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Valorisation de la médecine traditionnelle en contexte africain: expérience de "la maison de la feuille " à  Porto Novo au Bénin

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par Daleb Abdoulaye Alfa
Université d'Abomey-Calavi (Bénin ) - Maitrise 2011
  

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7. Construction de l'objet

A propos de la construction de l'objet, Grawitz (1996, p.346) affirme que "c'est un impératif sans mode d'emploi ". Autrement, "Chaque thème de recherche comporte un objet différent et chaque construction doit donc s'adapter à l'objet à construire. " (Grawitz, 1996, p.346).

Pour prévenir toute dérive au niveau de cette phase cruciale de la recherche, Javeau (1990, p.115) avertit que " l'objet ne sera pas construit seulement de manière spéculative ".Le cadre de référence théorique guidera les relevés d'éléments empiriques qui permettront de construire un modèle heuristique de l'objet.

Dans le cadre de ce travail, pour construire notre objet, il semble donc nécessaire de s'écarter, avant tout, des visions simplistes, courantes de la médecine traditionnelle, pour en faire, en rapport avec notre problématique, un objet sociologique.

La médecine traditionnelle est un objet complexe. Sans une précision des contenus assignés à cette notion, il est impossible d'en faire un objet de recherche.

La meilleure manière de faire de la médecine traditionnelle un objet sociologique semble être, de dégager les grands traits représentatifs de sa signification socioanthropologique, que nous allons prendre en compte dans nos investigations. Il s'agit donc de définir un « type - idéal» de la médecine traditionnelle, susceptible de refléter les grandes lignes qui la caractérisent. Ce type - idéal devra ensuite être confronté à la réalité empirique. Selon Ferréol (1995, p.273), le type -idéal au sens wébérien, est un "schéma opératoire permettant de comprendre et de donner un sens à la réalité".

Dans cette perspective, trois caractéristiques majeures nous semblent importantes à prendre en considération dans toute étude socio-anthropologique de la médecine traditionnelle : le social, le culturel, le thérapeutique.

La dimension sociale de la médecine traditionnelle est prouvée par le fait que la tradithérapie a une fonction sociale qui consiste à guérir les maladies, mais aussi à maintenir la cohésion sociale. Ainsi, est-il souvent souligné, le fait qu'en Afrique les guérisseurs "ont un rôle social majeur dans la communauté, car ils détiennent les clés de l'ordre social " (Fontaine, 1995, p.84).

En ce qui concerne la dimension culturelle de la médecine traditionnelle, elle réside "dans le rituel qui précède et accompagne la récolte, la préparation et l'administration des remèdes ; et d'autre part dans les conditions d'efficacité de ceux-ci, essentiellement liées au mode de classification des affections qui n'est pas nécessairement fondé sur les catégories cliniques observables" (Gollnhoffer et Sillans, 1975, p. 285). La tradithérapie se fonde donc aussi sur des croyances, représentations et pratiques rituelles culturellement marquées et auxquelles adhérent aussi bien les tradipraticiens que leurs patients. Ainsi, certains pensent, à propos des remèdes traditionnels que " leur efficacité tient à cet enclavement culturel " (De Rosny 1992, p.34).

La dimension la plus évidente de la médecine traditionnelle est celle thérapeutique. En effet, la médecine traditionnelle a d'abord et avant tout pour vocation de soigner. Pour cela, des pratiques empiriques comme la phytothérapie sont employées par les tradithérapeutes pour guérir leurs malades. Ils " imprègnent le corps de leurs patients de ces substances végétales dont-ils ont le secret : herbes, feuilles fraîches, écorces, racines, oignons, bourgeons et fruits sont taillés, pilés, pulvérisés, liquéfiés et finalement consommés"(De Rosny 1992, p.30). Des actes rituels, symboliques, magiques sont aussi utilisés par les guérisseurs pour soigner. L'objectif visé à travers ces actes, consiste pour le tradithérapeute, "à rétablir l'harmonie, à réinstaller son client à la place qu'il

tenait avant sa maladie, dans l'ordre cosmique et humain qui doit être le sien " (De Rosny 1992, p.31).

Signalons que les trois dimensions majeures de l'objet, dégagées sont étroitement liées les unes aux autres. Ainsi, les fonctions sociales de la tradithérapie peuvent être rattachées aux représentations culturelles et se reflètent sur les pratiques thérapeutiques. En fait, les traitements traditionnels prennent "racine dans une organisation et une structure socio- culturelles" (Fontaine, 1995, p.84).

Dans la perspective d'une approche socio - anthropologique, la médecine traditionnelle peut donc être construite, de façon idéale typique, comme un système. A ce niveau, même si Grawitz (1996, p.395) affirme " qu'il est difficile de donner une définition incontestable et précise du terme « Système »", Ferréol (1995, p.259) quant à lui, montre qu'on peut considérer comme système, tout "ensemble d'éléments, matériels ou non, qui dépendent réciproquement les unes des autres de manière à former un tout organisé "

Cependant il est nécessaire de préciser comme le fait Ladrière (1990, p.1031) dans l'Encyclopédie Universalis, que " le système possède un degré de complexité plus grand que ses parties, autrement dit, qu'il possède des propriétés irréductibles à celles de ses composantes. Cette irréductibilité doit être attribuée à la présence des relations qui unissent les composantes".

Autrement dit, la médecine traditionnelle doit être conçue comme un système plus complexe que les parties qui la constituent ; car le social, le culturel et encore moins le thérapeutique ne fonctionnent isolément au niveau de la tradithérapie. Dans ce cadre, des chercheurs comme De Rosny (1992, p.31) parlent de médecine globale avec des "traitements cosmo-socio-psychothérapeutique" pour qualifier la médecine traditionnelle.

En définitive, dans le cadre de ce travail, notre tentative de construction de
l'objet nous conduit finalement, à considérer la médecine traditionnelle comme

un système idéal - typique, constitué par l'imbrication du social, du culturel et du thérapeutique. Toutefois, ce système de type - idéal devra être confronté à la réalité empirique pour comprendre les effets de la valorisation sur la tradithérapie dans le centre. Il s'agira donc de s'exercer à trouver la conformité ou les différences entre la médecine traditionnelle telle que mise en oeuvre dans l'hôpital traditionnel «la maison de la feuille'' et le type idéal de tradithérapie construit.

A ce titre, la construction systémique est heuristique car comme indiqué par Ladrière (1990, p.1031), "les propriétés globales les plus intéressantes d'un système, sont celles qui ont trait à son comportement évolutif".

Mode de classification des affections (nosologie)

Rituels thérapeutiques

Croyances et représentations liées à la maladie,

la santé, la guérison.

Dimension culturelle

Pratiques empiriques (phytothérapie, massage ...)

Fonctions sociales de la médecine traditionnelle.

(Guérir les maladies, maintenir la cohésion sociale).

Médecine traditionnelle

L'exercice de la médecine traditionnelle

dans des institutions sociales.

Dimension thérapeutique

Dimension sociale

Pratiques symboliques, magico #177; religieuses

Schéma récapitulatif de la construction de l'objet "médecine traditionnelle". Source : (Fontaine,1995)

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo