les fonds endogènes pour l'économie.

    B- Mesures de l'intégration financi~re

    L'analyse de l'intégration financière sera faite selon sa portée géographique.

    V1 Mesure par la portée géographique

    Le but visé est d'analyser et d'apprécier l'aptitude du NCM à attirer vers lui, le maximum de capitaux. Il sera question d'apprécier l'évolution du volume des transactions au sein de NCM.

    En effet, l'UEM favoriserait l'intensification du volume des transactions des capitaux. Ceci serait dû à la complémentarité des flux commerciaux.

    Tableau n°4 : Evolution du volume des transactions dans le NCM

    Années

     
     
     
     
     

    Rubriques

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Volume des transactions

    973526,00

    1021967,00

    1367954,00

    2615020,00

    3535631,00

    Variations

     

    5%

    34%

    91%

    35%

     

    Source : CBN, Bulletin statistics, AMAO.

    Il ressort de l'analyse de ce tableau que le volume des transactions a augmenté de manière significative depuis 2004. Le volume de transactions en 2007 représente 2,76 fois celui de 2004 alors que celui de 2008 équivaut à 1,3 fois, le niveau de l'année précédente. Cette augmentation des transactions en 2008 s'est accompagnée d'une baisse drastique des cours dans le sillage de la tendance baissière de la bourse suite à la crise financière internationale.

    Paragraphe 2 : Dynamisme du processus d'intégration financi~re

    Ce dynamisme sera apprécié à travers l'analyse du trend de deux indicateurs à savoir : l'indice de la capitalisation boursière et l'indice composite.

    6 Selon AMAO

    A) L'indice de la capitalisation boursiure

    L'indice de la capitalisation boursière est la surface financière déployée par l'ensemble des entreprises cotées en bourse. Elle permet d'apprécier leurs poids dans l'économie. Le tableau ci-après indique l'évolution de cet indice sur le marché secondaire par titre.

    Tableau n°5 : Evolution de la capitalisation boursière

    Années Eléments

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Total

    CB/actions

    1926,5

    2523,5

    4228,6

    10301,0

    6957,5

    25937,1

    CB/titres

    178,1

    365,5

    888,9

    2976,6

    2529,6

    6938,7

    CB/obligations

    7,9

    11,1

    3,5

    17,00

    29,1

    68,6

    Total

    2112,5

    2900,1

    5121,00

    13294,6

    9516,2

    32944,4

    TC%

    -

    37

    77

    160

    -28

     
     

    Source : CBN, Bulletin statistics, AMAO

    Il ressort de ce tableau que 79% de la capitalisation boursière est due aux actions alors que 21% seulement représentent celle des obligations. Cela prouve que les agents économiques du NCM sont plus attirés vers les actions qui sont plus souples par rapport aux obligations pour ces derniers. De plus, depuis 2004, la capitalisation boursière s'est accrue à rythme soutenu. Cette croissance soutenue serait due aux réformes économiques et institutionnelles entreprises par le NCM. Cependant, il est observé une contre performance en 2008 qui s'expliquerait par la crise économique et financière mondiale qui a frappé l'économie mondiale. Elle a fortement augmenté entre 2004 et 2007 avant d'enregistrer une baisse de 28,4% en 2008.

    B) L'indice composite

    L'indice composite, c'est le reflet du poids financier de toutes les valeurs admises au NCM. Ainsi, il constitue un bon indicateur qui reflète l'évolution réelle du NCM. Le tableau ci-dessous indique l'évolution de cet indice.

    Tableau n°6 : Evolution de l'iQd1FeIFo S1site

    Années éléments

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Indice composite

    23844,50

    24085,80

    33189,30

    57990,20

    31450,78

     

    Source : CBN, Bulletin statistics, AMAO

    Il ressort de l'analyse de ce tableau que cet indice présente un trend évolutif soutenu depuis 2004 à l'année 2007 qui est donc celle de forte activité boursière. Ce constat indique la performance financière de la bourse au cours de cette année. Cependant, cette performance est remise en cause en 2008. En effet, l'indice composite qui avait gagné 34145 points entre 2004 et 2007 a connu une chute de plus de 45% en 2008.

    Cette analyse sur le NCM donne un aperçu de l'image du marché financier de la ZMAO. La présente section nous permet de dire que malgré la faiblesse de la culture boursière au sein de cette zone, la vision optimiste quant à l'intégration financière est possible.

    En somme, cette section vient d'analyser l'optimalité de la ZMAO sous l'aspect commercial et financier intra-zone. Il existe d'énormes disparités sur le plan commercial (faiblesse des échanges) et sur le plan financier entre les pays. Cette disparité est sensible à l'optimalité d'une zone monétaire.

    APPROCHE DE

    L'OPTIMALITE DE LA ZMAO

    A TRAVERS LA CONVERGENCE

    DES ECONOMIES

    CHAPITRE TROISIEME

    L'objectif de cette section est d'analyser la convergence des économies de la ZMAO à partir de deux concepts : ó-convergence et la â-convergence. Ces concepts permettent de mesurer la convergence nominale des variables macroéconomiques (Section 1).

    Par ailleurs, ce chapitre s'efforcera également d'indiquer les mesures idoines à prendre au plan national et à l'échelle sous-régionale afin de stimuler et d'accélérer le processus de convergence ; les échanges intra zone, et partant, jeter les jalons d'une UEM optimale (Section 2).

    Section 1 : La convergence des indicateurs macroéconomiques

    La convergence des économies s'appréhende à travers l'analyse des indicateurs macroéconomiques clefs. Il s'agira dans le présent paragraphe, d'exposer les indicateurs de convergence (paragraphe1) et de présenter dans un second paragraphe, les résultats de l'estimation statistique (ó-convergence) et économétrique (â-convergence).

    Paragraphe 1 : Les indicateurs de convergence et leurs objectifs

    Nous allons utiliser les critères de convergence définis par l'application des dispositions de la décision A/DEC.7/12/997 portant adoption des critères de convergence macroéconomiques de la CEDEAO, d'une part, et le taux de croissance réel par tête du PIB des pays, d'autre part.

    A) Critères de convergence

    1- Critères de premier rang

    R1 : Déficit budgétaire/PIB (hors dons) = 4 %;

    R2 : Taux d'inflation = 5 % ;

    7 AMAO/PCMC/Rapport sur la Convergence Macroéconomique 2008

    R3 : Financement des déficits budgétaires par la Banque centrale = 10 % des recettes fiscales de l'année précédente;

    R4 : Réserves extérieures brutes = 6 mois de couverture des importations.

    2- Critères de second rang

    R5 : Arriérés intérieurs ;

    R6 : Recettes fiscales/PIB ;

    R7 : Masse salariale/Recettes fiscales totales = 35 % ;

    R8 : Investissements sur ressources internes/Recettes fiscales = 20% ;

    R9 : Taux d'intérêt réels positifs ;

    R10: Stabilité du taux de change réel.

    B) Objectifs

    L'objectif visé dépend de la nature des indicateurs de convergence.

    En effet, R1 et R3 ont l'avantage de révéler les efforts d'ajustement nécessaires pour assurer la viabilité des finances publiques qui, à son tour, permettra d'établir les conditions d'un endettement soutenable (pour éviter l'effet boule de neige).

    Le ratio R2 vise à réaliser un différentiel d'inflation favorable à la zmao. Le ratio R5 vise une élimination des arriérés de paiement. Ce qui accorde une crédibilité à la politique monétaire, et de surcroit, le déficit budgétaire ne sera plus financé par la création monétaire.

    Les critères de second rang représentent, essentiellement, un gage de la réalisation des équilibres internes et externes des économies. Ces critères viennent appuyer l'effort d'ajustement budgétaire. Ceci permet de redonner un souffle au secteur privé dans un environnement macroéconomique assaini.

    En somme, le respect des critères de convergence est censé asseoir les bases de la convergence des économies. Ces mesures d'assainissement du cadre

    macroéconomique des pays assureront, à moyen et long terme, une croissance économique durable, harmonieuse et sans cavalier solitaire des pays membres.

    Paragraphe 2 : Résultats de l'estimation et interprétation

    A) Présentation des résultats de l'estimation

    1-I 1 Ji -convergence

    L'écart type est l'indicateur de dispersion retenu pour estimer le processus de convergence des économies de la ZMAO.

    Le tableau c (Voir annexe 2) révèle les résultats du calcul par type d'indicateur tout au long de la période.

    2-I 1 JJiI-convergence

    Lorsque l'on considère les données de panel, la toute première chose qu'il convient de vérifier est la spécification homogène ou hétérogène du processus

    générateur des données. Sur le plan économétrique, cela revient à tester l'égalitédes coefficients du modèle étudié dans la dimension individuelle. Sur le plan

    économique, les tests de spécification reviennent à déterminer si l'on est en droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique pour tous les pays ou au contraire s'il existe des spécificités propres à chaque pays

    a) Tests de spécification

    Nous allons d'abord nous concentrer particulièrement sur l'analyse des résultats des tests de spécification. STATA propose trois tests.

    v' Test 1 : Test de Fisher

    Le test d'hypothèse s'écrit comme suit :

    H0 : Absence d'effets fixes

    H1 : Présence d'effets fixes

    Le résultat est effectué automatiquement après l'estimation du modèle à effets fixes ; le logiciel donne : (voir test 1 de l'annexe 4)

    F test that all u_i =0: F (4, 43) = 4.44 Prob>F=0.0043

    La pvalue associé au test vaut 0, on accepte H1 de présence d'effets fixes. V1 Test de Breusch Pagan

    Le test d'hypothèse s'écrit :

    H0 : Absence d'effets aléatoires

    H1 : Présence d'effets aléatoires

    Le test donne le résultat suivant : (voir test 2 de l'annexe 4)

    Test : Var(u)=0

    Chi2(1)= 0.47 ; prob> chi2= 0.4911

    On accepte l'hypothèse H1 de présence d'effets aléatoire.

    V1 Test de Hausman

    Ce test, généralement utilisé en économétrie de panel, il sert à discriminer les effets fixes et aléatoires. Le test d'hypothèse s'écrit :

    H0 : Présence d'effets aléatoires

    H1 : Présence d'effets fixes

    Le test donne le résultat suivant :

    Chi2= 13.18

    prob> 0.0014

    On accepte l'hypothèse H1 de présence d'effets fixes. En conclusion, le modèle à effets fixes donne les meilleurs estimateurs

    b) Test de Racine unitaire

    Les séries économiques ne sont pas stationnaires à priori par nature. Les valeurs obtenues à chaque date ne sont pas toujours issue d'une même loi de probabilité. Il faut toujours au préalable stationner les séries non stationnaires afin d'éviter le risque de régression fallacieuse. Les résultatS de test de stationnarité issus pour les présentes variables sont consignés dans l'annexe 6.

    Ainsi, nous avons :

    ? Test de racine unitaire sur Zit

    Prob=O.OOO6?0.05 ; t student=-3.23281?1.96

    Conclusion : la variable Zit est stationnaire

    · Test de racine unitaire sur Yi0

    Prob=0.0000?0.05 ; t-student=-5.09894?1.96 Conclusion : la variable Yi0 est stationnaire

    · Test de racine unitaire sur TCit

    Prob=0.0000?0.05 ; t-student=-22.2644?1.96

    Conclusion : la variable est stationnaire en première différence

    c) Modèle estiméL'estimation a été faite à partir des données de panel constituées par les

    données des pays de la ZMAO sur une base chronologique de 10 années (2000 à 2009). La méthode utilisée pour cette estimation est la « Pooled Least Squares ». Cette estimation a généré, pour ce panel, 50 observations (Cf. Annexe 5).

    Le modèle estimé donne :

    TCit = 0.037158 --2.664860Log Yio -0.107640Zit

    (2.832631) (2.920053) (-2.112872)

    n= 50 ; (.) t de student R2=0.55

    De ce modèle estimé, il ressort que toutes les variables explicatives sont significatives au seuil de 5%.

    En effet, les t student des paramètres des variables PIB réel initial par tête, les taux d'épargne et la constante sont tous supérieurs à 1,96. Ces variables contribuent donc effectivement à l'explication du modèle. Ainsi donc, le taux de croissance réel par tête (TCit) des pays de la ZMAO repose, bien entendu, sur le niveau antérieur de son PIB et aussi sur des paramètres structurels tels le taux d'épargne. R2=0.55 indique les déterminants (Yio ; Zit) expliquent à 55% le niveau du taux de croissance réel par tête de cet espace. D'autres paramètres pourraient mieux expliquer le TCit. L'objectif poursuivi par l'usage de ce modèle n'était pas d'identifier les déterminants du taux de croissance réel par tête mais, la valeur du coefficient â ; ceci nous permettra de calculer la vitesse de convergence vers l'état d'équilibre et de mesurer la durée (d) nécessaire pour que l'économie comble la moitié de l'écart (écart des économies par rapport à leur

    état stationnaire). Ainsi, cet outil constitue un point de départ essentiel pour toute interprétation économique du modèle.

    B) Interprétation des résultats

    1-La ó-convergence

    La méthode utilisée pour apprécier le processus de convergence des économies de la ZMAO est l'observation graphique de l'allure des courbes. Graphique n° 4: Evolution de R1 et R2

    Source : Réalisé à partir du tableau c (cf l'annexe 2)

    L'analyse de ce graphique indique que ces deux courbes ne sont pas convergentes car, l'évolution de leur dispersion est en dents de scie. La tendance observée pour R2 (taux d'inflation) montre toute la difficulté de ces pays à faire converger leur taux d'inflation afin de rendre leur économie plus compétitive via le taux de change réel. La zmao éprouve donc d'énormes difficultés à assainir les finances publiques et à réaliser la stabilité des prix.

    Heureusement, l'analyse du graphique ci-dessous fournit des résultats satisfaisants.

    Graphique n°5: Evolution de R3 et R4

    Source : Réalisé par l'auteur à partir du tableau c (cf l'annexe2)

    En effet, le trend visualisé pour R3 (financement de la BC) révèle une évolution de la diminution de cet indicateur. Ce ratio a donc entamé un processus de convergence au sein de la zone. L'évolution de la dispersion de R4 est relativement descendante. De plus, depuis 2007, cette évolution prend un trend baissier. On peut, de ce fait, parler de déclenchement d'un processus de convergence pour ce critère R4.

    Par contre, les résultats obtenus après l'analyse des graphiques ci-dessous sont non satisfaisants.

    Source : Réalisé par l'auteur à partir du tableau c (cf l'annexe2)

    Graphique n° 6: Evolution de R6 et R7

    Graphique n°7 : Evolution de R8, R9 et R10

    Source : Réalisé par l'auteur à partir du tableau c (cf l'annexe2)

    En effet, l'allure des courbes liées aux critères de convergence de second rang est très instable. Les courbes R7, R8, R9 et R10 présentent des dispersions qui évoluent en dents de scie. Ceci donne la présomption d'un mécanisme de divergence de ces indicateurs.

    Malgré l'évolution de la dispersion de R6 qui est relativement constante à la baisse, on ne saurait parler d'un processus de convergence pour ce critère car, cette tendance n'est pas baissière.

    Bref, aucun des critères de convergence de second rang ne converge sur la période d'étude. Cet état de chose montre l'existence de contraintes structurelles qui pèsent sur ces économies et qui les empêchent de réaliser les équilibres internes et externes.

    De plus, l'analyse du graphique suivant indiquant le trend du PIB réel par

    R10

    tête révèle qu'il y a une présomption de la présence d'un mécanisme de divergence pour cette variable.

    En effet, suite à la contre performance observée en 2003, ces pays ont

    Années

    entamé un relatif processus de convergence de leur revenu réel par tête.
    Cependant, cette tendance est renversée en 2007 suivie d'une trajectoire
    ascendante de cette courbe. Cette remarque pourrait apparemment être due, d'une

    part, à la non maîtrise de la démographique de la zmao et, d'autre part, à l'amélioration des performances économiques de cette zone en 2008. Graphique n°8 : Evolution de la dispersion de Yit

    Source : 5 pNOIp à SNUtiUICA ONVA A E

    En résumé, de l'analyse graphique des dix courbes, seuls R3 et R4 ont entamé un processus de convergence au cours de la période d'étude. Ce constat sur l'état de convergence de ces indicateurs ressort la question de la crédibilité et de l'effectivité de l'organe chargé de surveiller la convergence des économies de la ZMAO.

    En synthèse, l'indicateur de mesure (ó-convergence) ne donne qu'un aperçu global de l'évolution de la dispersion des variables sans fournir des renseignements quant aux déterminants du processus et son rythme de convergence. D'où l'indicateur â-convergence pour compléter l'analyse de la convergence des économies pour remédier aux insuffisances ci-dessus citées.

    2- / N M-convergence

    Ici, nous procédons à l'interprétation économique des paramètres du

    200 0 20

    modèle estimé. Ainsi, on a :

    â= -2.66 ; la négativité de cette valeur est conforme aux propriétés de la â-convergence. Il exprime le degré de convergence vers l'état stationnaire. Avec â= -2.66 ; n=50 et ë=-(Log (1 ân))/n ; on a ë=0.042. ë signifie que la vitesse de convergence des économies est de 4.2%. Cette vitesse est faible eu égard aux

    défis auxquels cet espace est appelé à faire face dans l'ère de la mondialisation des économies qui s'opère par le biais de l'intégration sous régionale.

    De plus, le coefficient d=8 indique que la zmao comblera la moitié de cet écart (convergence vers l'état stationnaire) d'ici environ 8 années toute chose égale par ailleurs.

    y=0.11; ce coefficient étant différent de 0, la convergence des économies de la ZMAO est donc conditionnelle. Les variables structurelles sont différentes d'un pays à un autre. En d'autres termes, ce coefficient révèle que le revenu réel par tête de ces pays convergera vers un niveau identique à long terme indépendamment de leur situation initiale si elles sont dotées des caractéristiques structurelles (Zit) identiques. Par conséquent, le PIB réel par tête des pays de la ZMAO ne sont pas convergents. Ces résultats issus de la â-convergence viennent confirmer ceux de la ó-convergence.

    3- Validation des hypothèses

    · Vérification de l'hypothCse1 :

    La première hypothèse suppose que le volume des échanges commerciaux intra ZMAO est faible. De nos analyses, il ressort que les échanges commerciaux intra zone oscillent entre 10 et 15% sur toute la période d'étude. Ce qui est inférieur à 50%. Ainsi, l'hypothèse H1 est vérifiée.

    · Vérification de l'hypothCse 2 :

    La seconde hypothèse suppose que les échanges financiers de la zone sont faibles. Les échanges financiers sont appréciés par la culture boursière au sein de la zone qui apparaît faible (21%). Ce qui est inférieur à 50%. Ainsi, l'hypothèse H2 est vérifiée.

    · Vérification de l'hypothCse3 :

    La troisième hypothèse suppose qu'Il y a une diminution de l'évolution de la dispersion des critères de convergence fixés. Les résultats obtenus montrent que sur 10 indicateurs de convergence, seuls deux ratios (R3 ; R4) ont entamé un

    processus de convergence au sein de la zone. Ce qui se justifie par le faible niveau du taux de convergence (4.2%) révélé par la â-convergence. L'ensemble des indicateurs macroéconomiques n'étant pas convergent, ces économies ne le sont pas non plus. L'hypothèse 3 est donc vérifiée.

    Les résultats issus de cette analyse empêchent de voir en la ZMAO, une ZMO pour deux raisons :

    o la faiblesse des échanges intra zone (car les indicateurs des échanges intra zone sont tous inférieurs à 50%) ;

    o la non convergence des économies qui trouve sa justification dans le fait que l'ensemble des indicateurs ne converge pas et, par ricochet, le faible niveau du taux de convergence des indicateurs ainsi observé.

    Ces facteurs sus-cités sont soumis à une forte disparité au sein des économies de cette zone ; ce qui a pour corollaire, la non symétrie des chocs au sein des économies.

    Eu égard à tout ce qui précède, il apparaît donc nécessaire de prendre des mesures de politique économique pour lever les entraves afin d'améliorer les performances en la matière.

    Section 2 : Suggestions de politique économique

    Ces mesures visent à recenser un ensemble de propositions dont le but est d'asseoir les bases d'une intégration économique réussie. Elles sont destinées aussi bien aux autorités nationales que celles sous régionales.

    Paragraphe 1 : Mesures visant à accroître les échanges intra ZMAO

    A) Mesures de stimulation du commerce intra zone

    Les difficultés majeures entravant le commerce au sein de la ZMAO résulteraient de :

    o la non compétitivité des produits de la zone ;

    o la non diversité et la non convertibilité directe des monnaies utilisées ;

    o la similarité des produits offerts, ce qui pose le problème de la spécialisation au sein de la zone ;

    o une faible diversification de la production, ce qui a pour conséquence une dépendance vis-à-vis d'un nombre limité de produits exportables.

    Pour relever ces défis, il apparaît impérieux de :

    · lever les contraintes qui entravent le dynamisme et la compétitivité du secteur privé en adoptant les politiques axées sur :

    · . diminuer les coûts des facteurs de production ;

    + soutenir l'exportation à travers l'assistance aux entreprises en termes de contrôle de qualité et de normes ;

    + renforcer la spécification des structures par produits afin d'assurer une stabilité interne ;

    + réaliser une bonne adaptation de l'appareil productif à la demande (nationale et internationale), ce qui favorisera la stimulation de l'élasticité revenu du commerce extérieur ;

    · . réaliser une spécialisation poussée des économies de la zone ;

    · . promouvoir la recherche de débouchés pour les produits de rente au sein de la zone pour être transformés en produits semi finis dans l'espace avant leur éventuelle réexportation hors de la ZMAO.

    L'application de ces mesures va rendre les économies plus compétitives, intensifieraient les échanges intra zone et permettrait aux économies de bénéficier des initiatives prises par les pays développés, notamment, la loi AGOA (African Growth Opportunity Act).

    B) Mesures visant à promouvoir l'intégration financi~re

    Au service de l'intégration économique, les différents marchés financiers de la ZMAO (Nigerian Capital Market (NCM), la bourse d'Accra (Ghana),...) doivent être soutenus par un renforcement de la culture boursière dans le but de

    promouvoir les finances directes, d'assurer une fluidité des capitaux à travers l'espace et y attirer les IDE.

    Il s'agira, de façon pratique de :

    + rendre plus souples les conditions d'accès aux différents marchés financiers des pays de la ZMAO afin de permettre aux unités économiques potentielles d'y trouver une source de financement efficiente, gage d'une croissance économique ;

    · . réduire certaines taxes sur les activités financières afférentes aux transactions de fonds au sein de la zone ;

    + harmoniser et assainir les codes d'investissement dans ces pays, ce qui permettra d'attirer des IDE intra et extra ZMAO et, de surcroît, fera émerger les firmes multinationales à l'échelle sous régionale, vecteur de la consolidation de l'intégration.

    Paragraphe2 : Mesures visant à accélérer le processus de convergence des
    économies

    Cet aspect (convergence des économies) mérite une attention particulière car, il représente un maillon essentiel de la coordination des politiques économiques dans une UEM.

    En effet, outre les mesures répréhensibles destinées à assainir les finances publiques économiques, il urge de :

    · . renforcer la cohérence des politiques économiques : inter cohérence des politiques économiques et cohérence entre les politiques nationales et régionales. Pour cela, il paraît opportun d'apporter de l'assistance technique et de l'expertise nécessaire au CNPE (Comité National de Politique Economique) ;


    ·
    · asseoir des mécanismes appropriés pour que les taux de croissance réels des pays de la zmao ne divergent pas de façon importante et durable. Le cas échéant, une croissance plus forte que la moyenne se traduirait par un déséquilibre des échanges qui engendrerait soit :

    v' un relâchement de la croissance qui serait préjudiciable à la zone ;

    v' un changement de parité (dévaluation) avec ses limites, incertitudes et effets pervers. L'adoption d'une politique démographique et d'innovation aux progrès techniques communs au sein de la ZMAO serait l'un des mécanismes à promouvoir pour cette fin.

    La prise en compte de toutes ces propositions de politiques économiques pourrait inhiber les contraintes structurelles et extérieures qui pèsent sur ces économies et fera émerger les pays de la zmao lorsque la paix et la stabilité politique seraient une réalité au sein de l'espace. Ces mesures pourraient rendre la zone plus optimale et permettre à la CEDEAO, la réalisation de son objectif de création d'un seul espace monétaire avec sa monnaie unique (Eco).

    CONCLUSION

    Cette étude avait pour objectif d'analyser l'optimalité de la zone monétaire de l'Afrique de l'ouest (ZMAO) dans un contexte d'intégration. En se basant sur la littérature théorique et empirique des ZMO, nous retenons que la ZMAO n'est pas encore une ZMO par excellence .

    En effet, outre la faiblesse du niveau du commerce intra-zone observée (en moyenne 12,5%), il est constaté également, sur le plan des échanges financiers, une faible culture boursière au sein de la zone. Elle se justifie par le fait que 28% du financement des économies de la ZMAO se fait par la finance directe, toutes choses égales par ailleurs.

    Ces résultats portent à croire que, outre la crédibilité qu'accorde cette UEM aux économies, elle ne permet pas de générer et de stimuler les couloirs d'échanges en son sein. Ceci est dû à trois facteurs notamment :

    - la non compétitivité des produits ;

    - l'absence de spécialisation au niveau sous-régional ;

    - et la faible culture boursière au sein de la zone.

    De qui précède, il ressort que la ZMAO n'est pas horizontalement intégrée avec ses pays membres.

    Par ailleurs, l'analyse de la convergence des économies indique des résultats contrastés. S'il est vrai qu'un effort est consenti par la ZMAO vers un rapprochement des économies, il n'est pas fondé sur des réformes structurelles ; ce qui n'écarte pas un éventuel risque d'essoufflement. Des différentes estimations, seuls deux indicateurs R3 (Financement des déficits budgétaires par la Banque centrale = 10 % des recettes fiscales de l'année précédente) et R4 (Réserves extérieures brutes = 6 mois de couverture des importations) sur dix indicateurs ont entamé un processus de convergence et la vitesse de convergence vers l'état stationnaire est de 4.2%. Ce fait s'illustre par l'impact différencié subit par les économies face aux chocs asymétriques. Cette situation est contraire aux principes d'optimalité d'une ZM.

    Au regard des résultats de cette étude, les suggestions de politique économique vont dans le sens de :

    v' lever les contraintes qui entravent le dynamisme et la compétitivité du secteur privé ;

    v' renforcer la spécialisation des structures par produit afin d'assurer une stabilité interne à cette zone ;

    v' promouvoir la culture boursière au sein de la zone ;

    v' assurer la gestion cohérente et durable des politiques économiques afin d'asseoir les bases d'une convergence des économies.

    Néanmoins, s'il est vrai que ces modèles de convergence nous ont permis de nous rendre compte de l'état de convergence des économies de la zmao, ils ne permettent pas de mettre en évidence les pays qui accélèrent ou retardent le processus de convergence. Ce qui présage une limite dans la portée de ces indicateurs à apprécier le caractère optimal ou non de la ZMAO.

    En revanche, à cette heure des grandes mutations, où les UEM se soucient des outils optima pour se prémunir contre les risques de change, le caractère optimal d'une ZM pourrait être appréhendé essentiellement par sa finalité, de manière à apprécier sa capacité à créer, d'abord, une monnaie commune, et ensuite, à soutenir le taux de change de celle-ci sur une longue période. De ce fait, la problématique d'optimalité d'un espace économique et monétaire peut se scruter à travers, d'une part, la solidarité qui y règne et, d'autre part, l'instauration des indicateurs d'alerte de vulnérabilité pouvant déclencher les attaques spéculatives sur le marché des changes.

    Par ailleurs, la situation géographique de la ZMAO par rapport aux autres pays de la CEDEAO ne stimule pas le processus d'intégration de façon harmonieuse. De ce fait, la ZMAO pourrait accélérer ce processus d'intégration lorsqu'elle serait sftrement capable de s'intégrer pleinement avec les autres pays de la CEDEAO à travers une politique prospective comme, par exemple, la possibilité

    pour la zmao de se doter d'une monnaie unique dont le taux de change pourrait être soutenu sur une longue période.

    Au terme de la présente étude, nous ne saurions prétendre à une quelconque exhaustivité en matière d'étude de l'optimalité d'une zone monétaire. Raison pour laquelle nous souhaiterions que des études ultérieures puissent apporter la lumière nécessaire sur les aspects de ladite problématique que la présente étude a pu occulter.

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