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Mise en place d'un suivi amphibien à  Vohibola, l'une des dernières forêts humides de la côte Est de Madagascar

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par Ewald JAUSSAUD
Université Joseph Fourier (Grenoble I )  - Master 2 pro biodiversité écologie environnement 2011
  

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Master 2ème Année Pro

Biodiversité - Écologie - Environnement

Mise en place d'un suivi amphibien à Vohibola, l'une des
dernières forêts humides de la côte Est de Madagascar

Mémoire de fin d'études rédigé par Ewald JAUSSAUD

Au sein de l'ONG

L'Homme et l'Environnement

Lot II M 90 Antsakaviro,
Antananarivo 101

Sous la responsabilité de Morgane DEVEAUX-ANDRIANANJA

Année Universitaire 2010-2011

Université Joseph Fourier - Grenoble 1 - UFR de Biologie - 2231 rue de la Piscine
Bâtiment C de Biologie, B.P. 53

38041 Grenoble Cedex 9

Lettre de Remerciements

Merci tout d'abord à Morgane, responsable de mon stage, pour m'avoir permis de réaliser cette expérience ainsi qu'aux membres de l'ONG qui m'auront apporté leur aide.

Je tiens ensuite à remercier Christian Gay, mon tuteur pour ce mémoire, pour son aide ainsi que Jean-Christophe Clément, responsable du Master 2 BEE, pour les enseignements dont j'ai pu profiter tout au long de l'année.

Je remercie également Mr Nirhy Rabibisoa, expert herpétologiste à Conservation International, pour avoir répondu à mes nombreuses questions relatives à l'identification des amphibiens.

Un grand merci à tous les stagiaires et volontaires dont j'ai croisé le chemin ici, pour tous les bons moments que nous avons passés ensemble.

Merci à Jasara, Fanaly, Iandro et tout le reste du groupe pour les soirées-concerts qu'ils ont animés et pour les balades du week-end.

J'adresse aussi mes remerciements à Josaïa, Dominique, Ghislain et Nathalie pour leur gentillesse et les "cours" de malgache qu'ils m'auront fait suivre.

Enfin, je remercie Nadia pour son soutien indéfectible, mais aussi, tout simplement pour sa présence qui m'a permis de réaliser cette étude dans les meilleures conditions et de profiter pleinement de cette expérience.

Mots-clefs : Grenouilles, ONG l'Homme et l'Environnement, Vohibola, transect, indices de diversité, similarité, habitats, gestion des ressources naturelles.

Résumé

A Madagascar, où 90% de la couverture forestière originelle a déjà été détruite, un plan d'action national pour la conservation des amphibiens a été élaboré. Il incite, entre autres, à mettre en place un suivi sur le long terme de la diversité et des populations d'amphibiens et à s'appuyer sur les ONG pour effectuer ce travail à l'échelle locale.

En ce sens, L'ONG l'Homme et l'Environnement souhaite mettre en place un suivi amphibien sur l'un de ses sites d'actions : la réserve expérimentale de Vohibola qui constitue l'un des derniers fragments de forêt littorale de la côte Est du pays.

Après analyse des indices de biodiversité et de similarité obtenus grâce à un inventaire par transect des sites choisis, quatre sites particulièrement intéressants ont été sélectionnés. Cependant, deux autres sites remarquables ont été repérés en dehors des sessions d'inventaire et d'autres peuvent encore être trouvés.

Cette étude permet également d'adapter à Vohibola le protocole de suivi des amphibiens de l'Homme et l'Environnement, et propose une réflexion sur les mesures pouvant permettre une réelle conservation de cet écosystème.

Keywords : frogs, NGO Man and the Environment, Vohibola, transect, diversity indices, similarity, habitat, natural resource management.

Abstract

In Madagascar, where 90% of the original forest cover has been destroyed, a national action plan for amphibians conservation has been elaborated. It encourages, among other propositions, to establish a long-term monitoring of amphibian diversity and populations, and to count on NGOs to do this job at a local scale.

In this way, NGO Man and the Environment wants to develop an amphibian monitoring in one of its site of action : the experimental reserve of Vohibola which represent one of the last humid coastal forest of the East coast of Madagascar.

After an analyse of diversity and similarity indices obtained through an inventory by transect on selected site, four sites of particular interest were selected. However, two other remarkable sites have been spotted and many others can be found.

This study also allows to adapt Man and the Environment's protocol of amphibian monitoring and offer a reflexion on the possible measures for a real conservation of this ecosystem.

SOMMAIRE

Introduction 1

I Présentation de la structure d'accueil 4

1) Man And The Environnement (MATE) 4

2) Actions et organisation de MATE 4

II Les amphibiens de la réserve de Vohibola 6

1) La réserve expérimentale de Vohibola 6

2) Les grenouilles de la réserve 8

III Matériel et Méthode 9

1) Sélection des sites d'inventaire 9

2) Inventaire 12

3) Identification 14

4) Analyse des données 15

a) Effort d'échantillonnage 15

b) Diversité des sites 15

c) Similarité des sites 19

IV Résultats 19

1) Nombre total d'espèces et d'individus 19

2) Echantillonnage 20

3) Abondance relative des espèces 21

4) Diversité des sites 23

5) Résultats complémentaires 25

6) Comparaison inter-sites des indices de diversité 26

7) Similarité 27

8) Habitat 29

V Discussion 32

BIBLIOGRAPHIE 44

Annexe I I

Annexe II II

Annexe III III

Annexe IV IV

Annexe V V

Annexe VI VI

LISTE DES ACRONYMES

CITES : the Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora

GPS : Global Positioning System

IUCN : International Union for Conservation of Nature

MATE : Man And The Environment

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PNAE : Plan National d'Action Environnement

SAP : Sahonagasy Action Plan

SIG : Système d'Information Géographique

WWF : World Wide Fund for nature

Liste des Cartes

Carte 1 - Localisation des sites d'inventaire 11

Carte 2 - Espèces de grenouilles retrouvées dans la réserve de Vohibola 22

Carte 3 - Répartition théorique des espèces de grenouilles au sein de la réserve de Vohibola 31

Carte 4 - Sites sélectionnés pour le suivi amphibien de la réserve 37

Liste des Figures

Figure 1 - Objectifs généraux de MATE 5

Figure 2 - Localisation des sites d'action de MATE 5

Figure 3 - Localisation de la réserve de Vohibola 6

Figure 4 - Répartition des espèces d'amphibiens menacées à Madagascar 8

Liste des Graphiques

Graphique 1 - Ensemble des grenouilles observées à Vohibola 20

Graphique 2 - Courbe d'accumulation totale 21

Graphique 3 - Abondance relative des espèces sur chaque site d'inventaire 21

Graphique 4 - Comparaison des indices de Shannon en fonction de l'exploitation du site 27

Graphique 5 - Dendrogramme de similarité 28

Graphique 6 - Evolution du nombre d'observations de 3 espèces au cours du temps 35

Liste des Tableaux

Tableau 1 - Description des sites d'inventaire 10

Tableau 2 - Diversité des sites d'inventaire 23

Tableau 3 - Espèces observées hors inventaire 26

Tableau 4 - Matrice de distance 28

Tableau 5 - Association habitat-espèces 29

Tableau 6 - Ensemble des espèces recensées à Vohibola entre 2005 et 2011 33

Tableau 7 - Préconisations pour le suivi amphibien 41

1

Introduction

A l'heure actuelle, environ une espèce d'amphibien sur trois est menacée d'extinction dans le monde, soit plus de 2000 espèces sur les 6020 connues à ce jour1. Parmi les menaces qui pèsent sur ces espèces, on peut citer : la pollution, les incendies, l'introduction d'espèces invasives, le commerce ou encore l'émergence de maladies. Toutefois, la menace principale réside dans la perte d'habitat (cf. Annexe I), qui est principalement due aux activités humaines. De ce fait, les hotspots de biodiversité représentent des territoires qui retiennent particulièrement l'attention puisque ces zones biogéographiques où la biodiversité est la plus riche, sont également celles où elle est le plus menacée avec déjà plus de 70% de l'habitat originel détruit.

A Madagascar, l'un des 34 hotspots de biodiversité, on recense 242 espèces d'amphibiens soit 4% de la diversité totale des amphibiens de la planète, ce qui lui confère le 12e rang mondial des pays regroupant le plus d'espèces (cf.. Annexe I, 2). Mais ce classement pourrait être largement sous-estimé en raison des 182 espèces potentielles retrouvées sur l'île qui sont actuellement en cours de détermination (Andreone & Randriamahazo, 2008; Vieites & al, 2009).

Par ailleurs, sur les 242 espèces retrouvées à Madagascar, 240 (plus de 99%) sont endémiques de l'île, c'est-à-dire uniques au monde (cf. Annexe I, 3) du fait de sa séparation du continent africain voilà plus de 165 millions d'années.

De plus, la déforestation, qui a déjà provoqué la perte de 90% de la couverture forestière originelle de Madagascar, continue chaque année de détruire près de 20 000 km2 de la forêt tropicale (Andreone & al., 2007) constitutive de l'habitat de la majorité des amphibiens de l'île. Seules quelques rares espèces sont capables de s'adapter à la perte de leur habitat (Andreone & al., 2006). Une étude a d'ailleurs montré que la taille des patchs de forêt de type tropicale humide agissait directement sur la diversité et la densité des populations d'amphibiens (Vallan, 2000).

L'étude et la protection des amphibiens de Madagasar représentent donc un enjeu majeur de conservation de la biodiversité à l'échelle nationale voire mondiale.

En ce sens, un programme de conservation, le Sahonagasy Action Plan (SAP), a été élaboré en 2008 (Andreone & Randriamahazo, 2008). Entre autres, ce plan d'action souligne la nécessité : (1) de la mise en place d'un suivi des amphibiens sur le long terme et (2) de l'implication de tous les acteurs concernés dont les Organisations Non Gouvernementales (ONG).

C'est suite au constat de la dégradation de l'environnement et de la perte de biodiversité de Madagascar liées à la situation économique, que l'Etat malgache - sous la pression d'institutions internationales pour la protection environnementale (WWF, IUCN...) - met en place le Plan

1 Données IUCN disponible sur : http://www.iucnredlist.org/initiatives/amphibians/analysis/red-list-status

2

National d'Action Environnement (PNAE) financé intégralement sur 15 ans par la Banque Mondiale et d'autres bailleurs de fonds internationaux (Union Européenne, United States Agency for International Development ou USAID, Coopération Suisse...).

Celui-ci permet à l'Etat, jusqu'alors seul gestionnaire des ressources naturelles du pays, de décentraliser son action en s'appuyant sur les ONG et associations, afin d'améliorer la qualité de l'action de protection de l'environnement au niveau local. Ces structures travaillent en effet sur des secteurs géographiques ponctuels (un village par exemple), où elles mettent en place des projets de développement durable et réalisent des études de faisabilité, des diagnostics écologiques et socio-économiques... Toutes ces structures dépendent de fonds internationaux (Banque Mondiale), de bailleurs étrangers (le WWF Madagascar est ainsi en majorité financé par la coopération allemande), de donateurs privés ou d'autres organisations de protection de la nature.

Ainsi, l'action des ONG fait partie intégrante de la politique environnementale de Madagascar, et en ce sens, comme le souligne le SAP (Andreone & Randriamahazo, 2008), celles-ci ont un rôle à jouer en ce qui concerne la connaissance scientifique.

C'est précisément dans le cadre du SAP que s'inscrit la présente étude. L'ONG l'Homme et l'Environnement (MATE pour Man And The Environment) met en place des projets pour le développement durable (actions de conservation de l'environnement, écotourisme, commerce équitable...) et souhaite, pour ce qui concerne la protection des amphibiens, mettre au point un suivi des populations sur le long terme dans l'un de ses sites : la réserve expérimentale de Vohibola.

En effet, suite à la déforestation qui sévit dans le pays, la réserve de Vohibola constitue l'un des derniers fragments de forêt littorale humide de la côte Est de Madagascar. De ce fait, elle représente un écosystème qu'il est primordial de préserver, tant pour les amphibiens que pour l'ensemble de la biodiversité associée à ce biotope.

Selon le SAP (Carpenter & al. in Andreone & Randriamahazo, 2008), les objectifs d'un suivi amphibien sont les suivants : (1) évaluer la composition spécifique des sites, obtenir des données sur la structure de la communauté (abondance relative), la distribution des espèces dans un site et (2) obtenir des données quantitatives permettant une comparaison de l'état des populations par sites dans le temps afin de permettre la prévention de certains risques futurs.

Afin d'avoir les moyens de mener à bien cette surveillance, les rédacteurs du SAP proposent la formation de personnels de terrain spécialisés, la participation des herpétologistes, la formation de guides locaux et la collecte de toutes les observations de terrain (espèce observée, individus morts...). Ensuite, dans un but de compréhension et d'appropriation des mesures de conservation de la diversité des amphiens malgaches par la population locale, ils préconisent des campagnes d'information et des invitations à participer à certaines actions.

3

L'objectif de ce rapport est de permettre la mise en place d'un suivi sur le long terme, à la fois de la diversité spécifique, et des populations d'amphibiens de Vohibola. Il s'agit ici de dresser l'inventaire des espèces présentes dans la réserve de Vohibola et de mettre en évidence des sites riches en amphibiens (dits hotspots) ainsi que tous les éléments qui permettraient un suivi régulier et efficace. Les sites sélectionnés seront alors rééchantillonnés et les résultats obtenus comparables dans le temps. Ce rapport fait d'ailleurs office de précurseur pour le suivi sur le site de Vohibola. Les données pourront alors servir de point de départ (T0) et donc de base de travail pour les futures études.

Après une présentation de MATE et de ses objectifs puis une contextualisation des enjeux de la conservation des amphibiens à Vohibola, une description détaillée de la méthodologie suivie lors de cette étude sera présentée. La partie suivante résumera alors les résultats issus des données ainsi obtenues et la dernière partie s'attachera à leur analyse critique et aux recommandations qui en découle. Enfin une réflexion sera menée sur la politique de valorisation des ressources naturelles en tant que vision du développement durable.

4

I Présentation de la structure d'accueil

1) Man And The Environnement (MATE)

L'association Man And The Environnement ou l'Homme et l'Environnement, ONG de droit malgache, a été créée en 1993 par Dimby Ramandimbison (président de l'association) et Olivier Behra (secrétaire général).

Conformément à la politique environnementale nationale, elle participe, au travers de la stratégie de valorisation des ressources naturelles, à la mise au point d'approches concrètes de conservation et de développement qui soient économiquement et écologiquement durables et qui puissent favoriser l'augmentation du niveau de vie des populations locales. Pour cela elle tente de mettre en place des activités génératrices de revenus (production d'huiles essentielles, écotourisme...) afin de détourner ces populations des activités destructrices de l'environnement. L'objectif à long terme est de parvenir à autonomiser financièrement et techniquement les villageois bénéficiaires de ces projets à travers un partenariat durable entre les communautés locales et plusieurs acteurs du secteur privé.

2) Actions et organisation de MATE

MATE souhaite, par son action, répondre aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés lors du sommet du Millénaire en septembre 2000 sous l'initiative de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Ainsi ses projets visent principalement à (cf. Figure 1): - Réduire de moitié la pauvreté extrême de la zone grâce à la mise en place d'activités génératrices de revenus auprès des villageois des sites (production communautaire d'huiles essentielles, écotourisme solidaire, appui à l'artisanat...)

- Inverser la tendance de perte de biodiversité : en fournissant aux paysans des alternatives économiques aux pratiques de déforestation, en restaurant les écosystèmes dégradés, en conservant la biodiversité menacée

- Protéger la forêt encore existante et reconstituer un grand bloc de forêt d'un seul tenant. Il s'agit d'arrêter la surexploitation des bois et les feux, de replanter les espaces qui ont brûlé auparavant, et de lutter contre les espèces invasives qui menacent la forêt autochtone.

- Permettre l'accès à la santé, à l'eau potable et à l'éducation, et réduire de moitié la faim: en mettant en place des centres de santé, un accès au planning familial, un programme de soutien alimentaire, une pédagogie adaptée, des programmes de recherche et développement sur la biodiversité alimentaire qui s'autonomise peu à peu avec le développement local engendré par le programme

- Promouvoir l'égalité et l'autonomisation des femmes par l'intermédiaire d'un "projet femme" (culture maraîchère, pisciculture...) et par leur participation dans les projets mis en place.

5

Figure 1

Objectifs généraux de MATE

(source : MATE, document interne : régénération forestière à Vohibola)

Figure 2

Localisation des sites d'action de MATE

MATE mène son action sur six sites différents à Madagascar : les réserves de Vohimana, Vohibola, Ambohidravy, Ambato , Fohisokina, Tsianinkira (cf. Figure 2).

Afin de remplir ses objectifs sur les différents sites qu'elle a en gestion, MATE s'appuie sur trois pôles : le Pôle Action Environnementale, le Pôle Action Socio-Culturelle et Gouvernance et le Pôle Développement Economique eux-mêmes subdivisés en plusieurs programmes (cf. Annexe II). Cette étude par exemple est menée par le Pôle Action Environnementale dans le cadre du programme Suivi-Biodiversité

 

6

II Les amphibiens de la réserve de Vohibola

1) La réserve expérimentale de Vohibola

La réserve de Vohibola est un territoire de plus de 2 000 ha, situé le long du canal des Pangalanes sur la côte Est de Madagascar, entre les villes de Tamatave (à 67 km au Nord) et de Brickaville (à 40 km au Sud).

A un niveau local, elle est encadrée par les villages d'Andranokoditra, Tampina, Topiana et d'Ambodirotra (cf. Figure 3).

Figure 3

Localisation de la réserve de Vohibola

Suite à la déforestation, qui a sévi sur la côte Est et qui a drastiquement réduit l'étendue de la forêt tropicale humide, la forêt de Vohibola constitue l'un des derniers fragments de forêt dense littorale de toute la côte Est. De ce fait, elle constitue un écosystème forestier et humide rare qu'il convient de préserver afin d'enrayer l'érosion de la biodiversité. On retrouve en effet, associée à cet écosytème, une biodiversité exceptionnelle qui se traduit par (Randrianirina & al., 2005 ; Missouri Botanical Garden, 2002) :

- 7 espèces de lémuriens, qui sont endémiques de Madagascar, dont Eulemeur fulvus fulvus et Propithecus diadema respectivement « quasi-menacé » et « en danger » d'extinction selon les critères de l'IUCN (International Union for Conservation of Nature).

- plus de 50 espèces d'oiseaux dont 50% sont endémiques et dont une espèce est

considérée « vulnérable » tandis qu'une autre est jugée « en danger » par l'IUCN.

- 19 espèces d'amphibiens, dont 1 « en danger » d'extinction et 2 commercialisées (Randrianirina & al., 2005)

- 19 espèces de reptiles (Randrianirina & al., 2005), dont 10 espèces citées en Annexe 2 et

7

2 en Annexe 1 de la CITES (the Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora) qui réglemente voire interdit le commerce de ces espèces

- 443 espèces de plantes endémiques de Madagascar dont 4 espèces d'arbres spécifiquement endémiques de Vohibola « en danger critique » d'extinction.

Cette réserve représente donc l'un des derniers refuges possible pour de nombreuses espèces. Sa grande biodiversité fut d'ailleurs remarquée par le premier président de la république malgache qui en fit un conservatoire botanique strictement interdit à la coupe et y installa sa résidence secondaire. En 2001, le Ministère de l'Environnement, des Forêts et du Tourisme décida de la vendre pour en faire une concession forestière destinée à l'exploitation. L'Homme et l'Environnement proposa alors de la prendre en gestion pour assurer sa conservation tout en permettant aux populations locales d'en tirer profit (MATE, 2009). La forêt de Vohibola devient ainsi une réserve expérimentale (réserve naturelle protégée où sont menées conjointement des actions de conservation et des projets de développement).

Cette forêt, qui fut très exploitée par le passé, si bien qu'aujourd'hui on n'y retrouve plus qu'une forêt secondaire assez jeune, est toutefois en bon état de conservation. Elle n'est pas habitée mais n'en est pas moins menacée par les pressions anthropiques des villages limitrophes (charbonnage, surexploitation des espèces à valeur économique comme l'ébène ou le bois de rose, commerce des animaux sauvages...) et par les feux qui peuvent être d'origine naturelle ou anthropique.

Par ailleurs, selon les données de l'ONG, 90% de la population riveraine à la réserve vit sous le seuil d'extrême pauvreté, ce qui les rend totalement dépendants des revenus qu'ils tirent de l'exploitation de cette forêt. Bien qu'il existe des restrictions d'exploitation mises en place par l'Etat, celles-ci n'ont pas été accompagnées de solutions alternatives. Les villageois exploitaient donc "illégalement" leurs ressources naturelles immédiates (MATE, 2009).

Dès lors, la forêt de Vohibola représente une zone prioritaire à gérer de manière durable afin d'allier préservation de la biodiversité et développement économique et social des villages avoisinants. C'est pourquoi MATE a poursuivi les restrictions d'exploitation de la forêt tout en proposant des alternatives économiques permettant de compenser le manque à gagner des populations locales. Elle a ainsi mis en place des projets tels que la visite guidée de la réserve et l'hébergement chez l'habitant pour ce qui concerne l'écotourisme et la production d'huile essentielle de niaouli (Melaleuca quinquennervia, plante invasive introduite le long du canal lors de sa construction afin d'en renforcer les berges) et de cannelle pour le développement économique. Côté conservation de la biodiversité, MATE a mis l'accent, depuis sa prise en gestion du site, sur le reboisement des zones dégradées, un incendie d'origine inconnue ayant ravagé une grande partie de la forêt en 2002.

8

 

Figure 4

Répartition des espèces d'amphibiens menacées à Madagascar

Vohibola, de par sa situation géographique, regroupe une forêt tropicale et de nombreuses zones humides (il existe en effet environ 327 ha de zones humides représentés par des marais, des lacs, des écotones entre milieux humides et forêts, la bordure du canal et des lacs périphériques...), ce qui en fait un territoire extrêmement favorable aux amphibiens.

On peut s'apercevoir par ailleurs (cf. Figure 4) que la zone de Vohibola, comme l'ensemble de la côte Est, est concernée par une potentielle disparition d'espèces d'amphibiens, d'où la justification d'une surveillance accrue de leur évolution en terme de diversité spécifique et de taille des populations.

 

2) Les grenouilles de la réserve

Tous les amphibiens de Madagascar, appartiennent à l'ordre des Anoures (Glaw & Vences, 2007). De plus, il n'existe aucun crapaud, tous les amphibiens retrouvés à Madagascar, et donc à Vohibola, sont des grenouilles. Ce qui fait l'importance et l'originalité des grenouilles malgaches est le fait qu'il existe de nombreuses espèces et que celles-ci soient en grande majorité endémiques. On recense en effet 240 espèces endémiques sur un total de 242 espèces de grenouilles identifiées à ce jour. Madagascar se place ainsi au 4 ème rang mondial des pays les plus riches en espèces endémiques2.

A Vohibola, sur la base des trois inventaires réalisés à ce jour (Randrianirina & al., 2005 ; Deschamps, 2007 ; Gehring & al., 2010), on retrouve potentiellement un total de 23 espèces de grenouilles dont : une espèce non endémique (Ptychadena mascareniensis), une espèce (Guibemantis bicalcaratus) citée en annexe III de la CITES et une espèce (Platypelis tetra) "en danger" d'extinction selon les critères IUCN.

Toujours sur la base de ces données, et lorsque l'on s'intéresse à la systématique des amphibiens de la réserve, on constate (cf. Annexe III) que quatre des cinq familles d'amphibiens présentes à Madagascar se retrouvent à Vohibola et que les 23 espèces recensées se répartissent en 11 genres différents (soit presque la moitié de tous les genres représentés sur l'île).

2 Données IUCN, disponibles sur : http://www.iucnredlist.org/initiatives/amphibians/analysis/geographic-patterns

9

III Matériel et Méthode

1) Sélection des sites d'inventaire

Les sites à inventorier au sein de la réserve, dans le but de déterminer les hotspot d'amphibiens à suivre dans le futur, ont préalablement été sélectionnés par analyse cartographique. Cette étape a été réalisée à partir de la base de données cartographique de l'ONG étudiée avec le logiciel libre de cartographie SIG QuantumGIS (Qgis version 1.6.0). Cette base de données comprend notamment des informations sur le périmètre de gestion de la réserve par l'ONG et l'occupation du sol.

La présélection des sites s'est faite en fonction de :

- la présence d'un grand point d'eau (canal, lac, mare) dans les environs afin de maximiser le nombre d'observations, les amphibiens étant, de par leur mode de vie, intimement liés à l'eau.

- la représentation des divers types de milieux (savane, zone dégradée, forêt dense composée d'espèces endémiques, forêt marécageuse de niaouli et marécage) autour de ces points d'eau afin d'inventorier l'éventail de diversité spécifique le plus large possible

- l'accessibilité du site : le suivi doit pouvoir être continu dans le temps ce qui sous-entend des inventaires reproductibles. Pour cela le site doit pouvoir être accessible (accès par des chemins tracés plutôt que par traversée aléatoire de la forêt) et être retouvé aisément.

Les différents types de milieux sont nommés selon la nomenclature choisie par MATE. Ainsi, on entend par savane une zone ayant subie une déforestation lors de l'incendie de 2002 et ayant été recolonisée par une espèce de bruyère appartenant au genre Philippia qui est une espèce invasive originaire d'Océanie. De même, une zone dégradée désigne également une zone incendiée mais dont la végétation est principalement représentée par une fougère (non invasive) et quelques arbres du voyageur (Ravenala madagascariensis) qui résistent aux incendies et poussent aisément en zone dégradée.

Suivant les critères cités plus haut, un total de 15 sites a été prospecté. Parmi ces 15 sites (cf. Carte 1) :

- on compte 4 marécages, 3 forêts denses, 3 forêts marécageuses de niaouli, 3 savanes et 2 zones dégradées

- 12 sites sont regroupés autour de 3 lacs à raison de 4 sites par lac. Comme un seul de ces lacs est limitrophe d'une forêt marécageuse de niaouli, 2 sites de ce type de milieu ont été sélectionnés sur la côte orientale de la réserve qui borde le canal, c'est-à-dire là où on retrouve majoritairement le niaouli. Le 15ème et dernier site sélectionné est un grand

10

marécage choisi sur la base de sa potentielle richesse spécifique, mise en exergue par l'inventaire biologique de la réserve réalisé en 2005 (Randrianirina, 2005).

- L'une des forêts marécageuses de niaouli retenue (site 3) ne se situe pas à proprement parlé dans la réserve bien qu'elle fasse partie du même territoire (cf. Carte 1). Il s'agit d'une parcelle en propriété privée. Le choix s'est porté sur ce site, car ne faisant pas partie de la zone de gestion de MATE, il n'est pas soumis à l'exploitation pour la production d'huiles essentielles. Par ailleurs, il n'est pas non plus exploité par les propriétaires de cette parcelle. Le deuxième site de ce type se trouve également en bordure de canal mais au sein de la zone de gestion et subit donc une exploitation. Ceci permet alors de distinguer deux sites d'un même habitat mais dont les propriétés d'exploitation ne sont pas les mêmes. Le troisième site correspondant à ce type de milieu se situe quant à lui à l'intérieur de la réserve et borde un lac. Il fait alors office de milieu de transition entre marécage et forêt d'une part et entre marécage et savane d'autre part.

Le Tableau 1 résume l'ensemble de ces informations et reprend les caractéristiques principales de chaque site inventorié.

Tableau 1

Description des sites d'inventaire

11

Carte 1

Localisation des sites d'inventaire

12

2) Inventaire

La méthodologie d'inventaire des grenouilles dans la réserve de Vohibola se base sur le protocole standardisé proposé par Arnaud LeGoff (LeGoff, 2008) et validé par l'expert herpéthologue de Conservation International à Madagascar, Mr Nirhy Rabibisoa. Ce protocole préconise notamment la recherche des amphibiens par "chasse à vue", méthode la plus employée pour ce genre d'étude (Daly & al., 2008 ; Andreone & al ., 2000, 2006 ; Vallan et al ., 2000, 2002, 2004). La méthode des pitfalls (pièges à fosse) s'est quant à elle souvent avérée inefficace car elle ne permettait pas d'observer d'èspèces différentes de celles identifiées par chasse à vue (Andreone & al., 2000, 2006), et n'a donc pas été réalisée pour cette étude. Cette méthode avait d'ailleurs été expérimentée à Vohibola lors d'un inventaire en 2007, mais n'avait permis aucune capture (Deschamps, 2007).

La méthodologie de la présente étude reprend alors les principaux éléments du protocole standardisé, avec toutefois quelques modifications :

- Selon cette méthodologie, par exemple, il est demandé à l'expérimentateur de relever l'hygrométrie au moment de l'inventaire. Cependant, l'ONG ne disposant pas du matériel nécessaire, ce facteur n'a pu être mesuré.

- Le protocole préconise également de relever, lors de la session d'inventaire, un paramètre appelé "distance à l'eau". Ce paramètre correspond à la distance du point d'eau le plus proche à laquelle se trouve un individu observé. Techniquement, sur le terrain ce paramètre est extrêmement difficile à mesurer en raison de ce qui peut-être désigné comme "point d'eau". En effet, dans une forêt dense, un simple receuil d'eau dans une coquille vide d'escargot peut constituer un lieu de ponte pour certaines espèces. Il devient dès lors impossible de savoir à quelle distance une grenouille se situe du point d'eau le plus proche.

De ce fait, le paramètre "distance à l'eau" a été jugé non pertinent et n'a pas été pris en compte lors de cette étude.

- Le protocole standardisé n'envisage qu'une identification à vue (selon des caractéristiques morphologiques) alors qu'ici l'identification est réalisée à la fois de manière visuelle et acoustique.

- En ce qui concerne l'analyse des résultats, un indice de biodiversité supplémentaire (indice de Hill) a été calculé, en plus des indices recommandés (indices de Shannon et Simpson), afin d'affiner l'analyse de la diversité spécifique de chaque site d'échantillonnage.

13

Période d'inventaire

Les inventaires se sont déroulés sur une période de trois mois, entre le 13 février et le 15 avril, à raison de trois sessions de quinze jours. Soit une première session du 13 au 27 février, une seconde entre le 16 et le 30 mars et une troisième et dernière session du 2 au 15 avril.

Méthode

Les inventaires de chaque site ont toujours été effectués en binôme, c'est-à-dire avec la participation d'un guide du village, employé de MATE. L'inventaire est réalisé par transect d'une heure (effort d'échantillonnage constant) avec fouille systématique des micro-habitats (litière, arbustes, flaques d'eau...). Un transect respectant une limite de temps est préféré à un transect soumis à une contrainte de taille afin de favoriser un même effort d'échantillonnage : 100m à travers une forêt dense ne représente pas le même effort de recherche que 100m dans une zone dégradée. Les transects sont réalisés sur chaque site de jour et de nuit. Tous les sites sont donc inventoriés six fois en tout : deux fois (jour et nuit) par session, sauf pour certains sites qui n'ont pas été trouvés lors de la première session et on donc été inventoriés quatre fois.

Le jour, les prospections ont lieu entre 5h30 et 7h00, au lever du soleil, afin de détecter les espèces diurnes avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel et donc qu'il ne fasse trop chaud (les grenouilles ayant tendance à se protéger du soleil en se réfugiant dans des troncs d'arbre ou sous les feuilles par exemple, elles deviennent alors difficiles à détecter). L'inventaire de nuit quant à lui se déroule après le coucher du soleil, entre 18h et 20h, ce qui permet d'observer et surtout d'entendre les espèces nocturnes.

Pour chaque site les paramètres suivants sont renseignés lors de l'inventaire (cf. Annexe IV) :

- Date et heure

- Météo et température

- Coordonnées GPS du transect

- Description du milieu

- Données de l'inventaire à proprement parler : espèce observée, nombre d'individus, stade et

sexe, mode de détection, mode d'identification et n° des photos.

Au début de la session d'échantillonnage, un thermomètre est placé au sol afin de déterminer la température. La température n'est alors relevée sur la fiche d'inventaire qu'après avoir renseigné les autres données (Météo, coordonnées GPS...), soit environ 5 mn. Les coordonnées géographiques sont acquises grâce à un GPS Garmin etrex modèle venture HC. Lorsque toutes ces données sont notées, le chronomètre est démarré et la prospection le long du transect débute.

14

En pratique, dès qu'un individu est repéré, une ou plusieurs photos sont prises (afin de pouvoir identifier l'individu ultérieurement) puis, si possible, l'individu est temporairement capturé et placé dans le seau prévu à cet effet. L'identification se réalise alors quand le temps de recherche est écoulé afin de bien dissocier temps de recherche et d'identification et ainsi respecter un même effort d'échantillonnage entre les sites. Plusieurs critères contribueront alors à l'identification.

3) Identification

Ne disposant pas du matériel nécessaire pour prélever puis analyser un échantillon de tissu afin d'être sûr de l'identification d'une espèce, l'identification individuelle est réalisée soit à vue, c'est-à-dire par reconnaissance de caractères morphologiques caractéristiques, soit au chant. Les individus ayant été photographiés, ceux dont l'identification posait problèmes ont pu être examinés par le professeur Nirhy Rabibisoa.

Identification à vue

L'identification à vue est réalisée grâce au guide "A Field Guide to the Amphibians and

Reptiles of Madagascar" de Glaw & Vence (3e éd, 2007). Plusieurs paramètres concourent à

l'identification des grenouilles, notamment :

- la morphologie

- l'habitat

- les couleurs (dos, flancs, ventre, pattes...) même si ce trait de caractère est parfois trompeur

- Formule palmaire et l'articulation tibio-tarsale (cf. Annexe V)

- Oeil (forme de la pupille, couleur de l'iris...)

- Disposition des sacs vocaux et description des glandes fémorales pour les mâles

Identification au chant

L'identification au chant, bien qu'elle ne permette que de détecter les individus mâles, permet un inventaire de la diversité spécifique et se révèle particulièrement importante dans une zone où la majorité des espèces ne mesure pas plus de 3 cm et se camoufle très bien dans leur environnement. De plus, les grenouilles se retrouvent parfois à plus de 2m au dessus du sol (Glaw & Vence, 2007) et sont donc non observables, d'où un intérêt supplémentaire de l'identification acoustique.

Celle-ci est réalisée par enregistrement des chants (appareil photo personnel) puis comparaison avec les chants de grenouilles potentiellement présentes dans la réserve. Celles-ci sont déterminées en fonction de la répartition des espèces décrite par Glaw & Vence dans leur guide et à partir de leur présence attestée par l'inventaire biologique de la réserve réalisé en 2005 (Randrianirina & al., 2005). Les chants ont été obtenus par téléchargement depuis la base de données disponible sur le

15

site internet AmphibiaWeb. Il devient alors possible de comparer les chants enregistrés sur le terrain avec les chants de référence.

4) Analyse des données

Remarque : Certaines observations ont été faites en dehors des phases d'inventaire sur site. Celles-ci ont été prises en compte notamment pour déterminer la biodiversité totale de la réserve, mais, du fait qu'elles aient été obtenues en dehors de la méthodologie de transect décrite plus haut, elles n'ont pas été retenues pour le reste des analyses.

Les données obtenues lors de cet inventaire permettent en premier lieu de dresser la liste des espèces que l'on retrouve dans la réserve mais aussi de calculer des indices de diversité, de mettre en évidence des différences potentielles entre sites, de comparer leur degré de similarité et d'associer les espèces aux différents habitats.

Toutefois avant de traiter les données obtenues, il est nécessaire de vérifier que l'échantillonnage ait été suffisant.

a) Effort d'échantillonnage

Afin d'évaluer, de manière générale et sur chaque site, si l'effort d'échantillonnage a été suffisant, une courbe d'accumulation a été réalisée. Cette courbe représente le nombre d'espèces nouvelles observées au cours du temps. Une fois que la courbe montre un plateau, l'échantillonnage est considéré comme suffisant.

b) Diversité des sites

Afin de déterminer les sites que l'on peut considérer comme hotspots et qui serviront donc de sites de référence pour les suivis amphibiens ultérieurs, il est nécessaire de comparer à la fois les critères qualitatifs (diversité spécifique) et quantitatifs (abondance respective des différentes espèces) de chaque site échantillonné.

Pour ce faire, il existe de nombreux indices permettant d'évaluer ces critères et donc de discriminer les sites les plus pertinents pour un suivi sur le long terme. Pour chaque site ont ainsi été calculés : la richesse spécifique, l'indice de Shannon, l'indice de Simpson et l'indice de Hill.

Ces indices ont été calculés à partir du nombre moyen d'individus, de chaque espèce, recensés lors des 3 sessions d'inventaire, soit : le nombre total d'individus observés divisé par le nombre de transects effectués, sauf pour les espèces trouvées uniquement de jour ou uniquement de nuit, pour lesquelles le nombre total d'individus est divisé par le nombre de transects diurnes ou nocturnes selon les cas.

16

Richesse spécifique

On entend ici par richesse spécifique le nombre total d'espèces recensé sur un site. La richesse spécifique observée est un indice simple, permettant d'illustrer les caractéristiques écologiques d'un milieu. Elle correspond au nombre total d'espèces rencontrées, mais elle ne tient pas compte des abondances relatives. La richesse spécifique observée n'est qu'une approximation du nombre d'espèces réellement présentes et dépend directement de la qualité de l'échantillonnage.

Indice de Shannon

L'indice de Shannon (H') évalue la diversité au niveau d'un site d'échantillonnage ou d'un habitat. Cet indice est un indicateur de l'équitabilité d'un milieu, il est compris entre 0 et l'infini. Il se calcule de la manière suivante :

H' = Ó [(ni/N) . ln (ni/N)]

avec ni = nombre d'individus de l'espèce i et N = nombre total d'individus

H' est minimal (=0) si tous les individus du peuplement appartiennent à une seule et même espèce, H' est également minimal si, dans un peuplement chaque espèce est représentée par un seul individu. L'indice est maximal quand tous les individus sont répartis d'une façon égale sur toutes les espèces (Frontier, 1983 in Grall & Hily, 2003).

C'est la comparaison des indices entre sites qui renseigne sur la plus ou moins grande diversité d'un site. Il est possible de comparer les valeurs de cet indice pour un même site d'une année sur l'autre.

Indice de Simpson

L'indice de Simpson mesure la probabilité que deux individus sélectionnés au hasard dans la population échantillonnée, appartiennent à la même espèce. Cet indice se calcule selon la formule :

D = Ó[ ni.(ni -1) / N.(N-1) ]

avec ni = nombre d'individus de l'espèce i et N = nombre total d'individus

D varie entre 0 et 1, 0 représentant le maximum de diversité et 1 le minimum de diversité. Cet indice est d'autant plus faible que le nombre d'espèces est grand (plus il y a d'espèce, plus la probabilité de tirer 2 individus de la même espèce devient faible). Et pour un nombre fixé d'espèces, il est d'autant plus grand que la répartition des fréquences est équitable.

17

Toutefois, cet indice donne forcément un poids plus important aux espèces abondantes. L'ajout d'espèces rares ne modifie que modérément la valeur de D (Grall & Hily, 2003). De plus cet indice ne permet pas la comparaison d'années en années d'un même site.

Indice de Hill

L'indice de diversité de Hill est une mesure de l'abondance proportionnelle, qui permet d'associer les indices de Shannon et Simpson. L'équation de cet indice est :

Hill = (1/D) / eH'

1/D = inverse de l'indice de Simpson et eH'= exponentielle de l'indice de Shannon

C'est l'indice de Hill qui semble le plus pertinent dans la mesure où il intègre les deux autres indices. Toutefois, il peut être utile d'utiliser les trois indices conjointement afin d'en extraire un maximum d'informations et de mieux comprendre la structure des communautés (Grall & Hily, 2003).

Cependant dans la mesure où l'indice de Shannon est le seul qui puisse permettre la comparaison au cours du temps (nécessaire pour un suivi sur le long terme), il est celui qui nous intéresse le plus et il est donc nécessaire de le calculer. De plus, lorsqu'il n'y a qu'une espèce sur un site, les indices de Simpson et de Hill ne peuvent être calculés. De ce fait, pour la suite de l'analyse, ce seront les indices de Shannon qui seront comparés.

Les indices de chaque site sont calculés avec le logiciel de statistique R (version 2.7.2).

Comparaison inter-sites des indices de diversité Zones incendiées vs zones intactes

On cherche ici à savoir si il existe une différence significative, en terme de diversité, entre la moyenne des valeurs des indices de Shannon des zones incendiée et celle des zone intactes. On entend par zone incendiée une zone ayant subi les ravages de l'incendie de 2002, ces sites sont représentés par les zones de savane et zones dégradées. A l'inverse, on note zone intacte les sites n'ayant pas été détruits lors de cet incendie.

Afin de déterminer si il existe une différence significative, une comparaison des intervalles de confiance de la moyenne est effectuée. Puis afin d'évaluer précisément la probabilité qu'une différence (si elle existe) aussi grande puisse être due au hasard (p-value), un test de comparaison de moyenne est réalisé (test d'hypotèse). En l'occurence, comme la moyenne (ì) des indices pour la zone incendiée est égale à zéro avec un écart-type (ó) nul, on utilisera le test de comparaison d'une constante à une moyenne, dont la statistique se calcule de la manière suivante :

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e = (ì - a) / v (s2 / n)

avec s2 = [ Ó (xi - u)2 ] / (n - 1)

ì = moyenne des H' des zones intactes a = constante

s2 = estimation de la variance de la population n = taille de l'échantillon (nombre de H')

Hypothèse nulle : H0 = Il n'y a pas de différence significative entre 0 et la moyenne des indices de Shannon des zones intactes (les différences observées sont dues uniquement aux fluctuations d'échantillonnage).

Hypothèse alternative : HA = La moyenne des indices de Shannon des zones intactes est significativement différente de 0

La normalité de la distribution des données est vérifiée par le test de Shapiro-Wilk réalisé à l'aide du logiciel R. Les intervalles de confiance ont également été calculés avec ce logiciel.

Zone de collecte vs zone non exploitée

On cherche à savoir si la différence entre les indices de Shannon du site 3 et du site 6 est significative. Ceci revient à voir si la diversité de la forêt littorale marécageuse de niaouli exploitée est significativement différente de celle de la forêt littorale marécageuse de niaouli non exploitée.

Il est possible d'évaluer une différence significative entre deux indices de Shannon grâce à un test t de student modifié (Jayaraman, 1999). En réalité, la modification porte sur l'estimation de la variance qui est adaptée à l'indice de Shannon. On a alors :

t = | H'1 - H'2 | / v (Var H'1 + Var H'2)
avec Var (H') = [Ó pi . ln (pi) - Ó [pi . ln (pi)]2] / N + [(S - 1) / (2N)2]

t = statistique du test

H'1 et H'2 = Indices de Shannon des sites à comparer

pi = ni / N ni : nombre d'individus de l'espèce i et N : nombre total d'individus S = nombre d'espèces observées

19

Le calcul du nombre de degrés de liberté s'effectue selon la formule suivante :

Les hypothèses du test sont :

H0 = Il n'y a pas de différence significative de diversité entre les 2 sites HA = Il existe une différence significative de diversité entre les 2 sites

c) Similarité des sites

Un autre facteur étudié est la similarité des sites entre eux. Ce paramètre est estimé grâce à l'indice de Jaccard (Sj) qui permet de comparer entre 2 sites le nombre d'espèces communes par rapport au total des espèces recensées. Cet indice se calcule comme suit :

Sj = c / (a+b-c)

c = nombre d'espèces communes

a = espèces du site a

b = espèces du site b

Cet indice varie entre 0 et 1. Il prend la valeur 0 lorsque les deux transects n'ont aucune similarité (aucune espèce en commun) et 1 lorsque la similarité est maximale (toutes les espèces sont en commun).

A partir des indices de Jaccard obtenus pour chaque paire de site, il est possible de créer une matrice de distance. Cette matrice illustre la dissimilarité des sites entre eux (distance = 1 - Sj) et permet alors d'obtenir un dendrogramme regroupant les sites en fonction de leur plus ou moins grande similarité.

Le calcul des indices de Jaccard, la matrice de distance ainsi que le dendrogramme sont obtenus grâce au logiciel R.

20

IV Résultats

1) Nombre total d'espèces et d'individus

Au total, c'est-à-dire pendant mais aussi en dehors des inventaires, 599 individus répartis en 15 espèces, ont pu être identifiés. La répartition de ces espèces au sein de la réserve est présentée sur la Carte 2.

Le graphique 1 illustre quant à lui l'abondance des différentes espèces rencontrées dans la réserve de Vohibola.

Graphique 1

En réalité, sur les 15 espèces recensées lors de cet inventaire, 11 l'ont été sur les sites inventoriés et 4 en dehors de l'inventaire (donc hors méthodologie du transect) au niveau de l'embarcadère du village et de l'un des embarcadères de la réserve. On constate sur le graphique 1 qu'il existe de grandes disparités dans le nombre d'individus observés pour chaque espèce. Il est également intéressant de noter que l'espèce Guibemantis bicalcaratus, inscrite en Annexe III de la CITES et dont le commerce est contrôlé, est la plus représentée à Vohibola.

2) Echantillonnage

Le plateau de la courbe d'accumulation totale, représentée sur le graphique 2, qui recouvre les 3 périodes d'inventaire (Février à Avril) amènent à penser que l'échantillonnage a été suffisant au

35

30

25

20

15

10

5

0

Heterixalus madagasca-riensis

Guibemantis timidus Blommersia blommersae Guibemantis bicalcaratus Pletodontohyla notosticta Gephyromantis boulengeri Anodonthyla boulengeri Gephyromantis eiselti Blommersia grandisonae Mantidactylus betsileanus Boophis opisthodon

cours de cette étude. En effet, à la fin du mois de Mars, l'ensemble des 11 espèces recensées avaient été identifiées.

De plus, les courbes d'accumulations réalisées sur chaque site pris individuellement, semble confirmer que l'échantillonnage ait été suffisant lors de cet inventaire (cf. Annexe VI).

Graphique 2

Courbe d'accumulation totale

3) Abondance relative des espèces

Le Graphique 3 illustre la diversité spécifique de chaque site échantillonné et la répartition du nombre des individus au sein de ces espèces. On observe que les espèces Heterixalus madagascariensis et Guibemantis bicalcaratus sont les plus représentées et que les mêmes espèces sont retrouvées sur les sites 4, 9 et 13 (forêt dense). De plus, la seule espèce retrouvée au niveau des sites 1, 5, 8, 10 et 14 est Heterixalus madagascariensis et ce, toujours dans les mêmes proportions. Ces données nous donne un premier aperçu de la similarité de certains sites (cette similarité inter-sites étant analysée de manière plus approfondie dans la partie 7).

nb d'individus

Graphique 3 : Abondance relative des espèces sur chaque site d'inventaire

22

Carte 2

Espèces de grenouilles retrouvées dans la réserve de Vohibola

23

4) Diversité des sites

Les différentes composantes prises en compte dans l'évaluation de la diversité de chaque site échantillonné sont présentés par le Tableau 2.

On constate que le site qui rassemble le plus grand nombre d'espèces est le site n° 3 tandis que le site n° 15 est celui qui contient le plus grand nombre d'individus. La comparaison des différents indices de diversité va permettre de discriminer les sites de manière plus précise et ainsi de sélectionner les plus intéressants pour un suivi amphibien.

Tableau 2

Diversité des sites d'inventaire

Indices de Shannon

Les zones de savanes et les zones dégradées (sites 1, 5, 10, 12 et 14) dans lesquelles une seule et même espèce a été retrouvée possèdent logiquement un indice de Shannon nul (H'=0) et s'avèrent alors être des milieux très pauvres en termes de diversité d'amphibiens.

Le site le plus riche selon cet indice est la forêt marécageuse de niaouli non soumise à exploitation (site 3), viennent ensuite les zones de forêt dense (dans l'ordre croissant : sites 4, 9 et 13) puis les zones de marécage. On peut s'apercevoir que le site 7, bien que contenant plus d'espèces et autant d'individus, a une valeur de l'indice de Shannon plus faible que le site 4 (H'site7 = 1,158215 contre H'site4 = 1,301306). Ceci tient aux propriétés de l'indice de shannon qui rend compte de la répartition plus équitable des individus au sein des diverses espèces. Ainsi, le site 4 n'est pas plus diversifié que le site 7 mais ses individus se répartissent mieux entre les espèces (cf. Graphique 3).

La forêt marécageuse de niaouli qui se situe dans l'intérieur de la réserve (site 8), tout comme les zones dégradées et de savane, n'est représentée que par une seule espèce présente en faible effectif. Son indice est donc nul.

24

Indices de Simpson

Les indices de Simpson ne peuvent être calculés pour les sites ne contenant qu'une seule espèce, le dénominateur de l'équation étant égal à 0. L'indice pour ces sites est donc considéré comme maximal (D = 1), ce qui rend compte du minimum de diversité.

Le site ayant l'indice de Simpson le plus faible est le site 3 illustrant ainsi la combinaison d'un nombre d'espèces plus important et d'une répartition équitable des individus entre les espèces. Toutefois, on constate que l'indice de Simpson du site 6 est faible et proche de celui du site 3 pourtant 2 fois plus riche en espèces, ce qui rend compte d'une répartition plus harmonieuse des individus. On remarque aussi que, excepté pour le site 3, les zones de marécage ont un indice relativement élevé (0,38 < D < 0,49) comparativement aux autres sites. Notamment, on observe que le site 4 a un indice plus faible que le site 7 qui contient pourtant plus d'espèces et autant d'individus. De même le site 4 possède un indice moins élevé que le site 13 qui regroupe plus d'individus pour autant d'espèces. Ceci illustre le poids important d'une meilleure répartition, des individus au sein des espèces, sur la diversité selon l'indice de Simpson (site 4 contre site 13) mais aussi le faible poids que cet indice apporte aux espèces rares (site 4 contre site 7).

Indices de Hill

La comparaison des indices de Hill permet d'avoir la meilleure vision sur la diversité d'un site. De la même manière qu'il était impossible de calculer les indices de Simpson pour les sites n'abritant qu'une seule espèce, l'indice de Hill n'est pas calculable pour les sites 1, 5, 8, 10, 12 et 14.

Le Tableau 2 nous indique que le site 3 est le plus diversifié, il regroupe en effet le plus grand nombre d'espèces, un nombre d'individus moyen observé lors d'un transect assez important et montre que la répartition de ces individus est assez équitable.

En se basant sur l'indice de Hill, le site 7 est le deuxième site le plus diversifié, et ce, malgré le fait que les indices de Shannon et Simpson de ce site montrent une diversité plus faible que les zones de forêt dense. Ceci reflète le fait que ce site possède à la fois plus d'espèces et autant d'individus (sauf pour le site 13), même si la répartition des individus entre les espèces présentes semble moins équitable sur ce site.

Les sites de forêt dense (sites 4, 9 et 13) viennent ensuite avec un indice de Hill relativement similaire entre eux. Le site 13 bien que comptant autant d'espèces et beaucoup plus d'individus que les autres sites du même habitat, possède un indice de Hill plus grand (donc une diversité plus faible), ce qui démontre l'importance d'une répartition équitable des individus entre les espèces.

De plus, le site 6, qui semblait plutôt diversifié par rapport aux autres lorsque l'on s'en remettait aux indices de Shannon et Simpson, s'avère en réalité peu diversifié selon l'indice de Hill. Cette conclusion semble logique pour un site ou l'on retrouve en moyenne seulement 4 individus

25

répartis en 3 espèces et illustre le poids trop important qui est donné à la répartition équitable des individus entre les espèces par les indices de Shannon et Simpson. Le même raisonnement s'applique pour les sites 11 et 15.

Conclusion

A partir de cette analyse, basée sur les indices de diversité, on peut conclure que les sites les plus diversifiés et donc les plus intéressants à suivre dans le futur sont les sites 3, 4, 7, 9 et 13.

Cependant les sites 4, 9 et 13 représentant un même type d'habitat, on peut ne retenir que les sites 3, 4 et 7, le site 4 étant le plus diversifié. En effet, à eux 3 ces sites représentent l'ensemble du panel de diversité spécifique de la réserve recensé lors de cet inventaire.

Toutefois ces indices ne constituent pas la panacée pour conclure sur les sites à sélectionner pour un suivi sur le long terme (voir ci-dessous : résultats complémentaires et le chapitre IV : Discussion). Ainsi d'autres éléments seront apportés afin de conclure définitivement sur ce sujet.

5) Résultats complémentaires

Comme souligné précédemment, 4 des 15 espèces recensées au total au cours de cet inventaire ont été retrouvées en dehors des sites sélectionnés. Il s'agit des espèces : Boophis madagascariensis, Boophis tephraeomystax, Boophis viridis et Ptychadena mascareniensis.

On retrouve ces espèces au niveau de la mare et de l'embarcadère du village et au niveau de l'embarcadère qui se situe en face du village, au Sud de la réserve (cf. Carte 2).

Ces espèces, et notamment B. tephraeomystax et B. viridis, sont connues pour être retrouvées dans des mares ou marécages à proximité des villages (Glaw & Vence, 2007).

Ces informations n'ont pas été acquises en appliquant la méthodologie d'inventaire par transect décrite plus haut. Il s'agit d'observations ponctuelles réalisées lors des différents déplacements effectués entre le village et la réserve et donc acquises tout au long de la période d'inventaire. Ces données ne sont alors pas exploitables de la même manière que celles obtenues sur les sites d'inventaire (calcul des indices H', D et Hill) le dénombrement des individus n'étant pas réalisé dans les mêmes conditions.

Elles donnent toutefois une vision de la richesse spécifique de ces zones qui reflète leur intérêt car elles regroupent un nombre important d'espèce au regard de la richesse des différents sites inventoriés mais surtout car certaines espèces n'ont été identifiées qu'à ces endroits (cf. Tableau 3).

26

Tableau 3

Espèces observées hors inventaire

Embarcadère-Mare Village

Embarcadère Sud réserve

Espèces observées

Nombre
d'individus

Espèces observées

Nombre
d'individus

Heterixalus madagascariensis

3

Heterixalus madagascariensis

5

Boophis madagascariensis

2

Boophis madagascariensis

4

Boophis viridis

5

Boophis viridis

2

Boopis tephraeomystax

10

Boophis opisthodon

4

Ptychadena mascareniensis

1

Mantidactylus betsileanus

4

 

Guibemantis bicalcaratus

3

6) Comparaison inter-sites des indices de diversité

Zones incendiées vs zones intactes

L'indice H' de Shannon des zones ayant subies l'incendie de 2002 est constamment nul, la moyenne des indices est donc égale à 0, tout comme l'écart-type de la distribution (ì1=0; ó1=0).

A l'inverse, la moyenne des indices de Shannon pour les zones intactes est différente de 0 (ì2=1.03; ó2=0.45) .

La comparaison au niveau des intervalles de confiance à 99%, semble montrer que cette différence de moyenne est significative. En effet, on obtient un intervalle de confiance à 99% = [0.5619551.489303], ce qui signifie que la valeur moyenne réelle des indices de Shannon des zones intactes à 99% de chances de se situer entre ces valeurs (0.561955< ì2 <1.489303).

Donc, au risque á = 1% de chances de se tromper, on peut conclure que les zones non impactées par l'incendie sont plus diversifiées que les zones ayant subies cet incendie de 2002.

La distribution des indices de Shannon pour les zones intactes, suivant une loi normale (W = 0.9039, p-value = 0.2417) Ce résultat est confirmé lors du test de comparaison d'une moyenne à une constante (t=6,82 > t9,0,05=2,262 ; p<0,01).

Zone de collecte vs zone non exploitée

Les sites 3 et 6 représentent initialement des milieux similaires (forêt littorale marécageuse de niaouli) mais diffèrent au niveau de leur exploitation.

On observe en moyenne 4 individus répartis en 3 espèces sur le site 6. On obtient alors H'site6=1.039721.

27

Pour le site 3, on observe en moyenne 9 individus par transect pour 6 espèces, ce qui donne H'site3=1.700165.

Un test de Student modifié révèle (cf. Graphique 4) qu'au seuil de risque a = 10%, cette différence entre les indices de Shannon est significative (t=2,067 > t5,0,10=2,015), ce qui pourrait sous-entendre un impact de la collecte des feuilles de niaouli sur la diversité amphibienne, bien que la relation de causalité ne puissent être révélée par un test de comparaison de moyenne.

Graphique 4

Comparaison des indices de Shannon en fonction de l'exploitation du site

2

1,8

1,6

1,4

1,2

1

0,8

0,6

0,4

0,2

0

*

ZC ZNC

ZC = Zone collectée (site 6) et ZNC = Zone non collectée (site 3)

7) Similarité

A partir du calcul des indices de Jaccard pour l'ensemble des sites pris deux à deux, on obtient la matrice de distance suivante (Tableau 4).

Lors de l'observation de cette matrice, on remarque tout de suite que de nombreux sites sont soit fortement différents (indice de distance = 1) soit fortement similaires (indice de distance =0) entre eux. On constate notamment que tous les sites de forêts denses abritent exactement les mêmes espèces et que la seule et unique espèce retrouvée dans les savanes et zones dégradées est toujours la même.

On s'aperçoit également que le site 12, où aucune espèce n'a pu être recensée, est logiquement distant de tous les autres sites qui acceuillent tous au moins une espèce de grenouille.

Cette matrice des distances permet alors la construction d'un dendrogramme illustrant la répartition des groupes en fonction de leur degré de similarité (cf. Graphique 5 où T, comme transect, représente un site. Ex : T1 = site 1).

28

Tableau 4

Matrice de distance

Ce graphique confirme tout d'abord le regroupement des sites de forêt denses d'un côté et des sites de savanes et zones dégradées de l'autre. On remarque que le site 8, qui est la forêt marécageuse de niaouli situé dans l'intérieur de la réserve, est englobé dans le groupe des sites mono-spécifiques. En effet, une seule espèce y a été retrouvée et il s'agit de la même qu'en zone dégradée et qu'en savane.

On remarque ensuite le regroupement des zones marécageuses (forêts de niaouli et marécages) qui partage un degré de similarité d'environ 40%.

Ces données permettent donc globalement de regrouper les sites en fonction de l'habitat qu'ils représentent. Il est alors possible de déterminer les habitats spécifiques de certaines espèces au sein de la réserve de Vohibola.

Graphique 5

Dendrogramme de similarité

29

8) Habitat

A partir des données de l'inventaire (cf. Graphique 3) et des informations issues de l'analyse de la similarité des sites, on peut associer une diversité spécifique à un habitat donné. Plus particulièrement, on peut cibler les espèces spécifiquement retrouvé dans un type d'habitat donné au cours de l'inventaire (noms en gras sur le Tableau 5)

Tableau 5

Association Habitat-Espèces

Habitat

Espèces

Forêt littorale marécageuse de niaouli

Blommersia grandisonae

Boophis opisthodon

Gephyromantis eiselti
Guibemantis bicalcaratus

Guibemantis timidus
Mantidactylus betsileanus

 

Marécage

Blommersia blommersae

Boophis opisthodon
Guibemantis bicalcaratus

Heterixalus madagascariensis
Mantidactylus betsileanus

Forêt dense

Anodonthyla boulengeri Gephyromantis boulengeri

Guibemantis bicalcaratus Plethodontohyla notosticta

Savane

Heterixalus madagascariensis

Zone dégradée

Heterixalus madagascariensis

Ainsi, on peut voir que certaines espèces sont assez généralistes comme Heterixalus madagascariensis qui vit dans tous les types de milieux de la réserve (zones marécageuses, zones dégradées et de savanes) excepté la forêt dense, ou encore comme Guibemantis bicalcaratus qui se retrouve là où il y a des Pandanus, c'est-à-dire partout sauf dans les zones de savane et les zones dégradées. En effet cette espèce a systématiquement été observée dans des zones à Pandanus, qui constituent son habitat privilégié (Glaw & Vence, 2007).

En revanche, il existe aussi des espèces spécialistes d'un seul habitat telles que Anodonthyla boulengeri, Gephyromantis boulengeri et Plethodontohyla notosticta qui ne vivent qu'au sein de la forêt dense.

30

Il est alors envisageable que la présence de ces 3 espèces puisse attester de la bonne santé de ce type d'écosystème et que ces espèces puissent donc être considérées en tant qu'espèces bioindicatrices.

En reprenant l'ensemble des informations mises en évidence dans cette étude concernant les espèces et le type de milieu dans lesquelles elles ont été observées et en extrapolant ces données à l'ensemble de la réserve de Vohibola, il est possible d'établir une cartographie théorique des habitats pour les grenouilles (cf. Carte 3).

Carte 3

Répartition théorique des espèces de grenouilles au sein de la réserve de Vohibola

Boophis madagascariensis Boophis tephraeomystax Guibemantis bicalcaratus Mantidactylus betsileanus

0

Blommersia blommersae Guibemantis bicalcaratus Mantidactylus betsileanus

Anodonthyl a boulengeri Guibemantis bicalcaratus

Blommersia grandisonae Gephyromantis eiselti Guibemantis timidus Mantidactylus betsileanus

Hetrixalus madagascariensis

Villages limitrophes
·

Perimetre de gestion

Occupation du sol

eau

forêt dense

forêt marécageuse de niaouli

grévillea

marécage

sable

savane

savane arborée

M! végétation littorale

zone dégradée

zone à reboiser

Boophis opisthodon

Boophis viridis

Heterixalus madagascariensis Ptychadena mascareniensis

Boophis opisthodon

Heterixalus madagascariensis

Gephyromantis boulengeri Plethodontohyla notosticta

Boophis opisthodon Guibemantis bicalcaratus Heterixalus madagascariensis

31

32

V Discussion

Identification des individus

Ne disposant pas du matériel nécessaire à une identification grâce aux tissus et n'étant pas un expert herpétologiste, il subsistera toujours un doute quant à l'identification des espèces recensées lors de cet inventaire. Cependant l'analyse selon la répartition géographique proposée dans le guide de terrain de référence (Glaw & Vence, 2007), les différents indices visuels présentés dans la partie identification de la méthodologie (cf. II) et l'association du chant à ces indices permettent de penser que les erreurs d'identification, bien que possibles, ont été marginales.

Comparaison des résultats avec la littérature : quelles espèces de grenouille à Vohibola?

L'étude réalisée ici a permis de mettre en évidence la présence de 15 espèces de grenouilles. Un inventaire réalisé en 2005 (Randrianirina & al., 2005) fait quant à lui état de la présence de 19 espèces d'amphibiens à Vohibola. Deux autres études, menées en 2007 (Deschamps, 2007) et en 2010 (Gehring & al, 2010), recensent quant à elle respectivement 10 et 11 espèces dans la réserve. Le Tableau 6 illustre la diversité spécifique rapportée par chacune de ces études.

Il apparaît clairement de nombreuses dissimilarités dans les résultats de ces différents inventaires, par exemple l'espèce Platypelis tetra (en danger d'extinction selon l'IUCN) n'a été rapportée que lors de l'inventaire de 2005.

Si l'on prend en compte toutes les espèces recencées lors de chaque inventaire, la diversité totale des amphibiens de Vohibola s'élèverait à 27 espèces.

Cependant, comme le soulignent Gehring et son équipe (Gehring & al, 2010), il existe sans doute quelques erreurs d'identification lors des inventaires précédents, notamment pour les espèces : Boophis idae, Boophis mandraka, Guibemantis tornieri, Platypelis grandis et Platypelis tetra. En effet, en s'intéressant à la répartition théorique de ces espèces (Glaw & Vence, 2007 et site internet AmphibiaWeb), il semble peu probable de pouvoir les retrouver dans la réserve de Vohibola.

Une des erreurs d'identification possibles concerne l'espèce Guibemantis tornieri. Lors du présent inventaire, cette grenouille n'a pas été recensée mais une espèce qui lui ressemble beaucoup du point de vue morphologique a en revanche été observée. Il s'agit de Guibemantis timidus dont la répartition géographique semble beaucoup plus en adéquation avec une localisation à Vohibola (Glaw & Vence, 2007 et site internet AmphibiaWeb). Il est donc probable qu'il y ait eu confusion entre les 2 espèces au cours des inventaires de 2005 et 2007.

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Tableau 6

Ensemble des espèces recensées à Vohibola entre 2005 et 2011

 

Année d'inventaire

Espèces

2005

2007

2010

2011

Anodonthyla boulengeri

x

x

x

x

Blommersia blommersae

 
 
 

x

Blommersia grandisonae

x

x

 

x

Boophis idae

x

 
 
 

Boophis mandraka

x

 
 
 

Boophis madagascariensis

 
 
 

x

Boophis opisthodon

 

x

x

x

Boophis tephraeomystax

x

x

x

x

Boophis viridis

 
 
 

x

Gephyromantis boulengeri

 

x

x

x

Gephyromantis eiselti

x

 
 

x

Guibemantis bicalcaratus

x

x

x

x

Guibemantis liber

 
 

x

 

Guibemantis pulcher

x

 

x

 

Guibemantis timidus

 
 
 

x

Guibemantis tornieri

x

x

 
 

Heterixalus madagascariensis

x

x

x

x

heterixalus punctatus

x

 
 
 

Mantidactylus betsileanus

x

 
 

x

Mantidactylus luteus

x

 
 
 

Mantidactylus ulcerosus

 

x

 
 

Platypelis grandis

x

 
 
 

Platypelis tetra

x

 
 
 

Platypelis tuberifera

x

 
 
 

Plethodontohyla notosticta

x

x

x

x

Ptychadena mascareniensis

x

 
 

x

Stumpffia sp

x

 

x

 

TOTAL

19

10

11*

15

* En plus des 10 espèces du tableau Gehring identifie une sous-espèce de Gephyromantis boulengeri qui n'est pas notée ici car, faute de moyens, le niveau d'analyse de cette étude ne peut aller jusqu'à la sous-espèce et s'arrête donc à l'espèce.

Etant donné que les espèces identifiées en 2010, l'ont été à partir d'analyses ADN, on part du principe qu'il existe une base de 10 espèces (et une sous-espèce) dans la réserve expérimentale de Vohibola. Si on ajoute à cela les autres espèces recensées, en retranchant à la fois les espèces mises en avant par Gehring (Gehring & al., 2010) comme étant susceptibles d'être des erreurs

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d'identification et les espèces qui n'ont été recensées que dans une seule étude, on obtient une richesse spécifique potentielle de 14 espèces (plus une sous-espèce).

On remarque également (cf. Tableau 6) que les espèces Guibemantis liber et Guibemantis pulcher n'ont été identifiées que lors de l'étude de 2010 (Gehring & al., 2010). Ceci peut s'expliquer par le fait que la distinction de ces espèces avec Guibemantis bicalcaratus est assez difficile (taille, morphologie, couleurs et habitat similaires) et pose un problème d'identification qu'une analyse ADN permet de résoudre aisément.

Dans tous les cas, si les moyens le permettent, il serait intéressant, lors des futures études sur les amphibiens de Vohibola, de prélever des tissus sur les grenouilles afin de permettre l'identification sûre et définitive des espèces présentes, car à ce jour la biodiversité réelle des amphibiens de Vohibola n'est toujours pas totalement connue.

Peut-être les analyses de tissus seraient-elles possibles grâce à un partenariat entre MATE et le département biologie de l'université d'Antananarivo avec laquelle plusieurs chercheurs ont déjà collaborés (Gehring & al, 2010 ; Crottini & al, 2011).

Période d'inventaire

Le présent inventaire a été réalisé entre février et avril 2011, ce qui ne correspond pas tout à fait à la période la plus favorable pour l'observation des amphibiens. Celle-ci se situant plutôt entre décembre et mars qui correspond à la saison chaude et pluvieuse dont les amphibiens profitent pour se reproduire. De ce fait, on peut penser que certaines espèces n'ont pas été rencontrées lors de l'inventaire car celles-ci avaient déjà accompli leur cycle de reproduction.

Cette hypothèse de décalage temporel du cycle entre les espèces semble se confirmer lorsque l'on analyse l'évolution du nombre d'individus de quelques espèces au cours du temps (cf. graphique 6).

On peut observer que certaines espèces voient augmenter leur effectif observé comme Mantidactylus betsileanus, que d'autres n'ont plus été observées après février (ex : Gephyromantis eiselti) et qu'à l'inverse d'autres n'ont été recensées qu'à partir du mois d'avril (ex : Boophis madagascariensis).

On ne peut donc pas exclure la possibilité que d'autres espèces que celles rencontrées au cours de cette étude, aient pu déjà effectuer leur période de reproduction avant le début de l'inventaire et puissent donc être présentes sur le site de Vohibola.

35

Graphique 6

Evolution du nombre d'observations de 3 espèces au cours du temps

L'idéal pour le suivi des amphibiens de la réserve serait alors de commencer les futurs inventaires plus tôt, c'est-à-dire en décembre, car la période de reproduction qui correspond au pic d'activité des grenouilles malgaches est constituée par la saison des pluies qui s'étale de décembre à mars (Glaw & Vences, 2007). Toutefois, il paraît important de poursuivre les inventaires au cours du mois d'avril, tout du moins pour ce qui concerne la réserve de Vohibola, certaines espèces n'ayant pu être observées qu'à partir du mois d'avril (cf. Graphique 6).

En conclusion, la période d'inventaire la plus propice pour la réalisation d'un suivi amphibien efficace à Vohibola devrait se situer entre début décembre et fin avril.

Les sites de suivi

L'analyse et la comparaison des résultats en termes de diversité des sites a permis de mettre en évidence la richesse et donc l'intérêt des sites n° 3, 4 et 7 pour le suivi amphibien que souhaite mettre en place MATE dans la réserve de Vohibola.

En plus de ces 3 sites, on a également pu voir qu'il existait d'autres sites intéressants de par la biodiversité particulière qu'on y retrouve, il s'agit des zones d'embarcadères (et en particulier la mare) du village et de la réserve (cf. Carte 4). Certaines espèces observées ont en effet été retrouvées uniquement sur ces sites (cf. Tableau 3). De plus, l'inventaire réalisé en 2005 dans la réserve (Randrianirina & al., 2005) avait déjà mis en exergue cette zone, notamment en raison de la présence de l'espèce Boophis tephraeomystax qui, tout comme dans notre étude, n'avait été observée que sur ce site à l'époque. Toutefois, il existe une divergence assez importante en termes de composition spécifique recensée dans cette zone entre la présente étude et l'inventaire de 2005. Un examen plus approfondi de ce site serait donc particulièrement intéressant.

Par ailleurs, même si ils ne constituent pas des hotspots de biodiversité, il serait intéressant de poursuivre le suivi dans les savanes et zones dégradées afin d'étudier la recolonisation du milieu par les amphibiens et peut-être corréler cette recolonisation (si recolonisation il y a) à l'évolution du milieu. Ainsi, il serait possible de suivre en parallèle l'évolution du milieu et de la biodiversité.

Enfin, le site 15 mérite aussi une attention particulière car beaucoup d'espèces différentes (14 au total)3 y ont été recensées lors de l'inventaire biologique de 2005 (Randrianirina & al., 2005), et même si il y a probablement eu des erreurs d'identification (voir ci-dessus), il serait intéressant d'identifier les espèces présentes. D'autant plus que les espèces citées dans ce rapport ne ressemblent pas morphologiquement aux espèces recensées au cours du présent inventaire. Ces dernières, qui avaient d'ailleurs également été recensées en 2005, ont peu de chances d'avoir été confondues avec tant d'autres espèces. De ce fait, il est plausible que le site 15 (et la forêt qui l'entoure) recèle une biodiversité amphibienne plus importante que celle mise en évidence dans la présente étude.

Ce résultat peut-être dû à la période tardive d'inventaire, ce site n'ayant pas été trouvé lors de la première session d'inventaire en février.

En conclusion, 6 sites seront retenus pour le suivi amphibien (cf. Carte 4). Il est bien sûr possible et même souhaitable de rajouter des sites intéressants à cette liste, la réserve n'ayant pas pu être explorée dans sa totalité.

36

3 En 2005, l'inventaire s'est déroulé sur un site qui recouvrait à la fois forêt dense et marécage. Ici, seul le marécage a été exploré.

37

Carte 4

Sites sélectionnés pour le suivi amphibien de la réserve

38

Impact de la collecte : quelle gestion pour le niaouli?

Le niaouli est une plante invasive introduite lors de la construction du canal des Pangalanes et qui aujourd'hui couvre une part importante (environ 300 ha) de la réserve.

Cependant, bien que cette plante soit invasive, les zones marécageuses composées par les niaoulis constituent aujourd'hui un milieu à part entière, présent depuis près de cent ans (ce qui représente de nombreuses générations d'amphibiens). On peut alors s'interroger quant à la gestion à appliquer à ce milieu : il faut à la fois éviter l'extension du niaouli à l'intérieur de la réserve car il entraînerait une uniformisation des zones humides, et à la fois tenter de préserver un bon état des forêts de niaouli qui, comme on a pu le voir, constitue un habitat pour de nombreuses espèces de grenouilles.

Bien que les résultats ne puissent être significatifs en raison d'un échantillon faible (2 sites seulement ayant été échantillonnés), on peut tout de même penser que ces résultats illustrent une tendance (à confirmer par d'autres études) et que la surexploitation pour la production d'huile essentielle représente un danger de dégradation du milieu avec un impact potentiel fort sur la faune. En effet, au niveau des zones de collecte, seules 3 espèces de grenouille peuvent être observées contre 6 espèces en zone non exploitée.

De plus, à titre indicatif, dans la partie privée de la réserve (zone non exploitée), il n'est pas rare d'observer de nombreux lémuriens (Eulemur fulvus) dans la forêt de niaouli, or on a du mal à imaginer ces lémuriens sur une parcelle de ce même milieu, mais où la taille des arbres ne dépasse pas 2,5 m (contre plus de 4m pour les individus non exploités) et dont les feuilles ont quasiment toutes été prélevées.

Afin de déterminer de manière plus précise l'impact de la collecte sur les zones humides à niaouli, une étude serait particulièrement intéressante à réaliser. Il serait par exemple possible d'échantillonner les sites de collecte et plusieurs zones intactes afin de comparer la diversité spécifique et le nombre d'individus que l'on retrouve sur ces sites (pour plus d'information, l'étude pourrait également être menée sur le reste de la faune retrouvée dans ce milieu).

En ce qui concerne la gestion au niveau des zones de collecte, MATE a mis en place des "bonnes pratiques de collecte" censées permettre la régénération de ces zones et donc une exploitation durable du milieu. Mais si l'interdiction de coupe des troncs est respectée, la recommandation de prélever uniquement les feuilles afin d'éviter l'arrachage des branches quant à elle, n'est pas toujours suivie d'effets.

En réalité, il est difficile, pour les populations concernées, d'appliquer ces "bonnes pratiques". Tout d'abord, car il n'existe pas de contrôle lors des phases de collecte et ensuite car le prix du kilo de feuilles ne le permet pas. Une étude, demandée par MATE, sur les impacts socio-économiques de la production des huiles essentielles à Vohibola (Chlémaire, 2011), estime qu'au tarif auquel sont

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payés les collecteurs/collectrices (36 Ar4/kg), il leur est impossible de répondre à cette pratique étant donné la chute de revenus que cela occasionnerait. En effet, les branches sont arrachées afin de défolier plus rapidement car les collecteurs/collectrices ne disposent pas d'escabeau pour un effeuillage en hauteur. La défoliation sans arrachage des branches entraineraît alors une augmentation du temps nécessaire à la collecte d'un kilo de feuilles et donc une diminution des revenus.

De plus, il ne faut pas oublier que ce projet est réalisé dans le cadre du commerce équitable, or, si les bonnes pratiques sont respectées et que cela induit une diminution des revenus pour les travailleurs locaux, le projet risque de ne plus répondre aux normes du commerce équitable (Chlémaire, 2011). En effet, MATE est tenue de payer ses travailleurs au salaire minimum légal (environ 90 000 Ar / mois) et se base sur les paramètres suivants pour la rémunération :

- Un mois correspond à 25 jours de travail

- Les collecteurs ramassent 100 kg/jour

De ce fait, pour que les revenus s'alignent sur le salaire minimum malgache, le prix du kilo de feuilles est fixé à 36 Ar (36x100 = 3600 x 25 = 90 000). Or, si les collecteurs cueillent moins de 100 kg/jour (ce qui serait le cas si la collecte se faisait sans arrachage des branches) ils ne pourront plus toucher l'équivalent du salaire minimum mensuel. Cependant une augmentation du rendement en huile essentielle est possible si seules les feuilles sont collectées, ce qui permettrait à la fois une augmentation du prix au kilo et le respect des bonnes pratiques (Chlémaire, 2011).

Il serait donc important de veiller au respect des bonnes pratiques pour une gestion durable du niaouli mais ceci ne peut se faire au détriment des revenus des villageois. Il faudrait alors trouver un système de rémunération plus approprié à cette activité.

Isolation de la réserve de Vohibola

La réserve expérimentale de Vohibola représente l'un des derniers fragments de forêt littorale humide de l'est de Madagascar, sa préservation est donc primordiale d'un point de vue environnemental. Des projets de protection sont justement mis en oeuvre. MATE entend ainsi intégrer la réserve de Vohibola au Réseau des Aires Protégées de Madagascar et inclure sa zone humide dans la convention Ramsar afin de renforcer son statut de protection, la réserve ne bénéficiant pour l'instant que d'un statut de réserve expérimentale.

Mais le fait que ce type d'écosystème soit si rare implique une isolation par rapport au reste des écosystèmes semblables et en bon état de conservation. La forêt de Tampolo constitue la forêt littorale humide plus proche et se situe à plus de 150 km au nord du site de Vohibola.

Cette forêt forme un habitat similaire à celle de Vohibola, et on y recense un richesse en amphibiens

4 L'ariary (Ar) est la monnaie malgache : 1€ équivaut à environ 2 800 Ar (en 2011)

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comparable (16 espèces) mais avec quelques différences lorsque l'on s'intéresse aux espèces retrouvées : 9 espèces sont communes aux deux sites (Randrianirina & al., 2005). Ceci signifie alors peut-être, qu'en cas de connexion de ces deux fragments d'un même écosystème, une biodiversité d'amphibien encore plus importante pourrait être retrouvée à Vohibola mais aussi à Tampolo.

Cependant établir une connexion écologique entre ces deux fragments sur une distance supérieure à 150 km paraît difficile, d'autant que la politique environnementale malgache s'axe principalement sur la création d'aires protégées pour répondre aux recommandations de l'IUCN. Pour l'instant il vaut donc mieux se concentrer sur la bonne gestion de ces zones avant de penser à la création de corridors écologiques.

Conclusion : recommandations

Pour parvenir à assurer un suivi fiable, le guide du village employé de MATE, Nabé, a été formé à la méthode d'inventaire et à l'identification précise des espèces d'amphibiens. Un porte-vue réalisé spécialement pour le suivi des amphibiens de Vohibola lui a été remis sur le terrain, et un autre exemplaire a été remis au bureau de MATE à Antananarivo. Ce document contient :

- des fiches d'aide à l'identification des espèces (clé de détermination) classées par type de milieu;

- la liste des espèces retrouvées et de celles que l'on peut potentiellement retrouver;

- une fiche d'inventaire reprenant les paramètres à noter et une fiche contenant les indices à receuillir pour une identification ultérieure d'un individu non capturé;

- Un CD contenant les chants des amphibiens présents et potentiellement présents accompagné d'une liste de référence associant une espèce à un numéro de piste sur le CD. Ces documents forment une première base de travail, mais avec un peu de matériel supplémentaire il serait facile de rendre le suivi beaucoup plus efficace. En effet, sur le terrain il n'y a pas d'appareil photo en état de marche et à la disposition du guide. De ce fait, l'identification devra obligatoirement se faire sur place ce qui réduit la précision des données, étant donné que les individus observés ne sont pas toujours capturés. De plus, l'achat d'un dictaphone pour le suivi s'avérerait particulièrement pertinent pour permettre d'enregistrer les chants dont on a démontrer l'intérêt pour réaliser une étude.

Mais, en plus du matériel nécessaire, cette étude à également permis de mettre en avant des éléments de réflexion dont la prise en compte pourrait permettre un suivi des amphibiens d'autant plus fiable.

Le Tableau 7 présente l'ensemble des mesures préconisées pour un suivi efficace sur le long terme des amphibiens de Vohibola.

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Tableau 7

Préconisations pour le suivi amphibien à Vohibola

Domaine concerné

Recommandations

Matériel

Achat d'un appareil photo et d'un dictaphone

Période d'inventaire

Inventaires à commencer en décembre et à
continuer jusqu'en avril

Identification des espèces

Prélever et analyser les tissus

Accès au site

Réaménager les anciennes pistes des bûcherons permettant d'accéder aux sites sélectionnés

Sites de suivi

Suivre les hotspots identifiés dans cette étude et
continuer à suivre l'évolution des savanes et
zones dégradées et continuer la prospection de
sites intéressants dans l'ensemble de la réserve

Gestion du niaouli

Mise en place d'un système de rémunération
permettant le respect des bonnes pratiques de
collecteurs

Mise en place d'un système garantissant le
respect des bonnes pratiques

Permettre la régénération du milieu et éviter la
surexploitation

Valorisation et développement durable

MATE tente au travers de son intervention de concilier développement économique et social et protection de l'environnement, ce qui correspond à la notion de développement durable.

MATE soutient en effet que les populations doivent pouvoir tirer profit de leurs ressources naturelles locales mais de manière raisonnée afin de permettre la préservation du milieu dont elles tirent les ressources. Ceci apparaît alors comme une action totalement légitime car l'Homme, aussi bien que toute autre espèce, doit pouvoir tirer parti des ressources de son environnement immédiat. Toutefois, plusieurs problématiques, sur lesquelles une réflexion est initiée ici, peuvent alors émerger :

Tout d'abord, comme nous avons pu le voir plus haut, il existe un risque de surexploitation du milieu pour le niaouli. Il est donc primordial de mettre en place à la fois un système de surveillance permettant une exploitation réellement raisonnée de cette ressource et un système de rémunération des collecteurs plus approprié au respect des bonnes pratiques de collectes. De plus, la mise en place d'un suivi scientifique comme conseillé suite aux résultats de cette étude sur les amphibiens, serait un outil pertinent à la gestion du niaouli.

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De plus, le projet huile essentielle, qui est le programme phare de MATE, s'inscrit dans le cadre du commerce international. En effet, on comprend facilement que les huiles essentielles et les produits cosmétiques dérivés de ces huiles ne constituent pas les besoins premiers d'une population dont environ 70%5 de la population vivait encore sous le seuil de pauvreté national en 2005.

Quel problème y a-t-il au commerce international de marchandises si cela permet l'amélioration de la qualité de vie de la population? Dans le fond aucun, car l'objectif semble tout à fait louable. Il est juste surprenant d'observer qu'un organisme qui se pose en protecteur de l'environnement à une échelle locale, oublie ainsi l'impact de son activité, en terme de bilan carbone notamment, sur le reste de l'environnement à l'échelle internationale. Ne résout-on pas un problème localement en l'aggravant à l'échelle globale?

Ceci, en particulier lorsque de nombreuses études scientifiques démontrent la diminution significative de l'impact de l'Homme sur l'environnement dans le cas d'échanges à une échelle locale contre la logique de commerce international actuelle (IPCC, 2001).

Ensuite, le concept de valorisation sous-entend que la biodiversité est un bien qui nous appartient et qui doit nous être utile. En extrapolant : si la technologie permettait de subvenir à tous nos besoins aurait-on pour autant le droit de détruire l'environnement?

De plus, il est probable que les villageois qui travaillent dans les projets de MATE ne voient dans l'environnement qu'une source de revenu. Ils n'auraient donc théoriquement aucun problème à faire une activité destructrice de l'environnement si cela leur rapportait un revenu plus élevé.

Cette politique est-elle réellement durable, c'est-à-dire viable sur le long terme? Ne risque-t-on pas en associant une valeur économique à certaines ressources naturelles, de créer un nouveau marché nécessairement soumis à la loi de l'offre et de la demande, qui peut, tout en conduisant à de réels progrès sociaux (développement d'écoles ou d'infrastructures sanitaires par exemple), provoquer une surexploitation de l'environnement que l'on cherche à protéger. Car que faire si les huiles essentielles bio et équitables deviennent les produits "à la mode"? Limitera-t-on alors la production afin de protéger l'environnement devant la pression du capital économique et des avancées sociales sous-jacentes que cela représente? Rien n'est moins sûr, surtout face à une population ayant tiré les bénéfices de cette activité et dont les besoins auront évolués.

En poursuivant cette logique, on peut également se demander : comment empêcher l'augmentation de la pression qu'exerce l'Homme sur l'environnement lorsque le développement économique est synonyme de croissance, donc d'augmentation de la production, du niveau de vie, de la taille des populations et nécessairement de la consommation qui les accompagne?

Ceci amène finalement, à un aspect essentiel qui n'est pas, du moins pas encore, totalement traité par MATE dans sa gestion de la réserve : la sensibilisation à l'environnement. C'est-à-dire,

5 source : http://donnees.banquemondiale.org/pays/madagascar

43

permettre une réflexion aux villageaois et surtout pour les plus jeunes sur des questions comme : qu'est-ce que l'environnement? Pourquoi le protéger? Quelles sont les actions qui le dégrade? Nous appartient-il ou en faisons nous partie au même titre que n'importe quelle espèce? Avons nous un droit sur le reste de la vie? Cet aspect éducatif semble primordial si l'on souhaite un changement de notre relation à la nature qui est peut-être l'enjeu majeur de la sauvegarde de l'environnement dans le futur.

Il existe actuellement au sein de l'ONG une "mission éducation". Cependant celle-ci n'existe que depuis deux ans et s'intéresse principalement à la scolarisation des enfants et au matériel scolaire. Ceci est bien sûr une base fondamentale, car il faut tout d'abord permettre aux enfants d'avoir accès à l'éducation. Mais il serait également possible d'envisager des projets d'éducation à l'environnement à moindre coût. En ce sens, la mise en place d'une ou plusieurs journées de "classe verte" dans la réserve pourrait répondre à cet objectif.

Tout le monde s'accordera sur le fait que, face aux priorités qu'impliquent la situation de pauvreté dans laquelle se trouve une grande partie de la population malgache (nourriture quotidienne, logement, chauffage...), la préservation de la biodiversité est inévatiblement et logiquement reléguée au second plan. Pour autant, il ne faut pas oublier l'importance de la composante éducative qui s'avère nécessaire, d'une part dans le cadre d'un changement des comportements vis à vis de l'environnement, et d'autre part dans la compréhension et l'acceptation des actions de l'ONG (fondamentale pour la conduite d'un projet à long terme dont le but est l'autonomisation des populations).

De plus, une exploitation durable de l'environnement est un gage de ressources sur le long terme. De ce fait, il est possible d'en montrer l'intêret stratégique aux populations locales.

Toutefois, MATE à travers son action de valorisation des ressources naturelles s'inscrit totalement dans le cadre de la Politique Nationale de l'Environnement et de la Stratégie Nationale de Gestion Durable de la Biodiversité mise en place par l'Etat malgache. On peut citer, à titre d'exemple, le Madagascar Action Plan (MAP) élaboré en 2006 et appliqué pour le quinquennat 2007-2012. Ce nouveau plan d'action met l'accent sur le développement rural et à cet égard, la valorisation des plantes aromatiques à travers l'exportation des HE fait partie des activités prioritaires identifiées par le MAP.

La stratégie de préservation de la biodiversité qui prédomine actuellement dans le monde, est la valorisation des ressources naturelles, censée allier création de revenus et protection de l'environnement. Peut-être faut-il effectivement que la biodiversité apporte un gain direct à l'Homme avant qu'il ne puisse penser à préserver l'environnement pour ce qu'il est, mais peut-être aussi que cette vision inculque l'idée, que la nature, si elle ne présente pas d'intérêt, devient inutile et donc quelque chose qu'il n'est pas nécessaire de conserver.

44

BIBLIOGRAPHIE

Rapports non publiés :

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Etude d'impact socio-économique de la production d'huiles essentielles à Vohibola - Deschamps Chloé, 2007.

Inventaire amphibiens et étude sur les amphibiens pandanicoles de la réserve expérimentale de Vohibola.

- Gehring P-S. & Ratsoavina F., 2009.

A rapid assessment of the amphibians and reptiles of the Vohibola forest, eastern Madagascar

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Protocole standardisé de suivi des amphibiens.

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Inventaire botanique de la forêt de Vohibola.

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Inventaire biologique de la forêt littorale de Vohibola, Madagascar.

Articles / Publications :

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45

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Amphibiens menacés de Madagascar. Museo regionale di scienze naturali. Réalisé dans le cadre du projet "A Conservation Strategy for the Amphibians of Madagascar" et de l'Amphibian Specialist Group / IUCN.

- Andreone F. & Randriamahazo H., 2008.

Sahonagasy Action Plan : Programme de Conservation pour les Amphibiens de Madagascar. Museo regionale di scienze naturali. Réalisé dans le cadre du projet A Conservation Strategy for the Amphibians of Madagascar et de l'Amphibian Specialist Group / IUCN.

- Crottini A., Glaw F., Casiraghi M., Jenkins R. K. B., Mercurio V., Randrianantoandro C., Randrianirina J. E., & Andreone F., 2011.

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- Daly, J. W. , Garraffo H.M., Spande T.F., Giddings L., Saporito R.A., Vieites R. D. & Vences M., 2008.

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- Gehring P-S, Ratsoavina F. M. & Vences M., 2010.

Filling the gaps - amphibian and reptile records from lowland rainforests in eastern Madagascar. Salamandra 46 : 214-234, ISSN 0036-3375

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Climate Change 2001: The Scientific Basis. Contribution of Working Group I to the Third Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Houghton, J.T.,Y. Ding, D.J. Griggs, M. Noguer, P.J. van der Linden, X. Dai, K. Maskell, and C.A. Johnson (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA, 881pp.

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- Vallan, D., 2002.

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46

- Vieites D., Wollenberg K., Andreone F., Köhler J., Glaw F. & Vences M., 2009.

Vast underestimation of Madagascar's biodiversity evidenced by an integrative amphibian inventory. PNAS 106 : 8267-8272.

Ouvrages :

- Glaw F. & Vences M., 2007.

A field guide to the amphibians and reptiles of Madagascar. 3e édition. Cologne, Vences & Glaw Verlag, 496 pages.

Sites Web :

AmphibiaWeb : http://amphibiaweb.org/search/index.html IUCN : http://www.iucnredlist.org/

I

Annexe I

1) Poids de chacune des menaces qui s'exercent sur les amphibiens

(Source : http://www.iucnredlist.org/initiatives/amphibians/analysis/major-threats)

2) Classements des pays selon leur richesse en espèces d'amphibiens

RANK

COUNTRY

TOTAL SPECIES

1

Brazil

798

2

Colombia

714

3

Ecuador

467

4

Peru

461

5

Papua New Guinea

376

6

Mexico

364

7

Indonesia

363

8

China

333

9

Venezuela

311

10

United States

272

11

India

252

12

Madagascar

242

13

Bolivia

230

14

Australia

223

15

Congo, D.R.

215

(Source : http://www.iucnredlist.org/initiatives/amphibians/analysis/geographic-patterns)

I

Annexe I (bis)

3) Classement des pays en fonction du nombre d'espèces endémiques d'amphibiens

RANK

COUNTRY

COUNTRY ENDEMICS

1

Brazil

534

2

Colombia

349

3

Mexico

246

4

Madagascar

240

5

Peru

224

6

China

217

7

Australia

209

8

United States of America

190

9

Papua New Guinea

187

10

Indonesia

175

11

Venezuela

172

12

Ecuador

171

13

India

167

14

Sri lanka

89

15

Phillipines

79

16

Tanzania

78

17

Bolivia

72

18

Malaysia

63

19

Cuba

59

20

Cameroon

58

(Source : http://www.iucnredlist.org/initiatives/amphibians/analysis/geographic-patterns)

Annexe II

Organigramme de l'ONG l'Homme et l'Environnement

 
 
 
 

Organigramme central

V2010.09 (2011)

ONG L'HOMME ET L'ENVIRONNEMENT

Président de I 'ONG

D recteur en charge du developpementintemational et R&D

Bureau de l'association H&E

 
 
 

Direction executive

Antennes de représentation l'étranger
France metropollta Ine - La Reunion - Ita Ile

Programme International d'échanges
Co I Iaterra - 30 %

DGA

chargee du suivi Evaluation

SIG r Carlo

 
 
 
 

Direct on administrative et
financlere

 
 
 
 
 

Assistante de Direction i VSC

 
 
 

Ad ministrtlon

 
 
 
 
 
 

Direction Technique Logistique Sécurité

 
 
 
 
 
 
 
 

Cher-Comparable

 
 
 

Accueil, caisse et operatnce de salsle

 
 
 

Assistant, chargé des transports
et dela secu rife

 

Comptables
Coursier

 

Hiérarchie -- --4. Assistance technique

supervision de la DAf

N_8..- Les coordnuteurs odmirrrstratrfs sont sores !a

Equ ipes de terrain VHR

Equips de terrain VHR

Eq u ipes de terrain AMR

Equipes de terrain TSK

Eq u ipes de terrain ATR

Chef de projet VHM

Chef de projet TSK

Chef de projet ATR

Chef de projet VHR

Chef de projet AhM16

Equipe coordination VHB

Assistant de coordination

Coordinateur administratif

Equipe coordination VHM

Coordinateur technique

Coordinateur administratif

Fitt line rnnrfination AMH

Coordinateur technique

FNline rnordinatiort TSK

Coc rdi nateu r technique

Eauine coordination ATR

Coordinateur technique

II

POLEACTION ENVIRONNEMENTALE

· ProgrammeSuivl-biodiversité

· Pro gramme Reforestation

· Pro gramme Agriculture

· Con servatlon et surveillante

POLEACTION SOCIO-TULIURELLEET GOUVERNANTE

· Programme Education et Renforcement de capacités Programme Santé

· Programme ktcompag nement des Families

· Gouvernante

POLE DEVELOPPEMENTECONOM14UE

· Programme R&D et quai Ité

· Programme Valorlsatlon Flllerec Programme Productions Hu Iles Essentielles

Programme Eco-tourisme

Appui â la production et commercialisation

Annexe III

Systématique des amphibiens de Vohibola

Famille Genre Espèces

Discoglossidae

Hyperoliidae

Hoplobatrachus

Heterixalus

Aglyptodactylus

Heterixalus madagascariensis Heterixalus punctatus

Blommersia

Blommersia grandisonae

Mantellidae

Boehmantis
Boophis
Gephyromantis

Guibemantis
Laliostoma

Boophis idae
Boophis mandraka
Boophis opisthodon
Boophis teprhaeomystax
Boophis viridis

Gephyromantis boulengeri Gephyromantis eiselti

Guibemantis bicalcaratus
Guibemantis liber
Guibemantis pulcher
Guibemantis tornieri

Mantella
Mantidactylus

 
 
 

Mantidactylus luteus
Mantydactylus ulcerosus

 

Spinomantis Wakea

 
 

Microhylidae

Ptychadenidae

Anodonthyla
Cophyla
Dyscophus
Madecassophryne
Paradoxophyla

Platypelis
Pletodontohyla Rombophryne Scaphiophryne

Stumpffia

Ptychadena

Anodonthyla boulengeri

III

Platypelis grandis

Platypelis tuberifera
Platypelis tetra

Pletodontohyla notosticta

Stumpffia sp.

Ptychadena mascareniensis

IV

Annexe IV

Fiche d'inventaire terrain

Denomination Site : (:oord- GPS

Description site :

Espice Obser -ee

Toirxlre

Stadeo/-

Niode detection

Mode iclentiticat'

Distance ; l'eau

Date/Heure : N1etëo T° H -zro :

V

Annexe V

Moyens d'idendification des grenouilles

(1) La Formule palmaire :

Le premier chiffre défini le doigt observé ; la lettre suivante défini le côté du doigt : « i » coté interne vers l'animal / « e » coté externe ; le deuxième chiffre défini la phalange sur laquelle la membrane s'insert. Par exemple : 4i(0) signifie sur le doigt 4, la membrane s'insert du coté interne du doigt à sont extrémité là où il n'y a pas de phalanges. 4i(1) idem mais elle s'insert sur la première phalange (en partant de l'extrémité du doigt).

(2) L'articulation tibio-tarsale :

VI

Annexe VI

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Courbe d'accumulation : site 1

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

Courbe d'accumulation : site 2

Durée d'échantillonnage (minutes)

Courbe d'accumulation : site 3

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

Courbe d'accumulation : site 4

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Courbe d'accumulation : site 5

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

Courbe d'accumulation : site 6

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

Courbe d'accumulation : site 7

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

Courbe d'accumulation : site 8

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

Courbe d'accumulation de chaque site échantillonné

Annexe VI (bis)

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Courbe d'accumulation : site 9

Durée d'échantillonnage (minutes)

Courbe d'accumulation : site 10

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

Courbe d'accumulation : site 11

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

Courbe d'accumulation : site 12

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

6

5

4

3

2

1

0

Nombre d'espèces

Courbe d'accumulation : site 13

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

Courbe d'accumulation : site 14

Nombre d'espèces

0 60 120 180 240 300 360

Durée d'échantillonnage (minutes)

6

5

4

3

2

1

0

Courbe d'accumulation : site 15

Durée d'échantillonnage (minutes)

VI






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote