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Tourisme et pauvreté à  marrakech: etude de cas de deux quartiers: douar belaàąguid et douar moulay el mahdi

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par aicha KNIDIRI
Université Cadi Ayyad - Master tourisme, patrimoine et développement durable 2010
  

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Section2 : L'apport du tourisme au quartier et à la qualité de vie

L'apport du tourisme au quartier change selon le quartier et aussi selon la modalité. Mais en général (tableau 4), 65 considèrent que le tourisme n'avait aucun impact sur leur quartier, 48 trouvent que c'était un apport négatif, 43 estiment que c'est positif, pour un nombre total de citations de 157.

Modalités de réponses

Nombre de citation

Pourcentage

Non réponse

1

0.6%

apport positif

43

27.4%

apport négatif

48

30.6%

aucun apport

65

41.4%

Total

157

100%

Tableau 4 : modalité de réponse à la question : le quartier a-t-il connu des transformations positives ou négatives après l'installation des activités touristiques ?

96% ont assuré que le développement remarquable du tourisme dans leur quartier a été accompagné par l'élévation du niveau de vie sans autant influencer ou avoir des retombées positives sur le pouvoir d'achat (ce n'est que 25% qui ont affirmé qu'il y a eu des retombés positives sur le pouvoir d'achat).

Ce développement a eu aussi des impacts sur les prix des services, tels les moyens de transport qui ont été jugés trop chers par 57,3% et moyennement chers par 34,7%, alors que juste 7,3% les trouvent pas chers. Pour les produits alimentaires, 29,3% considèrent que c'est très cher - on m'évoque toujours l'exemple des pommes de terre, le légume principal qui agrémente les plats des Marocains et qui peut atteindre parfois 15 dirhams le kilo (selon les dires des enquêtés), chose qui n'est pas à la portée des familles nombreuses et pauvres -, aussi 37,3% trouvent que c'est cher et 31,3% trouvent que c'est moyennement cher et ce n'est que 2% qui les trouvent pas cher.

A propos des médecins, 66,7% déclarent que leurs honoraires sont très élevés. 28,7% pensent que c'est cher, alors qu'uniquement 4,7% jugent que c'est moyennement cher. Enfin l'électricité et l'eau, - évaluées uniquement à Douar Belaâguid, car les gens de l'autre douar n'ont pas accès au réseau d'eau et d'électricité- ont aussi jugé cher, à très cher par une grande majorité. Les gens tiennent pour responsable de ces prix exorbitants à Marrakech, le développement touristique qu'a connu la ville ces dernières années.

 
 

Graphe 5 : l'influence du tourisme sur le niveau de vie

Graphe 6 : l'impact du tourisme sur les prix des services

L'impact a aussi touché la sécurité des quartiers, mais cette dernière diffère d'un quartier à l'autre. 79% des habitants de Douar Belaâguid considèrent que depuis la prospérité du secteur touristique, le quartier devient plus rassuré contrairement aux habitants de Douar Moulay El Mahdi qui se sentent moins sécurisés. Ce dernier, n'est pas implanté dans une zone touristique, contrairement au premier, ce qui montre que les zones touristiques sont plus sécurisées que les autres. Les gens de Douar Moulay El Mahdi estiment n'avoir aucun contact avec les touristes dans leur quartier contrairement à Douar Belaâguid dont 42,7% estiment avoir un contact avec les touristes visitant les établissements touristiques des alentours.

Pour ce qui est des équipements de base, aéroport, gare ferroviaire et autoroute, une moyenne de 68% des gens croient que leur présence et leur pérennité sont liées surtout au développement touristique en me précisant plusieurs fois que leur côté esthétique ne s'adresse qu'aux touristes car en tant que citoyens, ils préfèrent voir leur quartier goudronné et lié au réseau d'assainissement par exemple, que de refaire la gare ou l'aéroport.

Ce développement a eu aussi des impacts parfois positifs et parfois négatifs sur la qualité de vie à Marrakech et surtout dans les quartiers enquêtés. Les gens de douar Belaâguid, en majorité (70% en moyenne), trouvent que l'apport positif était surtout au niveau du réseau téléphonique, de la gestion du réseau d'électricité et de l'élimination des déchets solides et liquides, alors que pour la qualité de l'eau potable, les gens sont partagés entre apport positif pour les gens qui trouvent que la qualité de l'eau en ce qui concerne les équipements surtout a connu une amélioration depuis l'installation des projets touristiques et des gens qui voient que l'apport était plutôt négatif en évoquant le goût de l'eau potable qui était bien meilleur avant, ainsi que la surexploitation de nos réserves d'eau qui peut aboutir à une catastrophe. Pour ce qui est de l'apport négatif, c'était plutôt au niveau du bruit circulaire, de la qualité de l'air, en précisant parfois les feux d'artifices de Chez Ali, et aussi au niveau de l'embouteillage que les gens (une moyenne de 65%) ont jugé comme parmi les effets négatifs du développement du tourisme.

A Douar Moulay El Mahdi, un bidonville situé au centre urbain de Marrakech, les gens n'ont accès ni au réseau téléphonique, ni au réseau d'électricité, ni à l'eau potable. En conséquence, on ne pouvait pas évaluer la qualité des services qui font défaut. Pour ce qui reste, il y avait presque une unanimité sur l'apport négatif du tourisme sur tous les aspects de la qualité de vie évoqués dans le questionnaire.

Enfin, pour la qualité des services de santé, les gens des deux quartiers, avec un pourcentage de 76,7%, trouvent que c'est très mauvais, plus 20,7 qui trouvent que c'est mauvais, m'expliquent que c'est un secteur qui a été délaissé par l'Etat en faveur des aménagements qui intéressent les touristes, et aussi afin de pousser les gens à se diriger vers le secteur privé.

En parlant des aménagements, les gens considèrent que le quartier a bénéficié de quelques-uns, mais jugent encore que c'est plutôt important pour donner une belle image aux touristes, qu'à servir l'intérêt des citoyens. 60% trouvent que le développement touristique a favorisé l'aménagement des espaces verts (un jardin à l'entrée de Douar Belaâguid, plus quelques palmiers plantés un peu partout), ainsi que 54% affirment l'aménagement des grandes voies, alors qu'il y a parmi les autres qui m'ont précisé que la route principale qui mène à Douar Belaâguid est là depuis l'indépendance et n'a jamais été entretenue. Enfin, pour le goudronnage et le pavage des rues et pour la peinture des murs et l'entretien du paysage urbain, les gens des deux quartiers, en moyenne de 85%, déclarent que leur quartier n'a connu aucun aménagement.

Et en ce qui concerne la facilitation d'accès à certains équipements de services, 70,7% trouvent que l'extension du tourisme a facilité l'accès aux bus et au grand taxi. 57,5% trouvent que cela a facilité l'accès au réseau électrique et à l'eau potable, sans oublier que tout le quartier de Douar Moulay el Mahdi n'a pas accès à l'eau et à l'électricité ainsi que certains ménages à Douar Belaâguid. Une moyenne de 68,3%, trouvent que les calèches, les petits taxis ainsi que le réseau sanitaire restent inaccessible pour la population locale et surtout celle pauvre. Et enfin, l'accès aux services sociaux a été jugé inaccessible pour 90% des enquêtés qui dénoncent le désengagement de l'Etat dans la matière.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon