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L'intégration des valeurs traditionnelles congolaises dans l'amélioration du système éducatif moderne en RDC. Cas de l'initiation traditionnelle Lega de 1905 à  2008

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par Spartacus KABALA MUNYEMO
Université pédagogique nationale - Diplôme d'études approfondies 2012
  

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III.4.2.2. Points faibles:

Si nous relevons dans le système éducatif actuel certaines tares qu'il convient de remodeler pour une adaptation efficiente, il est aussi indéniable que tout n'était pas forcément bon dans le système éducatif traditionnel. Certains aspects constituaient des obstacles réels à l'épanouissement des apprenants et parfois au développement de la communauté. Ainsi, ne pas porter une critique constructive à ces aspects, c'est scier la branche qui rattachait les feuilles nouvelles aux racines de l'arbre. Cette critique que nous avons faite nous a permis d'établir les influences et l'impact de nos valeurs, tant positives que négatives sur nos manières de penser, d'être et d'agir, dans la perspective d'une approche pédagogique qui puisse favoriser une intégration et une redynamisation de certains de ces concepts dans le cadre du système d'éducation

a. L'oralité

Par ailleurs, nous avons ajouté que, ne connaissant pas l'écriture, l'apprentissage traditionnel reposait essentiellement sur l'oralité. Un minimum de temps nécessaire était consacré à l'étude de la langue ésotérique qui permettait aux initiés de comprendre les leçons... En effet, à nos jours, il est vrai que, pour être efficace, l'enseignement moderne n'est pas et ne doit pas demeurer oral à l'instar de l'enseignement traditionnel.

L'absence de l'écriture dans le système d'éducation traditionnelle a rendu difficile, et même impossible, la systématisation et la conservation des connaissances. D'où la disparition d'une bonne partie du patrimoine culturel lega, en particulier et congolais en général.

« L'oralité intègre, l'écrit différencie l'éducation des autres activités sociales. Dans le premier cas, toute action éducative est en même temps une action économique, religieuse, politique, etc., puisque c'est par l'observation, l'imitation, la parole, que le jeune s'instruit auprès des anciens. Dans le second cas, l'écrit consignant l'information dans des textes, la rend autonome et par là rend autonome l'apprentissage qui n'est plus lié à une action et à la présence d'un instructeur.

Ce détachement ou cette distanciation peut être un inconvénient si l'individu ne se fonde plus sur la pratique, mais aussi un avantage puisqu'il permet de s'abstraire et de conceptualiser. Or l'abstraction stimule l'esprit critique. Il est plus difficile de déceler les failles d'un verbe éloquent que celles d'un texte écrit sur lequel on peut réfléchir87(*) »

L'écrit favorise l'esprit critique en mettant à la disposition du lecteur, les opinions d'un grand nombre d'auteurs sur le même sujet.

L'écriture est donc une valeur positive dont la pratique devra s'étendre et se généraliser car, par elle, l'apprenant pérennise ses acquis.

Faisons remarquer aussi que toute société communiquant oralement est une société pliée à elle-même, parce que l'oralité réduit la communication seulement entre les personnes qui parlent la même langue.

Ainsi, prise sous cette acception, l'oralité n'améliore pas la pédagogie moderne, dans la mesure où elle requiert essentiellement le contact physique entre le formateur et l'apprenant dans une situation concrète, et par conséquent elle exclut toute auto-éducation de l'apprenant par des médias de longue portée (livres, ordinateur, internet, etc.) et ne s'ouvre pas aux courants internationaux voulus par le système éducatif moderne.

De plus, l'oralité ne permet pas d'accumuler le savoir au-delà d'une certaine limite. Etant donné que dans le système éducatif traditionnel le savoir se transmet oralement, il est à la merci de la mémoire humaine et de la mort ; les sages gardiens des traditions n'y peuvent pas grand-chose.

D'où aussi notre grande tristesse devant le drame de « nos bibliothèques qui brûlent avec la mort de nos anciens (vieillards) ». L'écriture représente une capacité immense d'emmagasiner les connaissances, de les conserver et de les répandre. Ce n'est pas un hasard si la science s'est développée avec l'écriture et seulement avec elle.

Ainsi, avouons-nous que l'oralité de l'enseignement traditionnel est surannée et inadaptée au contexte actuel de l'enseignement moderne.

b. Insuffisance d'expérimentation

Pendant l'initiation, moment par excellence de la formation des jeunes, les formateurs recourent fréquemment à des explications de type magique, interdits ou tabous pour expliquer aux néophytes un fait social quelconque. Les mêmes formateurs insistent beaucoup sur la signification à attribuer aux phénomènes et aux choses sans fixer l'attention des apprenants sur une explication fondée sur l'expérimentation et la vérification. Ils préfèrent l'interprétation symbolique à la place d'une mesure concrète.

Cette démarche permet, certes, de maintenir une harmonie dans la communauté et correspond peut-être à un niveau d'explication possible ou permise, cependant, elle freine beaucoup les possibilités d'acquisition de connaissances sur la base d'une seine curiosité et d'un esprit de recherche.

Constatons-nous que l'éducation traditionnelle ne favorise pas l'épanouissement personnel et le développement du « moi » de l'enfant à l'instar du système éducatif moderne.

c. Education par la peur

L'éducation traditionnelle fait peu de cas de responsabilité de la personnalité individuelle, au sens critique ; la croyance en des interventions des sorciers dans la vie était permanente et omniprésente. Elle semble avoir refait surface, de nos jours dans nos villes. Le phénomène des enfants sorciers n'est pas étranger à nos mentalités sorcières88(*).

Lorsque, par exemple, on est contraint d'obéir parce qu'il le faut sans savoir les motivations profondes de son action, on tombe rapidement dans le formalisme qui est la conséquence immédiate d'une telle situation.

L'un des dangers qui guettent les néophytes à l'issue de l'initiation est « l'essoufflement psycho social ». On se dit "ouf!" s'en est fini ! On peut enfin respirer...

Il s'ensuit le laisser-aller. Et pourtant, « l'initié est censé développer davantage la confiance aux aînés dans le but de discerner la volonté de ceux-ci sur son projet de vie. Le jeune doit obéir effectivement en évitant le formalisme et l'hypocrisie, ou mieux les tendances tribaliste, régionaliste ou raciste »89(*).

Eu égard à cette considération, l'on pourra s'interroger pourquoi certaines personnes deviennent-elles désobéissantes comme si la vertu d'obéissance ne leur a jamais été enseignée ? Les réponses sont à chercher tant du côté des formateurs que du côté du sujet concerné. Du côté des formateurs nous disons qu'il recourt à la dictature, à une sorte d'éducation par la peur.

Et du côté de l'apprenant, il faut noter que la peur ne conduit pas à une véritable formation de la volonté, du caractère et de la personnalité c'est-à-dire une véritable structuration de l'intériorité, mais pousse l'individu à accepter passivement le rythme de son milieu et à s'y harmoniser.

Ceci débouche sur l'impuissance que l'apprenant a souvent vis-à-vis de la nature. Conséquemment, l'attitude d'interroger la nature en l'affrontant, en la défiant même et de lui tirer ainsi ses secrets est une valeur qui doit se porter en rectification à la vision contemplative que l'apprenant du système éducatif traditionnel. Cette attitude n'est pas constructive pour le progrès scientifique.

Ladite attitude est, en revanche, positive sur les plans éthique et philosophique, et peut être d'une très grande utilité pour rétablir l'équilibre écologique et humain que l'industrialisation et les réalités actuelles du développement économique ont rompu.

* 87 OUSMANE SAWADOGO, «L'éducation traditionnelle en Afrique noire, portée et limites »,

www.manden.org, Avril 2003

* 88 EKWA bis ISAL MARTIN, Op.Cit., p.24

* 89 Cfr www.ayaas.net « Vie religieuse et réalités africaines », Rapport de la réunion (ASUMA), tenue à

Manresa (Kinshasa) les 25, 26 et 27 février 1966, p. 78.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault