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Le regard porté sur les femmes par le franciscain Jean Benedicti à  travers son manuel de confession "la somme des pechez et le remede d'icevx" (1595, réédition )

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par Lucie HUMEAU
Lyon  - Master 1 2013
  

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Cadres généraux : penser l'histoire des femmes
au XVIe siècle.

LA PLACE DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉ DU XVIE .

L'histoire des femmes au XVIe siècle est longtemps restée dans l'ombre, tout comme l'histoire des femmes, d'une manière plus générale. La gender history, en tant que sujet d'étude, n'est apparue aux États-Unis que dans les années soixante. Le développement des mouvements féministes a permis de revenir sur une histoire pensée essentiellement à travers un regard masculin. « Le souci de mettre fin à l'invisibilité et à la marginalité des femmes »1 voit le jour. Un long travail de recherches se met alors en place afin de donner ou de redonner aux femmes leur rôle dans l'histoire, de faire revivre leur statut d'actrices de l'histoire. Dans les premières années de ce mouvement, le désir de mettre en lumière la condition de la femme a conduit à produire une histoire misérabiliste s'appuyant essentiellement sur l'étude de la domination de l'homme sur la femme. L'étude des rapports hommes / femmes s'est ensuite élargie pour tenter de comprendre la place de la femme dans la société et dans l'histoire. La gender history s'est exportée des pays anglo-saxons vers la France dans les années 1970. Michelle Perrot et Fabienne Bock donnent, en 1973, un cours intitulé « Les femmes ont-elles une histoire ? ». Le courant de la gender history se diffuse en France et Michelle Perrot semble trouver une réponse à sa question dans la publication d'une Histoire des Femmes en Occident en 2002, en collaboration avec Georges Duby.

L'époque moderne est un temps où la supériorité masculine est reconnue et celle-ci est, comme le rappelle Joël Cornette, « solidement fondée, dans les pratiques et plus encore dans les représentations »2. Le discours dévalorisant sur la femme et la féminité est toujours plus important. Malgré le néoplatonisme et sa vision positive de la beauté, l'humanisme est porteur d'un anti-féminisme patent. La femme, depuis Ève, est le moyen par lequel Satan fait pécher l'homme. L'Église s'est appropriée cette idée de la femme comme un être dangereux pour l'homme et pour elle-même. C'est pourquoi elle tente de contrôler la femme au plus près. Néanmoins, il faut bien rappeler, comme le fait Marcel Bernos3 que la religion catholique n'est pas à la base de la misogynie. En effet, la misogynie ambiante, qui caractérise l'époque moderne, voit son apparition des siècles

1Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Belin, 2003 (coll. Sup histoire), p.3.

2Joël CORNETTE (dir.), 1453-1559 : Les renaissances, Paris, Belin, 2010 (coll. Histoire de France), p.570.

3Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église dans la France classique : XVIIe-XVIIIe siècle, Paris, Éditions du Cerf, 2003 (coll. Histoire religieuse de la France), p.11.

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avant le catholicisme. Marcel Bernos s'appuie sur quatre héritages qui expliquent, selon lui, l'apparent phallocentrisme de l'Église à l'époque moderne. Il montre tout d'abord que l'héritage biblique apporte une image de soumission de la femme, principalement à son mari. « La femme juive n'avait, pratiquement, de valeur que mariée, fertile et bonne gestionnaire du ménage, telle qu'elle apparaît dans le chapitre 31 des Proverbes »4. Aussi, le christianisme en lui-même n'introduit pas l'idée de domination de l'homme sur la femme mais il a pu au contraire être vécu comme une révolution en acceptant que les femmes ne se marient pas, les libérant par là même de leur fonction reproductrice. Néanmoins, comme le rappelle Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, « [c]'est tout d'abord la question de l'origine de la femme qui a fait naître ce phénomène de dévalorisation »5. En effet, la Genèse explique que, si l'homme a été fait « à l'image de Dieu » (I, 27), la femme, elle, est façonnée dans la côte de l'homme (II, 22)6. Selon Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, « [p]resque tous les auteurs font mention de cette origine, et en tirent d'éloquentes conclusions sur la supériorité masculine »7.

Mais Marcel Bernos voit trois autres héritages qui poussent les sociétés de l'époque moderne, et donc aussi les clercs et l'Église romaine, à dévaloriser la femme et la féminité. Selon lui, l'aristotélisme, le platonisme et le stoïcisme seraient des systèmes de pensée ancrés dans la culture de l'époque moderne et très peu favorables aux femmes. En effet, Marcel Bernos rappelle que l'aristotélisme considère la femme comme « un homme manqué, incomplet »8. Le platonisme introduit quant à lui une distinction entre la matière et l'esprit. Or la femme, « figur[ant] l'élément corporel, [...] devenait par là forcément inférieure »9. Enfin, le stoïcisme et son « pessimisme dans le domaine de la sexualité »10 était à son tour défavorable à la féminité. Il faut donc bien souligner que la place des femmes dans la religion catholique n'est pas celle d'une infériorité qui surgirait ex-nihilo. Cette apparente misogynie de l'Église catholique est une construction sociale qui prend racine bien des siècles avant même la naissance du catholicisme.

L'étude de la place des femmes dans la société de l'époque moderne doit prendre en compte la pauvreté des sources utilisables. Les discours portés sur les femmes sont toujours des discours orientés, qui visent quelque chose. Les proverbes doivent être étudiés avec précaution. Le théâtre est, selon Marcel Bernos, un « prisme déformant »11.

4Ibid., p.14.

5Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.7. 6Bible de Jérusalem, Paris, Éditions du Cerf / École biblique de Jérusalem, 1961, p.10-11.

7Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.8. 8Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.16.

9Ibid., p.16. 10Ibid., p.16. 11Ibid., p.18.

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Cadres généraux : penser l'histoire des femmes au XVIe siècle.

Finalement, ce même auteur souligne que « la femme en tant que telle est peu présente dans les écrits des clercs à l'époque moderne »12. Dans les manuels de confession de l'époque, la femme est peu évoquée dans la globalité du genre féminin. « Lorsqu'elle est mise en cause, par exemple à propos de ses excès de luxe ou sa sensualité, elle appartient à une catégorie très spécifique et limitée : la "mondaine", ce qui devrait nous interdire de généraliser les remarques faites à son propos à tout le "sexe" »13. Les livres publiés par des femmes et qui pourraient nous renseigner sur la place qu'elles trouvent dans la religion catholique sont trop rares pour pouvoir établir des généralités et surtout ces dernières publient peu sur des sujets religieux. Enfin, les livres écrits particulièrement sur des femmes, souvent des femmes exemplaires, par des clercs proposent une vision déformante et déformée de la réalité. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, prenant en exemple les biographies exemplaires de veuves chrétiennes, en conclut : « La plupart de ces récits à vocation édifiante se rapprochent plus du panégyrique ou du traité de vertus chrétiennes que de la biographie au sens propre du terme »14. Il faut de plus souligner avec Marcel Bernos que « [l]es clercs sont d'ailleurs loin d'être les membres les plus misogynes de la société d'Ancien Régime, leurs écrits sont souvent outrepassés, jusqu'au coeur du XIXe siècle, par ceux de la plupart des juristes, réduisant les femmes à l'état de mineures, de nombreux philosophes [...] ou de médecins [...] »15. L'étude de la vision qu'a la société de l'époque moderne des femmes doit donc aborder toute source avec une précaution accrue afin de ne pas faire de contresens sur la signification d'un écrit ou d'une image.

Le discours des clercs de l'époque moderne sur la femme est fréquemment, comme le rappelle Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, un discours de la peur. « Cette peur a des origines lointaines, l'attitude masculine à l'égard de la femme ayant toujours été contradictoire, oscillant entre attirance et répulsion, émerveillement et hostilité »16. Une partie des auteurs appartenant à l'Église catholique souligne l'identification de la femme à Satan. Cette identification « n'est donc pas nouvelle mais, formulée avec une malveillance particulière dès le début du XVIe siècle, elle est diffusée comme jamais auparavant grâce à l'imprimerie »17. De cette identification découle une justification de la subordination de la femme au mari, c'est pourquoi il est très important de comprendre les origines de l'assimilation de la femme au diable. Ève, la mère de l'humanité, est

12Ibid., p.18. 13Ibid., p. 19. 14Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.19. 15Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.21.

16Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.7. 17Ibid., p.7.

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tenue par beaucoup de clercs comme la responsable de la chute du genre humain. Dès le IIIe siècle, Tertullien, dans le De cultu feminarum, énonce sentencieusement : « C'est toi la porte du diable [...]. C'est toi qui la première as déserté la loi divine ; c'est toi qui as circonvenu celui auquel le diable n'a pu s'attaquer ; c'est toi qui es venue à bout si aisément de l'homme, l'image de Dieu »18. Ève porte ici l'unique responsabilité du péché originel, cause de la déchéance des hommes. Pour cette raison, l'auteur « la condamne à toujours porter le deuil, à être couverte de haillons et à s'abîmer dans la pénitence »19. De nombreux théologiens et prédicateurs reprennent ce topos : Ève, la femme, est la cause du mal. Le Marteau des Sorcières puise ses démonstrations dans de grands auteurs tels Platon, Aristote, Galien ou encore Cicéron. Tertullien, au livre II du De cultu feminarum, se plaint d'une manière virulente des femmes qui se fardent, c'est-à-dire qui ajoutent « le factice [qui] est l'affaire du Diable » à la « nature, oeuvre de Dieu »20. Il s'avère en effet que l'apparat est, dans la culture occidentale de l'époque moderne, un signe d'orgueil et donc de connivence avec le diable. La femme serait donc en contact, pour ainsi dire constant, avec les forces maléfiques. Marcel Bernos affirme qu'il y a « dans l'attitude de l'homme, y compris de l'homme d'Église, à l'égard des femmes, une ambivalence que la psychanalyse contemporaine permet d'élucider quelque peu »21. L'homme de l'époque moderne serait tiraillé entre deux visions de la femme, deux couples opposés. Ève serait l'image de la mère mauvaise tandis que Marie serait la représentation de la bonne mère. De la confrontation entre ces deux images de la femme naîtrait « [l]a peur spontanée, physique de la femme [qui] est dramatisée par un instinct incompris et donc par la crainte surnaturelle d'être perdu par elle, comme le furent Adam, David, Salomon, Samson et tant d'autres »22.

Nous pouvons nous arrêter quelques instants sur ces grandes figures de la Bible qui ont péché par la femme. Adam tout d'abord, le premier homme, qui aurait péché par un trop grand amour pour sa femme, Ève. Deux théories s'opposent, au sein de l'Église catholique, afin de déterminer qui d'Ève ou d'Adam a réellement commis le dommage irréparable qui entraîna la chute de l'homme hors du Paradis. Ainsi, Sprenger, dans son Malleus Maleficarum, soutient que « [s]i le Diable conduisit Ève au péché, c'est Ève qui séduisit Adam [...]. Le péché d'Ève ne nous aurait pas conduits à la mort de l'âme et du corps, s'il n'avait pas été suivi par la faute d'Adam à laquelle l'entraîna Ève et non le

18Cité dans Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.75.

19Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.9.

20Cité dans Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.75.

21Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.73.

22Ibid., p.74.

Cadres généraux : penser l'histoire des femmes au XVIe siècle.

diable »23. Néanmoins, un des plus grands théologiens de l'Église catholique, saint Thomas d'Aquin, affirme lui que « [l]e péché n'est pas entré dans le monde par la femme mais par l'homme »24. Sa démonstration est simple et s'appuie sur les croyances de son temps : si l'homme est supérieur à la femme, il était en sa responsabilité de détourner Ève du péché ou tout du moins, de ne pas se laisser aller à la tentation du péché pour lui-même. Adam est donc au moins tout autant responsable de la chute de l'humanité que sa compagne Ève. Cette idée est reprise en 1566 dans le catéchisme du concile de Trente qui parle du « péché du premier homme »25, c'est-à-dire d'Adam.

Les autres grandes figures qui ont été tentées par la Bible ne sont pas moins importantes qu'Adam. En effet, David, deuxième roi d'Israël, est un grand personnage de l'Ancien Testament. Il est protégé de Dieu mais ne réussit pas à éviter la tentation du péché, représentée dans la femme d'un de ses soldats, Bethsabée. David, voyant cette très belle femme depuis sa terrasse, envoie des hommes la chercher et couche avec elle. Mais Bethsabée se trouve enceinte suite à ce viol. David, afin de cacher cet acte, fait chercher Urie le Hittite, le mari de Bethsabée, qui est parti en guerre. Son dessein est qu'il couche avec sa femme afin de faire croire à sa paternité de l'enfant à naître. Mais, Urie ne descend pas dans sa maison. « Il dormit dehors ce soir-là pour partager de loin la misère de ses camarades de combat »26. David, de dépit, envoie ce soldat seul au front, afin qu'il meure. Mais Dieu connaît le péché de David et punit le couple adultère en faisant mourir l'enfant du péché. Néanmoins la grâce divine revient sur le couple puisque Bethsabée « mit au monde un fils auquel elle donna le nom de Salomon »27.

Salomon, ce roi de sagesse loué par la Bible, sème la discorde dans son royaume en acceptant la polygamie et en se mariant avec des femmes qui introduisent des cultes païens dans son État. Il semble donc que la femme ait réussi à faire pécher l'homme dont la sagesse est reconnue par Dieu même. Nul homme ne semble à l'abri des tentations des femmes. Celles-ci influencent le coeur de ceux qui les aiment en les détournant du chemin de la gloire de Dieu.

Enfin, Samson, une force de la nature, un homme qui ne se laisse tromper par aucun ennemi, est trompé par Dalila, une femme qui l'avait séduit. En effet, il révèle à cette dernière, qui travaille contre lui, le secret de sa force. Samson est pourtant présenté comme un homme rusé puisqu'il déjoue par trois fois les pièges que Dalila lui tend.

23Cité dans ibid., p.77.

24Cité dans ibid., p.78.

25Cité dans ibid., p.77.

26Jacqueline KELEN, Les femmes de la Bible : les vierges, les épouses, les rebelles, les séductrices, les prophétesses, les

prostituées..., Paris, Éditions du Relié, 2007 (coll. Sagesses), p.40.

27Bible de Jérusalem, op. cit. [note n°6], 2 Samuel 12, 24.

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Néanmoins, à la quatrième fois, la ruse de la femme l'emporte. Dalila lui dit : « Comment peux-tu dire que tu m'aimes, alors que ton coeur n'est pas avec moi ? Voilà trois fois que tu te joues de moi et tu ne m'as pas fait connaître d'où vient que ta force est si grande »28. La trahison de cette femme ne s'arrête pas à l'extorsion de son secret puisqu'elle va jusqu'à couper les cheveux de son amant, le privant ainsi de toute force. Nous voyons donc que la Bible, et particulièrement l'Ancien Testament, est plein d'histoires mettant en scène des femmes perverses ou provoquant le péché des hommes, même les meilleurs. Il peut donc sembler légitime que « très tôt, des moralistes chrétiens se soient méfiés de la femme considérée comme une menace pour l'homme, et donc pour eux-mêmes »29.

L'homme « est tout ensemble attiré par la femme, vers laquelle le pousse son instinct ; et il éprouve une répulsion que peuvent motiver des principes inculqués, des traumatismes de son histoire personnelle inconsciente, ou encore la force même de l'attirance ressentie, dont il constate qu'elle est capable de lui faire "perdre la raison" »30. Afin de se protéger de la femme, les hommes d'Église vont formaliser des règles qui doivent régir la vie de toute chrétienne. Ils vont tenter de structurer la vie des femmes et de leur imposer un cadre dans lequel elles pourront se mouvoir. Les clercs, dans cette tentative d'ordonner la vie du sexe féminin, s'appuient sur des cadres préexistants dans la société civile dans laquelle ils vivent, pensent et écrivent. Ils ne sont pas les seuls instigateurs de la subordination des femmes. Néanmoins, nombreux sont ceux qui théorisent que les chrétiennes doivent « être, dans tous les domaines, passives, discrètes et obéissantes »31. La modestie est l'attitude « réputée la plus convenable et conforme à leur nature »32. La modestie est définie dans le Furetière, grand dictionnaire du XVIIe siècle comme un « substantif féminin. Pudeur, retenue. La modestie sied bien sur le visage d'une jeune fille »33. Aussi, la modestie est assimilée à la femme sans détour.

Une autre attitude demandée à la femme est celle de la subordination à l'homme et notamment à son mari. Ainsi, saint Paul a-t-il pu commander : « Que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur : en effet, le mari est chef de sa femme, comme le Christ est chef de l'Église, lui le sauveur du Corps ; or l'Église se soumet au Christ ; les femmes doivent donc, et de la même manière, se soumettre en tout à leurs

28Ibid., Livre des Juges 16.

29Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.74.

30Ibid., p.74.

31Ibid., p.26.

32Ibid., p.26.

33Antoine FURETIERE, Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les

termes de toutes les sciences et les arts,Tome II, La Haye et Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690, p.646 [disponible sur le

site < http://books.google.fr/books?id=4iAlACqi88cC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false>] (consulté le 12 novembre

2012 pour l'article « Modestie »).

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maris »34. Nous pouvons nuancer de suite ce propos repris comme tel par de nombreux théologiens de l'époque voire jusqu'aujourd'hui, afin de présenter l'Église catholique comme vecteur de la misogynie. En effet, saint Paul semble revendiquer pour les femmes une contrepartie à cette soumission. Il poursuit de fait son discours par ces mots : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Église : il s'est livré pour elle [...]. De la même façon les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps »35. Mais les théologiens ont manifestement plus souvent repris la première allégorie conjugale que son pendant. Cette affirmation de saint Paul « est devenue le fondement du dogme de la subordination de la première au second »36 comme le souligne Scarlett Beauvalet-Boutouyrie. Cette subordination est justifiée de plus par la faiblesse de la femme qui, si elle devait se diriger seule, tomberait dans le péché tout comme Ève. Cette faiblesse des femmes serait due aux défauts qui leur sont traditionnellement attribués : elles seraient « instables », « bavardes », « vaines », « impulsives, voire agressives » et « finalement, plus grave peut-être, dans la mesure où l'attitude qu'on attend d'elles reste la soumission, un esprit "libertaire" [...], c'est-à-dire revendiquant leur autonomie, voire leur indépendance par rapport à l'autorité masculine » 37. Ces défauts attribués au sexe féminin viennent d'une lecture de la Bible orientée mais aussi des représentations des femmes dans la société de l'époque moderne. Néanmoins, Marcel Bernos rappelle que certains clercs « tiennent un discours plus favorable sur les femmes, leur reconnaissant piété, douceur, patience »38. De plus, les femmes auraient selon lui « intériorisé les préjugés masculins sur leurs qualités et leurs défauts, sur leur "nature", sur les rôles qu'elles étaient capables de jouer, les fonctions qu'elles pouvaient exercer »39.

Il faut donc, afin de contrôler cette « nature » féminine, que les jeunes filles trouvent un mari, qui pourra les diriger dans leur vie. Le mariage est un acte social qui engage toute la vie de l'homme. Il a, dès l'Ancien Testament, deux visages. Dans les Proverbes, nous pouvons voir une vision élogieuse du mariage : « Trouver une femme, c'est trouver le bonheur, c'est obtenir une faveur de Yahvé »40 dit le texte. Mais quelques pages plus loin, nous trouvons ces avertissements : « Mieux vaut habiter en un pays désert qu'avec une femme acariâtre et chagrine »41. Le mariage est donc un passage

34Bible de Jérusalem, op. cit. [note n°6], Épître aux Éphésiens. 5, 22-24.

35Ibid., Épître aux Éphésiens. 5, 25-28.

36Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.8.

37Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.51.

38Ibid., p.52.

39Ibid., p.54.

40Bible de Jérusalem, op. cit. [note n°6], Proverbes, 18, 22.

41Ibid., Proverbes, 21, 19.

obligé pour qui veut atteindre le bonheur mais il comporte des risques importants pour celui qui choisirait mal sa partenaire. Sa vision évolue au XVIe siècle, sous la poussée de plusieurs courants. Sara Matthews Grieco affirme que « [l]a réhabilitation de la vie maritale par les humanistes et les réformateurs eut comme conséquence un élargissement des buts qu'on lui attribuait. La procréation d'enfants et le soulagement de la concupiscence - pendant longtemps les fins premières reconnues au mariage - firent place à une promotion de l'amitié au sein du couple et à une conception de l'épouse comme une consolatrice »42. L'Église catholique pose les jalons que doivent suivre les couples désirant se marier. Déterminant les interdits et le rituel du mariage, elle cherche à contrôler nettement ce sacrement car « [m]ariage signifie aussi famille, cellule de base de la société »43.

Les interdits concernent les degrés de parenté auxquels les futurs époux doivent se conformer. André Burguière précise : « À côté des interdits produits par la consanguinité et par l'affinité (la parenté avec les consanguins du conjoint) auxquels [la doctrine chrétienne] donne beaucoup plus d'extension que le droit romain ancien, elle a inventé d'autres catégories de parenté interdisant le mariage : comme la parenté d'honnêteté contractée par une relation illégitime ou l'affinité spirituelle »44. Le même auteur explique que « [l]'affinité spirituelle constitue un apport original de la vision chrétienne à l'idéologie de la parenté. [...] Le rituel du baptême [...] crée entre le prêtre qui baptise, le parrain et leurs proches parents une parenté d'un type nouveau qui concurrence la parenté charnelle »45.

Au XVIe siècle, un événement de taille vient affiner les positions de l'Église catholique sur le mariage. En effet, la réforme protestante impulse une réforme de l'Église catholique qui cherche alors à réaffirmer, et parfois à redessiner, ses fondements afin de mieux se distinguer de ceux qui sont considérés comme des hérétiques. Ce besoin de réforme donne naissance au concile de Trente qui se déroule de 1545 à 1563 et qui constitue une pierre angulaire de la doctrine chrétienne. Le concile de Trente confirme la proscription des mariages entre des parents sous le quatrième degré de parenté inclus, ce qui avait déjà été décidé en 1215, lors du concile de Latran IV. Lucien Bély souligne que « les questions de la publicité du mariage et du consentement

42Sara F. MATTHEWS GRIECO, Ange ou Diablesse : la représentation de la femme au XVIe siècle, Paris, Flammarion, 1991 (coll. Histoires), p.212.

43Ibid., p.218.

44André BURGUIERE, Le Mariage et l'Amour : en France, de la Renaissance à la Révolution, Paris, Seuil, 2011 (coll. L'univers historique), p.221.

45Ibid., p.221-222.

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Cadres généraux : penser l'histoire des femmes au XVIe siècle.

des parents ne furent abordées qu'en 1563 au cours de la XIVe session »46, signe que ces questions soulèvent de nombreux débats. Il existe notamment un point d'achoppement sur ces questions entre le roi de France Henri II et la papauté. En effet, le roi de France souhaite la nullité des mariages clandestins, ce que le concile ne reconnaîtra pas. Cependant, « [a]près de longs débats, conduits sous la pression des prélats français et des ambassadeurs du Roi très chrétien, les Pères adoptèrent le fameux décret Tametsi qui, rompant avec la doctrine classique, faisait du mariage un acte solennel. Le décret rappelait les exigences déjà formulées par le concile de Latran : la publication des bans destinés à annoncer le mariage et à révéler d'éventuels empêchements pendant trois dimanches consécutifs, puis la célébration publique devant le "propre curé" (celui de la paroisse des époux) et en présence de deux témoins. Mais cette fois le défaut de ces formes constituait un empêchement dirimant qui permettait l'annulation du mariage. En outre, le décret prescrivait à chaque curé de tenir un registre dans lequel il enregistrerait le nom des conjoints pour servir de preuve »47. Le curé se trouve donc au coeur de cette union qu'est le mariage et cela malgré le fait que l'autorité royale tente d' « empiét[er] sur le terrain des règles canoniques »48. Les conditions pour accéder au sacrement du mariage sont précisées et durcies. De plus, « le concile de Trente qui entend appliquer avec plus de rigueur les dispositions canoniques sans modifier pour autant la doctrine des empêchements, a cherché à réduire la pratique des dispenses et même à la supprimer complètement pour les parentés proches »49. André Burguière souligne qu'« [à] partir du XVIe siècle, la mise en place d'un nouvel encadrement religieux de la vie familiale permet à ce qui n'était alors qu'un corps de doctrine de se transformer en un dispositif d'interdictions assez strictement respectées. Les réformes religieuses du XVIe siècle placent la vie sexuelle et familiale de l'ensemble de la population sous le contrôle du clergé et de l'autorité civile »50. En effet, même si les dispositions du concile de Trente n'ont pas été reçues officiellement en France, elles sont rapidement appliquées dans les diverses paroisses françaises. Un clergé renouvelé et à nouveau conscient de sa mission prend à coeur de restaurer son autorité, notamment dans le domaine du mariage.

Cette mise au point formelle n'empêche pas de nombreux débats autour du mariage, et notamment autour de l'amour conjugal. Paul a comparé l'amour conjugal à l'amour qui liait le Christ à l'Église. En effet, il dit : « Maris, aimez vos femmes comme

46Lucien BELY (dir.), Dictionnaire de l'Ancien Régime : royaume de France XVIe-XVIIIe siècle, Paris, PUF, 2010 (rééd.) (coll.

Quadrige), article « Mariage ».

47Ibid., article « Mariage ».

48Ibid., article « Mariage ».

49André BURGUIERE, op. cit. [note n°44], p.225.

50Ibid., p.226-227.

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le Christ a aimé l'Église [...] »51. Marcel Bernos pense que « [c]ette comparaison a pesé lourdement sur le mariage chrétien. Positivement, elle a donné au mariage une dignité quasi sacrée qui fait que même les clercs les plus méfiants à l'égard de la sexualité ne peuvent condamner le lieu de son exercice devenu sacrement. [...] Négativement, cette relation a été placée à un tel niveau d'exigence que la situation des gens mariés est apparue difficile à assumer intégralement et qu'elle a été ressentie comme un enfermement par l'opinion générale, surtout profane. »52. L'amour conjugal pose aussi problème aux gens d'Église pour qui il existe une rivalité entre l'amour éprouvé pour son conjoint et l'amour de Dieu, qui prime à leur yeux. Cette vision s'exprime jusque dans les dictionnaires de l'époque puisque le Furetière affirme que « L'amour divin est le seul qui doit nous enflammer »53. L'amour conjugal est vu comme un danger car il peut faire glisser le couple dans le péché. De plus, Marcel Bernos remarque que « lorsqu'ils parlent de l'amour conjugal, les clercs, presque inconsciemment, centrent leur réflexion, on pourrait dire - au double sens du terme - leur appréhension, sur la sexualité »54. Le deuxième temps de la définition du mot « amour » dans le dictionnaire d'Antoine Furetière est lui aussi centré sur cet aspect, il y est dit en effet : « AMOUR, se dit principalement de cette violente passion que la nature inspire aux jeunes gens de divers sexes pour se joindre, afin de perpétuer l'espèce »55. Or l'amour-passion doit à tout prix être évité puisqu'il est déjà en lui-même une marque du péché.

La sexualité dans le couple est une question qui dérange les clercs de l'époque, « qu'une obsédante pédagogie de la continence [...] a rendus plus méfiants à l'égard du "sexe" (féminin), principalement chez ceux qui gardaient la plus haute idée de la chasteté et voulaient y conformer strictement leur vie »56. Néanmoins, cette question n'est pas un thème central dans les manuels de confession. Elle est abordée principalement aux chapitres concernant les sixième et neuvième commandements : « Luxurieux point ne seras » et « OEuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement ». Marcel Bernos précise : « Dans l'Enchiridion, de Navarre, l'un des plus grands casuistes du XVIe siècle, les passages touchant de près ou - le plus souvent - de loin au "sexe" représentent moins de 4% des 830 pages de l'ouvrage »57. Malgré cette

51Bible de Jérusalem, op. cit. [note n°6], Épître aux Éphésiens. 5, 25.

52Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.120.

53Antoine FURETIERE, Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les

termes de toutes les sciences et les arts, Tome I, La Haye et Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690. [disponible sur le site

< http://books.google.fr/books?id=4FU_AAAAcAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false>] (consulté le 14 novembre

2012 pour l'article « Amour »).

54Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.122.

55Antoine FURETIERE, Dictionnaire universel..., Tome I, op. cit. [note n°53], article « Amour ».

56Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.74.

57Ibid., p.135.

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Cadres généraux : penser l'histoire des femmes au XVIe siècle.

« peur » des clercs face à la sexualité conjugale, « [l]'instinct sexuel [...] est reconnu par les théologiens »58. La sexualité est acceptée de plus en tant que passage obligé de la procréation. Cela entraîne, de la part des clercs, de nombreuses recommandations afin que la finalité procréatrice de l'acte sexuel soit observée. Néanmoins, ces recommandations suivent toujours le principe de discrétion qui s'impose à l'époque dans le confessionnal. Il ne faut pas risquer en effet d'en apprendre plus que de raison à un être « innocent ».

La femme mariée, c'est enfin, la femme au foyer, la mère, qui perd le caractère inquiétant de la femme seule, sans guide pour ainsi dire. Selon Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, « [l]e modèle féminin qui [...] est présenté - une épouse associée aux intérêts de son mari, alliant douceur et activité, dévouement et chasteté, et qui, épouse et mère, trouve ses satisfactions et son épanouissement dans le cadre familial - connaît une diffusion croissante dès la première moitié du XVIe siècle »59. De plus, la diffusion large des idées du concile de Trente permet de propager l'idée d'une union spirituelle des époux. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie peut donc dire que « [l]es clercs faisant du couple Christ-Église le modèle que tout couple humain doit suivre, les époux sont appelés à être chastes, charitables, fidèles, patients, indulgents »60. Les guides ou les manuels de vie diffusent ces idéaux d'un mari qui est « invité à renoncer à jouer les injustes tyrans » et de femmes qui « pourront tirer de leur soumission un moyen de sanctification, même lorsque cette voie apparaît difficile »61. Ces thèmes sont repris dans l'iconographie de l'époque. Sara F. Matthews Grieco remarque qu'au cours du XVIe siècle, « l'iconographie des mois connaît une transformation significative à ce propos car elle devient domestique. [...] Les représentations du "Mois de janvier", par exemple, occultent la vie à l'extérieur pour évoquer la chaleur du foyer et l'intimité conjugale »62.

Une autre figure de la femme que l'Église cherche à normer pour la contrôler est celle de la veuve. En effet, le statut de la veuve n'est pas bien délimité. Elle n'est plus sous le contrôle d'aucune tutelle. Or « [l]a totale liberté d'une femme semblait suspecte aux mentalités du temps, et la porte de la licence »63. Selon Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, « [o]n la devine alors capable de transgresser l'ordre établi et de remettre en cause la norme. De plus, en tant que femme, la veuve est d'autant plus redoutée qu'elle a connu la chair »64. Si ce même auteur affirme que la veuve a « la réputation d'une femme

58Ibid., p.136.

59Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.14.

60Ibid., p.13.

61Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.146.

62Sara F. MATTHEWS GRIECO, op. cit. [note n°42], p.216-217.

63Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.175.

64Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.17.

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sensuelle dont il faut canaliser les instincts »65, Marcel Bernos, lui, souligne que les veuves sont surreprésentées dans les déclarations de grossesses illégitimes. Il en conclut que « cela explique peut-être pourquoi les confesseurs se montrent soupçonneux sur leur vie sexuelle »66. L'Église catholique se soucie donc particulièrement de contrôler la vie sexuelle des veuves. Elle leur offre pour cela de nombreux modèles de veuves qui ont fait de leur état « un progrès sur le chemin de la perfection chrétienne, la mort du mari [...] permettant de s'élever de la terre vers le ciel »67. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie souligne de plus qu'une identification a lieu entre la figure de la Vierge Marie et la veuve. « Libérée des devoirs conjugaux, elle renoue avec la pureté des vierges »68. Marcel Bernos analyse que « [l]es veuves continentes ont un mérite plus grand que les vierges en ce qu'elles se privent volontairement d'un plaisir qu'elles ont pu connaître et goûter »69. Cela amène les clercs à célébrer « les "vraies veuves", c'est-à-dire celles qui, après la dissolution de leur mariage, se détachent du monde et renoncent à tout autre engagement pour se consacrer à leur famille, à l'éducation de leurs enfants et à leur avancement spirituel »70. Mais les contemporains voient bien que ce modèle ne peut s'appliquer à toutes les femmes veuves du fait de la difficulté à survivre et à subvenir aux besoins de leurs enfants seules. Lucien Bély souligne : « Ne vivent guère isolément d'une manière habituelle que les veuves ; elles sont souvent pauvres, voire dans la misère »71. La nécessité du remariage est donc présente dans la société de l'époque moderne. L'Église catholique a une position pragmatique à ce sujet, et si « elle ne recommande pas le remariage, elle ne le condamne pas non plus, s'adaptant aux circonstances »72. La veuve doit donc pleurer son époux un temps puis envisager le remariage.

Si l'Église cherche à contrôler la sexualité et la liberté de la veuve, elle a aussi un rôle protecteur non négligeable et fortement présent dans les écrits dès les origines du catholicisme. En effet, il existe dans l'Ancien Testament de nombreuses figures de veuves : Judith, Tamar, Bethsabée ou encore Ruth. Selon Jacqueline Kelen, « [e]lles apparaissent comme des terres désertées, souvent stériles ; elles se tiennent dans le silence mais non dans le désespoir, et souvent ce sont elles qui témoignent de la foi, qui apportent la consolation »73. L'auteur choisit dans ses exemples (la veuve de Sarepta et

65Ibid., p.17.

66Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.175.

67Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.17.

68Ibid., p.17.

69Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.181.

70Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.17.

71Lucien BELY (dir.), op. cit. [note n°46], article « Familles ».

72Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.21.

73Jacqueline KELEN, op. cit. [note n°26], p.85.

Cadres généraux : penser l'histoire des femmes au XVIe siècle.

le prophète Élie, Ruth et Booz, Sarra et ses sept maris) de mettre en exergue la piété des veuves dans la Bible et l'aide qui leur est accordée par un prophète ou directement par Dieu. L'Église a de la compassion pour cette veuve qui se trouve « sans l'appui masculin du père ou du mari, [...] désarmée, vulnérable, en péril aussi bien sur le plan matériel que moral »74. Dans l'épître de Jacques, nous pouvons voir cette compassion : « La dévotion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde »75. La solitude de la veuve et la lourde charge qui lui incombe sont reconnues par les clercs qui ont donc fait en sorte de la protéger. Depuis le concile de Mâcon en 585, l'évêque a même comme mission officielle de défendre les veuves. En effet, l'article 12 du concile note : « Défense aux juges laïques, sous peine d'excommunication de juger les causes des veuves et des orphelins, sinon en présence de l'évêque ou de son archidiacre, ou de quelque prêtre de son clergé »76. Cette compassion amène parfois l'official à recevoir « avec bienveillance leurs demandes de dispense pour consanguinité en vue d'un remariage, surtout lorsque la veuve [...] a des enfants d'un premier lit et peut difficilement les élever seule »77. Néanmoins, « [l]e meilleur destin qui s'impose à ces femmes, aux yeux des clercs, c'est depuis longtemps l'entrée au couvent »78.

Les femmes qui entrent en religion représentent une minorité de femmes par rapport au reste de la population féminine. Néanmoins, leur rôle n'est pas à négliger car elles ont parfois une action dans la société supérieure à celle de leurs congénères. Un point est souligné par de nombreux auteurs : les femmes qui ont choisi de s'engager en religion, qui ont donc fermé la porte du mariage, ne peuvent pourtant pas vivre sans contact avec les hommes. L'intervention masculine est souvent celle d'un religieux du même ordre que celui choisi par ou désigné à la femme qui prend l'habit de religieuse. Les auteurs de l'Histoire des femmes en Occident soulignent que « [l]eur intervention avait un caractère disciplinaire et organisateur, mais [qu']elle concernait avant tout le fonctionnement du ministère sacerdotal, donc la célébration de la messe et l'administration des sacrements, et la direction spirituelle de la collectivité aussi bien que celle de l'individu »79. Les femmes « n'appartiennent pas à proprement parler au clergé, mais mises à part du monde comme lui, elles ne peuvent être considérées comme

74Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.173.

75Bible de Jérusalem, op. cit. [note n°6], Épître de Jacques I, 27.

76Cité dans Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.174.

77Ibid., p.176.

78Ibid., p.177.

79Natalie ZEMON DAVIS, Arlette FARGE (dir.), Georges DUBY (dir.), Michelle PERROT (dir.), Histoire des femmes en

Occident : tome III : XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Perrin, 2002 (coll. Tempus), p.194.

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des femmes ordinaires par les gens d'Église »80. Marcel Bernos distingue trois types de relations entretenues par le clergé avec les religieuses. Nous allons mettre en lumière chacune d'entre elles.

L'auteur de Femmes et gens d'Église dans la France classique. XVIIe-XVIIIe siècle signale en premier lieu la relation de collaboration « pour une grande oeuvre comme une fondation ou une réforme d'ordre ou de congrégation »81. La nomination des abbesses a été soumise à l'autorité royale à l'époque moderne. Le concile de Trente se permet cependant de redéfinir les conditions que doit remplir la postulante. Celle-ci doit « être âgée de quarante ans au moins et avoir huit ans de profession. Le concile insista aussi sur l'obligation d'un strict examen des vocations, afin de garantir leur liberté, la nécessité de la clôture et le rétablissement de la discipline »82. Lucien Bély souligne néanmoins que « cette prescription du concile de Trente ne fut guère appliquée »83. Les abbesses semblent se trouver dans une position d'égalité avec leurs équivalents masculins. En effet, tout comme eux, « [e]lles portaient la croix pectorale, l'anneau et la crosse »84. Pour la fondation d'un ordre de séculières, « l'intervention d'un prêtre, séculier ou religieux, devient vite nécessaire. Cet homme est impérativement utile, ne serait-ce que pour rédiger les constitutions ou les présenter aux autorités supérieures [...] »85. Lucien Bély met en valeur le fait que les « premières fondatrices sont souvent des veuves appartenant à la robe ou à la finance parisienne ou provinciale [...] »86. Néanmoins, « la plupart des évêques tiennent expressément à garder les religieuses en leur obédience » ce qui mène à des conflits dès lors que ce dernier « tente d'introduire ou de soutenir une réforme dans un monastère »87.

Le deuxième type de relation que distingue Marcel Bernos est celle « d'autorité, parce qu'ils [les clercs] sont leurs "chefs" »88. Cet auteur dresse un portrait de la vision que semblaient avoir ces derniers à l'époque : « Enfermées, elles courent moins de risques que leurs soeurs demeurées dans le monde. Mais elles n'ont probablement pas perdu totalement leur caractère congénitalement instable, ni l'inaptitude propre à leur sexe, si ce n'est d'acquérir des connaissances, du moins d'en supporter moralement le poids sans sombrer dans la vanité »89. L'application des décrets du concile de Trente

80Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.205. 81Ibid., p.205.

82Lucien BELY (dir.), op. cit. [note n°46], article « Abbayes ».

83Ibid., article « Abbés, abbesses ».

84Ibid., article « Abbés, abbesses ».

85Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.205. 86Lucien BELY (dir.), op.cit. [note n°46], article « Séculières ».

87Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.212. 88Ibid., p.205.

89Ibid., p.240.

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Cadres généraux : penser l'histoire des femmes au XVIe siècle.

change profondément le rapport des clercs et des religieuses, notamment celles vivant dans les monastères. En effet, ces derniers « fonctionnèrent de plus en plus au profit de la politique ecclésiastique centrale, aux dépens de la communauté de leur ville et de la politique familiale. [...] Les monastères devinrent de véritables "instituts de perfection" »90. La contrainte exercée par l'Église romaine et relayée par le clergé français se fait de plus en plus forte. Les monastères avaient une fonction régulatrice en absorbant en quelque sorte le surplus de femmes qui ne trouvaient pas à se marier dans le monde et qui étaient donc dirigées par leur famille vers le mariage spirituel. Or « [d]ès l'ère moderne, marquée du début jusqu'à la fin par une violence guerrière non seulement locale mais européenne, la demande de femmes sur le marché matrimonial se ralentit, parallèlement au pouvoir d'achat des hommes »91. De nombreuses femmes sont donc entrées dans les ordres, sans vocation réelle. Elles se sont installées dans les couvents en y amenant leurs habitudes et parfois de la compagnie. Elles ne suivent pas les mêmes règles que l'ensemble des moniales. De plus, il existait « un contact vivant entre religieuses et population citadine »92 du fait de l'ingérence financière des pères des femmes placées dans les couvents et parfois de la manière dont les religieuses subvenaient à leurs besoins : la quête. Le concile de Trente va tenter de réguler ces contacts avec le monde en imposant la clôture. Lucien Bély affirme que « [d]es tentatives pour échapper à cette contrainte tournent court »93. Le concile de Trente impose de plus que les religieuses dorment « seules ou à plusieurs, mais jamais plus à deux. Par là même disparut la possibilité de cultiver des liens intimes et affectifs, et ce fut assurément une perte considérable »94 notent Natalie Zemon Davis et Arlette Farge. Ces auteurs montrent de plus que « [m]urs élevés, lourdes portes, serrures et barreaux nombreux, prescrits dans leurs moindres détails, ne laissaient planer aucun doute sur les adieux définitifs faits au monde par les épouses du Christ »95. Le troisième type de relation entre les clercs et les religieuses, à savoir « d'écoute, lorsqu'ils sont amenés à les entendre en confession »96 sera abordé plus loin.

Dans ce mouvement de reprise en main des mouvements religieux féminins, le mysticisme fait figure de sacrifié. En effet, ce mouvement, qui a rencontré un grand écho chez les femmes, a été assez brutalement évincé de la scène religieuse. Ce courant tire ses racines d'une femme, Catherine de Gênes, morte en 1510. Sa diffusion en Europe

90Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op.cit. [note n°79], p.192.

91Ibid., p.191.

92Ibid., p.192.

93Lucien BELY (dir.), op. cit. [note n°46], article « Séculières ».

94Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op. cit. [note n°79], p.194.

95Ibid., p.193.

96Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.205.

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se fait dans un temps de tolérance et de retour à un contact plus étroit avec Dieu. Les femmes ont tout particulièrement investi ce courant qui faisait surgir une union physique avec Dieu. « Les mystiques, hommes ou femmes, se distinguent par le désir irrésistible d'un contact le plus intense possible avec le divin plutôt qu'avec la société qui les entoure »97 expliquent Natalie Zemon Davis et Arlette Farge. Elles affirment que « [d]ans nul autre secteur de la culture spirituelle occidentale les femmes n'ont joué un rôle aussi incontestable que dans celui du mysticisme, dans nulle autre branche de la science que dans celle de la "science divine" »98. La « relation d'amour directe avec un Dieu personnel »99 et la « grande importance [accordée] à l'imagination et à la faculté de perception des sens » vont « à l'encontre du processus de "civilisation" en cours dans la culture bourgeoise [...] »100. Les mystiques gênent par leurs démonstrations de piété trop ardentes et elles sont renvoyées à des activités moins spectaculaires.

Le dernier secteur de la vie féminine qui subit l'influence de l'Église catholique est l'éducation des filles et des jeunes femmes. La XXIVe session du concile de Trente, du 11 novembre 1563, établit « la base de l'instruction religieuse de la jeunesse »101 à savoir, le catéchisme, « véritable tronc commun pour les enfants, riches ou pauvres, garçons et filles »102. Natalie Zemon Davis et Arlette Farge considèrent que « [l]es vérités de la religion et les rudiments de l'alphabétisation qu'elle colporte ne sont pas présentés sous des jours radicalement différents aux filles et à leurs frères »103. Les manuels peuvent être considérés comme "unisexe". Néanmoins, « le catéchisme effectivement enseigné aux filles se développe à part de celui des garçons »104. Les auteurs soulignent tout d'abord une séparation physique, la non mixité étant respectée dans la mesure du possible, même si elle est restée illusoire dans les campagnes. Marcel Bernos montre de plus que la formation intellectuelle des femmes « est distincte de celle des garçons par le contenu, les méthodes et les lieux où elle est dispensée »105. Le contenu s'appuie sur les objectifs prévus de la formation, à savoir, préparer la jeune fille à son futur rôle d'épouse et de mère. Ainsi, « [e]n dehors de savoir lire, écrire et compter pour pouvoir lire des livres de piété et tenir la gestion de la famille, il suffisait de les entraîner à la modestie, d'exercer leur docilité et de leur apprendre la couture et quelques autres activités "seyant à leur sexe", afin qu'elles deviennent des épouses soumises

97Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op. cit. [note n°79], p.200.

98Ibid., p.199.

99Ibid., p.200.

100Ibid, p.201.

101Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.108.

102Ibid., p.108.

103Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op. cit. [note n°79], p.151.

104Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.108.

105Ibid., p.101.

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Cadres généraux : penser l'histoire des femmes au XVIe siècle.

capables de tenir le ménage, des mères dévouées ou des nonnes obéissantes »106. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie insiste sur le fait que « la confrontation des deux confessions a activé la prise de conscience. Le concile de Trente rappelle aux évêques et aux curés la nécessité d'ouvrir des écoles, mais là aussi l'enseignement des matières profanes n'est pas l'objectif fondamental. Il n'est que le moyen d'amener les enfants à la connaissance de la doctrine chrétienne et à la piété. En ce sens, un effort important a été fait pour l'éducation des filles, celles-ci, une fois mères, ayant à leur tour la charge d'éduquer leurs enfants »107. Nous voyons bien ici que l'éducation des filles est un enjeu du fait de leur futur rôle de mère, qui les amènera à inculquer à leurs enfants les premiers rudiments de la foi. Or, si elles-mêmes ne les connaissaient pas, elles auraient pu « mettre en péril leur âme, et celle des personnes dépendant d'elles, par indifférentisme, en cédant aux superstitions ou, au contraire, en adhérant aux "idées nouvelles" plus ou moins hérétiques, ou encore en péchant par méconnaissance de ce qu'est le péché »108.

Un des lieux spécifiques de la formation intellectuelle des femmes est le couvent. Natalie Zemon Davis et Arlette Farge soulignent premièrement que « [l]es tarifs en vigueur permettent seulement aux filles d'une infime frange de nantis, aristocrates ou grand bourgeois, d'entrer au couvent »109. Ainsi, ce lieu n'est pas représentatif de l'éducation des filles dans l'ensemble de la société du XVIe siècle. Néanmoins, il joue comme un modèle et comme un précurseur de l'éducation des filles. Marcel Bernos affirme que le « couvent constitue finalement une expérience, qui ne représente souvent pour l'enfant qu'un moindre mal »110. Les filles y entrent plus ou moins tôt selon les stratégies mises en place par leurs parents. Si ces derniers les destinent à la vie monastique, elles peuvent y entrer très jeunes. Pour d'autres, des séjours plus ou moins courts sont censés leur enseigner les rudiments de la foi chrétienne et la morale catholique. Ce n'est qu'à la fin du XVIe siècle que se développent de véritables stratégies éducatives dans les couvents. Marcel Bernos peut alors dire que les « religieuses s'occupant d'elles ont, pour beaucoup, choisi l'enseignement par vocation et gardent un réel souci sinon du bien-être matériel de leurs élèves, qui reste souvent sommaire, du moins de leur salut [...] »111. Autre lieu de l'éducation des filles, les petites écoles, qui sont « presque exclusivement l'affaire de congrégations »112 enseignantes féminines. Celles-ci commencent à se développer à la fin du XVIe siècle et voient une très forte

106Ibid., p.101.

107Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à l'époque moderne..., op. cit. [note n°1], p.57.

108Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.108.

109Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op. cit. [note n°79], p.146.

110Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.106.

111Ibid., p.106.

112Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op. cit. [note n°79], p.155.

expansion au XVIIe siècle. Enfin, il ne faut pas oublier que , « [o]utre l'influence de l'école et de leurs catéchistes, les filles et les femmes ont d'autres formateurs très présents et souvent très actifs : les prêtres de leur paroisse »113. Ces derniers, lors des sermons qu'ils prononcent à la messe, des lectures qu'ils donnent et des homélies qu'ils font assurent une formation continue des femmes, tout au long de leur vie. Marcel Bernos nous rappelle de plus qu'au « confessionnal, qu'elles fréquentent plus assidûment que les hommes, le prêtre leur transmet forcément certaines connaissances, au moins pour tout ce qui relèverait d'une théologie morale pratique »114.

Ce rapide tableau montre donc que l'Église interagit avec les femmes à chaque moment de leur vie. Nous allons à présent nous pencher sur la pratique de la confession au XVIe siècle.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius