1.3/ Les barrières sociales et culturelles
Plusieurs études en analyse transversale s'accordent
sur le fait qu'en moyenne les hommes, de préférence,
accèdent plus aux soins de santé que les femmes (Nayaran 1997).
Au Bengladesh, en Inde et en Côte d'Ivoire, les femmes ont plus de chance
d'accéder aux structures de soin et bénéficient plus des
dépenses privées ou publiques de santé (Begum et Sen
2000 ; Booth et Verma 1992). En Inde ce biais à la défaveur
des hommes est réduit quand le chef de famille est plus
éduqué (Booth et verma 1992). Ces écarts s'expliquent
à la fois par des facteurs sociaux et culturels entre les ménages
et la communauté.
Il existe des normes culturelles qui peuvent empêcher
les femmes de rechercher les soins de santé en dehors de la maison pour
elles-mêmes et pour leurs enfants (Rachid et autres 2001). Cette
barrière, souvent élevée, lorsque ce sont les hommes qui
fournissent les services a été citée comme la raison pour
laquelle les femmes d'Asie vivant dans les pays occidentaux ont très peu
recours aux de services de santé (Whiteford et Szelag 2000). De telles
restrictions peuvent aussi interagir avec d'autres barrières. En Inde,
la distance constitue une barrière importante, plus pour les femmes que
pour les hommes avec des revenus similaires (Vissandjee, Barlow et Fraser
1997). Ceci peut s'expliquer par le fait que culturellement, il est
inacceptable pour les femmes de quitter leur ménage pour de longues
périodes ou par le fait que ces dernières ont un accès
limité aux ressources du ménage pour payer les frais de
transport.
Dans certains cas, les hommes prennent la décision
à la place des femmes sur la recherche de soins de santé. Au
Sénégal par exemple, les hommes prennent plus de 50% des
décisions sur l'accès aux soins de santé des femmes (Post
1997). Ceci est particulièrement important dans la mesure où les
preneurs de décision passent souvent moins de temps sur les
déterminants sociaux de la demande de soins, selon les conclusions d'une
étude menée au Bengladesh, en Afrique du Sud, en Indonésie
et en Ethiopie par (Quisumbing et Maluccio 1999).
Dans plusieurs sociétés d'Asie du Sud, la belle
mère joue un rôle considérable dans la naissance d'un
enfant et les soins prénataux de la belle fille et plus
particulièrement dans un jeune couple. En effet, si la belle famille
doit donner naissance à son enfant à la maison avec l'aide d'un
membre de la famille, ou en ayant recours à une accoucheuse
traditionnelle, ou encore par le biais d'une structure de soins, cela
dépend de la croyance de la belle mère qui doit
nécessairement donner son avis (Piet-Pelon, Rob et Khan 1999). Au niveau
communautaire, l'accoucheuse traditionnelle joue un rôle important qui
influence substantiellement la demande de soins de santé en
matière de maternité. Au Rajasthan, plus de 90% des femmes qui
n'ont jamais reçu de soins prénataux sont
déconseillées par les accoucheuses traditionnelles d'y recourir
(Hitesh 1996).
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