1.1.2.
Utilisation limitée des voies principales dans la pratique de la
contrebande
Le long des voies principales, on retrouve des
contrôles de la douane et de la police. Elles débouchent
directement sur le marché d'Amchidé et assurant un très
bon contact entre Amchidé et les autres localités
septentrionales. Mais du fait de leur surveillance, elles sont peu
empruntées par les contrebandiers qui ont pour activité la vente
illicite et le commerce clandestin des marchandises issues de la contrebande.
D'après le commandant de subdivision commerciale des douanes, les
routes officielles qui lient l'Extrême-Nord à Amchidé sont
:
Ø L'axe
Ngaoundéré-Garoua-Maroua-Mora-Limani-Amchidé;
Ø L'axe
Yagoua-Kaélé-Maroua-Mora-Limani-Amchidé;
Ø L'axe Mubi-
Garoua-Maroua-Mora-Limani-Amchidé.
Outre les routes officielles, de nombreuses voies permettent
l'entrée au Nord Cameroun des produits venant du Nord du
Nigéria.
1.1.3.
Utilisation des voies non officielles dans la pratique de la contrebande des
médicaments dopants
Ces voies sont plus utilisées par les vendeurs de
médicaments de la rue qui cherchent à éviter les
contrôles douaniers et policiers. D'après les grossistes du
marché central, ces voies sont des routes qui apparaissent et
disparaissent au jour le jour. Ils soulignent que quand une piste n'est pas
encore sous le contrôle des forces de l'ordre, elle est empruntée,
mais lorsqu'elle est découverte par les forces de l'ordre,
immédiatement une autre piste est créée par les
clandestins avec l'aide des populations. Raison pour laquelle leur surveillance
échappe le plus à la douane puisqu'elles sont difficilement
accessibles et irrépérables. De plus en plus, elles sont
truffées d'obstacles et d'embuscades qui rendent difficile la poursuite
des clandestins et la saisie de leurs marchandises. C'est ainsi que les
médicaments entrent au Nord-Cameroun en général et
inondent les rues de la ville de Maroua en particulier. La demande grandissante
en médicaments sur les marchés camerounais amène de
nombreux clandestins et vendeurs à se lancer dans le commerce de ces
produits. Toutefois, au vue des multiples produits dopants vendus dans les rues
de la ville, la question qui se pose est celle de savoir si les multiples
activités du secteur informel n'encouragent pas la contrebande de ces
produits.
1.1.4. Prolifération des
activités informelles et consommation des médicaments dopants de
contrebande à Maroua
Maroua enregistre un très grand nombre
d'activités qui exigent beaucoup d'effort physique. En effet, suite aux
effets néfastes de la crise économique, on assiste à une
multitude de petits métiers, qui relèvent pour la plupart du
secteur informel. Véritable refuge des pauvres, ce secteur recouvre des
activités qui permettent tout juste d'assurer la subsistance pour mieux
s'insérer dans le nouveau contexte économique et de subvenir
à ses besoins. Il s'agit des tailleurs, des blanchisseurs, des «
call boxeurs », des pousseurs, des chargeurs, des maçons, des
porteurs d'eau. Ainsi donc, dans la ville de Maroua, on enregistre un grand
nombre d'activités informelles qui amènent les pratiquants
à consommer la drogue. Parmi lesquelles les chargeurs et
déchargeurs. Ils sont une catégorie socioprofessionnelle
fortement sollicitée par les commerçants au regard du nombre
accru des camions contenant des marchandises qui entrent dans la ville de
Maroua chaque jour. Généralement situés en berges des
mayo, les fabricants des parpaings n'en restent pas moins. En effet, dans le
but de réaliser de gros bénéfices, les maçons
consomment le tramol pour avoir la force de travailler le plus longtemps
possible pendant la journée. Il y'a aussi les mototaxi mans.
Communément appelés « clando », certains
d'entre eux avouent utiliser le tramol pour travailler toute la journée,
afin d'avoir la recette. Comme ceux cités préalablement, les
pousseurs utilisent également la drogue. Il a été
constaté que ces derniers portent des charges très lourdes pour
les amener d'un lieu à un autre. Ainsi, cette activité qui
demande beaucoup de force physique est pratiquée par bon nombre de
personnes à Maroua ; ce qui les amène donc à utiliser
les drogues telles que le tramol pour être en forme (planche 1).


A
B
Cliché : Djomo, mars 2016.
D
C
Planche 1. Quelques
activités nécessitant les efforts physiques à
Maroua
La planche 1 regroupe les
chargeurs et déchargeurs (A), les maçons (B), les mototaxi mans
(C) et les pousseurs (D). Il s'agit là de quelques activités du
secteur informel nécessitant des efforts physiques pour être
effectuées.
Dans la photo (A), les chargeurs et déchargeurs font
usage de leur force physique pour charger et décharger au maximum un
nombre de sacs tels que les sacs de riz, de ciment, de cartons d'huile, de
farine et d'orange. Car, la paie se fait en fonction du nombre de sacs
chargés ou déchargés par jour. C'est dans cette optique
qu'un chargeur explique : « Je suis
obligé de consommer du tramol pour éradiquer la fatigue, afin de
pouvoir travailler toute la journée dans le but de gagner une somme
d'argent considérable me permettant de nourrir ma famille ».
Les chargeurs et déchargeurs ne sont pas les seuls à utiliser le
tramol pour pouvoir travail toute la journée.
La photo (B) indique directement que la fabrique de ces
parpaings se passe aux berges du mayo. Ici, les tas de sable se trouvent
çà et là. On constate donc que ces derniers sortent
directement du mayo. Sous un soleil ardent, on voit deux maçons en
pleine oeuvre assistés par leurs collaborateurs. D'après leurs
déclarations, ces maçons font usage du tramol dans la pratique
de leur activité. Une autre catégorie du secteur informel ayant
un lien avec l'utilisation du tramol est celle des mototaxi mans.
D'après la photo (C), à première vu le
marché est vide lorsqu'on connait le degré d'embrouillage
habituel. On constate donc que le manque de client entraine une baisse du
revenu journalier. Par conséquent, il va falloir beaucoup plus
d'endurance pour travailler toute la journée, afin de couvrir la recette
journalière d'où la consommation du tramol. La prise du tramol
fait donc partie de leur pain quotidien dans la mesure où ce produit
leur permet d'éradiquer la fatigue. Comme les mototaxi mans, les
pousseurs utilisent également ce type de produits pour leur permettre de
vaincre la fatigue.
La pratique des pousseurs (photo D) amène à
confirmer leurs déclarations selon lesquelles avoir la force physique
pour transporter autant de sac à plusieurs reprises des magasins vers
les boutiques et vice versa nécessite automatiquement la consommation
des produits dopants de contrebande tels que le tramol. En dehors des facteurs
nous avons également les méthodes employées par les
contrebandiers pour acheminer les médicaments dopants dans la ville de
Maroua.
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