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Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc

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par Seloua GOURIJA
Université du Littoral Côte d'Opale - Docteur Es Sciences Economiques 2007
  

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Introduction générale

Le tourisme est une activité ancienne, qui a pris au XXe siècle une dimension planétaire. Il constitue désormais un secteur économique fondamental dans de nombreux pays développés comme dans des pays en développement, qui en font un facteur essentiel de leur développement.

D'après l'O..M.T. les voyages internationaux se situent à la troisième place dans le classement des « GRANDS » secteurs du commerce mondial. Le chiffre d'affaires du tourisme n'est précédé que par ceux des industries de pétrole et de l'automobile. Mais aujourd'hui le tourisme représente la première industrie de service dans le monde. Bref, c'est l'or blanc du troisième millénaire. Il favorise l'ouverture des grands chantiers d'avenir d'une nation.

Nul ne peut ignorer de nos jours, le rôle capital que le tourisme peut jouer en tant que secteur moteur de développement économique et social des pays. Ce secteur est la principale source de créations d'emplois dans un grand nombre de pays1(*). Non seulement dans l'industrie touristique elle-même mais aussi, par effets d'entraînement, dans d'autres secteurs.

L'impact économique du tourisme et des voyages est également considérable puisqu'ils sont à l'origine de la croissance de l'investissement en infrastructures et qu'ils constituent une source de devises d'une grande importance non soumises à des obligations d'achat et à des paiements déterminés.

De même à cause de sa nature diversifiée, le tourisme touche pratiquement tous les domaines de l'activité économique, il exerce une grande influence sur les autres secteurs tels que l'agriculture, la construction, l'artisanat, le commerce et surtout les services de transport.

Le secteur touristique est le principal consommateur des produits de l'artisanat local, rural et urbain ainsi que pour le mobilier et l'équipement de base. L'effet de tourisme ne s'arrête pas ici, aussi, il touche la société. Car il est un moyen de communication et d'échange culturel entre les peuples surtout dans les pays de séjour plus spécialement dans le tourisme de masse.

Par conséquent, les régions touristiques connaissent des mutations plus profondes qu'il n'y paraît. Elles s'ouvrent sur l'extérieur, ce qui ne peut qu'élargir le champs du dialogue entre les cultures et ouvrir de nouvelles perspectives à la coopération entre les hommes.

En somme, le tourisme s'impose comme un phénomène majeur de la fin de ce siècle. Les flux touristiques ne cessent de croître. La démocratisation du tourisme est due à une rapide croissance économique durant les Trente Glorieuses. La hausse du pouvoir d'achat favorise l'accession au tourisme de nouvelles catégories sociales. Le temps libre augmente à la faveur de la croissance des générations de retraités et de l'extension de la durée des congés payés pour les plus jeunes.

L'urbanisation croissante entraîne, aussi, un essor du désir d'évasion, en raison des contraintes spécifiques de la ville. Les facteurs technologiques ont également une grande importance. La seconde révolution des transports joue à cet égard un rôle essentiel. La route et l'avion relaient rapidement le rail, instrument privilégie de la diffusion du tourisme durant le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle.

Ces facteurs ont facilité l'accès au tourisme à toutes les catégories sociales. Ce qui traduit la transition d'un tourisme d'élite à un tourisme de masse.

Cette forme de tourisme est concentrée sur le littoral. La majorité des touristes cherche le repos et le soleil. Elle reposait sur le concept de la pensée unique qui a donné naissance à ce que l'on appelle le modèle des 4 "S"2(*) (Sun, Sea, Sexe, Sand). Ce produit reflète la volonté de passivité des touristes.

Selon l'O.M.T.3(*), le marché mondial est passé de 160 à 341 millions de touristes internationaux de 1970 à 1986, soit un accroissement de 113% en 15 ans, une croissance annuelle moyenne de 4,88%. Et comme le montrent les statistiques, le tourisme est une des industries qui a connu la plus forte progression au cours des dernières décennies. Mais si elle a des impacts économiques bénéfiques sur les régions visitées, cette croissance augmente indéniablement le risque d'effets nuisibles sur les écosystèmes. Ces derniers se retrouvent fragilisés par l'intérêt grandissant des touristes pour les régions relativement inexploitées, aux cultures différentes et aux ressources naturelles uniques.

La prise en compte de l'ensemble des conséquences liées à la croissance des activités touristiques ne s'est faite que récemment car l'observation de la réalité touristique a toujours été associée à une vision comptable. Comme si la coutume veut que l'on ne s'intéresse dans le phénomène touristique qu'aux considérations quasi-exclusivement quantitatives (arrivées, recettes, consommation...).

Pourtant, un site touristique repose sur ses dotations naturelles et culturelles. Son exploitation sans limite et sans respect entraîne un épuisement. Par conséquent, les limites de ce type de pratiques touristiques, exclusivement orientées par la rentabilité économique, sont, aujourd'hui, identifiées. Cette crise du paradigme unique s'accompagne de l'émergence de nouvelles demandes. Celles ci sont multiples, variées. Ces changements se recentrent sur la qualité, l'authenticité, la nature, les cultures...

Cette nouvelle forme constitue une valeur sûre pour développer durablement le tourisme, tout en respectant l'environnement et en préservant et réaffirmant les identités locales. Cette conception est directement liée à celle de développement durable provenant du terme sustainable4(*) qui exprime le caractère soutenable du développement, c'est-à-dire un développement qui ne remet pas en cause l'environnement naturel et social. Dans cette perspective, La notion de tourisme durable se déduit du développement durable. Il s'agit d'une forme de développement touristique qui doit permettre de répondre aux besoins du touriste tout en préservant les chances du futur5(*).

Toutes ces considérations sont à prendre en considération dans le décryptage de la notion de tourisme durable. Elles révèlent que les demandes deviennent de plus en plus sensibles à la qualité du cadre, d'environnement respecté garant, d'une identité conservée et d'une rentabilité à long terme.

Pour faire face aux effets néfastes de tourisme de masse, les pays ont besoin d'une stratégie de développement durable dans le domaine du tourisme. Car le tourisme fait partie des secteurs économiques qui dépendent directement d'une gestion durable. Personne n'aime passer ses moments de loisir dans des paysages industriels dévastés ou contaminés. Pour cette raison, ce secteur dépend de la préservation de la nature et des paysages, de la conservation, du développement et de la création de valeurs culturelles ainsi que de l'attitude positive de la population locale à son égard.

Le tourisme peut avoir pour résultat un transfert d'argent de régions plus riches vers des régions plus pauvres entraînant de ce fait une amélioration de la qualité de la vie.

Il peut aussi ralentir le rythme de l'exode rural et soutenir indirectement l'agriculture dans les régions périphériques, en favorisant par exemple l'utilisation de matières premières et des produits locaux.

C'est pourquoi le tourisme réfléchi représente un cas exemplaire dans la perspective d'une stratégie de développement durable. Les acteurs de ce secteur eux mêmes ont le devoir de s'intéresser à la mise en oeuvre d'une telle stratégie car le nombre de nuitées en évolution progresse rapidement. Ainsi, il y a un risque de diminution des ressources naturelles à long terme. Dans notre perspective, la relation entre tourisme et développement durable constitue ce que l'on pourrait appeler une situation classique de type « gagnant-gagnant » pour tous ceux qui y sont impliqués, à la condition de changer de conception globale.

En fait, le but de cette stratégie de développement durable consiste, par conséquent, à favoriser ses effets positifs et à limiter ses effets négatifs essentiellement en termes écologiques et sociaux. Même si le concept de développement durable est né des débats relatifs aux exigences écologiques, le caractère soutenable de la croissance ne se limite pas à ces dernières. De façon générale, il s'agit de prendre en compte non seulement le milieu physique mais aussi l'environnement social et culturel dans toute décision économique.

Mettant directement en relation les sphères économiques, politiques, socioculturelles et physiques, le tourisme trouve toute sa place au sein du débat de développement durable (comment concilier les intérêts de ces sphères ?). Car, considérer le milieu avec toutes ses caractéristiques économiques, sociales, culturelles physiques..., voilà ce qui doit guider les stratégies de développement. Ainsi, un tourisme durable serait l'organisation d'une véritable rencontre respectant les valeurs locales, la cohésion sociale et le milieu physique. Cette mise en relation présuppose des processus de coordination et de partenariat entre les acteurs impliqués.

Une croissance touristique  «  soutenable » repose sur la mise en place de politique de qualité plutôt que celle d'une croissance quantitative. Son mode de développement requiert un comportement diffèrent des offreurs et de leurs visiteurs. Si l'on décide d'opter pour un tourisme durable, alors on aborde la complexité de la réalité puisqu'il faut observer les éléments composant un lieu avant de pratiquer une politique de développement touristique. Il faut prendre en considération la grande variété des sociétés humaines. Ainsi, il serait préférable d'adapter les politiques à l'extrême variété des sites en prenant en considération le milieu, la diversité des populations, et les cultures.

Les désastres causés par le tourisme de masse sont principalement dus au fait que le site n'a pas été au préalable clairement identifié et étudié. De ce fait, il faut mettre en place des projets, des politiques qui soient adaptés aux contingences locales et non plaquer sur des sites des modèles pré-établis.

Selon H. ZAOUAL6(*), tous les modèles qui sont transposé aveuglement échouent et provoquent des inégalités et une dégradation des écosystèmes locaux. De plus, le modèle dominant concentre le pouvoir économique au détriment des pays pauvres.

Cette thèse est de proposer une piste de réflexion et de méthode, en suggérant une sortie des pratiques du développement et plus précisément dans le domaine du tourisme. Dans cette nouvelle lecture, il s'agit de mettre en évidence les limites du méga tourisme pour asseoir les bases d'un tourisme durable susceptible de générer des ressources spécifiques et d'harmoniser les impératifs économiques avec la sauvegarde des patrimoines culturels et naturels.

La structuration de cette thèse se décline de la manière suivante :

Notre travail est structuré en quatre chapitres avec une fonction particulière pour chacun d'eux.

Le premier chapitre met en évidence la contradiction des effets de tourisme de masse. Cette démonstration s'appuie sur des modèles théoriques à savoir : le modèle de J.-M. MIOSSEC (1976) et le modèle du cycle de R.-W. BUTLER (1980), ainsi que sur des exemples concrets qui montrent l'effet dual de tourisme sur l'espace visité. Dans cette approche nous soulignons fortement les impacts de la massification (tourisme fordiste) sur les sites touristiques. Cet épuisement de modèle du « tourisme fordiste » conduit à rechercher les modalités et les objectifs d'un « tourisme post-fordiste » en prenant en considération l'évolution du marché touristique (émergence des nouvelles demandes).

La consolidation de cette piste de recherche trouve ses arguments théoriques dans le second chapitre sont l'objet est d'explorer les différents courants mettant en évidence les finalités du développement durable. C'est dans ces théories que le concept de tourisme durable puise une partie essentielle de sa justification scientifique.

Enfin, le troisième chapitre se propose d'approfondir l'analyse du tourisme durable et d'en souligner la grande diversité en explorant sa typologie d'appartenance : « écotourisme », « tourisme responsable et solidaire », « tourisme équitable » et « éthnotourisme ». Afin de mieux illustrer les enjeux de cette nouvelle approche du tourisme, l'expérience du Maroc est mobilisée. Cette analyse empirique propose une synthèse sur sa politique touristique : portée et limites tout en ouvrant la voie à une politique favorisant le tourisme durable.

Ce pays illustre parfaitement la problématique de la thèse dans le sens où le Maroc regroupe à la fois, un patrimoine naturel et culturel riche, singulier et fragile et comme plusieurs pays en voie de développement considère le potentiel touristique comme facteur de richesse et de développement. Cependant, dans le cadre de son objectif d'atteindre les 10 millions des touristes d'ici 2010, le Maroc se doit d'harmoniser les enjeux du développement touristique et l'aménagement du territoire et préserver ses atouts naturels et son patrimoine qui représentent sa richesse.

Ainsi dans le quatrième chapitre, nous identifions, dans les deux premières sections, les conditions et les mesures nécessaires à toute politique de développement durable appliquée au tourisme notamment au Maroc. Enfin, dans la dernière section, nous renforçons l'argumentation théorique de la notion de « tourisme situé » en recourant à la théorie des sites dont la portée est de souligner l'importance de la diversité culturelle, composante essentielle dans le développement du tourisme.

Chapitre I. Le tourisme de masse et ses limites

De nombreux facteurs comme le progrès des transports (chemin de fer, automobiles, avions), l'augmentation du temps des loisirs (congés payés, réduction de temps de travail, etc.) ont causé le passage d'un tourisme d'élite à un tourisme de masse. Ce dernier implique, en effet, des choix (construction de grosses infrastructures, surexploitation des ressources, etc.) qui se font au détriment des besoins des populations et du respect de leurs droits. Par le décalage économique et culturel qu'il induit, ce tourisme contribue également à la destruction des savoir-faire locaux et à l'émergence de nouveaux comportements socio-économiques, tels que : mendicité, prostitution, floklorisation des rites et des cultures, etc.

En somme, le tourisme risque d'avoir des impacts négatifs sur la population locale, les activités artisanales, les territoires et finalement sur l'environnement. Ces effets ont été à l'origine de l'épuisement de tourisme de masse et l'émergence d'un nouveau modèle de tourisme. Celui-ci se base sur la qualité et non sur la quantité, sur le patrimoine local tout en respectant l'environnement. On parle ici de l'ère post-fordiste du tourisme ou du tourisme post fordiste.

Cette problématique sera répartie en trois sections. Nous schématiserons la première section en deux temps. A l'émergence d'un paradigme touristique succéderont ses caractéristiques et son remplacement, du moins tendanciel, par un autre paradigme qui sera exposé dans la dernière section. Alors que la deuxième section de ce chapitre sera consacrée à ses conséquences sur l'environnement.

Section I. L'émergence et le développement du tourisme de masse

Afin de comprendre les évolutions en cours et le positionnement de la problématique d'un tourisme post-fordiste, il convient de faire une bipartition historique dans un premier temps et dans un second temps, nous aborderons le phénomène de tourisme de masse.

I.1. Genèse du phénomène touristique

I.1.1. De l'antiquité au XVIIIe siècle

Le voyage dans l'histoire de l'humanité constitue une grande opportunité d'enrichissement, d'ouverture. MONTAIGNE souligne  dans ses essais : «  J'observe en mes voyages cette pratique pour apprendre toujours quelque chose par la communication d'autrui, de ramener toujours ceux avec qui je confère, aux propos des choses qu'ils savent le mieux»7(*).

Le voyage est ici apparenté à un outil de la connaissance. En 1492, on a assisté à la première ascension gratuite à savoir celle du Mont Aiguille dans la Dauphine, et à la première expédition d'Italie (du Roi Charles VIII) et donc début de la Renaissance. Au cours de la même année, Christophe COULOMB découvrira l'Amérique. En 1551, c'est le guide des chemins de France par C. Estienne, ancêtre de tous les guides détaillés, qui voit le jour. En 1581, MONTAIGNE effectua son célèbre voyage en Italie, à partir duquel il rédigea son journal de voyage intime qui sera découvert fortuitement en 17748(*).

Au XVIsiècle, on a assisté à l'émergence de la villégiatura9(*), ancêtre de la résidence secondaire.

Le XVIIe siècle, quant à lui, était celui de l'invention du tourisme gastronomique.

Au XVIIIe siècle, en Angleterre, « le grand tour»10(*) consistait à envoyer de jeunes fils de nobles à l'étranger durant deux ou trois ans dès la fin des études secondaires, et ceci dans

l'unique objectif de faire de l'enfant un homme du monde par le voyage en éveillant en lui la connaissance et l'esprit d'aventure dont il aurait besoin pour sa future carrière diplomatique.

Les voyages des jeunes Anglais étaient guidés par des ouvrages spécialisés et des précepteurs. Ces pratiques concernaient non seulement les nobles dont le pouvoir politique et social décline, mais aussi les bourgeois vivant de leur rente.

Pour VASSALO11(*), le mot anglais travel aurait la même racine étymologique que le mot français travail. Le voyage, à l'époque, était perçu comme un labeur, ou, tout au moins, un outil d'apprentissage de la vie. C'est une source d'expérience utile pour toute réussite sociale.

Aujourd'hui, par les subtilités de l'histoire, il signifierait plutôt son opposé à savoir l'oisiveté, ou la détente. Etrange retournement de l'histoire qu'il convient d'expliquer. L'aristocratie, mise au « chômage de sens et de fonction» au lendemain de la révolution de 1789 suite à la montée de la bourgeoisie, va donner naissance au touriste- rentier.

Comme le dit M. BOYER, « les rentiers de l'époque romantique ont valorisé le loisir et principalement le tourisme comme une dépense ostentatoire qui les différenciaient de l'acharnement puritain au travail et l'enrichissement»12(*). Ce touriste rentier va donc cultiver l'oisiveté13(*) qui lui est imposée au sein du territoire pré-national. C'est une époque où le monde s'élargit, l'histoire prend un sens et suscite un surcroît d'exotisme, de rêves et d'images qui stimulent les voyages.

I.1.2. 1800-1950 : du tourisme élitiste au tourisme de masse

Dès les premiers voyages organisés de COOK14(*) et jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, le tourisme était avant tout un phénomène de minorités qui profitaient de leur temps et de leur argent dans des régions bénéficiant des apports de l'histoire ou du climat comme l'Italie ou la Côte d'azur. Il s'agissait d'un tourisme éclectique où l'on recherchait l'évasion et la curiosité, assorties d'une bonne dose de snobisme. L'achat par les classes relativement aisées des pays les plus développés du produit touristique comme n'importe quel autre, réduit fortement le risque du voyage, sa préparation et le contact avec l'autochtone, auparavant véritable motivation du voyageur.

Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, par imitation du modèle aristocratique, que la bourgeoisie accède au tourisme à travers l'alternance tourisme-travail. Le développement de la photographie et la démocratisation du cinéma devaient ensuite permettre de voir l'image à distance. Le voyage de saut dans l'inconnu se transforme en une confirmation plus ou moins exacte de l'image prévue.

On ne cherche plus nécessairement l'impression mais la sécurité associée à l'accès, à une réalité correspondant bien à l'image que l'on en avait. L'essence même du tourisme se transforme. La production en masse d'automobiles, puis d'avions, l'accès à l'image pour de larges couches de populations par l'intermédiaire de la télévision d'un côté, l'augmentation et la relative redistribution des revenus associées à des gains de productivité et aux revendications salariales de l'autre vont donner naissance au tourisme de masse.

Cette consommation de masse du produit touristique constitue sans doute l'une des grandes révolutions du siècle, ce produit représente, à certains égards, l'accès démocratique à un privilège des classes dominantes. Il est la conséquence et le corollaire du travail dans une société urbanisée et bureaucratique pour la première fois dans l'histoire. Mentalités, argent et temps allaient se rejoindre, et se combiner pour permettre l'apparition du tourisme de masse. Celui-ci s'est développé à peu près à la même époque dans les démocraties occidentales. C'est la France qui donne le ton en 1936 avec le Front populaire, ouvrant ainsi la voie aux réformes sociales. La grisaille du paysage, la croissance urbaine, l'émiettement des tâches rendent nécessaire une compensation, un élan désespéré vers le loisir pour reprendre l'expression de D. BELL (1973)15(*).

Cet élan s'est concrétisé en France par deux mesures visant à promouvoir le tourisme démocratique (12 jours de congés payés pour les salariés de toutes les entreprises et un billet de train à tarif réduit de la nouvelle S.N.C.F.).

Les grandes migrations annuelles allaient se développer en Europe surtout après la seconde guerre mondiale. A partir des années 1960, plus de 50 millions de Nordiques allaient descendre chaque année autour du bassin méditerranéen. Le passage du temps culturel au « temps marchandise » transformait le tourisme réservé à une minorité en une véritable activité économique.

I.2. Le tourisme de masse et le modèle des 4 S (Sun, Sea, Sand and Sex)

Repérer un phénomène dans l'histoire ne suffit pas pour comprendre son essence. Nous avons décrit l'apparition dans les pays occidentaux de la massification du tourisme. Mais, qu'est- elle exactement ?

Avant de conceptualiser le tourisme de masse par le modèle des 4S, il nous paraît nécessaire de réfléchir sur la nature et le contenu de cette massification.

I.2.1. Le Tourisme de masse

Les changements scientifiques, techniques, politiques, économiques et culturels qui ont eu lieu durant ces quarante dernières années ont transformés tous les secteurs de la vie humaine. L'harmonie de l'immuable a disparu. La recherche d'un nouvel équilibre et d'une harmonie dynamique s'est produite dans un nouveau phénomène : le tourisme. C'est pendant cette période qu'il a cessé d'être un mouvement d'élite pour se convertir en une activité de masse.

Le terme « masse» évoque d'abord le nombre et la quantité. C'est ce que nous enseignent tous les dictionnaires. On dit qu'un phénomène est «de masse» lorsqu'une grande partie de la société est concernée. Dans la masse, la multitude est prise au sens de sa totalité, comme si le nombre faisait corps : il n'y a plus d'individus, celui- ci s'y efface. C'est sans doute pourquoi la masse, bien qu'associée au concept de quantité, ne semble pas toujours se dénombrer : c'est  « l'ensemble non délimité», « non dénombrable»16(*). La masse n'est pas divisible, la masse fait un. Le concept de masse sous-tend l'idée qu'une multitude d'individus géographiquement et socialement séparés peut faire phénomène de masse. En ce sens, la masse n'est pas la foule, car ce n'est pas la présence tangible des individus ensemble qui la définit.

C'est pendant la période allant des années 1950 aux années 1970 dix que le terme « de tourisme de masse» apparaît et se diffuse. La fréquentation de certains lieux s'accroissait alors chaque année un peu plus.

Pour comprendre l'essence de ce phénomène, référons nous à l'ouvrage d'Ortega y GASSET17(*) paru en 1961,  la Révolte des masses, dans lequel cet auteur développe un concept pertinent pour appréhender le tourisme de masse à savoir « l'homme masse».

L'idée principale exposée par Ortega y GASSET se résume dans la phrase,  « Le tourisme est de masse parce que l'homme est de masse». Un bon nombre de travaux de planification touristique (en particulier en Espagne) se sont soldés par des échecs du fait d'une méconnaissance de cette conception de la massification.

Nous allons reprendre quelques citations d'Ortega y GASSET que nous commenterons successivement.

« Les villes sont pleines de gens (...) les trains remplis de voyageurs (...) les plages pleines de baigneurs. Ce qui auparavant n'était pas un problème commence à le devenir de manière constante à savoir : trouver un endroit». Pour que le tourisme de masse puisse se développer, il a fallu une croissance démographique et urbaine importante. On trouve dans cette citation une prise de conscience de l'environnement et la destruction d'un certain équilibre hors nature. Puis, il nous précise que,  « La masse peut se définir comme un phénomène psychologique sans besoin d'attendre qu'apparaissent les individus en agglomération, devant une seule personne, nous pouvons savoir si elle fait partie de la masse ou pas18(*)».

Le concept d'homme masse se définit comme un homme doté d'un certain nombre de caractéristiques dont la plus importante est qu'il ne peut se distinguer des autres. Aujourd'hui, la théorie du site19(*) dirait un « homme globalisé ». C'est un consommateur nouveau, fort différent du touriste nanti, souvent peu informé sur les aspects culturels, mais particulièrement informé sur les aspects économiques. Il agit surtout par effet de démonstration et effet d'imitation ; il semble relativement peu exigeant vis-à-vis de la qualité recherchée.

L'analyse d'Ortega y GASSET, à certains égards, porte sur le fordisme qui vise deux optimums. D'une part, une production de masse générée par le progrès technologique et la division du travail qui permettent de réduire les coûts de production et donc d'augmenter les gains de productivités. Et d'autre part, une consommation de masse générée quant à elle par la redistribution, sous forme d'augmentions du salaire réel suite aux gains de productivité. C'est un mode de production quantitatif et standardisé.

Ce concept de touriste de masse dérivé de l'homme masse est essentiel pour comprendre l'essence de la massification du tourisme. Mais, quelle est la nature de ce produit touristique massifié ? Quel est son contenu ? C'est ce que nous allons analyser au travers du modèle des 4S (Sun, Sea, Sand and Sex).

I.2.2. Le modèle des 4S (Sun, Sea, Sand and Sex) 

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la forme principale prise par le « produit» touristique consommé par le touriste masse peut être conceptualisé au travers du modèle des 4S. C'est un sigle fréquemment utilisé dans les analyses sur le tourisme. Ce modèle d'aménagement et de développement du tourisme qui s'est développé au cours de ces dernières décennies autour du bassin méditerranéen comme au Brésil.

Ce modèle qui met en avant un produit touristique peut être élaboré (prestations de base) à un coût de production relativement bas et donc accessible à tous. Ce même produit touristique est le plus souvent de type mono-activité (balnéaire par exemple). Dans l'optique de rentabilité et de fonctionnalité, ce schéma tend à concentrer et à juxtaposer, dans un espace limité, les unités d'hébergement, les services associés et les équipements de loisir destinés au séjours des touristes. En effet, tous les besoins des touristes peuvent être satisfaits sur place faisant souvent du lieu un complexe touristique clos vivant sur lui même, qui draine la quasi- totalité des dépenses touristiques.

L'Espagne a représenté à partir des années 1960 l'archétype de ce genre de tourisme. Celui-ci correspond bien au modèles des 4 S : Sun, Sea, Sand and Sex . Ces 4 S furent parmi les principales sources de motivation de ces immenses migrations estivales. La demande, analysée au travers de la notion de touriste masse, allait rencontrer un terrain favorable pour le développement de l'offre de masse à savoir l'offre généralisée du produit standard « mer et soleil». On peut invoquer, à ce titre, six raisons dont certaines ont été sans doute plus spécifiques à l'Espagne et à certains pays méditerranéens que d'autres (FUSTER LAREU, 1991)20(*) :

- Le facteur essentiel pour le développement touristique de ce modèle c'est, tout d'abord, le faible niveau des coûts relatifs compte tenu de la faiblesse de la monnaie du pays récepteur et de l'utilisation de biens libres qui, par définition, sont sans coût ou avec un faible coût d'opportunité ;

- Une nature initialement vierge, sans pollution marine ou terrestre ;

- Les bénéfices élevés des entreprises touristiques au cours de la période heureuse d'expansion de ce tourisme de masse ;

- L'absence de difficultés pour pourvoir les postes de travail de basses qualifications et les politiques publiques de constructions d'infrastructures qui bénéficient aux entrepreneurs du tourisme ;

- Ce fut un modèle de développement fondé sur les recettes attendues du tourisme et sur leurs effets rééquilibrants pour la balance des paiements ;

- Enfin, les pays et les régions qui se sont ouverts au tourisme pour implanter le modèle des 4S ont dans un premier temps soigné l'accueil (ce qui est un trait de qualité non négligeable).

L'ensemble de ces facteurs, avec des poids plus ou moins importants, a rendu possible cette adéquation entre la demande de masse et l'offre au cours d'un processus interactif.

A partir des années 1970, on a constaté un essoufflement du tourisme de masse. En effet, le modèle fordiste de développement touristique s'est révélé incapable de tenir ses promesses. Ce revirement s'explique notamment par une crise de la demande touristique. Avant d'analyser l'épuisement de ce modèle touristique, il nous paraît nécessaire de dégager les effets de ce dernier sur le développement local.

Section II : Le tourisme de masse : chance ou risque pour le développement local ?

Le secteur touristique représente une composante essentielle de l'aménagement du territoire et du développement local.

En effet, pour les territoires attractifs, le tourisme est un facteur de dynamisme économique et de rayonnement culturel tandis que dans les territoires plus fragilisés et marginalisés, il intervient en complément d'activités assurant ainsi le maintien voire la création d'emplois.

Cependant, face aux nouvelles attentes des visiteurs et la mondialisation du tourisme, les pays doivent faire face à de nouveaux défis. Faisant l'objet de pressions fortes sur l'environnement, le tourisme nécessite que des politiques de régulation soient mises en place afin de garantir à tous les pays un développement local durable.

La présente section, examine les questions économiques, sociales et écologiques interdépendantes liées au tourisme d'une manière à évaluer les enjeux du tourisme et les conséquences qu'il provoque, en vue de chercher diverses options possibles dans le cadre d'un plan directeur intégré de développement du tourisme qui soit écologiquement viable.

Cette section est divisée en deux parties. La première traitera les questions économiques et sociales, afin de montrer les effets positifs que négatifs du tourisme sur l'économie locale, ainsi que son influence sur la population locale. Aussi de montrer qu'il y a une relation de double sens entre le tourisme et l'environnement. Cette dernière représente un important facteur attractif du tourisme. Alors que le tourisme est considéré comme un destructeur de l'environnement, tel est l'objet de la deuxième partie.

II.1. Le tourisme et le développement socio-économique

Le tourisme a un impact considérable sur les économies, les sociétés et les cultures des différents pays concernées. Il est porteur de développement et peut faciliter la compréhension entre les peuples. Mais il ne présente pas que des avantages et l'on est amené de plus en plus à se demander si le développement d'une industrie touristique est rentable ou non pour les sociétés d'accueil.

Et comme l'interprète F. VELLAS, « Le tourisme réalise ainsi le passage d'une société jadis fermé, composée d'Etats clos, repliés sur eux-mêmes, à une société ouverte, universelle, où les contacts entre les hommes sont devenus une réalité quotidienne. Le tourisme satisfait un besoin, profondément ressenti, de connaissance des autres, d'échange, mais aussi d'évasion, de santé et de progrès social. Il est l'un des phénomènes, peut être le plus marquant, du développement économique et social de notre société »21(*).

D'après cette citation, le tourisme joue un rôle primordial tant au niveau économique qu'au niveau social. Et qu'il est intéressant et utile pour le développement économique et social de notre société, qu'elle soit réceptrice ou émettrice des touristes.

Mais l'expansion du tourisme s'accompagne de difficultés, parfois de crises sévères qui provoquent, de la part de certains, sa remise en cause, culturelle, sociale et même économique. Aux effets positifs en matière d'emplois, de production et de recettes sont opposés des effets fortement négatifs : inflation, destruction de l'environnement, remise en cause de l'éthique traditionnelle des peuples.

Dés lors, évaluer les conséquences du développement touristique est une tâche ardue tant la mesure est délicate et les effets contradictoires. Ces problèmes sont trop souvent abordés de façon réductrice. Soit le tourisme est célébré comme facteur de développement et de modernisation, soit il est accusé des pires maux et perversions.

Bien des paramètres sont à considérer, tant chez les visiteurs constituant rarement des populations homogènes, que chez les visités portant aussi des regards différents sur le tourisme. Les problèmes d'échelle sont essentiels. Au niveau des Etats, voire des régions, le tourisme est surtout évalué à travers les recettes qu'il apporte, les emplois qu'il crée, la contribution fournie à la formation de la richesse. Aux échelles fines, on pourra mieux saisir les effets sociaux, l'évolution des comportements et mentalités.

Il est nécessaire d'évaluer l'apport du tourisme et les conséquences qu'il provoque de façon à accroître ses avantages et à prévenir ses inconvénients. Tel est l'objet de cette section.

II.1.1. Le tourisme : un moteur du développement économique

Nul ne peut ignorer de nos jours, le rôle capital que le tourisme peut jouer en tant que secteur moteur de développement économique des pays. Ce secteur contribue considérablement à l'apport en devises, à la promotion de l'emploi et au développement régional.

Au niveau mondial ce secteur est considéré parmi les principales activités économiques. Assimilé à une activité exportatrice, le tourisme international engendre des recettes qui représentent une part importante de la valeur mondiale des exportations des marchandises et de services commerciaux. Une comparaison des exportations et des recettes du tourisme international permet de préciser les effets des politiques macro-économiques du tourisme international et du commerce international. (voir le tableau ci-dessous)

EXPORTATIONS

Milliards de dollars américains

Exportations Mondiales, dont :

6890

1. Tourisme dont :

555

- Tourisme international

455

- Transports internationaux

100

2. Automobile

549

3. Produits chimiques

526

4. Produits alimentaires

437

5. Combustibles

401

6. Matériels de bureau

394

7. Textiles et vêtements

334

8. Télécommunication

289

9. Industries extractives

155

10. Fer et acier

126

Source : O.M.C. et O.M.T., Année 1999

La comparaison de l'évolution du commerce international montre leur progression rapide en volume et en valeur. La part des recettes, au titre du tourisme international, représente en moyenne 8% des exportations mondiales et 37% des exportations mondiales de services en 1999.

Au niveau international :

Le tourisme peut contribuer à l'instauration d'un nouveau ordre économique international qui facilitera et contribuera à l'atténuation de l'écart économique croissant entre pays développés et pays en développement (ou pays de Nord/Sud) et assurera l'accélération à un rythme soutenu de développement et du progrès dans le domaine économique, en particulier dans les pays moins avancés.

Au niveau national :

Le tourisme peut être en tant que secteur hautement productif et rentable, un facteur de développement et de relance des autres activités économiques. En termes économiques, le tourisme est une consommation de biens et de services en fonction de la structure de cette consommation. Ainsi, les secteurs directement liés à son fonctionnement sont stimulés car le tourisme exerce son effet d'entraînement sur leurs productions.

En général, l'incidence des dépenses et des investissements dans le tourisme exerce une grande influence sur des secteurs tels que l'agriculture, la construction, l'artisanat, le commerce et surtout les services de transport. Ainsi, l'incidence du secteur sur l'activité productive sera d'autant plus importante que le sera la capacité nationale de production des biens et des services. Surtout que les flux touristiques connaissent une progression forte année par année. Ce dynamisme des flux s'explique notamment par la progression rapide des arrivées de touristes dans le monde. Voir le tableau ci-dessous:

* 1 VELLAS F.,  Economie et politique du tourisme international , Paris, Economica, 1985, p.7.

* 2 CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan, 1994.

* 3 Source : O.M..T., Organisation Mondiale du Tourisme, Statistiques du Tourisme Mondial.

* 4 Voir par exemple, HARRIBEY J.-M.,  Le développement soutenable , Paris, Economica, 1998.

* 5 En se référant à la définition générale du Rapport Brundtland, 1987, Le développement durable : « un développement qui s'efforce de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ».

* 6 Voir ZAOUAL H., La socio-économie de la proximité et du site, du global au local , l'Harmattan, 2005. Cet ouvrage est une des synthèses de la théorie des sites.

* 7 CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., 1994, op. cit., p. 33.

* 8 BOYER M.,  Histoire du tourisme de masse, Paris, PUF, 1999, p. 9.

* 9 De l'italien villegiatura, de villegiare, issu de villa, signifie « aller à la compagne ».

* 10 MESPLIER A., Le tourisme dans le monde, Paris, Bréal, 1995, p. 20.

* 11 CUVELIER P., TORRES E., GADREY J.,  1994, op. cit.,. p. 34.

* 12 BOYER M., L'invention du tourisme, Paris, Gallimard, 1996, p. 52.

* 13 L'oisiveté vient du latin otium. Le terme négatif est le neg otium d'où vient le mot négoce, commerce.

* 14 Cf. CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., 1994, ibid., p. 35.

* 15 CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., 1994, op. cit., p. 37.

* 16 DEPREST F., Enquête sur le tourisme de masse, l'écologie face au territoire, Paris, Belin, 1997, p. 6.

* 17 ORTEGA Y GASSET J., La révolte des masses, traduit de l'espagnol par Louis PARROT, Paris, Stock, 1961.

* 18 CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., 1994, op. cit., p. 38.

* 19 Voir par exemple, LATOUCHE S., NOHRA F., ZAOUAL H., Critique de la raison économique. Introduction à la théorie des sites symboliques. Préface de KREMER-MARIETTI A., Paris, l'Harmattan, 1999.

* 20 CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., 1994, op. cit., p. 40.

* 21 VELLAS F., 1985, op. cit, p. 7.

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