5.2 Le projet et les résultats attendus
5.2.1 La problématique scientifique
Les cacaoyers spontanés du sud-est de la Guyane
française ont fait l'objet de plusieurs expéditions de
prospections et de collecte entre 1985 et 1995 (Lachenaud & Sallée,
1993 ; Lachenaud et al., 1997). Les nombreuses études
menées sur ce nouveau matériel génétique (par
exemple Sounigo et al., 1996, 1999, 2001 ; Lachenaud et al.,
2000 , 2001, 2004, 2008) en ont montré la grande originalité. La
caractérisation et l'évaluation de ce matériel ont pour
but de fournir des indications pratiques aux sélectionneurs pour son
utilisation en amélioration génétique (Lachenaud et
al., 2007) ; ainsi la variabilité (diversité) pour les
critères agronomiques (vigueur, précocité, production,
"cropping-efficiency", taille des cabosses, résistance au champ
vis-à-vis des pourritures ; Lachenaud et al. 2000, 2001), la
3 En synonymie avec Ceratocystis cacaofunesta
(Engelbrecht & Harrington, 2005)
granulométrie et les caractères morphologiques
des fèves (Lachenaud & Oliver, 2005) et des fruits (Lachenaud,
2007), les caractéristiques organoleptiques (Assemat et al.,
2005) des importantes populations des bassins des rivières Camopi et
Tanpok ont été publiées. Il en est de même de
certains résultats sur la structuration génétique du
groupe dans son ensemble et des paramètres de génétique
des populations (Lachenaud et al., 1999, 2004 ; Lachenaud et Zhang,
2008). Parallèlement, l'intérêt potentiel de ce
matériel se précise dans la lutte contre les pourritures brunes,
avec la mise en évidence de clones très résistants (Paulin
et al., 2005, 2006, 2008 ; Lachenaud et al., 2007), dans la
lutte contre la maladie du balai-de-sorcière (Pires, 2003 ; Lachenaud
et al., 2007) et dans la lutte contre les mirides (N'guessan et
al., 2005, 2007). Ces organismes sont responsables de la relative
stagnation de la production cacaoyère dans toutes les zones productrices
de cacao. Il s'agit donc d'un matériel assez exceptionnel et il est
important, d'une part de poursuivre les prospections de matériel sauvage
(car il reste en Guyane des zones non prospectées) et, d'autre part, de
caractériser et évaluer l'ensemble des clones disponibles
pour leur comportement vis-à-vis de certains bioagresseurs.
Les champignons endophytes sont un groupe ancien qui a
co-évolué en symbiose avec les plantes supérieures. Il
semble que lorsque les plantes sont extraites des forêts de leurs centres
d'origine ou de diversification, ces endophytes soient perdus (Taylor et
al., 1999; Evans et al., 2003). En effet, des
échantillonnages dans des plantations de cacaoyers situées en
dehors des zones d'origine (à la fois en Afrique et Amérique)
révèlent des groupements d'endophytes très pauvres, ce qui
pourrait expliquer les nombreux problèmes sanitaires rencontrés.
En Equateur et au Panamá, les endophytes trouvés en forêt
sur des cacaoyers sauvages et naturalisés (Arnold & Herre, 2003 ;
Arnold et al., 2003) ont montré qu'ils peuvent conférer
aux cacaoyers cultivés une résistance vis-à-vis des
pathogènes (Clay, 2004). Le "centre d'origine" du cacaoyer se situe en
zone amazonienne et, par exemple, des données préliminaires de
haute-Amazonie montrent que les groupements d'endophytes du cacaoyer y
comprennent des espèces de groupes non connus comme habituellement
endophytes. Les hypothèses à tester dans le projet seront donc
que les cacaoyers des populations naturelles de Guyane hébergent des
groupements d'endophytes différents de ceux d'autres zones et que ces
endophytes pourraient être exploités dans une stratégie de
protection durable des cultures.
Cette partie du travail, à effectuer en
coopération avec le laboratoire "Systematic Botany and Mycology" de
l'USDA (Beltsville, Maryland, USA), pourrait constituer un autre projet (de
thèse), à part entière, si les premiers résultats
se révèlent encourageants.
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