WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA


par Olé Alain KAM
Ecole Nationale des Régies Financières du Burkina Faso - Diplôme supérieur professionnel d'administration des services financiers 2003
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

    MINISTERE DES FINANCES ET DU BUDGET BURKINA FASO

    SECRETARIAT GENERAL Unité - Progrès - Justice

    ECOLE NATIONALE DES REGIES FINANCIERES Année académique 2002-2003

    DIRECTION DES ETUDES ET DES STAGES

    MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

    Du cycle supérieur pour l'obtention

    du diplôme d'Administrateur des Services Financiers

    LE PACTE DE CONVERGENCE, DE

    STABILITE, DE CROISSANCE ET DE

    SOLIDARITE ENTRE

    ETATS MEMBRES DE L'UEMOA

    THEME :

    Présenté et soutenu publiquement par :

    Monsieur Olé Alain KAM

    Option : Finances

    Mars 2003 Directeur de mémoire

    Mr Abdoulaye SENGHOR

    Docteur en Economie

    Enseignant à l'UFR-SEG/UO

    AVERTISSEMENT

    « L'Ecole Nationale des Régies Financières n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans les mémoires qui doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. »

    DEDICACE

    A ma très chère mère INI SANOGO

    A ma bien aimée Aminata SAWADOGO

    Je dédie ce mémoire.

    REMERCIEMENTS

    La réalisation d'une telle oeuvre n'a été rendue possible que grâce au concours de certaines personnes.

    Au nombre de ces personnes, comment ne pas penser à :

    - Monsieur Abdoulaye SENGHOR, notre directeur de mémoire,

    - Monsieur Houessou Euloge, Chargé de la surveillance multilatérale à l'UEMOA,

    - Monsieur OUEDRAOGO Soungalo, Chargé de la formation à l'UEMOA,

    - Monsieur NEBIE Hervé à l'Inspection Générale des Finances,

    - Madame RAMDE Prisca au Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme de l'Etat ?

    Notre gratitude va également à l'endroit du corps professoral de l'ENAREF.

    Nous ne saurons oublier notre soeur Jacqueline Kam, ainsi que tous nos frères avec qui nous partageons le quotidien de notre vie : les frères NAON, BAKYONO, QUENUM, BOUNDAONE, Illy et JOHN SEDOGO.

    A tous infiniment merci !

    SOMMAIRE

    INTRODUCTION GENERALE

    TITRE I : LE PACTE DE CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE

    SOLIDARITE ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UEMOA : INSTRUMENT DE

    RENFORCEMENT DU DISPOSITIF DE SURVEILLANCE MULTILATERALE

    Chapitre 1 : Analyse juridique du Pacte de convergence

    Section 1 : L'adoption d'un acte spécifique : l'acte additionnel

    Section 2 : L'adoption de nouveaux critères de convergence

    Chapitre 2 : Analyse économique du Pacte de convergence

    Section 1 : Le fondement économique du Pacte de convergence

    Section 2 : Des orientations générales de politique économique aux programmes

    TITRE II : LE PACTE DE CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE

    SOLIDARITE ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UEMOA :

    BILAN ET PERPECTIVE

    Chapitre 1 : Au regard du bilan

    Section 1 : La situation économique et financière des Etats de l'Union

    Section 2 : L'état de convergence des Etats de l'Union

    Chapitre 2 : Au regard des perspectives

    Section 1 : Les programmes pluriannuels 2003-2005

    Section 2 : Programmes Régional d'Appui Statistique à la surveillance

    multilatérale

    CONCLUSION GENERALE

    LISTE DES PRINCIPALES

    ABREVIATIONS

    Art : article

    BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

    Cf. : confère

    Ed : édition

    FAIR : Fonds d'Aide à l'Intégration Régionale

    INS : Institut National de Statistique

    OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

    Op. cit : opère citato (ouvrage déjà cité)

    P. : page

    Parag : Paragraphe

    PARSTAT : Programme Régional d'Appui Statistique à la Surveillance Multilatérale

    PAS : Programme d'Ajustement Structurel

    PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

    UE : Union Européenne

    UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

    UMOA: Union Monétaire Ouest Africaine

    V. : voir

    INTRODUCTION GENERALE

    « Conscients de l'interdépendance, de la solidarité et de la communauté d'intérêt qui doivent nécessairement exister entre les Etats membres », les chefs d'Etat et de Gouvernement de huit (8) Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bénin, Burkina Faso, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) ont signé, à Dakar, le Traité du 10 janvier 1994 instituant l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Cette Union1(*), qui complète l'union monétaire2(*) existant déjà entre ces Etats, constitue un socle économique solide orienté vers la création d'un marché unique.

    Au nombre des objectifs de cette Union3(*), figure en bonne place la réalisation de la convergence des performances et des politiques économiques. Cet objectif de convergence a été rendu nécessaire au regard du contexte particulier dans lequel évoluaient les économies des Etats membres de l'Union.

    En effet, l'effondrement du cours des matières premières, sources d'importantes recettes d'exportation, dans les années 80, a constitué une grave crise qui s'est ressentie sur les finances publiques des Etats de l'Union. Dans ce contexte marqué par ailleurs par le poids croissant du service de la dette et une dualité institutionnelle (monnaie unique et politiques budgétaires divergentes) dans la conduite des politiques macro-économiques, les Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) menés avec l'appui des institutions de Bretton Woods avaient fini par atteindre leurs limites.

    Face à cette crise économique profonde, reflétée par une détérioration des principaux indicateurs économiques, la volonté d'approfondir l'intégration économique en complément de l'Union a été manifeste. Ainsi, la nécessité d'une harmonisation des politiques budgétaires nationales à côté de la politique monétaire commune devenait-elle plus qu'impérieuse. C'est cette optique de mise en cohérence des politiques budgétaires avec la politique monétaire commune qui a favorisé la mise en place d'un dispositif de surveillance multilatérale.

    La surveillance multilatérale est un mécanisme communautaire de définition et de contrôle des politiques économiques entre les Etats membres de l'UEMOA. Elle vise à assurer la viabilité du cadre macro économique de l'ensemble de l'Union et le rendre cohérent avec le fonctionnement du marché commun. Cette viabilité du cadre macro-économique doit se réaliser à travers une croissance soutenue du revenu moyen, une répartition équitable des revenus, un solde soutenable de la balance des paiements courants et une amélioration de la compétitivité internationale des économies de l'Union. Il s'agit, en d'autres termes, d'une part, de veiller à une amélioration de la position extérieure des économies de l'Union en vue de les rendre crédibles auprès des partenaires internationaux et d'autre part, de s'assurer que les différentes politiques économiques et sociales définies par les pays membres sont compatibles entre eux et garantissent une convergence durable des différentes économies nationales. Ce sont là les objectifs même visés par la surveillance multilatérale.

    Au niveau institutionnel, le dispositif de surveillance multilatérale a pour composantes fonctionnelles des organes communautaires et des structures nationales au sein de chaque Etat membre.

    D'abord, au niveau communautaire, on a le Conseil des Ministres de l'UEMOA (que nous désignerons par le Conseil) et la Commission de l'UEMOA (que nous désignerons par la Commission).

    Le Conseil est l'organe chargé de la mise en place du dispositif et c'est lui qui garantit son bon fonctionnement, même si le suivi des propositions pour la bonne conduite du mécanisme est du ressort de la Commission.

    Celle-ci, considérée comme la cheville ouvrière de l'UEMOA, exerce une fonction d'exécution, mais elle est aussi investie d'un pouvoir de décision. C'est elle qui élabore les rapports semestriels d'exécution de la surveillance multilatérale et fait des propositions de directives à l'endroit des Etats pour permettre au Conseil de prendre des mesures.

    Ensuite, au niveau des Etats, on a les Comités Nationaux de Politique Economique (CNPE) qui assistent la Commission dans la collecte, le traitement et l'analyse des informations relatives à chacun des Etats. Ce sont donc des organes d'exécution du dispositif au niveau de chaque Etat, une sorte d'antennes nationales de la Commission.

    Enfin, des organes comme le Comité des Experts, la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et la BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement) collaborent à l'application du dispositif. En particulier, la BCEAO et la BOAD forment avec la Commission, le Secrétariat Conjoint chargé de préparer les travaux du Conseil. Aussi, la BCEAO assure le secrétariat technique des CNPE en vue de garantir la fiabilité des données relatives à la monnaie.

    L'exercice de la surveillance multilatérale repose sur la définition de critères de convergence dont les normes étaient jusqu'au 8 décembre 1999 fixées annuellement par des Directives du Conseil des Ministres de l'UEMOA. Mais depuis cette date, un Acte additionnel4(*) n°04/99/CM/UEMOA portant Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA est venu compléter le dispositif de surveillance multilatérale des politiques économiques.

    Ce Pacte5(*) est défini comme un engagement formel souscrit par les Etats membres, en vue de renforcer la surveillance de leurs politiques macro-économiques, en particulier les politiques budgétaires, grâce à la définition de modalités précises d'adoption, de mise en oeuvre et d'évaluation des programmes pluriannuels de convergence, de croissance et de solidarité et d'un mécanisme de sanctions. Il vise notamment à renforcer la convergence des économies des Etats membres, à conforter la stabilité macro-économique, à accélérer la croissance économique et enfin, à approfondir la solidarité entre les Etats membres.

    En tout état de cause, les programmes pluriannuels de convergence, de croissance et de solidarité doivent permettre à moyen terme la réalisation des critères de convergence définis dans le Pacte.

    Le Pacte de convergence se présente ainsi comme un instrument de renforcement du dispositif de surveillance multilatérale (Titre I).

    L'amélioration du dispositif de surveillance multilatérale introduite par le Pacte vise à assurer une meilleure réalisation des critères de convergence. Trois (3) années après l'application des dispositions de ce Pacte, l'on est à se demander si les objectifs attendus de lui ont été atteints. En d'autres termes, les Etats ont-ils réussi à réaliser de meilleures performances économiques et budgétaires depuis l'entrée en vigueur du Pacte ? Les économies des Etats membres convergent-elles ou tout au moins sont-elles en voie de l'être ? Quelles sont les perspectives du Pacte de convergence ? Ce sont là bien d'interrogations qui seront élucidées à travers l'étude du bilan et des perspectives du Pacte de convergence (Titre 2).

    Dans le titre premier de notre étude qui s'attachera à montrer que le Pacte de convergence constitue effectivement cet instrument de renforcement du dispositif de surveillance multilatérale, il sera question pour nous de relever les éléments d'analyse juridique d'une part et économique d'autre part susceptibles de nous conforter dans notre thèse.

    Dans le second titre qui se veut de mettre en lumière les possibilités de réalisation du Pacte de convergence, le bilan de la convergence des économies de l'Union ainsi que les perspectives qui se dessinent pour ces économies permettront sans doute de relever ce défi.

    TITRE I 

    LE PACTE DE CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITE ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UEMOA : INSTRUMENT DE RENFORCEMENT DU DISPOSITIF DE SURVEILLANCE MULTILATERALE

    Pour faire face à l'indiscipline budgétaire des Etats membres de l'UEMOA, indiscipline par ailleurs incompatible avec la politique monétaire commune, les articles 63 à 75 du Traité instituant l'UEMOA, ont organisé une surveillance multilatérale dont le but est d'assurer la cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire commune.

    Cette surveillance repose sur la définition et le contrôle d'un certain nombre de critères de convergence. Mais celle-ci, telle qu'organisée par le Traité, n'a pas donné tous les résultats escomptés en raison de ce que principalement la plupart des critères de convergence n'étaient pas satisfaits par les Etats même si on pouvait relever quelques améliorations.

    Ces derniers vont alors se réunir le 8 décembre 1999 pour tirer les leçons de cet échec et prendre un nouvel engagement formel à travers l'adoption de l'Acte additionnel n°04/99/CM/UEMOA portant Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA.

    La spécificité juridique du Pacte de convergence (en raison de l'originalité de l'acte additionnel le contenant) et les nouveaux critères de convergence qu'il définit font de lui un instrument de renforcement du dispositif de surveillance multilatérale (chapitre 1er). Sur un plan économique également, la surveillance multilatérale s'est vue améliorée (chapitre 2ème) avec notamment l'élaboration des programmes pluriannuels de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres.

    CHAPITRE 1 :

    ANALYSE JURIDIQUE

    DU PACTE DE CONVERGENCE

    Le dispositif de surveillance multilatérale des politiques macro-économiques tel que prévu dans le Traité de l'UEMOA a subi quelques aménagements en vue de son renforcement6(*). Ces aménagements ont abouti, au plan juridique, à l'adoption d'un Pacte appelé Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA. Ce Pacte constitue un engagement formel pris par les Etats membres. Contenu dans un instrument juridique spécifique, à savoir l'acte additionnel (Section 1ere), il contient de nouveaux critères de convergence (Section 2ème).

    Section 1ère : L'Adoption d'un acte spécifique :

    l'acte additionnel

    La spécificité de l'acte additionnel résulte de l'hybridité de sa nature juridique d'une part (parag 1er) et du fait que seule l'UEMOA l'a prévu dans la nomenclature des actes qu'elle peut élaborer d'autre part (parag 2ème).

    Paragraphe 1er: Nature juridique de l'acte additionnel

    Généralement, il est reconnu au droit communautaire deux catégories de sources : les sources primaires constituées des Traités et protocoles, et les sources dérivées constituées des différents actes des organes de la communauté7(*). Au regard des dispositions du Traité constitutif de l'UEMOA, l'acte additionnel est pris par la Conférence des chefs d'Etats et de Gouvernement, un organe de la Communauté. Il s'affiche de la sorte comme un acte de droit dérivé (A) ; mais à l'analyse, l'acte additionnel présente quelques affinités avec le droit primaire (B).

    A- Une norme de droit dérivé en principe

    La norme de droit dérivé est une norme prise « en application et pour l'application d'un Traité »8(*). Les actes de cette catégorie de normes sont donc pris sur la base du droit primaire9(*). Deux éléments militent en faveur de la classification des actes additionnels dans la catégorie du droit dérivé. Le premier élément est relatif à la nature communautaire de l'organe délibérant et le second aux caractères même du droit dérivé.

    S'agissant tout d'abord du premier élément, il faut savoir qu'en droit communautaire, pour qu'une norme relève du droit dérivé, il faut qu'elle émane des organes communautaires, c'est-à-dire des organes prévus par le Traité constitutif ; on parle alors de droit issu de l'activité normative des organes. En l'occurrence, il est clair que l'acte additionnel n°04/99 portant Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et solidarité a été pris par un organe de la communauté à savoir la Conférence des chefs d'Etats et de Gouvernement ; celle-ci étant citée par l'article 16 du Traité parmi les organes de l'Union ; l'article 42 le confirme en énumérant parmi les actes de la communauté, et en première place, les actes additionnels10(*).

    L'acte additionnel est donc une norme de droit dérivé en raison de ce qu'il a été pris par un organe de l'Union, sur la base d'un Traité qu'il complète. C'est du reste la classification retenue par certains auteurs11(*).

    Quant au second élément, il concerne les caractères du droit dérivé. Le droit dérivé est caractérisé par son applicabilité immédiate et directe. L'applicabilité immédiate signifie que le droit communautaire dérivé s'impose dans l'ordre juridique national sans qu'il soit besoin d'une réception12(*) dans le droit interne des Etats membres13(*). La seule exigence est la publication des actes communautaires afin de les porter à la connaissance des citoyens de l'Union. Les actes additionnels font, d'après l'article 45 du Traité, parties des actes communautaires soumis à cette formalité. D'où, il ressort des dispositions du Traité, que les actes additionnels sont d'application immédiate. Quid14(*) de l'application directe ?

    Dire que la norme dérivée est d'application directe, c'est affirmer qu'elle crée des droits et des obligations pour les particuliers ainsi que pour les organes étatiques des différents Etats membres. L'applicabilité directe confère au citoyen d'un Etat membre la possibilité de revendiquer devant les juridictions nationales et communautaires l'application des droits générés par l'Union. Peut-on considérer que l'acte additionnel est d'application directe ?

    La question est discutée en doctrine15(*). En l'absence d'une jurisprudence communautaire en la matière et dans le silence des dispositions du Traité, on ne saurait faire une affirmation péremptoire. Cependant, une analyse approfondie du droit matériel16(*) créé par les actes additionnels17(*) pourrait amener à conclure que ceux-ci sont d'application directe si et seulement si leurs dispositions sont suffisamment claires, précises et univoques18(*). Or le droit matériel créé par l'acte additionnel contenant le Pacte de convergence, à l'examen, remplit ces critères19(*). On peut sous cette réserve formulée tout à l'heure, soutenir que l'acte additionnel n°4/99 portant Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité bénéficie de l'applicabilité directe.

    Si cette affirmation est acceptée, cela voudrait dire que le Pacte de convergence contenu dans cet acte additionnel est d'application immédiate et directe. D'une part, aucune procédure interne de réception n'ait à prévoir pour son application. Le Pacte de convergence affirme ainsi son autonomie par rapport aux instruments juridiques internes des Etats. Cette autonomie, nous semble-t-il, se justifie par la volonté des Etats de soustraire l'application du Pacte aux éventuels blocages internes. Car, on pourrait légitimement craindre que le Pacte de convergence adopté par les chefs d'Etats ne puisse recevoir l'approbation d'un parlement20(*) surtout dans le cas où l'opposition politique y serait majoritaire. D'autre part, l'application du Pacte de convergence peut être revendiquée par les citoyens de l`UEMOA en vertu de son caractère direct. En effet, le Pacte de convergence oblige les Etats à observer un certain nombre de critères de convergence. Ce qui signifie que tout citoyen d'un Etat membre peut rappeler aux Etats l'obligation qu'ils ont contractée dans le Pacte. Il peut donc engager la responsabilité d'un Etat qui n'observera pas ou observera insuffisamment le respect des normes de convergence. Cette implication indirecte des citoyens dans la réalisation des objectifs communautaires ne peut être que salutaire. Car aujourd'hui, permettre au citoyen de pouvoir se prononcer sur la gestion économique et financière des Etats, c'est en quelque sorte soumettre les actes des gouvernants au contrôle de celui-ci. Ce droit de regard qu'a désormais le citoyen de l'Union sur les actes des gouvernants participe à n'en point douter à l'enracinement de la bonne gouvernance dans nos Etats et partant à l'édification de l'Etat de droit.

    Seulement, ce pouvoir ainsi reconnu au citoyen, pour diverses raisons21(*) n'est pas encore exploité par ce dernier. Néanmoins, son existence reste une avancée notable à consolider.

    Il ressort de ces développements que, de par l'organe qui l'a pris et par ses effets, l'acte additionnel suscité, peut valablement être rattaché au droit dérivé ; mais ce rattachement ne saurait occulter les accointances de cet acte avec le droit primaire.

    B- Une norme de droit primaire par affinités

    Le droit primaire est celui qui est au sommet de la hiérarchie des normes de la communauté. Il est institué par les Traités constitutifs des communautés, tels qu'ils ont été modifiés, complétés et adaptés. Ils sont soumis au régime classique des actes conventionnels en droit international public général : convocation d'une conférence, signature par les délégués des Etats parties, ratification, réception dans l'ordre juridique interne .... A l'examen de la procédure d'adoption de l'acte additionnel, on se rend à l'évidence qu'il ressemble à bien des égards à celle suivie pour l'adoption du droit primaire. En effet, tout comme les Traités institutifs et les protocoles additionnels22(*) qui sont élaborés à la suite de la convocation d'une conférence des chefs d'Etats et de Gouvernement, l'acte additionnel, on l'a vu, a été pris par la Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UEMOA. En outre, les actes additionnels sont pris à l'unanimité de la Conférence ; c'est ce même quorum qui est exigé pour les Traités constitutifs et leurs protocoles additionnels. Sur ces deux points (identité d'organes et identité de quorum), l'acte additionnel côtoie donc le droit primaire. On pourrait alors affirmer que le Pacte de convergence relève également du droit primaire en vertu de ce qu'il a été pris à l'unanimité des Chefs d'Etat et de Gouvernement

    Cette appartenance du Pacte de convergence au droit primaire montre ici que bien qu'étant dans une organisation d'intégration23(*), les Etats ont refusé sur ce point précis d'abandonner leur souveraineté ; abandon qui aurait conduit à ce qu'un autre organe adopte à la majorité de ses membres le Pacte de convergence. Cela témoigne de l'importance significative que les Etats ont entendu accorder au Pacte. Mais cette importance à lui accordé n'est pas sans raison.

    En effet, le Pacte de convergence, on le verra, impose un certain nombre d'obligations aux Etats relativement à leur politique économique et budgétaire. Les Etats, en refusant d'abandonner leur souveraineté ont, pour ainsi dire, voulu avoir le contrôle des obligations qu'ils s'imposent à eux mêmes.

    Pour notre part, nous pensons que le Pacte de convergence pour une question d'objectivité et d'efficacité aurait dû être adopté par un organe communautaire autre que la Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement. Cet organe aurait fait fi des questions de souveraineté et n'aurait eu que pour seul objectif l'intérêt de l'Union. Cela aurait certainement eu pour avantage de fixer dans le Pacte des obligations plus objectives et plus efficaces débarrassées de toute prise en compte des questions de souveraineté.

    En définitive, l'acte additionnel se révèle être un acte de nature mixte pouvant être classé aussi bien parmi les normes du droit dérivé que parmi celles du droit primaire. Cette difficulté à catégoriser l'acte additionnel aurait certainement été résolue si le droit communautaire général l'avait prévu dans sa nomenclature classique24(*). Seule l'UEMOA l'a prévu.

    Paragraphe 2ème : L'acte additionnel : un acte propre

    à l'UEMOA

    Dans la nomenclature des actes de droit communautaire général, il n'est fait nulle part mention des actes additionnels. Seul, à notre connaissance, le Traité de l'UEMOA a innové en la matière. Qu'est - ce - qui peut alors justifier une telle singularité de l'UEMOA ? L'étude du fondement (A) et de la portée de l'acte additionnel (B) pourrait conduire à une tentative de réponse.

    A- Son fondement

    L'article 42 du Traité dispose que : « Pour l'accomplissement de leurs missions [...] la Conférence prend des actes additionnels conformément aux dispositions de l'article 19 ». Cet article 19, dispose pour sa part que : « les actes additionnels [...] complètent [le Traité] sans toutefois le modifier ». Comment interpréter ces dispositions ?

    Une première interprétation consisterait à voir dans l'acte additionnel, une volonté pour la Conférence de régir n'importe quel domaine du Traité pourvu qu'elle prétende accomplir sa mission. Le recours à un tel instrument juridique aurait pour avantage la célérité attachée à l'application de ce type d'acte25(*). Ainsi pour contourner la lourdeur et la lenteur attachées à l'application des protocoles additionnels, la Conférence a imaginé l'acte additionnel pour l'application rapide de ses décisions. Ce qui en soi n'est pas critiquable.

    La seconde interprétation qu'on pourrait faire des dispositions suscitées, c'est précisément l'article 19 qui, en disposant que les actes additionnels complètent le Traité, donne l'occasion à la Conférence de passer par ce canal pour opérer des petites révisions au Traité, nonobstant l'exclusion d'une modification du Traité par l'acte additionnel. A ce propos, des auteurs26(*) ont révélé que l'acte additionnel n°03/97 portant modification de la composition de la Commission de l'UEMOA dispose que : « l'alinéa de l'article 27 du Traité de l'UEMOA est modifié comme suit [...] ».27(*)

    Cette illustration témoigne à suffisance que sous le couvert de compléter le Traité, la Conférence utilise l'acte additionnel pour opérer de véritables révisions de celui-ci.

    Quid du Pacte de convergence contenu dans l'acte additionnel n°04/99 ?

    Même si aucune disposition expresse de ce Pacte n'a entendu modifier le Traité UEMOA28(*), il reste que les obligations nouvelles qu'il impose aux Etats à savoir l'adoption de programmes pluriannuels29(*), le respect des critères de convergence dans un délai bien circonscrit (31 décembre 2002) ne sont pas sans incidence sur la portée du Traité. Au demeurant, la frontière entre ce qui modifie et ce qui complète ou ce qui renforce n'est pas nettement étanche. Et l'on n'aurait pas tout à fait tort d'affirmer que le Pacte de convergence « modifie » par endroits le Traité UEMOA30(*).

    L'interprétation faite à propos des articles 19 et 42 pour essayer de comprendre le fondement de l'acte additionnel est corroborée par l'analyse de sa portée qui ne se laisse guère facilement appréhender.

    B- Sa portée

    L'acte additionnel n'a pas de contours bien précis ; et son contrôle est incertain. En effet, s'agissant de son domaine, l'article 19 en son alinéa 1er dispose laconiquement que : « la Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement prend en tant que de besoin, les actes additionnels au Traité de l'Union [...] ». L'examen de cet article permet d'affirmer que l'acte additionnel n'a pas de domaine propre. Seule la Conférence apprécie souverainement de l'opportunité d'avoir recours à ce type d'acte et cela sans égard au domaine concerné.

    La pratique des actes additionnels a, au demeurant, déjà montré qu'aucune matière ne semble échapper à son domaine d'investigation. Ils sont déjà intervenus dans des domaines aussi divers tels que nomination ou acceptation de la démission des Hauts fonctionnaires de l'Union31(*), statuts de la Cour de Justice de l'UEMOA, création d'un « Fonds d'aide à l'intégration régionale des Etats membres de l'UEMOA.32(*) »

    Pour ce qui est de son contrôle, si l'on peut affirmer qu'il existe très certainement un contrôle politique, en raison du procédé unanimitaire qui est utilisé pour son adoption, on ne peut être aussi affirmatif pour le contrôle juridictionnel. En effet, aucune disposition ni du Traité, ni de ses actes subséquents ne soumet expressément les actes additionnels au contrôle du juge communautaire. Cependant, l'article 12 dispose que : « La Cour de Justice statue [...] sur la légalité et l'interprétation des actes pris par les organes de l'Union ». Le Traité ayant énoncé la Conférence au titre des organes de l'Union, ses actes devraient relever de ce contrôle. On ne saurait aller aussi vite en besogne eu égard aux dispositions de l'article 27 de l'acte additionnel n°10/96 portant statuts de la Cour de Justice de l'UEMOA. Cet article ne soumet que les règlements, les directives et les décisions des organes de l'Union au contrôle du juge communautaire. L'alinéa 1er de l'article 8 du protocole additionnel n°1 relatif aux organes de contrôle de l'UEMOA dispose dans le même sens. Faut-il alors conclure que le Pacte de convergence ne doit être soumis à aucun contrôle juridictionnel ?

    Répondre par l'affirmative, serait dénier au citoyen le droit qui lui est reconnu d'exercer un contrôle sur les actes des gouvernants à travers l'effet direct du Pacte de convergence. Ce qui constituerait un grave recul, intolérable et inadmissible, dans nos Etats en quête de bonne gouvernance.

    Bref, cette ambiguïté des textes doit être levée pour assurer un contrôle juridictionnel des actes additionnels et donc du Pacte de convergence.

    L'obscurité du Traité mise en relief à propos de la portée de l'acte additionnel prouve, si besoin en est, que celui-ci est bien particulier à l'UEMOA. Heureusement que cette obscurité est très nettement levée pour ce qui est des nouveaux critères de convergence contenus dans le Pacte de convergence.

    Section 2ème : L'adoption de nouveaux critères de

    convergence

    La surveillance multilatérale est fondée sur la convergence des politiques budgétaires nationales et de leur compatibilité avec la politique monétaire commune. Cette convergence des politiques budgétaires nationales est fonction d'un certain nombre de critères normatifs de référence appelés critères de convergence. L'avènement du Pacte de convergence a entraîné l'adoption de nouveaux critères de convergence (parag 2ème). Mais avant le Pacte, des critères existaient déjà (parag 1er). Il ne serait pas superflu de les passer en revue pour mieux comprendre le sens des nouveaux critères.

    Paragraphe 1er : Les critères avant le Pacte de

    convergence

    Le Pacte de convergence n'a pas la paternité de l'édiction des critères de convergence. Ceux-ci avaient été élaborés d'abord sous l'UMOA (A) et ensuite sous l'UEMOA (B).

    A- Dans l'UMOA

    Il est utile de rappeler que l'UEMOA n'est que le prolongement de l'UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine). L'article 2 du Traité de l'UEMOA dispose en effet que : « Par le présent Traité, les Hautes Parties Contractantes complètent l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) instituée entre elles, de manière à la transformer en Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ... » Le Traité UMOA a vu le jour le 14 novembre 1973 à Paris. Avec la crise persistante qui s'est ressentie sur les finances publiques de ses Etats membres dans les années 80 ; crise qui a eu un impact négatif sur la valeur de leur monnaie commune33(*), l'UMOA a institué un conseil de convergence en 1992 afin d'harmoniser la politique monétaire commune avec les politiques budgétaires nationales. Dans le cadre de cette convergence, une série de cinq (5) indicateurs de convergence assortis de valeurs critiques a été adoptée en septembre 1993 par le Conseil des Ministres de l'Union. Ce sont :

    - le ratio masse salariale/recettes fiscales =50 % ;

    - le ratio investissements publics financés sur ressources internes/recettes fiscales > 20 % ;

    - le ratio solde budgétaire de base/recettes fiscales > 15 % ;

    - la variation nette des arriérés de paiement intérieurs = 0 % ;

    - la variation nette des arriérés de paiement extérieurs = 0 %.

    Ces indicateurs avaient pour objectifs la maîtrise de l'évolution des charges salariales, la constitution d'une épargne par les administrations publiques, la réduction des déficits publics, la réalisation d'un solde primaire de base positif et enfin l'élimination des arriérés de paiement. A l'analyse, on se rend compte que, d'une manière générale, ces cinq (5) indicateurs ne sont pas sans rappeler les quatre (4) critères de convergence fixés par le Traité de Maastricht34(*) pour l'entrée dans l'Union Economique et Monétaire Européenne.

    Ces indicateurs de l'UMOA, en raison de l'évolution de la situation économique au sein de l'Union et surtout avec l'entrée en vigueur de l'UEMOA, ont été quelque peu modifiés par le Conseil des Ministres de l'Union lors de sa session de septembre 97.

    B- Dans l'UEMOA

    On se rappelle que les indicateurs de convergence que nous venons d'exposer ont été adoptés dans un contexte où « l'Union était dans une situation de détresse budgétaire »35(*). Avec l'entrée en vigueur de l'UEMOA, l'on va maintenir, pour l'essentiel, les cinq (5) critères précédemment définis. On enregistrera, néanmoins quelques changements dans ces critères avec les différentes Directives édictées par le Conseil des Ministres de l'Union.

    Ainsi, l'article 6 de la Directive n°02/96/CM relative à la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein des Etats membres de l'UEMOA pour l'année 9736(*) fait obligation aux Etats de porter le ratio masse salariale/recettes fiscales à un niveau <50 % en 97. Les Directives n°01/97/CM et n°01/98/CM portant le même objet que la Directive n°02/96/CM précédemment citée, ont ramené ce ratio à un niveau < 40 % pour les années 98 et 99. Cette austérité peut s'expliquer sans doute par les bonnes performances réalisées par la plupart des Etats membres qui ont réussi à maîtriser l'évolution de leur masse salariale. Lorsque l'on analyse le rapport semestriel d'exécution produit par la Commission de l'UEMOA37(*) en décembre 96, on se rend compte que, pour l'année 96, seul le Togo a atteint 56,5 % tandis que les sept autres Etats sont passés au dessous du seuil de 50 %.

    On notera à ce propos les belles performances pour des pays comme le Mali qui a atteint 28,9 %38(*). Senghor signale que « malgré toutes les vertus que présente ce ratio, les pays membres de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) n'ont pas intégré ce critère, de la même façon sur la liste des quatre (4) indicateurs retenus pour leur dispositif de surveillance multilatérale exercée dans le cadre du conseil de convergence »39(*). Si tel avait été le cas, on aurait pu comme le souligne Senghor «  faire une comparaison- raisonnable entre les quinze (15) Etats membres de la zone franc ».

    Au contraire de cette exigence de l'amélioration continue du ratio masse salariale/recettes fiscales, les autres ratios définis dans l'UMOA ainsi que leurs valeurs critiques ont été maintenus comme tels dans l'UEMOA. La grande innovation sous son égide est l'introduction du critère du taux d'inflation annuel moyen comme indicateur de la surveillance multilatérale. Pour une union monétaire ayant une monnaie et une politique monétaire communes, comme c'est le cas de l'UEMOA, une telle prise en compte ne pouvait plus tarder. La maîtrise de l'évolution de ce critère est un gage pour la stabilité même de la monnaie commune. Du reste, c'est un critère qui existait déjà au sein de l'Union Européenne40(*). Dans l'UEMOA, ce taux était d'abord fixé à un niveau <5% en 97, ensuite il est passé à 3 % en 98 et 99 compte tenu de l'amélioration observée dans sa maîtrise par les Etats.41(*)

    Ce début d'élargissement des critères de convergence va se poursuivre et se renforcer avec l'adoption du Pacte de convergence.

    Paragraphe 2ème : Les critères dans le Pacte de

    convergence

    Les nouveaux critères élaborés dans le cadre du Pacte de convergence constituent une innovation dans la mesure où ils ont été non seulement élargis (A) ; mais également et surtout ils ont été hiérarchisés (B).

    A- Des critères élargis

    Outre le critère du taux d'inflation introduit depuis l'édiction de la Directive n°01/97/CM, le Pacte de convergence, qui rappelons-le, a été adopté le 8 Décembre 99, va non seulement à son tour maintenir les critères existants, mais en plus il va les élargir. Ainsi, quatre (4) nouveaux critères feront leur apparition. Ce sont :

    - le ratio du solde budgétaire de base/PIB nominal =0 % en l'an 2002 ;

    - le ratio de l'encours de la dette intérieure et extérieure/PIB nominal =70 % en l'an 2002 ;

    - le ratio du déficit extérieur courant hors dons/PIB nominal =5 % en l'an 2002 ;

    - le taux de pression fiscale =17 % en l'an 2002.

    A l'examen de ces nombreux critères, deux principales observations relatives à la période de convergence et au PIB, méritent d'être faites.

    D'abord, on remarque que contrairement à l'UMOA et à l'UEMOA d'avant le Pacte de convergence, les critères contenus dans le Pacte de convergence ont un objectif triennal. En effet, sous l'UMOA et sous l'UEMOA d'avant le Pacte, les critères étaient élaborés chaque année et ils devaient être respectés uniquement pour l'année suivant celle pendant laquelle ils avaient été fixés. Le Pacte de convergence change d'option. Ses critères ont été élaborés en décembre 99 et leur respect devait être observé en fin décembre 2002. C'est là une des grandes innovations apportées par le Pacte. Cette façon de faire n'est certainement pas indifférente du nouvel outil de gestion budgétaire appelé budget-programme que l'on observe dans certains pays de l'UEMOA42(*). Faire coïncider la période du respect des critères de convergence à travers l'élaboration de programmes pluriannuels43(*) avec celle de la gestion budgétaire par objectifs qui commande également que les programmes budgétaires soient élaborés sur trois (3) ans ne peut être que logique. Cette disposition du Pacte de convergence est appréciable dans la mesure où elle introduit une cohérence entre les programmes ne serait-ce qu'à travers cette identité de période. Les risques de chevauchement sont mieux maîtrisés.

    Ensuite, on note également que le Produit Intérieur Brut (PIB) nominal sert désormais de mesure aux nouveaux ratios prévus. L'importance de cet agrégat n'est plus à démontrer car il mesure la richesse même d'un pays. Rapporter le solde budgétaire de base, l'encours de la dette intérieure et extérieure, le déficit courant hors dons au PIB nominal (c'est-à-dire le PIB calculé en tenant compte du facteur prix), c'est vérifier en quelque sorte la soutenabilité de la dette, c'est mesurer la capacité de la production, de la richesse à faire face au problème de la dette. C'est en somme mesurer la solvabilité des Etats.

    Enfin, on relèvera que l'introduction du taux de pression fiscale comme indicateur de convergence répond au souci de mesurer la contrainte exercée par l'ensemble des impôts sur les citoyens relativement à la richesse du pays.

    L'introduction de ce critère, nous osons le croire, devrait permettre aux Etats d'adopter des mesures fiscales à même de lutter contre l'incivisme fiscal, dernière trouvaille ( ?) pour résoudre un tant soit peu le problème de pauvreté.44(*) Si tel est donc l'objectif des Etats en prévoyant cet indicateur de convergence dans le Pacte, nous pensons qu'ils ont vu juste. Si on peut se réjouir de cette vision, il reste que l'on devrait prendre garde à ne pas pousser le bouchon trop loin45(*) au risque de connaître l'effet contraire. Car ne dit-on pas que « trop d'impôt tue l'impôt ? »

    Par ailleurs, on constate que la valeur du ratio masse salariale/ recettes fiscales qui devait être d'abord <50 %, puis à 40 %, a été cette fois réduit à 35 %. Cela traduit, une fois de plus, l'amélioration continue de ce critère dans les Etats de l'Union.

    Tous ces changements apportés dans le Pacte de convergence à travers notamment l'élargissement des critères vont se poursuivre avec leur hiérarchisation.

    B- Des critères hiérarchisés

    Une autre innovation apportée dans le Pacte de convergence a consisté à hiérarchiser les critères de convergence. En effet, au niveau terminologique, le Pacte parle « d'indicateurs de convergence » qui donnent une image des domaines importants de l'économie ; notamment le secteur réel, la balance des paiements, les finances publiques et la monnaie. Ces indicateurs de convergence sont appelés critères de convergence lorsqu'ils sont jugés essentiels. Ainsi, distingue-t-on les critères de convergence des autres indicateurs. Ce premier niveau d'hiérarchisation permet de conclure que tous les indicateurs prévus dans le Pacte n'ont pas la même importance. Les indicateurs jugés non essentiels appelés « autres indicateurs » sont répertoriés dans un tableau de bord recommandé par le Conseil des Ministres. Ils ne sont donc pas précisément définis dans le Pacte. En conséquence, pourrait-on conclure qu'aucune sanction ne s'attache à leur inobservation par les Etats membres. Ce qui n'est pas le cas des critères de convergence. A l'opposé des autres indicateurs de convergence, ceux-ci font l'objet d'une définition précise dans le Pacte qui les a également normés avec des valeurs critiques. A l'intérieur de ces critères, on distingue les critères de 1er rang des critères de 2nd rang. Les critères de 1er rang sont les suivants :

    - ratio du solde budgétaire de base/PIB nominal =0 % en l'an 2002 ;

    - taux d'inflation annuel moyen : 3 % par an ;

    - ratio de l'encours de la dette intérieure et extérieure/PIB nominal =70 % en l'an 2002 ;

    - arriérés de paiement intérieurs et extérieurs : non accumulation d'arriérés sur la gestion de la période courante.

    Ces critères sont d'une importance capitale, car ils déterminent la crédibilité même de l'économie des Etats et de l'Union vis à vis de l'extérieur. Les déficits publics excessifs ainsi que l'insoutenabilité de l'endettement qui sont la conséquence de leur non respect peuvent engendrer « un cercle vicieux où tous les efforts de redressement sont vains ; à la longue, cette situation pourrait conduire au chaos puis à l'éclatement de l'Union »46(*). Au vue de cette importance, leur inobservation déclenche le système de mesures rectificatives47(*).

    Au sein même de ces critères de 1er rang, le Pacte distingue encore un critère dit clé. C'est le critère du solde budgétaire de base/PIB nominal. L'importance de ce critère clé prend tout son sens quand on sait qu'il faut nécessairement dégager un minimum d'excédents pour, non seulement rembourser les dettes mais, aussi mener des actions de développement. On comprend alors aisément pourquoi son non respect est susceptible de déclencher le mécanisme de sanction.48(*)

    Quant aux critères de 2nd rang49(*), ils n'appellent pas de commentaires particuliers en ce sens qu'aucune sanction particulière ne leur ait réservée.

    L'analyse juridique du Pacte ainsi faite a conduit à montrer à travers les nombreuses innovations normatives, qu'il constitue bel et bien un instrument qui améliore le dispositif de surveillance multilatérale. Mais ce n'est pas seulement qu'au plan juridique que ces innovations sont perceptibles, elles le sont également d'un point de vue macro-économique.

    CHAPITRE 2

    ANALYSE ECONOMIQUE

    DU PACTE DE CONVERGENCE

    L'amélioration du dispositif de surveillance multilatérale ne s'est pas faite uniquement au plan juridique. D'un point de vue économique également, des changements ont été apportés à ce dispositif. Ainsi, des orientations générales de politique économique données aux Etats membres dans les différentes Directives, l'on est passé aujourd'hui au Pacte de convergence, à l'élaboration des programmes pluriannuels de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité (Section 2ème).

    Une meilleure compréhension de ces programmes pluriannuels, tant dans leur sens que dans leur finalité ultime, passe par l'analyse du fondement économique du Pacte de Convergence (Section 1ère).

    Section 1ère : Le fondement économique du Pacte

    de convergence

    Dans son préambule, l'Acte additionnel n°04/99 portant Pacte de convergence, affirme la nécessité impérieuse d'entretenir la solidarité entre les Etats membres en vue des objectifs communautaires. A cette fin, le Pacte a été organisé autour de deux (2) phases (parag 1er). La réalisation de ces deux (2) phases n'est possible que si l'objectif de solidarité (parag 2ème) est effectivement mis en oeuvre.

    Paragraphe 1er : Les phases du Pacte

    Le Pacte comporte deux (2) phases : la première phase dite phase de convergence (A) s'étendant du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2002 et la seconde appelée phase de stabilité (B) débutant le 1er janvier 2003.

    A- La phase de convergence

    Pour comprendre cette phase de convergence, il faut avant tout avoir une idée de l'intérêt que peut comporter une convergence des politiques économiques.

    Faire converger des éléments d'un ensemble, c'est orienter ces éléments vers une même direction, vers un même sens, vers un objectif commun.

    Une convergence des économies est rendue nécessaire lorsque les Etats ont le désir par exemple de réaliser une intégration économique ou une unification économique. Ce qui signifie que c'est d'abord la réalisation de l'intégration économique ou de l'union économique qui justifie la Convergence des politiques économiques.

    Dans l'UEMOA (qui est une organisation d'intégration économique, c'est connu) où l'union monétaire est une réalité, les Etats ont été appelés à faire converger leurs politiques et performances économiques en complément de cette union monétaire, mais surtout pour renforcer leur politique monétaire. En conséquence et en particulier, fallait-il harmoniser les politiques budgétaires. Car, dans une union économique et monétaire, l'utilisation d'une même monnaie et d'une politique monétaire commune peut inciter à l'abus de l'instrument budgétaire50(*). La réussite de la convergence des politiques économiques entraînera donc ici une maîtrise de l'inflation.

    De façon générale, une convergence réussie met fin à la disparité dans la conduite des politiques économiques, amène à long terme les Etats à se départir des PAS (car les buts de la convergence permettent d'aboutir à ceux des PAS) pour ne considérer que les actions à mettre en oeuvre dans le cadre de la convergence.

    Le Pacte, dans sa phase de convergence allant du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2002 invitait tous les Etats membres à satisfaire aux normes de convergence. A cette fin, ils se devaient d'élaborer des programmes pluriannuels capables d'assurer à moyen terme la réalisation desdits critères. Ces programmes pluriannuels font l'objet d'une évaluation semestrielle par la Commission51(*).

    Dans cette phase, il avait été prévu que, les Etats qui ne satisferaient pas les critères à la date cible du 31 décembre 2002, feraient l'objet de sanctions prévues à cet effet. Mais compte tenu de certaines raisons52(*), il n'a pas été mis en application cette disposition. Néanmoins, si les critères avaient été satisfaits, l'Union aurait été alors en phase de stabilité.

    B- La phase de stabilité

    Pour comprendre la notion de stabilité, il faut l'assimiler à celle d'équilibre. En effet, parlant de stabilité, l'analyse économique, surtout lorsqu'elle est formalisée, met l'accent sur les relations d'équilibre53(*). Ainsi, un système est dit en position d'équilibre stable, si dès qu'une sollicitation d'amplitude limitée tend à l'en écarter, il y revient de lui-même, par le jeu des relations entre ses composantes. Si au contraire, il a alors tendance à s'en écarter davantage, il est dit en équilibre instable : pour l'y maintenir, une intervention extérieure permanente est nécessaire.

    En général, l'équilibre est conçu comme l'aboutissement d'un processus. Le problème de la stabilité concerne ces processus. Dans l'optique d'une intégration économique et monétaire, le processus en vue de la stabilité commence avec la convergence des politiques et performances économiques. Dès lors que cette convergence est atteinte, l'étape de la stabilité peut être envisagée. Ici, elle consistera à consolider les acquis de la convergence. Plus précisément, avec le Pacte, si tous les Etats satisfont aux critères de convergence, alors l'Union sera dite en phase de stabilité. Dans cette ultime phase, l'amélioration continue des critères n'est plus imposée mais seulement souhaitée, en relation avec les objectifs globaux de l'Union. Mais, au regard des résultats fournis par les Etats, on ne saurait affirmer que l'Union est en phase de stabilité54(*).

    Dans tous les cas, si la phase de stabilité venait à être réalisée, les Etats membres continueraient à mettre en oeuvre des programmes visant à maintenir une situation budgétaire équilibrée ou excédentaire, leur permettant de faire face aux fluctuations conjoncturelles. L'évaluation des programmes se fera sur la base de l'évolution structurelle du critère clé55(*), celle-ci étant appréciée après la correction des fluctuations conjoncturelles. Enfin, lorsqu'une dégradation serait enregistrée par un Etat membre sur un critère de premier rang au point d'entraîner le non respect de la norme fixée, le mécanisme de sanctions peut être déclenché56(*).

    Cette démarche, qui consiste à réaliser les objectifs du Pacte en deux (2) mouvements, n'est pas spécifique à l'UEMOA. En effet, l'Union Européenne l'a prévue dans son Pacte de convergence. Là aussi, la phase de convergence n'ayant pas encore été observée, l'horizon de stabilité a été différé. Malgré tout, c'est une démarche qui nous paraît rationnelle et méthodique en ce sens que non seulement, elle répond à la logique de l'analyse économique qui soutend toute forme d'intégration économique, mais aussi elle aboutit finalement à la croissance économique. C'est pour aider à atteindre cette croissance souhaitée que le Pacte de convergence a mis un accent particulier sur l'objectif de solidarité.

    Paragraphe 2ème : L'objectif de solidarité du Pacte57(*)

    La convergence économique aboutissant à la croissance économique ne saurait se réaliser entre les Etats présentant des disparités économiques comme c'est le cas des pays de l'UEMOA58(*). Pour corriger cet handicap, l'UEMOA a été amenée à instituer un mécanisme de solidarité au sein de l'Union. Ainsi, l'article 59 du Traité dispose que : « En vue du financement d'un aménagement équitable du territoire communautaire, l'Union pourra instituer des fonds structurels ... ». L'avènement du Pacte, qui a, rappelons-le, affirmé avec insistance dans ses objectifs la nécessité d'approfondir la solidarité entre pays membres59(*), a amené les autorités communautaires à mettre en mouvement les fonds structurels dénommés « Fonds d'Aide à l'Intégration Régionale » (FAIR)60(*). Le champ d'intervention (A) ainsi que les modalités d'intervention du FAIR ont été précisément définis (B).

    A- Le champ d'application du FAIR

    C'est l'acte additionnel n°01/98 qui institue le FAIR. L'article 1er de cet acte dispose que : « Il est institué un Fonds Structurel dénommé « Fonds d'Aide à l'Intégration Régionale (FAIR) », destiné au financement de l'aménagement équilibré du territoire communautaire, en contribuant à la réduction des disparités régionales ».

    Ces fonds proviennent des ressources propres affectées de l'Union comme celles issues du prélèvement communautaire de solidarité61(*) (PCS), des emprunts, des subventions compatibles avec les objectifs de l'Union.

    Selon le règlement n°01/99/CM/UEMOA fixant les modalités d'intervention et de gestion du FAIR, une fois réunis, les fonds interviendront dans les domaines des infrastructures à caractère économique et social. Dans ces domaines, les fonds permettront d'appuyer le désenclavement des régions et de soutenir les actions de production et d'échanges par l'amélioration des infrastructures économiques62(*). En outre, ils aideront à améliorer les conditions de vie des populations par, d'une part, un meilleur accès aux services sociaux essentiels63(*), et d'autre part la promotion et le financement de micro-projets qui participent à la création d'emplois, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

    En outre, le fonds interviendra aussi pour faciliter la reconversion des régions affectées par les conséquences des réformes de l'Union dans des activités productives alternatives.

    Comme on peut le constater, seuls les PME-PMI, les micro-entreprises, les collectivités locales, les organisations de base64(*) et l'Etat peuvent bénéficier de l'appui du fonds.

    Dans la même logique restrictive, le choix des régions devant recevoir l'appui du fonds s'est fait en fonction d'un certain nombre d'indicateurs65(*). Au regard de ces indicateurs, une trentaine de régions dans l'ensemble de l'Union a été retenue66(*). Ici le problème de la fiabilité des données des indicateurs reste posé car les Etats pourraient être tentés de réduire la valeur de ces indicateurs afin d'accroître le nombre de régions éligibles aux interventions du fonds. C'est une difficulté qu'il faut vite résoudre même si par ailleurs le fonds est alloué selon des modalités particulières.

    B- Les modalités d'intervention du FAIR

    Au regard de ces objectifs, le fonds intervient sous trois formes :

    - le prêt ou la ligne de refinancement, pour les interventions dans les domaines des activités créatives d'emplois et génératrices de revenus, de même que dans les domaines du soutien à la reconversion des régions affectées par les conséquences des réformes de l'Union dans des activités productives alternatives ;

    - la bonification d'intérêts des prêts ou lignes de refinancement de la BOAD pour le financement des infrastructures à caractère économique et social ;

    - la subvention pour le financement des infrastructures à caractère économique et social.

    C'est dans cette dernière et principale forme d'intervention que le FAIR a dégagé, dans le cadre de sa première programmation67(*) 2002-2006, une enveloppe de cent dix huit milliards (118 000 000 000) de francs CFA repartie entre les Etats membres. ? de cette enveloppe sont affectés aux projets ou programmes d'initiative nationale et le ? aux programmes d'initiative communautaire. L'enveloppe a été repartie aux Etats en fonction du niveau du PIB. Ainsi, la répartition se présente comme suit :

    - Guinée-Bissau 15,5 milliards

    - Niger 15 milliards

    - Mali 14 milliards

    - Burkina Faso 12 milliards

    - Togo 5,5 milliards

    - Bénin 5 milliards

    - Sénégal 5 milliards

    - Côte d'Ivoire 3 milliards68(*)

    A l'heure actuelle, des pays comme le Sénégal et le Burkina Faso ont monté des projets remplissant les exigences nécessaires à l'exécution du fonds69(*).

    Les programmes financés sur les ressources du Fonds structurel font l'objet d'une évaluation. Celle-ci est effectuée par l'agence principale d'exécution qu'est la BOAD.

    Le fonctionnement du FAIR ainsi décrit illustre bel et bien la concrétisation de l'objectif voulu dans le Pacte. Seulement, on peut constater que le règlement n°01/99 sus-cité est silencieux sur les mesures à mettre en oeuvre au cas où les résultats atteints par les programmes ne sont pas conformes aux prévisions. Ces programmes seront-ils repris ? Dans quelles conditions ?

    Nonobstant ce silence, on ne saurait dénier à cet instrument de solidarité qu'est le FAIR, toute son utilité. L'on ne peut que souhaiter l'avènement d'autres instruments de solidarité ou tout au moins l'élargissement du FAIR à d'autres domaines en vue de hâter la croissance économique qui passe préalablement par l'élaboration de programmes pluriannuels de convergence.

    Section 2ème : Des orientations générales de

    Politiques économiques aux programmes70(*)

    Le Pacte de convergence a substitué les programmes de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité aux orientations générales de politique économique. Afin de mieux appréhender cette substitution, il convient d'examiner les orientations générales de politique économique et budgétaire (parag 1er) avant de faire l'analyse des programmes de convergence (parag 2ème).

    Paragraphe 1er : Les orientations générales de

    politiques économiques et budgétaire

    Ces orientations générales de politiques économiques et budgétaires comme leur nom l'indique, sont perceptibles à deux (2) niveaux : au niveau des politiques économiques (A) et au niveau des politiques budgétaires (B).

    A- Au niveau des politiques économiques

    L'article 65 du Traité UEMOA dispose que : « Afin d'assurer une convergence durable de leurs performances économiques et d'établir les bases d'une croissance soutenable, les Etats membres mènent des politiques économiques qui respectent les grandes orientations visées à l'article 64 [...] ». L'article 64, lui, dispose que : « Sur proposition de la Commission, le Conseil se prononce sur les grandes orientations des politiques économiques des Etats membres de l'Union [...] ». Ces grandes orientations de politique économique sont fixées par le Conseil des Ministres par directive sur proposition de la Commission. Ainsi, dans la Directive n°02/96/CM relative à la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein des Etats membres de l'UEMOA pour l'année 1997, il est fait mention en son article 1er de ce que les Etats membres devaient mettre en oeuvre les directives générales de politique économique pour l'année 1997 s'articulant autour d'un certain nombre d'actions. Parmi celles-ci, on peut citer la lutte contre l'inflation accompagnée d'une véritable politique de l'offre, combinée à une libéralisation encore plus poussée des prix et du commerce. Ici, un accent particulier a été mis sur la baisse des coûts des facteurs de production. On observera que cette action à entreprendre a été reconduite dans les Directives n°01/97/CM pour l'année 98 et n°01/98/CM pour l'année 99, toutes relatives au même objet que la Directive n°01/96/CM pour l'année 97.

    Toujours dans les actions à mener, les Etats avaient été invités à renforcer le processus d'intégration des économies de l'Union par l'organisation et la promotion des échanges intra-communautaires. Ils devaient également poursuivre les réformes structurelles, notamment l'amélioration du cadre juridique, réglementaire et fiscal de l'activité économique, pour le rendre plus attractif et concurrentiel ; supprimer les entraves administratives à la création d'entreprises et la poursuite des programmes de privatisation des entreprises du secteur public et parapublic. En outre, ils devaient relancer les investissements par des mesures incitatives vers des branches à forte valeur ajoutée et promouvoir l'initiative privée. Une autre action envisagée était le maintien des programmes économiques et financiers avec les institutions de Bretton Woods afin d'assurer la mobilisation de l'assistance extérieure en appui aux efforts internes et soutenir efficacement les efforts internes d'ajustement.

    Toutes ces dernières actions n'ont pas été reprises dans les Directives n°01/97 et 02/9871(*) . Celles-ci ont plutôt mis l'accent sur les orientations générales au niveau des politiques budgétaires.

    B- Au niveau des politiques budgétaires

    Les actions à entreprendre au niveau des politiques budgétaires, il faut le rappeler, ont visé à assurer la compatibilité desdites politiques avec les objectifs de la politique monétaire de l'Union, on particulier la stabilité des prix. A cette fin, toutes les Directives disposaient que : «  les Etats membres doivent prioritairement respecter [...] les critères de convergence »72(*). Cela signifiait que les actions à entreprendre devaient assurer le respect des critères de convergence. A la lecture des différentes Directives, quatre (4) actions communes revenaient chaque année.

    La première consistait à poursuivre les efforts de mobilisation des ressources intérieures par une réduction des exonérations fiscales, un élargissement des bases taxables, une rationalisation et une simplification de la fiscalité, et un meilleur recouvrement. Cette première action visait, on l'aura compris, à améliorer le recouvrement des recettes fiscales ; celles-ci, comme on l'a vu73(*) servant de grandeur nécessaire à la détermination de certains ratios.

    La deuxième action était relative au renforcement de la maîtrise des dépenses publiques, en particulier de la masse salariale afin d'accroître la part des recettes publiques affectées aux dépenses d'investissement nécessaires à l'amélioration de la qualité des services publics et à la réalisation des infrastructures socio-économiques de base. Cette deuxième action ambitionnait de réduire le poids de la masse salariale dans les dépenses publiques afin que les recettes publiques soient affectées à la réalisation des investissements publics. Cette action devait permettre ainsi d'améliorer les ratios masse salariale/recettes fiscales et investissements financés sur ressources internes/recettes fiscales.74(*)

    La troisième action portait sur la recherche, dans le cadre communautaire, en relation avec les partenaires extérieurs, de solutions durables à la question de l'endettement en vue d'alléger le service de la dette publique intérieure et extérieure. La question récurrente de la dette devait trouver un début de solutionnement dans l'obligation qui était faite aux Etats membres de ne pas accumuler de nouveaux arriérés de paiements intérieurs et extérieurs. Ces Etats devaient en outre, s'engager à réduire les stocks existants.

    La quatrième et dernière action a concerné le strict respect des programmes d'ajustement structurel conclus avec les institutions de Bretton Woods afin d'assurer la mobilisation régulière des ressources extérieures.

    Toutes ces actions, qu'elles aient été de politique économique ou de politique budgétaire, n'étaient que des orientations générales. Même si elles étaient obligatoires car contenues dans des Directives, elles laissaient la latitude aux Etats de prendre toutes les mesures nécessaires à leur respect.

    Que dire de cette liberté ainsi accordée aux Etats ? La latitude laissée aux Etats de déterminer les moyens de mise en oeuvre des orientations générales de politiques économiques et budgétaires avait, à notre avis, tout son sens. En effet, d'abord, cette liberté donnée aux Etats pouvait trouver sa raison dans des préoccupations de souveraineté. Il s'est agi, pensons-nous, pour l'UEMOA, qui n'était qu'à ses débuts75(*), de ne pas trop vite empiéter sur des domaines de souveraineté aussi sensibles que l'économie et les finances publiques. Car on pouvait imaginer que les Etats membres, qui traînaient derrière eux plus de trente (30) années d'indépendance et de souveraineté, ne seraient pas été prêts à répondre aux injonctions de cette jeune institution. Il fallait donc ménager cette souveraineté en leur accordant une marge de manoeuvre en ne fixant que des orientations générales.

    Ensuite, pour une question de prudence et surtout de réalisme, de bon sens, on peut dire que l'UEMOA a été bien inspirée. Car étant composée d'Etats présentant des disparités économiques d'une part et étant la première institution africaine sous régionale à vocation économique et monétaire d'autre part, elle ne pouvait que définir un cadre général et global dans lequel chacun des Etats, en fonction de ses capacités économiques, se définirait les moyens à même de réaliser les objectifs communautaires. Mais aujourd'hui, l'institution a grandi, une expérience a été menée. C'est donc fort de ce capital d'expériences acquis que le Pacte de convergence a voulu rationaliser le cadre général et global initial en demandant aux Etats l'adoption de programmes pluriannuels de convergence, de stabilité, de croissance et solidarité.

    Paragraphe 1er : Les programmes de convergence

    Les programmes de convergence sont des programmes pluriannuels destinés à assurer à moyen terme la réalisation des critères de convergence. Ils font l'objet d'un suivi et d'une évaluation minutieux (B) après leur adoption par les Etats membres (A).

    A- Adoption

    Selon l'article 4 du Pacte de convergence, « Dès l'entrée en vigueur du Pacte, chaque Etat membre dispose d'un délai de trois (3) mois pour soumettre au Conseil un programme pluriannuel destiné à assurer la réalisation à moyen terme des normes de convergence ». Ce programme doit comporter les informations suivantes :

    - les réalisations de l'année précédente, les objectifs de l'année en cours et les principales hypothèses concernant l'évolution prévisible de l'économie ainsi que les variables économiques importantes qui sont susceptibles d'influer sur l'exécution du programme, telles que les recettes fiscales, la masse salariale, le service de la dette et les dépenses d'investissement public. S'agissant des autres secteurs, la croissance du PIB, l'inflation et le solde des transactions extérieures constituent les indicateurs économiques importants ;

    - une description des mesures budgétaires et des autres mesures de politique économique à mettre en oeuvre afin de réaliser les objectifs du programme au regard des critères de convergence ;

    - l'évolution des critères de convergence et principalement celle du critère clé ;

    - la définition d'un sentier d'évolution des critères de convergence ainsi que des mesures spécifiques envisagées pour chaque tranche annuelle. Cette dernière information, que doivent contenir les programmes, fait apparaître que ceux-ci bien qu'étant pluriannuels, comportent des tranches annuelles.76(*)

    L'examen du contenu des programmes montre que, plus que des actions à envisager, ce sont des informations statistiques pour l'essentiel qui sont demandées aux Etats membres. Celles-ci sont en général relatives à l'évolution des composantes des ratios servant de critères de convergence en vue de vérifier le respect des normes de convergence.

    Après leur élaboration par les Etats, ils sont adressés à la Commission. Celle-ci les transmet au Secrétariat Conjoint77(*), aux fins d'analyse. L'analyse, consiste à vérifier la conformité des programmes de chaque Etat par rapport aux objectifs communautaires, notamment leur compatibilité d'ensemble, au regard de l'impératif de mise en cohérence des autres volets de politique macro-économique de l'Union avec les objectifs de la politique monétaire commune. Suite à cette analyse, les programmes, après avoir été vérifiés par la Commission, sont transmis au Conseil des Ministres pour adoption par voie de décision78(*). Si le Conseil estime que les objectifs et le contenu d'un programme doivent être réaménagés, il ordonne à l'Etat membre concerné de réviser son programme par voie de décision. Malheureusement, aucun délai n'est fixé à l'Etat pour un réaménagement éventuel de son programme. Toujours est-il que les programmes réaménagés suivent la même procédure que les programmes initiaux.

    Une fois adoptés par le Conseil, ces programmes sont publiés par la Commission dans un délai d'un (1) mois au Bulletin Officiel de l'Union et dans les organes de publication de l'Etat membre concerné.

    L'idée d'adoption de programmes n'est pas mauvaise en soi si tant est qu'un programme est un ensemble de moyens et d'actions mis en oeuvre en vue d'atteindre un objectif déterminé. Cette idée est avantageuse à un triple point de vue.

    Primo, son existence permet de canaliser les efforts à entreprendre par les Etats vers un sens bien donné. Ici, il s'agit d'assurer le respect des critères de convergence.

    Secundo, de par sa périodicité triennale, elle laisse aux Etats la possibilité de procéder à des réaménagements sur chaque tranche annuelle de sorte à adapter les programmes à la conjoncture économique du moment.

    Tertio, la précision du contenu des programmes, notamment les informations statistiques relatives à l'évolution des critères de convergence, est un moyen pour l'Union d'anticiper tout dérapage relatif à un critère de convergence. Cependant, sur ce dernier point, on peut s'interroger sur la fiabilité des données que transmettent les Etats à travers leurs Comités Nationaux de Politique Economique (CNPE)79(*). Ces CNPE ne seraient-ils pas tentés de modifier les données de base en vue d'améliorer leur situation économique ?

    Devant cette difficulté, la Directive n°01/96/CM a prévu que le secrétariat technique des CNPE est assuré par les directeurs nationaux de la BCEAO. Ce secrétariat technique recense les données et vérifie leur fiabilité avant leur transmission à la Commission. Aussi, la Directive susvisée a conféré une autonomie de fonctionnement aux CNPE80(*). Malgré ces précautions prises par la Directive n°01 de 96, on ne saurait écarter toute tentative d'influence des Etats membres même si par ailleurs la directive reconnaît aux CNPE, dans le cadre exclusif de leur mandat, le droit de communiquer en toute autonomie entre eux avec les membres des autres comités nationaux81(*). Cet obstacle pourrait, à notre avis, être plus ou moins levé si, en dernière instance, les citoyens de l'Union jouent le rôle qui est le leur avec la possibilité qui leur est reconnue de revendiquer l'application du Pacte de convergence par les Etats en raison de l'effet direct de celui-ci.82(*) Ainsi adoptés et publiés, les programmes sont suivis et évalués.

    B- Suivi et évaluation

    Tout comme l'a prévu l'article 72 du Traité concernant le suivi et l'évaluation des actions à mener dans le cadre des grandes orientations de politiques économiques et budgétaires, le Pacte de convergence en son article 7 dispose que le programme élaboré par chaque Etat et adopté par le Conseil fait l'objet d'une évaluation semestrielle par la Commission de l'Union.

    L'évaluation consiste ici à s'assurer que le profil des critères de convergence est marqué par une amélioration continue jusqu'au respect des normes communautaires fixées83(*). En effet, la date cible du 31 décembre 2002 avait été fixée comme date à laquelle tous les Etats membres devaient satisfaire aux critères de convergence. Dans l'intervalle, les Etats devaient proposer des objectifs intermédiaires annuels qui étaient validés dans le programme par le Conseil. L'exécution d'un programme est jugée conforme lorsque les réalisations respectent l'ensemble de ces objectifs intermédiaires fixés à l'Etat membre concerné. Elle est considérée comme non satisfaisante si l'évolution d'au moins un des critères de convergence n'est pas conforme aux dispositions de la décision d'adoption du programme notifiée par le Conseil à l'Etat membre concerné84(*). Dans ce dernier cas et si c'est précisément l'un des critères de 1er rang qui n'est pas satisfait, l'Etat membre concerné élabore, en concertation avec la Commission dans un délai de trente (30) jours à compter de la notification de la décision du Conseil, un programme de mesures rectificatives85(*).

    Si la mise en oeuvre du programme de mesures rectificatives n'aboutit pas à l'évolution souhaitée des critères de 1er rang autres que le critère clé solde budgétaire de base/PIB nominal, une nouvelle série de mesures appropriées, élaborée par la Commission, toujours en relation avec l'Etat membre concerné, doit être adoptée par le Conseil. Lorsque, cependant, le critère clé fait partie des critères de convergence dont l'évolution n'était pas jugée conforme dans le cadre des mesures rectificatives, le mécanisme de mise en oeuvre des sanctions 86(*) doit être déclenché, sauf circonstances exceptionnelles87(*). Ces sanctions n'auraient été mises en oeuvre que lors de l'examen des réalisations de fin décembre 2002. Mais, et cela est d'importance, depuis le mois d'octobre 2002, le Conseil sur proposition de la Commission a décidé de différer l'horizon de convergence pour la période 2003-2005. Ce qui veut dire que les sanctions ne seront mises en oeuvre que lors de l'examen des réalisations de fin décembre 2005. Le Conseil explique cette importante décision par le fait que compte tenu de l'impact de certains facteurs (crise ivoirienne, manque de financement extérieur), les Etats n'étaient pas à même de réaliser les programmes pluriannuels de convergence.

    C'est avec ce système ainsi décrit que la surveillance multilatérale prend tout son sens. En effet, elle n'aurait pas sa raison d'être si elle n'était pas suivie et évaluée. Et, en la matière, le Pacte de convergence a renforcé le dispositif prévu dans le Traité en prévoyant notamment un système d'alerte précoce permettant d'anticiper tout dérapage dans la réalisation des programmes de convergence. Cette alerte précoce rappelle, à bien des égards, celle prévue dans le Traité de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) relatif aux procédures collectives d'apurement du passif88(*).

    L'étude du Pacte de convergence a montré qu'il constitue cet instrument de renforcement du dispositif de surveillance multilatérale depuis sa mise en application en janvier 2000. Trois (3) années après son application, quel bilan peut-on en dresser ? Quelles sont ces perspectives ?

    TITRE II 

    LE PACTE DE CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITE ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UEMOA : BILAN ET PERSPECTIVES

    L'objectif poursuivi par l'amélioration du dispositif de surveillance multilatérale est sans conteste la réalisation, dans des conditions optimales, des critères de convergence.

    Plus de trois (3) années après son entrée en vigueur, le Pacte de convergence, qui a apporté des améliorations significatives audit dispositif, a fait du chemin. En effet, des critères de convergence ont été définis, des programmes ont été élaborés, et n'eût été le report de l'horizon de convergence, un bilan de l'état de convergence sur les trois (3) années aurait sans doute été fait par les autorités communautaires. Pour notre part, nous ferons ce bilan mais seulement à partir des performances réalisées par les Etats pour l'année 2002 (chapitre 1er) afin de mesurer les possibilités de réalisation du Pacte de convergence.

    Néanmoins, quels que soient les résultats qui seraient obtenus par les Etats, il serait trop tôt de vanter les mérites du Pacte ou de jeter le discrédit sur lui. Conclure à l'une ou l'autre appréciation à ce stade de l'analyse, serait faire preuve d'un manque de vision futuriste. Or, l'analyse économique en particulier et l'analyse scientifique en général tiennent compte des possibilités d'évolution des phénomènes étudiés avant de tirer toute conclusion. Dans cet esprit, les perspectives du Pacte de convergence (chapitre 2ème) seront examinées ; ce qui permettra en dernière analyse de mesurer les possibilités de réalisation de ce Pacte de convergence.

    CHAPITRE 1

    Au regard du bilan

    Le Pacte de convergence est entré en application voilà maintenant trois (3) ans. Initialement, au 31 Décembre 2002, tous les pays devaient satisfaire aux critères de convergence. Mais certaines motivations89(*) ont conduit les autorités communautaires à différer l'horizon de convergence. Les Etats avaient déjà élaboré des programmes de convergence en vue de satisfaire ces critères. Quel peut donc être l'état de convergence des Etats membres (section 2ème) ? Pour connaître cet état, il convient avant tout de jeter un regard sur la situation économique et financière des différents Etats (section 1ère). Ce qui facilitera les explications de l'image que donnera l'état de convergence.

    Section 1ère : La situation économique et financière

    des Etats de l'Union

    L'étude de la situation économique et financière des pays de l'Union est basée sur le Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale du mois de Décembre 2002. Elaboré par la Commission avec la collaboration des Comités Nationaux de Politique Economique de chaque pays, ce Rapport décrit d'abord l'activité économique et les finances publiques des Etats (parag 1er ) permettant d'avoir une visibilité du secteur réel. Ensuite, il retrace les grands traits de la situation monétaire et des échanges extérieurs (parag 2ème).

    Paragraphe 1er : L'activité économique et les finances

    publiques

    Pour mesurer les performances du secteur réel, il convient d'étudier les activités économiques qui ont lieu dans les Etats (A). Par la suite, l'analyse des performances budgétaires sera faite à travers la description de la situation des finances publiques (B).

    A- L'activité économique et financière

    En 2002, le rythme de l'activité économique de l'Union dans son ensemble se serait maintenu au même niveau que celui de 2001, soit un taux de croissance annuel de 3,9 %. A la suite des troubles que connaît la Côte d'Ivoire depuis le 19 Septembre 2002, la croissance n'aurait été que de 2,7 %.

    Les Etats qui auraient enregistré une croissance relativement élevée sont le Bénin, le Burkina Faso et le Sénégal avec respectivement un taux de 6,0 % , 5,6 % et 4,8 %.

    Au Bénin, cette situation serait imputable à la bonne tenue de l'ensemble des secteurs d'activité. Le secteur primaire progresserait de 5,7 % en 2002 contre 3,1 % en 2001, sous l'effet d'une bonne production cotonnière au cours de la campagne 2001-2002. La croissance du secteur secondaire s'établirait à 7,4 %. Le secteur tertiaire, connaîtrait une croissance de 5,7 %. En 2002, on aurait noté une décélération de l'inflation par rapport à l'année précédente avec un taux d'inflation annuel moyen de 2,5 % contre 4,0 % en 2001.

    Au Burkina Faso, la situation économique serait marquée par un ralentissement des activités des secteurs primaire et tertiaire et par une accélération de la croissance du secteur secondaire. Du côté de la demande, la croissance serait essentiellement portée par la consommation qui contribuerait à 2,8 points. L'investissement et les échanges extérieurs contribueraient à cette croissance pour respectivement 1,3 point et 1,5 point.

    Le taux d'inflation annuel moyen serait de 2,4 % contre 4,9 % en 2001. Cette relative maîtrise des prix90(*) s'expliquerait par les résultats satisfaisants des campagnes agricoles.

    Au Sénégal, le taux de croissance calculé à partir des PIB comparables, serait de 2,4 % en 2002 en raison de l'imputation de la campagne agricole 2002/2003 à l'année 2002, conformément au règlement n° 11/2002/CM/UEMOA du 19 Septembre 2002 portant adoption des modalités de calcul du Produit Intérieur Brut (PIB) dans les Etats membres de l'UEMOA91(*). Il serait donc inférieur à celui attendu de 4,8 % en 2002 pour un objectif initial de 6,2 %. Ce repli serait essentiellement imputable à la forte contraction des activités du secteur primaire du fait notamment du démarrage tardif de la campagne agricole 2002-2003. Pour les autres secteurs, la situation serait relativement plus satisfaisante en particulier dans les BTP (Bâtiments de Travaux Publics).

    Au Togo, l'activité économique sous l'impulsion des secteurs primaire et secondaire, enregistrerait un taux de croissance de 2,9 % en 2002 contre 0,6 % en 2001. Cette belle performance est à mettre au compte de la hausse des cultures vivrières de 0,4 % et du regain d'activités des industries extractives. Par contre, le secteur tertiaire serait en repli de 1,5 % contre 2,8 % en 2001.

    Tous les autres pays connaissent une baisse de leur situation économique et financière.

    Au Mali92(*), la croissance serait moins vigoureuse en raison de la baisse de la production agricole de 7,1 % malgré une croissance des secteurs secondaire et tertiaire. Cette récession économique se déroulerait dans un contexte inflationniste.

    La Guinée-Bissau serait à peu près logée dans la même enseigne. Sa situation économique serait marquée par une contraction de l'activité économique avec un taux du PIB de -4,3 % contre 0,2 % en 2001. Là également, cette récession se déroulerait dans un contexte de pression inflationniste.

    Au Niger, le taux de croissance serait en baisse passant de 5 ,8 % en 2001 à 2,9 % en 2002. Cette décélération de l'activité économique en 2002 serait essentiellement due à la contre-performance du secteur primaire qui enregistrerait un taux de 1,9 % contre 10,3 % en 2001.

    Enfin, en Côte d'Ivoire où la situation est exceptionnelle, à la faveur de la normalisation progressive du climat socio-politique et de la signature d'un programme économique et financier appuyé par les institutions de Bretton Woods en Mars 2002, les perspectives économiques faisaient état d'une reprise dans le pays. Ainsi, la croissance économique projetée à 3 % en 2002 devait être soutenue par la reprise des investissements publics financés par l'afflux des capitaux étrangers. Parallèlement, le retour de la confiance et des engagements des autorités à mettre en oeuvre des réformes, notamment dans les filières agricoles d'exploitation, devraient vaincre l'attentisme des investisseurs privés.

    Mais, la grande crise politico-militaire survenue le 19 Septembre 2002, rend aujourd'hui caduques les prévisions économiques pour l'année 2002. Ainsi, les perspectives pour l'année 2002 indiqueraient une détérioration de la situation économique et financière. Cette situation mi-figue mi-raisin de la situation d'ensemble de l'Union va avoir évidemment des répercussions sur les finances publiques.

    B- Les finances publiques

    Au plan des finances publiques, la plupart des Etats connaîtraient une aggravation de leur déficit global, résultant d'une augmentation plus forte des dépenses par rapport à celle des recettes totales. Par exemple, au Bénin, le solde budgétaire global hors dons serait de -5,1 % PIB contre -4,2 % en 2001. Au Burkina Faso, le déficit global passerait de 4,5 % en 2001 à 5,9 % du PIB en 2002. En Guinée-Bissau, il connaîtrait une légère aggravation passant de 9,6 % du PIB en 2001 à 9,8 % en 2002.

    Au Mali, la situation se traduisait par une détérioration du solde budgétaire global qui s'établirait à -6,1 % du PIB contre -5,1 % 2001 en rapport avec la baisse des dons de 22,2 %. La situation n'est guère meilleure au Burkina Faso et Togo.

    Dans le premier pays cité, l'état des finances publiques serait marqué par la progression des dépenses non compensée par une augmentation significative des recettes, induisant une aggravation des déficits budgétaires.

    Au Togo, on note aussi une détérioration du solde budgétaire global qui passerait d'un excédent de 0,6 % du PIB en 2001 à un déficit de -3 % en 2002.

    En Côte d'Ivoire, la situation des finances publiques devrait enregistrer une légère dégradation. Le déficit serait de 0,4 % du PIB en 2002 contre un excédent de 1,0 % l'année précédente.

    En revanche, des pays comme le Niger et le Sénégal devraient enregistrer une sensible amélioration en 2002 de leurs finances publiques.

    Ainsi, au Niger, les réformes entreprises dans le cadre de la mise en oeuvre du programme économique et financier avec le FMI ont permis d'accroître les recettes et de maîtriser les dépenses courantes. Les recettes budgétaires progresseraient de 21,2 % pour représenter 11,4 % du PIB contre 10 % en 2001. Quant aux dépenses totales et prêts nets portés par les dépenses d'investissement, ils connaîtraient une augmentation de 13,9 % s'établissant à 19,4 % du PIB contre 18 % en 2001.

    Au Sénégal, l'amélioration du déficit global se contracterait pour se situer à 0,4 % du PIB en 2002 contre 2 % en 2001. De même, le déficit global hors dons se réduirait pour s'établir à 2,4 % du PIB contre 4 % en 2001.

    Si dans l'ensemble, les activités économiques et les finances publiques ne présentent pas une situation florissante, peut-on s'attendre à un meilleur visage du côté des échanges et de la monnaie ?

    Paragraphe 2ème : La situation monétaire et les

    échanges extérieurs des Etats de l'Union

    Tout comme l'étude de la situation des activités économiques et des finances publiques, celle des échanges et de la monnaie a pour miroir le rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale du mois de Décembre 2002. Ici, l'on s'attachera à dépeindre la situation monétaire (A) avant d'examiner les échanges extérieurs des pays de l'Union (B).

    A- La situation monétaire

    La situation d'ensemble des comptes monétaires serait caractérisée par une augmentation des avoirs extérieurs nets93(*) induisant ainsi une progression de la masse monétaire94(*).

    Ainsi, au Bénin, la situation monétaire serait caractérisée par une hausse de 35,0 milliards des avoirs extérieurs nets par rapport à leur niveau de l'année précédente pour s'établir à 502,2 milliards en fin décembre 2002. A ladite date, l'encours du crédit intérieur95(*) serait prévu en accroissement de 16,0 milliards par rapport à fin Décembre 2001, pour établir à 95,8 milliards. Au total, il en résulterait une augmentation de la masse monétaire de 10,6 % pour atteindre 596,0 milliards.

    Au Burkina Faso, la masse monétaire augmenterait de 5,1 % pour s'établir à 446,1 milliards. En Guinée-Bissau, elle augmenterait de 21,2 % en s'établissant à 85,3 milliards. Pour les autres pays comme la Côte d'Ivoire, le Mali, le Togo et le Sénégal, bien que l'on observe également une augmentation de la masse monétaire, celle-ci n'est due seulement qu'à la croissance des avoirs extérieurs nets96(*). Dans tous ces pays, on remarque une baisse du crédit intérieur. Par exemple, en Côte d'Ivoire, on note un repli de 0,3 % du crédit intérieur qui ressortirait à 1666,2 milliards. Au Mali, le crédit intérieur devrait baisser de 0,3 % pour se situer à 318,8 milliards contre 319,7 milliards en 2001.

    Cette légère baisse serait liée à une contraction des crédits à l'économie.

    Au Sénégal, l'encours du crédit intérieur serait attendu à 803,4 milliards en Décembre 2002, en contraction de 4,1 % par rapport à un an plus tôt. Cette situation serait imputable au repli des crédits à l'économie et de la position nette du gouvernement,97(*) respectivement à 8,3 milliards ou 1,2 % et 47,6 milliards ou 30,3 %.

    Au Togo, le crédit intérieur, enregistrerait une baisse de 1,6 % pour s'établir à 185,9 milliards pour un objectif révisé de 192,9 milliards. En effet, la position nette du gouvernement est attendue à 45,8 milliards à fin Décembre 2002 contre 51,2 milliards en 2001. Il s'ensuit une amélioration de la position nette du gouvernement de 10,5 %. Quant aux crédits à l'économie, ils sont attendus à 140,1 milliards à fin Décembre 2002 contre 137,8 milliards en 2001.

    Si la situation des comptes monétaires renseigne un peu plus sur la situation économique et financière des Etats, celle-ci sera plus fidèlement connue si l'on évoque la situation des comptes extérieurs.

    B- Les échanges extérieurs

    L'étude des échanges extérieurs permet entre autres de mesurer le degré d'ouverture des pays membres de l'Union.

    Au Bénin, l'évolution des échanges extérieurs se traduirait par une augmentation du déficit courant hors transferts98(*) officiels qui représenterait 8,2 % du PIB contre 7,5 % en 2001. Cette situation serait imputable à la balance commerciale99(*) qui est dans un état défavorable. Cette contre-performance serait due à la baisse des exportations de coton consécutive à la réduction de 26,9 % des cours, malgré une augmentation de 38,9 % des quantités exportées. L'excédent du compte de capital et d'opérations financières100(*) s'établirait à 116,5 milliards, du fait de l'évolution défavorable des transferts au capital, notamment les dons projets, les investissements directs et les autres investissements.

    Au Burkina Faso, le déficit courant hors dons ressortirait à 13,7 % du PIB contre 14,5 % en 2001. Cette contraction du déficit s'expliquerait par l'augmentation des exportations, notamment celles du coton.

    En Côte d'Ivoire, les importations augmenteraient de 6,3 % en raison principalement de la progression des importations des biens d'équipement. Quant aux exportations, elles progresseraient de 2 %. Au total, les comptes extérieurs devraient enregistrer un excédent de 47,0 milliards en 2002 contre 286,6 milliards en 2001. Ce recul serait imputable à la dégradation des transactions courantes et à la contraction du compte de capital et d'opérations financières. Il masque l'impact positif sur le commerce extérieur de l'amélioration des termes de l'échange estimée à 6,6 % au 3ème trimestre, et tirée notamment par la remontée des prix du cacao en fève de 45 % et du cacao en produits transformés de 35 %.

    En Guinée-Bissau, le déficit courant hors dons ressortirait à 21,1 % du PIB contre 12,1 % en 2001. Cette dégradation serait due aussi bien à la balance commerciale qu'à la balance des services. Le solde commercial passerait d'un excédent de 0,8 milliard en 2001 à un déficit de 12,1 milliards en 2002. Quant à la balance des services, elle ressortirait déficitaire de 20 milliards, en détérioration de 2,6 milliards par rapport à son niveau en 2001.

    Au Mali, le solde global de la balance des paiements ressortirait excédentaire de 40,7 milliards en 2002 contre 56,5 milliards un an plus tôt. Ce recul serait particulièrement le fait de l'évolution du compte d'opérations financières. Toutefois, le déficit des transactions courantes s'améliorerait. Les importations s'inscriraient en retrait de 12,6 milliards, tandis que les exportations connaîtraient une hausse d'environ 82,8 milliards par rapport à 2001.

    Au Sénégal, le déficit du solde courant, hors dons, rapporté au PIB se réduirait en passant de 6,9 % en 2001 à 6,4 % en 2002. Cette amélioration sensible résulterait de la contraction du déficit de la balance des biens et services, conjuguée à la hausse de l'excédent des transferts courants. Cet excédent proviendrait de la hausse de 8 milliards de l'aide budgétaire.

    Au Togo, le solde global des paiements extérieurs ressortirait en 2002 excédentaire de 5,4 milliards contre 9,2 milliards en 2001. Cette contraction serait imputable, en particulier, à l'aggravation de 7,1 % du déficit commercial et d'une réduction de 3,2 % des transferts courants.

    Malgré cette situation divergente des comptes extérieurs des Etats membres, on peut observer que dans l'ensemble, les échanges extérieurs se traduiraient par une légère amélioration du solde courant hors dons, en dépit de la détérioration des termes de l'échange résultant essentiellement de la baisse des cours des matières premières, à l'exception du cacao et de l'or.

    Cette image donnée par la situation économique et financière des Etats de l'union, permet à présent de faire l'examen de l'état de la convergence.

    Section 2ème : L'état de la convergence des Etats

    de l'Union

    Cet état a été élaboré également à partir du rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale du mois de Décembre 2002.

    L'état de la convergence indique les résultats atteints par les Etats de l'Union relativement aux normes des critères de convergence. Dans le cadre des programmes pluriannuels, les Etats ont élaboré des objectifs individuels101(*)de convergence en vue d'atteindre les objectifs communautaires102(*) de convergence.

    Les performances réalisées par rapport à ces objectifs individuels (parag 1er) seront étudiées avant l'examen de celles réalisées relativement aux objectifs communautaires (parag 2ème).

    Paragraphe 1er : Les performances réalisées par

    rapport aux objectifs individuels de

    convergence

    Les objectifs individuels ont concerné aussi bien les critères de 1er rang (A) que ceux de 2nd rang (B).

    A- Les critères de 1er rang

    Les programmes pluriannuels qui font l'objet du rapport sont ceux couverts par la période 2002-2004. Mais, l'on constate à l'analyse du rapport que certains Etats n'ont pas élaboré de programmes durant l'année 2002. En outre, parmi ceux qui ont fourni un programme, il y en a qui n'ont pas prévu tous les objectifs de convergence.

    Dans la première catégorie, l'on retrouve la Guinée-Bissau et le Togo. Le rapport ne fournit aucune explication sur les raisons de cette défaillance. Cependant, l'on pourrait tenter d'expliquer cette défaillance par la situation économique et financière très difficile que vivent ces deux pays103(*). Dans la deuxième catégorie, des pays comme le Bénin, le Mali et le Burkina Faso n'ont fixé que deux objectifs de convergence. Quant aux autres pays, ils n'ont prévu que trois sur les quatre. Pour tous les pays, le rapport est muet sur le dernier objectif à savoir la non accumulation des arriérés de paiements intérieurs et extérieurs. Les Etats ont-ils fixé des objectifs par rapport à ce critère ? Sur la base du rapport, on ne le saura pas. Pas plus qu'on ne saura pourquoi le Bénin, le Mali et le Burkina Faso n'ont fixé que deux objectifs de convergence.

    Ces constats nous amènent à nous interroger sur la portée de l'élaboration des objectifs individuels de convergence que doivent contenir les programmes pluriannuels. Celle-ci constitue-t-elle une obligation ou simplement une faculté laissée aux Etats membres104(*) ?

    Cela dit, pour ce qui est des critères de 1er rang, le Bénin et le Sénégal, réaliseraient chacun de bonnes performances. Le premier atteindrait tous les deux objectifs de convergence qu'il s'est fixé105(*). Ainsi, il établirait à 0,8 % en 2002 le solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal, critère clé de convergence. L'amélioration des recettes fiscales de 10,7 % en 2002 serait à l'origine de cette performance. Il atteindrait également l'objectif de 2,5 % prévu pour le taux d'inflation annuel moyen.

    Quant au second, le Sénégal, il dépasserait positivement les objectifs qu'il s'est fixé. Ainsi, il établirait à 2,0 % en 2002 son solde budgétaire de base rapporté au PIB alors que l'objectif n'était que de 1,4 %. Cette belle performance s'observe également au niveau du taux d'inflation où pour un objectif de moins de 3 % on passerait à 2,4 % aujourd'hui.

    A l'inverse de ces pays, les autres présenteraient des fortunes bien diverses.

    Par exemple, au Burkina, au Mali et au Niger les objectifs fixés par rapport au critère clé ne seraient pas atteints. L'explication résiderait dans l'augmentation des dépenses courantes malgré une amélioration des recettes notamment au Mali et au Burkina Faso106(*).

    Concernant la Côte d'Ivoire, il faut souligner d'emblée que l'analyse de l'état de la convergence fourni par le rapport est basée sur les simulations faites par la Commission suivant le scénario optimiste. Ainsi, bien qu'elle ne respecterait aucun de ses objectifs individuels, la Côte d'Ivoire ne présenterait pas un état de convergence désastreux. En effet, elle resterait tout de même dans les limites des objectifs communautaires sauf pour ce qui concerne l'encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB nominal. Elle établirait ce critère à 107,0 % alors qu'elle l'aurait prévu pour 104,3 %, dépassant largement la norme communautaire fixée à 70 %.

    D'ailleurs on remarquera que, les Etats ayant prévu un objectif relativement à ce critère, le fixeraient au dessus de la norme communautaire. Ainsi, la Côte d'Ivoire, comme nous venons de le voir, le fixerait à 104,3 %, le Mali à 96,3 %, le Niger à 85,9 % et le Sénégal à 72 %. Cela signifierait-il que nos Etats ont voulu être réalistes en fixant une norme largement supérieure à la norme communautaire ? En d'autres termes, la norme communautaire est-elle trop sévère, trop ambitieuse pour nos Etats ? Nos Etats ne veulent-ils pas ou ne peuvent-ils pas effacer ou à tout le moins réduire leur dette ?

    Par ailleurs, on observe que les Etats n'arrivent pas à respecter les objectifs qu'ils se sont eux mêmes définis. C'est à croire que ces objectifs ont été ou bien mal définis ou bien mal appliqués, mal exécutés. Dans cette dernière hypothèse, les moyens nécessaires n'ont pas été mis à contribution pour la réalisation des objectifs.

    Toujours est-il que dans l'ensemble de l'Union, on peut dire que les performances réalisées sont bien en déça des objectifs de convergence initialement prévus pour ce qui est des critères de 1er rang. En sera-t-il de même pour les critères de 2nd rang ?

    B- Les critères de 2nd rang

    Ici également, il est frappant de constater que les normes de certains ratios comme les investissements publics financés sur ressources internes rapportés au PIB nominal, le déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal et le taux de pression fiscale ne respecteraient pas celles prévues dans le cadre communautaire. Ce constat serait surtout vrai pour le ratio du déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal où la norme communautaire est fixée à 5 % alors que les Etats comme le Burkina et le Niger le fixeraient à respectivement 15,7 % et 12 %. Les mêmes interrogations posées dans le cas de l'encours de la dette intérieure et extérieure sont valables ici.

    Relativement aux objectifs individuels sur les critères de 2nd rang, seul le Mali réaliserait véritablement une bonne performance107(*) pour ce qui est du critère de la masse salariale rapporté aux recettes fiscales. Pour un objectif de 27,1 %, le Mali le porterait à 27 %. Cette situation se justifierait par la maîtrise de la masse salariale. Pourtant, on avait annoncé pour ce pays, que les dépenses courantes augmenteraient de 16,9 % `'en raison principalement de l'accroissement de la masse salariale.''108(*)

    Tous les autres pays n'ont pas pu atteindre les objectifs fixés pour ce critère. Ainsi pour un objectif de 35,0 %, le Burkina Faso le porterait à 41,1 %, la Côte d'Ivoire à 44,5 % et le Niger à 35,9 % pour respectivement des objectifs de 35%, 41,4 % et 30,8 %.

    Les performances ne seraient pas non plus meilleures pour les déficits extérieurs hors dons rapportés au PIB nominal et pour le taux de pression fiscale. Les objectifs définis par rapport à ces deux critères ne seraient respectés par aucun des Etats à l'exception du Sénégal qui réussirait à porter son taux de pression fiscale au dessus de l'objectif. Ainsi pour un objectif de 17,4 %, il réaliserait 17,7 %. Le pays qui enregistrerait le plus faible taux est le Niger avec 10,7 % pour un objectif de 12,8 %. Ensuite suivent le Burkina Faso avec 13,8 % pour un objectif de 15,7 %, le Bénin et le Mali avec chacun 14,3 % pour un objectif de 14 ,7 % , pour le Bénin, la Côte d'Ivoire avec 15, 9% pour un objectif de 16,7 %. Les Etats s'approcheraient donc difficilement de la norme communautaire de 17 %. Ce qui induirait, en autres, une insuffisance dans le recouvrement des recettes fiscales.

    S'agissant du ratio des investissements publics financés sur ressources internes rapportés aux recettes fiscales, il faut signaler les très belles réalisations du Burkina Faso qui atteindrait 43,6 % pour un objectif de 23,9 % dépassant largement la norme communautaire fixée à 20 %. Le Bénin, le Mali, le Sénégal ont atteint respectivement 22,0 %, 22,3 %, 22, 4% pour des objectifs de 25,7 %, 21,8 % et de 20,1 %. La Côte d'Ivoire se rachèterait en réussissant seule à respecter le critère du déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal en le portant à 1,5 %.

    Le Bénin le porterait à 8,2 %, le Sénégal à 6,4 % pour des objectifs respectifs de 5,6 % et 7,2 %. Le Burkina Faso le porterait à 13,7 %, le Mali à 10,4 % et le Niger à 12,7 % pour des objectifs de 15,7 % et 12 % pour respectivement le Burkina et le Niger.

    Ces contre-performances au niveau des objectifs individuels induisent-elles forcément des contre-performances s'agissant des objectifs communautaires ?

    Paragraphe 2ème : Les performances réalisées par

    rapport aux objectifs communautaires

    A l'instar des développements précédents, les performances réalisées par rapport aux objectifs communautaires ont trait à la fois aux critères de 1er rang (A) et aux critères de 2nd rang (B).

    A- Les critères de 1er rang

    S'agissant tout d'abord du critère du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal, le rapport indique que seuls trois Etats à savoir le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Sénégal respecteraient ce critère en 2002 avec des réalisations respectives de 0,8 %, 0,3 % et 2,0 % pour une norme communautaire établie à 0 % maximum.

    Mais une analyse minutieuse de l'état de la convergence de l'économie togolaise fait ressortir que ce pays réaliserait une performance de 1 %.

    Si dans l'ensemble les résultats ne sont pas satisfaisants pour le critère clé, il en va autrement pour celui du taux d'inflation. A ce niveau, cinq Etats satisferaient ce critère. Il s'agit du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Niger et du Sénégal avec respectivement des taux de 2,5 %, 2,4 %, 3 %, 2,7 % et 2,4 % pour une norme communautaire de 3 % maximum. Le Mali enregistrerait le taux le plus élevé avec 5,1 % confirmant la situation économique et financière qui se déroulerait dans un contexte inflationniste109(*) .

    Trois (3) Etats, le Bénin, le Burkina Faso et le Sénégal respecteraient le critère de l'encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB nominal. La Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali et le Togo auraient des taux d'endettement supérieurs à 100 %. Ce qui est largement au dessus de la norme fixée de 70 %. On s'étonne que le rapport ait cité le Mali parmi les Etats ayant un taux d'endettement supérieur à 100 %. Car l'évolution économique récente de ce pays indique que l'encours de la dette totale évalué à 2041,6 milliards représenterait 88,3 % du PIB en 2002110(*).

    Ce ratio qui indique, à travers les performances de nos Etats, que la dette de ceux-ci est insoutenable, a pour conséquence une accumulation des arriérés de paiements intérieurs et extérieurs.

    Parlant de ces arriérés, l'on sait qu `ils devaient être tous apurés en 2002. Mais le rapport indique précisément que la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau et le Togo ne respecteraient pas ce critère. Pourtant, l'état de la convergence de la Côte d'Ivoire montre que ce pays n'accumulerait pas d'arriérés de paiements en 2002111(*). Si on suppose comme nous venons de le dire que l'insoutenabilité de la dette a pour conséquence l'accumulation des arriérés de paiements, on ne peut qu'être surpris par les indicateurs de l'état de convergence en Côte d'Ivoire car cet Etat fait partie de ceux dont le taux d'endettement est supérieur à 100 %112(*).

    Ce tableau, quelque peu sombre dressé relativement aux critères de 1er rang, ne semble guère meilleur concernant les critères de 2nd rang.

    B- Les critères de 2nd rang

    Trois (3) Etats respecteraient le critère de la masse salariale rapporté aux recettes fiscales. Ce sont le Bénin, le Mali et le Sénégal qui réaliseraient respectivement 32,7 %, 27 % et 30 % pour une norme communautaire de 35 % maximum. Pour le reste, le ratio se situerait au dessus de 40 %. En particulier, il serait de 94,6 % en Guinée-Bissau. Cette contre-performance témoigne, de toute évidence, que la maîtrise de la masse salariale est loin d'être acquise au sein de l'Union. Cette contre-performance est également observable dans les réalisations des investissements publics financés sur les ressources internes rapportés aux recettes fiscales. A ce niveau, quatre (4) Etats, le Bénin, le Burkina, le Mali et le Sénégal respecteraient ce critère. La Guinée-Bissau détiendrait le mauvais résultat avec un taux de 5,6 % pour une norme communautaire de 20 % minimum. Faut-il s'étonner de ces résultats ? Non logiquement, car le financement des investissements publics sur ressources internes ne peut se faire que grâce aux excédents budgétaires dégagés. Or, il nous a été donné de constater que le solde budgétaire de base qui permet de dégager ces excédents ne serait satisfait que par trois (3) Etats113(*).

    Concernant les critères du déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal et du taux de pression fiscale, ils ne seraient satisfaits respectivement que par la Côte d'Ivoire et le Sénégal114(*).

    Au total, on peut affirmer que la convergence n'a pas été réalisée en 2002 car aucun des huit Etats ne respecterait l'ensemble des huit (8) critères.

    Finalement, ne peut-on pas conclure que les critères de convergence sont bien sévères pour nos Etats dont l'économie est encore extravertie ? Peut-on demander à des Etats dont l'essentiel des ressources proviennent de la bonne humeur des partenaires financiers de satisfaire à des critères de convergence économique ? Ou alors doit-on considérer que nos Etats n'ont pas suffisamment mis en oeuvre les réformes nécessaires à la réalisation des objectifs de convergence ? Voilà autant de questions qui méritent d'être soulevées si l'on ne veut pas continuer à différer l'horizon de convergence. Certainement que les perspectives du Pacte de convergence constitueront un début de réponse à ces interrogations au regard des chantiers importants de la surveillance multilatérale et de la volonté des Etats à faire converger leurs économies.

    CHAPITRE 2

    Au regard des perspectives

    Malgré le tableau quelque peu sombre présenté à propos de l'état de la convergence des Etats de l'Union115(*), il convient de se convaincre que la convergence des politiques et performances économiques voulue n'est pas définitivement un leurre. Bien au contraire, les principaux éléments économiques et financiers des programmes pluriannuels 2003-2005 (section 1ère), ainsi que l'ambitieux Programme Régional d'Appui Statistique à la surveillance multilatérale (section 2ème), incitent à l'optimisme.

    Section 1ère : Les programmes pluriannuels

    2003-2005

    Comme on le sait, ce sont ces programmes qui permettront à moyen terme d'atteindre les objectifs de la convergence des économies.

    Pour cette nouvelle période 2003-2005, six (6) pays ont fourni leur programme (Bénin, Mali, Niger, Togo, Sénégal et Burkina Faso)116(*), mais celui du Sénégal et celui du Burkina Faso n'ont pas encore été examinés par le Conseil des Ministres de l'UEMOA. Les autres pays se font encore attendre alors que selon l'article 3 de la Directive n°01/2000/CM/UEMOA portant définition d'un calendrier opérationnel pour la mise en oeuvre du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres de l'UEMOA, chaque Etat doit transmettre à la Commission, au plus tard, à la fin du mois d'octobre de chaque année, son programme. On ne pourra donc pas se prononcer sur l'ensemble des programmes. Ce qui est bien dommage pour l'analyse. Cela dit, une évaluation des quatre (4) programmes déjà adoptés par le Conseil sera faite (parag 2ème) après avoir présenté leurs principaux éléments (parag 1er).

    Paragraphe 1er : Principaux éléments des programmes

    L'examen de ces principaux éléments consistera à décrire d'une part, les objectifs des programmes pluriannuels 2003-2005 (A) et d'autre part, les actions qui sous tendent leur réalisation.

    A- Les objectifs

    Dans l'ensemble, les options de politique économique prévues dans le cadre de ces nouveaux programmes visent à consolider les acquis en matière de convergence117(*) et à relever les défis des critères dont les normes n'ont pu être respectées.

    Ainsi le Bénin, le Mali, le Niger et le Togo visent respectivement à porter leur taux de croissance du PIB réel à 7 %, 4,5 % et 4,2 % en moyenne par an jusqu'en 2005.

    S'agissant à proprement parler des critères de convergence, les critères retenus varient d'un pays à un autre en fonction certainement des performances réalisées par chacun lors du bilan du dernier programme. C'est ainsi que le critère du taux d'inflation annuel moyen a été retenu par des Etats comme le Bénin, le Mali et le Niger. Le premier vise une maîtrise de l'inflation dans les limites de 3 % par an, le deuxième veut de même le contenir au même taux, le troisième reste également dans les mêmes limites de 3 %.

    Un autre critère a été cette fois retenu par tous les pays.

    C'est le critère du déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal. On se souvient que seule la Côte d'Ivoire avait pu respecter ce critère en atteignant un taux de 1,5 % pour une norme fixée à 5 % maximum. Pour ce critère, le Bénin se fixe comme objectif de le limiter à 5 % d'ici à l'an 2005. C'est le même objectif qui a été retenu au Mali. Par contre le Togo prévoit de le faire passer de 13,3 % en 2003 à 12,4 % en 2005. Au Niger, il sera réduit à un taux de 8,8 % en 2005.

    Le critère du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal, appelé critère clé, sera ramené au Mali à 2 % tandis qu'au Togo, des efforts seront entrepris pour qu'il passe de 0,0 % en 2003 à 1,5 % en 2005.

    Le taux de pression fiscale, au Niger, passera de 11 % en 2003 à 11,5 % en 2005. Au Togo, il sera de 13 % en 2005 après avoir passé la barre de 12,6 % en 2003.

    D'autres objectifs de convergence ont été prévus au Niger. Ainsi, le ratio masse salariale rapporté aux recettes fiscales passera de 33,4 % en 2003 à 28 % en 2005. En outre, ce pays veut satisfaire le ratio de l'encours de la dette publique totale rapporté au PIB nominal en la faisant passer de 82,5 % en 2003 à 63 % en 2005. Il affirme enfin sa volonté de ne pas accumuler des arriérés de paiements sur toute la période 2003-2005.

    A côté de ces défis du respect des critères de convergence que les Etats prévoient de relever, il y a ceux de la réduction de pauvreté qui n'ont pas été occultés par certains d'entre eux.

    En effet, le Bénin s'est fixé pour objectif d'atteindre un minimum social commun en assurant la sécurité alimentaire, l'accès à l'éducation de base, l'accès aux services de santé primaire, l'accès à l'eau potable pour tous, la réfection des pistes rurales et l'ouverture de nouvelles pistes. Cet objectif béninois n'est pas différent de celui du Niger quand ce pays dit que son programme vise par ailleurs la mise en oeuvre de la stratégie de la réduction de la pauvreté et la bonne gouvernance politique, judiciaire et financière.

    Quant au Togo, il s'est donné comme autres objectifs dans son programme :

    - la poursuite de l'assainissement des finances publiques, à travers une maîtrise des dépenses courantes ;

    - l'accélération des réformes structurelles, notamment la restructuration et la privatisation des entreprises publiques ;

    - la poursuite des efforts de restructuration et de privatisation du système bancaire ;

    - la diversification des exportations et la maîtrise de l'accroissement des importations.

    Tout ce chapelet de bonnes intentions ne peut devenir réalité que si elles sont sous tendues par des actions réfléchies et sainement conduites par les différents pays.

    B- Les actions

    Pour conduire à bien les objectifs qu'ils se sont défini, les Etats ont élaboré dans chaque domaine de l'économie des actions et activités qu'ils se donneront les moyens de réaliser.

    Dans cette logique, le Bénin, peut atteindre l'objectif de croissance accélérée de 7 % du PIB réel en 2005, par des actions qui consisteront à relancer durablement le système de production. Celle-ci se fera à travers notamment la diversification des filières de production, la promotion des activités de transformation agro-industrielle et le soutien à la compétitivité interne des produits locaux. Dans le domaine agricole en particulier, en plus du coton, de nouvelles filières agricoles (noix de cajou, manioc ...) ont été identifiées et la promotion de ces cultures, destinées pour l'essentiel à l'exportation, est en cours.

    Pendant ce temps, au Mali, on compte sur une amélioration des conditions pluviométriques dans la période 2003-2005, pour permettre une reprise de la production cotonnière, qui serait renforcée par la hausse attendue dans la production de riz et le dynamisme des autres branches du secteur primaire.

    Les autorités du Niger, quant à elles, prévoient de favoriser d'une part la production et l'exportation des produits agro-pastoraux et d'autre part la compétitivité et la reconstitution du stock alimentaire de sécurité.

    Au Togo, les stratégies de convergence de l'économie sur la période étudiée reposent sur la diversification des exportations et la maîtrise de l'accroissement des importations. Elles consistent à promouvoir la production locale et à maîtriser les importations exceptionnelles de certaines catégories de biens d'équipement, dans le but de réduire le déficit chronique de la balance commerciale, d'améliorer le solde extérieur courant et de soutenir la croissance.

    Au plan des finances publiques, tous les pays prévoient une amélioration des recettes grâce à un meilleur renforcement des capacités des régies financières, un meilleur respect des principes budgétaires notamment au Bénin. Ce pays prévoit aussi de maîtriser ses dépenses publiques en assurant une meilleure élaboration du budget unifié, la mise en place des budgets-programmes, la maîtrise du Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFIP) et la mise en oeuvre judicieuse du code des marchés publics. Cette maîtrise des dépenses publiques n'est pas la seule affaire du Bénin, loin s'en faut. Au Mali notamment, il a été élaboré un Cadre de Dépenses à Moyen Terme qui devrait permettre d'assurer une bonne orientation des dépenses publiques. Toujours au Mali, au niveau des recettes, une attention particulière sera accordée à la mise en oeuvre efficace des mesures relatives à la nouvelle fiscalité applicable aux produits pétroliers et à la modification du Code Général des Impôts sur la TVA et l'Impôt Spécial sur Certains Produits (ISCP).

    Au Niger, l'Etat poursuivra l'assainissement des finances publiques avec des mesures telles que la fiscalisation du secteur informel, la relance automatique de tous les contribuables retardataires, le renforcement de l'administration fiscale.

    Les mesures au Togo ne sont guère différentes. Cependant, on précise que l'on élargira l'assiette tout en limitant les exonérations et en luttant contre la fraude, la contrebande, la corruption.

    Seul le Bénin, selon le rapport d'exécution de la surveillance multilatérale, a prévu une politique en matière monétaire pour cette période 2003-2005. Il appliquera une politique prudente en veillant à la régularité du contrôle des établissements de crédit par la commission bancaire et en facilitant le développement de nouveaux instruments financiers de mobilisation de l'épargne.

    Toutes ces actions décrites permettront-elles effectivement de réaliser les objectifs fixés dans les programmes ? C'est la question de l'évaluation des programmes qui se trouve ainsi posée.

    Paragraphe 2ème : Evaluation des programmes

    L'appréciation du « réalisme » des programmes arrêtés par les Etats nécessite qu'ils soient évalués d'abord par rapport à leur pertinence (A) et ensuite par rapport à leur conformité aux objectifs de convergence du Pacte (B).

    A-  Leur pertinence

    Mesurer la pertinence des programmes pluriannuels, c'est s'assurer qu'au regard de l'évolution de leurs économies et des différentes mesures à mettre en oeuvre, les Etats sont à même d'atteindre les objectifs préalablement définis.

    Dans l'ensemble, l'objectif de croissance retenu dans les différents programmes semble optimiste et réalisable compte tenu des potentialités économiques détenues par chacun des Etats.

    Par exemple, au Bénin, la réalisation du taux de croissance soutenue d'environ 7 % est possible en raison de l'évolution tendancielle de l'économie dont le taux de croissance moyen enregistré sur la période 2000-2002 est de 5,4 %. Cependant, cette performance risque d'être sérieusement compromise si le taux d'investissement global n'est pas porté à au moins 25 % alors qu'il se situerait autour de 23 % sur la période 2003-2005.

    Au Mali, le dynamisme du secteur aurifère durant ces dernières années et les performances attendues des autres secteurs de l'économie notamment la branche énergie avec la connexion au réseau de Manantali indiquent que l'hypothèse d'une reprise de l'économie est réaliste. Néanmoins selon le rapport de la surveillance multilatérale, « la base de prudence constatée dans les prévisions des niveaux de croissance du programme n'a pas été suffisamment bien explicitée. Les hypothèses avancées seraient encore plus pertinentes si elles s'appuyaient sur une analyse des conséquences éventuelles de la crise qui prévaut en Côte d'Ivoire »118(*).

    S'agissant du Niger et du Togo, leur objectif de croissance est également réaliste si l'on tient compte des gros investissements qui y ont cours119(*).

    Malheureusement, exception faite du Bénin, le taux de croissance attendu par tous les pays est en déça du taux de 7 % requis pour lutter contre la pauvreté.

    Pour soutenir leur croissance, les Etats projettent de rendre excédentaire le solde budgétaire de base. Mais au Niger, on remarquera que les recettes projetées semblent faibles et ne traduisent pas les efforts enregistrés en 2002120(*). Il en découle une faible amélioration du solde budgétaire de base. Malgré tout, le Niger annonce que le taux de pression fiscale sera porté à un niveau plus élevé (il passerait de 11 % en 2003 à 11,5 % en 2005 alors que la norme minimale exigée est de 17 %) si les mesures contenues dans son programme, tels que la fiscalisation du secteur informel ou encore le renforcement de l'administration fiscale, venaient à être appliquées. Restons encore au Niger, pour dire que l'encours de la dette indiqué (il passerait de 82,5 % du PIB en 2003 à 63,1 % en 2005) ne prend pas en compte les nouveaux décaissements et les effets de l'initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) attendus pour mi-2003. Selon le rapport de la surveillance multilatérale, « en l'absence de ces effets, il ne serait pas possible, de passer d'un encours de 82,5 % du PIB à 63,1 %, soit une réduction de plus de 25 points de PIB sur une période de trois (3) ans »121(*).

    Concernant ce problème d'endettement, le Bénin et le Mali n'ont pas fourni de données sur la dette intérieure. Ce qui ne permet pas de cerner l'encours total de la dette et, de faire les comparaisons entre les Etats membres afin de bien apprécier la soutenabilité de la dette.

    La finalité de tous ces programmes pluriannuels dont la pertinence vient d'être étudiée est d'assurer le respect à moyen terme des objectifs de convergence. Sont-ils alors conformes à ces objectifs de convergence ?

    B- Leur conformité aux objectifs de convergence

    S'agissant à présent de la conformité des sentiers de convergence des Etats par rapport aux objectifs de convergence, on observe qu'au Bénin, c'est le critère du taux de pression fiscale qui ne sera pas conforme tout comme dans le précédent programme. Cependant, on peut noter qu'il arrivera à satisfaire le critère du déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal autour de 4,9 % en moyenne sur la période 2003-2005. Ce qui constituerait une très belle performance car seuls ces deux critères (taux de pression fiscale et déficit extérieur courant hors dons/PIB nominal) n'avaient pas été respectés en 2002. Aussi, il réussira à porter le critère du déficit courant extérieur hors dons/PIB nominal de 0,9 % pour cette année à 2,3 % pour 2005122(*). Le critère des investissements publics financés sur ressources internes connaîtrait une légère amélioration par rapport à 2002 en passant à 22,3 %.

    Tout comme au Bénin, le taux de pression fiscale ne serait pas satisfait au Niger où il ne sera qu'à 11 % en 2003 puis 11,5 % en 2005 en dessous de la norme de 17 % minimum exigée. Par contre, il améliorera le critère de la masse salariale rapportée aux recettes fiscales en le portant à 33,4 % en 2003 et 28 % en 2005 ; alors qu'il n'a été que de 35,9 % en 2002, respectant par là même la norme communautaire de 35 % maximum. Si ses nombreuses mesures annoncées pour apurer la dette publique sont véritablement mises en oeuvre, le Niger réussira à établir l'encours de cette dette à 82,5% du PIB en 2003, puis à 63,1 % en 2005 dépassant assez largement la contre-performance de 91,4 % réalisée en 2002 pour une norme de 70 % maximum exigée. Mais le programme indique que les critères du déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal et des investissements publics financés sur ressources internes rapportés aux recettes fiscales ne seront pas respectés.

    Le déficit extérieur courant ne sera pas non plus respecté chez son voisin malien. Au Mali, il faut dans cet ordre inclure également le taux d'endettement. Ce taux n'a pas été respecté en 2002 où il se situait à 88,3 % du PIB.

    Néanmoins, les autres critères seront respectés. Ainsi le critère clé sera porté à 2,3 % si les mesures fiscales en chantier connaissent un début de réalisation. Ce qui rejaillirait sur le taux de pression fiscale qui s'améliorera de 15,1 % en 2003 avant d'atteindre 17,6 % en 2005 au dessus du mauvais résultat de 14,3 % obtenu en 2002. Les investissements publics financés sur ressources internes rapportés aux recettes fiscales suivront le même exemple en passant de 24,8 % en 2003 à 29,3 % en 2005.

    Le Togo ne sera pas en reste. Ici, tous les critères de 1er rang seront respectés sauf celui du taux d'endettement. Au chapitre des belles réalisations, il faut mentionner le taux de pression fiscale qui passera successivement de 12,6 % à 12,8 % puis à 13 % respectivement en 2003, 2004 et 2005. Cette progression est à encourager même si la norme exigée de 17 % minimum ne sera pas respectée. Il en est de même pour les investissements publics financés sur ressources internes qui passeront de 9,6 % en 2003 à 9,8 % en 2005 pour une norme exigée de 20 % minimum et du déficit extérieur courant hors dons rapporté au PIB nominal qui passera de 13,3 % en 2003 à 12,4 % en 2005 pour une norme exigée de 5 % maximum. Par contre, le critère clé passera de 0,0 % en 2003 à 0,6 % en 2004 pour s'établir à 1,2 % en 2005. Ce critère a pourtant été établi à 1,1 % en 2002. Comment expliquer la mauvaise performance que connaîtra l'évolution de ce critère au Togo ? La réponse est sans doute à rechercher dans la faible mobilisation des ressources budgétaires.

    Au total, on aboutit à la conclusion que tout comme en 2002, aucun pays pour le moment123(*) ne respectera tous les critères de convergence. On note tout de même, pour les quatre (4) Etats étudiés, une amélioration sensible, pour certains d'entre eux124(*), des critères de convergence. Encore une fois, toutes ces prévisions prometteuses ne deviendront une réalité que si et seulement si les différentes actions connaissent un début de réalisation comme c'est le cas avec le Programme Régional d'Appui Statistique à la surveillance multilatérale.

    Section 2ème : Le Programme Régional d'Appui

    Statistique à la surveillance

    multilatérale

    La surveillance multilatérale dont le renforcement est assuré par le Pacte de convergence, ne peut être efficacement mise en oeuvre que si les Etats membres de l'UEMOA observent une discipline collective qui peut être évaluée de façon objective sur la base d'indicateurs macro-économiques fiables. Or, l'on constate qu'elle se heurte à des difficultés majeures provenant notamment du manque de comparabilité de nombreux agrégats macro-économiques par suite de l'hétérogénéité des méthodologies et des concepts retenus dans les Etats membres. La nécessité de la mise en place de statistiques harmonisées et fiables s'imposait. Cette nécessité a amené les autorités communautaires à lancer un Programme Régional d'Appui Statistique dénommé `'PARSTAT''. Certaines activités à mener dans le cadre du PARSTAT ont démarré ou connaissent un début de démarrage (parag 2ème) conformément aux objectifs que ledit programme s'est défini (parag 1er).

    Paragraphe 1er : Les Objectifs du PARSTAT

    Les objectifs du PARSTAT s'inscrivent dans le cadre plus large de l'appui de la Commission Européenne au renforcement du processus d'intégration économique régionale des pays de l'UEMOA. Trois objectifs spécifiques ont été retenus. Mais seuls les objectifs répondant aux besoins statistiques prioritaires de la surveillance multilatérale (A) et au renforcement sur le plan institutionnel de la Commission de l'UEMOA et des systèmes statistiques nationaux (B) seront évoqués125(*).

    A- Les besoins statistiques prioritaires de la surveillance

    multilatérale

    On se rappelle que nous avions émis des inquiétudes sur la fiabilité des données statistiques que doivent produire les Etats pour les nécessités de la surveillance multilatérale126(*). Ces inquiétudes connaissent un début d'apaisement avec cet objectif du PARSTAT, qui du reste, demeure le plus important. A cet effet, la Commission et les Comités Nationaux de Politique Economique, ont défini un périmètre restreint de la surveillance portant sur les comptes économiques, les prix, les finances publiques, la balance des paiements, la situation monétaire et la dette publique. Sur la base de ce périmètre, des domaines statistiques prioritaires ont été retenus.

    Il s'agit tout d'abord des comptes nationaux : dans ce domaine très vaste, la priorité devra être accordée dans le programme régional à l'harmonisation des PIB (tant au niveau des estimations du PIB que du calcul des données définitives) ainsi que des principaux agrégats (PNB, RNDB...)127(*).

    Ensuite, il s'agit également du secteur informel urbain et l'emploi. Une meilleure connaissance statistique de ce secteur (activités, revenus, emploi) est indispensable dans le cadre de la surveillance multilatérale pour deux raisons. D'une part, elle permettra une meilleure appréciation du PIB. En effet, la mesure de la valeur ajoutée au secteur informel repose souvent sur des hypothèses fragiles, par manque de données statistiques fiables et récentes couvrant l'ensemble des activités informelles.

    D'autre part, des informations sur l'emploi informel seraient ainsi disponibles ; ce qui permettra d'initier un mécanisme de suivi statistique de l'emploi en milieu urbain.

    Enfin, le domaine statistique a concerné l'indice de la production industrielle. Il s'agit d'un indicateur représentatif de l'activité économique du secteur moderne. Bien entendu, il ne couvre pas l'ensemble du secteur moderne puisque les Bâtiments des Travaux Publics (BTP), les services et les commerces en sont exclus. Cet indice est déjà élaboré dans les pays de l'UEMOA et sa mesure pose souvent problème en particulier en raison de l'insuffisance de la représentativité de l'échantillon des entreprises modernes.

    Par ailleurs, les statistiques du commerce extérieur de même que l'indice des prix à la consommation ont fait déjà l'objet d'harmonisation. En particulier, il a été mis à la disposition de tous les INS (Institut National de Statistique) un logiciel commun de traitement du commerce extérieur. Cependant, il reste encore au niveau national, à raccourcir les délais de production des statistiques et à développer le calcul d'indices de volume et de prix du commerce extérieur. D'où le besoin de renforcement sur le plan institutionnel de la Commission et principalement des systèmes statistiques nationaux.

    B- Le renforcement de la Commission de l'UEMOA et des

    systèmes statistiques nationaux

    Le PARSTAT restera inefficace s'il ne renforce pas sur le plan institutionnel la Commission ainsi que les systèmes statistiques nationaux (SSN).

    S'agissant de la Commission, elle a besoin d'un appui pour l'aider à consolider une capacité statistique interne de suivi, de mise en cohérence, d'analyse et de diffusion au niveau régional. Sa traduction institutionnelle pourrait prendre la forme d'un appui à la direction chargée des études statistiques de la surveillance multilatérale128(*).

    Concernant les INS129(*), leur renforcement est une nécessité. Car on ne peut s'intéresser seulement aux questions de production, d'harmonisation et de diffusion statistique à une échelle communautaire sans tenir compte du contexte national dans lequel ses travaux sont effectués.

    Dans l'ensemble, ce contexte est caractérisé par :

    - le non fonctionnement des mécanismes de coordination des travaux statistiques au niveau national ;

    - une forte rotation du personnel d'encadrement et dans certains INS, un manque de ressources humaines qui se heurtent à de grandes difficultés de recrutement en raison des contraintes budgétaires ;

    - des moyens de fonctionnement très limités qui expliquent des blocages dans les tâches de production et de diffusion des données (matériel informatique en panne, absence de papier, impossibilité de financer les charges récurrentes d'enquêtes menées régulièrement...).

    Ce bilan justifie la prise en compte d'une dimension institutionnelle importante dans ce projet et en faveur des SSN.

    Ce renforcement institutionnel des SSN passe par :

    - l'intégration des besoins statistiques prioritaires de la surveillance dans les programmes statistiques annuels nationaux. Les activités prévues dans ce cadre doivent assurer le renforcement des capacités d'organisation et de gestion des SSN ;

    - la consolidation des capacités nationales de production, d'analyse et de diffusion des statistiques prioritaires de la surveillance multilatérale. Les besoins à ce niveau peuvent être différents d'un INS à l'autre. Dans l'ensemble, ils concernent le renforcement des ressources humaines nationales, la formation pratique, la maintenance du parc informatique, la gestion de la documentation et la prise en charge partielle des coûts récurrents de collecte des informations.

    Dans ce programme, l'objectif sera de mettre à la disposition des INS, un budget global destiné à renforcer leurs capacités de production, d'analyse et de diffusion. L'utilisation de ce financement pourra être modulée en fonction des besoins spécifiques de chaque INS.

    Si dans l'ensemble, on peut se réjouir de tous ces chantiers, on ne saurait occulter les difficultés certaines qui pourraient se poser à leur réalisation effective. En effet, selon les responsables chargés des études statistiques à l'UEMOA, les partenaires financiers (l'U.E notamment) devant aider à financer ces projets sont encore tatillons quant aux décaissements effectifs des fonds à allouer. Les procédures à leur niveau et celles de l'UEMOA mettent du temps à être harmonisées. De plus, dans les INS, on est réticent ( ?) à accueillir l'assistance technique étrangère sans oublier que la très grande mobilité du personnel observée dans ceux-ci n'est pas de nature à assurer un suivi continu des réformes.

    Toutes ces difficultés sont bien réelles, mais n'ont tout de même pas empêché le démarrage de certaines activités.

    Paragraphe 2ème : Les activités en cours

    Malgré les obstacles que connaît le PARSTAT, il a pu démarrer l'harmonisation des PIB comparables (A) et il s'apprête à mettre à la disposition des opérateurs économiques une note de conjoncture régionale (B).

    A- L'harmonisation des PIB plus comparables

    En rappel, le PIB correspond à l'ensemble des biens et services produits sur le territoire national quelle que soit la nationalité des producteurs. Il mesure l'ensemble de la richesse d'un pays. Dans le Pacte de convergence, cet agrégat est utilisé pour servir de variable au calcul de certains critères de convergence. Dans le cadre du PARSTAT, le calcul du PIB a été rendu plus comparable.

    En effet, `'Considérant que les besoins urgents en matière de convergence exigent que soit recherchée une plus grande comparabilité des variables retenues dans le calcul des critères de convergence'', le Conseil des Ministres, a adopté depuis le mois d'Octobre 2002, le règlement n° 11/2002/CM/UEMOA portant adoption des modalités de calcul du Produit Intérieur Brut (PIB) dans les Etats membres de l'UEMOA. Ce règlement, selon son article 1er, a pour objet de fixer les règles relatives aux modalités de calcul du PIB130(*) dans les pays membres. A cet effet, il est demandé aux Etats l'adoption de la nomenclature de présentation des comptes jointe au règlement sus-cité, et qui en fait partie intégrante, en vue de faciliter la comparaison de leur PIB.

    Dans le cadre de l'élaboration de leur PIB, les Etats prennent en compte les éléments ci-après :

    - les loyers imputés ;

    - la consommation pour compte propre des ménages ;

    - la Consommation de capital fixe (CCF) des administrations dans le calcul de la production de ces administrations ;

    - les opérations liées à l'aide extérieure (et notamment les salaires versés aux assistants techniques résidents). En outre, les productions de la campagne n/n + 1 sont affectées à l'année civile n pour la prise en compte des campagnes de production agricole.

    Bien que n'ayant fait son entrée en vigueur que seulement le 01 Janvier 2003, des pays comme le Sénégal et Mali ont utilisé ce nouveau mode communautaire de calcul du PIB pour le calcul de leurs performances en matière de convergence. On se souvient qu'au Sénégal, en particulier, le taux de croissance calculé à partir des PIB comparables, serait de 2,4 % en 2002, du fait de l'imputation de la campagne agricole 2002/2003 à l'année 2002.

    On ne le répètera pas assez, l'avantage de ce nouveau mode de calcul du PIB est qu'il contribue à une meilleure comparabilité des indicateurs nationaux des pays les uns avec les autres. Ce qui permet d'analyser avec beaucoup plus d'objectivité les performances de convergence réalisées par chaque Etat.

    Si l'adoption de cette nouvelle modalité de calcul du PIB est déjà en vigueur, il n'en est pas de même pour ce qui concerne la note de conjoncture régionale.

    B- La note de conjoncture régionale

    L'un des trois objectifs spécifiques du PARSTAT est la mise à la disposition des opérateurs économiques des informations statistiques relatives à la situation économique et financière de l'Union. Car ceux-ci, en tant que décideurs ou en tant qu'entrepreneurs, sont impliqués dans le processus d'intégration régionale.

    Il est évident qu'à ce niveau, les besoins sont multiples et très variés. L'UEMOA a donné la priorité à l'information conjoncturelle et celle qui touche à la mesure de la compétitivité des Etats membres de l'Union.

    Pour ce qui est de la compétitivité, celle-ci oblige la Commission de l'UEMOA à mettre à la disposition des opérateurs économiques, une base de données sur la compétitivité au sein de l'Union. Cette base de donnée inclura une partie documentaire (recensement des filières existantes) et une partie chiffrée (sur le coût des facteurs, les prix à la production et sur les marchés des principaux produits fabriqués localement).

    Relativement à l'information conjoncturelle, l'UEMOA essayera de rassembler et de diffuser la masse d'informations existante. A ce sujet, l'on peut noter que dans chaque pays, des travaux de conjoncture sont menés. Les indicateurs de conjoncture les plus classiques sur l'activité économique, les prix, le commerce extérieur, la monnaie et les finances publiques sont en général disponibles.

    L'objectif sera de parvenir dès que possible à la production d'une note de conjoncture régionale trimestrielle incluant le calcul d'indicateurs régionaux et diffusée rapidement aux opérateurs économiques. Au fur et à mesure de l'exécution des différentes activités nationales de ce programme statistique, la qualité et la comparabilité des données devront s'améliorer et enrichir ainsi progressivement la note de conjoncture de l'UEMOA.

    L'intérêt d'une telle note de conjoncture est clair. Dans un espace économique qui se veut concurrentiel et compétitif, mettre à la disposition des opérateurs économiques et des investisseurs des informations statistiques relatives à l'évolution de l'économie dans son ensemble est une exigence. En effet, il n'est pas rare d'entendre des investisseurs se plaindre de l'absence d'informations relatives à l'évolution des activités économiques, des prix afin de pouvoir investir dans tel ou tel Etat ou dans tel ou tel domaine d'activités en toute confiance et en toute sécurité.

    Voilà donc un nouvel instrument qui viendra répondre à ce besoin d'informations des investisseurs qui n'investissent que dans des espaces présentant des gages de sécurité, de rentabilité et de profit. Sa réalisation nécessite, on le devine, l'assistance technique permanente de haut niveau pendant la première année du projet au moins.

    Par ailleurs, signalons que d'autres activités toujours dans le cadre du PARSTAT sont en chantier à côté de l'élaboration des PIB comparables et de la note de conjoncture régionale. Ce sont la finalisation de la construction des outils d'analyse et de précision économique, l'harmonisation du contenu (et non du niveau) des indicateurs (cas de la masse salariale et des investissements sur ressources internes).

    CONCLUSION GENERALE

    La convergence des performances et des politiques économiques voulue par les Etats signataires du Traité du 10 Janvier 1994 instituant l'UEMOA, a nécessité la mise en place d'une procédure de surveillance multilatérale. Présentée comme un mécanisme communautaire de définition et de contrôle des politiques et performances économiques des Etats membres, elle se veut en même temps une réponse à l'exigence de mise en cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire commune.

    L'exercice de cette surveillance multilatérale repose précisément sur la définition de critères normatifs de convergence. Cinq (5) années après son application, les résultats escomptés se sont révélés insuffisants. Devant cette situation et prenant conscience de la nécessité de poursuivre les efforts déjà entrepris en vue de la réalisation des objectifs de convergence, les Etats membres vont signer le 8 Décembre 1999 un engagement formel donnant naissance à un Pacte de convergence, de stabilité de croissance et de solidarité.

    L'analyse juridique de ce Pacte a permis d'une part de révéler son originalité en raison notamment de la spécificité de l'acte additionnel qui le contient. En effet, de par son caractère d'applicabilité directe et immédiate, le Pacte de convergence s'applique de façon autonome dans l'ordre juridique interne de chaque Etat membre sans avoir à recourir à un instrument interne de réception. En outre, tout citoyen membre de l'Union peut revendiquer son application devant les juridictions communautaires. Par ailleurs, le Pacte a adopté de nouveaux critères de convergence élargissant ainsi les critères en vigueur avant son adoption. Cet élargissement des critères a conduit les signataires du Pacte à établir par la même occasion une hiérarchisation entre ces critères en vue de mieux conduire le processus de convergence et atteindre les performances économiques attendues.

    Tous ces changements opérés par le Pacte en ont fait un instrument de renforcement du dispositif de surveillance multilatérale ; l'objectif de ce renforcement étant d'aboutir à la réalisation des objectifs de convergence. Pour vérifier la réalisation de cet objectif, la nécessité s'imposait de faire le bilan du Pacte de convergence et d'envisager ses perspectives.

    S'agissant du bilan, on peut retenir que globalement les objectifs de convergence n'ont pas été atteints. Seuls deux (2) Etats, le Sénégal et le Bénin, se détachent du lot avec des réalisations acceptables. Deux (2) autres Etats, le Togo et la Guinée-Bissau ferment la marche avec des performances nettement en dessous des espérances. Les autres présentent un tableau moyen.

    L'explication de cette contre-performance d'ensemble réside pour partie dans l'insuffisance des réformes nécessaires à la réalisation des objectifs de convergence même si par ailleurs les perspectives d'avenir incitent à l'optimisme.

    Concernant ces perspectives, elles trouvent leur raison d'être d'abord dans les options de politiques économiques adoptées par les Etats dans leurs programmes pluriannuels 2003-2005 qui prévoient une amélioration des performances économiques. Ensuite, elles s'appuient sur le vaste Programme Régional d'Appui Statistique à la surveillance multilatérale. Ce projet vise à une meilleure comparabilité des données statistiques indispensables à la surveillance multilatérale.

    Cependant tous ces trains de mesures annoncées ne pourront aboutir aux objectifs souhaités que si les autorités étatiques font siennes les règles de gouvernance politique et économique.

    En effet, nous pensons qu'il y a en priorité un mal de gouvernance politique et économique à la base des résultats peu glorieux offerts par les Etats. Car, on avait pensé que l'échec connu avec les PAS était dû au fait que ceux-ci avaient été imposés de l'extérieur et qu'ils comportaient des mesures trop sévères et impopulaires pour nos Etats. Mais on se rend compte aujourd'hui que, même avec des critères que nos Etats ont eux même élaboré, aucun d'entre eux n'est parvenu à réaliser les objectifs de convergence. Il y a donc là un mal de gouvernance politique et économique. Il ne serait alors pas ridicule qu'à côté des critères macro-économiques de convergence que soient édictés des critères de gouvernance politique et économique.

    Par ailleurs, il est regrettable de constater que l'esprit étatique qui devrait faire place à l'esprit communautaire, dans un espace d'intégration économique sous-régionale, est loin d'être une réalité dans l'UEMOA. Les Etats ne se sont pas encore totalement dépouillés de leurs vieilles habitudes, attachés qu'ils sont à leur souveraineté.

    A l'heure où beaucoup de pays européens frappent à la porte de l'Union Européenne pour son intégration réussie, à l'heure où les partisans d'une Constitution européenne se font de plus en plus entendre, à l'UEMOA, on est à se demander si les Etats membres étaient réellement prêts à constituer un espace économique intégré. Car non seulement la crise survenue en Côte d'Ivoire laisse perplexe quant aux chances de réussite de cette intégration131(*), mais également le rôle joué par les institutions financières internationales, dans la réalisation des objectifs de l'Union en général et dans celui de la convergence de ses économies en particulier, met en relief la très grande dépendance des Etats de l'Union vis à vis de l'extérieur132(*).

    Tout le problème de l'aide extérieure se trouve encore posé. La réflexion à ce sujet a amené les dirigeants africains à inventer le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD). Cette dernière trouvaille est-elle la panacée, la clé de voûte qui permettra à l'Afrique de prendre définitivement son envol ?

    TABLE DES MATIERES

    AVERTISSEMENTS

    DEDICACE

    REMERCIEMENTS

    SOMMAIRE

    LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS

    INTRODUCTION GENERALE 1

    TITRE I : LE PACTE DE CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITE ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UEMOA : INSTRUMENT DE RENFORCEMENT DU DISPOSITIF DE SURVEILLANCE MULTILATERALE 5

    CHAPITRE 1 : ANALYSE JURIDIQUE DU PACTE DE CONVERGENCE 7

    Section 1ère : L'Adoption d'un acte spécifique : 7

    Paragraphe 1er: Nature juridique de l'acte additionnel 7

    A- Une norme de droit dérivé en principe 8

    B- Une norme de droit primaire par affinités 10

    Paragraphe 2ème : L'acte additionnel : un acte propre à l'UEMOA 12

    A- Son fondement 12

    B- Sa portée 13

    Section 2ème : L'adoption de nouveaux critères de convergence 15

    Paragraphe 1er : Les critères avant le Pacte de convergence 15

    A- Dans l'UMOA 15

    B- Dans l'UEMOA 16

    Paragraphe 2ème : Les critères dans le Pacte de convergence 18

    A- Des critères élargis 18

    B- Des critères hiérarchisés 20

    CHAPITRE 2 : ANALYSE ECONOMIQUE DU PACTE DE CONVERGENCE 22

    Section 1ère : Le fondement économique du Pacte de convergence 22

    Paragraphe 1er : Les phases du Pacte 22

    A- La phase de convergence 23

    B- La phase de stabilité 24

    Paragraphe 2ème : L'objectif de solidarité du Pacte 25

    A- Le champ d'application du FAIR 25

    B- Les modalités d'intervention du FAIR 27

    Section 2ème : Des orientations générales de politique économique aux programmes 28

    Paragraphe 1er : Les orientations générales de politique économique et budgétaire 28

    A- Au niveau des politiques économiques 29

    B- Au niveau des politiques budgétaires 30

    Paragraphe 1er : Les programmes de convergence 32

    A- Adoption 32

    B- Suivi et évaluation 34

    TITRE II : LE PACTE DE CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITE ENTRE ETATS MEMBRES DE L'UEMOA : BILAN ET PERSPECTIVES 37

    CHAPITRE 1 :Au regard du bilan 39

    Section 1ère : La situation économique et financière des Etats de l'Union 39

    Paragraphe 1er : L'activité économique et les finances publiques 39

    A- L'activité économique et financière 40

    B- Les finances publiques 42

    Paragraphe 2ème : La situation monétaire et les échanges extérieurs des Etats de l'Union 43

    A- La situation monétaire 43

    B- Les échanges extérieurs 44

    Section 2ème : L'état de la convergence des Etats de l'Union 46

    Paragraphe 1er : Les performances réalisées par rapport aux objectifs individuels de convergence 47

    A- Les critères de 1er rang 47

    B- Les critères de 2nd rang 49

    Paragraphe 2ème : Les performances réalisées par rapport aix objectifs communautaires 50

    A- Les critères de 1er rang 51

    B- Les critères de 2nd rang 52

    CHAPITRE 2Au regard des perspectives 54

    Section 1ère : Les programmes pluriannuels 2003-2005 54

    Paragraphe 1er : Principaux éléments des programmes 55

    A- Les objectifs 55

    B- Les actions 57

    Paragraphe 2ème : Evaluation des programmes 58

    A-  Leur pertinence 58

    B- Leur conformité aux objectifs de convergence 60

    Section 2ème : Le Programme Régional d'Appui statistique à la surveillance multilatérale 62

    Paragraphe 1er : Les Objectifs du PARSTAT 62

    A-Les besoins statistiques prioritaires de la surveillance multilatérale 62

    B-Le renforcement de la Commission de l'UEMOA et des systèmes statistiques nationaux 64

    Paragraphe 2ème : Les activités en cours 65

    A- L'harmonisation des PIB plus comparables 66

    B- La note de conjoncture régionale 67

    CONCLUSION GENERALE 69

    ANNEXES

    BIBLIOGRAPHIE

    TABLE DES MATIERES

    BIBLIOGRAPHIE

    I - DOCUMENTS OFFICIELS

    - Traité de l'UEMOA du 14 novembre 1973 à Paris

    - Traité de l'UEMOA du 10 janvire 1994 à Dakar

    - Directive n°01/96/CM/UEMOA relative à la mise en oeuvre de la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein des Etats membres de l'UEMOA

    - Directive n°02/96/CM/UEMOA relative à la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein des Etats membres de l'UEMOA pour l'année 1997

    - Directive n°01/97/CM/UEMOA relative à la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein des Etats membres de l'UEMOA pour l'année 1998

    - Directive n°01/98/CM/UEMOA relative à la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein des Etats membres de l'UEMOA pour l'année 1999

    - Acte additionnel n°01/98/CM/UEMOA instituant un fonds structurel dénommé « Fonds d'Aide à l'Intégration Régionale (FAIR) » des Etats membres de l'UEMOA

    - Règlement n°01/99/CM/UEMOA fixant les modalités d'intervention et de gestion du Fonds d'Aide à l'Intégration Régionale

    - Acte additionnel n°04/99/CM/UEMOA portant Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA

    - Règlement n°01/99/CM/UEMOA portant définition d'un calendrier opérationnel pour la mise en oeuvre du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA

    - Règlement n°11/2002/CM/UEMOA portant adoption des modalités de calcul du Produit Intérieur Brut (PIB) dans les Etats membres de l'UEMOA

    II- ECRITS DE DOCTRINE

    a- Ouvrages généraux

    - Cerexthe E, Introduction à l'Union Economique Ouest Africaine, Bruxelles ; De Boeck, 1997, 157p.

    - Diouf M, Intégration économique, perspectives africaines, Paris ; Publisud, 1984, 281p.

    - Isaac, G, Droit communautaire général, 2ème éd, Paris, Masson, 1989, 312p.

    - Robson, P, Intégratio, développement et équité : l'intégration économique en Afrique, Paris, Economica, 1987, 220p.

    b- Articles

    - Senghor A, Le système institutionnel de la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein de l'UEMOA, in cahiers du CEEI, FDSP, Déc 99, n°02, 42p.

    - Ibriga.M.L, « Problématique institutionnelle de l'intégration économique de l'Afrique de l'Ouest : essai de définition d'un cadre juridique efficient », in RBD, Déc 1993, p 207 et ss.

    - Monaco.R, « Du caractère institutionnel des actes institutifs d'organisations Internationales, in Mélanges Rousseau, Paris, Pédon, 1974 p153 et ss

    - Yougbaré R. & Batchassi Y, Les actes additionnels de l'UEMOA : Analyse juridique, in cahiers du CEEI, FDSP, juin 99, n°01, 33p.

    III- Mémoires

    - Bazié S.I, Les critères de convergence dans un cadre dr l'UEMOA : « Implications sur la gestion économique et budgétatire (cas du Burkina Faso) », Mémoire ENAREF, Ouagadougou, 2001.

    - Yougbaré R, UEMOA, perspectives supranationales, Mémoire FDSP, Ouagadougou, 1998 110P

    III- Autres

    - Programme Régional d'Appui statistique à la surveillance multilatérale des pays membres de l'UEMOA. (Documents de base), UEMOA, Département des Politiques Economiques

    - Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale de décembre 96, UEMOA, Département des Politiques Economiques.

    - Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale juillet 1998, UEMOA, Département des Politiques Economiques.

    - Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale décembre 1998, UEMOA, Département des Politiques Economiques.

    - Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale de décembre 2002, UEMOA, Département des Politiques Economiques.

    * 1 On désignera l'UEMOA par « l'Union ».

    * 2 Concernant l'UMOA, V. infra p.15

    * 3 Les autres objectifs sont :

    - le renforcement de la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique rationalisé et harmonisé ;

    - la création entre les Etats membres d'un marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant une activité indépendante ou salariale, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale commune ;

    - l'institution d'une coordination des politiques sectorielles nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et éventuellement de politiques communes notamment dans les domaines suivants : ressources humaines, aménagement du territoire, transports et télécommunications, environnement, agriculture, énergie, industrie et mines ;

    - l'harmonisation, dans la mesure nécessaire au bon fonctionnement, des législations des Etats membres et particulièrement le régime de la fiscalité.

    * 4 V.infra p.7

    * 5 Le Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA sera désigné par nous «le Pacte » ou « le Pacte de convergence ».

    * 6 Cependant, au niveau institutionnel, aucun changement n'a été apporté.

    * 7 Cette distinction est essentielle dans la mesure où le régime juridique des deux sources n'est pas identique.

    * 8 Isaac G, Droit Communautaire général, 3ème éd, Masson, P115

    * 9 V. infra p.10

    * 10 Selon cet article, ces actes sont pris par la Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement pour l'accomplissement de leur mission.

    * 11 E. Cerexthe, Introduction à l'Union Economique Ouest Africaine, Bruxelles, De Boeck et Larcier, 1997, p. 100

    * 12 La réception est l'ensemble des mesures internes prises pour organiser et faciliter l'application d'une norme. V. à cet effet, Isaac G, op. cit ; p.161 et ss.

    * 13 Dans le droit international public général, les Traités signés par les Etats n'ont d'effet au plan interne qu'après des procédures de ratification et de réception. Ce n'est qu'après cette formalité que le juge interne est appelé à en assurer le respect. Tel est le régime des Traités institutifs et des protocoles additionnels. Au contraire du droit international classique, le droit communautaire dérivé n'observe pas cette formalité.

    * 14 Expression latine signifiant qu'en est-il ?

    * 15 Certains auteurs pensent que l'acte additionnel est d'application directe, d'autres par contre ne lui reconnaissent pas ce caractère. V. à ce sujet Y. Batchassi et R. Yougbaré, les actes additionnels de l'UEMOA : Analyse juridique, in les cahiers du CEEI, n°1 juin 99 p9

    * 16 Ibidem

    * 17 Cf les actes additionnels n°4/96 de juin 96 instituant un régime tarifaire préférentiel transitoire des échanges au sein de l'UEMOA et son mode de financement et n°4/99 actuellement étudié.

    * 18 La Cour des Communautés Européennes retient le principe de l'applicabilité directe « (...) dans tous les cas où les dispositions (...) apparaissent comme étant du point de vue de leur contenu, inconditionnelles et suffisamment précises » cf. CJCE, 19 janvier 1982, BECKER C/ FINANZAMT MÜNSTER-INNENSTADTS, aff. 8/81 Rec.53

    * 19 Le Pacte de convergence, nous le verrons, contient des dispositions précises comme celles relatives à la définition et au respect des critères de convergence. Cf infra p32 et ss

    * 20 Si le Pacte n'était pas d'application immédiate, les parlements internes ratifieraient l'accord de leurs chefs d'Etat en vue de son application au niveau interne.

    * 21 Ces raisons peuvent être l'analphabétisme des citoyens, leur manque de culture juridique, la lenteur et la lourdeur des procédures judiciaires ainsi que leur coût relativement élevé, la crainte des actions contre l'Etat , ...

    * 22 Les protocoles additionnels sont des actes conventionnels de droit international public. Leur applicabilité dans l'ordre juridique interne des Etats signataires requiert des procédures de ratification et de réception.

    * 23 A contrario d'une organisation de coopération (UE/ACP), dans une organisation d'intégration, ce sont les organes de la communauté, c'est-à-dire de l'organisation, qui prennent à la majorité de leurs membres des actes nécessaires au fonctionnement de celle-ci.

    * 24 Dans la nomenclature des actes du droit communautaire, on retrouve les Traités institutifs et les protocoles additionnels constituant le droit primaire et les règlements, les directives, les décisions, les recommandations et avis constituant le droit dérivé. Les règlements ont une portée générale. Ils sont obligatoires dans tous leurs éléments et sont directement applicables dans tout Etat membre. Les directives lient tout Etat membre quant aux résultats à atteindre. Les décisions sont obligatoires dans leurs éléments pour les destinataires qu'elles désignent. Les recommandations et les avis n'ont pas de force exécutoire.

    * 25 V. supra p.8

    * 26 Batchassi Y. et Yougbaré R. op. cit., p 20 et 51

    * 27 V. également l'acte additionnel n°04/97 portant modification de la Cour de Justice de l'UEMOA ;

    * 28 Le préambule du Pacte dispose qu'il vise à compléter et à renforcer la procédure de surveillance multilatérale.

    * 29 V. infra p.32

    * 30 Pour éviter ce genre d'interprétation qui décrédibilise l'UEMOA, nous pensons qu'il aurait fallu utiliser un protocole additionnel ou initier une révision du Traité au lieu de violer ainsi délibérément ces dispositions.

    * 31 Par exemple, l'acte additionnel n°08/97 est relatif à la Nomination de Monsieur Kaledji AFANGBEJI en qualité de membre de la Cour de Justice de l'UEMOA.

    * 32 Par exemple, l'acte additionnel n°01/98 est relatif à l'institution d'un fonds structurel dénommé « Fonds d'aide à l'intégration régionale des Etats membres de l'UEMOA ».

    * 33 A. Senghor, le système institutionnel de la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques au sein de l'UEMOA, in cahiers du CEEI, FDSP, n°002 déc 99 p2

    * 34 Dans le Traité de Maastricht, les indicateurs sont les suivants :

    - réduction de la variabilité des taux de change (10 %),

    - réduction du taux d'inflation (1 à 9 %),

    - réduction du ratio déficit budgétaire/PIB (5 %) ,

    - plafonnement du financement du déficit budgétaire par la Banque Centrale (10 %).

    Le Traité du 16 mai 1994 instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) édicte également un certain nombre de critères de convergence. Ce sont :

    - présenter un taux de couverture extérieure de la monnaie = 20 % ;

    - dégager un solde budgétaire primaire > 0 ;

    - ne pas accumuler d'arriérés de paiements tant intérieurs qu'extérieurs ;

    - ne pas augmenter la masse salariale de la fonction publique à un rythme plus rapide que celui des recettes budgétaires. 

    * 35 A. Senghor, op. cit., p26

    * 36 Cette Directive fixe pour la 1ère fois les critères de convergence de l'UEMOA

    * 37.Rapport semestriel d'exécution de Déc 96.

    * 38 A. Senghor explique également que cette performance est due au fait que la plupart de ces Etats avaient déjà appliqué un programme d`ajustement structurel qui organisait la réduction de ce ratio.

    * 39 Dans la CEMAC, le critère consiste à rapprocher les variations (en %) de la masse salariale de la fonction publique et des recettes budgétaires.

    * 40 V. supra p.16

    * 41 V. Rapport semestriel d'exécution de juillet et décembre 98 et également de décembre 99.

    * 42 Le budget-programme est un document explicatif joint au projet de loi de finance et qui décrit, pour chaque Ministère les objectifs, les programmes qui concourent à leur réalisation et les moyens qui leur sont affectés. C'est le document final qui l'on obtient avec la mise en oeuvre de la technique du budget par objectifs économiques. Des pays comme le Sénégal et le Burkina Faso ont adopté le budget-programme comme outil de gestion budgétaire. Le budget-programme contient un programme triennal.

    * 43 Cf infra p.32

    * 44 Il est courant aujourd'hui, dans nos pays en développement, d'entendre dire que payer l'impôt contribue à appauvrir davantage le citoyen qui n'est que déjà trop pauvre.

    * 45 Si l'on constate une amélioration de cet indicateur, le risque existerait de porter son taux à un niveau supérieur comme on l'a vu avec les autres indicateurs. Cf. supra p.17 et ss

    * 46 S.I. BAZIE, Les critères de convergence dans le cadre de l'UEMOA : « Implication sur la gestion économique et budgétaire (cas du Burkina Faso) ». p33

    * 47 Cf Pacte de convergence art 11parag. 2

    * 48 Cf. art 15 al. 1er du Pacte de convergence.

    * 49 Les critères de 2nd rang sont :

    - Ratio de la masse salariale/recettes fiscales =35 % en l'an 2002 ;

    - Ratio des investissements publics financés sur ressources internes/recettes fiscales =20 % en l'an 2002 ;

    - Ratio du déficit extérieur hors dons/PIB nominal =5 % en l'an 2002 ;

    - Taux de pression fiscale =17 % en l'an 2002 .

    Nous avons déjà analysé ces critères cf supra p.16 et ss

    * 50 V. S.I. Bazié, Les critères de convergence dans l'UEMOA. op. cit., p11 et ss.

    * 51 V. infra p.34 et ss.

    * 52 V. infra p.35.

    * 53 Bernard Guerrien, Dictionnaire d'analyse économique, éd. La Découverte, Paris, 1996, p.465

    * 54 V. infra p.50 et ss

    * 55 Le critère clé est le critère du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal qui doit être =0. V. supra p.21

    * 56 V. infra p.35

    * 57 L'UEMOA étant une organisation d'intégration, ses Etats membres ont donc fait abandon partiel de leur souveraineté dans les domaines économique et financier. Chacun des Etats mettant en quelque sorte ses intérêts individuels de côté au profit de l'intérêt communautaire. C'est dans cet esprit que, pour faire face au problème de la disparité économique que présente l'Union, les Etats ont entrepris d'organiser des actions de solidarité en faveur des plus pauvres d'entre eux.

    * 58 Dans l'UEMOA, la Côte d'Ivoire représente à elle seule 40 % du PIB de l'Union, le Sénégal 20 % et les autres 40 % sont représentés par les autres Etats.

    * 59 V. préambule du Pacte et son article 2.

    * 60 L'UEMOA en la matière n'innove pas car la pratique des fonds structurels a commencé avec l'Union Européenne.

    * 61 Le PCS assure un financement de façon autonome des activités de l'Union. Il est assis sur la valeur des produits importés de pays tiers par les Etats de l'Union à un taux de 1 %.

    * 62 En particulier dans les domaines des transports, des communications, des aménagements agro-pastoraux et de l'électricité.

    * 63 L'eau potable, la santé, l'éducation de base, l'assainissement du cadre de vie, la protection de l'environnement ....

    * 64 Ce sont les groupements de base regroupant des personnes mettant en commun leurs moyens et poursuivant l'un des objectifs visés par le fonds.

    * 65 Ce sont :

    - la densité du réseau routier bitumé

    - la densité du réseau routier en terre

    - la densité du réseau de pistes rurales

    - le taux de scolarisation

    - l'indice de développement humain

    * 66 V. annexe 2 du règlement n°01/99 sus-cité

    * 67 La programmation est quinquennale

    * 68 Source : UEMOA, Direction des Fonds Structurels

    * 69 Sont éligibles au concours financier du fonds, les projets ou programmes remplissant les critères ci-après :

    - répondre à au moins un des trois objectifs spécifiques ;

    - s'insérer dans les priorités fixées dans le document cadre de programmation ;

    - être situés dans une zone d'intervention éligible ;

    - être accompagnés d'un dossier permettant de se prononcer sur la pertinence et la crédibilité de l'opération ;

    - émaner des différents bénéficiaires cibles.

    * 70 Ici également, on utilisera les expressions « programmes » et « programmes de convergence » pour désigner « les programmes de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA».

    * 71 Seule l'action consistant à lutter contre l'inflation est restée commune aux trois Directives concernant les orientations générales de politique économique.

    * 72 Cf art 4 et 1 respectivement des Directives n°02/96/CM et n°01/97/CM et n°01/98/CM. Ces critères ont été déjà étudiés. V supra p.18

    * 73 Cf supra, p.16 et ss

    * 74 Cf supra p.16 et ss

    * 75 La première Directive fixant les orientations générales de politiques économiques et budgétaires date de septembre 96, cf. Directive n°02/96/CM déjà évoquée.

    * 76 L'art. 3 du règlement n°11/99/CM/UEMOA portant modalité de mise en oeuvre du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA dispose que les programmes sont actualisés chaque année.

    * 77 Le secrétariat Conjoint est un organe composé de la Commission de l'UEMOA, de la BCEAO et de la BOAD. Il prépare les travaux du Conseil des Ministres.

    * 78Rappelons que les décisions sont obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu'elles désignent.

    * 79 Les CNPE sont des organes d'exécution du dispositif de surveillance multilatérale au niveau de chaque Etat. Leur principale mission est d'assister la Commission dans la collecte et l'analyse des informations statistiques relatives à chacun des pays membres.

    * 80 L'art. 8 de ladite Directive dispose que « [...] les Etats s'obligent d'une part à prendre toutes les dispositions permettant à ces comités d'accéder aux statistiques de leur pays, et d'autre part, à garantir la bonne exécution de leur mission en les mettant sous la supervision d'une autorité de tutelle appropriée [...] »

    * 81 Si on peut saluer cette liberté de communication, encore faut-il que la communication soit transparente et débarrassée de toute asymétrie.

    * 82 V. supra p.10

    * 83 cf. art. 8 du Pacte de convergence

    * 84 On remarquera que dans le Traité, l'exécution des actions est jugée non conforme si un Etat ne satisfait pas aux exigences de convergence des politiques et des performances économiques. L'évaluation n'est pas aussi précise que dans le Pacte où l'on se fonde sur l'évolution d'un des critères de convergence pour apprécier la conformité du programme.

    * 85 Des Etats comme la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau et le Togo ont déjà élaboré des programmes de mesures rectificatives. Pour le dernier cité, V. la Directive n°05/2001/CM/UEMOA du 06 juillet 2001.

    * 86 V. art 74 et suivants du Traité pour les sanctions.

    * 87 L'art. 10 du Pacte évoque la force majeure ayant des effets sensibles sur la situation financière de l'Etat membre concerné, l'évolution défavorable de l'activité économique, la dégradation de l'activité économique. Lorsque ces circonstances exceptionnelles surviennent, le mécanisme de mise en oeuvre des sanctions est suspendu.

    * 88 Les procédures collectives sont des procédures prévues pour le sauvetage des entreprises en difficulté. Ces procédures prévoient par exemple que lorsque le commissaire aux comptes constate tout fait de nature à compromettre la continuité de l'entreprise, il devra alerter les dirigeants sociaux afin d'éviter une probable liquidation de celle-ci.

    * 89 V. supra p.35

    * 90 Malgré la hausse des prix des produits pétroliers liée au nouveau système de tarification à la pompe.

    * 91 V infra p.65 et ss

    * 92 Tout comme le Sénégal, le Mali a utilisé dans le cadre du présent programme pluriannuel le PIB comparable tel que voulu par le règlement n°11/2002/CM/UEMOA portant modalités de calcul du PIB dans les Etats membres de l'UEMOA. Cette innovation a eu des effets sur le niveau du PIB et par conséquent sur certains critères de convergence. Elle contribue à une meilleure comparabilité des indicateurs nationaux avec ceux des autres pays de l'Union.

    * 93 Les avoirs extérieurs nets correspondent à la valeur en monnaie nationale des réserves internationales officielles nettes (or, devise,...). Le net induit une exclusion des engagements extérieurs (dépôts des banques centrales étrangères).

    * 94 La masse monétaire désigne la quantité de monnaie disponible dans un Etat. Au sens large, elle inclut les dépôts à terme et les dépôts d'épargne auprès du système bancaire. Au sens strict, elle comprend seulement la monnaie fiduciaire et les dépôts à vue. Nous utiliserons ici la masse monétaire au sens large. Elle correspond à la somme des avoir extérieurs nets + le crédit intérieur.

    * 95 Le crédit intérieur est composé du crédit à l'Etat et du crédit à l'économie.

    * 96 Dans les premiers pays, elle est due à la fois à l'augmentation des avoirs extérieurs nets et du crédit intérieur.

    * 97 La position nette du gouvernement représente les créances nettes sur l'Etat.

    * 98 Le compte des transactions courantes recouvre les transactions des biens, des services, des revenus et des transferts courants. C'est le compte le plus utilisé.

    * 99 La balance commerciale comprend les transactions de biens (marchandises) uniquement.

    * 100 Ce compte regroupe le compte de capital (transfert de capital, acquisitions /cessions d'actifs non financier) et les opérations financières (investissements directs et les investissements de portefeuille, les réserves).

    * 101 On entend par objectifs individuels de convergence, les normes de convergence fixées par chaque Etat relativement aux critères de convergence.

    * 102 Les objectifs communautaires de convergence sont les normes des critères de convergence telles que fixées dans le Pacte de convergence.

    * 103 La Guinée-Bissau ne s'est pas encore remise de la longue civile qu'elle a connue et le Togo ne reçoit plus de financement de l'U.E.

    * 104 Le contenu des programmes pluriannuels tel que défini par l'art. 5 du Pacte de convergence et la nature juridique de ce Pacte cf supra p.8 et ss font de l'élaboration des objectifs individuels de convergence une obligation. Mais le rapport reste étonnement muet sur les cas de non élaboration des programmes pluriannuels par des Etats.

    * 105 V.Tableau 1 annexes.

    * 106 V. Supra p.42

    * 107 Le Sénégal aussi atteindrait un bon résultat mais seulement par rapport à la norme communautaire et non à l'objectif fixé car celui-ci ne serait pas observé.

    * 108 V. Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale de Décembre 2002 P.35

    * 109 V.Supra p.41

    * 110 V. Rapport , op. cit., P35

    * 111 4 V. Rapport. op cit., P.27

    * 112 Son taux d'endettement serait de 107,0 % en 2002.

    * 113 V. supra p.50

    * 114 V. annexes

    * 115 On peut cependant relever que le bilan fourni par le Sénégal et le Bénin est globalement satisfaisant car le 1er respecte tous les critères de convergence à l'exception du critère du déficit extérieur hors dons/PIB nominal ; le 2ème n'a pas pu satisfaire aux critères du déficit extérieur hors dons/PIB nominal et du taux de pression fiscale.

    * 116 Le Bénin et le Togo ont transmis leur programme le 19 novembre 2002, le Mali le 25 novembre et le Niger le 26 novembre. Les programmes transmis par ces quatre (4) Etats ont tous été adoptés par le Conseil des Ministres.

    * 117 Cette affirmation est surtout vraie pour le Bénin et le Mali

    * 118 Rapport, op. cit., p 39.

    * 119 Ibidem p. 55 et ss.

    * 120 Le présent programme nigérien prévoit une croissance modérée des recettes budgétaires de 10,1 % du PIB sur la période 2003-2005 alors qu'en 2002, elles étaient à 11,4 % du PIB.

    * 121 V. Rapport, op. cit., p.46

    * 122 Il était de 0,8 % en 2002.

    * 123 Les programmes des autres Etats n'ayant pas encore été examinés par le Conseil des Ministres.

    * 124 Le Mali et le Niger.

    * 125 Le 3ème objectif spécifique est de fournir une réponse aux besoins d'information statistique des opérateurs économiques au niveau régional. Il est traité au 2ème parag de cette section parce qu'il fait partie des activités en cours de démarrage. V.infra p. 66 et ss.

    * 126 V. supra p.33 et ss.

    * 127 PNB : Produit National Brut

    RNDB : Revenu National Disponible Brut

    * 128 Cet appui connaît aujourd'hui un début de réalisation dans la mesure où la direction des études statistiques de l'UEMOA, grâce à l'U.E, a pu recruter du personnel et acquérir de nouveaux ordinateurs.

    * 129 Ce sont les INS qui fournissent les données statistiques aux CNPE.

    * 130 L e PIB est calculé selon 3 optiques :

    - L'otique de la production : PIB = Valeurs ajoutées + Droits de douane + TVA

    - L'optique de la dépense : PIB = Consommation + Investissement + (Exportations - Importations)

    - L'optique du revenu : PIB = Salaires + Impôts Indirects Nets de Subvention + Excédent Brut d'Exploitation

    * 131 la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux voulue par l'art. 4-c du Traité est foulée aux pieds dans cet Etat. La crise qui y est survenue a entraîné une sorte de blocage économique dans certains Etats de l'Union (notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso).

    * 132 Le manque de financement extérieur a justifié en partie les contre-performances réalisées par des pays comme le Togo.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand