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Etude comparative de la technique de titrisation France/Etats-unis référence à la titrisation des prêts immobiliers résidentiels

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par Athmane Bouazabia
Université LUMIÈRE LYON 2 - Master Finance 2006
  

Disponible en mode multipage

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Introduction

Depuis plusieurs années le système financier international connaît de profondes mutations, les marchés ont connu une véritable révolution, ces mutations sont principalement déclenchées par deux phénomènes majeurs à savoir les nouvelles technologies et la déréglementation.

Sous l'effet de ces deux forces combinées, on assiste à une véritable explosion de la sphère financière, à l'apparition de nouvelles activités et de nouveaux instruments financiers.

Les banques commerciales sont dès lors contraintes de suivre le mouvement en créant de nouvelles innovations financières parfois même en se lançant dans des opérations à haut risque.

La titrisation qui est la transformation de certaines créances illiquides figurant à l'actif des banques en titres négociables et liquides vient s'inscrire dans ce processus général de désintermédiation et d'innovation financière.

Avec la titrisation, les établissements de crédit disposent d'un instrument de gestion de leur actif qui permet la réduction des risques portés au bilan. La cession des créances sur la clientèle entraîne le transfert à l'investisseur des principaux risques attachés à la détention d'un crédit (risque de défaut, risque de liquidité et de taux). La titrisation favorise l'externalisation des risques vers le marché ou se sont les investisseurs qui supportent la plupart des risques des crédits titrisés.

La titrisation permet d'optimiser la structure des bilans des établissements de crédit par la réduction des risques, elle permet d'accroître la compétitivité et l'obtention d'une meilleure rentabilité.

Nous développerons dans ce travail d'étude et de recherche le concept de titrisation avec comme contour global une étude comparative de cette technique entre la France et les
Etats-Unis, nous aborderons sa genèse suite à la crise du logement aux Etats-Unis. Nous développerons ensuite ses fondements et mécanismes de mise en place par la méthode classique et synthétique. Une dernière partie portera sur l'application de cette technique aux prêts immobiliers résidentiels en france.

Chapitre 1. Historique, fondements et mécanismes de la titrisation

La compréhension des mécanismes fondamentaux de la titrisation passe par le rappel de son historique. En effet, la présentation des origines de ce procédé d'ingénierie financière et du contexte dans le quel il s'est développé permettra de comprendre cette technique et de décrire le rôle des organes servant à réaliser cette opération. La titrisation a été d'abord mise en place aux Etats-Unis sous l'impulsion des agences fédérales. Le mécanisme et méthodes de titrisation se sont développés au fil du temps compte tenu de l'évolution de la sphère financière, cette technique présente un grand nombre d'avantages en matière de gestion des risques et de diversification du financement.

Section 1. Genèse et prémices de la titrisation aux USA 

La titrisation constitue une des formes de financement des crédits les plus évoluées de la finance moderne. Bien comprendre cette technique nécessite de se pencher sur le modèle américain qui fait figure de référence. 

La titrisation est apparue aux Etats unis dans les années 1970, au moment ou il fallait relancer le financement de l'immobilier qui était inadapté en raison du niveau élevé des taux d'intérêt et du plafonnement de la rémunération des dépôts qui avait pour objet de remédier au déficit de la balance des paiements et éviter la fuite des capitaux « Réglementation Q 1(*)».

L'apparition de la titrisation aux USA n'a pas été immédiate, cette technique a bénéficié au fur et à mesure d'un environnement juridique et financier adéquat parfois qualifié de libéral né à la suite de la crise du financement du logement.

1. Le financement du logement et le marché hypothécaire aux USA

Le système de financement du logement aux USA a été mis en place dans les années 1930 en même temps que la mise en place du système bancaire après la crise de 1929. La priorité de l'époque était d'assurer une stabilité financière au système en offrant une protection maximale aux déposants. Le système mis en place distingue deux secteurs : Les banques commerciales traditionnelles et les caisses d'épargne dont la fonction principale et de drainer l'épargne des particuliers et de les protéger contre tout risque de défaillance.

Or, ce système après 50 ans de fonctionnement est qualifié comme l'une des causes majeures de la crise qui affecte le système des caisses d'épargne depuis 1980. La surprotection dont a bénéficié ce secteur est sans doute à l'origine de sa mauvaise gestion et de sa faillite, forts de la garantie de l'Etat et ne redoutant pas la sanction des clients, les caisses d'épargne ont pu se livrer à des actes de gestion arbitraires tels que la mauvaise évaluation des risques, une insuffisante répartition géographique de ces risques et application de taux d'intérêts élevés.

Le système de distribution des financements hypothécaires a été réformé en 1989 selon les dispositions du Financial Institution Reform Recovry and Enforcement qui finalise une restructuration du système devenu obsolète. C'est en définitive dans un contexte extrêmement morcelé que se trouve le marché hypothécaire américain avant l'apparition de la titrisation.

2. L'environnement financier et juridique américain

Une des raisons au développement de la titrisation aux USA repose sur l'existence d'une forme de financement appelée le « Structured Financing » qui consiste à adosser un titre d'emprunt à un actif financier. Les « Structured Financing » ont connu une rapide évolution du fait des transformations de la réglementation et du paysage financier américain.

Ce type d'innovation financière a pu se mettre en place grâce à l'existence d'un environnement juridique libéral qui a permis l'affectation de certains éléments de l'actif en garantie de l'émission de titres de dettes. Ainsi les « Structured Financing » ont connu un rapide succès sur le marché américain et ont permis le développement de la titrisation et donné naissance aux « Asset Backed Securities » (Titres adossés à des actifs bancaires) et « Mortgage Backed Securities » (Titres adossés a des créances hypothécaires)

3. Organismes initiateurs de la titrisation aux USA, le coup d'envoi des agences fédérales

Pour comprendre le phénomène d'apparition de la titrisation il faut remonter à la période de la grande dépression de 1930 ou les caisses d'épargne (Saving and Loans) finançaient le logement par la collecte de fonds à court terme qu'elles reprêtaient à long terme.
En raison des retraits massifs2(*), de la mauvaise gestion des caisses d'épargne et de la défaillance des crédits hypothécaires, l'administration Roosevelt créa  03 organismes :

· En 1932 La Federal Home Loan Bank (FHLB) qui arrêta la réglementation applicable aux caisses d'épargne avec pour objectif de créer un marché secondaire ;

· En 1934 la Federal Housing Authority (FHA) propose une assurance contre le risque de défaillance sur le marché hypothécaire et met en place une standardisation des garanties des prêts ;

· En 1938 la Federal National Mortgage Association (FNMA) ou Fannie Mae disposait de la capacité d'acheter les prêts hypothécaires et de les conserver.

Il existait jusqu'à la fin des années 1970 un oligopole sur la détention des créances hypothécaires, la fonction de stabilisation du marché hypothécaire revenait à la FNMA chargée d'acheter les prêts hypothécaires auprès des établissements de crédit en se refinançant sur le marché obligataire, parallèlement à ça, la FHA garantissait les créances hypothécaires.

Ce schéma a été remis en cause par l'apparition de nouvelles contraintes notamment la hausse des taux d'intérêt, l'accroissement des encours de créances hypothécaires et le marché du logement qui est devenu plus concurrentiel3(*).

De ce fait, les pouvoirs publics ont tenté de faciliter le refinancement des créances hypothécaires, la FNMA a été scindée en deux organismes, l'un conservant ses fonctions initiales et l'autre prenant le nom de Government National Mortgage association (GNMA ou Ginnie Mae) dont la mission était de garantir les certificats représentatifs de crédit aux standards FHA. En 1970 un autre organisme vit le jour la Federal Home Loan Mortgage Corporation (FHLMC ou Freddie-Mae), une agence fédérale qui assume pour sa propre signature des tâches similaires à celles de la FNMA et de la GNMA.

A elles seules, ces agences assument plus de trois quarts des émissions et ce sont ces institutions qui ont lancé les premières opérations de titrisation aux USA.

Section 2. Méthodes et formes de titrisation

Afin de mieux cerner les différentes méthodes de titrisation aux USA, il convient de donner une brève description de la notion du trust4(*). Les émissions des titres s'accompagnent en effet de la création d'un «Trust».Celui-ci constitue la pierre angulaire de l'opération de titrisation, le « Trust » est issu du droit anglo-saxon (Common Law). Il se caractérise par le transfert en

Pleine propriété de tout ou partie du patrimoine d'une personne « le constituant » à une autre personne « trustee » qui doit le gérer et en disposer dans l'intérêt des bénéficiaires.
Le trust sert à l'agencement des opérations financières, il est donc une structure dont le rôle est l'intermédiation entre émetteurs et investisseurs de titres tant en ce qui concerne le transit et l'affectation des flux monétaires que la représentation des droits légaux.
Le trust est constitué sur l'initiative du propriétaire des actifs gagés selon les termes d'une charte préalablement établie entre les deux parties

Il existe deux mécanismes de titrisation, la titrisation classique ou traditionnelle et la titrisation synthétique

1. La titrisation classique :

Consiste dans son principe en la cession des actifs au trust, les revenus provenant des actifs ainsi cédés sont en priorité affectés au remboursement de la dette émise par le véhicule, le cédant perd le contrôle des actifs cédés.

1.1. Le Pass through 

Le pass through est une méthode classique de titrisation et a été crée par l'agence fédérale américaine GNMA en 1970. Lors de l'émission, l'établissement demandeur de fonds vend une partie de ses actifs à l'entité ad hoc qui émet en contrepartie des titres représentatifs d'un droit de propriété sur l'actif gagé. Les titres ne constituent pas une dette pour l'émetteur mais une cession d'actif, les revenus issus de l'actif gagé sont passés aux détenteurs des titres au prorata de leur participation. Les actifs gagés sont généralement assortis de garanties spécifiques en cas de défaillance. L'entité ad hoc opère une distinction entre les flux d'intérêt et de capital provenant de l'actif gagé.

2. La titrisation synthétique :

Il y a un transfert du risque des actifs à un ou plusieurs investisseurs sans cession d'actif. Un collatéral composé de portefeuille de créances est constitué pour le paiement des titres, cette méthode fait appel aux techniques de dérivés de crédit, en cas de pertes sur le portefeuille titrisé les pertes sont allouées aux différents vendeurs de protection.

2.1. Le Pay through 

Cette nouvelle méthode est apparue en 1975. Plus complexe que la première, elle consiste a émettre des Mortgage Backed Bonds et permettre aux émetteurs de conserver leur créances bilantielles. Une caution est constituée par la création d'un portefeuille de créances appelé collatéral qui demeure la propriété de l'émetteur et ne peut l'utiliser que pour des fins de paiement des obligations.

Il existe un autre type de titres appelés les Pay through bonds crées en 1981. Ceux-ci apparaissent comme des dettes de l'émetteur garanties par une sûreté. Dans ce système, les flux financiers des titres sont directement liés à ceux des créances. Le produit du capital et des intérêts reçus des créances sont directement versés aux souscripteurs.

2.2. Le Collateralized Mortgage Obligation (CMO)

Nouvelle technique apparue en 1983, l'intérêt de cette méthode est d'adosser à un lot de créances plusieurs tranches de titres de maturité différentes5(*). Plusieurs investisseurs peuvent être ainsi touchés, le CMO est un Pay through à plusieurs tranches, les trois premières

tranches offrent des taux fixes : Tranche A de maturité de quatre à sept ans, tranche B de maturité de sept à dix ans et tranche C de maturité de dix à douze ans. Sur le plan technique chaque tranche reçoit les intérêts, mais le remboursement du capital peut être différé, la première tranche dont la maturité est la plus faible est amortie alors que les autres ne perçoivent que les intérêts dus, puis le remboursement des tranches suivantes débute une fois terminé celui de la première.

Source : Bond Market Association

3. Schéma simplifié de la titrisation aux USA

Le mécanisme de titrisation aux USA consiste pour un établissement de crédit à céder à un intermédiaire « trust » un ensemble de créances bien déterminées, généralement l'établissement conserve la gestion de ses créances moyennant une rémunération. L'acquéreur des créances se finance par émission de titres négociables par l'intermédiaire d'un établissement spécialisé (cf. schéma : Autres établissements de crédit) qui en fonction de la

nature et de la qualité des crédits et de la notation délivrée déterminent les caractéristiques des titres (Montant, taux, durée)

Source : CERESOLI. M et GUILLAUD. M titrisation et gestion financière de la banque

4. Une vue d'ensemble : Avantages et inconvénients de la titrisation

L'introduction de nouveaux actifs financiers et la création de nouveaux marchés par le biais de la titrisation tient compte de divers intervenants à savoir : les émetteurs, les investisseurs et le marché financier. Avec la titrisation le prêteur initial n'est plus le détenteur de la créance, il en découle un certain nombre d'avantages :

4.1. Diversification du refinancement 

Avant l'existence de la titrisation, la possibilité de se refinancer sur le marché était étroite, les marchés sont parfois peu liquides avec peu d'intervenants. Certaines régions peuvent être demandeuses de crédits et d'autres prêteuses, les taux d'intérêt peuvent être localement différents. La titrisation a permis de ramener de nouveaux investisseurs en leur offrant un marché  plus liquide et plus large caractérisé par plus d'opportunités.

4.2. Diminution des risques 

Compte tenu de la liquidité du marché, il devient plus facile de titriser une large gamme de créances et en conséquence de reporter les risques inhérents sur les nouveaux investisseurs. Cette réduction des risques portée au bilan des banques concerne aussi bien les risques de liquidité car la créance n'est plus à financer par la banque que les risques de défaillance lorsque ces derniers sont transférés aux détenteurs de titres ou aux garanties mises en oeuvre notamment aux organismes d'assurance ou aux vendeurs de protection pour la titrisation synthétique.

4.3. Assouplissement des contraintes 

Les organismes de crédit sont soumis à diverses contraintes relatives notamment à des ratios de fonds propres (Ratio Cooke6(*) et Mc Donough à partir du 01/01/2007). S'ils disposent de créances, ils doivent détenir un montant associé en fonds propres. La titrisation permet de transférer les créances sous formes de titres à d'autres investisseurs, donc ne plus avoir à détenir les fonds propres correspondants.

4.4. Une large gamme de produits, des garanties et une liquidité élevée 

L'existence d'une large gamme de titres aussi bien du point de vue de maturité que des modalités de remboursement facilite pour les investisseurs la diversification de leur portefeuille.

Par ailleurs, les titres bénéficient de diverses garanties et en général ont des degrés de qualité élevée généralement supérieurs aux AAA .Les titres émis par les établissements de crédit ont une liquidité élevée par rapport aux autres titres de créances (Bons de trésor et obligations).

4.5. Sécurité du système financier 

Il y a un risque relatif à la qualité des créances sélectionnées par les banques. En effet, en titrisant leurs créances, les banques se défaussent en partie du risque de défaillance des crédits qu'elles ont accordés et peuvent être amenées à relâcher leur discipline de sélection des emprunteurs. Néanmoins ce phénomène se reflétera lors de la notation des titres, la banque sera alors sanctionnée sur le marché, celui-ci exigera une rémunération pour ce risque de défaut.

Chapitre 2. La titrisation en France

La transposition de la technique de titrisation en France s'inscrit dans une logique de continuité d'un processus de marchéisation des bilans bancaires suite aux diverses réformes engagées à cet effet. Bien avant l'introduction officielle de la titrisation, un certain nombre de tentatives de cession de créances bancaires avaient été mis en place soit sous l'impulsion des pouvoirs publics ou sur l'initiative des agents privés, ce qui augurait déjà de grandes mutations dans le système financier français.

La loi 88-1201 portant création des fonds communs de créances a définitivement instauré la titrisation en France. Cette technique innovante a bénéficié d'un cadre réglementaire adéquat répondant aux spécificités de l'environnement financier par la mise en place d'organes de gestion et de contrôle. La notation financière rendue obligatoire dans les montages de titrisation consiste en l'évaluation des risques attachés aux titres émis par les fonds communs de créances, l'évaluation se fait suivant un processus préétabli.

Section 1. Descriptif du mécanisme de titrisation

1. L'environnement juridique, bancaire et financier

1.1. L'environnement bancaire et financier

Les transformations de L'environnement financier dans les années 1980 ont conduit le dispositif législatif et réglementaire à s'adapter à la situation des agents économiques.
Ces modifications s'appréhendent au travers des moyens de financement dont disposent les établissements financiers et des besoins de refinancement auxquels ils font face notamment sur le marché hypothécaire.

D'après le rapport du conseil national du crédit et du titre de l'année 2001, les établissements de crédit représentent 85 % du financement de sociétés non financières en 1981, ils en représentent 45 % vingt ans après. La diminution de la part des établissements de crédit dans le financement des entreprises a transformé leur rôle et se sont spécialisé en ingénierie financière pour répondre aux besoins des entreprises en matière d'endettement. De simples intermédiaires, les établissements de crédit sont devenus des prestataires de service financiers.

Les habitudes des ménages et des entreprises se transforment peu à peu, parallèlement la réforme en 1984 des marchés financiers a facilité le recours au marché pour financer l'économie en élargissant les conditions d'offre et de demande de capitaux.
Les établissements de crédit disposent de la possibilité de céder leurs créances à un tiers constitué à cet effet le fonds commun de créances dont l'objet est de placer sur le marché des parts émises représentatives des créances.

L'objectif de création du marché hypothécaire était de résoudre les problèmes de financement du logement, les particuliers compte tenu de la hausse de l'inflation donnaient une nette préférence aux placements liquides en même temps les pouvoirs publics souhaitaient se désengager de l'effort de construction. L'objectif du marché hypothécaire était de canaliser l'épargne privée de moyen et long terme vers les placements de long terme de l'immobilier. Les établissements de crédit trouvaient dans cette procédure une solution efficace de refinancement, des effets représentatifs de créances étaient alors émis par les banques et sont négociés sur le marché, le mécanisme de titrisation voyait alors le jour.

1.2. L'environnement juridique

Le premier cadre réglementaire régissant la titrisation a été mis en place en 1988. Ce cadre réglementaire a été réformé ensuite en 1993, pour connaître divers assouplissements et s'adapter aux contraintes et aux opportunités de l'environnement économique français en matière de titrisation.

1.2.1. Le dispositif législatif de 1988

C'est la loi 88-1201 du 23 décembre 1988 portant création des fonds commun de créances qui a posé les fondements de la titrisation. L'objectif de la loi portait essentiellement sur la titrisation des créances hypothécaires. La commission des opérations de bourse a accompagné cette disposition en régissant les règles d'agrément des fonds communs de créances puis diverses précisions on été apportées par les organismes intéressés par la mise en oeuvre des opérations de titrisation. La mise en place de cette réglemention n'a pas eu pour conséquence un développement significatif de la titrisation, des groupes de travail sont alors mis en place et proposent des mesures à favoriser la titrisation en France.

1.2.2. Les réformes de 1993

La loi 93-06 du 4 janvier 1993 a été adoptée pour aménager le régime précèdent, différents textes sont venus cerner le dispositif réglementaire de la titrisation et ont apporté des réponses à des difficultés rencontrées par les initiateurs de la titrisation7(*) . Les créances des entreprises d'assurance étaient désormais concernées par la titrisation, une possibilité est donnée au fonds

commun de créances d'acquérir des créances après l'émission des parts (Rechargement du fonds), des mesures de constitution et de liquidation du fonds commun de créances ont été déterminées.

Ainsi l'évolution de la titrisation correspond approximativement aux transformations de la législation, on distingue 03 étapes : 1988- 1996 Période de préparation ,1996-1998 période de décollage et enfin de 1998 à nos jours période de maturité.

2. Acteurs du processus de titrisation

2.1. Le fonds commun de créances

Le fonds commun de créances est une copropriété qui a pour objet d'acquérir des créances et d'émettre des parts représentatives de ces créances, il peut comporter deux ou plusieurs compartiments, chaque compartiment donne lieu à l'émission de parts représentatives des actifs du fonds qui lui sont attribués. Le fonds n'a pas de personnalité morale et est constitué à l'initiative conjointe d'une société chargée de la gestion du fonds et d'une personne morale dépositaire des actifs du fonds.

Différents aspects relatifs à l'objet du fonds commun de créances sont à noter

· Emission de diverses parts ;

· Montage des opérations de titrisation ;

· Rechargement du fonds.

Le rechargement du FCC consiste à ajouter au portefeuille cédé initialement de nouvelles créances sur de nouveaux débiteurs, Le FCC ne peut céder les créances qu'il a acquises tant que celles-ci ne sont pas échues. Le recouvrement des créances cédées continue d'être assuré par l'originateur, toutefois un recouvrement total ou partiel peut être confié à un autre établissement de crédit ou à la Caisse des dépôts et consignations.

2.2. La société de gestion du fonds commun de créances

La société de gestion du FCC a un statut de société commerciale, le montant de son capital social est fixé à 225 000 € et doit représenter au moins 0,5 % de l'ensemble des actifs du fonds. Elle a pour objet la gestion du fonds commun de créances. L'exercice de ses fonctions est subordonné à l'agrément de la commission des opérations de bourse.

La société de gestion a pour missions principales :

· Etablissement des conditions d'achat des créances entre la banque cédante et le fonds commun de créances ;

· Etablissement de la réglementation régissant le fonds commun de créances ;

· Réception des paiements en provenance de la banque cédante, opérer les remboursements aux porteurs de parts en fonction des règles préalablement fixées ;

· Représenter les porteurs de parts émises ;

· Gestion de la trésorerie du fonds commun de créances.

2.3. La société dépositaire des fonds

C'est une personne morale dépositaire des créances acquises par le fonds commun et de sa trésorerie, elle est responsable de la conservation des titres cédés au fonds et des liquidités disponibles à tout moment. La société dépositaire est le plus souvent l'établissement cédant, mais il peut s'agir d'un autre établissement de crédit ou tout autre établissement agrée par le ministère des finances et ayant son siège en France

En résumé le rôle de la société dépositaire des fonds est le suivant :

· Conservation des titres de créances ;

· Dépositaire de la liquidité du FCC ;

· Contrôle de la régularité des décisions de la société de gestion du FCC.

2.4. Schéma simplifié de la titrisation en France


Source : Banque Magazine Avril 2005, Article : Fonds communs de créances un cadre juridique élargi et précisé

2.5. Alliance des techniques de titrisation aux dérivés de crédit

Le développement des dérivés de crédit ces dernières années a été remarquablement rapide. Compte tenu du développement de la marchéisation des crédits, les encours des produits sont passés de 2000 milliards de dollars en 2002 à plus de 5000 milliards en 2004 soit un accroissement de 250 % 8(*).La liquidité du marché des dérivés de crédit s'améliore particulièrement celle des Crédits Défaut Swap (CDS). Le nombre d'établissements détenant des dérivés de crédit dépasse les 400 en juin 2002, en terme d'intervenants le marché reste largement interbancaire puisque 52 % des acheteurs de protection et 39 % des vendeurs de protection sont des banques. La titrisation en France qui s'est développé avec la loi sur les fonds commun de créances et l'utilisation des dérivés de crédit tels que le CDS et le CLN (Credit Linked Notes) sont deux outils au service d'une même stratégie dont le croisement permet à un établissement financier de transférer le risque de crédit sur un portefeuille sans le céder, il s'agit de l'ancrage de la titrisation synthétique.

La titrisation synthétique transfère tous les risques liés à une créance dans la mesure où il y a cession juridique des risques. Lors de l'utilisation des dérivés de crédit, les risques sur lesquels un établissement achète une protection sont contractuels, et on peut distinguer les pertes en capital de l'intérêt couru. L'absence de cession présente des avantages pour l'émetteur dans la mesure ou il y a maintien des relations clients et une plus vaste variété des actifs. Pour toutes ces raisons le succès des titrisations synthétiques ou cohabitent cession des risques et dérivés de crédit est l'évènement majeur ces dernières années, leur part de marché passe de 10 % en 1999 à 32 % en 2000, l'Allemagne est très avancée avec un marché à 100% synthétique

2.5.1. Simulation d'une titrisation synthétique l'exemple Natix

L'opération Natix, montée par Natexis Banque populaire en juin 2000 sur un portefeuille d'obligations américaines émises par de grandes entreprises américaines est un exemple intéressant mêlant titrisation et dérivés de crédit (cf. Schéma en dessous) les principes essentiels de ce montage sont les suivants :

· Les actifs du portefeuille ne sont pas cédés, le risque de crédit est simplement transféré à des parties tierces par le biais d'un CDS.

· Un premier CDS (CDS 1) est conclu avec un véhicule ad hoc (dans le cas de l'opération Natix, une société établie au New Jersey), ce dérivé de crédit sera le premier a être appelé en cas de défaillance d'actif composant le portefeuille,ce CDS couvre les pertes sur le portefeuille jusqu'à un certain montant donné (dans le cas
Natix, à hauteur de 44,2 millions de dollars, soit environ 11% du portefeuille), Natix Plc compense donc toute perte durant la vie de transaction en deçà de ce niveau. Le solde du risque de crédit sur le portefeuille fait l'objet d'un CDS super senior généralement conclu avec un autre établissement de crédit ou un assureur.

· Les deux CDS fournissent une protection contre le risque de signature (faillite et incapacité à payer) sur les entités composant le portefeuille, ces CDS sont assimilables à des assurances crédit et sont appelables en commençant par le plus subordonné, une fois le CDS 1 est épuisé il y a continuité sur le CDS super senior.

· Les obligations de CDS 1 sont financées par l'émission de CLNs, il y a un lien de subordination entre ces CLNs, les pertes sur le portefeuille sous-jacent viennent s'imputer sur la tranche la plus junior (Classe C), une fois le niveau de protection épuisé les pertes sont affectés aux tranches mezzanine en commençant par la tranche B puis la tranche A. La première tranche couvre les premières pertes environ 1% du portefeuille, les classes mezzanine couvrent les pertes mezzanine au dessus de 1% et jusqu'à 5 % des pertes cumulées.

· les produits des CLNs sont investis dans des titres liquides présentant une notation AAA, dans le cas de Natix , des titres de l'Etat belge OLOs, ces titres servent de collatéral aux CLNs, leur cession permet au véhicule de compenser la banque en cas de perte.

Source : Banque Magazine Mai 2001, Article : Dérivés de crédit et titrisation, un mariage prometteur 

3. La notation financière

Le rating est un terme d'origine américaine dont la traduction signifie « évaluation ».
Il désigne à la fois un processus et un résultat final qu'est la notation. La définition du rating admise par tous les professionnels est : « Processus d'évaluation du risque attaché à un titre de créance, synthétisé en une note, permettant un classement en fonction des caractéristiques particulières du titre proposé et des garanties offertes par l'émetteur ». L'évaluation du risque est assimilée au risque de perte due à une défaillance de l'émetteur qui ne pourrait honorer ses engagements en intérêts et en capital à la bonne date.

Les deux premières agences de notation dans le monde sont Moody's et standard_& Poor's, le développement de la notation a été très lent aux Etats unis, mais la faillite en 1970 de la première entreprise de transport (Penn Central Transportation Company) qui avait émis 80 millions de dollars de commercial Paper imposa définitivement le rating.

En France, l'agence d'évaluation financière ADEF a été créée en 1986, le rating est apparu en raison de la métamorphose de la sphère financière à savoir le :

· Décloisonnement des marchés ou existe désormais une complémentarité entre le compartiment obligataire et monétaire ;

· Désintermédiation financière ou les entreprise accèdent aux différents marchés ;

· Développement du marché financier, le marché des actions est aujourd'hui significatif et est représentatif de l'économie.

Une autre agence franco britannique fut créée en 1992, IBCA Notation Groupe , celle-ci est de reconnaissance internationale, elle est reconnue par la security Exchange commission aux Etats unis et par le ministère japonais des finances.

3.1. L'appréciation par les agences de notation

L'obligation de faire appel à une agence de notation est imposée par la loi L 214-44 du code monétaire et financier qui exige la présence d'un document d'appréciation des caractéristiques des parts que le fonds commun est appelé à émettre et des créances qu'il se propose d'acquérir. La notation du fonds commun de créances dans les opérations de titrisation revient à déterminer le niveau de risque final des parts émises par ce fonds et à apprécier si sa structure est à même de respecter ses engagements de paiement en fonction du calendrier contractuel. Il s'agit donc d'une estimation du risque de défaut auquel s'exposent les investisseurs et d'identifier les garanties à faire correspondre à ce risque.

3.2. Processus de notation

Les agences de notation s'assurent que la demande de notation émise par les émetteurs est recevable, il n'est donc pas nécessaire d'entamer le processus de notation sachant que la notation sera mauvaise, ce qui est souvent le cas des banques de création récente caractérisées par une forte activité de spéculation,  ne disposant pas d'outils performants de contrôle des risques et ayant des actionnaires de référence peu solvable.

Le schéma du processus de notation est le suivant :

Source : Karyotis, la notation financière

3.2.1. Demande de notation

La présentation du dossier de notation doit comporter les statuts, le registre de commerce, les cinq derniers rapports de gestion, bilan et comptes de résultats et annexes certifiés par le commissaire aux comptes. Ce dossier permet à l'agence d'apprécier la possibilité d'engager la notation si c'est le cas, l'entreprise présente une demande officielle signée par le dirigeant principal. La demande requiert l'autorisation pour l'agence de prendre connaissance de toutes les informations qui lui paraîtront nécessaires qui assurent à l'agence une parfaite compréhension de la situation et des perspectives du demandeur et des conditions de réalisation des opérations financières à noter.

3.2.2. Etude de notation

Dans le processus de titrisation l'émetteur est étudié sous trois angles :

3.2.2.1. Etude de l'environnement économique et réglementaire :

En règle générale, l'agence de notation cherche à comprendre la structure institutionnelle qui caractérise le système financier auquel appartient l'émetteur, examine le degré d'intermédiation du système, les parts de marché, le degré de concentration au niveau du groupe. En France en respectant ces principes, il est nécessaire d'examiner les points suivants :

· Les conséquences de la réglementation bancaire sur le contrôle du crédit, mécanismes de mise en place, le rôle de la banque de France et de la commission bancaire ;

· Emergence de nouveaux marchés et de nouveaux produits et leur impact sur le secteur bancaire ;

· Etude de l'organisation et de la stratégie des banques face au phénomène de désintermédiation financière ;

· Indépendance des banques face aux pouvoirs publics, leur lien avec les autres secteurs d'activité.

3.2.2.2. Etude de l'émetteur au sein du système financier et bancaire 

L'agence de notation doit se poser la question sur la pérennité de l'émetteur au sein du système financier et les soutiens sur lesquels il s'appui en cas de difficultés, plusieurs facteurs doivent être étudiés :

· Les activités de l'émetteur, ses parts de marché ; dispose-t-il d'une activité prépondérante ?

· L'actionnariat de l'émetteur, en France l'Etat est très présent dans le capital des établissements de crédit ce qui rassure les investisseurs ;

· Le statut de l'entreprise (institution financière spécialisée ou à caractère général)

3.2.2.3. Analyse de l'émetteur

L'analyse de l'émetteur porte sur deux éléments :

· Les fonds propres : les fonds propres constituent toujours un volant de sécurité pour les investisseurs. Ils sont un indicateur de la santé financière de l'établissement car leur niveau élevé renforce la pérennité de l'émetteur en lui permettant de traverser des périodes difficiles. Certaines règles on été imposées telle que le ratio de fonds propres de Cooke à 8 %. La constitution des fonds propres est attentivement étudiée au niveau du noyau dur, des provisions à caractère de réserve et des quasis fonds propres, parallèlement la capacité de l'émetteur est étudiée à travers ses plus values et ses résultats

· La qualité des actifs : l'appréciation par les agences de notation de la qualité des actifs est délicate car les critères retenus pour l'évaluation des actifs n'ont qu'une valeur relative : Montant des créances douteuses, taux de provisionnement et masse des créances impayées. Pour une meilleure appréciation des actifs d'un émetteur, l'analyse doit porter sur l'organisation en matière de crédit (niveaux de délégation, différents comités), la politique de mise en oeuvre et les produits de suivi (division des risques, secteur d'engagement, tableau de bord sur les risques de crédit, recouvrement) et l'analyse du portefeuille de crédits (évolution du portefeuille crédit et évaluation par le calcul de certains ratios significatifs)

3.2.3. Échelles et Grille de notation

· L'étude de notation est soumise à un comité, la décision du comité est notifiée à l'émetteur avec toutes les explications et justifications utiles. La note accordée, en définitive n'est publiée qu'avec l'agrément du demandeur, si elle n'est pas publiée elle ne peut être évoquée par lui dans ses relations avec les tiers qu'avec l'accord de l'agence de notation. Au moment du lancement d'une émission, les agences de notation attribuent une note qui pourra être modifiée jusqu'au remboursement.

Standard & Poor's

Moody's

Fitch-IBCA

Interprétation des notes

AAA

Aaa

AAA

Le risque est quasi nul, la qualité est la meilleure possible.

AA

Aa

AA

L'émetteur noté est d'une qualité très fiable.

A

A

A

Le risque peut être présent dans certaines circonstances économiques.

BBB

Baa

BBB

La solvabilité est jugée de qualité moyenne.

BB

Ba

BB

À partir de cette note, l'affaire commence à être spéculative. Le risque de non remboursement est plus important sur le long terme

CCC

Caa

CCC

La probabilité de remboursement est incertaine, le risque est assez fort.

CC

Caa

CCC

On présume un risque très important de non remboursement sur le long terme.

C

Ca

C

L'émetteur est très proche de la faillite, l'emprunt est très spéculatif.

D

C

D

Faillite de l'emprunteur.

Signes

 

+ ou -

1,2 ou 3

+ ou -

 

Section 2 - Titrisation des prêts immobiliers en France

1. Marché et financement de l'immobilier en France

Le prix de l'immobilier en France a fortement augmenté au cours de ces dix dernières années, dépassant les pics atteints en 1991. La pression démographique et la baisse des taux d'intérêt ont été des facteurs de dynamisme de la demande. Le marché actuel se stabilise dans la mesure où le nombre de transactions n'augmente plus, la baisse tant de l'activité que des prix d'ici un à deux est une hypothèse plausible. La forte demande de ces dernières années, était inattendue si l'on considère l'évolution du taux de chômage qui passe de 8,9 % en 2000 à
10 % en janvier 2005 et de la dégradation de la solvabilité des ménages (l'endettement est passé de 33 % du revenu disponible en 1980 à 59 % en 2003). La hausse de la demande de l'immobilier est essentiellement due à trois facteurs

· Evolution démographique ;

· Des taux d'intérêt attractifs ;

· Des mesures fiscales incitatives.

Les banques tentent de tirer profit du dynamisme du marché par l'accroissement de leur volume de production de crédits immobiliers d'autant plus que le taux de défaillance de la clientèle reste faible. La baisse du coût du risque résulte de la hausse de la valeur des biens hypothéqués et du recours au cautionnement bancaire et aux entreprises d'assurance.

En 2004, 80,3 % des encours de crédit étaient destinés au financement de la résidence principale, 15,4 % à l'investissement locatif (Crédit bail) et 4,3 % à la résidence secondaire.

Le coût du risque de crédit immobilier reste faible en raison de la diminution des encours douteux bruts et des reprises de provisions (incrémentés suite à la hausse du prix des biens hypothéqués).

Sur les cinq dernières années, le coût moyen annuel du risque est à 0,06 % des encours, le taux de défaillance avoisine les 0,05 % des prêts accordés, ces faibles coûts ont permis aux banques d'utiliser le crédit immobilier comme un outil pour attirer de nouveaux clients.

La durée moyenne des crédits consentis en 2004 était de 15,7 ans contre 13,6 ans en 2000, cette durée est plus longue lorsque les prêts sont importants.

Malgré la baisse des taux d'intérêt et de l'allongement de la durée des prêts, la part des remboursements mensuels dans les revenus des emprunteurs s'est sensiblement alourdie, passant de 27,5 % en 2000 à 29,2 % en 2004.

La part des prêts à taux variable reste faible, cependant les taux plafonnés (variables jusqu'à 2 % au-dessus du taux de référence) représentent en 2004, 26,4 % de la production de crédits
immobiliers, compte tenu des caractéristiques actuelles des prêts en France, une hausse des taux de référence à un impact important sur le niveau des mensualités de remboursement pouvant augmenter celle-ci de 8 %.

En définitive, les prêts à l'habitat sont sensibles aux remontées des taux d'intérêt et à la dégradation de la situation financière des ménages, liée elle-même à la hausse du chômage.

2. Titrisation des prêts immobiliers résidentiels en France

Les caractéristiques des prêts immobiliers résidentiels s'accommodent bien aux modalités de titrisation. En Europe ceux-ci constituent l'actif sous jacent de 40 % des montages de titrisation. Le marché français est distinct en l'espèce, une première exception concerne le type du cédant pouvant être un organisme non financier, EDF et GDF par exemple ont titrisé leur quote-part respective dans les prêts octroyés à leurs employés.

Les banques françaises montrent peu d'appétit pour la titrisation des prêts résidentiels, en effet les ressources émanant des RMBS (Residential Mortgage Backed Securities) sont peu attractives pour les banques qui peuvent se financer à des taux compétitifs ou disposent suffisamment de capacités de financement bon marché à travers leur activité de dépôt, ce qui explique surtout pourquoi ce sont les prêteurs spécialisés qui en France ont pratiqué la titrisation des prêts immobiliers résidentiels.

Ainsi la caisse de refinancement de l'habitat (CRH) créée en 1985 est détenue par une quinzaine d'institutions financières a pour vocation d'émettre des titres adossés à l'ensemble des prêts hypothécaires aux particuliers qui lui sont apportés par ses actionnaires. Le total des actifs de la CRH se montait à 14 milliards d'euros au 31 décembre 2002.
Les sociétés de crédit financier (SCF) constituent un autre instrument de refinancement du marché immobilier en France, les SCF régies par la loi du 25 juin 1999 sont limitées par leur statut à l'octroi de prêts hypothécaires mais aussi de prêts aux entités publiques, ces contraintes concernent aussi bien les proportions à financer que la situation géographique des biens à financer et la nationalité des emprunteurs. Concernant la titrisation et le refinancement hypothécaire l'exemple du Crédit immobilier de France (CIF Euromortgage) est révélateur d'autres formes de refinancement hypothécaire en effet, les prêts immobiliers octroyés par les caisses régionales du CIF ne sont pas directement cédés au CIF Euromortgage mais ils sont préalablement cédés à un fonds commun de créances dont les parts sont elles mêmes placées auprès de la société de crédit financier (SCF) et servent à leur tour de collatéral pour l'émission de RMBS.

Tous ces organismes ont en commun le fait qu'ils apportent un financement externe aux originateurs de prêts résidentiels, à l'inverse de la titrisation synthétique9(*) parce qu'elle ne comporte pas de transfert physique du portefeuille et ne fournit pas une source de financement externe,le produit de placement des titres est investi et les ressources issues de ce placement servent soit à dédommager l'originateur en cas de pertes résultant d'événements en cours soit à la date d'échéance au remboursement des investisseurs.

La méthodologie de notation des RMBS quelque soit la structure retenue pour la titrisation d'un portefeuille de prêts hypothécaires résidentiels s'articule autour de trois axes : revue des aspects juridiques de la transaction, évaluation des capacités personnelles de l'originateur et du gestionnaire des créances titrisés et l'étude des données chiffrées de l'opération,cette dernière revêt un caractère très particulier dans la mesure ou elle aboutit à la détermination du rehaussement du crédit. Dans les opérations synthétiques, le rehaussement de crédit est égal pour une tranche donnée à la somme de la perte attendue sur chaque prêt du portefeuille, la perte attendue se calcule en multipliant l'encours du prêt par sa probabilité de défaut. Néanmoins, les banques disposent de systèmes de scoring très sophistiqués capables d'obtenir de bonnes appréciations du risque de défaut.

Les titrisations des prêts immobiliers résidentiels sont soumises à une surveillance continue, en particulier les informations périodiques relatives à l'évolution du portefeuille sous-jacent (Prix du logement) comparées à la notation initiale. Les prêts immobiliers font preuve de performances très satisfaisantes à titre d'exemple en septembre 2003, l'agence Fitch a augmenté la note de 47 tranches de RMBS européens et dégrade celle de sept seulement, toutes les notes des RMBS français en vie ont fait l'objet d'une confirmation tandis que trois tranches ont vu leur notes augmenter.

Conclusion

La titrisation technique financière est apparue pour la première fois aux Etats unis suite à la crise de financement du logement, cette technique consiste en l'adossement d'un titre négociable à un actif financier figurant au bilan des établissements de crédit.

Il existe deux mécanismes de titrisation comportant chacun différentes méthodes, la titrisation classique qui consiste en la cession d'actif et la titrisation synthétique qui se caractérise par une cession des risques avec constitution de collatéral servant au remboursement de la dette du SPV, ce dernier mécanisme fait appel aux techniques de dérivés de crédit telles que les Crédits Défaut Swap.

La titrisation en France est apparue suite à la promulgation de loi fixant la création des fonds commun de créances, un cadre réglementaire a été mis en place obéissant aux spécificités du système bancaire français.

Plusieurs acteurs interviennent dans le processus de titrisation : l'établissement cédant originateur, le fonds commun de créances, la société de gestion du fonds et la société dépositaire du fonds.

La notation financière est obligatoire dans les opérations de titrisation, elle consiste en l'évaluation du risque attaché aux titres émis par les fonds commun de créances, l'évaluation aboutie à l'attribution d'une note.

Le marché de l'immobilier en France est très dynamique du fait de la faiblesse des taux d'intérêts et des mesures fiscales incitatives, les risques de crédit immobilier en France sont les plus faibles en Europe.

La titrisation des prêts immobiliers résidentiels en France est faiblement pratiquée, ceci s'explique par la forte liquidité des bilans bancaires, la titrisation des prêts immobiliers est dédiée à des établissements spécialisés, les RMBS en France bénéficient d'une très bonne notation.

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FRACHOT. A et GOURIEROUX .C, « Titrisation et remboursements anticipés », Economica, Paris 1995, 242 Pages

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Mots clés traduits en anglais

Titrisation : Securitization, Mortgage : Hypothèque, Trust : Fonds commun, Notation : Rating

Residential Mortgage Backed Securities (RMBS): Titres adossés à des prêts hypothécaires résidentiels

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* 1 La réglementation Q se traduit par un plafonnement sur les dépôts et les taux d'intérêt pratiqués par les banques ,les taux sont de 6,25 % pour les dépôts de 30 à 59 jours et de 7,5% pour les dépôts à plus d'un an .

* 2 Les retraits massifs sont dus à la faillite d'un grand nombre estimé à un tiers des banques américaines durant la décennie 1930.

* 3 La réglementation dite Q qui plafonnait les dépôts n'était pas de nature à améliorer la situation des établissements prêteurs alors que les fonds mutuels qui n'étaient pas soumis à cette réglementation offraient des taux de marché plus attractifs.

* 4 Le trust est analogue au Fonds Commun de Créances entrant dans le processus de titrisation en France, éventuellement Appelé l'entité  ad hoc ou SPV : Special Purpose Vehicle

* 5 Les titres de maturités différentes permettent d'attirer un éventail élargi d'investisseurs en fonction de leur capacité de financement ; la maturité des titres est généralement de quatre ans.

* 6 Le ratio Cooke issu du premier accord de Bale de 1988, est un ratio de solvabilité internationale centré sur le risque de crédit, il s'exprime de la manière suivante : Fonds propres  Risques de crédit pondérés > 8%

* 7 Les premiers initiateurs (cédants) de la titrisation en France sont : La caisse des dépôts et consignations, Le Crédit Agricole ; Le Crédit Lyonnais, La Société Générale et le CETELEM

* 8 Source : Commission bancaire

* 9 La préférence pour la titrisation synthétique s'explique comme déjà rappelé par la possibilité de recourir aux dérivés de crédit permettant une couverture contre tous risque de perte.






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld