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Le développement de l'industrie musicale en Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres aux années Beatles : une trajectoire d'innovation globale?

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par Matthieu MARCHAND
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III - Master Histoire 2012
  

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B/ Une inévitable reprise en main

Dès lors, l'expansion du marché à la fin des années soixante s'est accompagnée inexorablement d'une stabilisation des goûts progressive de la part des consommateurs qui, se ralliant aux nouveaux styles, ont petit à petit établi leurs préférences. De la part des musiciens également, les innovations musicales et technologiques des groupes des années soixante bouleversèrent en contrepartie pour les décennies à venir les nouvelles normes d'usage en terme de conception musicale. Autant l'accélération d'un cycle d'obsolescence des tubes correspondait à une période de croissance pour l'industrie musicale, autant il faut remarquer que là où le tandem créativité/désuétude bouleverse à nouveau le marché, c'est à partir du moment où certaines formes musicales deviennent populaires et s'uniformisent sur le marché national : dès lors, les majors s'appuient sur leur poids économique afin de racheter un catalogue édité sur un indépendant, pour ensuite homogénéiser et formaliser la musique à destination d'un « marché de masse ». D'où la disparition, revente où encore fusion générale des petits labels qui ne sont pas vraiment à même de gérer le succès commercial. Ainsi, se ferme le paradigme que les petits labels ont contribué à ouvrir. Deux rares exceptions peuvent néanmoins être notées :

Lorsque que Immediate parvient à débaucher les Small Faces de chez Decca au printemps 1967 pour 25 000 livres, le fondateur du label, Andrew Loog Oldham, se contente de marcher sur les traces des majors, assuré de sa crédibilité d'ancien manager des Rolling Stones, qui signèrent chez Decca. Sa connaissance sérieuse du fonctionnement des majors lui permet même de placer les royalties générées par l'énorme succès du groupe de Steve Marriott sur un compte dans un paradis fiscal, ne faisant que perpétuer des pratiques anciennes, mais compromettant son rapport de confiance avec les artistes. Immediate ferme malgré tout ses portes en 1970 suite à des problèmes de trésorerie.

Plus révélateur encore, les Beatles placent avec leur société Apple dix singles dans le Top 10 des charts britannique entre 1968 et 1969. Elle tire également son épingle du jeu grâce aux succès de ses membres en solo même si elle doit restreindre ses activités à la seule branche musicale au bout d'un an d'exercice. Apple, avec le label américain Motown, parviennent ainsi tant bien que mal à maintenir une structure qui constitue une sorte de refuge salutaire dans une industrie globalisante qui ne fait alors plus rêver. Le reste de l'activité est

principalement dominé par six maisons de disques, dont quatre sont américaines : CBS, RCA-Victor, MCA, Warner, Capitol-EMI (structure anglo-américaine) et Polygram (issu du groupe néerlandais Philips).

Le résultat de cette mutation de l'industrie du disque confirme que l'argent est bien le nerf de la guerre : « L'époque utopiste du « tout est possible » contribue à la multiplication des labels mais leur gestion souvent irrationnelle et les obstacles qu'ils affrontent, comme la difficulté de trouver un diffuseur indépendant, condamnent le projet à l'échec. Il s'ensuit, à la fin de l'année 1969, un effet opposé : alors que le marché se fragmentait en 1967, il se concentre désormais en de puissants groupes qui se consacrent aussi bien à des activités musicales que cinématographiques, coïncidant ainsi avec la fin du rêve hippie. »370

Conclusion du chapitre :

En avril 1970, les Beatles se séparent et les Conservateurs reviennent au pouvoir. En aucun cas, cette date ne marque la fin d'une période musicale mais plutôt une phase de transition puisque l'essor des innovations musicales continue sur sa lancée, et ce malgré la réappropriation des indépendants par les majors. Pour conclure, si on remarque que c'est la musique populaire qui en grande partie dynamise l'industrie musicale en Grande-Bretagne à la fin des années soixante, c'est pour la raison simple que cette catégorie de musique se prête davantage à la réception de courants qui renouvelaient son inspiration, et servait de support à une société qui elle aussi était en plein changement : pour Adorno, le postulat est clair, dans le domaine des musiques populaires, le contexte prime même sur le texte et le contenu puisque ce sont les contingences socio-économiques qui construisent les genres de musique populaire. On comprend mieux pourquoi c'est là où le taux de rentabilité est le plus élevé (le phénomène des « tubes », variétés populaires) que la grande entreprise à le plus de mal à exercer un contrôle. Rajoutons pour finir que les supports de la télé et du cinéma étaient moins accessibles à la création populaire en raison d'un capital nécessaire à leur fonctionnement.

370 RUFFAT, Guillaume, ARCHAMBAUD, Cyrille, LE BAIL, Audrey, op. cit., pp. 58-59.

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