WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les enjeux de l'implantation des médias en zone de crise. Cas de la fondation hirondelle

( Télécharger le fichier original )
par Lydie Muanji Kashala
Université de Kinshasa - Licence 2012
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

Département des Sciences de l'Information

et de la Communication

LES ENJEUX DE L'IMPLANTATION DES MEDIAS EN ZONE DE CRISE.

Cas de la Fondation Hirondelle

MUANJI KASHALA Lydie

Graduée en Sciences de l'Information et de la Communication

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du titre de licencié en Sciences de l'Information et de la Communication

Année académique 2011-2012

Directeur  : Gilbert MUBANGI BET'UKANY

Professeur

Option  : Journalisme Politique Intérieure

EPIGRAPHE

«S'il existe un métier exaltant, c'est bien le journalisme. Et si le journalisme est un combat, alors c'est un combat planétaire».

Jean Marie ETTER.

A ma grande et précieuse famille KASHALA MWEPU,

Je dédie ce travail.

REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail de longue haleine, nous tenons à remercier en premier lieu tous les professeurs de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, en particulier ceux du Département des Sciences de l'Information et de la Communication, pour leur encadrement et leur patience tout au long de notre cursus académique.

Nos remerciements s'adressent de façon exceptionnelle au professeur Gilbert MUBANGI BET'UKANY qui, malgré ses innombrables occupations a accepté de diriger notre mémoire.

Nos sincères remerciements à Monsieur Bernard CONCHON et à tous les journalistes pour leur disponibilité à nous fournir des informations pour notre recherche.

A mes parents, KASHALA MWEPU Martin et TSHIEDI Marie Clémentine, pour tant de sacrifices consentis pour notre éducation.

A mes frères et ses soeurs, Alice, Pascaline, Gisèle, Raphael, Tina, Odette, Cathy, Hervé, Cécile et Baraka, pour tant d'affection et d'encouragement.

A mon oncle KABEYA Joseph et à son épouse, pour ses conseils et sa contribution à notre éducation.

Nous remercions de tout coeur tous nos amis qui nous ont accompagné tout au long de ce dur labeur, Elie KIMVI et tous les autres.

Nos pensées pieuses s'élève à l'encontre de nos frères et soeurs de la communauté Bilenge ya Mwinda et du groupe Lectorat de la Paroisse Saint Benoit de Lemba, pour leur soutient morale et spirituel.

Nous ne pouvons oublier tous ceux et celles des familles MUTSHIPAYI, KAMBA, KAYEMBE, YEMEMA, MALUMBA, MBIDI, TSHIZUBU.

Que tous ceux qui ont contribué, de loin ou de près, à l'élaboration de ce travail et dont les noms n'ont pas été cités, trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

MUANJI KASHALA Lydie.

SIGLES ET ABREVIATIONS

1. CICR : Comité International de la Croix Rouge.

2. FH: Fondation Hirondelle.

3. FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines.

4. IFASIC : Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication.

5. IFES : Fondation Internationale pour les Systèmes Electoraux.

6. MONUC : Mission des Nations Unies pour le Congo.

7. MONUSCO : Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo.

8. ONG : Organisation Non Gouvernementale.

9. ONU : Organisation des Nations Unies.

10. OSISA: Open Society Institute for Southern Africa.

11. RCA : République Centre Africaine.

12. RDC : République Démocratique du Congo.

13. RTLM: Radio Télévision Libre de Mille collines.

14. SIC : Science de l'Information et de la Communication.

15. UNESCO : Organisation des Nations Unies pour la Science et l'Education.

16. UNIKIN : Université de Kinshasa.

INTRODUCTION GENERALE

1. Problematique

Diverses études, bien que basées sur des approches différentes, s'accordent sur l'impact que les médias de masse exercent sur les individus. Trois principales approches résument ce paradigme, à savoir : le paradigme des effets complexes (1(*)).

La première approche prête aux médias le pouvoir d'influencer de manière durable et efficace les individus susceptibles de changer même leur comportement et d'imposer leur système politique. La deuxième approche est euphémique ; elle met en corrélation la volonté des émetteurs et les besoins ou les espérances des récepteurs. L'influence des médias est sélective. Elle dépend des facteurs sociaux, économiques et culturels dans le processus qui s'établit entre le média et l'individu.

La troisième approche reconnaît les mérites des deux premières où les médias sont perçus comme ayant soit des effets directs, soit des effets indirects, susceptibles de modifier les croyances et les comportements des individus.

Il n'est pas nouveau de constater le pouvoir des médias, de mesurer leur impact social. Les événements du "printemps arabes" ont clairement démontré que les médias peuvent manipuler, contrôler et abuser toute une population.

Les médias peuvent contribuer d'une manière significative à la pacification d'une zone en conflit. Face aux enjeux de la paix, les médias jouent le rôle social auprès des gouvernements en place. Le conflit est une instance majeure de rupture dans la société, un espace de désordre. Et il représente une préoccupation qui demandent l'implication non pas seulement des acteurs politiques, mais aussi humanitaires à travers les médias.

Toutes les cruautés qui se perpètrent dans une zone de conflit ne peuvent être portées à la lumière de tous qu'à travers les médias. D'autant plus que le journaliste est le premier témoin sur le lieu. Mais, suffit-il simplement de constater ?

Aussi, l'influence des médias n'est-il pas toujours positive. L'influence négative des médias instrumentalisés par des forces anti-démocratiques est malheureusement plus visible que l'impact d'un média qui défend d'autres valeurs.(2(*)) En 1994, le gouvernement de transition du Rwanda a utilisé la Radio Télévision des mille collines pour inciter au génocide, avec un résultat dévastateur dans le pays et les régions environnantes et dont l'effet se fait ressentir après une décennie.

Dans un contexte de fragilité politique, la liberté de la parole et la liberté d'expression présente aujourd'hui des risques potentiels de dérapages dans un pays en situation « post conflit » ou celui ciblé comme zone de crise ; ces risques peuvent être meurtriers.

Face à cette évidence, notre étude va dans le sens à prouver si, dans un tel contexte, l'implantation des médias (télévision ou radio) aidera à l'orientation de la population touchée par ces conflits ?

La Fondation Hirondelle est justement une organisation non gouvernementale suisse des journalistes et professionnels de l'action humanitaire, qui est spécialisée dans ce domaine. Notre enquêté menée en son sein nous amène à ces questions :

Quels sont les enjeux de l'implantation des médias en zone de crise ? Quelle est leur mission ?

Actuellement, il n'existe plus un conflit de grande envergure qui puisse échapper à l'oeil inquisiteur des grands médias du monde. Devenus phénomènes sociaux, ou quatrième pouvoir, les médias influencent le marché en conditionnant les pratiques de la consommation. Ces atouts font que différentes forces sociales se servent des médias pour faciliter leurs actions dans la société. Nous voulons découvrir par la même occasion si la population de la zone dans laquelle les médias implantés profite des retombées de ceux-ci ?

Les réponses à ces différentes questions constitueront l'objet même de notre étude.

2. Hypothese

Au regard des questions soulevées ci-haut, nous émettons l'hypothèse selon laquelle les crises ou les conflits sont souvent associés au manque d'information, à la rumeur ou à la propagande. Dans ces situations, une information indépendante est essentielle pour redonner espoir et confiance. Et donc, l'implantation des médias en zone de crise permettrait aux populations victimes de prendre des décisions vitales et de se forger leurs propres opinions.

Nous pensons qu'après un conflit, les sociétés n'ont pas seulement besoin de reconstruire leurs infrastructures, elles doivent aussi reconstruire ensemble la sphère des relations sociales. Et c'est par le dialogue, la communication à travers les médias que cela peut être fait. Il faut pour cela de modèle des médias faisant preuve de professionnalisme, de rigueur et d'éthique. Ces médias implantés privilégient la défense, au quotidien, des humains. Au-delà de tous ces objectifs, ces médias jouent un rôle social. Ils ont permis à ceux qui souffrent des conséquences des conflits et de la pauvreté, de connaître la réalité de leur pays.

Ils sont aujourd'hui des milliers qui bénéficient d'une information indépendante et qui peuvent entrevoir des perspectives d'avenir pour leur pays. Et pour le camp adverse, donc des rebelles, par les appels au dialogue, à la paix et à la réconciliation lancée par la voix des ondes, des dialogues ont pu être entamés.

3. Intérêt du sujet

L'intérêt du présent travail se justifie par le fait que dans des zones de guerre, dans des situations de crise endémiques ou des situations de post-conflit, les sociétés ont besoin de reconstruire non seulement les infrastructures, mais aussi les relations sociales.

Et pour cela, une information indépendante est importante dans la mesure où la population a besoin de se forger sa propre opinion, ses propres idées pour arriver à ses propres conclusions et palper du doigt la réalité de son environnement. Notre investigation s'attache aussi à rechercher les interactions entre les médias implantés dans les zones de conflits, et les populations victimes des conséquences des conflits.

Notre pays, la RDC, est concerné puisqu'il vit une situation de guerre et de crise endémique qui sévit toujours à l'Est du pays.

4. Délimitation du sujet

Pour restreindre notre champ d'investigation, nous allons délimiter le présent travail du point de vue espace et temps.

Dans le temps, nous parlerons de deux crises : le conflit à l'Est de la RDC en 2002, en même temps que débutant à Sun City, en Afrique du Sud, les sessions du dialogue inter-congolais ; et le génocide rwandais entre Hutus et Tutsis en 1994.

Notre étude prend en compte la période qui couvre uniquement ces crises, soit en 1994 et 2002. Période pendant laquelle la Fondation Hirondelle implantait au Rwanda, la radio Agatashya, ensuite l'Agence Hirondelle News, et en RDC la radio Okapi.

5. METHODES ET TECHNIQUES

a. Méthode

Il faudrait bien une voie, un moyen pour surseoir notre démarche scientifique.

Et pour cela, il nous faut une méthode qui explique bien notre démarche. Ainsi dans ce travail, nous utiliserons la méthode d'analyse du continu. Suivant un certain ordre et certains principes, l'analyse du contenu nous permettra l'examen méthodique, systématique et objectif du processus de l'implantation des médias en zone de crise. Comme le dit Kaplan, le propre de la méthode c'est d'aider au sens le plus large non par les résultats de la recherche scientifique, mais par le processus (3(*)).

Pour Laurence Bardin, la démarche de l'analyse du contenu est double : comprendre le sens de la communication, mais aussi et surtout, décaler son regard vers une autre signification, vers un autre message à côté du premier.

L'analyse du contenu figure parmi les rares procédés mis au point expressément pour l'étude des faits de communication. Elle est depuis un demi-siècle l'une des techniques de recherche la plus fréquemment employée par les chercheurs en communication. L'analyse du contenu, selon Berelson, est une technique de recherche servant à la description objective systématique et parfois quantitative du contenu manifeste des communications. (4(*))

L'analyse du contenu porte sur le contenu même du message tel qu'inscrit sur un support physique. Seuls les messages exprimés relèvent du domaine de l'analyse de contenu.

5. b. Limite

Cette définition semble interdire à l'analyste de dépasser le contenu manifeste. Cela pose problème quant à l'objectif même du procédé. Hors choisir de mener une analyse de contenu, c'est reconnaitre la signification de la communication et des médias. (5(*))

5. c. Techniques

Nous nous appuyons sur trois, techniques à savoir : l'entretien, l'observation et la documentation. L'entretien aura pour but de produire des données qualitatives qui nous aideront à approfondir nos résultats d'analyse. Elle nous permet d'aller au-delà de nos impressions.

L'observation est une technique complémentaire à l'entretien. Tous les outils mis à disposition dans l'entretien nous permettront de les observer. Et dans la documentation, toutes les recherches qui ont précédé notre étude nous permettront d'enrichir, mieux de compléter, certaines hypothèses qui entourent notre champ de recherche.

6. CANEVAS DU TRAVAIL

Outre l'introduction générale et la conclusion générale, notre travail se subdivise en trois chapitres. Le premier chapitre est consacré, en sa première section, au cadre théorique et, en sa seconde, au cadre conceptuel. Le deuxième chapitre présente la Fondation Hirondelle dans sa première section et ses zones d'intervention dans la deuxième section. Enfin, le dernier chapitre est intitulé implantation des médias en zone de crise : enjeux et perspectives. Celui-ci, comme les autres chapitres, comprend également deux sections, la première est consacrée aux enjeux de l'implantation des médias en zone de crise, tandis que la seconde section présente les résultats des entretiens.

7. DIFFICULTES RENCONTRES

Pendant la réalisation du présent travail, nous avons rencontrés certaines contraintes qui, d'une manière ou d'une autre ne nous ont pas facilité l'accès à des donnés scientifiques pour notre recherche.

En ce qui concerne la FH, elle a prie trop de temps pour répondre à notre lettre de recherche, ce qui a considérablement ralentis notre recherche. Elle s'est montrée quelques fois réservée à notre égard, malgré le fait que nous leur avons suffisamment prouvé que notre démarche était destinée à des fins purement scientifiques. Et, l'angle que nous avons abordé dans cette étude, n'a pas suffisamment trouvé des écrits, c'est-à-dire, ils n'existent pas assez d'auteurs qui ont écrit sur ce sujet. Ainsi, certaines publications des thèmes approximatifs à notre sujet, nous ont aidés à élaborer ce travail.

Soulignons ici le fait que nous n'avons pas été personnellement sur les lieux où les médias de la FH ont été implantés, faute de temps impartis pour la réalisation de ce travail et des moyens financiers pouvant permettre ce déplacement. Toutes les informations récoltées nous est parvenues par les entretiens que nous avons eu avec des personnes qui, contrairement à nous, ont été sur place c'est-à-dire dans les différentes zones où les médias de la FH ont été implantés.

Chapitre Ier :

CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL

Dans ce chapitre, il est question de définir les mots clés, les concepts de base en rapport avec notre étude. Ensuite, il sera question de circonscrire cette dernière avec une théorie qui l'expliquerait.

Cela étant, les principaux concepts sont les médias, la notion de crise, aperçu de la presse en RDC, l'information et la communication.

1.1. MEDIAS

1.1. a. Définition

Le mot médias est pluriel venant du mot latin medium (milieu), qui signifie « ce qui est moyen, ce qui est entre les deux, c'est une espèce de trait d'union. ». Il est considéré comme un point, une passerelle. C'est une chose qui met en relation deux objets ou deux sujets avec plusieurs sujets ou un objet avec plusieurs objets. Une espèce de messager qui met en rapport deux faits ou deux événements, deux personnes ou plusieurs. (6(*))

Le média est une technique utilisée par un individu ou par un groupe pour communiquer à un individu ou un groupe, autrement qu'en face à face, à une distance plus ou moins grande. Il permet la transmission éloignée et à un nombre plus grand de personnes, d'un ou de plusieurs messages aux contenus variés. (7(*))

Les médias servent à communiquer, ils sont un moyen impersonnel de diffusion d'information où sont compris la presse écrite, la radio et la télévision. Le média est un support de diffusion de l'information.

A cette ère, on parle des multimédias, des médias qui combinent plusieurs langages à la fois. La une de ses caractéristiques c'est que les médias permettent de diffuser une information à un grand nombre d'individus sans pour autant personnaliser le message.

Les médias sont les instruments de communication sociale. Ils sont vecteurs de l'information et de la communication qui sont vitales pour l'homme. Pour vivre, l'homme a besoin de s'informer pour tisser des liens avec autrui, identifier ses amis puisque la société ne peut vivre en elle si les hommes ne communiquent pas (8(*)). Autrement dit, s'ils n'échangent pas entre eux les informations qu'ils détiennent les uns les autres.

A ce stade, la communication se révèle être à la base de toute société humaine et un facteur de cohésion sociale. (9(*))

Le terme « Media » avait été introduit dans le vocable pour les besoins de la publicité et de la sociologie. On désigne par médias les moyens de communication suivants : affiche, cinéma, presse, radio, télévision et internet.

Le destinataire de l'information n'a quasiment aucun moyen de devenir émetteur pour inclure la parole du destinataire. Ainsi le courrier des lecteurs dans la presse écrite, jeux télévisés interactifs, les questions des auditeurs à la radio et à la télévision dans certaines émissions sont des formules pour permettre aux récepteurs d'interagir sur les médias. Dans les médias, l'information n'a pas de différence. Tout le monde dit la même chose au même moment.

1.1. b. Typologie des médias

Il existe plusieurs typologies des médias. Mais dans le cadre de notre étude, une seule typologie retient notre attention. Il s'agit de la typologie selon Francis BALLE.

En se basant sur les critères de l'étendue de l'audience des médias et les modalités de communication, cette typologie présente trois familles des médias. Les médias autonomes, les médias de diffusion et les médias de communication. (10(*))

1°. Médias autonomes

Comprennent l'ensemble de supports sur lesquels sont inscrits les messages et qui ne requirent de raccordement en aucun réseau particulier. On y trouve des supports comme les livres, les journaux, les disques, etc.

2°. Médias de diffusion

Ces médias sont les produits d'un relais terrestre et des émetteurs permettant la transmission par la voie des ondes hertziennes, des programmes des radios dans une zone de couverture limitée par puissance des équipements (émetteurs et récepteurs) utilisateurs. C'est le cas de la radiodiffusion et de la télévision. Laquelle typologie nous intéresse.

3°. Médias de communication

Les médias de communication sont une catégorie comprenant tous les moyens de communication se faisant à distance et à double sens. C'est-à-dire l'existence d'une relation de dialogue et d'interaction. Il s'agit du téléphone, de la vidéographie dans sa version de télétexte ou interactive.

1.1. c. Pouvoir des médias

Si l'on attribue aux médias le quatrième pouvoir, c'est parce qu'ils représentent justement ce moyen d'influencer les opinions des gens. C'est ainsi qu'on a toujours associé médias et pouvoir. Le rôle que jouent les médias paraît plus influent que jamais.

Tout au long du vingtième siècle, l'histoire de la sociologie des médias a été liée étroitement à la diffusion des différents médias de masse. Le rapport entre le public et les médias y est pensé en termes de dépendances et de manipulation. Le récepteur ne fait qu'absorber passivement et entièrement les messages médiatiques auxquels il est exposé et ceux-ci sont supposés exercer sur lui un impact à la fois direct, massif et indirect. (11(*))

La métaphore la plus connue est celle de la seringue hypodermique ; elle laisse entendre que l'émetteur peut « injecter » n'importe quelle idée ou n'importe quelle injonction de comportement dans l'esprit de n'importe quel individu. Son discours est un stimulus qui entraîne instantanément, chez n'importe quel récepteur, la réponse programmée.

D'autres auteurs ont utilisé la métaphore de l'irradiation comme si un individu était automatiquement influencé par les stimuli médiatiques qu'il reçoit ; d'autres encore dessinant une métaphore télégraphique, appréhendent la communication médiatique comme la transmission linéaire unidirectionnelle ou encore le transport d'un message d'un groupe d'émission à un groupe de réception. (12(*))

1.1. d. Médias et construction de la réalité

Tout groupe est soumis dans une société donnée de pression résultant des autres groupes. La vie sociale est le résultat de ces pressions disciplinées par l'Etat. Ainsi, les médias sont comme tous les groupes soumis à ces pressions et ils ne peuvent y échapper qu'en disposant des structures adaptées et par-dessus tout d'une éthique irréprochable. (13(*))

L'impact des médias sur le public passe aussi par le fait que les connus qu'ils diffusent influencent, sur le long terme de façon insensible et sans qu'une volonté persuasive soit forcément présente, la façon dont nous voyons le monde.

Les contenus médiatiques façonnent nos catégories de perception et, de ce fait, ils contribuent à construire la réalité dans laquelle nous évoluons. Ce processus de construction de réalité s'opère de façon diverse. Les médias contribuent à fixer, pour chaque jeu dont ils se saisissent un cadre de référence à l'intérieur duquel tous les événements relatifs à ces enjeux sont interprétés. (14(*))

La construction médiatique de la réalité passe aussi par le fait que les médias contribuent à populariser, à amplifier ou à cristalliser les stéréotypes sociaux. Enfin, les medias contribuent à construire la réalité dans laquelle nous vivons parce qu'ils ne répercutent évidemment pas « tout ce qui se passe » dans le monde. Chaque jours, ils font le tri de tous les événements qui surviennent quelque part dans le monde selon quelques critères, mais aussi bien souvent, en fonction de certains présupposés idéologiques.

L'influence des médias ne passe pas seulement par le fait qu'ils enjoignent explicitement au public d'adopter tel ou tel comportement ou idée. Elle tient aussi au fait qu'ils contribuent à structurer son environnement, c'est-à-dire le nombre et la qualité des informations qu'il reçoit et sur lesquelles il se fonde pour penser au quotidien. In fine, on voit que les médias contribuent en effet à construire la réalité dans laquelle évoluent les individus.

1.1. e. La contribution des médias au lien social

Un certain nombre d'études contemporaines se sont attachées à repérer la manière dont les médias contribuent à la formation et à l'entretien du lien social à différents niveaux.

Au sein de la famille, par exemple, les discussions prennent souvent pour objet la télévision. L'un des moments pendant lequel les membres d'une famille se rassemblent, discutent, confrontent leur centre d'intérêts et leurs désirs, et ainsi participent à la construction d'une identité, d'un « nous familial ». (15(*))

A un niveau plus large, les médias contribuent à la formation et à l'entretien du lien social dans une société moderne. Aussi, plus le temps passe plus les effets des médias évoluent.

1.2. Information et communication

1.2. a. Information

L'on ne peut pas parler des médias sans tenir compte de ces deux concepts qui sont vecteurs des médias.

Ce concept est utilisé dans des contextes variés. Ce qu'une formation est en droit n'est pas forcément ce qu'elle est au sens étymologique, au sens journalistique et en son sens le plus large. Au sens étymologique, l'information est un mot dérivé du latin informare, qui signifie donner une forme, mettre en forme et avec l'évolution, informer. Elle signifie tout élément ou système qui peut être transmis par un signal ou une combinaison de signaux. L'information est la communication des connaissances ; c'est aussi la connaissance communiquée. (16(*))

Au sens élargi, l'information connaît une inflation définitionnelle. Elle renvoie à des renseignements obtenus, c'est le contenu dans un message. L'information est tout ce qui est susceptible d'apporter une connaissance nouvelle à un tiers de telle sorte que celui-ci puisse s'en servir pour émettre un jugement.

La pertinence et l'importance de l'information dans tous les secteurs de la vie sociale ne sont plus à démonter. L'homme a besoin de s'informer, de communiquer pour s'organiser, se structurer. L'information est capitale dans l'action sociale, c'est grâce à elle que cette dernière est rendue possible.(17(*))

Au sens journalistique, l'information est « actualité », « nouvelle », c'est-à-dire tout fait de jugement qu'on porte à la connaissance d'une personne, d'un public à l'aide des mots, des sons ou d'images. (18(*))

L'information d'actualité est celle qui est diffusée par des techniques de diffusion sélectives (de masse). Ce type d'information implique la participation d'un médiateur (journaliste, informateur).

1.2. b. Communication

La communication n'est rien d'autre que la relation entretenue dans la transmission de l'information. Les deux mots marchent de pair. C'est un processus de mise en relation de plusieurs personnes.

Chaque auteur définit ce terme selon les intérêts, selon l'orientation de sa recherche mais, dans toutes ces définitions, l'idée de transmission apparaît, et c'est celle qui prédomine. Dans son sens le plus large, la communication est un processus interactif.

Dans toute société, le processus de communication repose sur un langage qui sert de lien entre les hommes. Selon Voyenne cité par le professeur Gilbert MUBANGI, « vivre en société, c'est communiquer ». Toute communication est un acte social ; issue de la relation sociale, la communication forme, maintient ou transforme la relation. (19(*))

Tous les modes de communication, en effet, ont quelque chose à voir avec la relation sociale : la parole et la gestualité, mais aussi l'écrit, le son et toutes les combinaisons de ces matières signifiantes que l'on peut observer dans les médias. La communication est un acte de transformation.

Il existe cependant plusieurs types de communications, dans le cadre de notre recherche, seule la communication de masse nous intéresse. Il s'agit ici d'un émetteur s'adressant à tous les récepteurs disponibles. On parle des médias de masse ou « mass-médias ». C'est le cas de la radiodiffusion et de la télévision. Et nous insisterons plus sur la radio puisque la fondation Hirondelle, dont il est question dans notre travail, a souvent implanté comme médias la radio. C'est ainsi qu'on en réserve un point principal.

1.3. La radio

La radio est le média le plus populaire et le plus courant. C'est le moyen de communication immédiat par excellence. Son avantage par rapport à d'autres médias est l'immédiateté. On lui confère à la culture de l'oralité. (20(*))

La communication radiophonique se fait de personne en personne. C'est ce qui met en confiance les auditeurs. C'est un média de son, de l'oralité. C'est le média le plus accessible à tous. Il est radicalement nouveau. Les messages sont reçus à l'instant même où ils sont transmis. Les messages atteignent instantanément tous les membres d'une population dispersée. (21(*))

On confère à la radio une certaine intelligence de fait qu'elle permet aux auditeurs de s'imaginer leur propre environnement, de se faire une idée à partir de ce qu'ils entendent.

Bref, la radio n'a fait qu'amplifier la voix et ainsi amener l'information à couvrir de longues distances et à balayer de grands espaces géographiques.

1.4. Notion de crise

Selon le Petit Robert, une crise est une phase grave dans l'évolution des choses, des événements ou d'idées. Elle est une perturbation, une phase critique de rupture d'équilibre.

La notion de crise renvoie au danger, à une ambulance riche en sens. Une crise démontre la vulnérabilité d'un état, d'une société ou d'une entreprise. « Le mot crise sert à nommer l'innommable, il renvoie à une double béance : dans notre savoir et dans la réalité sociale où apparait la crise », selon Edgar Morin.

La crise est une transformation plus ou moins violente, c'est une situation tendue. La crise laisse place à un état nouveau. N'importe quel événement aussi grave soit-il ne signifie pas crise. Pour exister, une crise doit avoir pour enjeu minimum la rupture et au pire l'anéantissement. (22(*)) La crise est l'accumulation des fragilités.

En période de crise, alors que la demande d'information se fait pressente, le silence rend suspect. Dissimuler l'information aboutit souvent aux résultats pires que prévus et ceci émoustille la curiosité de la population. Chacun veut alors se construire sa propre opinion, on tombe donc dans ce qu'on appelle les rumeurs. (23(*))

Les médias jouent un rôle important dans la gestion d'une crise. S'ils en parlent trop, ils en font un spectacle. Ceux qui n'ont pas la possibilité d'accéder aux informations ayant trait à cette crise, recourent aux médias pour suivre l'évolution d'une crise. La problématique de la communication de crise n'obéit à aucun paradigme. Ainsi, la même méthode utilisée en un endroit avec succès pour gérer une crise s'avère catastrophique en un autre lieu. (24(*))

Voici quelques synonymes et mots frontières à la notion de crise : alarme, angoisse, attaque, atteinte, catastrophe, chute, danger, difficulté, malaise, marasme, paroxysme, perturbation, quinte, rupture, récession, soubresaut, tension, trouble, transe, ébranlement.

1.5. L'enjeu

Les définitions du mot enjeu sont variées en fonction du contexte auquel l'enjeu se rattache. Le Dictionnaire de l'Académie Française le voit comme une « Somme mise en jeu par chacun des joueurs et destinée à revenir au gagnant de la partie », ou « Ce qui fait l'objet d'une compétition, d'un affrontement, d'une discussion ».

L'enjeu est donc est une valeur matérielle ou morale que l'on risque dans un jeu, une compétition, une activité économique ou une situation vis-à-vis d'un aléa. (25(*))

C'est ce que l'on peut perdre ou gagner. La mise dans un jeu. La gloire ou la récompense de la victoire dans une compétition. Le profit, la réussite, le développement, la quiétude vis-à-vis d'un alia naturel.  C'est aussi l'argent, l'objet mis en jeu au début d'une partie et qui revient au gagnant, une mise (gagner ou perdre son enjeu) c'est ce que l'on peut gagner ou perdre dans  une entreprise, un concours. D'où, l'enjeu d'une guerre, l'enjeu d'une affaire, d'un partenariat. .

Les mots synonymes de l'enjeu sont : pari, mise, cave, financement, participation, coopération, investissement, appui, contribution, placement.  

Section 2 : CADRE THEORIQUE

2.1. Théorie générale

Notre recherche se situe au niveau du paradigme fonctionnaliste. Il s'agit pour nous de déterminer la fonction, le rôle des médias en zone de crise avant d'étudier leurs enjeux et d'en mesurer impact sur les populations victimes des conséquences de guerre ou dans un pays sortie de conflit.

Les courants fonctionnalistes dont Harold LASWELL, Wilbur SCHAMM, Paul LAZARSFELD, en sont les principaux pionniers, résument ces recherches en terme clair : il s'agit de l'école de Chicago et celle de Columbia.

Ces études tournent autour des sciences de l'information et de la communication ayant pour objet l'impact et la signification de la presse, du cinéma et de la radio dans la vie des gens.

Comme le souligne Breton, le propre des premiers courants d'enquêtes est d'avoir pensé essentiellement la question de l'influence sociale et sociologique des médias à partir d'un usage privilégié de la catégorie sociologique de l' « effet ».(26(*))

La communication de masse est donc placée dans le registre du convaincre, de la persuasion.

2.1. a. L'école de Chicago

Est le courant de recherche qui a voulu, à l'instar des sciences sociales, construire une science de la communication sur des bases empiriques. Pour elle, l'approche fonctionnaliste consiste à expliquer les phénomènes sociaux par les fonctions qu'ils exercent dans un ensemble.

Les hypothèses des enquêtes menées ont essentiellement porté la question des « effets des médias ». Robert Ezra PARK, grand reporteur et auteur de nombreuses enquêtes journalistiques, s'interroge sur la fonction assimilatrice des journaux et d'autres médias sur la nature de l'information, la professionnalité du journalisme et la différence qui le distingue de la « propagande sociale ».

2.1.b. L'école de Columbia

C'est elle qui marquera un tournant décisif dans les recherches sur les effets des médias.

Les travaux de ces chercheurs postulaient que les faits scientifiques construits étaient neutres et objectifs et que la méthodologie utilisée s'inspirait des règles de certitude et d'exactitude des sciences physiques. Ils étaient ainsi convaincus que les données qu'ils accumulaient permettraient de clarifier ces débats autour du pouvoir des médias sur les individus.

Paul LAZARSFELD, ses intérêts de recherche ont porté sur les impacts des médias sur les attitudes et les comportements des individus. Il a étudié la signification et les impacts des médias, notamment la radio. Il s`agit d'évaluer de façon précise le rôle des médias dans la formation des opinions et dans la prise de décision individuelle. Notamment avec la célèbre métaphore de la seringue hypodermique, comparant l'action des médias à une seringue qui injecterait des modèles de comportements et des attitudes dans la conscience des individus passifs et atomisés constituant une masse amorphe.

Pour sa part, Harold D. LASWELL, cherche à savoir quelles influences ont les médias sur le public. De cette étude, il en déduit que le public est considéré comme une masse passive et vulnérable qui subit des messages construits par les médias puissants et manipulateurs afin de susciter des attitudes et comportements. Avec la propagande par exemple, il consacre une représentation de l'omnipuissance des médias considérés comme outils de « circulation des symboles efficaces ».

Wilbur SCHRAMM met plutôt l'accent sur l'institution médiatique, la relation entre un média et son public.

Qu'en est-il alors de notre travail ? En quoi cette théorie s'applique-t-elle à notre étude ?

Comme constaté, notre démarche veut aboutir aux mêmes fins que la plupart des auteurs cités ci-haut. La question demeure la même : quelle est la fonction, mieux le rôle que jouent les médias sur le public ? Mais, un public ici sorti d'une situation de crise et qui cherche à se construire une opinion. C'est la réponse à cette question qui nous amènera à comprendre alors quel effet ces médias ont sur le public.

En circonscrivant notre sujet, nous remarquons que toute société a besoin d'informations, et à plus forte raison celle qui vit une situation de conflit. Ainsi, le recours aux médias peut sans aucun doute faire la différence au niveau de l'ampleur et de la vigueur, aussi de l'impact des messages sur les audiences.

C'est en tout cas le postulat théorique des courants fonctionnalistes qui sera ou qui est la base de la formulation de notre hypothèse, tout sachant tout de même que l'influence médiatique a un effet considérable sur le public.

Pour prouver dans quelle mesure les médias ont un effet sur ce public, nous devons d'abord, comme nous le conseille A. Lasswell, comprendre les fonctions de ces médias.

Pour cela, nous nous référons à la catégorisation de STOETZEL qui cite la fonction d'appartenance sociale, de recréation et de la fonction psychothérapeutique. Cette dernière fonction nous est d'une importance capitale, car les populations en zone de crise sont considérées comme étant « malades ». Et après un long temps de guerre et de déstabilisation socio-économique, elles auront besoin de se recréer.

La problématique fonctionnaliste vise à montrer que les médias n'exercent pas nécessairement et systématiquement des effets puissants comme l'affirment les recherches qui dominaient à partir des années 40. Pour le courant fonctionnaliste, il faudrait penser le fait que les individus formeraient leurs opinions non pas simplement à partir de ce qu'ils reçoivent des médias, mais aussi à partir d'un intérêt ou d'une réflexion personnelle et d'autres réflexions menées dans le cadre de cercles restreints (famille, amis). (27(*))

Les recherches principales des fonctionnalistes ont pour but majeur de régler les dysfonctions sociales. Il s'agit donc de réussir à dresser des schèmes d'interprétation de ces messages pour mieux orienter les stratégies de « communication » en fonction des personnes à qui on s'adresse, mais aussi en fonction des médias qui diffusent l'information.

Avec le fonctionnalisme, le public est libre et autonome, doué de raison, cherchant à satisfaire des besoins. Les médias, quant à eux, sont gratifiants et séducteurs et la perception est active et structurante.

Dans le cadre de cet élan, un certain nombre d'auteurs ont élaboré divers énumérations des fonctions des médias.

H. LASSWEL propose de distinguer 3 fonctions essentielles :

La surveillance de l'environnement (rassembler et traiter des informations que la société doit connaître sur des besoins, les menaces, les perspectives auxquelles elle doit faire face) ;

La mise en relation des composantes de la société dans leurs réactions face à l'environnement, (l'interprétation de l'information face aux événements rapportés) ;

La transmission de l'héritage social (savoirs, valeurs) d'une génération à l'autre, la socialisation)

Mention et Lazarfeld, tout en distinguant les fonctions (adaptations perturbant la stabilité du système), ajoutent la fonction de divertissement.

2.2. Avantages et limites

2.2. a. Avantages

Katz et Lazarsfeld ont le mérite d'avoir introduit dans l'étude de la réception des messages médiatiques la structure des groupes, les interactions sociales. Le public n'est plus atomisé et passif.

Aussi, ont-ils démontré que la nouvelle communication de masse n'anéantit pas nécessairement les réseaux traditionnels de communication, mais au contraire s'y insère.

2.2.b. Limites

- Le modèle n'envisage la communication des médias que sous l'angle de la persuasion.

- Le modèle favorise une vision élitiste de la communication et du développement des attitudes et opinions.

- Il fait l'impasse sur l'influence directe que peuvent avoir les médias sur le public.

CONCLUSION PARTIELLE

Le présent chapitre a servi d'un cadre pour donner la définition des pré-requis de base en rapport avec notre objet d'étude. Il a également servi des détails sur la théorie à utiliser. Les définitions conceptuelles, éclaircissent les termes généralement bien connus. Ces termes ne sont cependant connus par tous les lecteurs. C'est pour être complet que cette section est réservée.

Outre le cadre conceptuel, le cadre théorique a tourné autour de la théorie de la communication de masse. Les courants empirico-fonctionnalistes : le pouvoir des médias sur la population, sur les individus.

Pour mener bien notre recherche, il nous a fallu mesurer l'impact des médias sur les individus soutenu par les auteurs.

Il ressort de cette étude que la communication de masse est conçu pour persuader, convaincre, faire adhérer la population à une idée véhiculée. Les médias nous entourent, nous vivons avec et ceux-ci nous influencent quotidiennement, les uns et les autres s'identifient par rapport à ce que présentent nos médias.

Chapitre II :

LA FONDATION HIRONDELLE ET SES ZONES D'INTERVENTION

INTRODUCTION

Nous consacrons spécialement ce chapitre à présenter la Fondation Hirondelle choisie comme cadre d'intervention. Ses zones sont nombreuses. Pour restreindre notre champ de recherche, nous nous limitons à l'intervention de la Fondation Hirondelle en RDC et au Rwanda.

Section 1 : PRESENTATION DE LA FONDATION HIRONDELLE

Créée depuis 1995 par les journalistes Philippe Dahinden, Jean-Marie Etter et François Gross, la Fondation Hirondelle est une organisation non gouvernementale suisse de journalistes et de professionnels de l'action humanitaire. Elle crée ou soutient des médias d'information généralistes, indépendants et citoyens, dans des zones de guerre, des situations de crise endémique ou des situations de post-conflit.

La Fondation Hirondelle développe des médias populaires et recherche une forte audience. Elle donne la plus grande importance à la crédibilité de ses médias.

Tout est parti du constat malheureux du génocide rwandais en 1994. La FH a voulu, à travers un journalisme rigoureux et factuel, créer ou soutenir des médias durables, qui puissent remplir leur rôle social au-delà de la prise en charge ou de l'assistance de la FH et de ses bailleurs. La FH défend la liberté de la presse dans le monde et le droit individuel à l'information.

A cette fin, elle développe le management de ses médias, des régies publicitaires et toutes les activités génératrices de revenus susceptibles d'assurer à terme l'indépendance financière et institutionnelle de ses médias.

Les émissions sont, dans toute la mesure du possible, dans les langues nationales. Les radios de la FH sont dotées de chartes éthiques et professionnelles. La ligne éditoriale privilégie la défense concrète, dans le quotidien, des droits humains. Les collaborateurs de la FH sont internationaux. Le français et l'Anglais sont les langues de travail principales de la FH.

Chaque jour, la FH permet à ceux qui souffrent des conséquences des conflits et de la pauvreté, de connaître la réalité de leur pays. La FH leur donne une voix, leur offre la possibilité de faire des choix pour leur vie quotidienne.

La Fondation Hirondelle ne s'est pas arrêtée là. Depuis 1995, elle a piloté ou apporté son soutien à des nombreux projets. La Fondation Hirondelle est traduite en anglais Média for peace and human dignity : Médias pour la paix et la dignité humaine.

1.2. Son siège social

Bien que fondée à Genève, le siège social de la FH se trouve à Lausanne en Suisse.

1.3. Mission

La Fondation Hirondelle défend le droit à l'information. Dans les situations de guerre ou de crise, le manque d'information, la rumeur et la propagande ont un effet dévastateur sur les populations civiles. ONG des journalistes, la fondation crée des médias indépendants en offrant une information impartiale, elle s'engage pour la reconstruction, le maintien de la paix et l'émergence des sociétés démocratiques.

Chaque jour des millions des citoyens découvrent la réalité de leur pays et surtout se font entendre. En leur donnant la parole, les médias de la FH respectent et restituent leur dignité.

1.4. Financement

Plusieurs gouvernements et organisations internationales financent les projets de la Fondation Hirondelle. Notamment la Suisse, Les Etats-Unis, la Hollande, la Suède, la Grande Bretagne, la France, le Canada, le Luxembourg, le Japon, la République Fédérale Allemande et la Norvège.

Les organisations telles que la Communauté Européenne, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, la Fondation Internationale pour les Systèmes électoraux (IFES), l'Organisation des Nations Unies pour l'Education et la Science (UNESCO, sigle anglais), le Comité International de la Croix Rouge (CICR).

Notons que tous ces financements contribuent à l'indépendance des médias de la Fondation Hirondelle. Cette indépendance passe aussi par leur aptitude à contrôler toute la chaîne de production. La Fondation Hirondelle s'efforce de créer les conditions pour assurer la sécurité de l'ensemble de cette chaîne.

1.5. Relations avec les pays hôtes

La Fondation Hirondelle respecte le cadre politique du pays ou de la société au sein de laquelle elle opère, sauf à être soumise à des pressions telles qu'elles violent ses propres normes. Elle peut alors se voir contrainte à fermer un projet. Le sens de la liberté d'expression et de la démocratie des journalistes d'une rédaction de la FH fournit souvent les repères les plus efficaces pour définir le cadre des relations avec les autorités d'un pays hôte.

Les relations avec les pays hôtes sont telles que, pour chaque projet, les bailleurs de fond sont rendus publics. Le média subventionné informe régulièrement ses lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs de l'identité des sponsors du projet. La FH est de taille modeste et entend le rester.

1.6. Réalisations

Depuis 1995, la Fondation Hirondelle a créé et dirigé :

1. La radio Agatashya dans la région des Grands Lacs africains (1995-1996).

2. Star Radio au Liberia (1997 -).

3. L'Agence de presse Hirondelle auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (1996 -).

4. La Radio Blue Sky au Kossovo (1999-2000).

5. Radio Ndeke Luka à Bangui en RCA (1998 - ).

6. Moris Hamutuk, un programme radio pour les réfugiés à Timor et de soutien au service radio tv publiques (1999-2006).

7. Radio Okapi en RDC, en partenariat avec les Nations Unies (2002- ).

8. Radio Miraya, au Soudan, en partenariat avec les Nations Unies (2006 -).

9. Cotton Tree News, en Sierra Leone.

Quelques repères historiques

- 1995 : Les journalistes Philippe Dahinden, Jean Marie Etter et François Gross créent la Fondation Hirondelle afin de reprendre Radio Agatashya (Hirondelle) initialement lancée par Reporters sans Frontière après le génocide au Rwanda en 1994.

- 1996 : La Fondation Hirondelle étend sa présence au Tribunal Pénal International pour le Rwanda à Arusha en y créant l'agence de presse Hirondelle News.

- 1997 : En collaboration avec IFES, la Fondation Hirondelle lance Star Radio au Libéria. Suite à une intervention armée ordonnée par Charles Taylor, la station est contrainte à la fermeture en 2000.

- 1999 : Sergio Veira de Mello, représentant des Nations Unies au Kossovo, demande à la Fondation Hirondelle de créer la Radio de l'Organisation des Nations Unies à Pristina. Appelée Radio Blue Sky, elle fera plus tard partie du service public du Kossovo.

- 2000: Après le départ de la mission de l'Organisation des Nations Unies de la République Centrafricaine, la Fondation Hirondelle reprend la radio des Nations Unies. La radio Ndeke Luka est née.

- 2001 : La Fondation Hirondelle crée un programme radio pour les réfugiés du Timor oriental qui s'appelle Moris Hamutuk. Plus tard, de 2002 à 2006, la Fondation Hirondelle va mener un projet de soutien au service de l'Etat de Timor-Leste nouvellement constitué.

- 2002 : Création de Radio Okapi en RDC, ayant pour but d'accompagner les processus de paix et de reconstruction. C'est le projet radio le plus ambitieux jamais entrepris par l'Organisation des Nations Unies et la Fondation Hirondelle.

- 2005 : Au Libéria, le gouvernement de transition autorise à nouveau Star Radio à émettre.

- 2006 : La mission des Nations Unies au Soudan et la Fondation Hirondelle lancent Miraya FM, qui émet ses programmes depuis Juba dans le sud du pays.

- 2007 : La Fondation Hirondelle, en partenariat avec Fourah Bay Collège de l'Université de Sierra Léone, lance Cotton Tree News pour fournir aux radios partenaires, dont la radio des Nations Unies, de l'information indépendante.

- 2008 : La Fondation Hirondelle est présente au Népal pour soutenir la radio du service public Radio Népal durant les élections de l'Assemblée constituante.

Les valeurs qui fondent la fondation Hirondelle

a) Le professionnalisme et l'excellence : favorisent une action crédible, concrète et utile, ils privilégient en toute circonstance la qualité de leur action et sa rigueur de gestion.

b) L'indépendance : à l'égard des pouvoirs publics et économiques garantit l'impartialité de leur activité journalistique et en assure sa crédibilité auprès du public.

c) La rigueur professionnelle serre les faits au plus près, sans subjectivité, avec la distinction nette entre faits et commentaires.

d) L'altérité permet la tolérance et le respect des différences entre les cultures.

e) La dignité humaine place l'individu au centre de leur préoccupation.

f) L'ouverture sur le monde implique que les équipes éditoriales soient composées de journalistes de différentes nations, ethnies et groupes religieux. Cette mixité et la représentation multiethnique contribuent à renforcer la crédibilité dont jouissent les rédactions de la fondation Hirondelle.

Section 2 : LES ZONES D'INTERVENTION DE LA FONDATION HIRONDELLE

La Fondation Hirondelle, comme décrit ci-haut, a piloté et dirigé plusieurs projets partout dans le monde. Mais ses interventions sont plus centrées en Afrique à cause du fait que les gouvernements occidentaux disposent de fonds et de structures pour contribuer à la paix en Afrique, mais ne misent pas sur les radios indépendantes. Aussi, l'Afrique est considérée comme une zone du monde au coeur des conflits.

La Fondation Hirondelle a lancé des dizaines de projets en 15 ans, presque toujours des radios de dimension nationale. Dans ses domaines d'intervention, la Fondation Hirondelle travaille en zone de conflit endémique, de conflit ouvert, ou de post-conflit. Elle agit aussi dans des situations où les données politiques, économiques ou sociales sont dissuasives pour les intervenants orientés vers le développement. La Fondation Hirondelle assure des missions de consultante dans des situations plus ordinaires, mais ce n'est pas le coeur de son activité. La Fondation Hirondelle choisit les médias les mieux adaptés à une situation donnée, quels qu'ils soient. Ce sont ces circonstances qui l'ont conduite à créer des radios et une agence de presse.

L'une de ses spécialités, c'est de créer des médias de proximité. Ils s'expriment dans les langues des usagers.

Trois de ses radios assurent aujourd'hui l'essentiel de l'information des populations de la RDC, du sud Soudan et de la RCA, couvrant une trentaine de millions d'auditeurs réguliers.

Pour des raisons de proximité et aussi du fait de l'histoire même de la fondation, nous parlerons de deux axes d'intervention, notamment celui de la RDC et du Rwanda.

2.1. La Fondation Hirondelle et son intervention en RDC

Dans une de ses publications, « Fondation Hirondelle : le printemps des radios », Jacques GUYAZ affirme que l'effort majeur de la fondation se situe au Congo Kinshasa avec les neuf stations de radio Okapi.

Il y a dix ans, on comptait en RDC la moitié des médias qui existent actuellement. Des médias privés naissaient ici et là timidement. Le contexte politique de fragilité ne permettaient pas aux journalistes de s'exprimer librement à l'antenne, ni même de créer des médias.

C'est dans ce contexte de fragilité politique que la FH, dans sa mission d'offrir aux populations des pays en voie de développement une information impartiale et crédible, a en partenariat avec la MONUC, crée la radio Okapi, média de la paix.

Tout a commencé avec le décès de l'ancien Président M'zée Laurent Désiré KABILA en 2001. Il fallait à tout prix un gouvernement de transition qui conduirait aux élections libres et transparentes.

Une année avant cela, soit en 2000, la MONUC était mandatée de maintenir la paix en RDC et d'accompagner la transition vers une sortie de crise.

L'accord entre le gouvernement congolais et les Nations Unies prévoyait la mise en place d'une radio pour informer la population congolaise de la situation humanitaire et de la transition. Dès le départ, la radio se créait pour durer. En 2001, le concept d'une radio organisée en réseau à travers le pays avec une tête de réseau à Kinshasa et des studios régionaux en provinces, était présenté aux Nations Unies par la Fondation Hirondelle, il a heureusement été accepté.

La Fondation Hirondelle en tant qu'Organisation Non Gouvernementale suisse spécialisée dans l'information en zone de crise, est associée à la MONUC actuelle MONUSCO en vue d'apporter son professionnalisme journalistique et son savoir-faire dans la formation des métiers de la radio et la gestion des médias.

L'idée était également de redonner l'image du paysage médiatique congolais.

Convaincues que cette radio allait jouer un rôle capital en République Démocratique du Congo, des personnes au sein du Département de maintien de la paix à New York, ont contacté la Fondation Hirondelle afin qu'elle participe à la conception et la mise en place de la radio.

C'est ainsi que, le 25 février 2002, la radio Okapi a démarré ses premières émissions à Kinshasa, à Goma et à Kisangani. En même temps que débutait à Sun City, en Afrique du Sud, les sessions du dialogue Inter-congolais qui décidaient des termes de la transition en RDC. Cette radio naissante a pour but d'accompagner le processus de paix et de reconstruction. Ce qui, à l'origine, n'était qu'une intention est devenu au fil des années le projet le plus ambitieux jamais entrepris par les Nations Unies et la Fondation Hirondelle.

La Fondation Hirondelle est cette fois animée par la même volonté commune de défendre l'article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme en République Démocratique du Congo qui dit : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de rependre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelques moyens d'expression que ce soit ».

La radio Okapi est la radio de la paix, la référence des médias congolais. Elle émet 24 heures sur 24, sept jours sur sept, en Fréquences Modulées dans les principales villes de la République Démocratique du Congo. C'est le média dont la couverture nationale est la plus large, avec environ 20 millions d'auditeurs par jour, soit le tiers de la population congolaise. Okapi est la radio la plus écoutée dans des grandes villes du pays et le premier média national, dont les auditeurs apprécient la rigueur et l'objectivité.(28(*))

Sa diffusion est assurée par 59 émetteurs FM dont 31 propres et 28 radios partenaires équipées par la Fondation Hirondelle.

Avec son programme sur ondes courtes, diffusé depuis l'Afrique du Sud, Radio Okapi couvre une heure par jour la totalité du territoire congolais. Les programmes de la Radio Okapi sont diffusés en Français et en toutes les langues nationales (Lingala, Kikongo, Tshiluba et Swahili). Une preuve de proximité avec la population. Chacun doit être informé et doit participer à la gestion dans la langue qu'il comprend mieux

Les programmes comprennent des bulletins d'information quotidiens et des magazines, des émissions hebdomadaires interactives consacrées à la politique, la santé, l'éducation, la justice, les droits de l'homme, et de la musique. Dès le départ, la radio a été le modèle radiophonique susceptible de perdurer. La radio Okapi représente un modèle de professionnalisme, de rigueur et d'éthique, qui a aussi pour mission de tirer vers le haut l'ensemble du paysage médiatique congolais, en développant notamment des partenariats avec les radios associatives.

2.1.a. Financement

Le budget annuel de la FH pour radio Okapi est de plus de 4 millions Dollars US. Il est financé en 2010 par les gouvernements britanniques, suédois, belge, allemand et suisse, ainsi que par OSISA (Open Society Institute for Souhern Africa). La mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation au Congo apporte une contribution importante au fonctionnement du projet, notamment la mise à disposition des locaux sécurisés, des apports en matériel technique, les moyens de télécommunication nécessaires et des ressources humaines.

La radio Okapi adhère à la mission et aux valeurs d'une radio au service du public et fait sienne les critères édictés par l'UNESCO pour définir le service public, en l'occurrence l'universalité, la diversité et l'indépendance.

La radio Okapi bannit toute forme de discrimination quant à l'âge, au sexe, à l'appartenance éthique ou religieuse. La radio Okapi produit et diffuse une information régionale, nationale et internationale indépendante, rigoureuse, factuelle et crédible, et fournit les éléments nécessaires au citoyen pour prendre les décisions fondées sur les faits. Elle incarne et défend des valeurs humaines telles que :

- l'altérité : le respect des différences entre cultures le respect des particularismes, la tolérance ;

- La dignité de chacun, mis à mal par les situations de violence, de guerres, de crises, est l'un des biens les plus précieux de chaque être humain ;

- L'ouverture sur le monde fait partie de l'identité d'Okapi.

2.1.b. Les destinataires de la Radio Okapi

Avec une diversité d'émissions, d'informations, d'éducation et divertissement, elle vise tous les publics par son offre de programmes et de sujets. Radio Okapi cherche à atteindre une audience la plus large possible. Elle a une diffusion nationale et couvre presque la totalité du pays en modulation de fréquences et tout le pays par ondes courtes à certaines heures de la journée, accessible aussi par Internet. Et pour rejoindre tous les publics, elle diffuse en quatre langues nationales et le français.

La radio Okapi est perçue comme une valeur sûre et reconnue par les auditeurs parce que son programme est lié à tous les moments de la vie. La radio fait lien, elle donne l'idée de la communauté de destin. Elle introduit à la fois la différence et le respect des autres.

Dans une situation de guerre, la population a besoin de s'informer pour prendre des décisions vitales de leur sécurité. Cette opportunité, la radio Okapi l'a donnée à la population du Nord Kivu et surtout à toute l'étendue du pays. La valeur première pour arriver à cette fin est le professionnalisme. L'indépendance à l'égard des pouvoirs politiques et économiques est cardinale et cette indépendance seule l'impartialité de l'activité journalistique.

L'honnêteté est essentielle. Honnêteté journalistique qui conduit à faire la part de subjectivités, de partis pris, d'expériences de vie et de points de vues personnels. Tout est mis en oeuvre pour concilier l'objectif du départ et les résultats.

2.1. c . A propos de la ligne éditoriale

La ligne éditoriale de la Radio Okapi est fondée sur le respect des règles professionnelles et l'indépendance de la rédaction. Elle s'appuie aussi sur la vérification des sources, la rigueur professionnelle et l'altérité des points de vue. L'offre éditoriale privilégie les faits au plus près, sans subjectivité, et en établissant une distinction entre fait et commentaire.

Le traitement de l'actualité dans différentes tranches d'information permet de donner aux auditeurs des informations factuelles, mais aussi des séquences pour mieux comprendre les enjeux de l'actualité au quotidien sur le plan politique, social, culturel, etc. Ce sont ces rendez-vous qui ont fait la notoriété de la radio Okapi notamment les émissions interactives. Toutes ces affirmations ont été prouvées ou évaluées au cours des années par des études d'audiences.

La dernière date de novembre 2011, étude menée par l'Institut français IMMAR. Cette étude a clairement mesuré objectivement que possible l'impact de la radio Okapi en RDC, et l'évolution de cet impact par rapport aux années précédentes. Ces enquêtes ont prouvé que la radio reste le média de référence en RDC, pour le public comme pour les partenaires, l'audience globale et des taux de pénétration de la radio Okapi entre les zones géographiques. Et que les programmes diffusés répondent aux attentes des auditeurs, selon des normes professionnelles qui respectent les principes d'indépendance, d'impartialité, d'éthique et de déontologie. L'étude a également évalué le rôle et l'impact de Radio Okapi dans la prévention et la résolution des conflits ; il y a aussi des questions liées au genre : participation des femmes dans la politique et la gestion du pays, ainsi que dans les activités économiques et les questions de santé, et particulièrement la prévention et la lutte contre le VIH/SIDA. Et également des études qualitatives par focus groups auprès des populations âgées de 15 ans dans de grandes villes de provinces et dans les zones rurales, réparties selon les grandes régions du pays. Elle a mené des sondages auprès des personnalités et représentants du monde politique, de la société civile, du secteur médiatique et du monde économique et un sondage interne auprès du personnel de la radio Okapi.

C'est évident que dans le projet d'installation de la Radio Okapi, des mesures ont été prises pour qu'elle dure.

Nul n'est sans ignorer que la RDC a été long temps soumise à des agressions étrangères, à une instabilité économique souvent résultant de ces agressions. Beaucoup d'ONGs ont travaillé pour aider d'une manière ou d'une autre les populations victimes de ces agressions. Mais, rares sont celles qui ont pensé dénoncer, défendre ou aider par l'installation d'un média durable qui véhiculerait des idées constructrices d'une nouvelle société.

Les rôles d'un média en zone de crise sont nombreux. Mais, la radio Okapi a joué un rôle précis, celui de reconstruction nationale et de maintien de la paix. En implantant un média en un moment aussi central que se décidait l'avenir du pays, la FH ne pensait pas s'occuper principalement de la guerre mais de ses effets sur la population.

C'est ainsi que l'objectif du départ était d'abord d'aider les populations. Il est vrai que la fonction majeure qu'à exercée la radio Okapi est une fonction sociale.

Lorsque la guerre a dévasté le pays après le décès du feu Président M'zée KABILA, la population était déboussolée, ne sachant à quel sein se vouer, ni qui croire. La Radio Okapi a redonné espoir en moment voulu à celle-ci. Elle leur a redonné confiance en leur offrant la possibilité de s'exprimer librement, de poser des questions et Radio Okapi a apporté des réponses à celles-ci. Elle a été là au moment où on a eu besoin d'elle. Avec sa valeur d'Okapi animal rare et inoffensif, le nom incarne la paix, la tranquillité et la continuité. Avec des émissions comme « parole aux auditeurs » et « dialogue entre congolais », la Radio lance un défi, interactivité en zone de crise. Chacun est libre de s'exprimer comme il entend.

Tout ceci n'est pas arrivé par un simple claquement de doigts. C'est le fruit d'un dur labeur. Pour arriver à ces résultats, la Fondation Hirondelle et la Radio Okapi travaillent dans des conditions difficiles. Le défi est immense pour un pays où les structures de l'Etat demeurent extrêmement fragiles, où la démocratie se construit. La plupart des médias sont livrés au contrôle des responsables politiques ou religieux, influant fortement sur leur contenu. La radio Okapi consciente de toutes ces situations, a su déjouer ou contourner ce phénomène, notamment en s'autonomisant financièrement.

L' « Okapi » est un mammifère qui vit essentiellement au Congo. C'est l'un des symboles de la RDC, animal pacifique et donc porteur de paix, dont l'image ou le nom n'ont jamais été utilisés à des fins guerrières ou de propagande politique. La radio a expressément emprunté son nom à cet animal sympathique.

La radio, pour la RDC, a joué un rôle thérapeutique. Ainsi, nul ne peut statuer sur le temps qu'elle durera ; l'avenir de la radio Okapi appartient d'abord à ceux qui l'écoutent et bien sûr à la volonté des autorités de ce pays, et des bailleurs ainsi qu'aux capacités de la station à générer les moyens de sa pérennisation.

A la place des armes à feu qu'utilisent les nations pour défendre leur territoire, la radio Okapi a la parole comme seule arme contre la haine, de témoigner pour les autres, les sans voix. Les risques sont nombreux. Le souvenir de Serge MAHESHE et de Didace NAMUJIMBO symboliseront à jamais le souffle de la radio en faveur de la paix.

2.2. La Fondation Hirondelle et son intervention au Rwanda

L'intervention de la Fondation Hirondelle au Rwanda relève de l'histoire même de la création de cette fondation. Des journalistes de la section Suisse de Reporters sans frontières couvraient le génocide rwandais de 1994. La radio des mille collines, appelant à la haine avait moralement armé les génocidaires. Il était difficile qu'un média fiable s'installe et attire les auditeurs. Il est vrai que dans une situation de guerre, en zone de crise ou de conflit violent, il est impossible pour un journaliste d'exercer son métier comme il le souhaite, avec rigueur et impartialité.

Au-delà du fait d'alerter l'opinion publique, les reporters sans frontières affirment qu'ils ont été confrontés aux souffrances de la population. Il était alors admis que secourir, aider, reconstruire impliquait d'autres compétences que celles d'un acteur médiatique. Il fallait des médecins, des humanitaires, des politiques. Pour les reporters, il n'était question que d'informer. Mais, témoigner qu'un génocide avait lieu, décrire les épisodes, rapporter des images, ne suffisait pas. Il fallait surpasser, aller au delà du constat. C'est de là que Jean Marie Etter, Philippe Dahinden, et François Gross ont eu l'idée ingénieuse de créer une première radio destinée aux Rwandais après le génocide, conscients que les médias exercent une fonction sociale majeure à l'intérieur d'un pays en crise. C'est dans ce contexte qu'est née la radio Agatashya, Hirondelle en Kinyarwanda. Elle a été destinée non pas seulement au Rwanda, mais à la région des grands lacs africains. Et c'est Philippe Dahinden, reporter sans frontière, qui en est promoteur.

Une radio qui se veut indépendante, professionnelle et créatrice, d'un espace de débat public entre Hutus et Tutsis. L'année suivante, la FH est née et reprend la gestion de la radio. Les émetteurs sont au Zaïre (actuelle RDC), à Bukavu et à Goma. La lutte est telle qu'on ne peut pas la mener seul. Il faut toute une organisation, mais l'insécurité est trop grande dans la région des grands lacs. D'où, la radio disparaît, entrainée par la guerre à l'avancée des troupes rwandaises au Zaïre.

La renaissance

Bien que les effets de la guerre aient apporté la radio, les reporters sans frontières ne se sont pas tus. Ils n'ont pas croisé les bras. Ils ont compris qu'ils n'étaient pas assez forts pour mener ce combat. Il fallait l'appui d'une organisation, des institutions ou des gouvernements.

C'est ainsi que la fondation est née et a emprunté son nom à celui de la première radio qu'elle a dirigée, radio « Agatashya » qui signifie « Hirondelle ». Elle a préféré garder ce nom parce qu'il est simple et universel. Aussi, faudrait-il préciser que la fondation est une organisation de journalistes qui crée des médias en zones de crises.

Cependant, la fondation a ouvert un bureau de correspondants à Arusha, en Tanzanie, pour couvrir les travaux du Tribunal Pénal International pour le Rwanda. Le bureau sera converti en agence de presse en 1997. Agatashya, il produit chaque année plus de 1400 dépêches en quatre langues : anglais, français, swahili et kinyarwanda. L'agence touche là un des principes fondateurs de la FH : les médias sont multilingues et doivent couvrir les principales langues locales.

L'agence de presse Hirondelle News à Arusha couvre l'actualité des procédures judiciaires liées au génocide de 1994 au Rwanda. Il s'agit des travaux du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), les procès suivis par les instances judiciaires nationales et les tribunaux communautaires du Rwanda. Hirondelle News, implantée depuis 1997, reste la seule agence de presse couvrant intégralement les procès en quatre langues.

Le travail fourni est apprécié par tous. C'est ainsi que les médias internationaux, agences de presse, universités, ONGs, et particuliers s'abonnent er reçoivent quotidiennement les dernières évolutions des procès, les dépêches sont également mises en ligne. Une compilation hebdomadaire des activités est également disponible en audio pour être diffusée par d'autres stations de radio.

L'agence est spécialement basée sur les questions juridiques. Elle offre ponctuellement à des dizaines de journalistes africains l'opportunité de suivre une formation sur la justice internationale e le reportage juridique.

Hirondelle News s'articule sur une équipe internationale réunissant des journalistes venant du Rwanda, de la Tanzanie et de l'Europe. L'équipe qui travaille au sein de l'agence comprend trois journalistes et une administratrice établis à Arusha, travaillant sous une coordination locale, une rédactrice basée aux Etats-Unis pour la version anglaise, des correspondants locaux à temps partiel à Kigali (Rwanda), quatre correspondants internationaux basés à la Haye (Pays-Bas), Bruxelles (Belgique), Paris (France) et Montréal (Canada), et une traductrice basée à Nairobi (Kenya) pour la version en kinyarwanda.

La Fondation Hirondelle par l'entremise de son agence Hirondelle oeuvre dans des situations difficiles. C'est que la presse indépendante a un rôle fondamental à jouer dans les sociétés autoritaires et dans les régimes non démocratiques. Dans ces situations, les intervenants traditionnels se retirent à cause de l'insécurité, des risques physiques, des menaces de tout genre et parce que l'argent investi dans les projets de développement risque de ne servir à rien.

Une radio indépendante joue un rôle immense en faveur de la paix : dissiper les rumeurs, maintenir l'attention sur les faits réels, éviter des propagandes. Les dossiers justices sont délicats à traiter. Aucune agence, aucun média n'a jusque-là osé implanter un média, ni traiter des sujets liant au génocide, étant un sujet controversé. Hirondelle News a collaboré à l'émergence des sociétés démocratiques et tolérantes, voulant s'appuyer à la formation d'une opinion publique, citoyenne, ouverte au dialogue. La Fondation Hirondelle s'attache particulièrement à la justice, condition de la réconciliation.

Philippe Dahinden, étant l'un des premiers à mesurer l'ampleur du génocide, disait : « On ne peut pas tout simplement constater les faits et revenir chez soi ... il faut faire quelque chose ». Lorsqu'on lui demandait quoi ? Il répondait « une radio ». Renchérissant : « les soldats, les médecins, ... savent chacun mettre leurs compétences au service d'une cause. Et eux, en compétence de journaliste, devraient mettre au service une radio par compassion, par solidarité ». (29(*))

En somme, les médias de la Fondation Hirondelle ne sont pas uniquement des instruments au service d'une cause noble et impérieuse. C'est un supplément d'humanité dans un monde marqué par les épreuves de l'histoire. C'est aussi une formidable profession de foi en l'avenir et dans la construction de « l'être ensemble » (30(*))

Peut-on imaginer, après tant de réflexions, qu'il n'y ait aucun organisme qui puisse défendre les médias en zone de conflit ?

La Fondation Hirondelle a implanté les repères du vrai et de la vérité. Elle lutte pour les valeurs qui fondent les droits humains. Au moins, à présent, chacun peut dire ce qu'il veut, comme il l'entend.

2.2.1. Le partenariat de l'ONU et la Fondation Hirondelle

Les Nations Unies, première instance de maintien de la paix dans le monde, a accompagné la Fondation Hirondelle et continue à l'accompagner dans sa mission. Outre l'appui logistique des matériels didactiques et la sécurisation des locaux, l'ONU a aidé la Fondation Hirondelle à l'implantation des médias en zone de crise.

En 1999, à la demande de Sergio Vieira de Mello, alors Représentant de l'Organisation des Nations Unies au Kosovo, la Fondation Hirondelle crée une radio dans la région ; Ensuite à Timon-leste en 2001, sous l'égide des missions des nations. A Pristina, Blue Sky fait aujourd'hui partie de la radiotélévision du nouvel Etat. La demande est similaire au Centrafrique où Radio Ndeke Luka a été créée par l'Organisation des Nations Unies et remise à la Fondation Hirondelle pour jouer un rôle civique dans le cadre du processus électoral qui s'est mis en place en 2004. L'effort majeur de la Fondation Hirondelle se situe au Congo Kinshasa, avec les neuf stations de Radio Okapi montées en 2002 sous l'égide de la MONUC (actuelle MONUSCO), seul média qui dessert l'ensemble de cet immense pays menacé par les rebellions depuis 10 ans. Les liens étroits qui existent entre les entreprises de la Fondation Hirondelle et les missions de l'Organisation des Nations Unies se renforcent et sont d'une (juste cause) importance capitale, d'autant plus que cette dernière assure la logistique et la sécurité, fournit les générateurs électriques et souvent les transports.

Ces relations font en rien des radios de la Fondation Hirondelle, des « radio casque bleu » ? (31(*))

L'indépendance des radios de la Fondation Hirondelle garantit leur crédibilité.

La radio Okapi, par exemple, n'a pas hésité à réaliser des émissions sur les cas de viols et de pédophilie qui ont mis en cause le personnel des Nations Unies. Actuellement, toujours en partenariat avec l'ONU, un projet de radio au Soudan est entrain d'être mis en place. D'autres pays émergeants de guerres civiles sont également intéressés.

CONCLUSION PARTIELLE

Ce chapitre a consisté à présenter la Fondation Hirondelle, cas type de notre travail. Aussi, avons nous relevé les zones d'interventions de son projet. Comme nous l'avons dit ci-haut, la Fondation Hirondelle est intervenue dans beaucoup de pays d'Afrique, mais nous n'avons analysé que les cas de la RDC et du Rwanda.

De ce qui précède, il relève que les projets de la Fondation Hirondelle jouent enfin un rôle de leadership et de moteur pour le développement des médias locaux. D'abord, en diffusant des informations vérifiées sur des sujets parfois sensibles dont les autres médias n'osent pas parler. Surtout, en établissant des standards qualitatifs élevés, aussi bien en matière journalistique, technique, que de management. Par l'effet de la concurrence, mais aussi des échanges d'expériences que la Fondation Hirondelle s'emploie à mettre en place localement, les autres médias sont ainsi incités à suivre cette voie professionnelle, éthique, rigoureuse et finalement économiquement performante.

La Fondation Hirondelle emploie à travers le monde un total de 250 employés et contractants. Les pays en conflit et sans médias autonomes ne manquent pas. Hirondelle a de quoi voler longtemps.

Chapitre III :

L'IMPLANTATION DES MEDIAS EN ZONE DE CRISE :

ENJEUX ET PERSPECTIVES

INTRODUCTION

Le présent chapitre s'attèle à démontrer les enjeux des médias en zone de crise et plus particulièrement les médias de la Fondation Hirondelle. Nous partirons des résultats de notre propre analyse, ensuite les résultats de nos entretiens viendra renchérir notre recherche. Beaucoup d'auteurs depuis plusieurs siècles se sont intéressés aux médias, au rôle qu'ils jouent dans une société. Certains sont allés plus loin en s'intéressant à la liberté que devaient jouir ces médias. Peu d'auteurs se sont cependant penchés sur la question de l'implantation des médias en zone de crise. La presse se limite à témoigner, à rendre compte des atrocités qui ont eu lieu dans tel ou tel endroit. Elle décrit avec détails tous les épisodes et rapporte les images; d'ailleurs, avec les médias, la guerre est devenue un spectacle permanent. Bien qu'ils se contentent de faire leur métier, en rapportant les faits, la question est de savoir à quoi servirait alors un média en zone de crise ?quels sont les enjeux et les perspectives de cette action ?

Section 1 : LES ENJEUX DE L'IMPLANTATION DES MEDIAS EN ZONE DE CRISE

Premièrement, les médias en zone de crise luttent contre la désinformation. Les médias exercent une fonction sociale majeure à l'intérieur d'un pays en crise, du moins au même titre que les institutions législatives ou judiciaires. (32(*))

Les médias créent un espace de réconciliation, de dialogue, de reconstruction et de paix. L'enjeu est aussi de redonner espoir aux populations. Dans des pareilles situations, les médias jouent une fonction thérapeutique, la thérapie étant le traitement d'une maladie particulièrement mentale. (33(*))

Parce qu'en fait, la guerre ou les conflits jouent avant tout sur le mental. Tout passe par la tête, par une réflexion, ensuite, on passe à la matérialisation. Les médias implantés en zone de crise réalisent la fonction que l'on prête génériquement aux médias, le «quatrième pouvoir ». Les populations qui vivent dans des régions où il y a des conflits et des guerres croient plus à cette fonction des médias qu'aux institutions étatiques. Forum public, agora démocratique, ces médias incarnent parfaitement cette fonction. Comme par exemple pour porter plainte contre des militaires qui les ont violées, les femmes vont à la radio avec cette conviction qu'elles seront entendues et qu'elles trouveront gain de cause. En ce moment, les médias se transforment à la fois en poste de police, en juge de paix, en médiateur politique. (34(*))

A condition qu'ils soient indépendants, qu'ils recréent une citoyenneté, qu'ils deviennent facteur d'une évolution sociale. Le conflit n'est pas une mauvaise chose en soi.

Il résulte de manière naturelle des différences entre les personnes ou es groupes religieux, politiques, ethniques, ou autres. Ainsi, nous pensons qu'au lieu d'être sources de conflits et guerre, ces différentes guerres ou crises pourraient enrichir les sociétés et être à la base d'un processus pacifique de réconciliation. Gérer ces différences de manière constructive est une compétence qui peut être développée. Il n'existe pas une méthode pour trancher ou arrêter immédiatement les conflits ; une signature d'un accord de paix ne suffirait pas. Il s'agit d'un processus continu d'établissement des relations mutuelles de respect et de confiance.(35(*)) Cette réalité nous pousse à penser que la diplomatie ne suffit pas à la résolution d'un conflit. La diplomatie et les accords ne peuvent à eux seuls résoudre un conflit. C'est ainsi que de temps à autre, les organisations non gouvernementales interviennent dans ce processus. Chacun cherche à aider tant soit peu à la reconstruction d'une nation ou d'une région dévastée par les guerres, en utilisant notamment les médias.

1.1. Le droit à l'information

Les femmes et les hommes qui vivent en zone de crise grave ont un besoin accru d'information. Car, elle rend libre. Les priver de cette information serait une atteinte à leur liberté d'opinion et d'expression. (36(*))

Ce qui revient à dire que, présenter à une population qui en manque une information impartiale, indépendante et rigoureuse, c'est lui reconnaître son droit fondamental. C'est aussi là l'une des raisons d'être de la Fondation Hirondelle, créer cette information à travers des médias locaux destinés à vivre durablement. Lorsque l'on parvient à proposer une information accessible, crédible et indépendante, les auditeurs la plébiscitent.

1.2. L'information en zone de conflit

En zone de conflit, il est difficile de distinguer l'information de la rumeur ou de la propagande, moins encore de la contrôler. En zone de conflit, l'information devient sujet sensible. D'où, il est vital de vérifier ce qu'on dit, comment le dire et quand le dire. Souvent en zone de crise, les journalistes se trouvent dans l'impossibilité d'exercer correctement leur métier, comme ils le souhaitent, avec objectivité. Non pas qu'ils sont incompétents, mais qu'il est quasi difficile de l'exercer dans une situation de guerre sans partie prise. C'est ainsi que se pose la problématique de l'indépendance des médias. L'indépendance ici doit d'abord être économique et financière. Certains gouvernements et structures des pays développés financent les médias. La raison d'être de ces sommes est malheureusement définie par ces donateurs en fonction de leurs objectifs politiques. Ce qui touche à l'objectivité même de ces médias. C'est ainsi que l'accent est mis sur l'indépendance des médias en général et particulièrement ceux qui sont implantés en zone de crise.

1.3. Les médias et la crise

Les médias aiment les situations d'exception, parce qu'elles appellent l'information. Le travail du journaliste s'exerce pleinement dans ces conditions. Car son but est de rechercher les informations pouvant raconter une histoire. Les médias jouent un rôle capital dans la construction de l'histoire immédiate. Ils sélectionnent les faits, les gens et mettent en scène les événements. En réalité, il n'y aurait pas d'histoire sans le regard de la presse. Tout le monde ne se trouve pas au même moment, pour constater dans un lieu, les effets de la guerre ou d'une catastrophe naturelle. Notre constat se limite à ce que rapportent les médias. Dans une zone de conflit, l'information est soit grossie, soit euphémique à travers les médias, selon les aspirations des dirigeants de ces médias. Le regard médiatique est très critique et complexe. Dans sa mise en forme de l'information, le média présente un caractère dramatique, surtout s'il s'agit d'une communication de crise. (37(*)) Car, la théorie de l'information est d'abord une rhétorique de l'événement.

Pendant une période de crise, l'information est soumise à des contraintes qui parfois modifient le sens même du message, étant donné que le contrôle de l'information en temps de guerre fait partie intégrante des stratégies politiques. Il ne suffit pas qu'une information en situation de conflit soit vraie pour être diffusée par les médias. Il faut nécessairement qu'elle corresponde à un besoin des individus de la zone ciblée. Malheureusement en temps de guerre, l'information n'atteint toujours pas sa trajectoire visée. A l'inverse d'une arme qui vise une ciblée bien calculée, l'information continue et dépasse sa trajectoire, c'est-à-dire la cible visée. Elle continue à se propager dans les secteurs environnants. La valeur d'une information se mesure d'abord par l'intérêt qu'elle suscite. C'est son aptitude à capter l'attention du public qui lui donne le pouvoir. Les journalistes sont des intermédiaires entre le public et la guerre.

Sur terrain, ils mettent en récit tout ce qu'ils ont vu et vécu. Toutes les nouvelles parviennent rapidement à la population au moyen de la radio, du fait de sa popularité et de sa souplesse à être transportée partout. La période de guerre constitue une période délicate pour le métier du journaliste. L'information en ce temps suscite une alternative fatale. Il ya d'un côté, le journaliste qui doit informer le public de tout événement ayant un quelconque intérêt pour la collectivité qui subit les conséquences des guerres, et de l'autre côté, il y a les autorités politiques qui, pour des raisons de sécurité d'Etat, tiennent momentanément secrètes certaines informations. Et, dans des telles circonstances, les journalistes sont obligés de se taire, éthique et responsabilité obligent. Le public, quant à lui, dans son impatience et soif de connaitre, force les acteurs des médias à anticiper maladroitement sur certaines informations, ou à divulguer des nouvelles compromettantes.

Dans des moments de crise, il y a des responsabilités qui incombent aux médias qui doivent discerner les moyens les plus adéquats pour amener le public à adopter un comportement responsable. Puisque même le journaliste ne saurait se démunir totalement de sa subjectivité pour appréhender l'événement. Parce qu'en tant qu'humain, les sentiments peuvent prendre le dessus. Dans cet aspect des choses, il y a une part nette d'objectivité à privilégier, une objectivité historique. Les faits sont sacrés, comme on le dit en journalisme. Ce que les médias diffusent, reflètent sans doute ce qu'est la société, ses prouesses, ses faiblesses, ses déceptions, ses aspirations et ses déceptions. En temps de guerre, le public a droit d'être informé et les médias ont le devoir d'informer. D'une façon générale, on constate aujourd'hui que l'issue des guerres et des conflits dépend, plus que jamais, de la maîtrise de l'information et de la communication.(38(*))

Toutes ces analyses peuvent alors se résumer en des enjeux cruciaux de l'implantation des médias en zone de crise, à savoir :

- Les médias en zone de crise contribuent à consolider la démocratie, la paix et l'état de droit ;

- Ils jouent un rôle majeur dans l'évolution politique et sociale d'un pays.

- Ils contrôlent les politiques ;

- Ils veillent sur le respect des droits de l'homme et le bon fonctionnement de l'autorité publique ainsi que la mise en avant de la parole des citoyens dans l'espace ;

- Ils influencent les preneurs de décision ;

- Les médias offrent une information indépendante, durable, viable au service de la paix ;

- Ils renforcent la citoyenneté et la responsabilité sociale au sein des populations à travers des activités culturelles entre communauté ;

- Enfin, ils restaurent les liens sociaux dans des régions déstructurées par des guerres.

1.4. Le rôle néfaste des médias en période crise

Cependant, il a été largement prouvé que les médias ne jouent pas simplement le rôle positif dans la vie d'une société. Notamment avec la question des effets des médias. A cette ère où le monde est médiatisé, le pouvoir des médias peut être difficilement contesté. Avec la démocratie, les médias offrent toutes sortes d'informations. L'on découvre alors le rôle néfaste que peuvent jouer les médias dès lors qu'ils sont utilisés à des fins partisanes par ceux qui veulent atteindre certains objectifs.

Par les informations qu'ils diffusent, les médias enveniment parfois la situation de crise. Ils peuvent être vecteurs de guerre. Et, très souvent, la guerre médiatique précède la vraie guerre.( 39(*))

Véritables outils et moyens d'action au service des objectifs poursuivis par les Etas ou d'autres entités politiques, les médias sont au centre des enjeux politiques, idéologiques, tribaux ou religieux. Certains auteurs vont jusqu'à affirmer que les médias sont l'oxygène de la guerre et du terrorisme. Les assaillants comme l'armée régulière cherchent à tout prix à maitriser l'information, et très souvent, pour le cas des assaillants, le font dans le but d'attirer l'attention des masses populaires qu'ils ne pourraient atteindre si les médias ne relayaient leurs messages.

Les événements du printemps arabe nous ont démontré que les médias peuvent manipuler, contrôler et abuser toute une population ou, au contraire, être au service des changements démocratiques. Malheureusement, l'influence négative des médias manipulés est plus visible que l'impact d'un média qui défend d'autres valeurs. L'histoire nous renseigne également qu'en 1994, le gouvernement de transition du Rwanda a utilisé la radio télévision libre des mille collines(RTLM) pour inciter au génocide et dont l'effet a été dévastateur. Le génocide rwandais a été question de préparation, perpétré par les médias. Ayant mesuré l'impact qu'ont les médias sur les individus, les auteurs du génocide rwandais avaient choisi cette radio comme principale « voix de son maître ». (40(*))

La radio a été créée une année avant le génocide, soit n 1993, pour servir d`un canal par lequel les génocidaires passeraient leurs messages. Le 11 mars 1994, le Président Grégoire KAYIBANDA menace d'exterminer les tutsis dans un discours à la radio. Il enseigne à ceux qui l'écoutent d'avoir une expérience négative, une haine et une hostilité irrationnelle devant un tutsi, petit ou grand, et à le massacrer comme un cafard. Une fiche signalétique, descriptive du corps des tutsis était diffusée à longueur des journées à travers les ondes des radios. Des détails corporels désignant les formes précises (nez fin, taille élancée...) qui devraient être détruites. L'histoire rapporte que les miliciens opéraient machette à droite, radio à gauche. Parce qu'à chaque fois, qu'ils menaient à bien une opération, le premier ministre de l'époque, Jean KAMBANDA, prodiguaient des encouragements ainsi qu'aux bourgmestres qui avaient collaboré avec les miliciens dans les tueries. Et ceux qui ne collaboraient pas étaient tout de suite exécutés, et ce, par voix des ondes. Tout ceci pour étendre leurs actions, car la RTLM émettait sur toute l'étendue du pays jusqu'au Nord du Burundi.

Des journalistes y participaient aussi par manque de professionnalisme, d'éthique et déontologie et surtout pour leur engagement au service d'une idéologie ou d'une cause. Leur participation se fait sentir lors des animations libres à l'antenne où ils appelaient les génocidaires à remplir les fosses parce qu'ils étaient à moitié pleines. Le plus célèbre journaliste fut Kantano Habimana, animateur au talent diabolique qu'il avait cultivé en tant que commentateur sportif. Il n'y a pas eu que la RTLM, la radio officielle, radio Rwanda, la radio Rutomorangingo et le périodique Kangura ont également joué un grand rôle dans la propagande du génocide. Les médias ont donc été le fleuron de la politique d'exploitation de la liberté de la presse au profit d'une propagande à laquelle son caractère officieux devait permettre la plus grande violence de ton. (41(*))

Tous ces exemples permettent de mesurer les dégâts que peuvent causer les médias s'ils ne sont pas bien contrôlés. La nécessité d'utiliser donc les médias à des fins pacifiques s'impose. Toute cette analyse sera appuyée dans les lignes qui suivent par les résultats de nos entretiens.

Section 2. DEPOUILLEMENT DE L'ENTRETIEN

Dans la présente section, nous présenterons les résultats de nos entretiens. Etant donné que nous avons choisi le thème comme unité de sens, il est question pour nous de dégager ces thèmes. Ensuite de les regrouper dans des catégories avant de les interpréter.

2.1. Rappel de la méthode et techniques

Pour rappel, nous avons choisi comme méthode, l'analyse de contenu qui nous a aidée à analyser les médias en zone de crise qui est un fait de communication. L'analyse du contenu aide à la description et au traitement des données. En tant que technique de recherche, elle aide à produire un savoir original, des connaissances nouvelles, elle contribue à établir les faits, à élargir des perspectives ou à corriger des perceptions. Bref, elle sert à la découverte des réalités qui, autrement restées cachées. L'analyse de contenu rend compte des régularités, des tendances observées dans les messages. Il ne suffit pas de conclure que des messages sont semblables ou différents. Encore, faut-il préciser jusqu'à quel point et comment ils sont vrais ou faux. Certains auteurs pensent d'ailleurs qu'il ne faut pas limiter cette analyse au simple manifeste des messages exprimés, car elle restreindrait l'objectivité de l'analyste, puisque l'analyse de contenu reconnaît la signification de la communication et des médias.

C'est dans cette optique de cette démarche méthodologique que nous avons analysé le contenu des medias émettant en zone de crise, leurs tendances, les messages émis, etc. Cette analyse, nous l'avons faite sur base des entretiens réalisés pour en déduire ce qui suivra.

Et comme techniques, l'entretien, la documentation et l'observation nous ont également aidée à mener à bien notre recherche.

2.2 L'échantillonnage

L'échantillon sur base duquel nous avons mené notre entretien a été sélectionné d'une manière aléatoire et identifié selon trois variables à savoir : le sexe, l'âge et la fonction comme déterminants sociaux. Ainsi, nous nous sommes entretenue avec dix personnes dont deux femmes et huit hommes et dont l'âge varie entre 30 et 55 ans ; ils sont soit journalistes, soit directeurs d'entreprises de presse. L'un d'entre eux est exceptionnellement major des forces armées de la République Démocratique du Congo, pour une simple raison, c'est qu'il a dirigé et encadré un medias en zone de crise.

2.3 Résultats proprement dits

Des entretiens réalisés, nous avons ressorti des thèmes que nous avons regroupés en catégories.

2.3.1. Extraction des thèmes

Sur base des certaines questions, nous avons ressorti certains thèmes qui en eux-mêmes résument les grands axes de notre recherche, présenté comme suite :

THEMES

EXPLICATIONS

L'indépendance des médias en zone de crise

L'indépendance dont il est question ici résume le fait qu'un média  ne dépende d'aucune institution financière pour fonctionner. Les termes de son budget ont été bien définis dans son cahier de charge dès sa création.

Les médias : facteur de paix et d'éclosion d'une démocratie.

Les médias  peuvent être facteur de paix et d'éclosion d'une démocratie dans la mesure où ils peuvent à partir des programmes, instaurer des dialogues et ainsi permettre à chacun de s'exprimer librement.

Rôles et fonctions des médias  en zone de crise.

Il est question ici de mesurer l'impact de ces médias  auprès de la population victime des guerres. Parce qu'il ne suffit pas simplement d'implanter un media en zone de crise, il faut également qu'il contribue à la transformation des sociétés où ils sont implantés et atteindre les objectifs qu'ils se sont assignés.

L'apport des médias  de la Fondation Hirondelle.

La Fondation Hirondelle étant le cas type de notre étude, ce thème a été mis en place afin de mesurer l'impact des médias de la fondation, ce qu'ils ont apporté de nouveaux par rapport à d'autres médias. Analyser les attitudes de la population avant et après l'implantation des médias de la Fondation Hirondelle. Et si elle a accompli sa mission telle que présentée.

Information et communication au centre des enjeux d'un conflit ou d'une réconciliation.

Ce thème touche les points essentiels de notre démarche. Tout tourne autour de ces 2 concepts. La maîtrise, ou non de ces derniers, peut aboutir à une réconciliation ou engendrer un conflit. Pour vivre, une société a besoin de communiquer. La rupture de celle-ci entraîne des dégâts énormes. Il faut donc communiquer et veiller au contenu de cette communication, c'est-à-dire à l'information diffusée.

2.3.2. Catégorisation des thèmes

Pour mieux présenter les résultats de nos entretiens, nous allons regrouper différents thèmes cités ci-dessus en catégories c'est-à-dire, tous les thèmes qui sont de même nature, ou qui relèvent d'une même classe, seront regroupés en vue d'une meilleure interprétation.

THEME

CATEGORIE

L'indépendance des médias en zone de crise.

L'apport des médias de la Fondation Hirondelle.

Catégorie 1 : Les médias en zone de crise.

Rôles et fonctions des médias en zone de crise.

Les médias: facteur de paix et d'éclosion d'une démocratie.

Information et communication au centre des enjeux d'un conflit ou d'une réconciliation.

Catégorie 2 : Les médias entre crise et paix

2.4. Catégorie: les médias en zone de crise

2.4.1. Développement et analyse des thèmes

v L'indépendance des médias en zone de crise

Sur ce point, nos interviewés partagent l'avis selon lequel les médias en zone de crise ne jouent mieux leur rôle que s'ils sont indépendants. Les gouvernements de certains pays prennent plaisir à octroyer des sommes d'argent importantes pour donner un coup de pouce aux radios et à d'autres médias. Et éventuellement, c'est pour les utiliser à des fins propagandistes et le cas échéant, les contrôler, puisque ces médias sont premièrement communautaires ou ruraux, il est important qu'ils soient indépendants pour qu'ils jouent le rôle de l'église au milieu du village. S'ils le sont, ils oeuvreront en faveur des populations victimes des conflits et n'auront de compte à rendre à personne. Cette indépendance favorisera l'objectivité même du contenu des messages diffusés.

L'information dont a besoin la population des pays en sortie de crise est avant tout celle qui peut aider à reconstruire tout ce qui a été cassé tant sur le plan matériel, physique que moral. Chacun a envie d'entendre une nouvelle qui lui redonnera espoir. L'indépendance passe aussi par le fait que, ces médias n'ayant des comptes à ne rendre à personne, dénonceraient librement les atrocités commises par les assaillants et, également, l'indifférence des autorités locales ou internationales, s'il y a lieu. (Entretien avec Evariste BAAMA, le 30 juillet 2012, à 15h00).

L'indépendance des médias en zone de crise donnerait confiance aux auditeurs, pour la plupart victimes des atrocités. Et, ces derniers s'exprimeraient librement à l'antenne pour, par exemple dénoncer les vols, viols et les pillages, mais aussi, ils évalueraient l'évolution de leur société en crise.

v l'apport des médias de la Fondation Hirondelle

Implantés pour la plupart depuis 1995, les médias de la Fondation Hirondelle suppléent au manque d'information, dissipent les rumeurs et luttent contre les effets de la propagande.

La Fondation Hirondelle est une des rares organisations dans le monde qui jouissent d'une telle expérience. La volonté de diffuser un journalisme de qualité à travers des programmes variés permet chaque jour à des millions d'auditeurs de se faire entendre. Tous ces médias sont les fruits d'une solidarité des reporters, soucieux d'être au service des autres. Il est à constater que dans la plupart de ses réalisations, la Fondation Hirondelle utilise plus la radio. Pour elle, la radio c'est la vie. C'est un outil efficace pour combler le déficit d'information et d'éducation en faveur des communautés éloignées et dispersées, notamment dans les zones où le taux d'analphabètes prévaut. Les radios de la Fondation Hirondelle amènent aux populations des informations sur l'actualité politique, économique et sociale, ainsi que sur l'ensemble du fonctionnement du processus civique. La radio se révèle être particulièrement efficace dans les situations de crise. C'est également un fantastique outil pour réunifier des familles séparées par la guerre ou par les catastrophes naturelles. Et ce, grâce à ses ondes courtes qui permettent une couverture facile dans l'ensemble du pays où elle émet.

La Fondation Hirondelle s'astreint à pratiquer un journalisme fondé sur la rigueur. Dans toutes ses rédactions, elle favorise la réflexion sur la responsabilité des journalistes. L'information constitue la colonne vertébrale des médias de la Fondation Hirondelle. La sélection de l'information se fait selon l'utilité sociale et celle dont l'auditeur a besoin. (Entretien avec Bernard CONCHON, directeur des projets de la fondation Hirondelle, le 2 oct.2012, à 13h00). Les médias de la Fondation Hirondelle apparaissent souvent comme des brises glaces de l'information, dans la mesure où ils peuvent prendre davantage des risques que les autres ne peuvent pas prendre, parler des sujets considérés comme tabous.

Les autres médias ont alors la possibilité de s'engouffrer dans la brèche ainsi ouverture et de traiter, à leur tour, des sujets rendus publics par ces médias. C'est ainsi qu'on trouve, par exemple, dans la plupart des journaux paraissant en République Démocratique du Congo, la mention selon la radio okapi...

Les médias de la Fondation Hirondelle ouvrent donc la voie aux autres médias locaux qui reprennent ce qui a déjà été dit et adoptent une même liberté de ton.

Beaucoup d'études d'audience menées par la Fondation Hirondelle ont suffisamment prouvé que ses médias sont une référence dans le monde. Il favorise la réconciliation à travers la diffusion de ces programmes en langues nationales. L'expérience montre que l'impact est plus grande lorsque l'information est diffusée à la fois dans les langues locales et internationales. Les langues locales sont plus efficaces pour les populations rurales et celles des villes de petite et moyenne importance. Cette pratique leur permet de vérifier la crédibilité de l'information, et leur permet également de visualiser l'unité nationale. Une unité qui passe par la reconnaissance de toutes les langues parlées dans le pays. Il restera à jamais gravé dans la mémoire des compatriotes congolais le témoignage du Sénateur Modeste MUTINGA, en son temps, Président de la Haute Autorité des médias qui disait : « Radio Okapi contribue à l'unité du pays, à la réconciliation des communautés qui étaient incapables de vivre ensemble (évoqué par Bernard Conchon).

Leurs médias agissent en priorité dans les zones où l'environnement politique, économique ou militaire est dissuasif pour d'autres interventions. Ses médias portent une attention particulière aux populations isolées et marginalisées. Si la fondation n'implante pas une radio dans une zone à cause de sa situation géographique, elle se propose de soutenir financièrement, en formation et en appui technique, les radios locales et communautaires dites radios partenaires. Elle collabore avec l'ensemble de la presse locale. C'est de cette manière que ces radios communautaires relayent certains programmes émettant des radios de la Fondation Hirondelle (entretien avec Clarisse, radio Mbakana, le 12 octobre 2012 à 12h).

Les exemples sont multiples qui prouvent à suffisance que partout où la Fondation Hirondelle a implanté ses médias, ces régions ont subi une transformation positive. Les médias de la Fondation Hirondelle ont apporté leur pierre dans la reconstruction des sociétés dévastées par les guerres et conflits. D'ailleurs, tous ces projets sont conçus et développés dans le but d'atteindre tant les zones urbaines que rurales, et de proposer une couverture nationale. Ces médias insistent sur l'interactivité à travers ces émissions participatives. Chacun s'exprime librement selon ses convictions et d'autres dénoncent l'ingérence d'une autorité privée ou publique. Et, suite à ces multiples accusations, ils finissent par s'amender.

2.5. Catégorie 2 : Les médias entre crise et paix

2.5.1. Développement et analyse des thèmes

v Les médias, facteur de la paix et d'éclosion d'une démocratie

De même, sur la question des médias comme facteur de la paix et de l'éclosion d'une démocratie, nos interviewés ont répondu positivement. Actuellement, les médias font partie de procédés auxquels beaucoup recourent pour se réconcilier et pour rétablir la paix dans certains secteurs. Et, pour la démocratie nouvelle, les médias contribuent à briser la dictature. Les pays en sortie de crise sont fragilisés par les conséquences de la guerre et les relations sociales en souffrent également. Suite aux risques que peuvent courir une information dans les zones de conflits, l'on assiste à une sorte de censure de la parole. C'est ainsi qu'une information libre et indépendante issue d'un média libre jouerait en faveur de la paix et permettra à chacun de s'exprimer librement sur les problèmes qu'il vit au quotidien.

Les médias travaillent au service de la paix et aide à la reconstruction d'une société. Ils travaillent également au maintien de la paix et à l'édification des sociétés citoyennes. Aussi ravageuse que la haine, la peur constitue un redoutable carburant de conflits. Il est donc nécessaire dans des situations de crise de contrer les médias de la haine par des médias qui génèrent la paix (entretien avec Willy, journaliste radio partenaire, le 24 septembre 2012 à 13h), la liberté d'expression étant une condition principale de l'éclosion d'une démocratie. En donnant accès à une information fiable, les médias en zone de crise permettent aux populations d'être capables de faire le choix et apprendre à agir à nouveau comme un citoyen responsable.

v Fonction et rôle de médias en zone de crise

A ce sujet, nos interlocuteurs nous ont répondu chacun selon son expérience. Pour les uns, les médias en zone de crise favorisent l'intégration des populations à la gestion du pays, à la reconstruction même du pays. Chacun a droit à une information crédible et non partisane ; d'où, l'information rigoureuse et complète contribue à donner à chacun le pouvoir de prendre son propre destin en main et participer au destin de sa communauté. Particulièrement en zone de conflit, un média indépendant est une composante essentielle de la réconciliation et d'une paix durable. Il peut dissiper les rumeurs et lutter contre les propagandes néfastes. Ces médias informent sur la corruption, les crimes, la bonne ou la mauvaise gouvernance, amènent le gouvernant à rendre compte à la population ou à ses représentants. Les gouvernants réagissent plus vite à un fait médiatisé que s'il est en interne.

En 2003, en République Centrafricaine, trois soldats de la garde républicaine sont passés en cours martiales et le commandant a été dégradé par le Président de la République lui-même, à la suite d'une enquête de radio Ndeke Luka établissant que ces trois hommes avaient violé une mère de famille en Bangui. Celle-ci était venue elle-même à la radio demander qu'on fasse l'enquête et qu'elle soit diffusée. La garde républicaine était coutumière de meurtres et de viols sur la population. L'épisode a freiné grâce à cette enquêté de la radio. (Entretien avec X, le 6 septembre 2012 à 13h).

Dans des circonstances d'après-guerre, la pauvreté et l'illettrisme battent leur plein et les médias fournissent des informations vitales pour la santé et l'éducation au service de besoins de la population. Et, ce en vue de sauver des vies et contribuer à la dignité humaine. Sous couvert d'anonymat, l'un de nos interlocuteurs nous a confié que l'une des manières de contribuer au relèvement d'un pays à la sortie d'une crise est d'envoyer les enfants à l'école. Car , c'est au cours de cette formation que des nouveaux liens sociaux se créent et une nouvelle vision sur l'avenir est tracée. Les médias sont là donc pour lancer un appel aux organisations non gouvernementales, aux investisseurs et aux bailleurs de fonds afin qu'ils s'impliquent à aider l'Etat. Ils jouent également le rôle de réconciliateur à travers des émissions interactives et des programmes de détente. Ils contribuent à la formation d'une opinion publique responsable, citoyenne, ouverte au dialogue. Ils jouent un rôle thérapeutique. Enfin, les médias implantés en zone de crise collaborent à l'émergence des sociétés démocratiques et tolérantes. Ils sont aussi un moyen redoutable de communication pour mener une campagne de persuasion à l'intention de l'opinion publique.

v L'information et la communication au centre des enjeux d'un conflit ou d'une réconciliation

Beaucoup de ceux qui nous ont répondu ont été d'avis que l'information et la communication sont les deux outils qu'il faudrait en premier maîtriser. Car, ils tiennent à beaucoup de chose. L'information a toujours accompagné les enjeux d'une opération militaire, par exemple. En zone de crise, on défend l'information dans l'armée régulière comme au camp adverse. Le but principal de deux camps est de maitriser les médias. L'ennemi, lui, joue plus avec les rumeurs. Et, l'armée régulière mène une opération d'information (entretien avec le Major Jimmy NGOYA, le 25 juillet 2012 à 12h). Cette opération d'information vise :

- A garantir la liberté d'action : c'est-à-dire permettre aux forces publiques de jouer pleinement leur rôle et de mener à bien leur action ;

- A encourager les forces de l'armée régulière et à décourager le camp ennemi pour contredire et mettre fin aux rumeurs propagandistes ;

- A collaborer avec la population habitant la zone de conflit.

Le responsable des opérations lui s'engage avec les journalistes pour qu'ils fassent passer ces messages avec plus d'éthique et de déontologie.

Il y a donc une sorte de synergie entre eux. Les journalistes récoltent le langage militaire avant de le rendre accessible à toute la population. Par exemple, ils misent sur la pluridisciplinarité, on fait intervenir tout le monde pour bien faire passer le message. Entre autres, les comédiens, les musiciens et les leaders d'opinions comme les chefs de localité. Le but ici est de faire participer la population dans la lutte pour la sauvegarde du patrimoine national. Les médias sont là pour contrer la désinformation dont ils sont victimes, ils amoindrissent les faits et la capacité des adversaires à acquérir la vraie information. Veiller sur le moral des soldats et de la population à travers les messages diffusés ainsi que des activités culturelles et sportives, regroupant le plus grand nombre de personnes, est leur plus grand souci.

Il a également été évoqué qu'une information, un mot, une phrase, un verbe peut plonger le pays dans un gouffre de malheur auquel il n'en sortira peut être pas, ou encore peut réconcilier des groupes ethniques, voire des nations entières. Il faut en cela concilier l'information et la communication. Car la communication est prise comme la relation à travers laquelle les êtres humains cherchent à partager, à changer. La communication englobe en fait l'information.

Bref, en situation de crise, les médias implantés vont au-delà du rôle d'informer, ils communiquent avec ceux qui les écoutent.

Une fois l'information et la communication maitrisées, le processus engagé pour la reconstruction et la réconciliation aboutit à un bon résultat. Puisqu'à l'inverse d'une arme, l'information n'atteint toujours pas sa trajectoire, elle va au-delà de la cible calculée.

2 .6. Suggestion pour les perspectives d'avenir

La majorité de ceux qui nous ont accordé leur temps émet l'avis selon lequel, il est temps de penser sérieusement aux médias lorsqu'on envisage ou l'on met en place des mécanismes pour le développement d'un pays. Et, ces médias doivent jouer un rôle principal dans ces processus.

Aussi, faut-il que ces médias soient économiquement indépendants pour permettre la liberté d'expression dans la diffusion de ses contenus. Il faudrait aussi penser à la formation adéquate des journalistes à travers le monde, pour qu'en évidence, ils apprennent les procédés pour rendre compte d'un conflit à l'étranger.

L'on devrait également penser aux médias en termes d'outil de fonctionnement démocratique, une démocratie qui s'ouvre vers un avenir constructeur fondée sur des bases solides. L'indépendance de ces médias doit l'être à l'égard des pouvoirs politiques et économiques et cette dernière garantira l'impartialité de l'activité journalistes et en assurera sa crédibilité auprès du public. Ils doivent poursuivre les objectifs suivant :

- Faire évoluer les technologies

- Développer les capacités locales

- Faire vivre les médias au jour le jour

- Améliorer les capacités des autres acteurs médiatiques à couvrir l'actualité ;

- Aux investisseurs : créer les capacités de management et de rentabilité nécessaires à l'indépendance économique des médias.

2.7. Interprétation des résultats

Au regard de ce qui précède, ces entretiens prouvent à raison que les médias en général exercent une fonction sociale majeure à l'intérieur d'un pays en crise, et particulièrement les médias de la Fondation Hirondelle, ce qui vient confirmer notre hypothèse selon laquelle les médias devraient au même titre que les institutions législatives ou judiciaires mener une action nécessaire en une zone de conflit. En vue de relever le niveau social du pays longtemps courbé par les atrocités de la guerre, ils joueraient également le rôle du quatrième pouvoir. Il a aussi clairement été défini que les médias de la Fondation Hirondelle sont impliqués dans la lutte contre l'impunité, la corruption, etc., à travers ses programmes radios qui diffusent des émissions variées qui touchent à toutes les couches de la société. Il est également reconnu qu'un temps de crise, la radio n'informe pas seulement mais, elle divertit également.

Notons ici que ce sont les journalistes et chefs d'entreprises qui nous ont apporté des informations capitales sur notre sujet, puisque nous n'étions pas sur le terrain faute des moyens financiers.

CONCLUSION PARTIELLE

Le présent chapitre a constitué la charpente de notre étude. Nous avons, à travers ces lignes, démontré le rôle et la fonction qu'un média peut jouer dans une situation de crise. Analyse qui a été enrichie par les entretiens fructueux que nous avons eus avec différents journalistes et chefs d'entreprises qui ont une expérience remarquable en matière des médias en temps de guerre. Ils nous ont fourni des informations vitales qui nous ont permis de confirmer notre hypothèse. Il ressort de ces entretiens que les médias en zone de crise collaborent à l'émergence des sociétés. Ils appuient les sociétés dans la reconstruction à travers des programmes d'éducation, de santé et de divertissement pour favoriser l'intégration des populations à la vie nouvelle .De cela, en est sorti des suggestions pour les perspectives d'avenir. Lesquelles suggestions aideraient ceux qui voudront travailler dans le secteur médiatique en temps de guerre ou en situation de crise.

CONCLUSION GENERALE

La recherche d'une bonne compréhension sur les enjeux des médias en zone de crise a été le leitmotiv de ce travail. Nous sommes partie de l'idée selon laquelle la sortie d'une crise impliquait plusieurs disciplines et le journalisme en fait partie. Il est admis que l'apport des acteurs médiatiques contribue à véhiculer les informations sur le processus démocratique de sortie de crise.

A cet effet, pour mieux mener cette étude, nous l'avons subdivisée en trois chapitres et chaque chapitre comprend deux sections. Dans le premier chapitre, nous avons défini les mots clés, les concepts de base qui ont constitué l'ossature de notre travail et également circonscris la théorie qui nous a permise d'établir les lignes de conduites sur lesquelles notre mémoire a trouvé des réponses scientifiques y afférentes. Dans le deuxième, nous avons présenté la Fondation Hirondelle en première section et, en seconde,, nous avons évoqué les zones où la Fondation Hirondelle est intervenue. Nous avons démontré les résultats combien louables de l'évolution d'une société en crise après qu'un média de la Fondation Hirondelle soit implanté.

Enfin, dans le troisième chapitre, nous nous sommes investies, primo à énumérer les enjeux de l'implantation des médias en zone de crise. Ce qu'un média peut apporter en zone de crise et comment il peut s'y prendre. Secundo, nous avons présenté les résultats de l'entretien et s'en est suivie une interprétation pour asseoir notre hypothèse. Une question a motivé notre recherche à savoir : quels sont les enjeux de l'implantation des médias en zone de crise ? Ce qui a donné lieu à des sous questions telles que : quels sont les objectifs poursuivis par ces médias ? Et comment contribuent-ils à l'essor démocratique ?

Nous avons scientifiquement prouvé notre hypothèse sur base de la théorie fonctionnaliste prônée par A. LASSWEL, WILBUR SCHRAMM et les autres. Ce concept de fonctionnalisme donne lieu à plusieurs dimensions où il faut d'abord comprendre la fonction d'un média dans une société et ensuite déterminer le rôle qu'il joue auprès de la population de cette société. Le modèle envisage également la relation entre un média et son public. En outre, il importe pour ces médias d'outrepasser cette dimension d'informer seulement. A la limite, il faudrait communiquer avec les populations victimes des guerres. Dans son essai « informer n'est pas communiquer», Dominique WOLTON voit la communication comme une cohabitation. (42(*))

L'information doit toujours être prise ensemble avec la communication parce que la première est contenue dans la seconde. L'auteur est d'avis que c'est dans cette conception que le récepteur devient plus présent et participatif. En effet, il a été question des médias qui peuvent oeuvrer au service de la paix. Ces médias travaillent afin de promouvoir des sociétés ayant des valeurs différentes, étant donné que la diversité est un fait.

Il est donc urgent de rendre aux médias leur place dans la reconstruction des sociétés paralysées ou mutilées par les guerres, ou par des régimes dictatoriaux et corrompus. Cela passe par des prises de conscience politiques et par des arbitrages budgétaires. Mais, cela passe aussi par un questionnement professionnel des journalistes, en revenant aux fondamentaux du journalisme : l'exactitude pointilleuse des faits, la défiance à l'égard des partis pris , un sélection rigoureuse de l'information en fonction des intérêts du public, un minimum de maîtrise des dossiers, la mise en contexte, un regard critique et non déférent sur les puissants du moment. Ce n'est qu'ainsi que les médias pourront asseoir leur crédibilité et leur succès auprès du public. Et, ils pourront, de ce pas, oeuvrer en faveur d'une paix durable. Car, les guerres prennent naissance dans les esprits des hommes et c'est dans les esprits des hommes que doivent être soulevées les défenses de la paix.[...].(43(*)). Les contraintes dont doit faire face la presse sont multiples, mais elle doit simplement s'adapter à toutes les circonstances.

En définitif, les medias en de crise est un service essentiel pour la population, mais aussi pour le gouvernement d'un pays. Ils travaillent au service de la paix. Nous pensons également que les médias ont une importance fondamentale en zone de crise, en ce sens qu'ils contribuent à l'instauration d'une sphère indispensable à la survie de la démocratie. Les médias doivent servir la paix et non son contraire. Ils peuvent jouer en faveur de la prévention des crises et du traitement des conflits. En renforcement notamment la paix, la promotion de droit de l'homme, la lutte contre le racisme et l'impunité, à condition qu'ils soient appuyés par les institutions étatiques.

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

1. BANGA, J., Journaliste à la croisée des chemins! déontologie, loi et éthique sur les parcours journalistique, Mediaspaul, 2006.

2. BONVILLE, J., L'analyse de contenu des médias : de la problématique au traitement statistique, de Boeck, paris-Bruxelles, 2000.

3. BOURDON, J., OEil critique : le journalisme critique de télévision, De Boeck, 2003.

4. BROSSE, R., Médias de la haine, Paris, Découvertes, 1995.

5. CHARAUDEAU, P., Télévision et guerre : déformation ou construction de la réalité ? le conflit en Bosnie, De Boeck, 2001.

6. CORNU, D., Journalisme et vérité : l'éthique et l'information au défi du changement médiatique, Genève, Labor et Fides, 2009.

7. DERVILLE, G., Le pouvoir des médias : mythes et réalités, presse universitaire de Grenoble, 2ème éd., 2005.

8. HALEN, P., Le langage de la mémoire (les) littérature, médias et génocide rwandais, université Paul Verlaine, Ecriture, 2003.

9. HEIDERICH, D., Plan de gestion de crise : organiser, gérer, et communiquer en situation de crise, France, Dunod, 2010.

10. HEINDERYCKX, F., Une introduction aux fondements théoriques de l'étude des médias, Liège, Cefalsup, 2002.

11. LEPRETTE, J., Ethique et qualité de l'information, PUF, 2004.

12. LERAY, C., L'analyse de contenu : de la théorie à la pratique : la méthode Morin Chartier, PUQ, 2008.

13. LIBAERT, T. , Introduction à la communication, Paris, Dunod, 2010.

14. LIBAERT, T., La communication de crise, 3ème éd., Dunod, 2010.

15. MATHIEN, M., La société de l'information : entre mythes et réalités, AUF, 2005.

16. MEUNIER, J.P., Introduction aux théories de la communication : analyse sémio pragmatique de la communication médiatique, Paris-Bruxelles, 1993.

17. NACOS, B., Médias et terrorisme, du rôle central des medias dans le terrorisme et contre le terrorisme, paris, nouveaux horizons, 2005.

18. PHILLIPE, G., Histoire des crises et cycles économiques des crises industrielles, Armand colin, 2004.

19. SOLEIL, F. M., Le paysage médiatique congolais état des lieux, enjeux et défis, FCI, 2008.

II.ESSAIS

1. Reporters sans frontière, Médias de la haine, Paris, Découvertes, 1995.

2. WOLTON D., Informer n'est pas communiquer, Paris, CNRS,  éd., coll. Débat, 2009.

III. TRAVAUX DE FIN D'ETUDE

1. BINTENE, Patrick de Favre, Problématique du rôle controverse des medias dans la résolution des conflits en RDC : analyse critique de l'opérationnalité concrète des medias dits pour la paix, Unikin, 2010.

2. MOLIMA, Jacques Ives, La couverture médiatique d'une zone de conflit armé : cas de la radio okapi en Ituri (RDC), travail de fin de cycle, Ifasic, 2007.

IV. NOTES DES COURS

1. MUSEY, N., Information et communication, cours inédits, Département de communication sociale, Chaire Unesco/Unikin, 2006-2008.

2. MBELOLO ya MPIKO, problèmes de communication, Département de communication, Chaire Unesco/Unikin.

3. ELONGO, V., Etudes comparées des politiques de communication , l2 journalisme, Facultés des Lettres et Sciences Humaines, Unikin, 2011-2012.

4. KAYEMBE, A., Méthodologie de l'information et de la communication,1er graduat SIC, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Unikin, 2008-2009.

5. MUBANGI, G., Information et communication, SIC, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Unikin,2009-2010.

6. MUNGENGA, F., Méthodes des recherches en SIC, l1 SIC, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Unikin, 2010-2011.

7. TSHIMANGA, T., Histoire générale de l'information et de la communication, 2011-2012.

V.WEBOGRAPHIE

1. www.panos-ao.org/art php3.medias@ctionnum.35, journaliste face aux conflits en Afrique, l'information prise au piège, consulté le 22 juin 2012 à 10h.

2. www.unesco.org, Koïchiromatshuiro, l'UNESCO à Belgrade : le rôle potentiel de la presse dans des situations d'après conflit, consulté le 3 octobre 2012 à 14h04'

3. communication.revues.org/index x1511.html, consulté le 10 octobre 2012 à12h.

4. www.fondationhirondelle.com, consulté le 30 octobre 2012 à 12h.

5. www.radiookapi.com, consulté le 20 septembre à 15h.

6. www.hirondellenews.com, consulté le 23 octobre 2012 à 8h.

VI. REVUE

DEBBASCH, Ch., in Revue interdisciplinaire de philosophie morale et politique, Ciephum, 2003.

Table des matières

EPIGRAPHE I

REMERCIEMENTS III

SIGLES ET ABREVIATIONS IV

INTRODUCTION GENERALE 1

1. Problematique 1

3. Intérêt du sujet 3

4. Délimitation du sujet 4

5. METHODES ET TECHNIQUES 4

6. CANEVAS DU TRAVAIL 6

7. DIFFICULTES RENCONTRES 6

Chapitre Ier : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 7

SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL 7

1.1. MEDIAS 7

1.1. a. Définition 7

1.1. b. Typologie des médias 8

1°. Médias autonomes 9

2°. Médias de diffusion 9

3°. Médias de communication 9

1.1. c. Pouvoir des médias 9

1.1. d. Médias et construction de la réalité 10

1.1. e. La contribution des médias au lien social 11

1.2. Information et communication 12

1.2. a. Information 12

1.2. b. Communication 13

1.3. La radio 13

1.4. Notion de crise 14

1.5. L'enjeu 15

Section 2 : CADRE THEORIQUE 16

2.1. Théorie générale 16

2.1. a. L'école de Chicago 16

2.1.b. L'école de Columbia 17

2.2. Avantages et limites 20

2.2. a. Avantages 20

2.2.b. Limites 20

CONCLUSION PARTIELLE 20

Chapitre II : LA FONDATION HIRONDELLE ET SES ZONES D'INTERVENTION 22

INTRODUCTION 22

Section 1 : PRESENTATION DE LA FONDATION HIRONDELLE 22

1.2. Son siège social 23

1.3. Mission 23

1.4. Financement 23

1.5. Relations avec les pays hôtes 24

1.6. Réalisations 24

Section 2 : LES ZONES D'INTERVENTION DE LA FONDATION HIRONDELLE 27

2.1. La Fondation Hirondelle et son intervention en RDC 28

2.1.a. Financement 30

2.1.b. Les destinataires de la Radio Okapi 31

2.1. c . A propos de la ligne éditoriale 32

2.2. La Fondation Hirondelle et son intervention au Rwanda 34

2.2.1. Le partenariat de l'ONU et la Fondation Hirondelle 38

CONCLUSION PARTIELLE 39

Chapitre III : L'IMPLANTATION DES MEDIAS EN ZONE DE CRISE : ENJEUX ET PERSPECTIVES 40

INTRODUCTION 40

Section 1 : LES ENJEUX DE L'IMPLANTATION DES MEDIAS EN ZONE DE CRISE 40

1.1. Le droit à l'information 42

1.2. L'information en zone de conflit 42

1.3. Les médias et la crise 43

1.4. Le rôle néfaste des médias en période crise 45

Section 2. DEPOUILLEMENT DE L'ENTRETIEN 47

2.1. Rappel de la méthode et techniques 47

2.2 L'échantillonnage 48

2.3 Résultats proprement dits 48

2.3.1. Extraction des thèmes 48

2.3.2. Catégorisation des thèmes 49

2.4. Catégorie: les médias en zone de crise 50

2.4.1. Développement et analyse des thèmes 50

2.5. Catégorie 2 : Les médias entre crise et paix 53

2.5.1. Développement et analyse des thèmes 53

2 .6. Suggestion pour les perspectives d'avenir 56

2.7. Interprétation des résultats 57

CONCLUSION PARTIELLE 58

CONCLUSION GENERALE 59

BIBLIOGRAPHIE 62

* 1 ELONGO, L. Vicky, Etudes comparées des politiques de communication, cours inédit, 2ème Licence, SIC, journalisme, FLSH, UNIKIN, 2011-2012.

* 2 Nacos, B., médias et terrorism :, du rôle centrale des médias dans le terrorisme et contre le terrorisme, Paris, Nouveaux Horizons, 2005.

* 3 MUNGENGA, F, Méthode de recherche en S.I.C., cours inédit, 1re Licence, Sciences de l'information et de la communication, FLSH, 2010-2011.

* 4 BONVILLE Jean de, l'analyse de contenu des médias, de la problématique du traitement statistique, De Boeck Université, Paris, Bruxelles, 2000.

* 5 Cité par BONVILLE Jean de, Bernard Berelson, content Analysis in communication research p.18

* 6 MUSEYNINA, Information et Communication, cours inédit, Département de Communication sociale, Chaire UNESCO/UNIKIN, 2006-2008.

* 7 BALLE, F, Dictionnaire des médias, éd. Bordas Paris 1998, p.149

* 8 MUSEY NINA, op. cit.

* 9 MBELOLO ya MPIKO, Problèmes de communication, Département de Communication Sociale, Chaire UNESCO/UNIKIN, 2006-2008.

* 10 KAYEMBE MALU, A., Méthodologie de l'information et de la communication, cours inédit, dispensé en 1er Graduat, Sciences de l'Information et de la Communication, FLSH, UNIKIN de 2007-2008.

* 11 Gregory DERVILLE, Le pouvoir des médias : Mythes ou Réalité, Presse universitaire de Grenoblé, 2e éd., 2005.

* 12 DEBBASCH Charles, Etique et pouvoir des médias, in Revue interdisciplinaire de philosophie morale et politique, CIEPHUM, 2003.

* 13 Idem

* 14 Cité par DERVILLE Gregory Pour Katz et Lazarsfeld, What can the media « do » ?

* 15 Charles DEBBASCH, op. cit.

* 16 MUBANGI, G.,, Information et Communication, cours inédit, 2e graduat, SIC, FLSH, UNIKIN 2009.

* 17 TSHIMANGA, E., Histoire générale de l'information et de la communication, cours inédit, 1er Graduat, S.I.C., FLSH, UNIKIN, 2008-2009

* 18 MUBANGI, G., op. cit.

* 19 MEUNIER, J., Introduction aux théories de la communication. Analyse sémio pragmatique de la communication médiatique, De Boeck Université, 1993.

* 20 BALLE, F., Médias et Sociétés, 12ème éd., Paris, Mont Chrétien, 2005, p.191

* 21 BABACAR, S cité par TUDESQ, A-J, La radio en Afrique noire, Paris, A. Pédone, 1983, p5.

* 22 Heiderich, D., Plan de gestion de crise, organiser, gérer et communiquer en situation de crise, France, Sagin, sept. 2010.

* 23 LIBAERT, T., La communication de crise, 3e éd., Dunod, 2010.

* 24 Gilles Philippe, histoire des crises et des cycles économiques des crises industrielles, Paris, Arman Colin, 2004

* 25 http : www.wikipédia.org. Consulté le 07 oct. 2012, à 14h00'.

* 26 MUBANGI G., op. cit.

* 27 HEINDERYCKY, F., Une introduction aux fondements théoriques de l'étude des médias, Liège, Cefal-sup, 2002

* 28 Etudes d'audience réalisées par l'Institut Français IMMAR, nov.2011.

* 29 Interview accordée à la radio Okapi dans l'émission « Okapi service » à l'occasion des 10 ans d'existence de cette radio.

* 30 http :www.hirondellenews.com, consulté le 30 octobre 2012.

* 31 BOISIEZ Nicolas, publication dans http.www.hirondelle.org

* 32 Heinderyckx, D., op.cit.

* 33 Dictionnaire Petit Larousse, éd. 2012.

* 34 BALLE, F., Op.cit.

* 35 www.unesco.org, consulté le 03 octobre 2012.

* 36 www.panos-ao.org, consulté le 22 juin 2012.

* 37 Heiderich, D., Op.cit. p.219

* 38 www.panos-ao.org, consulté le 22 juin 2012

* 39 NACOS, B., Médias et terrorisme : du rôle central des médias dans le terrorisme et contre le terrorisme, Paris, Nouveaux Horizons, 2005.

* 40 Halen, P., Le langage de la mémoire : (les) littérature, médias et génocide rwandais, Université Paul Verlaine, écriture, 2003.

* 41 Reporter sans frontière, Les médias de la haine, Paris, Découvertes, 1995

* 42 WOLTON D., informer n'est communiquer, Paris, Découvertes, 1995.

* 43 Préambule de l'acte constitutif de l'Unesco.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore