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Apport du secteur informel à la vie de la Commune dans le contexte de la décentralisation: le cas de la commune de richard Toll

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par Demba Diop
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - Maîtrise 2005
  

Disponible en mode multipage

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DEDICACES

Ce travail, notre baptême de feu dans la production scientifique soumis à une reconnaissance externe de la communauté scientifique, nous le dédions très franchement :

- à ALLAH et  à son Prophète Mohamed (PSL) de qui nous tirons la foi, la force de croire à la réalisation de nos projets les moindres ;

- à feux Daouda FALL, Mame Ngal DIAW, Bamba DIOP, Fama DIENG, Abdoulaye THIOUB, « Bébé » que nous avons aimés et de qui nous gardons de très jolis souvenirs ;

- à notre famille, en particulier : notre mère Aminata BATHILY, notre père Abdou Khadre Djeylani, nos oncles, tantes, cousins et grands-parents, nos frères et soeurs Ousseynou, Garmy, Fatou, Maïmouna, Fama, Fatikha, Mame Malick, Aïcha, Babacar FALL, Marième Cina, Aminou, Seydina, Marie DIOP, Bineta SECK, Fatim BASSE, les cousins Keïta à Rosso Mauritanie...

- à tous nos amis, entre autres : Bassirou et Moustapha DIENG, Souleymane DIALLO, Abdou A. NDIAYE, Amadou DEME, Babacar BATHILY, Mouhamadou L. WELLE, Ibra FALL, Fatou Bané DIEYE, Maïmouna DIENE, Marième NDIAYE, Massamba, Djiby DIOP, Malick Kamara, Aïssatou `Baaxyaay' GASSAMA, Abdallah, Omar NDIAYE, Alghassoum WANE, Amsata NIANG, Lamine DIOP, Bira, Sidy, Ansou B. DIENG, Amadou, Alioune THIOUB, Racine KANE, Faty, Iba, Diodio... qui n'ont eu de cesse de nous galvaniser, de nous encourager et de nous témoigner une confiance et une révérence hors du commun ;

- à tous nos camarades de la Promotion Sanar 10 : Ahmadou Samba Souna FALL, Marame CISSE, Modou DIOME, Mariama NDONG, Abdoulaye DRAME, Alpha BA...

- à tous nos enseignants de l'ex-Ecole Abdoulaye Loga WADE (Alioune SARR), du Lycée Alpha Mayoro WELLE de Dagana et de l'Université Gaston BERGER de Saint-Louis ; à ces vaillants citoyens qui - à force de rigueur et de persévérance- ont osé endosser le sacerdoce de semer, de cultiver et de récolter en nous la graine du savoir, du savoir-faire et du savoir-être. Nous gardons telle une relique au panthéon de nos souvenirs des noms comme Pr. Gora K. MBODJ, Pr. Abdoulaye NIANG, Pr. Issiaka P. Lâlèyê, M. Alfred I. NDIAYE, M. Ibou SANE, Mme Fatou D. SALL, M. Sambou NDIAYE, M. Abdoul W. CISSE, M. Bouna A. FALL, M. Amédoune BA, M. Saliou NDOUR, M. Sarr DIOP, M. Cheikh A. T. NDIAYE, M. Ndiaga SAMB, M. Malick NDIAYE, M. Ahmadou B. SOW, M. Malick THOMAS.

- à tous ceux qui, de près ou de loin, ont apporté une participation aussi infime qu'ils la jugent à ce travail ou à ma vie.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail exigerait des coûts plus élevés, une durée plus longue et des efforts plus soutenus, n'eût été :

- l'encadrement rapproché du Professeur Abdoulaye NIANG et l'intérêt particulier qu'il a trouvé et manifesté par rapport à notre sujet de recherche ;

- l'appui technique du Professeur Gora MBODJ, de Monsieur Ibou SANE et du Docteur Abdoul Wahab CISSE à travers leurs suggestions mais surtout leur disponibilité vis-à-vis de nos incessantes interpellations sur des questions d'ordre méthodologique ;

- la collaboration sincère et la manifestation d'intérêt vis-à-vis de ce travail des acteurs interviewés du Secteur Informel de Richard-Toll d'un côté et de l'autre des responsables municipaux que nous avons sollicités, entre autres : le Maire Abibou DIEYE, M. Magatte SECK, M. Doudou DIAW « Bakhao » que nous saluons au passage pour sa disponibilité, sa spontanéité et sa profondeur dans l'analyse, M. Youssou DIEYE, M. Sellé DIEYE et M. William DIENG.

- l'appui financier de nos parents et la compréhension sans faille qu'ils nous ont témoigné ; nous pensons à notre père Oumar DIOP, à nos grands Sidy Mohamed et Adiouma FALL qui ont toujours répondu favorablement, spontanément et avec promptitude à nos moindres manifestations de besoins vénaux....

- l'appui logistique de notre plus que frère Waly SARR, Maître en Gestion, ayant mis à notre disposition son ordinateur ; de notre grand-père Seyni THIOUB qui nous est souvent venu à la rescousse dans nos besoins en tirage-impression.

- l'hospitalité de Ndiaga GAYE qui nous a hébergé à coeur joie tout le long de notre immersion, et des soeurs Bineta SECK, Saly NDIAYE, Aby et Mamy Victor NIANG qui n'ont ménagé aucun effort pour édulcorer nos laborieux moments d'enquête à la Capitale Sucrière.

Que toutes ces honorables personnes trouvent sur cette page l'expression de notre plus profonde gratitude. Qu'elles sachent que nous nous sentons redevables à leur égard dans la mesure où leurs apports respectifs- aussi minimes ou insignifiants qu'elles les jugent- nous ont été plus que précieux. Merci !

SOMMAIRE

Dédicaces ................................................................................... ...........02

Remerciements..................................................................................... ....03

Sommaire.................................................................................... ...........04

Sigles ou Acronymes..................................................................... ............05

Introduction.................................................................................... .........07

Partie I : Approches Théorique et méthodologique...............................................11

Chapitre I : Approche théorique.................................. ................................12

I. Question de départ........................................................................12

II. Problématique .............................................................................12

III. Hypothèse .................................................................................28

IV. Conceptualisation ........................................................................29

V. Objectifs ..................................................................................44

VI. Intérêt du sujet ...........................................................................45

VII. Cadre théorique...........................................................................45

VIII. Modèle d'analyse ........................................................................46

Chapitre II : Approche méthodologique.........................................................48

I. Exploration................................................................................48

II. Echantillonnage...........................................................................49

III. Techniques de recueil....................................................................50

IV. Histoire de la collecte....................................................................52

V. Difficultés rencontrées et stratégies adoptées........................................53

VI. Dépouillement............................................................................54

Partie II : Cadre de l'Etude et Contexte de la décentralisation...................................55

Chapitre I : Cadre de l'Etude....................................................................57

I. Aspects historiques......................................................................57

II. Aspects géographiques ..................................................................58

III. Aspects démographiques................................................................58

IV. Aspects économiques ...................................................................59

V. Infrastructures et Equipements.........................................................60

Chapitre II : La Commune de Richard-Toll et la Décentralisation ........................61

I. Organisation et fonctionnement.......................................................62

II. Exercice des compétences ..............................................................65

Partie III : Analyse et Interprétation des résultats.................................................72

Chapitre I : Secteur Informel dans la Commune.............................................73

I. Présentation du secteur informel de la Commune de Richard-Toll...............73

A -La diversité ..........................................................................73

B -La localisation.......................................................................78

C -Les difficultés.........................................................................80

II. Fonction Sociale .........................................................................86

A -Emplois................................................................................86

B -Revenus................................................................................93

C -Production de biens et de services.................................................96

III. Fonction Economique..................................................................106

A -Part dans l'Economie globale....................................................106

B -Part dans le budget communal....................................................112

Chapitre II : Développement Local..........................................................119

I. Proximité gestionnaire.................................................................119

II. Satisfaction sociale....................................................................122

III. Réalisations de la Commune.........................................................123

IV. Formalisation de l'informel..........................................................126

V. Attentes populaires et perspectives ................................................129

Conclusion...........................................................................................136

Bibliographie.......................................................................................138

Annexes................................................................................... ..........142

Sigles ou Acronymes

Sigles ou Acronymes

Significations

ACAPES

Association Culturelle, d'Autopromotion Educative et Sociale.

ACDI

Agence Canadienne pour le Développement International.

ADM

Agence de Développement Municipal.

AGETIP

Agence d'Exécution des Travaux d'Intérêt Public.

AOF 

Afrique Occidentale Française.

ARD

Agence Régionale de Développement.

ASBEF

Association Sénégalaise pour le Bien-Être Familial.

BCEAO

Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

BICIS

Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Sénégal.

BIT

Bureau International du Travail.

BNDS

Banque Nationale de Développement du Sénégal.

BOM

Bureau Organisation et Méthode.

CBAO

Compagnie Bancaire Ouest Africaine.

CDE

Consortium D'Entreprises.

CESTI

Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information.

CFA

Communauté Financière Africaine (Franc CFA).

CGU

Contribution Globale Unique.

CNCAS

Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal.

CODESRIA

Conseil pour le Développement de la Science et de la Recherche en Afrique.

CSS

Compagnie Sucrière Sénégalaise.

DSRP

Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté.

ENDA

Environnement et Développement du Tiers-monde.

FAO

Food and Agriculture Organization.

FED

Fonds Européen pour le Développement.

FMI

Fonds Monétaire International.

FNPJ

Fonds National de Promotion de la Jeunesse.

FNRR

Fonds National de Réinsertion des Rapatriés.

GDS

Grands Domaines du Sénégal.

GIE 

Groupement d'Intérêt Economique.

HCR

Haut Commissariat des Réfugiés.

ICS

Industrie Chimique du Sénégal.

IDIS

Industrial Drip Irrigation System.

MAS

Mission d'Aménagement du Sénégal.

NPA

Nouvelle Politique Agricole.

NPI

Nouvelle Politique Industrielle.

OCDE

Organisation de Coopération et de Développement Economiques.

OHLM

Office des Habitations à Loyers Modérés.

ONG

Organisation Non Gouvernementale.

ONCAD

Office National de Coopération et d'Assistance pour le Développement.

ORSTOM

Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer.

OSA

Office Sénégalais de l'Artisanat.

PDS

Parti Démocratique Sénégalais.

PDU

Plan Directeur d'Urbanisme.

PIC

Plan d'Investissements Communaux.

PMA

Pays les Moins Avancés (du monde).

PME

Petite et moyenne Entreprise.

PMI

Petite et Moyenne Industrie.

PNB

Produit National Brut.

PAMLT

Programme d'Ajustement à Moyen et Long Terme.

PLB

Produit Local Brut.

PNUD

Programme des Nations Unies pour le Développement.

PREF

Plan de Redressement Economique et Financier.

RT

Richard-Toll.

SAED

Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta.

SAR

Société Africaine de Raffinerie.

SDAU

Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme.

SDE

Sénégalaise Des Eaux.

SDRS

Société de Développement Rizicole du Sénégal.

SENELEC

Société Nationale d'Electricité.

SICAP

Société Immobilière du Cap-Vert.

SMIG

Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti.

SODEVA

Société de Développement et de Vulgarisation Agricole.

SOFISEDIT

Société Financière Sénégalaise pour le Développement de l'Industrie et du Tourisme.

SOMIVAC

Société de Mise en Valeur Agricole de la Casamance.

SONAGA

Société Nationale de Garantie et d'Assistance en Commerce.

SONAR

Société Nationale d'Assistance Rurale.

SONATEL

Société Nationale de Télécommunication.

SONEPI

Société Nationale d'Etudes et de Promotion Industrielle.

SOSEPRA

Société Sénégalaise de Promotion de l'Artisanat d'Art.

SOTRAC

Société des Transports en Commun du Cap-Vert.

TVA

Taxe sur la Valeur Ajoutée.

UFR

Unité de Formation et de Recherche.

UGB

Université Gaston Berger.

UNESCO

United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization[ Organisation des Nations Unies pour la Science, l'Education et la Culture].

US

United States ( $ US) [Etats-Unis].

USAID

United States Aid Organization [l'Agence Américaine pour le Développement International].

INTRODUCTION GENERALE

Pendant longtemps, sous le joug des négriers puis de la colonisation, le Sénégal comme bon nombre de pays africains accède en 1960 à l'indépendance. La priorité était, dès lors, de forger un Etat fort afin d'assurer aux populations des conditions de vie des meilleures. On assiste, alors, à l'application des premières recettes dites de développement.

Néanmoins, les difficultés ne vont pas tarder à se manifester avec virulence. Les années 1970 ont été marquantes en ce sens que la crise y avait atteint son paroxysme. L'économie nationale a basculé avec les années de sécheresse et le choc pétrolier, parmi tant d'autres facteurs. Le recours à l'assistance internationale est, dès lors, de mise et des dettes importantes sont contractées auprès des bailleurs de fonds. Les années 1980 aussi sont déterminantes dans l'évolution socio-économique du Sénégal. Le contexte international instable et l'échec des batteries de politiques jusque-là appliquées ont montré les limites et l'inefficience du modèle interventionniste, d'où la nécessité de changer d'orientation. L'Etat « pourvoyeur » est obligé de retourner sa veste politique en quittant progressivement le socialisme pour la chapelle libérale imposée par les institutions de Bretton Woods. Ces dernières sont entrées en jeu avec les politiques d'austérités. Celles-ci censées remettre en selle l'économie ont eu des corollaires sociaux déplorables car ayant aiguisé les difficultés à tout point de vue. Les programmes d'ajustement structurel ayant occasionné la dévaluation du Franc CFA (ajustement financier) et, par la même occasion, la modification de certaines dispositions de la législation du travail n'ont pas donné de résultats très convaincants sur leur pertinence en Afrique généralement et au Sénégal particulièrement. Les problèmes de chômage, de pauvreté et de dépendance se précisent davantage.

Le désengagement imposé à l'Etat et son intervention très limitée sur le quotidien des populations le poussent à parachever le processus de la décentralisation enclenché depuis l'ère coloniale. Si les premières communes (Saint-Louis et Gorée) sont créées en 1872, il est aussi à retenir que les réformes post-coloniales de 1972, de 1990 et de 1996 sont d'une importance notoire dans ce processus. En effet, c'est à partir de 1996 que la décentralisation est effective au Sénégal avec la loi 96-06 portant Code des Collectivités locales et la loi 96-07 portant transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales. Au niveau des trois ordres de collectivités territoriales sont transférés les domaines de compétences qui sont au nombre de neuf (09) à savoir : « domaine », « environnement et gestion des ressources naturelles », « santé, population et action sociale », « jeunesse, sports et loisirs », « culture », « éducation », « planification », « aménagement du territoire », « urbanisme et habitat ». Il est, désormais, dévolu aux populations, elles-mêmes, la charge et les moyens de s'assurer des conditions de vie plus décentes. La promotion de la citoyenneté, de la démocratie locale voire du développement à la base est d'actualité. La question de la participation des populations à tout ce qui a trait au local se pose alors.

C'est dans ce contexte précis que s'insère la pertinence de la problématique de l'apport du secteur informel à la vie de la Collectivité locale.

Le secteur informel a été et est, de nos jours, l'objet d'une multitude de théories, d'approches et d'analyses différentes voire divergentes. Au fait, phénomène historique décelable à l'ère coloniale à travers la dérogation de certains indigènes à l'imposition coloniale, le secteur informel ne cesse, aujourd'hui, de prendre des proportions sérieuses. Vu à ses premiers jours sous l'angle d'une anomalie temporaire au Ghana puis au Kenya, sa légitimité sociale n'est presque plus contestable à l'ère actuelle où le désengagement de l'Etat est au su et au vu de tous. Quoique frauduleux, dérogatoire en tout ou partie à la législation, il se positionne comme secteur à part entière auquel on reconnaît le mérite dans la réduction du chômage, la promotion de l'esprit d'entreprise et de solidarité, la production de biens, la prestation de services à des prix abordables pour les bourses faibles, la création de richesses, etc., pour ne citer que ces avantages.

Cela dit, il est question dans cette contribution de confirmer ou d'infirmer, de tester-en un mot- l'hypothèse selon laquelle le secteur informel, dans le contexte de la décentralisation territoriale, est un levier de développement dans la Commune de Richard-Toll.

Richard-Toll, cadre parfait du point de vue de l'importance de ses poids économique et démographique mais aussi du point de vue de la faisabilité eu égard à la logistique disponible, a été sélectionné comme champ de l'étude. Cette collectivité locale, en réalité, a la particularité de renfermer en son sein l'un des plus essentiels maillons du tissu industriel du Sénégal, en l'occurrence la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS). C'est un cadre d'étude dont la pertinence n'est plus à démontrer pour la bonne et simple raison que le secteur informel y côtoie un fort secteur moderne formel et permet à la Commune d'avoir une économie à deux vitesses.

Il s'agira, donc, de passer au tamis- dans la mesure du possible- les moindres aspects touchant ce sujet. Ce travail, très éloigné de toute prétention exhaustive, se fera sous l'angle de la démarche fonctionnelle. Le social sera interrogé sur le rôle que l'informel joue au sein du système social que constitue la Commune de Richard-Toll.

L'objectivité, la rigueur et la transparence seront les armes constamment brandies au cours de ce travail dans le but de respecter l'enseignement de Gaston Bachelard selon lequel le fait social doit être conquis, construit et constaté ; en d'autres termes, conquis sur les préjugés, construit par la raison et constaté dans le réel. La logique interne de ce travail nous a conduit à la présentation de ce document à structuration ternaire.

D'abord, il semble important de dégager les contours théoriques et méthodologiques de ce travail, c'est-à-dire entre autres exigences théoriques et méthodologiques de la recherche scientifique, de préciser la problématique de recherche qui a été retenue, de faire apparaître le schéma d'analyse adopté, de dégager les objectifs principaux qui meuvent cette contribution à la recherche, de montrer les hypothèses retenues avant de sélectionner les méthodes et techniques qui nous ont semblé plus pertinentes dans le cadre de cette étude.

Ensuite, la deuxième partie consiste à préciser, à définir voire à délimiter le cadre d'étude et le contexte de la recherche. En premier lieu, cette étape consiste à dégager les caractères physiques, démographiques, économiques sans occulter l'aspect infrastructurel de la localité. Ceci nous permet, en réalité, de mieux maîtriser et de délimiter, avec toute la précision qui sied, l'aire géographique à laquelle s'applique la recherche. En deuxième lieu, il est question de décrire la vie communale à l'épreuve de la politique de décentralisation territoriale ; en des termes plus univoques, décrire le mécanisme de fonctionnement et d'organisation de la commune d'un côté et de l'autre l'exercice des compétences transférées à celle-ci.

Last but not the least, la troisième partie servira de prétexte pour faire apparaître les résultats de la recherche de terrain à travers une analyse claire et une interprétation enrichissante et fidèle. Il est question, dans un premier temps, de présenter le secteur informel qui anime la vie économique de la Commune de Richard-Toll : sa localisation, ses caractères, ses estimations.... Dans un deuxième moment, il est important de souligner clairement les enjeux économiques et sociaux du secteur informel de la Commune de Richard-Toll à l'ère actuelle : résorption du chômage, création de revenus, participation à l'économie globale et au budget municipal, livraison de biens et de services aux populations... En dernier lieu, il s'agira de voir ou de jauger le niveau du développement local, en un mot de faire le bilan de la décentralisation à l'aune des investissements municipaux, de la satisfaction sociale, de la participation des acteurs locaux, de la volonté de légalisation des acteurs du secteur informel, du civisme fiscal de ces derniers...

Partie I :

Approches

Théorique

Et

Méthodologique

Chapitre I : Approche théorique

I. Question de départ

La question de recherche est l'interrogation qui donne sens à notre étude. Elle est la question centrale à laquelle tout notre argumentaire tente de répondre. Elle est la suivante :

Quelle place le secteur informel occupe-t-il dans la Commune de Richard-Toll dans le nouveau contexte de la décentralisation ?

II. Problématique

1. Etat de la question

Depuis quelques siècles, des crises multiformes et multidimensionnelles marquent l'histoire de cette partie du monde qu'est l'Afrique. Juste après la libération de ce joug qu'est la colonisation, les nouveaux Etats africains sont replongés dans une nouvelle spirale de difficultés. En effet, au lendemain des indépendances, la croissance démographique est de plus en plus rapide contrairement à la croissance économique. Ce qui n'est pas sans poser de problèmes de prise en charge des besoins des masses.

A l'instar de ses voisins, le Sénégal est entré dans cette mouvance de crises provenant pour la plus grande part d'erreurs d'orientation interne, d'un côté, et, de l'autre, de facteurs externes défavorables. L'Etat a opté pour une politique économique de type socialisant basée plus sur l'agriculture que sur les autres secteurs de production telle l'industrie. En sus de cela, il était le principal promoteur économique et monopolisait aussi bien les secteurs agro-industriel, manufacturier, minier, énergétique que les services d'ordre public. L'orientation interventionniste exigeait qu'il mette en place un certain nombre d'établissements publics ou parapublics pour l'encadrement1(*) tous azimuts de l'économie.

Dans les années 1970, la crise redoublera d'acuité. Les années de sécheresse de 1973 (la pire de toutes), de 1977 et de 1984 ont suscité l'attention et l'intervention internationales. Le glas de la prospérité des ruraux -qui constituaient la plus grande majorité de la population et qui vivaient essentiellement de l'agriculture- venait de sonner. Progressivement, l'agriculture bascule dans la médiocrité du fait de la vulnérabilité des sols, de la régression de la végétation et de la fertilité, de l'insuffisance pluviométrique et de sa mauvaise répartition, de la progression du désert, de la salinisation des sols...Les faibles rendements agricoles- ayant indéniablement suscité l'exode rural- sont encore fonction de la cherté des intrants mais aussi de la faiblesse des revenus des paysans... Au feu de la crise, les entreprises parapubliques d'encadrement du secteur agricole de la trempe de l'ONCAD (plus tard SONAR), de la SODEVA et de la SAED se sont heurtées à des difficultés de gestion.

Par ailleurs, au lendemain du choc pétrolier de 1973, le Sénégal a fait recours aux capitaux étrangers pour satisfaire sa demande importante en énergie. Ainsi d'importants crédits ont été contractés auprès de la Banque Mondiale, de la Communauté Européenne, du FMI, de l'ACDI, de l'USAID et des pays arabes entre autres bailleurs. Sa dette s'est presque triplée en passant de 1.468 Millions de $ à 4.139 Millions de $ de 1979 à 19892(*).

Le glas a encore sonné mais, cette fois-ci, pour l'interventionnisme de l'Etat. C'est le début des Politiques d'Ajustement Structurel c'est-à-dire de « l'ensemble des conditionnalités qui ont invariablement accompagné les accords entre les institutions de Bretton Woods et les gouvernements africains pour l'obtention par ces derniers de ressources devant leur permettre de résorber leurs déficits internes et externes afin de créer les conditions nécessaires à une croissance durable »3(*). Leurs raisons d'être sont donc l'assainissement, la relance et l'assurance de la compétitivité de l'économie des pays africains. La formule du « moins d'Etat mais mieux d'Etat » voit le jour et corrobore entièrement l'orientation vers la libéralisation et la privatisation. Pour s'assurer le soutien des bailleurs de fonds, le Sénégal se devait de réduire les dépenses publiques, de supprimer bon nombre de subventions dans divers domaines, de gérer au mieux et de façon transparente les entreprises publiques, de modérer l'augmentation des salaires, de stimuler l'investissement et l'initiative privés...

S'agissant du secteur secondaire réputé être le domaine industriel, force est de souligner l'insignifiante place qu'il occupe au sein du système économique sénégalais. Il est caractérisé par une prédominance des industries agro-alimentaires (matières premières agricoles et halieutiques...) au grand dam des industries lourdes (mines...) faiblement représentées par les ICS, la SAR ; les industries de haute technologie sont totalement absentes. Les industries sont quasi-totalement implantées à Dakar et sont aussi marquées par un faible niveau technologique et leurs produits sont peu compétitifs. Elles existent dans l'incapacité de satisfaire la demande nationale et sont fortement étouffées par la contrebande et la concurrence. Le noeud du problème demeure, malgré tout, la question de la compétitivité. Avec la libéralisation des échanges et l'ouverture des frontières- qui doivent d'ailleurs être source de rééquilibrage macro-économique- les entreprises africaines, en général, et sénégalaises, en particulier, sont confrontées à de réels problèmes de compétitivité aussi bien interne qu'externe. En sus des facteurs contraignants nationaux et internationaux, les entreprises non-compétitives -ou les plus faibles- n'ont aucun secours à attendre de l'Etat « financièrement aux abois »4(*). La perte de consistantes parts de marché en est la résultante au profit d'entreprises asiatiques ou sud-américaines où les facteurs de production et les utilités sont moins coûteux. Jean-Pierre Barbier confirme cet état de fait en annonçant que : « les charges salariales en Afrique, et tout particulièrement en zone franc, sont largement supérieures à celles des pays d'Asie ou d'Amérique latine comparables en termes de productivité (par exemple, en 1989, l'heure de travail dans l'industrie textile était rémunérée à 2,54 dollars US en Côte d'Ivoire, contre 0,37 dollars US au Pakistan et 0,58 dollars US en Thaïlande) ; le coût du capital , au sens économique du terme, est élevé puisqu'une usine montée en Afrique coûtera environ deux fois plus chère qu'en France du fait de nombreux surcoûts de transport, de montage, de mise en route avec du personnel expatrié, de la nécessité de prévoir des stocks importants de pièces détachées, des ateliers renforcés pour la maintenance, etc. ; le coût du fret, entre le Golfe de Guinée et l'Europe, est supérieur à celui que les importateurs ou exportateurs peuvent obtenir entre Singapour et l'Europe ; le coût de l'énergie, sauf pour quelques pays privilégiés en Afrique- Nigeria pour les produits pétroliers, Zaïre ou Ghana pour l'électricité-, est également plus cher que dans la plupart des pays du monde. On pourrait ainsi décliner les surcoûts qui pénalisent la compétitivité des entreprises africaines.»5(*) L'existence d'un environnement défavorable pour la floraison des entreprises est imputable aussi bien à la responsabilité de l'Etat qu'à la situation économique internationale. L'Etat est responsable en ce qui concerne le droit des sociétés, le droit du travail, la fiscalité, le fonctionnement de la justice, la protection des marchés intérieurs et la lutte contre la fraude pour ne citer que ces points. Il est à noter que des mesures de politique générale aidant les entreprises ont été constatées dans les pays qui connaissent aujourd'hui une compétitivité industrielle par une croissance des exportations. Les entreprises les plus compétitives du monde comptaient à leur émergence sur un important marché intérieur tout en bénéficiant d'une certaine protection de la part de leur Etat. Il semblerait, par ailleurs, que le Nigeria et l'Afrique du Sud soient les seuls pays à posséder cet atout. Quant à l'organisation du commerce international, elle est essentiellement dictée par les intérêts des grandes puissances. En d'autres termes, « les intérêts politiques et commerciaux des pays du Nord sont tels qu'on voit mal aujourd'hui comment un pays africain pourrait se développer et faire progresser sa compétitivité alors que des efforts patients de la riziculture peuvent être remis en cause par l'arrivée dans les ports du continent de cargos aux cales débordantes d' `aide' alimentaire ».6(*) On peut encore citer la fripe qui concurrence sérieusement l'industrie textile.

C'est dire que le Sénégal dépend largement de l'extérieur pour écouler l'arachide et l'huile d'arachide -qui subissent d'ailleurs les contrecoups de l'importante concurrence des produits de substitution telle l'huile de tournesol-, pour importer les produits alimentaires et industriels, pour financer ses grands projets mais aussi pour déterminer la valeur de sa monnaie (le Franc CFA). Les Nouvelles Politiques Agricole (1984) et Industrielle ( 1986)- s'étant inspirées de la formule des Programmes d'Ajustement Structurel voulant que l'Etat se désengage des secteurs aussi bien économiques que sociaux- n'ont pas produit les effets escomptés d'où leur abandon ultérieur pour motif d'absence de résultats probants.

Cependant, il est à reconnaître que ces programmes d'ajustements ont, quelquefois, leur lot d'éléments positifs car il y a stabilisation ou redressement de certaines filières et de certains taux de croissance positifs. Par exemple, le Sénégal a enregistré une croissance de son produit intérieur brut de 3,3% en 1994, de 4,8% en 1995 et de 5,7% en 19967(*).

Par contre, l'informel explose et les lendemains deviennent sombres au moment où l'on parle pourtant de croissance, de développement ou même de décollage économique. En réalité, « après dix ans d'application, l'ajustement est un échec et n'a en fait même pas lieu »8(*), selon Assane Camara, dans la mesure où ses corollaires directs deviennent la rareté mais aussi la précarité de l'emploi. Jacques Habib Sy9(*) ajoute que l'Afrique s'est davantage appauvrie après deux décennies d'ajustement et évolue à présent dans les marges de l'humanitaire. A titre exemplatif, on observe depuis 1986 « la déflation de 33.551 travailleurs provenant pour 20.000 des sociétés de développement rural, pour 5.100 du secteur industriel et des banques et pour 4.451 de la Fonction Publique »10(*). Cette crise de l'emploi accède à son point le plus culminant à partir du 28 novembre 1994 avec l'abrogation de l'article 47 du Code du Travail qui autorise le licenciement de travailleurs pour motif économique sans préavis de l'Inspecteur du Travail. Il n'est, d'ailleurs, qu'un parmi les 60 articles modifiés sur les 258 articles du Code du travail. En un mot, l'employé devient plus vulnérable et l'emploi plus précaire.

A cela s'ajoute le conflit sénégalo-mauritanien d'avril 1989 occasionnant le rapatriement de milliers de sénégalais avec la confiscation de leurs biens. Ils sont plus exactement « quelques 70.229 rapatriés de la Mauritanie dont 80% se sont installés »11(*) dans la Vallée du Fleuve Sénégal. Cette masse viendra aggraver la crise surtout dans la Région de Saint-Louis en ce sens que l'insertion socioprofessionnelle demeure problématique, même avec le Fonds National de Réinsertion des Rapatriés (FNRR).

Par ailleurs, avec la valeur élevée de la monnaie rendant difficile et chère l'exportation et l'importation bon marché, une politique d'ajustement monétaire est envisagée pour favoriser l'exportation. La dévaluation du Franc CFA de 50% - le 12 janvier 1994, après 46 ans de fixité avec le Franc Français- viendra s'ajouter à la longue liste des maux comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ses effets ont été très désastreux en grande partie. Les termes de l'échange se sont davantage détériorés avec une stagnation réelle de la production industrielle et un déficit chronique de la balance commerciale à cause d'une consistante importation en terme de riz, de biens d'équipement, de produits énergétiques etc. Seuls les secteurs de la chimie, du tourisme et de la pêche ont connu une nette amélioration. Contrairement aux objectifs visés et aux résultats escomptés, et malgré la publicité du « consommer sénégalais », les ménages en ont souffert avec la diminution considérable de leur pouvoir d'achat.

En sus de cela, les catastrophes climatiques de 2002 ayant occasionné des pertes très lourdes de têtes de bétail dans le Nord du Sénégal (un choc pour l'élevage) et le péril acridien de 2004 ayant donné lieu à un ravage des champs (choc pour l'agriculture) se sont rajoutés à la kyrielle des causes de la paupérisation des masses. Le bouquet : depuis 2001, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a classé le Sénégal parmi les Pays les Moins Avancés du Monde (PMA) et lui réserve, en 2003, la 156ème place sur la liste des 175 Indices de Développement Humain classés. Cela résulte, quelque part, de la dégradation des indicateurs socio-économiques mais aussi de la faiblesse du revenu par tête (500 dollars environ) malgré la croissance affichée. Il faut signaler qu'en 200212(*), la chute des productions agricoles de 21% et de l'élevage de 8% due aux conditions climatiques avait diminué considérablement le revenu par habitant.

Depuis le 19 mars 2000, le Sénégal vit sous un nouveau régime. Il appert que le pays est devenu beaucoup plus visible sur la scène internationale. Le taux de croissance est remonté à 6,6% et l'inflation redescendue à 1% pour le compte de l'année 2003. L'Etat sénégalais a consenti un effort pour préserver le pouvoir d'achat des populations en augmentant les salaires de 5 à 10% au titre de l'année 2002. Le Gouvernement d'Idrissa Seck (2003-2004), dans le cadre de la lutte pour la croissance et contre la pauvreté au Sénégal, a obtenu des bailleurs de fonds 33 millions d'euros pour la période 2003-200513(*). S'ajoute à cela l'augmentation annuelle moyenne de 50 milliards de Francs CFA des recettes budgétaires de l'Etat entre 1999 et 2003. L'Etat tente de résorber le chômage en faisant des recrutements massifs dans la Fonction Publique et en créant des structures de la trempe du FNPJ doté chaque année d'un budget de deux (2) milliards de Francs CFA pour financer des projets professionnels. Malgré tout, le chômage demeure et reste encore le problème national numéro un pour la jeunesse. En témoignent les chiffres officiels estimant, en 2001, à 48%14(*) le taux de chômage du pays. Plus de 100000 nouveaux demandeurs d'emplois débarquent annuellement sur le marché du travail. On constate une demande très forte de visas au niveau des ambassades des Etats-Unis, de la France, de l'Italie, de l'Espagne. La forte demande sociale est là matérialisée aussi par les revendications récurrentes des différentes couches de la société sénégalaise. « Environ 65% de la population vit toujours en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire en dessous du revenu nécessaire pour se procurer l'équivalent de 2 400 kilocalories par jour et par personne. »15(*) Partout dans le pays, le « Goorgoorlu »16(*) est en vogue. « La réalité semble donner raison au président sénégalais. Les bailleurs de fonds n'ont pas sorti le pays de l'ornière de la pauvreté, mais l'ont, en revanche, introduit avec un tapis rouge au sein du triste Club des Pays les moins avancés (PMA)... Les sénégalais doivent donc se faire violence (...) pour que d'autres n'écrivent l'Histoire à leur place. Accepter de ne plus tout attendre du chef, de ne plus tout attendre du cousin qui a réussi, de ne plus croire à une hypothétique manne de l'extérieur. Ils doivent se substituer, pourquoi pas, à un Etat impuissant à reprendre en main certains services publics (...). S'appuyer encore plus que par le passé sur ce qui fait leur force : les solidarités traditionnelles, la combativité de la société civile et des réseaux associatifs, le goût d'entreprendre, l'étonnante mobilité géographique à l'international, la créativité des jeunes diplômés à la tête de petites entreprises locales pourvoyeuses d'emplois, l'exceptionnelle réactivité économique du secteur informel, une capacité toute senghorienne à pouvoir marier tradition et modernité... »17(*)

C'est dans ce contexte marqué par une spirale des crises que l'on a observé une croissance fulgurante du secteur informel au Sénégal même si l'on sait que celui-ci existait déjà à l'époque coloniale. On observe, dès lors, une « intensification de la lutte pour la survie », une « diversification » et une « rationalisation » accrues des formes de lutte pour l'insertion socioprofessionnelle mais aussi à la paupérisation en milieu urbain, pour reprendre les termes du Professeur Abdoulaye Niang18(*). Les populations, édifiées sur leur sort, ont décidé de « ne plus compter ni sur l'Etat ni sur l'industrie ou le secteur privé »19(*) structuré pour une embauche durable. La vulnérabilité du salarié, la précarité de l'emploi, la peine à trouver son premier emploi, l'absence d'allocation de chômage, l'élargissement des familles et l'accroissement de leurs besoins vis-à-vis d'un salaire désormais insuffisant et parfois inexistant débouchent sur des changements de comportements, sur l'élaboration de mécanismes et de stratégies de survie et de lutte pour la réussite ou l'ascension sociale. Bref, l'impossibilité pour l'Etat de satisfaire une demande sociale forte, en matière de santé, d'éducation, de logement et d'emploi peut être perçue comme étant à la base du foisonnement des activités de type informel. En résumé, la croissance du phénomène informel peut être rattachée à six principaux facteurs : l'urbanisation galopante, la crise de l'emploi dans le secteur formel, la chute du pouvoir d'achat de la plus grande partie de la population active, la disponibilité de compétences, d'aptitudes et de capacités professionnelles en chômage car non employées, la faiblesse du capital investi et la complexité de la réglementation fiscale. En 1986, une enquête faite par le Ministère du plan et de la Coopération20(*) montrait déjà que près de 60% de la population active travaillent dans le secteur informel. William T. Archey disait le 1er Janvier 1988 que les petits entrepreneurs se sont engagés dans « la production légitime sans licence pertinente et sans statut légal »21(*) dans la mesure où ils ne peuvent pas faire face aux  « chinoiseries administratives » et à certaines restrictions leur fermant l'accès à l'économie formelle. Emile Durkheim dirait alors que l'informel, devenu un fait social, est une manière de faire, de penser ou d'agir extérieur aux populations et doué d'un pouvoir de contrainte en fonction duquel il s'impose à elles comme recours de sortie de la misère mais aussi d'insertion socioprofessionnelle dans un contexte où l'existence se définit par rapport à l'essence, la richesse ou la fonction. Le secteur informel est, dès lors, perçu comme l'ensemble des activités économiques qui se pratiquent en marge des législations sociale, fiscale, pénale ou se soustrayant à la Comptabilité Nationale, à la politique économique et sociale, bref à toute forme de régulation de la part de l'Etat. L'idée de fraude est mise en exergue dans sa définition mais l'ambiguïté de son utilité socio-économique se jauge par rapport au fait que les activités se pratiquent souvent au su et au vu de tous les citoyens.

Se maintenant en marge de la légalité, il a été, à ses débuts, négativement perçu. Il a, depuis longtemps, été analysé comme une stratégie de survie dans un contexte difficile et rien de plus. L'informel ne pouvait être conçu, selon ses détracteurs, ni comme une amélioration des conditions de vie, ni comme une source de richesse. Il est précaire, fragile, marginal et misérable pour reprendre Dan Gallin22(*). Selon Georgette Silva Barboza23(*), Régine Bonnardel reste sceptique quant à l'efficacité du secteur informel qu'elle taxe même de « secteur d'incertitudes », de précarité...D'ailleurs, bien des politiques ont tenté de l'éradiquer mais il n'en demeure pas moins qu'il se fortifie davantage. A titre illustratif, Félix Houphouët Boigny, président de la République ivoirienne jusqu'au 7 décembre 1993, dans son projet de faire de sa ville natale (Yamoussoukro) la vitrine de la Côte d'Ivoire, avait interdit à partir de 1990 des activités telles le commerce de rue et les petits métiers de type informel jugés très encombrants pour la ville. Si les policiers empêchaient l'activité informelle de 09 heures à 17 heures, les vendeurs et autres acteurs occupaient le soir les rues, et ce, à partir de 17 heures, juste à la descente des policiers24(*). Au Sénégal, certaines activités se sont vues interdites. C'est l'exemple des « vélos-taxis » à Kaolack en 1981 mais encore la vente sur la voie publique et dans les lieux publics interdites respectivement par les décrets 76-018 du 06 janvier 1976 et 87-817 du 25 juin 1987 jamais appliqués25(*). A Richard-Toll, la question de la fraude sucrière constitue le vrai problème qui oppose aujourd'hui acteurs de l'informel et autorités. Le sucre en poudre, importé de la Mauritanie et vendu à vil prix au su et au vu de tous et même aux devantures de l'usine, menace sérieusement la production de la CSS qui a exposé expressément 50 000 tonnes d'invendus devant l'administration. Le samedi 10 juillet 2004, sous la présidence de Madame Duprê Awa Diongue, l'amicale des femmes travailleuses de la CSS a organisé une marche contre la fraude sucrière car « le patron a menacé que si le sucre n'est pas vendu, ce sera le chômage technique l'année prochaine »26(*). A Richard-Toll, le soutien de la CSS à la Direction des Douanes entre dans le cadre de la lutte contre la fraude.

Néanmoins, la reconnaissance du dynamisme de l'informel s'impose d'elle-même à travers sa place dans les économies des pays africains. Lutter contre l'informalité reviendrait à se mettre aux antipodes des politiques de lutte contre la pauvreté, de réduction du chômage et de promotion des initiatives privées. Contrairement à certaines conceptions les considérant comme des partisans de l'irrationnel, l'acteur évoluant dans l'informel est un «  `homo oeconomicus' parfaitement informé et rationnel» qui « commence par calculer les coûts de la formalisation... La situation d'informalité a elle aussi des coûts : impossibilité d'avoir accès à la publicité, au crédit bancaire ou aux marchés publics, coûts de corruption de la police et d'entrée dans des réseaux de protection, impossibilité de déduire la TVA... Le postulant micro-entrepreneur fait un calcul, constate inévitablement que le coût de la formalité est supérieur au coût de l'informalité et choisit cette dernière. »27(*) Par ailleurs, il est des entrepreneurs qui ne songent pas à la formalisation pour des raisons diverses : démarches complexes, chères ou lourdes ; ignorance de l'existence des lois ; absence de nécessité de s'inscrire dans les registres...

En réalité, «Que signifie la tolérance- voire l'encouragement- de l'Etat envers une illégalité aussi massive ? »28(*) s'interroge Bruno Lautier. Harold Lubell lui répond de la manière suivante : «fermer les yeux sur l'évasion fiscale et la violation de la réglementation du travail par les toutes petites et micro-entreprises est un moyen de promouvoir l'emploi, d'encourager la production et de générer des revenus ; mais laisser trop progresser l'évasion fiscale et le non-respect des réglementations sape la légitimité du corps des lois sociales et compromet les réalisations sociales des dernières années. Déterminer à partir de quelle taille d'entreprise imposer l'application stricte des lois devient une sérieuse question d'actualité »29(*). Certains pays du Tiers-monde font recours à ce système qu'ils considèrent, dorénavant, comme solution aux problèmes sociaux malgré ses limites. Dans le contexte de la mondialisation, il a un enjeu social et politique, selon la théorie des néolibéraux. Il serait une solution au chômage ou au non-emploi avec la création de millions de micro-entreprises. Pour preuve, ce secteur participe pour 77% à l'emploi total30(*) en milieu urbain sénégalais. Meine Pieter Van Dijk annonçait déjà en 1986 que la contribution de l'informel dans la création de valeur ajoutée dans le secteur secondaire est considérable au vu des comptes nationaux. « Il y a peut-être 60 grandes usines au Sénégal et 250 petites entreprises industrielles, mais on compte à peu près 50 000 entreprises dans le secteur informel. »31(*) Albert Tévoédjrè, préfaçant l'ouvrage de Meine Pieter Van Dijk, annonce que le secteur informel est, désormais, le secteur de l'avenir pour le Tiers-monde si l'on sait que le mimétisme et les autres recettes de développement appliquées ont heurté leur limite. « Dans le passé, nous avions trop souvent cru que le secteur industriel, parce qu'il reposait sur de grands investissements et de gigantesques infrastructures entraînait ipso facto développement et bien-être. Aujourd'hui, il nous faut en convenir : l'impact est resté superficiel, le circuit économique ne s'est guère élargi, l'épargne nationale reste marginalisée, le chômage ne cesse d'augmenter... Pourtant sous nos yeux naît une autre catégorie d'entreprises, celles des `emplois marginaux', du secteur informel. Nous ne saurions plus longtemps ignorer la multitude de ces petits métiers qui, dans un environnement excroissant, offrent des biens et services peu coûteux, adaptés aux réalités socioculturelles et aux besoins des populations..., permettent de réaliser des revenus substantiels, de créer des emplois, de régler quelques problèmes de chômage..., contribuent ainsi aux efforts de développement endogène et autocentré »32(*). C'est un cas de solidarité entre pauvres doublé d'une stratégie de vie et de survie faisant de l'univers de la débrouille une manne de richesse pour les opérateurs qui s'y investissent. Avec sa capacité d'absorption de la main-d'oeuvre qui chôme, l'informel soulagerait le secteur moderne de ce poids qu'il était le seul à endosser. Aujourd'hui, si le secteur formel est très sensible aux changements de la conjoncture mouvante internationale, il demeure que le secteur informel réagit vite et efficacement à la situation socio-économique interne en tempérant la crise. William T. Archey n'affirme pas le contraire en disant qu'aujourd'hui « une révolution est en cours dans la conception du développement, révolution qui est issue du sein même du monde en développement » ; on perçoit « maintenant le secteur informel comme une source de croissance économique plutôt qu'un fardeau pour la modernisation... ».33(*) Même le Bureau International du Travail reconnaît le dynamisme de ce secteur à travers sa productivité, sa créativité, sa rentabilité.

2. Position du problème

Les changements d'idéologie, de politique, de comportement sont les résultantes de la crise aiguë que la société sénégalaise a traversée. De nombreuses mesures visant la privatisation des entreprises publiques sont établies. Les nouveaux discours gravitent autour de l'appui aux initiatives privées et populaires, de l'émergence des PME et PMI, de la promotion de l'esprit d'entreprise, des réformes du système éducatif, de la décentralisation...

La décentralisation est prônée par les Institutions Financières Internationales comme la politique la plus efficace de croissance mais, au préalable, de redressement économique. Les priorités des bailleurs de fonds se tournent, désormais, vers l'appui à la politique de décentralisation et à la gestion des collectivités territoriales mais aussi à l'institution de la coopération décentralisée ou jumelage-coopération. Les nouveaux objectifs sont, entre autres : le renforcement des structures techniques et administratives des collectivités à travers le programme de gestion urbaine et le plan de développement municipal en ce qui concerne les communes ; la mobilisation des ressources; l'amélioration de la gestion financière mais aussi technique des collectivités locales.

En effet, l'impossibilité pour l'Etat d'avoir le don d'ubiquité, son manque d'omniprésence et d'omnipotence pour résoudre les questions socio-économiques ont fait émerger l'idée de délégation des pouvoirs. La loi 96-07 du 22 mars 1996 donne, dès lors, une autonomie aux collectivités locales tant dans l'autogestion, dans la planification que dans le développement local. En des termes plus clairs, la décentralisation vise « l'approfondissement de la démocratie locale avec l'émergence d'une bonne gouvernance locale, la libre administration des collectivités locales, la promotion du développement local »34(*). Ainsi, les intérêts des citadins seront mieux pris en charge par des collectivités proches des populations et familières de leurs problèmes de tous les jours. Le nouveau credo est le retour à la base ou au maillon le plus petit. La doctrine « du sommet vers la base » cède la place à celle « de la base vers le sommet ». Le local est, dès lors, le modèle de gestion politique et administrative le plus efficient et le plus pertinent de par la participation des populations et des ressources endogènes à l'édification, à l'amélioration, à la promotion et au développement du contexte local. La formule n'est pas sans rappeler le développement « clés en tête », seule forme de développement réel et durable selon le professeur Joseph Ki-Zerbo. La politique est de proximité ; le rapprochement entre institutions d'arbitrage ou de contrôle et acteurs ou promoteurs économiques devient une réalité. Il incombe, désormais, à la commune de garantir aux populations des conditions de vie des meilleures, dans la mesure du possible. Théoriquement, les décisions ne viennent plus uniquement de la capitale ; les autorités, de concert avec les populations locales, peuvent poser des plans et des stratégies de développement autocentrés. La décentralisation demeure, aujourd'hui, une forme de réponse de la part de l'Etat à la crise économique qu'il traverse depuis les indépendances. Ainsi, le rôle premier des collectivités locales est de le décharger de son lourd fardeau.

Néanmoins, moult griefs sont faits, de nos jours, à ce processus. Par exemple, les décisions du Conseil Municipal ne deviennent exécutoires qu'après aval du fonctionnaire nommé par l'Etat, le Préfet en l'occurrence. Selon Philip Mawhoud35(*), la décentralisation, « système mixte d'administration locale », n'est qu'une reproduction de l'Etat au lieu d'une mise à disposition du pouvoir entre les mains des populations actrices. Le partage du pouvoir demeure une véritable pomme de discorde entre Etat et collectivités territoriales avec le monopole par l'Etat du pouvoir au dam des collectivités non dotées en matière de ressources humaines, techniques et financières, maintenues désormais dans l'immaturité. Ceci est une forme de déconcentration36(*) différente de la notion de décentralisation. Selon Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf, « la tutelle serrée de l'Etat est fort éloignée de l'idéal démocratique et place en fait les municipalités sous `surveillance rapprochée'. Il est donc clair que la politique officielle de décentralisation sénégalaise n'a ni supprimé ni assoupli la tutelle de l'Etat ; elle n'a non plus mis à la disposition des collectivités locales les ressources leur permettant de faire face à leurs besoins ». 37(*)« Des partages de responsabilités au profit des collectivités territoriales sont presque partout observables, mais ils sont rarement accompagnés d'un partage institutionnalisé des pouvoirs. Manque de ressources, faiblesse de l'encadrement et des savoir-faire techniques, insuffisante maturité de la vie politique locale sont souvent présentés par les autorités centrales comme un obstacle à l'autonomisation des communes »38(*).

Pour accompagner comme il sied ces nouvelles collectivités territoriales, le Sénégal a créé un portefeuille ministériel dénommé Ministère des collectivités locales et de la décentralisation dirigé actuellement par Madame Aminata Tall, de surcroît Maire de Diourbel et Ministre d'Etat. Consciente de la lourdeur de la tâche des municipalités, celle-ci a proposé, lors du vote en 2004 du budget de son ministère, des départs volontaires d'une partie du personnel non qualifié des municipalités pour permettre enfin à celles-ci de recruter un personnel qualifié afin de pouvoir faire face aux objectifs qui leur sont assignés. En effet, les recrutements clientélistes et fautes de gestion ont toujours été une nécessité pour la survie politique des équipes municipales. Selon Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf39(*), le Bureau Organisation et Méthode avait rendu public l'information selon laquelle : pour les deux seules ambulances en marche de l'Hôpital Municipal Abass Ndao, on dénombrait en 1985 seize (16) chauffeurs. S'agissant du parc automobile de dix-sept (17) véhicules en marche à la Direction des Services Communaux de Dakar, on pouvait dénombrer quatre-vingt-deux (82) chauffeurs. En sus de ces exemples, un pointage des effectifs de la Fonction Publique du Sénégal a révélé que 5 671 agents irréguliers (démissionnaires ou en abandon de postes) émargeaient encore en 1987 au budget de l'Etat. Pour Aminata Tall, l'année 2004 « considérée comme phase test, marque la fin de la première phase de la décentralisation ...2005 sera l'année des grandes réformes en matière de politique de décentralisation »40(*). Des réflexions seront entreprises sur les dysfonctionnements, des correctifs seront apportés pour les pallier et il sera aussi question de voir quelles autres compétences transférer.

Par ailleurs, l'analyse de la dynamique des activités informelles au niveau local conduit à des résultats différents des constats globaux d'ordre macrosociologique faisant état de stagnation de la productivité et du manque de compétitivité extérieure. Le développement de l'informel serait fonction de l'existence de ressources dans la Commune de Richard-Toll devenant un parc d'attraction où chacun vient tenter sa chance. Dans la mesure où la CSS ne peut employer toute la main-d'oeuvre disponible -qualifiée ou non-, il va sans dire que l'investissement dans le transport informel, le commerce, la menuiserie métallique ou ébéniste constituent autant de voies d'issue de ces exclus du circuit sucrier. Ainsi, zone tampon entre le secteur moderne et celui traditionnel, le secteur informel peut être considéré comme un régulateur de la crise sociale pour les bonnes et simples raisons que : la demande d'emplois étant largement supérieure à l'offre du secteur formel, il résorbe le chômage en servant d'espaces de récupération des exclus du secteur moderne mais aussi des jeunes débarquant fraîchement dans le marché du travail ; le pouvoir d'achat des ménages baissant davantage au fil de la crise, il pourvoit des revenus supplémentaires ou complémentaires pour la jointure des deux bouts des deux mois se suivant ...

Cela étant, la Commune de Richard-Toll demeure incontestablement une ville industrielle où se côtoient un très dynamique secteur privé structuré et un secteur informel grandissant. La Compagnie Sucrière Sénégalaise est un grand ténor économique pesant de tout son poids sur l'économie locale. La campagne sucrière rassemble annuellement des milliers de travailleurs répartis en 1850 coupeurs (appelés« thiopés»), 240 conducteurs d'engins, 400 ouvriers sans compter les 900 travailleurs permanents dans les activités agricoles41(*). La Compagnie Sucrière- avec une masse salariale estimée en 2003 à 10 voire 11 milliards de Francs CFA, des impôts globaux de 14 à 15 milliards de Francs CFA et un chiffre d'affaires de 44 milliards de Francs CFA-42(*) a une présence très manifeste et très déterminante à Richard-Toll. Elle contribue « à hauteur d'environ 376 millions par an au budget de 671 millions CFA de la mairie. Soit plus de 50% qui se déclinent en impôts fonciers bâtis et en patentes. Et ceci n'a rien à voir avec `les dons et subventions annuels estimés à 250 millions CFA', précise M. Louis Lamotte (Directeur des Ressources Humaines de la Compagnie). Lequel révèle même qu' `il n'y a pas un seul investissement conçu par la commune sans une contribution de la CSS' »43(*). Malgré tout et contrairement à ce qu'induirait sa présence, les autorités municipales énumèrent quelques griefs à l'encontre du géant sucrier parmi lesquels: la faiblesse de ses investissements dans la Commune ; la question de l'environnement avec la pollution ; l'exploitation des ouvriers qui sont mal rétribués ; la question sanitaire ; la gestion de l'équipe locale de football ; la question des recrutements... « Les chefs de service font venir les gens d'ailleurs et il n'y a par exemple aucun cadre natif de Richard-Toll dans la société »44(*), regrette Monsieur Abibou Dièye, Maire de la Commune.

Malgré le dynamisme de la CSS, le secteur informel trouve, dans la cité, sa raison d'être. «  Le 08 » était une parfaite illustration de la vie combien animée de la Commune. « Le 08 »45(*), date butoir du paiement des salaires, transformait tout Richard-Toll en un marché où se côtoyaient des activités de toutes formes et des acteurs de tout acabit : commerçants, prostitués, mendiants, artisans, etc. Richard-Toll devenait le pôle de rencontres de ces différents acteurs. C'était la journée du secteur informel dirait-on aujourd'hui s'il continuait d'exister. Loin, donc, d'être un frein au développement, l'informel est au contraire facteur de développement. D'ailleurs, n'est-il pas illusoire de parler de développement local en faisant fi de l'implication des différents promoteurs économiques ; bref des différents acteurs locaux ?

C'est ce dernier point de vue qui sera le fil conducteur de notre problématique. Le secteur informel est un stabilisateur social qui se développe là où l'Etat est incapable de réguler la conjoncture difficile et d'exercer un contrôle rigoureux. Même s'il y a une certaine volonté des promoteurs de se dérober des mailles de la fiscalité, force est de constater qu'il y a un manquement de la part des autorités politiques d'exercer un contrôle rigoureux sur les différentes activités. On dit de l'informel qu'il n'observe pas les réglementations en cours tout en occultant que la plupart des activités informelles se conforment aux lois en cours. « Il existe des patentes annuelles, des taxes municipales sur les lieux de travail et sur les étalages des marchés auxquelles sont assujetties les entreprises du secteur informel »46(*). La commune tire ses fonds des recettes, de la dotation budgétaire... C'est donc dire que ce secteur l'intéresse à plus d'un titre, si l'on sait que la dotation de l'Etat est jugée insuffisante. Les acteurs de l'informel sont « soumis à des impôts indirects, en particulier la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) »47(*). Dans un contexte de quête d'autonomie financière, les communes misent, désormais, sur ce secteur entre autres sources de recettes. La tolérance dont l'informel devra jouir dans cette conjoncture moyennera sûrement le paiement de certaines taxes à la municipalité. Pour corroborer cela, Assane Camara avance que l'Etat sénégalais soutirait une recette de 3.025.000FCFA48(*) au titre de l'exercice 1981 aux 550 calèches recensées à Rufisque. Cela dit, les patentes et taxes mensuelles et journalières que paient les exploitants de voitures hippomobiles, les commerçants... sont de considérables gisements fiscaux.

Cependant, « la vocation d'une commune est l'investissement et non pas la levée des impôts pour les utiliser à des dépenses de fonctionnement ».49(*) En plus de la fonction d'investisseur, elle est chargée de l'entretien des infrastructures et de la voirie etc. De nos jours, l'investissement est très faible au vu des 80 à 90% des recettes destinées au budget de fonctionnement. Par ailleurs, tout le monde ne payant pas les taxes, l'établissement d'un fichier communal50(*) des opérateurs économiques redevables de taxes permettrait de collecter de nouvelles sommes sans augmenter le nombre de taxes. « Les populations accepteront de payer les taxes si les réalisations sont visibles. L'impôt n'est supportable que si on en voit les avantages. Quand on lève des impôts pour régler des dépenses personnelles du maire, secourir des indigents qu'on ne voit jamais et même payer du carburant, c'est un abus de biens sociaux et certains élus s'y adonnent. Il faut que les autorités soient plus vigilantes »51(*). La fiscalité du Sénégal a connu des aménagements récemment et pour parer à toute tracasserie bureaucratique, la Contribution Globale Unique (CGU) est mise sur pied. La patente a, elle aussi, connu des réformes avec la loi 2004-12 modifiant certaines dispositions du Code Général des Impôts. Ce réaménagement vient à son heure dans la mesure où les municipalités se voyaient obligées de corser les taxes pour renflouer leurs caisses mais plus la taxation est élevée, plus le contrôle est serré, plus les populations se détournent des élus. Ce qui pose un problème si ces derniers se soucient de leur réélection lors des prochaines échéances. La taxe synthétique est donc une solution idoine à ce problème. L'élimination ou la réduction des dépenses superflues ajoutée à la précédente mesure aboutira alors un gain de fonds permettant désormais à la Municipalité d'investir davantage. « La performance d'une commune se mesure à l'aune des investissements mais aussi à l'aune de la pression fiscale exercée sur les populations c'est-à-dire si elle réalise le maximum d'investissement avec le minimum de pression fiscale »52(*). Pour Louis Lamotte, Directeur des Ressources Humaines de la CSS, « les problèmes de la patente sont complexes. Richard-Toll est une des communes les plus riches du Sénégal mais, plus de 20% du budget sont utilisés dans le fonctionnement du cabinet du maire pour des dépenses de prestige...Ce que fait la CSS est consistant et pérenne, il doit être orienté... »53(*) Les pouvoirs locaux devront faire face désormais aux nombreux et variés attentes et besoins des populations. La priorité est donc à l'exploitation au maximum des différents gisements financiers endogènes.

Grosso modo, le secteur informel pourvoit des biens et des services accessibles,  « développe des compétences professionnelles et des innovations », forge l'esprit de créativité et d'initiative tout en promouvant l'esprit d'accumulation. En résumé, il met en place les conditions d'un développement local endogène « même si c'est à une échelle encore réduite »54(*). Il offre « une solution, imprévue et peut-être pas optimale, au problème du sous-développement »55(*). Il constitue donc une mine de potentialités surtout dans le contexte de la régionalisation ou de la décentralisation. Cela étant, s'impose un certain nombre d'interrogations au vu de ce qui précède. Que peut-on attendre du secteur informel de Richard-Toll ? Quels rapports existent-ils entre secteur moderne et secteur informel à Richard-Toll ? Quels enjeux constituent le secteur informel pour la population de Richard-Toll ? Quels rapports y a-t-il entre la municipalité et les acteurs du secteur informel ? Quelles politiques municipales pour l'informel ? Quelle est sa part dans le développement de la localité ?

Cela étant, la revue critique de la littérature nous a permis de voir que le secteur informel est appréhendé par les différentes études sous des angles différents de notre hypothèse de recherche. Si d'aucuns font des études descriptives du secteur, d'autres font état de ses caractéristiques dérogatoires à la loi. Deux pistes ont été relevées comme étant plus proches de nos préoccupations théoriques. D'un côté, il y a le mémoire de Maître Serigne Aly Cissé Diène qui partage notre problématique mais qui s'applique à la Commune de Saint-Louis. D'un autre côté, on a la thèse du Docteur Abdoul Wahab Cissé qui ne prend que partiellement en compte la réalité sociale que nous partageons en ce sens que son seul objectif est de voir la contribution de l'informel au niveau du budget. Nous allons plus loin en intégrant l'aspect économique et l'aspect social qu'implique la présence du secteur informel.

III. Hypothèse

Réponse anticipée à la question centrale de recherche, une seule hypothèse générale guidera notre travail de recherche. Elle est libellée comme suit :

Le secteur informel est un facteur de développement pour la Commune

de Richard-Toll dans le contexte actuel de la décentralisation.

Pour rendre plus lisible cette hypothèse générale, nous avons émis deux hypothèses spécifiques ou secondaires à savoir :

1. Le secteur informel remplit une fonction sociale à travers la modération de la tension sociale à travers l'absorption des chômeurs mais aussi à travers le concours à la satisfaction sociale (prestation de services, production de biens utiles et accessibles, hausse des revenus et du niveau de vie des ménages...).

2. Le secteur informel remplit une importante fonction économique à travers un considérable apport à la formation de richesses locales mais aussi au budget municipal participant ainsi à la réalisation des programmes et des politiques de développement local.

IV. Conceptualisation

Répondant à une tradition durkheimienne chère à la Sociologie, nous tenterons dans cette rubrique de clarifier au mieux les concepts-clés de la recherche afin que l'on sache ce dont il est question. Il est, en réalité, un certain nombre de concepts introduit par le sujet de recherche sur lesquels tout équivoque doit être levé quant à la signification qu'ils revêtent dans le cadre de ce travail. Il s'agit des concepts de budget, de commune, de décentralisation, de développement local, de fonctions économique et sociale et de secteur informel. Nous préciserons hic et nunc le sens que nous retenons après avoir dégagé les contours de ceux-ci.

Budget : Le budget de l'État ou la loi de finances, « est le document comptable qui prévoit et autorise, pour chaque année civile, le niveau des ressources et des charges de l'État. Son élaboration et son exécution sont de la compétence du pouvoir exécutif qui, en fixant le montant des dépenses nécessaires à la conduite de sa politique, détermine les objectifs de rentrées fiscales. C'est le Parlement qui dispose du pouvoir de le discuter, de l'amender et, in fine, de le voter ; il en contrôle la bonne exécution parallèlement, avec le concours de la Cour des comptes. »56(*) Les recettes de l'Etat proviennent, d'une part, des contributions fiscales directes mises à la charge des entreprises (impôt sur les sociétés) ou des particuliers et des ménages (impôt sur le revenu) et, d'autre part, des contributions indirectes comme, par exemple, la TVA qui est un impôt sur la consommation. Quant aux dépenses, les ressources sont consacrées, à titre principal, à la rémunération des agents de l'État et à la dotation financière des départements ministériels. Cependant, on insiste souvent sur la notion d'équilibre. Un budget sain est un budget équilibré ou excédentaire ; le déficit budgétaire est considéré comme une incurie, un manque de réalisme politique car tout déficit étant nécessairement financé par un emprunt.

En ce qui concerne les collectivités territoriales et les établissements publics, le budget est l' « acte... par lequel sont prévues et autorisées par le collège délibérant de ces personnes juridiques les recettes et les dépenses de celles-ci pour l'année à venir »57(*).

Par ailleurs, le budget demeure un des moyens utilisés par les Etats ou les collectivités dans le but de mieux encadrer l'évolution de la conjoncture économique. En agissant, par exemple, sur le niveau des taux d'imposition, l'Etat ou la collectivité détermine les priorités qu'il donne à sa politique. Pour, par exemple, promouvoir une politique de relance de la consommation, on réduit le montant de l'impôt car une imposition moindre dégage mécaniquement un supplément de revenus occasionnant, par la hausse du pouvoir d'achat, une demande supplémentaire de consommation adressée aux entreprises qui vont augmenter leur personnel, leur niveau de production voire la rétribution des employés.

De l'article 243 à l'article 262 et de l'article 343 à l'article 358 de la Loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales, on retrouve la réglementation du budget des collectivités locales. Selon l'article 250, les recettes de fonctionnement de la commune sont :

1. les recettes fiscales qui comprennent

a) Les produits des impôts directs ci-après, perçus sur le territoire de la commune :

- l'impôt du minimum fiscal ainsi que la taxe représentative de l'impôt du minimum fiscal ;

- la contribution des patentes et la taxe complémentaire y afférente ;

- la contribution foncière sur les propriétés bâties ;

- la contribution foncière sur les propriétés non bâties ;

- la surtaxe foncière sur les propriétés insuffisamment bâties ;

- la contribution des licences ;

Les modalités d'assiette et de perception de ces impôts ainsi que leurs taux sont déterminés par la loi.

b) Les produits des centimes additionnels à l'impôt du minimum fiscal et de la taxe représentative de l'impôt du minimum fiscal ;

- à la contribution des patentes ;

- aux droits de licences, perçus sur le territoire de la commune, suivant le nombre de centimes créés par délibération du conseil municipal dans la limite du maximum déterminé par la loi.

L'absence de toute nouvelle proposition vaut reconduction du maximum fixé l'année précédente.

Les centimes visés au paragraphe (b) ci-dessus du présent article sont perçus sur les mêmes rôles que ceux de la contribution à laquelle ils s'appliquent.

Pour assurer la trésorerie des communes, l'Etat leur consent au début de chacun des deux premiers trimestres de l'année financière, une avance égale à 25% des recouvrements effectués au cours de la dernière gestion connue au titre des impôts directs énumérés au paragraphe 1er du présent article.

c) Les produits des taxes communales directes suivantes

- taxe sur la valeur des locaux servant à l'exercice d'une profession ;

- taxe d'enlèvement des ordures ménagères ;

- taxe de balayage ;

- taxe de déversement à l'égout ;

- licences à la charge des commerçants de boissons en addiction au droit de licence ;

- taxe sur les machines à coudre servant à usage professionnel ;

d) Les produits des taxes communales indirectes suivantes :

- taxe sur l'électricité consommée ;

- taxe sur l'eau ;

- taxe sur la publicité à l'aide soit de panneaux-réclames, d'affiches, soit d'enseignes lumineuses ;

- taxe sur les établissements de nuit ;

- taxe d'abattage ;

- taxe de visite et poinçonnage des viandes ;

- taxe de visite sanitaire des huîtres et moules ;

- taxe sur les entrées payantes ;

- taxe sur les spectacles, jeux et divertissements ;

- taxe sur les locaux en garnis ;

- taxe sur les contributions d'essence, de gas-oil ou de tous autres carburants.

Ces taxes directes et indirectes dont les modalités d'assiette et de perception ainsi que les taux maxima sont déterminés par la loi, sont créées par délibération du conseil municipal dans les conditions prévues au titre VI du présent code.

2. les revenus du patrimoine communal ;

Les produits de l'exploitation du domaine et des services communaux comprennent :

a) les revenus du domaine privé immobilier

- location de bâtiments ou terrains communaux ;

- retenues de logement et d'ameublement ;

- location des souks, loges ou stalles de boucherie, restaurants, gargotes et cantines.

b) les revenus du domaine public

- produits de droits de places perçus dans les halles, foires, marchés, abattoirs et parcs à bestiaux d'après les tarifs dûment établis ;

- produits des permis de stationnement et de location sur la voie publique ;

- produits des droits de voirie ;

- produits des terrains affectés aux inhumations ;

- produits des concessions dans les cimetières ;

- droits de fourrière ;

- taxe sur les terrasses de cafés, balcons et constructions en saillie ;

c) les revenus divers, notamment :

- 60% du produit des amendes prononcées par les tribunaux correctionnels ou de simple police pour les contraventions et délits commis sur le territoire de la commune ;

- produits des services communaux ;

- remboursement des frais d'hospitalisation du personnel ;

- produits des expéditions des actes administratifs et des actes d'état civil ;

- droit de légalisation ;

- droit de séjour de cercueil au dépositoire ;

- produits des pompes funèbres et tarifs pour l'élévation de monument au cimetière ;

- taxe de désinfection et de désinsectisation.

3. les ristournes accordées par l'Etat qui comprennent :

a) la part allouée aux communes sur le produit de la taxe sur les véhicules recouvrés par l'Etat ;

b) la quote-part revenant aux communes sur le produit de la taxe sur la plus-value immobilière perçue par l'Etat

4. les contributions du fonds de dotation visé à l'article 248 du présent code ;

5. D'une façon générale, toutes les ressources actuellement perçues par les communes ainsi que celles dont la perception est autorisée par les lois et règlements.

Source : « Article 250 de la loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales » in Le recueil des textes de la décentralisation, Ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Direction des Collectivités Locales, Novembre 2003. PP. 79-82

Quant à l'article 252, il stipule que les recettes d'investissement ont pour origines :

1. les recettes temporaires ou accidentelles et notamment

- les dons et legs assortis de charges d'investissements ;

- les fonds de concours ;

- les fonds d'emprunt ;

- le produit de la vente de biens, de l'aliénation ou échange d'immeubles ;

- le produit de la vente des animaux ou matériels mis en fourrière et non réclamés dans les délais réglementaires ;

- le produit des centimes additionnels extraordinaire dûment autorisés.

2. Les crédits alloués par le budget de l'Etat ou par tout autre organisme public sous forme de fonds de concours pour grands travaux d'urbanisme et de dépenses d'équipement, suivant les devis et plans de campagne délibérés par le conseil de la collectivité locale.

3. Les prélèvements effectués au profit de la section d'investissement à partir de la section de fonctionnement.

S'agissant des dépenses, l'article 256 stipule que :

Les dépenses comprennent les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement.

Les dépenses de fonctionnement ont un caractère permanent et permettent à la collectivité de faire face à ses charges et obligations courantes.

Les dépenses d'investissement permettent la réalisation des équipements, bâtiments et infrastructures ainsi que l'acquisition de matériels relatifs à ces travaux.

Source : « Article 256 de la loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales » in Le recueil des textes de la décentralisation, Ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Direction des Collectivités Locales, Novembre 2003. P. 86

Il est à rappeler que le droit des finances définit la taxe comme la  « qualification donnée aux perceptions opérées par une collectivité publique à l'occasion de la fourniture à l'administré d'une contrepartie individualisable, à la différence de l'impôt qui couvre globalement l'ensemble des charges occasionnées par le fonctionnement des services publiques. Suivant leurs caractères, les taxes peuvent alors présenter un caractère fiscal (elles ne peuvent alors être créées que par une loi) ou administratif »58(*).La fiscalité du Sénégal a connu des aménagements récemment. Pour parer à toute tracasserie bureaucratique, la Contribution Globale Unique est mise sur pied. Elle est un impôt synthétique rassemblant en une seule contribution les six impôts que sont : l'impôt du minimum fiscal, la contribution des patentes, l'impôt sur le revenu assis sur les bénéfices industriels et commerciaux, la contribution des licences, la taxe sur la valeur ajoutée et la contribution forfaitaire à la charge des employeurs. Cette CGU a, donc, été appliquée et établie dans le souci de permettre aux petites entreprises de s'acquitter de leurs obligations fiscales définitivement et en une seule fois, de favoriser le civisme fiscal, d'élargir l'assiette et d'adapter la fiscalité aux petites unités économiques, de permettre, du fait de son caractère synthétique, une réduction des tarifs de l'impôt et d'améliorer l'efficacité de l'administration fiscale...59(*)

En conclusion, nous considérons le budget comme une prévision, dans l'intervalle d'une année financière donnée, de l'ensemble des dépenses et des recettes de la Commune.

Commune : Le concept sera utilisé dans le sens suivant. L'article 77 du texte de loi sur la décentralisation au Sénégal du 22 mars 1996 définit la Commune comme « une collectivité locale, personne morale de droit public. Elle regroupe les habitants du périmètre d'une même localité unis par la solidarité du voisinage, désireux de traiter de leurs propres intérêts et capables de trouver les ressources nécessaires à une action qui leur soit particulière au sein de la communauté nationale et dans le sens des intérêts de la Nation60(*) La municipalité, quant à elle, est définit, en droit administratif, comme l'« ensemble formé par le maire et ses adjoints. »61(*)Elle est synonyme du Bureau Municipal.

Décentralisation : En Droit Administratif, la Décentralisation est un « système d'administration consistant à permettre à une collectivité humaine (décentralisation territoriale) ou à un service (décentralisation technique) de s'administrer eux-mêmes sous le contrôle de l'Etat, en les dotant de la personnalité juridique, d'autorités propres et de ressources »62(*). Pour Harold Lubell, elle suppose « le transfert des responsabilités législatives et administratives du gouvernement central aux gouvernements locaux et régionaux et à d'autres organismes probablement plus proches des réalités sur le terrain que le gouvernement central. »63(*)

Au fait, la politique de décentralisation existe au Sénégal bien avant l'indépendance. Ce sont les compétences des collectivités qui n'étaient pas consistantes et la présence de l'Etat était très manifeste. Les réformes de 1972, de 1976, de 1984, de 1996 et de 2002 s'insèrent dans ce cadre. En effet, 1872 (Saint-Louis, Gorée), 1880 (Rufisque) et 1887 (Dakar) sont des années phares où sont apparues les première communes de plein exercice. Cependant, la législation municipale métropolitaine subissait beaucoup de restrictions dans les quatre communes de plein exercice du Sénégal. L'administration coloniale était toujours animée par la volonté ferme de réduire les pouvoirs des équipes municipales voire de les supprimer. Aux décrets du 06 mai 1918 et du 25 janvier 1927 soutirant aux maires les compétences en matière d'hygiène et de salubrité publique s'ajoute celui du 15 novembre 1927 confisquant les pouvoirs sur la petite voirie et la police municipale64(*). Le Sénégal étant encore une colonie de la France, la loi française n°55-1489 du 18 novembre 1955 confirme les quatre communes de plein exercice et crée les nouvelles communes de Thiès, de Kaolack, de Ziguinchor, de Diourbel et de Louga. Le décret français de 1957 renforcera le processus de communalisation en transférant aux chefs de territoire le pouvoir de créer des communautés rurales qui seront dotées de personnalité morale et d'autonomie financière. Juste après l'indépendance, un Code de l'administration communale (Loi n°66-64 du 30 juin 1966) est adopté et reconnaît au Sénégal une trentaine de communes de plein exercice. De 1960 à 1996, l'institution municipale fut, en réalité, un renforcement de la tutelle du pouvoir central avec l'autoritarisme parfois appuyé par l'interdiction de critiquer le pouvoir ou le gouvernement dans le cadre d'un parti légal limitant quelque part les pouvoirs des maires. Les fautes de gestion des équipes municipales constituaient des armes du pouvoir central contre celles-ci. Les régies d'électricité et d'eau sont reprises par l'Etat, avec l'article 2 de la Loi n°65-59 du 19 juillet 1965, jusqu'alors entre les mains des communes. Cette même loi rendait incompatible les fonctions de ministre et de maire. La vulnérabilité des maires rendait service à l'Etat qui les maîtrisait le mieux possible.

En 1972, les communautés rurales virent le jour avec la Loi n°72-25 du 25 avril 1972. On assiste à une réforme de l'administration territoriale mais aussi de l'administration locale en même temps. Il est créé des communes à régime spécial dirigé par un exécutif nommé dans les chefs-lieux de régions et dans les communautés rurales. Ces collectivités locales (communautés rurales) ont à leur tête un Conseil élu et un exécutif nommé (sous-préfet). En 1983, la Communauté Urbaine de Dakar est créée. Elle est une structure intercommunale rassemblant les cinq communes que compte la ville de Dakar. En 1990, une nouvelle réforme supprime les exécutifs nommés des communautés rurales (Loi n°90-35 du 8 octobre 1990) et les communes à régime spécial (Loi n°90-35 du 8 octobre 1990).

La loi 96-06 du 22 mars 1996 crée les régions comme collectivités territoriales et transfert des compétences aux différentes formes de collectivités existantes à savoir les régions, les communes et les communautés rurales. Elle reconnaîtra aussi par la même occasion la communauté urbaine et la ville65(*).

En 1999, est créée une deuxième chambre parlementaire, le Sénat, qui doit permettre une représentation nationale des collectivités locales tout en leur donnant la possibilité de participer à l'exercice de la souveraineté nationale.

La Loi no2002-0266(*) modifiant la Loi no72-02 du 1er février 1972 relative à l'organisation de l'administration territoriale érige Matam en région et modifie les limites de quelques départements dans les régions de Diourbel, Fatick et Louga. Désormais, le Sénégal compte 11 régions, 34 départements et 104 arrondissements. Dorénavant, ce sont 14 352 élus qui vont administrer 441 collectivités locales réparties en 11 régions, 100 communes et 320 communautés rurales.

Entre autres avantages de la décentralisation, il est à retenir : les atouts politiques et les atouts techniques. Au niveau politique, on peut noter la promotion de la démocratie locale à travers l'implication des populations au processus décisionnel, le recours à l'élection, le civisme ou la citoyenneté des élus et des populations qui sont obligés d'être plus actifs et plus regardants à ce qui touche au local. Elle exclut toute légitimité autre que celle démocratique. D'un point de vue technique, la nouvelle donne incluse par la décentralisation demeure la proximité des autorités, la rapidité et la souplesse dans le fonctionnement des appareils et dans l'adaptation des décisions de l'Etat.

Après la rose les épines est-on censé de dire ! La politique de décentralisation n'est pas une panacée propre d'effets secondaires. Les tares de la décentralisation sont notables tant au niveau politique qu'au niveau technique. Politiquement, elle peut se révéler comme facteur d'affaiblissement de l'Etat si elle est très poussée. L'Etat risque de perdre tous ses pouvoirs si la tutelle ou le contrôle n'existe plus. Quoiqu'il en soit, la souveraineté de l'Etat doit demeurer. C'est pour parer à une telle éventualité que le contrôle administratif est assoupli considérablement mais ne disparaît pas. Selon l'article 334 de la Loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales statue sur le contrôle de légalité. Les actes des autorités locales sont transmis au représentant de l'Etat qui dispose d'une quinzaine de jours pour demander une seconde lecture. Les actes pris dans certains domaines autres- à l'exception des actes de police et de gestion quotidienne qui sont exécutoires de plein droit- doivent être approuvés au préalable par le représentant de l'Etat pour être exécutoires. Les actes qu'il jugera illégaux ou non conformes à la loi sont déférés au Conseil d'Etat. Techniquement, avec la multiplication des structures et services, le dédoublement des fonctions avec le parallélisme déconcentré-décentralisé, elle s'avoue plus coûteuse que la centralisation. La qualité de la gestion du local peut souvent laisser à désirer surtout si les élus locaux sont des profanes. Ce qui semble être un gâchis énorme si l'on sait que ce qui revenait à l'Etat est rétrocédé ou partagé avec des élus locaux qui prennent des décisions souvent irrationnelles quoique conformes à la législation.

Quoique différentes, la décentralisation et la déconcentration demeurent des opérations de transfert des pouvoirs du centre à la périphérie. La différence consiste au fait que la « déconcentration correspond à un transfert de décision de l'administration centrale vers ses relais locaux ou régionaux alors que la décentralisation correspond à un transfert d'attributions de l'État à des collectivités territoriales, juridiquement distinctes de lui. »67(*). La décentralisation implique que, à côté des autorités nommées (Gouverneur, Préfet, Sous-préfet, Chef de village ou de quartier) s'occupant de l'organisation administrative des institutions de l'Etat, l'on retrouve les autorités élues (Président du Conseil Régional, Maire de la Commune, Maire d'arrondissement, Président du Conseil Rural).

Par ailleurs, il existe deux types distincts de décentralisation. L'une s'accorde aux établissements publics tels les hôpitaux, les universités... Différentes des collectivités territoriales, ces personnes morales, dans le respect du principe de spécialité, s'attachent à des collectivités publiques. Leur vocation correspond à la gestion de services qui leur sont dévolus (enseignement supérieur et recherche scientifique pour les universités ; prise en charge médicale pour les hôpitaux). Avec leurs organes propres (conseil d'administration et directeur), ces établissements publics ont une autonomie administrative, disposent d'un budget autonome, peuvent ester en justice ou recevoir des legs ou dons afférents à leur spécialité. Cette forme de décentralisation s'appelle la décentralisation technique, fonctionnelle ou par services. L'autre s'accorde aux collectivités locales et consiste au fait que les populations d'une commune, d'une communauté rurale ou d'une région gèrent leurs questions d'ordre administratif par le truchement des représentants qu'elles ont élus. Dans ce cas d'espèce, la nation reste indivisible car ces territoires sont placés sous la surveillance d'un représentant nommé de l'Etat qui entérine, suivant les législations et la Constitution, les décisions des élus locaux. Cette forme de décentralisation à laquelle d'aucuns imputent le respect et la promotion des principes de la démocratie est appelée décentralisation territoriale. Elle est la forme qui nous intéresse dans le cadre de ce travail.

Développement local : Au sens psychologique, le développement serait un « processus de maturation et de mutation par lequel un organisme se construit »68(*). D'un point de vue anthropologique, sociologique ou économique, il devient un concept très ambigu dans la mesure où ses connotations revêtent une certaine dose d'idéologie en cours et varie selon les échelles et les perspectives théoriques dans lesquelles on se situerait. D'un point de vue évolutionniste, par exemple, le développement est synonyme d'une certaine croyance à l'idéologie du progrès tournant autour de la mission civilisatrice de l'Occident. Souvent appliqué aux pays du Tiers-monde et confondu avec la croissance qui ne prend en compte que les indicateurs d'ordre économique, le développement « implique également des échanges mentaux et sociaux dans la population (F. Perroux), des modifications de structures économiques et sociales (R. Barre, M. Byé). Dans les théories de l'action (A. Touraine), le développement est le résultat des rapports dialectiques entre les trois types de mouvements sociaux, d'action critique, et d'innovation »69(*). Jacques Habib Sy a-t-il raison de rappeler les propos du Professeur Joseph ki-Zerbo70(*) selon qui « on ne développe pas, mais on se développe ». Pour celui-ci, loin de se réaliser « clé en mains », le développement valable, viable et durable se fait « clé en tête ». Le « local » est un paramètre à considérer avec beaucoup plus de sérieux dans les différents projets de développement. D'ailleurs, une analyse sémantique nous montre que le « se » dans « on se développe » renvoie à une participation active de l'acteur. Le développement n'est plus à attendre de la seule action de l'Etat. Dans un monde marqué par le libéralisme, seules les initiatives et les entreprises privées peuvent être considérées comme les stimuli du progrès économique. « Les pays ne développent pas leurs peuples, mais ...les peuples développent leurs pays » dira Richard E. Bissel71(*). Le développement serait aussi une situation dans laquelle les mêmes agents cherchent à attendre de nouveaux objectifs positifs ou meilleurs mais avec des moyens nouveaux. D'où le rôle de l'informel dans le développement de la Commune. Selon Gauthier De Villers, « Le développement, on le sait ou devrait le savoir désormais, ne peut être importé non plus qu'imposé par les décrets d'un Etat ou d'organes de coopération aussi `éclairés' se veulent-ils. C'est parce que l'inventivité, la créativité sociales ont déserté une sphère officielle où règne le mimétisme à l'égard de l'Occident et qu'elles se manifestent seulement dans la sphère de l'informel que celle-ci apparaît, peut apparaître porteuse des seuls espoirs »72(*). Nous empruntons au Docteur Abdou Wahab Cissé les lignes de Maurice Tournier (1975, P. 34) disant que « Développer ... va exiger en fait qu'on fasse du neuf, qu'on rompe des habitudes et des comportements séculaires, qu'on mette en place de nouvelles structures de productions, qu'on transforme la méthode de travail et les mentalités73(*)

En dernière analyse, le développement local sera pris, dans ce travail, dans la perspective de Sémou Pathé Dièye. « Par `développement', enfin, nous comprenons le processus multiforme et multifactoriel par lequel une société donnée avance vers la réalisation de ce que les hommes qui y vivent ressentent comme conditions de leur bonheur, de leur liberté et de leur plein épanouissement personnel en tant qu'hommes. Cela implique sans doute un minimum de ressources matérielles et humaines mais aussi la mise en place de mécanismes (économiques, politiques, sociaux, etc.) permettant de mettre en valeur, de les gérer le plus efficacement possible et d'en répartir équitablement les avantages à l'échelle de toute la société »74(*).

Facteur : Ce terme revêt des sens différents selon la perspective dans laquelle on se situe. En musique, un facteur est un « fabricant d'instruments de musique »75(*) tels que les instruments à clavier, à vent et à harpes. C'est dans cette perspective qu'on parlerait de facteur d'orgues pour désigner un créateur de cet instrument. En langage postal, un facteur désigne la « personne chargée de remettre les lettres, les paquets, etc. confiés au service postal »76(*).En Economie, on parle de facteur de production pour traduire l'ensemble des moyens tels que le capital, la terre, le travail auxquels fait appel la production de biens et de services quelconques. La Biologie, quant à elle, utilise le facteur de croissance pour faire allusion à la « substance qui détermine la croissance et la maturation des cellules et des tissus vivants»77(*). Dans le cadre des Mathématiques, les différents termes d'un produit sont appelés facteurs. Le facteur commun est, dans ce contexte, le terme divisant exactement plusieurs expressions. Transposé dans le monde de la Physique, un facteur est un rapport entre deux grandeurs de même nature. En Electricité, un facteur de puissance est un « rapport entre la puissance active (fournie ou consommée) et la puissance apparente »78(*).

Dans le cadre de ce travail, il est défini comme un élément qui conditionne un résultat. Nous l'utiliserons pour affirmer que le secteur informel est un facteur de développement dans le contexte de la décentralisation. Il remplit des fonctions lui permettant d'influer sur le cours du processus de développement.

Fonction : Le concept « fonction » n'apparaît clairement qu'à partir du XIXème siècle. Il est, d'abord, apparu dans le domaine des mathématiques, puis utilisé par la Biologie avant d'atterrir dans le domaine des sciences sociales. Du point de vue mathématique, la fonction renvoie à « toute correspondance entre deux classes d'objets, dont les variables sont, le plus souvent, numériques. »79(*) D'un point de vue biologique, les fonctions, rattachées à des appareils ou organes, constituent « l'ensemble coordonné des opérations que ces organes effectuent pour le maintien de la vie de l'organisme. »80(*) Dans la physiologie de Claude Bernard, la totalité organique ou le corps est considérée comme l'harmonie d'une totalisation des cellules individuelles. Ce qui n'est pas sans rappeler une certaine appréhension de la société comme une collection harmonieuse d'individus. Le philosophe anglais Herbert Spencer (1820-1903) empruntera, dans le cadre de ses études sociales, la notion de « fonction » aux biologistes. La société est, dès lors, interprétée par les sociologues de la première heure- Auguste Comte, Herbert Spencer, Emile Durkheim...- comme une totalité au sein de laquelle les différents corps constitutifs, de concert, assurent l'équilibre de par leurs rôles respectifs. C'est le principe de base du fonctionnalisme. « En fait depuis que la sociologie s'est constituée comme discipline autonome, elle a été fonctionnaliste, même si elle n'en était pas consciente. Poser que la société est analysable, qu'on peut en considérer différentes parties, examiner les rapports entre ces parties et leur rôle dans la société globale, ces exigences ont été satisfaites par tous les sociologues, de Karl Max à Talcott Parsons, et par beaucoup d'ethnologues ».81(*) Bronislaw Malinowski (1884-1942)- aux antipodes de l'évolutionnisme, du diffusionnisme et de l'historicisme- a été le premier à voir en Emile Durkheim (1858-1913), sociologue français, le père du fonctionnalisme. Celui-ci est l'un des premiers à prêcher pour le primat de la totalité sur la partie. Pour Bronislaw Malinowski, chaque élément culturel, institution, norme ou coutume remplit une fonction pour satisfaire un besoin humain biologique telle la subsistance, la défense ou la reproduction... Alfred R. Radcliffe-Brown (1881-1955), à travers son fonctionnalisme structuraliste, pose la vie sociale comme une totalité intégrée mais aussi structurée dans la mesure où elle est l'ensemble des relations normatives, structurales entre individus . En sus de cela, elle est fonctionnelle car assurant son équilibre et sa survie. « La fonction d'une activité quelconque est le rôle qu'elle joue dans la vie sociale comme un tout et donc la contribution qu'elle exerce au maintien de la continuité structurale »82(*).En résumé, c'est le fait de « faire faire un travail aux structures » de façon à ce que ces dernières se maintiennent. Le fonctionnalisme absolu de Malinowski et celui structuraliste de Radcliffe-Brown auront servi de base et d'héritage à la postérité. Les américains tels que Margaret Mead, Redfield, Sol Tax, Talcott Parsons, Robert King Merton et les britanniques tels que Richards, Chapera, Gluckman, Firt, Piddington assureront le renouveau du fonctionnalisme.

Robert King Merton distinguera les fonctions latentes qui sont non intentionnelles et non reconnues des fonctions manifestes intentionnelles et reconnues. Selon lui, l'analyse fonctionnelle doit partir des postulats que voici :

- tout élément ou toute partie du tout est fonction de l'ensemble du système social ;

- un élément peut observer deux types de fonctions sociales : une manifeste et une autre latente ; un élément social peut ne pas avoir de fonction et, dans ce cas, il est une survivance d'un état antérieur ;

- tout élément remplissant une fonction est indispensable.

Il considère, dans sa théorie du fonctionnalisme relativisé, qu'il existe une hétérogénéité de cultures, des survivances d'emprunts, des éléments polyfonctionnels mais aussi des équivalences fonctionnelles. Quant à Talcott Parsons, il mettra l'accent sur les concepts d'adaptation, d'intégration, de maintien des régularités latentes et de visée de buts.

L'analyse fonctionnelle, dont il est question ici, consiste à mettre en exergue le lien qui puisse exister entre deux éléments d'un système ou entre la partie et la totalité.

Secteur Informel : Une très abondante littérature existe, de nos jours, au sujet du secteur informel. Soit dit en passant, la majorité des grandes théories touchant l'informel ont été élaborées en Amérique latine tandis que la plupart des études de terrain ont eu lieu en Afrique. Du radical « forme » et du préfixe « in », le secteur informel peut être traduit mot à mot comme le secteur « dénué de forme». Cette absence de forme pourrait être imputable à une difficulté d'appréhension de ce monde marqué par une grande hétérogénéité tant des acteurs, des activités que des relations avec les différentes institutions. L'absence de forme est le plus souvent imputée à la clandestinité, à l'invisibilité statistique des unes même si l'on décèle de façon très visible les autres. Le concept secteur informel (informal sector), créé par Keith Hart à travers une étude sur le Ghana en 1971, est apparu au grand jour en 1972 dans le rapport sur le Kenya du « Programme Mondial sur l'Emploi » commandité par le BIT depuis 1969. La pléthore d'études et de théories disponibles indique une variété des dénominations attribuées à ce secteur d'activités. Les définitions proposées évoluent dans le temps mais aussi varient de théorie en théorie ou d'auteur en auteur. En 1972, le Rapport du Kenya proposait sept critères que sont : « facilité d'accès à l'activité ; utilisation de ressources locales ; propriété familiale de l'entreprise ; échelle d'activité réduite ; usage de techniques qui privilégient le recours à la main-d'oeuvre ; qualifications acquises hors du système officiel de formation ; marchés concurrentiels et sans réglementation »83(*). En 1976, Sethuraman les a élevé au nombre de quinze (15), avec l'approbation du BIT, parmi lesquels « la flexibilité des horaires de travail, l'absence de recours au crédit régulier, le bas prix des produits, le bas niveau d'instruction, l'absence d'usage d'électricité »84(*) pour ne citer que ces critères. La liste est longue et il est aisé de comprendre qu'une activité informelle les présente rarement tous.

Selon Charbel Zarour, l'informel se caractérise, contrairement au formel par quatre critères que sont : le non enregistrement légal, l'engagement du personnel non-conforme au Code du travail, la comptabilité irrégulière et la taxation indépendante de cette comptabilité. Selon lui, « le secteur informel serait constitué d'un ensemble d'activités économiques de production et de distribution de biens et de services à petite échelle exercées à des degrés variables en marge de la réglementation instituée par la puissance publique (code des impôts, code du travail, code des obligations civiles et commerciales, etc.) mais au vu et au su de l'administration »85(*).

John McKenzie quant à lui, pense que « la différence entre les secteurs formel et informel n'est pas une différence de légalité, mais une différence de culture. Le secteur formel sénégalais est moderne, occidental tandis que le secteur informel est traditionnel et africain. »86(*)

Selon Rudolf Bicanic87(*), le « systeme D » est un terme qui fut utilisé pour la première fois par S. J. Kurovski en 1957 pour traduire alternativement avec le concept « The Economics of Underground » ce qu'on appelle « Economie souterraine ». Pour Bicanic, il «y a économie souterraine quand les buts sont atteints (les désirs satisfaits) par des moyens différents de ceux que la loi autorise, par des agents non reconnus par les institutions agissant dans le même environnement que celui dans lequel est menée l'activité ouverte, mais dans l'ombre.» L'existence de ce système D implique donc la présence de deux formes d'activités économiques différentes : d'un côté, celle formalisée, normative et institutionnalisée et de l'autre celle fluide, pragmatique et désinstitutionnalisée. C'est donc dire que l'existence de l'économie souterraine est concomitante à la présence de l'économie structurée. D'où l'on serait tenté de dire que chaque niveau de développement économique a son économie souterraine propre de même que sa propre philosophie du luxe ou du développement. En effet, le dualisme formel /informel est, de nos jours, devenu une façon de penser l'hétérogénéité des économies des pays du Sud. Les activités informelles (facilité d'accès, ressources locales, propriété familiale, marchés ouverts à la concurrence, absence de comptabilité, faible niveau scolaire...) émerge à côté d'une économie moderne (salariat, profit, capital, organisation industrielle...) et d'un secteur dit non marchand (absence de circulation monétaire, production de simples valeurs d'usages, autosubsistance...). Celui-ci est un système ayant un dynamisme endogène et une spécificité propres.

Si c'est l'illégalité qui définit le plus souvent l'informel, il est important de savoir quelles sont les lois ou les aspects de la loi qui ne sont pas respectés ? Pour Bruno Lautier, « il peut s'agir de lois concernant le paiement des impôts ou celui des cotisations de sécurité sociale, de réglementation des conditions de travail, de l'hygiène et de la sécurité, de lois délimitant des espaces où peut s'exercer une activité, de plans d'occupation des sols... »88(*). D'aucuns ajouteraient la concurrence déloyale, la fraude fiscale, le marché noir, la corruption, le vol de biens publics...Il faut souligner que la non observance des règles permettant de décréter l'informalité d'une activité doit être systématique et non occasionnelle ou circonstancielle. Devant la pléthore de registres existants, il est difficile, pour certains acteurs, de s'inscrire dans toutes les listes règlementaires. Dans une telle situation, la loi n'est presque plus vue comme « le reflet de la volonté générale. Elle a un sens sélectif, bénéficie d'un respect sélectif. Tout s'achète, tout se vend, pour autant qu'on ne soit pas pris par les représentants de la loi »89(*).

Selon Assane Camara90(*), reprenant les propos de A. Morice, les métiers sont « tolérés quoique informels ou illégaux, pour autant qu'ils n'enfreignent pas certaines règles du jeu ». D'ailleurs, d'aucuns imputent la non inscription aux registres et le non respect des lois à la complexité de la bureaucratie mais aussi à l'excès et à l'inadaptation de la réglementation. Pour le corroborer, Bruno Lautier cite, dans son ouvrage, l'économiste péruvien Hernando de Soto selon qui « la complexité de la bureaucratie engendre un nombre et, surtout, une durée des démarches impressionnants (par exemple, dix mois pour pouvoir mettre en route une petite entreprise industrielle, et vingt-six mois pour obtenir l'autorisation d'exploiter une ligne de microbus). Au temps, se rajoutent des frais (majorés par la corruption, si on veut accélérer le processus) »91(*). Les registres municipaux reçoivent, néanmoins, beaucoup d'inscriptions car ils permettent aux acteurs de négocier avec les agents municipaux mais aussi de devenir fiables aux yeux des partenaires commerciaux.

Par ailleurs, les activités du secteur sont variées et différentes de taille, de nature, de capacité développante, etc. Gabriel Boissy les typifie en trois catégories différentes :

· « secteur informel de subsistance ou refuge des pauvres » : lingères, domestiques, pileuses, petits réparateurs, tailleurs, forgerons, chauffeurs à mi-temps et apprentis, marchands ambulant, étalagistes....

· « secteur informel de transition » : usant d'équipements et de technologie traditionnels tout en produisant des biens et des services à grande valeur marchande et regroupant l'artisanat d'art comme la photographie et la bijouterie, l'artisanat de bâtiment, le commerce localisé dans les souks et les boutiques...

· « le secteur informel moderne ou celui des nantis du secteur informel » : les activités de ce groupe ont la trempe de PME mais leur réticence partielle ou totale aux lois administratives et légales les retient dans ce groupe (artisanat de production, d'art et du bâtiment, les grands commerçants, les transporteurs...).

Ce secteur existe un peu partout dans le monde. Il n'est pas une réalité sui generis au Tiers-monde mais il existe aussi en Grèce, en France, en Italie, en Espagne, dans les pays de l'Europe de l'Est, en Amérique latine... Les actifs de ce secteur ne cessent d'augmenter et de présenter de nouveaux caractères : des ruraux en milieux urbains, des exclus de l'école, des anciens chômeurs, des déflatés du secteur moderne et même des acteurs du système moderne qui optent pour la pluriactivité. Les actifs de l'informel du Sénégal, estimés à 161 000 en 1960, passent à un effectif de 475 000 en 1980, de 638 000 en 1991 et d'un million en 199692(*). Ce secteur a amorti dans une certaine mesure le choc de la crise. Dans le contexte de décentralisation, il peut être vu comme une force locale donnant des réponses locales aux problèmes locaux.

Dans ce travail, nous convoquerons la définition -on ne peut plus- satisfaisante que le Professeur Abdoulaye Niang a proposé pour cerner le mieux possible l'informel richard-tollois, en particulier. 

« Le secteur informel est l'ensemble des activités de commerce, de production de biens, de services à valeur marchande, de pratiques associatives d'épargne et de crédit, de transfert ou de redistribution des ressources, toutes se menant à une échelle plus ou moins réduite, qui échappent partiellement ou totalement à la législation et/ou aux normes dominantes qui régissent le champ des activités et des pratiques de même catégorie. »93(*)

Tableau de la conceptualisation

Concepts

Dimensions

Indices

Indicateurs

Contexte

Décentralisation

 

Autonomie

de gestion

Organisation et

Fonctionnement

Les structures

municipales

Exercice des

compétences

Les 09 domaines de

compétences

FACTEUR

H

Y

P

O

Fonction

Economique

Apport au Budget

Taxes et Impôts dans le

Budget

Part dans

l'économie globale

Produit Local Brut

(PLB)

Fonction

Sociale

Réduction de la

crise sociale

Emplois

Revenus

Biens et services

T

H

E

S

E

Développement local

Amélioration des conditions de vie et de travail des populations

Bilan de la

décentralisation

Satisfaction sociale

Gestion de proximité

Formalisation de

l'informel

Investissements

municipaux

Attentes populaires et perspectives de l'équipe

municipale

V. Objectifs

Précisons, d'emblée, que ce travail n'a pas un but exhaustif ni curatif, il s'inscrit dans un cadre purement académique et vise avant tout à nous éclairer et à cerner les contours de la relation Informel/ Décentralisation. Par rapport à notre logistique, nous avons cherché à séparer l'important de l'accessoire, à primer la pertinence sur l'exhaustivité.

Les principaux objectifs que nous visons par le truchement de ce travail se résument à:

- montrer qu'il y a une forte présence du secteur informel à Richard-Toll, secteur qui y trouve ses raisons d'être malgré le développement du système moderne avec la Compagnie Sucrière Sénégalaise qui est un grand ténor économique ;

- évaluer le poids socioéconomique de l'économie parallèle; autrement, appréhender la place de l'informel dans l'économie globale de la Commune, évaluer sa part à la constitution du Budget Communal de Richard-Toll ;

- voir le degré de satisfaction aussi bien des acteurs que de la Municipalité vis-à-vis des activités informelles.

- évaluer les atouts et les faiblesses de ce secteur dans une telle collectivité et dans un tel contexte.

- faire le point sur les politiques municipales adressées aux acteurs informels.

VI. Intérêt du sujet

Cette étude trouve toute sa pertinence, nous le pensons bien, dans la recherche de la relation qui lie secteur informel et collectivités locales. Le contexte de la décentralisation fait du secteur informel un thème majeur d'investigation et d'analyse. L'informel- dont d'aucuns doutent jusqu'à nos jours des capacités ou qualités développantes- justifiera à travers cette étude sa vraie place et son vrai rôle dans la vie socio-économique de tout Richard-Toll. Dans la logique de Gaston Bachelard selon qui toute connaissance est une réponse à une question, cette étude apportera un tant soit peu de lumière sur la connaissance du secteur informel dans le contexte actuel. Aucune étude du sujet n'ayant été faite sur la ville de Richard-Toll, ce travail permettra de mieux nous éclairer sur l'évolution, les dimensions et les retombées du phénomène que l'on constate en accélération ces dernières années dans tout le pays.

VII. Cadre théorique

Jean-Michel Berthelot est notre référence dans l'élaboration de notre cadre théorique. En d'autres termes, les schèmes nous permettent ici de montrer la manière dont nous posons le problème. Partant du postulat sociologique selon lequel le social explique le social, nous avons pris l'option de recourir à un seul schème. Au regard du sujet, notre inspiration s'est directement référée aux schèmes de dépendance, plus particulièrement au schème fonctionnel puisqu'il est ici question d'appartenance mais aussi de contribution, d'apport d'un élément à un système tout entier.

Secteur informel Développement local

Le développement local nécessite un apport du secteur informel qui constitue un maillon non négligeable de la structure socio-économique de la Commune.

La formule logique de ce schème dit fonctionnel est établie comme suit :

[A ñ B] = [B A ;{A>B>A}]

A = système ; B = sous-système ou élément du système ; ñ = la relation entre ;

> = rend compte de ; = appartient à

L'élément [A] est un système traduisant dans ce contexte la Commune de Richard-Toll. L'élément [B], faisant allusion au secteur informel, est un élément ou un sous-ensemble du système [A]. Dans une perspective fonctionnaliste, ce secteur informel remplirait des fonctions au niveau du système auquel il appartient. Tout acte de [B] influe donc forcément sur [A]. Les fonctions que nous attribuons au secteur informel sont celles sociale et économique. Si donc elles sont bien remplies, la Commune de Richard-Toll le sentira forcément dans son projet et son processus de développement.

Ce schème fonctionnel ayant donné lieu à deux types de programmes de recherche, nous privilégierons l'un à savoir l'Analyse Fonctionnelle. Celle-ci conçoit la société comme un système de besoins définissant, pour satisfaire ces derniers, des fonctions utiles et des institutions pour les remplir. L'informel est une institution parmi tant d'autres ayant une fonction sociale et une autre économique visant la satisfaction sociale des besoins de développement. Les exigences de fonctionnement ou de développement de la Commune nécessitent que l'informel remplisse ses fonctions. Il est posé ici la problématique de l'apport de la partie au tout. La pluralité fonctionnelle de Merton montre que ce secteur joue des rôles divers allant de la réduction du chômage à la participation au budget en passant par la création de richesses et le pourvoi de biens et de services aux populations.

VIII. Commune de Richard-Toll dans le Contexte de la Décentralisation

Secteur Informel

Fonction Sociale- Fonction Economique

Développement Local

Proximité. Investissements. Satisfaction

Maire et Conseil Municipal

Compétences et Autonomie

Budget Autonome

Recettes . Dépenses

Economie Locale

Modèle d'analyse

Commentaire : Dans le contexte de la décentralisation, la commune de Richard-Toll a à sa tête un Conseil Municipal élu, dirigé par un Maire, à qui des compétences sont attribuées en plus de l'autonomie administrative. Pour mener à bien sa mission, il dispose du Budget autonome auquel contribue le secteur informel un des acteurs de l'économie locale qui remplit des fonctions sociale et économique. Les recettes soutirées du secteur informel et des autres secteurs de l'économie seront dépensées ou investies pour la satisfaction sociale, l'équipement de la ville... dans le cadre du développement local.

Chapitre II: Approche méthodologique

Aujourd'hui, les querelles de méthodes en sciences sociales n'ont plus leurs raisons d'être. « Ni le qualitatif, ni le quantitatif d'ailleurs, ne garantissent une totale objectivité ; ils tendent seulement à assurer une démarche la plus objective possible »94(*). Autant la parole est limitative, autant le chiffre ne donne pas plus de sens. Pour mieux cerner notre sujet et avoir une plus grande lisibilité et visibilité des facettes qu'il présente, nous proposerons une méthodologie chère à l'Université de Saint-Louis: la triangulation des méthodes.

I. Exploration

Il n'y a pas de recherche sans documentation qui permette de faire le point sur la question posée. C'est une partie du travail qui nous a pris l'essentiel de notre temps car il fallait faire l'ensemble des bibliothèques et centres de documentaires auxquels nous pouvions accéder dans la mesure de nos moyens financiers. Nous avons sélectionné des articles, des revues, des ouvrages, des notes de cours afférents à notre thème et à notre sujet de recherche. Force est de reconnaître hic et nunc l'apport très important des cours de méthodologie, d'épistémologie et de théorie auxquels nous avions assisté et participé à l'Université Gaston Berger. Nous avons passé au peigne fin l'ensemble des cours que nous avions si précieusement gardés. En outre, nous avions visités:

· la Bibliothèque Universitaire Gaston Berger de Saint-Louis qui nous a fourni la plus grande part des ouvrages de notre bibliographie ;

· la Bibliothèque Universitaire Cheikh Anta Diop de Dakar où nous nous sommes perdus dans les rayons par manque de maîtrise du système ;

· les Centres de Documentation existants dans l'enceinte de l'Université Gaston Berger.

· la Bibliothèque de la Mission Catholique de Dagana.

Nous avions aussi consulté des ouvrages ou articles que nous avions gardé ou que nous avions trouvé au hasard chez des camarades ou des amis. Les journaux que nous trouvions à l'Amicale des Etudiants de l'UFR des Sciences Economiques et de Gestion nous ont été d'un apport considérable. Le « Cyber-campus » a aussi été notre zone de connexion à Internet. Nous n'oublierons pas de mentionner l'utilisation faite des données de quelques CD-ROM tels que « Encarta 2004 », « La Commune de Richard-Toll ».

Après confection de notre bibliographie après avoir parcouru toutes ces sources, nous nous sommes mis à la lecture et à la confection de fiches de lecture. De temps en temps, nous faisons une petite descente à la Mairie de Richard-Toll. C'est à la suite de tout cela que notre problématique a vu le jour et que le sujet, les hypothèses et la question de recherche ont été davantage précisés.

II. Echantillonnage

« L'échantillonnage est l'opération qui consiste à prélever un certain nombre d'éléments (c'est-à-dire un échantillon) dans l'ensemble des éléments qu'on veut observer ou traiter (population). L'échantillon est l'ensemble des éléments à propos desquels on va effectivement recueillir des données »95(*). En d'autres termes, l'échantillon est une petite partie de quelque chose, un représentant de la population totale -d'où son caractère de représentativité- utilisé dans le souci d'expliquer certains caractères généraux d'un fait donné. Nous avons opté, avec la triangulation des méthodes, pour deux formes d'échantillons.

Pour les données quantitatives, nous avons recouru à un échantillon à caractère non probabiliste à savoir l'« échantillon stratifié pondéré » ou « échantillon par quotas » qui est un des types d'échantillon des plus utilisés de nos jours. Le souci de représentativité a fait que nous avons au mieux respecté la représentation de chaque couche de la population de référence par le biais du report de sa fréquence dans l'échantillon. Notre base de sondage est tirée de l'ouvrage intitulé L'économie locale de Richard-Toll 199996(*), publié en Juillet 2000, qui est le seul à contenir des informations globales sur cette commune et auxquelles nous avons pu accéder. Nous avons tiré de chaque type socioprofessionnel, parmi ceux en présence, un taux de 02%. A travers le tableau qui suit, il devient plus clair de voir la manière dont l'échantillon final de 142 unités a été calculé.

Tableau d'échantillonnage quantitatif

Catégories Professionnelles

Effectif total ou Nombre d'unités

Part dans l'échantillon (02%)

Commerce

3 541

71

Artisanat

3 119

62

Transport

453

09

Totaux

7 113

142

Après le report des différents quotas, nous avons adopté la technique des itinéraires. Celle-ci consiste à choisir un itinéraire géographique pré-établi suivant lequel on choisit les enquêtés. L'artère principale de la Route Nationale II a été sélectionnée comme itinéraire d'enquête pour la bonne et simple raison qu'elle passe au coeur de Richard-Toll et constitue la ligne où se concentre la plus grande partie des activités mais aussi des services administratifs. Pour donner à tous la chance de faire partie de l'échantillon, nous passerons par quelques rues et au bord du fleuve où se font aussi des transactions informelles.

S'agissant des données qualitatives, nous avons porté notre choix sur un échantillon par cas multiple à savoir l'échantillon par contraste reposant sur deux critères fondamentaux que sont le principe de la diversification (externe des statuts) garante de la représentativité d'un côté et le principe de la saturation empirique garante de l'exhaustivité relative des données empiriques. Il est question de la confrontation d'informations provenant de divers acteurs appartenant à divers groupes du milieu étudié. Nous avons sélectionnés des informateurs-clés pertinents, nous semblait-il, pour l'étude. Nous entendons par informateurs des personnes capables de nous livrer des informations en rapport avec notre problématique de recherche du fait de certaines connaissances qu'ils possèdent ou des fonctions qu'elles exercent. Nous avons cherché à sélectionner ceux qui pouvaient remplir les critères suivants : disponibilité, spontanéité, productivité, capacité imaginative, objectivation des traits de sa culture d'appartenance... C'est ainsi que nous avons été amené à nous entretenir avec :

· M. Abibou Dièye, Maire de la Commune de Richard-Toll ;

· M. Magatte Seck, Secrétaire Municipal ;

· M. Doudou Diaw Bakhao, Conseiller Municipal ;

· M. Youssou Dièye, Chargé de la Communication de la Mairie.

III. Techniques de recueil

Comme nous l'avons souligné ci-dessus, une triangulation des méthodes qualitatives et quantitatives a été faite dans le cadre de cette étude. Il nous est possible de recourir à plusieurs techniques de collecte mais, compte tenu du temps et des moyens logistiques et financiers dont nous disposions, quelques-unes ont été privilégiées dans la kyrielle existante. Celles qui nous ont semblées adéquates ou plus pertinentes sont les suivantes :

- Le questionnaire pour les acteurs de l'informel : le choix de cette technique est justifié par le fait que nous avons besoin de chiffres pouvant quantifier la présence du phénomène informel, ses apports et la diversité aussi bien de ses activités que de ses acteurs dans la Commune de Richard-Toll. Notre questionnaire est composé de cinq (05) parties ou rubriques au niveau desquelles nous avons disséminé un total de quarante-trois (43) questions. Du point de vue du genre, nous y retrouvons des questions de fait, d'opinion, d'action mais aussi d'intention. Selon la forme, on peut y déceler aussi bien des questions fermées ou précodées que des questions ouvertes, tant des questions à éventail ou à évaluation, des questions directes que des questions indirectes. L'administration du questionnaire a duré, en moyenne, trente cinq minutes par enquêté. C'est en vingt jours que nous avons atteint notre cible de 142 enquêtés prévus par l'échantillon par quotas. Les acteurs ont été interpellés sur les enjeux sociaux et économiques de leurs activités au niveau communal avant d'être entendus sur leur rapport à la municipalité et sur le bilan qu'ils font de la décentralisation.

- L'entretien pour les informateurs-clés : allant au-delà de l'étude des faits extérieurs, les Sciences Humaines et Sociales s'intéressent davantage à l'individu social -qui est un représentant de son groupe- dans le souci de saisir ses intentions, stratégies, réactions, croyances et sa manière de voir... L'interview que nous avons privilégiée est : une interview de leaders du point de vue des sujets interrogés; une interview documentaire reposant sur les connaissances des faits du point de vue de l'objet de recherche ; une interview centrée avec un guide pré-établi fait de questions du point de vue des modalités techniques et/ou une interview à questions ouvertes avec un protocole d'enquête limité à l'objet du point de vue des formes de questions. Au niveau des guides d'entretien, nous avons sélectionné des leaders en fonction de leur compétence suivant les domaines que nous étions amenés à mettre en lumière dans le présent ouvrage. C'est ainsi que trois guides ont été confectionnés. A travers ces entretiens, il était question de voir la vie de la Commune à l'épreuve de la décentralisation et de situer les enjeux que le secteur informel pouvait susciter dans le contexte actuel.

- L'observation documentaire : des documents contenant un certain nombre d'informations récentes sur le phénomène étudié nous ont dispensé de faire une enquête sur ces éléments. Devant la disponibilité de certaines informations, l'analyse documentaire trouve sa pertinence dans la sélection de nos outils de collecte. Les données historiques dont nous disposons nous ont permis de suivre l'évolution des phénomènes en question. Notre analyse documentaire a porté sur trois principaux documents:

· L'économie locale de Richard-Toll 1999, un ouvrage de 71 pages de Bouna Warr et Ousmane Sow publié en Juillet 2000 par le Club du Sahel de l'OCDE et le Conseil Municipal de Richard-Toll.

· Commune de Richard-Toll, un CD-ROM datant de 2004 signé Amadou Konté.

· Le recueil des textes de la décentralisation, un ouvrage de 310 pages conçu par la Direction des Collectivités Locales et publié en novembre 2003.

- L'observation participante désengagée: elle nous permet d'avoir une vue à distance mais de l'intérieur du phénomène dans la mesure où le travail des acteurs et leur degré d'engagement sont au coeur de notre observation directe. Durant tout notre séjour à Richard-Toll de près d'un mois, nous nous livrions à des observations récurrentes de notre objet.

IV. Histoire de la collecte

Choix du sujet : Le choix du sujet n'a pas été très facile. Nous avions eu la volonté de nous spécialiser provisoirement sur le secteur informel qui nous a semblé pétri d'intérêt scientifique. Nous avions voulu faire une étude comparative avec le formel mais le sujet allait être très large. C'est suite à des nuits de réflexion et à des rencontres techniques avec notre encadreur que nous avons pris la résolution de traiter le sujet retenu. Le choix de Richard-Toll a une motivation double. D'une part, nous voulions en connaître un peu plus sur notre terroir qui est le département de Dagana. Charité bien ordonnée commence par soi. D'autre part, la ville de Richard-Toll est la ville la plus importante du département tant du point de vue démographique qu'économique. En sus de cela, du point de vue de la faisabilité, elle faisait l'affaire eu égard à la modestie de la logistique et des finances dont nous disposions.

Autorisation : Nous avons cherché un rendez-vous avec le maire pour obtenir l'autorisation de travailler sur la Commune. Il nous a accueilli sans cérémonie et a même loué le travail et son intérêt pour la commune tout en insistant sur une éventuelle ristourne des résultats au niveau de la Municipalité souffrant de données empiriques dans certains domaines tel que le secteur informel. Etant très occupé, il nous a mis en relation avec le Secrétaire Municipal et l'Agent Comptable.

Infiltration : Nous connaissions la Commune de Richard-Toll pour y avoir eu des amis mais nous n'avions aucune affinité avec notre population-cible. Finalement, nous avons usé de nos accointances avec un frère d'un ami, agent municipal, qui nous a introduit auprès des autorités municipales. Au niveau de l'enquête, un camarade étudiant désormais agent dans une mutuelle de la place a fait une bonne presse de l'étude auprès de certains acteurs. La pré-enquête ou l'exploration a été faite à travers quelques descentes sur le terrain en guise de prise de contact avec notre objet de recherche.

Pré-test : Après avoir confectionné le questionnaire, entre autres outils de collecte, il nous a été impératif de le tester comme le préconise la méthode quantitative dans le dessein de voir sa fiabilité, sa clarté et sa pertinence. Un effectif de cinq personnes a été enquêté au niveau du marché central de Richard-Toll. Suite à cela, des réajustements se sont imposés et nous l'avons peaufiné en éliminant, en reformulant ou en ajoutant un certain nombre de questions.

Enquête : Après les descentes exploratoires, après confection du questionnaire et pré-test, nous sommes descendu sur le terrain pour l'enquête proprement dite. Notre immersion nous a pris exactement un mois. Les entretiens commencés le vendredi 09 septembre 2005 seront terminés le samedi 08 octobre 2005.

Exploitation : Après le dépouillement, les données ont été exploitées selon les méthodes choisies. C'est à l'issue de tout ce qui précède que le document final a été confectionné durant tout le mois de Ramadan dans notre chambre au campus universitaire.

V. Difficultés rencontrées et stratégies adoptées

Ce travail ne s'est pas réalisé avec une grande facilité. Les conditions de réalisations ont été très difficiles. Nous allons énumérer quelques-uns des innombrables écueils sur lesquels nous avons buté.

· Difficultés d'accès aux données chiffrées récentes : Au niveau de la Municipalité, il n'y a pas de données fiables sur lesquelles on peut s'appuyer pour donner forme à un travail scientifique. Les acteurs ne sont pas fichés au niveau des services de la place. Le caractère même informel de l'objet de notre étude est révélateur. Trouver une base de sondage était la croix et la bannière. Finalement, nous avons choisi de tirer notre échantillon du dernier travail datant de 2000 réalisé sur la Commune par le Club du Sahel.

· Indisponibilité quasi-permanente des informateurs qui ont des charges très exigeantes en matière de voyage et d'occupation constante. Il nous a été très difficile d'accéder au Maire. Il fallait attendre des heures par respect au protocole. Nous étions obligés de nous armer de patience et de sérénité pour obtenir satisfaction.

· Méfiance et refus des acteurs de l'informel : Les acteurs du secteur informel éprouvent souvent des difficultés à se prêter à l'enquête. Ceci est dû à l'incompréhension des objectifs de l'enquête, à la suspicion d'un éventuel espionnage du service des impôts et domaines. Nous déclinions dans la mesure du possible notre identité et les objectifs de l'enquête avec la présentation de notre carte d'étudiant à l'appui pour mettre certains interviewés en confiance. Le respect strict de l'éthique nous a coûté cher avec bien des refus de la part des cibles. Pour jouer la carte de l'objectivité du point de vue des informations à recueillir, nous avons pensé et jugé nécessaire qu'il fallait jouer franc-jeu, être sincère et dévoiler notre véritable identité d'étudiant. Cela nous a permis, et nous le croyons fermement, d'obtenir des informations fiables. Néanmoins, bien des acteurs sur qui tombent le choix de l'échantillon ont refusé l'enquête mais nous procédions illico presto à un remplacement par l'acteur qui occupait la place la plus proche. Nous n'avions pas été à l'abri des suspicions de journalisme ou d'espionnage. Par ailleurs, nous tentions, à chaque fois que faire se pouvait d'évacuer certains propos de l'acteur par une plaisanterie, une taquinerie. Le respect de la culture ou de l'opinion de l'enquêté a aussi été dans nos préoccupations durant toute la période de nos enquêtes. Nous acceptions ouvertement de boire ou de manger les aliments que les enquêtés nous invitaient à partager malgré la forte prévalence du choléra en cette période d'épidémie (Septembre 2005).

· La fatigue et la canicule ne nous ont pas épargné. Durant cette période d'hivernage, nous marchions de longue distance, parlions beaucoup pour obtenir des informations. Nous inhalions les fumées des restaurants, des dibiteries, l'odeur du gas-oil et de certains produits pestilentiels. Nos habits étaient souvent enduits de graisses, tachetés de sang des boucheries... Nous redoublions d'efforts sachant que la lumière est au bout du tunnel.

VI. Dépouillement

Le dépouillement a été fait manuellement du fait de l'indisponibilité d'ordinateur au moment de faire ce travail au coeur des vacances. Il s'est agi de faire un comptage manuel variable après variable. Nous avons décidé d'y aller lentement mais le plus sûrement possible.

L'exploitation des données s'est faite d'un côté avec une analyse des statistiques descriptives pour les données quantitatives et de l'autre avec une analyse de contenu pour les données qualitatives. Il fallait calculer la fréquence, le degré de répétition, les pourcentages, faire des diagrammes, courbes, tableaux de tris à plat, de tris croisés, etc.

Partie II :

Cadre de l'étude

Et

Contexte de la

Décentralisation

Carte de localisation de la Commune de Richard-Toll 

Chapitre I : Cadre de l'Etude

I. Aspects historiques

L'histoire de Richard-Toll est indissociable, à certaines époques, à celle du Walo. Ndioukouk- un petit village sur les rivages de la Rivière du Taouey entouré de champs de henné - se situait quelque part dans le Walo. Le Walo a été la première partie du Sénégal à entrer en contact avec les Occidentaux si l'on sait que des marins français provenant de Rouen, de La Rochelle et de Nantes ont fondé la ville de Saint-Louis en s'installant à l'embouchure vers 1659.

La période des grands comptoirs en Afrique occidentale et du commerce triangulaire s'étalait de 1600 à 1800 où des escales du Fleuve Sénégal (Dagana, Podor et Bakel) ont marqué l'histoire. L'esclavage aboli au XIXème siècle, une autre alternative s'offre aux occidentaux, en l'occurrence la colonisation. A la date du 08 mai 1819, un colonel français du nom de Schmaltz97(*) a signé le Traité de Ndiaw avec le Brack Amar Fatim Borso Mbodj permettant à l'Hexagone de s'implanter, d'implanter des établissements de culture et de construire des forts de protection contre les maures et autres assaillants sur la Taouey et à Dagana. Entre 1822 et 1827, des essais agricoles sont proposés par le premier gouverneur civil français Jacques Roger. C'est alors que la première station expérimentale agricole de l'Afrique noire fut installée par l'ingénieur en horticulture Claude Richard (1783-1869) qui donnera son nom à Ndioukouk. Le coton, le sésame, l'indigo et l'arachide parmi tant d'autres cultures pratiquées en Afrique, de nos jours, proviennent de son jardin.

Richard désignant l'horticulteur lui-même et « Toll », mot d'origine wolof signifiant « Champ de culture », se joignent pour donner le nom de cette localité célèbre de nos jours. Richard-Toll signifie donc textuellement en wolof « le champ de Richard ». Le foyer originel de la ville était l'actuel quartier Escale entouré des trois villages que sont Khouma Wolof, Khouma Peuhl et Ndiangué.

Le plus ancien édifice demeure, à Richard-Toll, « La Folie du Baron Roger ». Le Baron Jacques Roger fut le premier gouverneur civil du Sénégal et sa gouvernance dura de 1821 à 1827. Il comprenait et parlait la langue Wolof. Il épousa Yacine Yérim Diaw avec qui il eut une fille du nom de Marie Roger qui avait à son tour des descendants à Richard-Toll. C'est donc pour sa femme que le Baron a construit en 1827 « La Folie du Baron Roger », un château sur les rives de La Taouey.

Source : Enquête, 2005.

Après les indépendances, dans le souci de trouver un substitut aux importations, l'Etat a pris l'option de miser sur l'agriculture mais aussi sur l'initiative privée. C'est ainsi que des cultures expérimentales sont faites sur le casier délaissé par la Société de Développement Rizicole du Sénégal (SDRS). La canne à sucre entre autres tests a donné des résultats probants mais, du fait de la salinité du sol demandant beaucoup de moyens, les investisseurs sont restés pusillanimes. Avec un certain nombre de privilèges protecteurs (fiscalité réduite, monopole, garantie des prix), le Groupe Mimran crée la Compagnie Sucrière Sénégalaise à travers la Convention de 1970 signée avec le Gouvernement Sénégalais. L'Usine a commencé à tourner depuis le 28 juillet 1970. C'est le début de la croissance et de l'attrait de Richard-Toll. La ville a, aujourd'hui, répondu à cette vocation agricole avec les champs de canne à sucre qui s'étendent à perte de vue. Erigé en Commune en 1980, dix ans après l'ouverture de la CSS, Richard-Toll est aujourd'hui une des villes les plus attractives du Sénégal.

II. Aspects géographiques

Localisé entre 16°27 de latitude Nord et 15°42 de longitude Ouest, la Commune de Richard-Toll s'étend sur une superficie de 3 000 hectares et se situe sur la rive gauche du Fleuve Sénégal à 25 Km de Dagana (chef-lieu de département), à 106 Km au nord-est de Saint-Louis (capitale régionale) et à 371 Km de la Capitale du Sénégal. Il y a quelques décennies encore, Richard-Toll était coincé entre La Taouey, le Fleuve Sénégal et la Route Nationale 2. Aujourd'hui, bornée au Nord par le Fleuve et au Sud par les canaux d'irrigation, son extension se fait d'Ouest en Est.

Avec un relief plat homogène, il est localisable sur la plaine alluviale du Fleuve Sénégal ; autrement dit, sur la haute partie d'une cuvette inondable. Le type de sol caractéristique du milieu est celui argileux et limoneux. Avec une saison sèche s'étendant d'Octobre à Juin et une saison des pluies marquée par une faible et irrégulière pluviométrie avoisinant 350 mm/an, le climat est sahélien à Richard-Toll avec une température annuelle moyenne de 26°c. La végétation est généralement faite d'acacias clairsemés et de tapis herbacés en hivernage. La rivière de La Taouey et le Fleuve Sénégal en constituent le réseau hydrographique.

III. Aspects démographiques

Le hameau de Ndioukouk comptait 28 habitants résidents et une population flottante de 1 148 nomades essentiellement de Wolofs et de Peuls. Avec une population de l'ordre de 200 habitants en 1945, de 1 100 habitants en 1960, Richard-Toll a connu un très rapide accroissement démographique passant de 2 000 habitants en 1970 à environ 63 500 habitants de nos jours. L'installation de la CSS a constitué un facteur d'accélération de l'urbanisation de Richard-Toll qui est, dès lors, dans le sélectif des ruraux mais aussi des citadins de villes voisines en quête de travail. Contrairement aux autres villes du nord, anciens géants économiques du Sénégal de par le rôle de comptoirs d'antan perdant de jour en jour leur lustre, Richard-Toll devient plus imposant et plus attrayant du point de vue économique. Sa densité est de l'ordre de 20 habitants/Km2 en 1999. La composition démographique fait état de 65% de Wolofs, de 18% de Pulars, de 4% de Maures et de 3% de Diolas. Les Manjaques, Bambaras, Sérères et Sarakholés sont aussi présents dans la ville qui est la deuxième ville de la région après Saint-Louis eu égard à la population. L'immigration et l'exode rural panachés au taux de croissance démographique local en font une ville peuplée dans le contexte sénégalais. Cette population fluctue selon l'ouverture (forte densité) ou la fermeture (faible densité) de la Campagne Sucrière.

IV. Aspects économiques

La réputation de ville industrielle et de ville carrefour est, sans conteste, reconnue à la Commune de Richard-Toll. Toute l'économie, comme on le constate, tourne autour de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. Le rôle de celle-ci est reconnu tant dans la vie de la Municipalité à laquelle elle verse une importante patente annuelle que dans la vie des populations auxquelles elle prodigue des emplois salariés, des oeuvres sociales...

Le secteur moderne nourrit 56% de la population. Le secteur informel, avec ses 28%, dame le pion au secteur primaire qui n'occupe que 16% de la population. Dans le secteur moderne, Richard-Toll enveloppe, en dehors de la CSS, des boites telles que l'IDIS appelée « la fille de la CSS » spécialisée dans la tuyauterie, la SAED, la CNCAS, la CBAO, la BICIS, le Gîte d'étape, la SONATEL, la SENELEC, la Poste, la SDE, des PME-PMI. Dans le secteur primaire, il est à signaler que l'agriculture est plus manifeste. C'est loin après le casier sucrier que se positionne le casier rizicole. Cela étant, l'élevage se pratique dans la zone soit par les peuls ou par les ménages qui s'investissent dans l'embouche. Par ailleurs, la pêche artisanale se pratique dans le Fleuve Sénégal, la rivière de La Taouey mais aussi dans le Lac de Guier qui est à quelques encablures. Une timide spécialisation dans la pisciculture se fait jour. Le secteur informel occupe une place importante aussi dans la Commune. Le trio de l'artisanat, du commerce et du transport nourrit bien des richard-tollois et participe grandement au dynamisme économique de la ville. Cette économie à deux vitesses- forte présence de l'informel à côté du géant sucrier- fait de la ville un pôle d'attraction, une ligne de mire de citoyens venant des quatre coins du pays. En sus de cela, il est un carrefour international du fait de la frontière avec la Mauritanie.

V. Infrastructures et Equipements

La liste des infrastructures présentes dans le périmètre communal n'est pas exhaustive. Cependant le tableau donne un aperçu de l'état d'équipement de la Commune Sucrière.

Domaines

Infrastructures

Administrations et services publics

Hôtel de Ville, Services déconcentrés, ONG, SONATEL, SDE, Poste, SENELEC...

Boulangeries

Ndiangué, Mbassine Kébé, Khouma.

Communication 

Stations Radio (Dunya FM, Sud FM), Ponts (Sermat, Taouey)

Education 

Collèges, Lycée, Ecoles Primaires, Bibliothèque, Ecoles maternelles, Centre de Formation professionnel, Case des Tout-petits.

Essenceries

02 stations Shell.

Finances 

CBAO, BICIS, Mutuelles, CNCAS.

Grandes entreprises

CSS, SAED...

Loisirs 

Cinéma, Bars officiels, Dancings...

Santé 

Postes de santé, Cliniques dentaires, Pharmacies, Centre de dépistage

Sécurité 

Sapeurs pompiers, Gendarmerie.

Sport 

Stade Municipal, Terrain de Basket.

Tourisme 

Auberges gîte d'étape, Taouey, Auberge de la Cité.

Transport

Gares routières, Aérodrome.

Chapitre II : La Commune de Richard-Toll

et la Décentralisation

Par le Décret 80-586 du 24 juin 1980, la ville de Richard-Toll devient une commune de plein exercice. Les villages environnants tels que Ndiaw, Khouma, Galo Malick, Nourou, Gadalkhout et Thiabakh sont alors rattachés à la nouvelle commune. Ses nouvelles limites sont alors : le Fleuve Sénégal au nord, la Communauté rurale de Mbane au sud, la Communauté rurale de Gaé à l'est, la Communauté rurale de Ronkh à l'ouest.

La décentralisation est une politique promue par l'Etat qui fait un transfert de certains de ses pouvoirs aux collectivités territoriales. Richard-Toll est devenu personne morale de droit public depuis 1980. Les réformes de 1996 s'inscrivent selon M. Doudou Diaw Bakhao, conseiller municipal à Richard-Toll, dans la perspective « d'un principe de démocratie locale, d'un principe de gestion participative locale. Le principe de tutelle qu'avaient les pouvoirs déconcentrés fait place maintenant à une autonomie de gestion des collectivités locales... L'Etat, maintenant, exerce un contrôle a posteriori. Donc, y a une plus grande responsabilisation des collectivités locales, une plus grande démocratie locale, ...Et il faut voir qu'au niveau de la décentralisation, il y a 09 domaines de compétences ;...   notons qu'il y a un transfert de compétences de l'autorité nationale vers l'autorité locale qui va parallèlement avec une déconcentration du pouvoir de l'Etat central à travers, par exemple, les autorités administratives ; ces autorités administratives n'ont pas un pouvoir de tutelle sur les collectivités locales mais ce pouvoir déconcentré fait un contrôle a posteriori sur les décisions des collectivités locales ». Par ailleurs, il est pertinent de voir comment se vit cette politique au niveau de la Commune de Richard-Toll.

I. Organisation et Fonctionnement

Le Conseil Municipal : Constitué par l'ensemble des conseillers élus dans le cadre d'élections municipales, le Conseil Municipal de Richard-Toll compte 56 membres. En son sein, sont élus le Maire et 5 adjoints pour un mandat de 5 ans. Le Conseil Municipal, dans sa mission première de gérer les affaires locales, entre en conclave tous les trimestres. Ces sessions ordinaires se tiennent donc aux mois de Janvier, d'Avril, de Juillet et d'Octobre. Une session ordinaire ne peut pas excéder quinze jours à l'exception de la session budgétaire qui peut aller jusqu'à un mois. Les conseillers de la Commune de Richard-Toll tiennent régulièrement les quatre sessions ordinaires annuelles. Quand le Maire ou la majorité des conseillers en juge la nécessité, des sessions extraordinaires peuvent être convoquées.

La Loi n°96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales dispose à travers ses articles les mécanismes de formation et de fonctionnement du Conseil municipal.

Article 77 : La commune est une collectivité locale, personne morale de droit public. Elle regroupe les habitants du périmètre d'une même localité unis par une solidarité résultant du voisinage, désireux de traiter de leurs propres intérêts et capables de trouver les ressources nécessaires à une action qui leur soit particulière au sein de la communauté nationale et dans le sens des intérêts de la nation.

Le conseil municipal par ses délibérations, le maire par ses décisions, par l'instruction des affaires et l'exécution des délibérations, concourent à l'administration de la commune.....

Article 88 : Le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la commune.

Il doit assurer à l'ensemble de la population, sans discrimination, les meilleures conditions de vie. Il intervient plus particulièrement dans le domaine de la planification et de la programmation du développement local et de l'harmonisation de cette programmation avec les orientations régionales et nationales.

Le conseil municipal donne son avis toutes les fois que celui-ci est requis par les lois et règlements ou à la demande du représentant de l'Etat.

Il peut émettre des voeux, par écrit, sur toutes les questions ayant un intérêt local, notamment sur celle concernant le développement économique et social de la commune.

Il est tenu informé de l'état d'avancement des travaux et des actions financées par la commune ou réalisées avec sa participation.

Article 89 : Le conseil municipal désigne ceux de ses membres appelés à siéger dans les conseils, commissions et organismes dans lesquels la représentation de la commune est prévue par les lois et règlements en vigueur.

Article 92 : Outres les compétences générales, le conseil municipal prend des décisions dans tous les domaines de compétences transférées aux communes par la loi.

Article 98 : Le conseil municipal composé de conseillères et de conseillers municipaux élus pour cinq ans au suffrage universel direct, conformément au Code électoral, est l'organe délibérant de la commune.

Il élit en son sein le maire et un ou plusieurs adjoints. Son bureau est composé du maire et des adjoints élus.

Après le maire et les adjoints dans l'ordre de leur élection, les conseillers municipaux prennent rang dans l'ordre du tableau.

L'ordre du tableau est déterminé :

1.- par la date la plus ancienne des élections intervenues depuis le dernier renouvellement intégral du conseil municipal ;

2.- entre conseillers élus le même jour, par la priorité d'age.

Le Maire : L'article 112 du Code des Collectivités locales, à son alinéa 3 dispose que « Le maire est responsable de la mise en oeuvre dans sa commune de la politique de développement économique et sociale définie par le gouvernement ». De l'article 116 à l'article 123 du présent code, sont précisés clairement les charges et pouvoirs du maire. Il est représentant de la collectivité locale (article 116) d'un côté et de l'autre représentant de l'exécutif auprès des populations (article 117).

La Commune de Richard-Toll est aujourd'hui sous l'autorité du maire Abibou Dièye, chevalier de l'Ordre National du Lion et troisième maire de cette collectivité territoriale. C'est Youssoupha Ndoye qui fut le premier maire en 1980. De 1980 à 2000, les rennes la collectivité locale sont détenues par Ousmane Djiby Sall actuellement Conseiller Municipal. La Délégation Spéciale s'occupera de la gestion de novembre 2001 à mai 2002.

Le Bureau Municipal : Le Bureau Municipal de Richard-Toll est formé par le Maire et ses cinq (5) adjoints. Voilà sa composition.

Membres

Statuts

Abibou Dièye

Maire

Ababacar Ndao

Premier Adjoint

Alioune Diagne

Deuxième Adjoint

Abdoulaye Ndoye

Troisième Adjoint

Aminata Mbodj

Quatrième Adjointe

Alioune Diallo

Cinquième Adjoint

Entre autres fonctions, ce bureau s'occupe de :

- l'établissement de l'ordre du jour des séances du Conseil Municipal ;

- l'assistance aux services administratifs et techniques en matière de conception, de mise en oeuvre des actions de développement surtout en ce qui concerne les actions de participation populaire ;

- la surveillance de la rentrée des impôts, taxes et droits communaux et la proposition de politique ayant trait à l'amélioration du recouvrement ;

- la détermination du mode d'exécution des travaux communaux en matière de tâcheronnat, d'investissements humains, d'entreprises ou de régies.

Le Secrétaire Municipal : L'article 114 dispose que « Le secrétaire municipal est nommé par le maire, après avis consultatif du représentant de l'Etat, parmi les agents et les fonctionnaires de la hiérarchie A ou B de la fonction publique, ou de niveau équivalent, dans des conditions précisées par décret.

Il assiste aux réunions du bureau, avec voix consultative.

Le maire met fin à ses fonctions dans les mêmes formes ».

L'actuel Secrétaire Municipal de la Commune de Richard-Toll est Monsieur Magatte Seck. Le décret n°96-1129 du 27 décembre 1996 fixant les conditions de nomination et les avantages accordés au secrétaire municipal dispose à son article 4 que « Sous l'autorité du maire, le secrétaire municipal est le supérieur hiérarchique du personnel administratif et technique de la commune. A ce titre, il assure :

- une mission de suivi et de coordination de l'action des services extérieurs mis à sa disposition ;

- une mission générale d'organisation, d'impulsion, de coordination des services communaux ;

- une mission de suivi en matière de gestion financière et de gestion du personnel.

En outre le secrétaire municipal assiste le maire dans la préparation et la présentation, au conseil municipal, du budget, du compte administratif et de tous autres actes de gestion courante ». Il peut recevoir délégation de signature du maire, selon l'article 5.

La Police Municipale : L'article 124 du Code des Collectivités locales dispose que « Le maire est chargé, sous le contrôle du représentant de l'Etat, de la police municipale et de l'exécution des actes de l'Etat qui y sont relatifs.

La création d'un service de police municipale est autorisée par décret qui fixe les attributions, les moyens et les règles de fonctionnement ».

Article 10 : Les collectivités locales disposent de personnels dont le statut est déterminé par la loi.

Tout recrutement de personnel par la collectivité locale, doit être prévu et inscrit à son budget.

Article 163 : Le personnel communal comprend :

- les fonctionnaires régis par le statut de la fonction publique communale ;

- les autres fonctionnaires affectés par l'Etat auprès des communes ;

- le personnel non titulaire régi par le code du travail et les conventions collectives en vigueur ;

- les agents non fonctionnaires régis par les textes réglementaires.

Article 164 : Le maire recrute suspend et licencie le personnel régi par le code du travail, les conventions collectives et par le statut des agents non fonctionnaires.

Il affecte et gère le personnel placé sous son autorité.

Les Agents Municipaux : Le Code des Collectivités locales dispose :

Organigramme de la Commune de Richard-Toll

Source : Données de l'Enquête, 2005

II. Exercice des compétences

Au niveau des trois ordres de collectivités territoriales que sont les communes, les régions et les communautés rurales, sont transférés les domaines de compétences qui sont au nombre de neuf (09): domaine ; environnement et gestion des ressources naturelles ; santé, population et action sociale ; jeunesse, sports et loisirs ; culture ; éducation ; planification ;  aménagement du territoire ; urbanisme et habitat. La gestion de ces compétences doit se faire en harmonie avec les orientations ou options nationales et régionales.

La commune reçoit les compétences suivantes

a) Santé et population :

- la gestion, l'entretien et l'équipement des centres de santé urbains ;

- la construction, la gestion, l'entretien et l'équipement des postes de santé urbains.

b) Action sociale :

- la participation à l'entretien et à la gestion de centres de promotion et de réinsertion sociale ;

- l'organisation et la gestion de secours au profit des nécessiteux ;

- l'appui au financement de projets productifs au profit des populations déshéritées.

Le domaine de la Santé, de la population et de l'action sociale : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales dispose à son article 32 :

Du point de vue de la santé, la commune élabore dans son budget un volet sanitaire. Cela fait que les structures de santé bénéficient en dehors de leurs fonds propres, des fonds de dotation de l'Etat et de l'apport municipal. Selon M. Doudou Diaw `Bakhao', « l'ensemble de ces fonds qui concourent à la gestion des structures de santé devrait être géré par un comité de gestion mais ce comité de gestion -qui devrait être composé du maire de la ville, du médecin-chef, d'un conseiller élu, du président du comité de santé et du trésorier du comité de santé- n'existe pas » encore à Richard-Toll. D'où, ajoute-t-il, « la commune n'exerce pas son pouvoir de gestion dans les structures de santé qui est laissé à l'appréciation du médecin-chef... Donc, l'ensemble de ces fonds sont laissés à la discrétion des pouvoirs déconcentrés et ne sont pas à la gestion des pouvoirs décentralisés qui sont les élus. Donc, c'est là où le bât blesse au niveau de la commune. Il ne peut pas y avoir une planification, il ne peut pas y avoir une évaluation de l'action municipale au niveau de la santé. Donc, on n'a aucun moyen de vérifier ce que la Mairie finance ; est-ce que les fonds de dotation (coûts- efficacité) ont été utilisés à bon escient ou pas ». Cela témoigne un peu de l'incompétence où de l'incompréhension des élus de leur pouvoir et de leur devoir de participer ou même de gérer leurs compétences en matières de santé.

Du point de vue de l'action sociale, des oeuvres sociales se font dans la Commune. La Mairie envoie même des agents et conseillers en pèlerinage.

Le domaine de l'Education, de l'Alphabétisation, de la promotion des langues nationales et de la formation professionnelle : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales à son article 41 dit:

La commune reçoit les compétences suivantes

a) Education

- la construction d'équipement, l'entretien et la maintenance des écoles élémentaires et des établissements préscolaires ;

- l'allocation de bourses et d'aides scolaires ;

- la participation à l'acquisition des manuels et aux fournitures scolaires ;

- la participation à la gestion, à l'administration des lycées et collèges par le biais des structures de dialogue et de concertation.

b) Alphabétisation

- l'exécution des plans d'élimination de l'analphabétisme ;

- le recrutement d'alphabétiseurs ;

- la formation des formateurs et alphabétiseurs ;

- la mise en place d'infrastructures et d'équipement éducatifs ;

- l'entretien d'infrastructures et d'équipements éducatifs ;

- la mobilisation des ressources.

c) Promotion des langues nationales

- la maîtrise de la distribution fonctionnelle des langues du pays et la mise au point de la carte linguistique ;

- la collecte et la traduction des éléments de la tradition orale (contes, mythes, légendes...) en vue d'en faciliter la publication ;

- l'introduction des langues nationales à l'école ;

- la promotion d'un environnement lettré par le développement de l'édition en langues nationales ;

- l'application des mesures afférentes à l'utilisation des langues nationales dans l'administration ;

- la mise à jour du catalogue des éditeurs, auteurs et oeuvres en langues nationales ;

- la promotion de la presse parlée et écrite en langues nationales ;

- l'organisation du concours en langues nationales dans le cadre de la semaine nationale de l'alphabétisation ;

- la mise en place d'infrastructures et d'équipements ;

- la mobilisation des ressources.

d) Formation technique et professionnelle

- l'élaboration d'un plan prévisionnel de formation visant des secteurs de métiers adaptés à chaque commune ;

- l'entretien préventif, la maintenance des centres et instituts de formation ;

- le recrutement et la prise en charge du personnel d'appoint ;

- la participation à l'acquisition de matériel didactique (fournitures et matières d'oeuvre) ;

- la participation à la gestion et à l'administration des centres de formation par le biais des structures de dialogue et de concertation ;

- l'appui à de petits projets visant à créer de petites unités d'ateliers itinérants en mécanique auto- soudure- électricité etc....

- l'élaboration d'un plan communal d'insertion professionnelle des jeunes ;

- l'aide à la détection et à l'établissement de contrats de partenariat école/entreprise pour une réelle formation en alternance.

Au-delà du fonds de dotation de l'Etat pour le fonctionnement des écoles, la Commune vote un volet éducation pour gérer cette compétence. Par ailleurs, du fait que la ville d'une telle envergure ne dispose pas de lycée, « la Commune a pris, par devers elle et de son propre gré, d'acheter à plus de 60 millions un local, l'ORSTOM, où il a mis en place un CES. Et la commune, de ses propres fonds, aussi, a financé un lycée ; ce qui était du domaine de compétence de la région. Donc, c'est une politique volontariste d'éducation au niveau de la commune qui, au-delà de son domaine de compétence qui est l'école primaire, s'applique même à mettre dans de bonnes conditions les élèves du secondaire. Donc, là on peut féliciter la commune! » remarquera Doudou Diaw `Bakhao'. Cela montre un peu que, la commune de Richard-Toll, dans le souci de bien faire, est allée au-delà de ses compétences en construisant un nouveau lycée pour amoindrir les coûts de l'éducation pour les élèves qui sont orientés soit à Dagana soit à Saint-Louis après le brevet. Le conseiller s'empressera de rajouter qu'il n'y a pas, en réalité, « un comité de gestion, une structure pérenne au niveau communal pour avoir une politique de planification, de suivi et d'évaluation de l'éducation...Il y a une politique volontariste mais pas une politique planifiée ».

Le domaine de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales, à travers son article 29 (modifié par la Loi n°2002.15 du 15 avril 2002), dispose que :

La Commune reçoit les compétences suivantes :

- la délivrance et l'autorisation préalable de toute coupe à l'intérieur du périmètre communal ;

- les opérations de reboisement et la création de bois communaux ;

- la perception de la quote-part d'amendes prévues par le code forestier ;

- la gestion des déchets, la lutte contre l'insalubrité, les pollutions et les nuisances, sous réserves des dispositions particulières qui seront fixées par décret pour les communes de la région abritant la capitale ;

- la protection des ressources en eaux souterraines et superficielles ;

- l'élaboration de plans communaux d'action pour l'environnement.

La coopération décentralisée avait permis à la Commune de confier la gestion des ordures à un projet luxembourgeois. Aujourd'hui, le projet est dévolu à des structures de quartier auxquelles la Mairie alloue annuellement 15 millions de FCFA. Depuis que le projet SEN 010 s'occupe de l'évacuation des ordures, la municipalité n'a pas manifesté le voeu de créer un comité de gestion en ce domaine. D'où la naissance de toute une batterie de problèmes d'organisation, de régularité voire de suivi. La qualité du travail reste à confirmer.

Cela étant, la commune de Richard-Toll avec son dense réseau hydrographique demeure aujourd'hui, selon Doudou Diaw `Bakhao', « l'épicentre même de la bilharziose intestinale du fait du manque de curage des canaux. Il y a un problème environnemental au niveau de la ville ; ... l'installation de l'usine de la CSS à l'intérieur même du périmètre communal...augmente la prolifération de moustiques, augmente la prolifération de mollusques à travers ses canaux qui sont vecteurs de la bilharziose intestinale...sans oublier la pollution de l'air et de l'atmosphère...qui participe à la prolifération de beaucoup de maladies ». Ce qu'on appelle le principe de « pollueur payeur » ou de « dommages et intérêts» n'est pas, en réalité, observable à Richard-Toll. On n'observe pas au niveau communal une politique sérieuse de lutte pour la sauvegarde de l'environnement. Le conseiller municipal le confirme à travers ses propos : « La CSS aurait pu avoir une politique volontariste en matière de nettoiement des canaux, en matière d'éradication des larves de moustiques ». Par ailleurs, à y voir de plus clair, les problèmes environnementaux et d'assainissement en particulier ne sont pas tout simplement imputables à l'usine de la place. Face au problème de contamination de la nappe phréatique du fait de l'installation de la ville dans une cuvette où la nappe affleure, les élus se disent dépassés par cette compétence qui leur est attribuée. Doudou `Bakhao' Diaw précise d'ailleurs que « nous les élus, on a eu à porter à l'attention des pouvoirs publics que le problème d'assainissement de la ville de Richard-Toll n'est pas un problème communal, c'est un problème national. Parce que autant, par exemple, les gens, ils ont réussi à assainir, à faire un plan d'assainissement de plusieurs dizaines de milliards pour la ville de Touba qui est une ville de plus d'un million d'habitants, pour la grande ville touristique de Mbour, pour la ville de ...Rufisque ; autant il faudra un grand plan de planification et d'assainissement pour la ville de Richard-Toll, de peur que la pollution de la nappe phréatique...ne contamine  l'eau de La Taouey qui alimente 60% des agglomérations urbaines Louga-Dakar. Donc, assainir la ville de Richard-Toll, c'est ... permettre aux agglomérations de l'axe Louga-Thiès-Dakar d'avoir de l'eau potable. Donc, la question de l'assainissement de la ville de Richard-Toll, sa question environnementale dépasse la Commune et est une question nationale ».

Le domaine de la culture : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales dispose, à son article 38, que :

La commune reçoit les compétences suivantes :

- la surveillance et le suivi de l'état de conservation des sites et monuments historiques ;

- l'organisation de journées culturelles, de manifestations culturelles traditionnelles et de concours littéraires et artistiques ;

- la création et la gestion d'orchestres, d'ensembles lyriques traditionnels, de corps de ballets et de troupes de théâtre ;

- la création et la gestion de centres socioculturels et de bibliothèques de lecture publique.

Le domaine culturel est traité en parent pauvre par le Conseil Municipal. Il n'y a pas de programme culturel clairement ficelé. S'il est vrai que Richard-Toll est une ville industrielle, une ville ouvrière où une population flottante s'installe, il est aussi vrai que son histoire est très riche. Un des rares historiens de la zone, M. Diaw s'exprime sur ce point : « C'est une ville d'histoire parce que..., dans son périmètre ..., elle englobe des quartiers traditionnels comme Khouma, comme Ndiaw, comme Ndombo, comme Ndiangué qui ont été des hauts lieux historiques, la mémoire culturelle sénégalaise ; ... n'oublions pas ... les premiers essais agricoles, les premières cultures d'essais de l'Afrique de l'Ouest...Donc, on peut revisiter l'ensemble de l'histoire du Sénégal à travers Richard-Toll... là, se trouve le Château du Baron Roger qui est un monument historique qui est en décrépitude et qu'on aurait pu transformer en musée même botanique, en musée, à l'heure actuelle, de la recherche agronomique au niveau de l'Afrique de l'Ouest ». La richesse historique de la localité pouvait constituer une rampe de lancement pour le tourisme. Richard-Toll peut bénéficier de la proximité de Saint-Louis d'où peuvent provenir des touristes désireux de visiter les vestiges de la colonisation.

Le domaine de l'urbanisme et de l'habitat : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales dispose, à son article 51, que :

La commune reçoit les compétences suivantes :

- l'élaboration des plans directeurs d'urbanisme (PDU), des SDAU, des plans d'urbanisme de détail des zones d'aménagement concerté, de rénovation urbaine et de remembrement ;

- les lotissements, leur extension ou restructuration, la délivrance de permis de construire, d'accords préalables, de certificats d'urbanisme et de permis de démolir ;

- la délivrance de permis de clôturer, de permis de coupe et d'abattage d'arbres ;

- l'autorisation d'installation et des travaux divers.

La croissance démographique a atteint « 07,5%, l'un des taux les plus élevés du Sénégal. C'est une ville dont la population double en moins de dix-quinze ans », selon M. Diaw. Des difficultés afférentes à l'occupation et à la gestion de l'espace et à l'aménagement se posent réellement à Richard-Toll. L'unité spatiale est remise en cause par le réseau hydrographique et les canaux d'irrigation. Cela étant, du fait du manque de personnel compétent et d'élus imprégnés, les services déconcentrés tels que celui de l'urbanisme gèrent intégralement les compétences transférées dans la mesure où c'est en profane que les élus répliquent en face des agents de l'Etat. Les agents des services déconcentrés monopolisent l'information, la connaissance technique, donc le pouvoir qui devrait revenir aux élus.

Article 45.- La commune reçoit les compétences suivantes

Le domaine de la planification : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 dispose :

Planifier suppose une certaine connaissance, une certaine maîtrise sur le réel. A défaut de compétence du personnel communal non-formé en matière de planification, la gestion au quotidien prime sur la visée du long ou du moyen terme.

La commune reçoit les compétences suivantes :

- la promotion et l'animation du sport et des activités de jeunesse ;

- l'impulsion, l'implantation, l'organisation et l'encouragement de la pratique des sociétés éducatives ;

- l'appui aux associations sportives et culturelles ;

- la gestion des stades municipaux, centres et parcours sportifs, piscine, aires de jeux, arènes ;

- le recensement, l'organisation et la participation à l'équipement des associations sportives et culturelles ;

- la participation à l'organisation des compétitions.

Le domaine de la jeunesse, des sports et loisirs : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 dispose, à l'article 35, que :

Voilà l'un des domaines les plus respectés au niveau local. Il existe dans la commune sucrière une politique d'appui au niveau des ASC à travers la tenue annuelle de la Coupe du Maire, la distribution de maillots, de ballons, la rénovation du stade... Par ailleurs, ce qu'il y a lieu de noter est qu'il y a une faible implication de la jeunesse plus particulièrement des ASC à la vie de la Commune. Au-delà des activités récréatives et sportives, aucune autre action n'est menée dans la commune si l'on fait abstraction des journées culturelles vacancières organisées par les étudiants. Il n'y a pas de programme de reboisement, de sensibilisation encore moins d'assainissement (« set-setal »).

Le domaine de l'aménagement du territoire : La Loi n°96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales dispose, à l'article 48, que « Chaque conseil municipal donne son avis sur le projet de schéma régional d'aménagement du territoire avant son approbation par l'Etat ».

Le même problème de comité de gestion se pose encore du fait de l'incapacité des élus dans un domaine aussi pointu. L'expertise est toujours aux mains des agents des services déconcentrés qui gèrent, en réalité, à la place des élus.

Le domaine domanial : conformément à l'article 17 de la présente loi, les compétences transférées ont trait à la gestion et à l'utilisation du domaine privé de l'Etat, du domaine public et du domaine national. Les articles de la Loi 96-07 du 22 mars 1996 allant de 18 à 27 statuent dans cette perspective.

La décentralisation a transféré des compétences au niveau local mais, quoiqu'on puisse dire, de véritables problèmes se posent et des questions demeurent encore sans réponses précises. Les pouvoirs décentralisés, devant s'appuyer sur les pouvoirs déconcentrés, rencontrent d'énormes difficultés à jouer pleinement leur rôle. Au niveau de l'information, il y a un réel déphasage, un déséquilibre entre les agents des services déconcentrés techniciens, informés mais jaloux de partager et les élus sous-informés, profanes et pusillanimes. Les premiers font souvent des restrictions d'informations pour pouvoir prendre le dessus. Les concertations tournent souvent à des dialogues de sourds. Quand les premiers parlent en experts, les seconds comprennent ou répliquent en profanes. Par exemple, au niveau des élus, rares -pour ne pas dire inexistants- sont ceux qui peuvent porter la contradiction au médecin-chef ou au chef du service de l'urbanisme et de l'habitat. Cette analyse est partagée par le conseiller municipal qui, par probité intellectuelle, avoue qu'« on nous a transféré des compétences mais on n'a pas la qualité de la gestion de ces compétences. On n'a pas la compétence de gérer ces compétences ». Le manque de qualification du personnel municipal mais aussi des élus est réel. D'où l'existence d' « un gap entre notre volonté de contrôle, notre volonté de gestion, notre volonté de gouverner..., par rapport à nos interlocuteurs et des pouvoirs déconcentrés qui n'ont pas les mêmes intérêts que les pouvoirs décentralisés », selon M. Diaw. Ceci pose la problématique de l'appropriation par les pouvoirs déconcentrés des compétences dévolues aux collectivités locales. Les comités de gestion n'existent ou ne fonctionnent pas, en réalité. La collaboration n'est pas effective du fait du monopole du savoir technique mais aussi de l'information détenus toujours par les agents de l'Etat.

Partie III :

Analyse

et

Interprétation

des

Résultats

Chapitre I : Secteur Informel dans la Commune.

Présentation du secteur informel de la Commune de Richard-Toll

A - La diversité

L'enquête, comme en témoigne les tableaux et diagrammes qui suivent, ressort le caractère hétérogène du secteur informel. La diversité se manifeste à tout point de vue.

Tableau 01 : La composition du secteur informel du point de vue genre.

SEXE

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Féminin

01

16

00

17

11,9

Masculin

61

55

09

125

88,1

TOTAL

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Le premier constat est que le monde informel est un secteur à prédominance masculine à hauteur de 88,1%. La présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial où les femmes s'activent le plus dans les activités de la restauration, de la gestion de tables de petit-déjeuner, de sandwiches, dans la vente de légumes et de condiments et de produits maraîchers ...Dans le domaine de l'artisanat, elles font de la coiffure entre autres métiers. Le milieu du transport est totalement déserté par la gente féminine. En sus de cela, la remarque qui s'impose est que les hommes s'activent, aujourd'hui, dans des domaines jusque-là réservés aux femmes en l'occurrence la coiffure, la gestion de tables de petit-déjeuner, la vente de légumes et de condiments...

Parlant de la situation matrimoniale, le diagramme 01 livre des informations précises.

Source : Données de l'enquête, 2005

La prédominance des mariés est très manifeste. Ces derniers constituent même une écrasante majorité avec un taux de 75,3%. Cela s'expliquerait par le fait que le mariage dépend entre autres causes de l'obtention d'un travail rémunéré de nos jours. Le mariage est souvent assimilé à la prise de responsabilité de l'individu dans la société.

Par ailleurs, du point de vue de l'âge, on constate que jeunes, adultes et vieux se côtoient dans le secteur. Les enfants de moins de 15 ans sont faiblement représentés du fait de la scolarisation qui tend, avec la nouvelle politique du gouvernement, vers la scolarisation universelle.

Tableau 02 : Répartition des sujets enquêtés selon le critère âge.

Age (en années)

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Pourcentage

Cum.Croix

Artisanat

Commerce

Transport

[00-15 ans [

00

01

00

01

00,7

100

[15-20ans [

03

01

02

06

04,2

99,3

[21-25ans [

08

07

01

16

11,3

88,0

[26-30ans [

11

14

03

28

19,8

68,2

[31-35ans [

12

16

01

29

20,4

47,8

[36-40ans [

07

12

02

21

14,8

33,0

[41ans-+8 [

21

20

00

41

28,8

04,2

TOTAL

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

Au regard du tableau en haut, on peut voir que les adultes sont très bien représentés. En d'autres termes, 47,8% des acteurs ont plus de 30ans. Cela montre qu'on est en présence d'un monde où l'on forge une carrière.

On observe presque toutes formes d'activités à Richard-Toll tant du point de vue de la taille, de la variété, de la dynamique que du marché. Dans le domaine de l'artisanat, les activités les plus manifestes sont la couture polarisant 09,8% de la population globale, la mécanique avec 07,0% des enquêtés, la vulcanisation (03,5%), la cordonnerie (03,5%) et la menuiserie ébénisterie (03,5%). Le tableau 03 nous montre clairement ces tendances.

Aussi, on remarque la présence de la bijouterie, de la rizerie, de la coiffure, de la collecte de peaux et de cuirs, de l'électricité automobile, de la réparation des appareils électroniques et électroménagers, de la soudure ou menuiserie métallique, de la forge, de l'horlogerie et de la fabrication de machines agricoles.

Le commerce est dominé par les boutiques de quartier à hauteur de 05,6% de la population informelle globale de Richard-Toll. La vente d'articles vestimentaires (04,9%), de produits maraîchers (04,9%), de pièces détachées (04,2%) et la gérance de table de petit déjeuner (03,5%) et de tables de produits frauduleux (03,5%) sont des activités des plus en vue à Richard-Toll.

Tableau 03 : Répartition des sujets enquêtés selon l'activité pratiquée.

Secteur

Activités en pratique

Effectifs

Pourcentage

A

R

T

I

S

A

N

A

T

Bijouterie

03

02,2

Coiffure (Salon)

02

01,4

Collecte de peaux et de cuirs (tannerie)

01

00,7

Cordonnerie (Réparation chaussures et Cirage)

05

03,5

Couture

14

09,8

Electricité automobile

01

00,7

Electronique (radio-TV-VCD-DVD-VHS)

04

02,8

Fabrique et Montage de Moissonneuses-batteuses

01

00,7

Forge

03

02,2

Horlogerie

01

00,7

Mécanique (Moto -Auto)

10

07,0

Menuiserie Ebénisterie

05

03,5

Menuiserie Métallique (Soudure)

04

02,8

Rizerie (Moulin)

03

02,2

Vulcanisation (Michelin)

05

03,5

C

O

M

M

E

R

C

E

Boutique de quartier

08

05,6

Céréales (Niébé- Mil-....)

02

01,4

Chapelets et Livres coraniques

01

00,7

Charcuterie (viande- dibiterie)

04

02,8

Chaussures

03

02,2

Denrées alimentaires (Condiments et légumes)

04

02,8

Effets de toilette et Cosmétiques (Parfum.)

02

01,4

Electronique et habillement

02

01,4

Friperie

03

02,2

Habillement (Prêt-à-porter)

07

04,9

Marchand ambulant (Accessoires de portables)

01

00,7

Mercerie (Tissus et garnitures)

02

01,4

Produits phytosanitaires

01

00,7

Restaurant

04

02,8

Table de petit-déjeuner (Tangana)

05

03,5

Table Fraude

05

03,5

Ustensiles de cuisine et effets de toilette

01

00,7

Vente de pièces détachées

06

04,2

Vente de produits maraîchers

07

04,9

Vente de thé préparé

01

00,7

Vente de tissus

02

01,4

T

R

A

N

S

P

O

R

T

Apprenti taxi -laveur

01

00,7

Chauffeur de taxi (Taximan)

05

03,2

Cocher (Calèche)

01

00,7

Conducteur de pousse-pousse

01

00,7

Piroguier

01

00,7

TOTAL

142

100 %

Source : Données de l'enquête, 2005

Le transport est marqué par la présence des taxis à hauteur de 03,2%. Suivant la diversité des besoins en matière de transport dans cette ville, bien des formes de locomotion s'y côtoient en l'occurrence la calèche, la pirogue pour regagner la rive mauritanienne, le pousse-pousse pour les marchandises.

Par rapport au parcours scolaire, 04,2% des acteurs n'ont reçu aucune forme d'instruction. L'école française n'a été fréquentée que par 45,8% de la population informelle.

En sus de cela, l'école est quittée très tôt dans la mesure où 31,7% ont arrêté leurs études dès l'école primaire ; 09,2% ont été collégiens ; 04,2% ont accédé au lycée. Seul un enquêté de la population globale a eu un niveau universitaire. Par ailleurs, l'important taux d'instruction viendrait de la formation en arabe seulement qui a été reçue par 50% des acteurs, comme en atteste le tableau suivant.

Tableau 04 : Proportions selon le niveau d'instruction.

Niveau d'instruction

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcen-tage

Pourcentage Cumul.Cr.

Artisanat

Commerce

Transport

Primaire

26

15

04

45

31,7

31,7

Collège

04

08

01

13

09,2

40,9

Lycée

03

03

00

06

04,2

45,1

Université

00

01

00

01

00,7

45,8

Alphabétisation

00

00

00

00

00,0

45,8

Arabe seulement

28

39

04

71

50,0

95,8

Néant

01

05

00

06

04,2

100

TOTAL

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

L'importance de l'instruction en arabe puise sa raison suffisante dans le fait que le Sénégal ayant reçu une colonisation religieuse est à 92% composé de musulmans. A cela s'ajoute la forte religiosité des terroirs du Walo, proche du Fouta, zone par où l'Islam est introduit au Sénégal. A notre grande surprise, l'alphabétisation n'a pas eu de prise sur les gens de l'informel. Néanmoins, l'instruction n'est pas l'apanage de l'école française ; le constat est là : 95,8% des acteurs auraient reçu le b.a.-ba d'une forme d'instruction ou d'une autre. Ils auraient été initiés à la lecture, à l'écriture et au calcul. Ce qui fait d'eux des individus assez réceptifs à n'importe quelle forme d'apprentissage, d'imitation et de bricolage souvent réussi avec brio. Rappelons que le niveau d'instruction est nul chez des artisans comme les coiffeurs et des commerçants spécialisés de produits maraîchers, de boutique de quartier, de légumes, de tables de produits frauduleux et de petit-déjeuner. Par contre, les lycéens et universitaires se spécialisent dans le secteur artisanal au niveau de la réparation électronique, de la fabrication de machines de moissonneuses-batteuses et de la menuiserie ébénisterie d'un côté et de l'autre dans le secteur commercial plus particulièrement au niveau de la vente de chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et maraîchers.

Tableau 05 : Origines des acteurs.

Ville d'origine

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Richard-Toll

25

16

08

49

34,5

Autre ville

37

55

01

93

65,5

TOTAL

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Il apparaît clairement que seuls 34,5% de la population sont de la Commune de Richard-Toll. C'est donc dire que cette ville accueille une importante masse humaine provenant de tous azimuts. Des étrangers du Sénégal sont aussi présents à Richard-Toll qui, en réalité, est un pôle d'attraction aussi bien pour toute la région de Saint-Louis que pour toutes les autres contrées du territoire national. La Compagnie Sucrière Sénégalaise, le géant sucrier, donne à cette contrée toute son allure et toute sa grande envergure de ville industrielle et, de surcroît, de carrefour frontalier avec la République Islamique de Mauritanie. Dans une conjoncture de crise de l'emploi mais aussi de perte d'allure, de désertion de certains secteurs économiques, le pain et la fortune du citoyen lambda dépendraient pour une grande part de l'aventure. L'exode rural pointe Richard-Toll comme un important centre d'accueil. C'est ce qui vaut à cette ville son caractère de « ville d'étrangers ». Il est, d'ailleurs, dans les usages langagiers walo-walo de dire que « nul n'habite à Richard-Toll, c'est une ville d'étrangers née avec l'implantation de l'usine ».

A travers l'enquête, nous avons constaté que les citoyens venus faire fortune ont des origines aussi variées que Mbirkilane, Oussouye, Dahra Djolof, Ndioum, Rufisque, Figo, Saint-Louis, Podor, Touba, Mbacké, Kalom, Thiès, Ngaye, Tivaouane, Médina Ndiaybé, Louga, Ndimb, Kounel, Matam, Dagana, Carrefour Diaroumbé, Saré Lam, Bakel, Kaolack, Kolda, Pikine, Nioro du Rip, Kaffrine, Khombole, Guêdiawaye, Diourbel, Ziguinchor, Keur Momar Sarr, Linguère, Rosso Béthio et Thillé Boubacar. Les étrangers viennent de Lagos du Nigeria et de Tougué de la Guinée Conakry.

Par ailleurs, le diagramme 02 montre les types de formation professionnelle reçue. En effet, seuls 01,5% des enquêtés, essentiellement des artisans spécialisés dans la couture et la réparation électronique, sont sortis de centres de formation. 24,6% n'ont reçu aucune forme d'apprentissage. Des métiers tels que la rizerie, la collecte de peaux et de cuirs et le commerce ne demandent souvent aucune formation. L'apprentissage dans le tas ravira, cependant, la palme car représentant 73,9% de la population tel que le montre le diagramme 02.

Source : Données de l'enquête, 2005

Ceci démontre, quelque part, que l'informel est un secteur de la débrouille dont le professionnalisme des acteurs est souvent remis en cause du fait de l'absence de formation dans les centres agréés. Par ailleurs, l'apprentissage dans le tas n'est pas à mésestimer. Les forgerons, les cordonniers héritent de leurs métiers qu'ils maîtrisent après une longue fréquentation de l'atelier du père ou de l'oncle. Souvent, des étrangers débarquent à Richard-Toll et accompagnent en aides leurs frères dans le métier qu'ils exercent. C'est à l'issue de la compréhension du mécanisme qu'on est isolé par le frère de qui ont devient désormais indépendant. C'est un système souvent retrouvé dans le secteur artisanal et celui commercial. L'apprentissage demande une longue durée pour des métiers aussi divers que la mécanique, la menuiserie métallique, la couture. La maîtrise du travail provient souvent de la longue expérience cumulée surtout dans une société à tradition orale en survivance. Il est à noter que le Centre Départemental de Formation Professionnelle a été réalisé depuis quelques années par la Chambre des Métiers avec le concours de l'Etat mais il livre ses produits surtout au secteur moderne, notamment à la CSS.

B -La localisation

Auscultant la question de la localisation des unités informelles, on constate que la route nationale est l'axe sur lequel se fait la majorité des opérations économiques. Cela est confirmé par le tableau 06 afférent à la localisation des unités de production.

Tableau 06: Répartition des enquêtés selon la localisation.

Localisation

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Ambulant

00

02

05

07

04,9

Garage

00

01

03

04

02,8

Maison

07

00

00

07

04,9

Marché

18

35

00

53

37,4

Rue

02

02

00

04

02,8

Route Nationale

35

28

00

63

44,4

Autre part

00

03

01

04

02,8

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

44,4% des acteurs se sont installés aux abords de la Nationale 02 qui passe au coeur de la Commune. Du fait que Richard-Toll soit une ville par où transitent des voyageurs, les unités commerçantes et artisanales perdraient beaucoup en s'enclavant ou en s'éloignant de la route. D'ailleurs, les marchés Sandaga, Richard-Toll et Khouma polarisant 37,4% des acteurs sont bordés par la Nationale 02. Le travail ambulant n'est pas très important. Il n'occupe que 04,9% du secteur informel et est l'apanage de quelques marchands ambulants et des chauffeurs de taxis.

Ambulants : Sillonnant journellement la Commune dans ses moindres coins et recoins, certains chauffeurs de taxis, de pousse-pousse ou de véhicules hippomobiles optent pour le déplacement continu. Les vendeurs de thé préparé sont des marchands ambulants au même titre que certains vendeurs d'accessoires de portables qui font du porte-à-porte.

Garage : En dehors de la gare routière centrale en face de l'Hôtel de ville, on trouve à Richard-Toll des garages secondaires tel le Garage de Mbane et l'Arrêt Demba Diallo pour taxis. Au niveau de ces locaux stationnent des chauffeurs de taxis et des cochers mais aussi des laveurs, « coxeurs » et autres agents du transport en attendant les transactions à l'approche d'éventuels clients. Pour assurer la restauration des innombrables agents du transport et des passagers, des gérants de restaurant sont basés au coeur des garages.

Fleuve : Le Fleuve Sénégal est navigable depuis l'Océan Atlantique jusqu'à Podor sur une distance approximative de 175 km tout au long de l'année. Séparant Richard-Toll du territoire mauritanien, le fleuve est quotidiennement sillonné d'une rive à l'autre par les piroguiers faisant la navette pour déposer biens et personnes de part et d'autre.

Rue : Des boutiques de quartier font légion dans les rues, de même que des « shops » d'habillement et d'appareils électroniques pour l'approvisionnement de proximité.

Route nationale : De préférence, des vendeurs de pièces détachées, de fripe, de produits maraîchers, de viande, de chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et de céréales et des gérants de boutique de quartier, de tables de produits frauduleux, de restaurant, de tables de petit-déjeuner, de quincaillerie...se fixent juste aux abords de la route nationale où ils trouvent leurs clientèles.

Marchés : Les marchés sont un peu dispersés aux différents coins de la ville. Parmi les plus importants, on peut retenir le marché central de Richard-Toll, le marché de Sandaga et le marché de Khouma. Au niveau de ceux-ci opèrent des acteurs tels les vendeurs de fripe, de tissus, de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, d'effets de toilettes et de produits cosmétiques, de légumes et de condiments, d'appareils électroniques, de chaussures, d'ustensiles de cuisine, de chapelets et de livres coraniques mais aussi des gérants de boutiques, de tables de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner et de merceries. Les artisans y sont aussi très présents à l'exemple des cordonniers, des tailleurs, des forgerons, pour ne citer que ceux là.

Autre localisation: Le portail de la CSS, plus connu sous l'appellation wolof de « buntu isin », est le milieu de préférence des gérants de tables de petit-déjeuner pour servir les nombreux ouvriers de l'entreprise qui commandent sandwiches, café au lait, beignets...Des boutiques sont aussi localisées à quelques encablures.

C -Les difficultés

En dehors des 23,9% de la population qui se disent peinards et veinards car à l'abri de toute forme de difficultés possibles dans le cadre du travail, les acteurs du secteur informel sont confrontés à bien des problèmes d'envergures différentes. Les écueils les plus récurrents  sont répertoriés au tableau 07.

La mévente qui s'exprime autrement par le manque de clients occasionnant des pertes ou par des frais énormes de transport ou de congélation pour certains produits périssables. Voilà le problème majeur des commerçants (11,4%). Elle s'observe au niveau des activités telles la vente de chaussures, de viande, d'articles vestimentaires, d'appareils électroniques, de fripe, de boutique de quartier, de tissus, de chapelets et livres coraniques et la gérance de restaurant, de tables de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner, de mercerie. Le problème de l'écoulement des produits se pose durant des périodes bien données du mois ou de l'année.

Une clientèle difficile à gérer et à satisfaire. Des commerçants et des artisans, soit 10,5% de la population, parlent des caprices de la clientèle. Souvent des clients de tout tempérament se présentent et les négociations tournent souvent au vinaigre. « Nous faisons de notre mieux pour tempérer les ardeurs de certains à travers un petit sourire ou une taquinerie. Quelquefois ça passe, quelquefois ça ne passe pas. C'est une réalité du métier et nous faisons avec », nous dit un vendeur d'habits. Les couturiers, les mécaniciens, les vulcanisateurs, les cordonniers, les collecteurs de peaux et de cuirs et les horlogers se disent vulnérables.

Tableau 07: Les difficultés rencontrées dans l'exercice de la fonction informelle.

Problèmes rencontrés

EFFECTIFS

TOTAL sur 142

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Aucun problème

13

21

00

34

23,9

Bénéfices dérisoires, inexistants

00

02

00

02

01,4

Cherté des factures

03

00

00

03

02,1

Cherté du gasoil

00

00

02

02

01,4

Cherté des pièces

03

00

00

03

02,1

Cherté des produits

00

02

00

02

01,4

Cherté des taxes

00

02

01

03

02,1

Clientèle difficile à gérer

10

05

00

15

10,5

Concurrence

03

00

00

03

02,1

Dettes non payées

04

05

00

09

06,3

Fluctuation des prix

00

02

00

02

01,4

Hommes de lois pas coopérants

00

00

01

01

00,7

Incendies ou autres risques

00

01

00

01

00,7

Lourdeur du travail

00

01

03

04

02,8

Marchandage de longue haleine

00

01

00

01

00,7

Manque de financement

03

06

00

09

06,3

Manque de moyens

08

00

00

08

05,6

Mévente (perte, frais, client)

00

16

00

16

11,24

Paperasserie complexe

00

00

01

01

00,7

Périodes de crise (aléas)

11

00

00

11

07,7

Persécution par la loi

00

06

01

07

04,9

Problèmes d'emplacement

02

01

00

03

02,1

Revenu faible

02

00

00

02

01,4

Source : Données de l'enquête, 2005

Des périodes aléatoires allant de celle de vaches grasses à celle de vaches maigres. Des périodes fréquentes de crises font que les lois du marché sont difficilement maîtrisables ou maîtrisées. Ce sont 07,7% de la population qui l'ont soulignés, tous des artisans. C'est, en particulier, le grand problème des couturiers, des vulcanisateurs, des menuisiers ébénistes, des cordonniers et gérants de rizerie.

Le manque de financement : Certaines activités sont condamnées à rester petites ou moyennes en termes d'envergure par manque de financement. La faiblesse du capital est un écueil sérieux pour l'extension de l'activité. Ce sont 06,3%, en réalité, couturiers, mécaniciens et forgerons mais aussi commerçants de céréales, de produits phytosanitaires, de pièces détachées, de fripe et de légumes et de condiments qui le subissent de plein fouet. Il est à noter que les acteurs du secteur informel s'autofinancent et dépendent faiblement des structures financières de l'envergure des banques trop exigeantes en terme de papiers et de formalités.

Des dettes impayées : 06,3% d'acteurs artisans et commerçants soulignent ce problème. Par commodité et par compréhension des populations, ces acteurs font des crédits qui ne sont pas toujours honorés dans les délais. Les couturiers, soudeurs métalliques, réparateurs d'appareils électroniques et gérants de rizerie sont écoeurés par les crédits non recouvrés ; les clients entravent souvent la bonne marche de leurs activités. Le crédit découle de la relation de confiance et des rapports sociaux qui s'établissent entre vendeurs et acheteurs. Le remboursement souvent tardif peut détériorer la confiance.

Le manque de moyens : C'est un problème du milieu artisan (05,6%). Les moyens matériels, financiers ou de tout autre ordre manquent souvent aux artisans notamment aux couturiers, mécaniciens, vulcanisateurs, ébénistes et forgerons qui ne peuvent pas faire de gros investissements pour agrandir leurs activités.

La persécution par la loi : Commerçants et transporteurs (04,9%) sont souvent aux prises et jouent à cache-cache avec les brigades qui les « persécutent » souvent du fait de leurs infractions respectives. Les premiers sont souvent persécutés par la brigade des douanes dans le cadre de la bataille hardie et ardue livrée à la fraude. Aux rafles récurrentes du Service des Douanes s'ajoutent les descentes périodiques des agents du Service d'hygiène qui veillent à l'hygiène alimentaire des populations. Le Service du Contrôle Economique vérifie si le système de pesage des balances des commerçants n'est pas usuraire. Les seconds n'ont pas toujours leurs pièces au complet et font des entorses au Code de la route, cause principale des accidents de la circulation.

La lourdeur du travail: Commerçants et transporteurs (02,8%) constatent la lourdeur de leurs métiers qui demandent de l'endurance et souvent de la force musculaire, de l'huile de coude. Souvent, ils font des veillées en travaillant jusque tard dans la soirée s'ils ne sont pas à longueur de semaine au quatre coins du pays ou dans des voitures cumulant insomnie, fatigue et même maladie quelquefois. Si les chauffeurs déplorent la fréquence des insomnies, les conducteurs de pousse-pousse, de leur côté, se plaignent de la pesanteur des marchandises qui exige des aptitudes physiques réelles.

Cherté des factures : Dans l'artisanat, beaucoup d'activités se font à base d'électricité et souvent d'eau. Ce qui pose toujours la problématique des factures difficiles à payer car élevées. 02,1%, tous des artisans, souffrent des factures chères. Un gérant de rizerie nous a confié ceci : « il est très difficile pour nous de travailler dans ces conditions. Nous n'avons pas de compteurs électriques, la SENELEC les a enlevé depuis longtemps. Désormais, chaque mois, on nous administre des factures par voie orale : `Tu dois payer tant !' Sans chercher à comprendre, nous payons mais pas de gaieté de coeur ».

Cherté des pièces : Ceci est un problème propre aux artisans (02,1%), plus particulièrement aux mécaniciens, aux bijoutiers ou autres réparateurs électroniques. Les pièces de rechange sont souvent rares et cette rareté définit, par voie de conséquence, leurs prix. Il est des engins, des appareils dont les pièces de la marque ou du label sont introuvables sur place et qu'il va donc falloir chercher à la capitale ou dans les autres grandes villes.

Cherté des taxes : Parmi les trois secteurs, le commerce et le transport sont les deux qui échappent difficilement à la fiscalité ou à l'imposition, surtout du fait de la création par les autorités locales d'espaces d'exercice tels des marchés et gares routières qui permettent de fixer commerçants et transporteurs afin de pouvoir mieux les imposer. Le droit de place est réservé aux premiers et le droit de stationnement pour les derniers. C'est ce qui explique que 02,1% de la population informelle se désolent de la cherté de ces taxes. Les vendeurs de viande, par exemple, déplore cette situation car l'abattage de chaque tête de bétail (vache, chèvre, mouton...) leur coûte une somme de 800FCFA. Les 300FCFA reviennent au vétérinaire et le reste constitue le droit d'abattage versé à la Municipalité.

La concurrence : Ce sont plus précisément des artisans (02,1%) qui ne veulent pas accepter avec résignation la concurrence des produits importés qui tuent, en réalité, à petit feu leurs métiers. Les vendeurs de fripe et les bijoutiers se plaignent des produits importés quand les mécaniciens déplorent la saturation du marché du fait des ateliers qui sont un peu partout dans la ville. La question de la compétitivité se pose au niveau de certaines activités qui supportent difficilement la concurrence dans un marché jugé saturé. Ceci évoque la question de la faiblesse du revenu à cause de la faible part de marché qui revient à certains acteurs.

Problème d'emplacement : La fixité du lieu de travail doit impliquer une certaine accessibilité vis-à-vis des clients. 02,1% d'artisans et de commerçants se plaignent de leur emplacement soit du fait de l'inconfort soit de l'enclavement vis-à-vis du marché ou de la route nationale. Un couturier nous dit : « Nous souffrons de l'éloignement du marché où nous devons trouver nos fournitures ». Pour un électricien automobile, « la sous-location est très chère pour nous ». Pour les vendeurs de produits maraîchers, les cantines manquent et ils sont obligés de vendre en étalant leurs articles par terre et sous les ardents rayons solaires.

Cherté du gasoil : 01,4% de la population, tous des transporteurs, soulignent que le carburant est très cher. Du fait que le gasoil soit l'un des produits sans lesquels il n'y a pas de transport, il ne peut y avoir d'autres recours. Dépendant largement de l'extérieur pour ses problèmes d'énergie car ne disposant pas de pétrole, le Sénégal a cette particularité de subir de plein fouet les moindres remous de la conjoncture internationale. La cherté du baril de pétrole est sentie aussi bien par les transporteurs qui en dépendent maladivement que par les populations qui paient les frais de l'augmentation des tarifs de transport. Les prix du gasoil ne cessent de flamber.

Cherté des produits : Des commerçants (01,4%) trouvent trop chers certains produits qu'ils achètent et qu'ils sont obligés de revendre très chers ou à perte. C'est du moins une doléance des gérants de tables de petit-déjeuner et des restauratrices qui achètent à un prix cher les légumes, la viande... qui entrent dans la préparation des sandwiches et autres plats.

Fluctuation des prix : C'est 01,4% de commerçants qui se disent étonnés. Les prix n'étant pas stables, il est impératif de ne pas vendre des produits difficiles à écouler. En une semaine, les prix peuvent augmenter ou baisser pour un même produit de façon spectaculaire. Ce qui occasionne soit une mévente si le produit est très cher soit une perte du capital investi en vendant au rabais. C'est la difficulté des vendeurs de produits de maraîchage et d'ustensiles de cuisine.

Revenus faibles : Certains acteurs, 01,4% d'artisans, souffrent de la faiblesse de leurs revenus. Pour un mécanicien de moto, « ça ne marche pas, on travaille sans revenus conséquents ». Ceci implique le maintien de l'activité au stade d'activité de subsistance car un revenu faible signifierait, quelque part, l'absence d'un surplus à réinvestir pour agrandir l'activité. Dans le commerce, le bénéfice est souvent faible ou inexistant chez certains vendeurs de produits maraîchers et gérants de tables de petit-déjeuner.

Hommes de lois pas coopérants : 00,7% de transporteurs se plaignent du manque de coopération et de compréhension de certains hommes de lois. La relation chauffeurs-gendarmes est souvent une relation de corruption ou de jeu à cache-cache. Quand les papiers ne sont pas complets, on soudoie le gendarme ou on détourne le chemin à défaut de pouvoir négocier. Souvent, quand les pièces sont complètes, certains agents trouvent d'autres moyens pour soutirer de l'argent aux chauffeurs.

Incendies et autres risques : les commerçants (00,7%) se souviennent encore des incendies qui les ruinent toujours. Un vendeur de denrées alimentaires et de produits cosmétiques nous rappelle que « le marché central de Richard-Toll a connu un incendie, il y a deux ans de cela ». Les pertes et frais ont été lourds.

Marchandage de longue haleine : 00,7% de commerçants se disent fatigués des très longues négociations des clients avant de faire leurs achats. Au fait, le marchandage est inhérent aux activités du secteur informel. Les tarifs ne sont pas fixes et doivent s'appliquer aux bourses des différents clients. Le marché de l'informel repose sur le marchandage, un rite qui remplace le système du monoprix régi par une certaine fixité tarifaire. C'est aussi un prétexte de repérage et d'évaluation du client, d'entrer en communication mais aussi d'établir une relation d'amitié, de fidélité ou tout autre rapport social.

Paperasserie complexe : Un taux de 00,7% de transporteurs souligne la complexité de la formalité. Il y a trop de papiers à payer et beaucoup de taxes auxquelles il faudrait s'acquitter pour être formelle. La formalité est, en un mot, très chère.

I. Fonction Sociale

A -Emplois

Richard-Toll est une partie du Sénégal où tout et tout le monde bougent. Au-delà de l'emploi à la CSS ou dans les autres PME, en dehors de l'agriculture, ce sont les trois domaines informels qui s'offrent à qui veut tirer son épingle du jeu. L'économie locale de Richard-Toll 1999, publié en Juillet 2000, fait état de 7 113 unités informelles qui participent à l'animation économique de la ville. Toujours dans ce rapport, 3 541 de ces unités économiques informelles sont commerciales, 3119 artisanales. Les unités de transports sont évaluées au nombre de 453.

Source : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000

(Modifié dans le cadre de l'enquête)

Donc, au regard de ce diagramme à secteur, il est clair de constater que le commerce se taille la part du lion car il occupe 50% d'actifs devant l'artisanat employant 44%. Le transport, par ailleurs, est le domaine de 06% des acteurs. La prédominance du commerce s'expliquerait par le caractère de « ville-transit » mais aussi de « ville-marché » où écoulent leurs produits mais aussi s'approvisionnent les populations des villes et villages environnants (Dagana, Rosso-Sénégal, Rosso Béthio, Communautés rurales de Mbane, de Gaé etc.).

Tableau 08: Niveau de fréquentation du secteur formel.

Fréquentation du formel

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Oui

19

12

05

36

25,3

Non

43

59

04

106

74,7

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

S'agissant de la relation avec le milieu formel, les 74,7% de la population n'ont jamais travaillé dans une entreprise formelle ou pour le compte de l'Etat. Ceci montre que l'informel est un monde à part qui a ses réalités et ses caractéristiques propres. Il est un monde qui accueille ceux qui n'ont pas accès ou ne veulent pas du secteur formel. C'est aussi le monde des naufragés de l'école mais aussi des `sans qualification professionnelle', du moins des gens qui n'ont pas de diplôme agréé par les institutions étatiques.

Néanmoins, 25,3% de la population informelle ont, au moins une fois, fréquenté ou fréquentent encore le milieu formel. On peut retrouver les limogés de la CSS ou les saisonniers qui connaissent souvent des moments de disponibilité vis-à-vis de l'usine. Le contact avec le secteur formel des acteurs de Richard-Toll s'est souvent opéré au niveau de la CSS où ceux-ci sont employés en tant que campagnards ou saisonniers de deux trimestres dans l'an, en qualité de pompistes, de conducteurs, de dockers, de coupeurs ou de planteurs de cannes, d'agents chargés des herbicides, de chefs d'équipe ou surveillants ou même en qualité de secrétaires de direction. Par ailleurs, d'autres ont fait leurs preuves dans d'autres entreprises -comme employés, manoeuvres, gardiens, gestionnaires de magasin...- par exemple, au Grand Domaine du Sénégal (GDS), à la Rizerie de Richard-Toll, aux ICS de Taïba, dans des entreprises en Mauritanie, à la SAED, au Port Autonome de Dakar...

Interrogés sur leurs expériences antérieures, plus de la moitié des acteurs (54,2%) n'ont jamais travaillé avant l'exercice du métier actuel, comme le confirme le tableau 09.

Tableau 09 Répartition des enquêtés selon le secteur fréquenté avant le travail actuel.

Travail préalable

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Artisanat

17

11

06

34

23,9

Commerce

00

10

01

11

07,8

Transport

02

02

00

04

02,8

Autre secteur

00

16

00

16

11,3

Aucun

43

32

02

77

54,2

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Par ailleurs, des artisans et des commerçants (02,8%) ont fréquenté le transport. L'artisanat est le secteur au niveau duquel beaucoup d'acteurs ont déjà fait leurs preuves (23,9%) ; la majorité des transporteurs sont déjà passé par le milieu artisanal. Aucun artisan n'est passé par le commerce qui pourtant a accueilli près de 07,8% de la population globale. Ceci s'expliquerait par le fait que le métier d'artisan demande une assez longue formation et que la carrière est un souci de l'acteur artisan. Par ailleurs, 11,3% des acteurs, tous des commerçants, sont passés par un secteur autre que le commerce, l'artisanat et le transport.

En somme, beaucoup d'agents de transport sont déjà passés par la maçonnerie, la mécanique, l'agriculture, l'élevage ou par la CSS. Quant aux artisans, certains sont issus de la mécanique, de la menuiserie ébénisterie, de la couture ou même de la CSS en qualité de monteur mécanique, de soudeur, de coupeur, de docker, de compteur d'engins, de conducteur, d'agents des plantations (Herbicides) ou encore en qualité de journalier des ICS de Taïba... Les commerçants ont des origines plus complexes. Si des vendeurs d'ustensiles de cuisine et de produits maraîchers ont été transporteurs, leurs collègues vendeurs d'articles vestimentaires, de chaussures, de légumes, de pièces détachées et gérants de tables d'articles frauduleux, de mercerie, de boutique de quartier... ont déjà fréquenté le travail de manoeuvre, de couture, de mécanique, de maçonnerie, de coiffure, de menuiserie métallique ou de bonne à tout faire. D'autres ont déjà été commerçants mais dans d'autres domaines, nous remarquerons l'exemple du vendeur de pièces détachées auparavant boutiquier, du vendeur de viande qui a déjà fait le commerce de carburant et de bétail, du vendeur d'articles vestimentaires qui a été ambulant et vendeur de bétail, du vendeur de légumes et de condiments d'abord gérant d'épicerie, du boutiquier qui a fait de la restauration et de la restauratrice qui a vendu avant tout des jus et des encens... Les autres viennent d'autres domaines comme l'agriculture, l'élevage, la gérance de télécentre, le secrétariat dactylographe, le secourisme à la Croix Rouge, les entreprises (CSS, SAED...) en qualité de gardiens, de magasiniers, de surveillants, d'employés...

Source : Données de l'enquête, 2005

L'histogramme à forme conique nous dessine clairement la proportion prééminente des 58,2% de la population qui n'a jamais connu les affres du chômage. C'est le cas de certains jeunes qui, après avoir quitté l'école ou la `dahra', se sont très tôt engagés dans un métier où ils ont forgé leurs aptitudes. Par contre, ceux qui ont au moins une fois chômé occupent une part de 41,5% de la population informelle. C'est le cas des refoulés du système scolaire qui ont marqué une pause avant de s'engager mais aussi des déflatés des entreprises telles la CSS, la SAED. Les réfugiés de la Mauritanie de 1989 sont dans cette catégorie.

Une analyse plus minutieuse nous montre que six (06) sur neuf (09) agents du transport (chauffeurs de taxis, conducteurs de pousse-pousse et de véhicules hippomobiles) ont connu le phénomène du chômage. C'est donc dire que souvent c'est par contrainte que certains ont pris l'ultime option, le pis-aller qui s'offre à eux. Dans l'artisanat, la période de chômage a souvent coïncidé avec la sortie de l'école, une situation de crise- par exemple les affrontements sénégalo-mauritaniens de 1989-, le licenciement ou limogeage du secteur formel. Ces derniers cas de figure ont conduit vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de cuirs, gérants de rizerie, mécaniciens, couturiers, électriciens automobiles, soudeurs métalliques, horlogers, coiffeurs et réparateurs électroniques à choisir le travail informel.

Source : Données de l'enquête, 2005

Au regard de cette courbe représentative de la durée du chômage, il ressort clairement que les durées les moindres sont comprises entre 02 et 03ans de chômage. Les 08,4% de la population ne connaissent pas la durée exacte de leur intervalle de chômage. 23,8% ont chômé pendant des mois seulement. 23,8% ont aussi vécu une année entière dans le chômage. La tendance de la courbe est à la baisse à partir d'une année et les proportions régressent à 11,8% à la deuxième année de chômage et à 08,4% à la troisième année. Puis, elle remonte à 23,8% pour ceux qui ont passé plus de trois ans sans travailler. La courbe montre, par ailleurs, que si c'est après la période de chômage que l'on entre dans la réalité du monde informel, c'est soit quelques mois ou une année après les études soit à la cessation du premier travail que l'on décide de s'engager à nouveau. Pour d'autres, c'est après trois ans de chômage qu'ils décident, enfin, d'emprunter les rails du travail informel. Le secteur informel n'est pas un monde où l'on passe un concours pour l'obtention d'un poste, il n'est interdit à personne dans une ville comme Richard-Toll... Dans le domaine du transport, le chômage est souvent temporaire ou cyclique pour certains acteurs qui pratiquaient l'agriculture, par exemple, entre autres activités périodiques. Ce qui leur vaut un chômage répété mais n'atteignant pas souvent une année. Par ailleurs, d'aucuns sont restés plus de trois, quatre ou cinq bonnes années sans travailler.

Dans l'artisanat, les collecteurs de peaux et de cuirs, vulcanisateurs et gérants de rizerie ne sont pas restés une année entière sans travailler. Un gérant de rizerie nous a lancé ceci : « Je suis père de famille et j'ai une fois connu six mois de chômage. Je peux vous dire que ça m'a paru cinq ans d'enfer. J'ai tout fait sans grand succès. C'est mon frère qui gère à côté un atelier de menuiserie métallique qui, ayant vu que j'ai toujours nourri une passion avérée du travail du riz, m'a financé en m'ouvrant ce moulin. Il m'a sorti de cette situation que j'ai vécu très difficilement. J'ai encore les larmes aux yeux en y pensant ou en en parlant. Tellement c'était difficile ! » A part cela, horlogers, couturiers, réparateurs électroniques et coiffeurs ont connu une année de chômage, là où soudeurs métalliques, mécaniciens et électriciens automobiles en ont vécu deux à trois.

En milieu commercial, si des vendeurs de pièces détachées, de viande, d'articles vestimentaires, de chapelets et livres coraniques et des gérants de table de petit-déjeuner, de boutique de quartier et de table de produits frauduleux ne sont pas restés dans la touche pendant une année, certains de leurs collègues ont vécu plus de trois années de chômage. Nous retiendrons les exemples des vendeurs d'articles vestimentaires ayant chômé pendant sept à huit ans, des gérantes de tables de petit-déjeuner et de produits frauduleux qui ont vécu vingt ans de chômage. Des durées de dix et de quinze ans ont été endurées respectivement par une gérante de boutique, un vendeur d'articles vestimentaires et une vendeuse de produits maraîchers. La plupart de ceux qui dépassant dix ans de chômage sont des femmes mariées qui sortent de leurs demeures pour accompagner le mari à joindre les deux bouts ou à obtenir des revenus supplémentaires.

Source : Données de l'enquête, 2005

La courbe dégage un constat qui saute aux yeux: les proportions des unités informelles diminuent quant l'effectif du personnel augmente. Elles varient ensemble en proportions inverses. Moins de la moitié des acteurs (45,1%) n'ont pas de personnel. Si 17,6% évaluent leur personnel à une seule personne, 12,7% à deux personnes, seuls 00,7% ont un effectif supérieur ou égal à onze personnes. Cela montre quelque part la différence des besoins des différentes activités en terme de personnel.

On note que souvent des chauffeurs de taxis, conducteurs de calèches, de pousse-pousse, les piroguiers et les laceurs n'ont pas très souvent besoin de personnel. Ce qui montre souvent la tendance selon laquelle 07/09 agents de transports n'emploient personne. Une infime proportion recourt à des apprentis qui encaissent les tickets de transports et s'occupent de la manutention des bagages des passagers.

Si des artisans de la trempe de certains cordonniers, forgerons, bijoutiers, vulcanisateurs, tailleurs, coiffeurs d'hommes, horlogers, mécaniciens-moto n'ont aucun personnel, il est, par contre, une nécessité chez bon nombre d'artisans qui ont souvent plus de dix éléments dans leurs ateliers. Ceux qui emploient plus de cinq personnes sont les électriciens automobiles, les soudeurs métalliques, les menuisiers ébénistes, les mécaniciens, les coiffeurs de femmes, les fabricants de machines agricoles (moissonneuses-batteuses), les collecteurs de peaux et de cuirs qui gèrent un réseau national. Dans le domaine du commerce, le personnel n'excède pas souvent six personnes et ce sont les restauratrices, les vendeurs de tissus et de produits maraîchers qui atteignent cinq à six auxiliaires. En guise de péroraison, c'est dans le domaine artisanal que l'on observe le plus d'éléments dans une même unité économique avec plus de dix individus dans les ateliers de menuiserie ébénisterie.

La nature du personnel va du statut d'apprenti à celui d'employé en passant par celui d'aide. Le patron n'est pas compté. Les unités de productions ayant un personnel occupent une proportion de 54,9% de la population informelle globale. 47,5% emploient uniquement des apprentis, là où 12,8% prennent des employés salariés. Dans certaines unités (33,3%), le personnel a la qualité d'aide ou d'associé car le système salarial n'est pas fixé. C'est un partage après inventaire ou un mandat qui est noté à ce niveau. En témoigne le tableau 10.

Tableau 10: Répartition des enquêtés selon la qualité du personnel.

Qualité du personnel

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Aide(s) ou associé (s)

08

18

00

26

33,3

Apprentis)

30

05

02

37

47,5

Apprenti(s) et Employé(s)

03

02

00

05

06,4

Employé(s)

03

07

00

10

12,8

Total

44

32

02

78

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Par ailleurs, dans 06,4% des unités, on observe à la fois la présence d'apprentis et d'employés. Au niveau du transport, ce sont les taxis surtout interurbains qui emploient des apprentis uniquement. Les coiffeurs de femmes, les gérants de rizerie, les forgerons, les cordonniers, les menuisiers ébénistes, les mécaniciens, les vulcanisateurs ont souvent des aides qui sont souvent des parents ou des gens avec qui on est souvent associé. C'est dans la mécanique, la collecte de peaux et de cuirs, la bijouterie, l'ébénisterie et la rizerie que l'ont rencontre surtout les cas d'embauche où des adultes mariés ou soutiens de famille perçoivent un salaire mensuel ou journalier. Dans le commerce, les gérantes de quincaillerie, de tables de petit-déjeuner et restauratrices, les vendeurs de produits maraîchers, les boutiquiers et vendeurs de viande ont souvent des employés qui travaillent à titre de journaliers ou, parfois, pour un salaire mensuel. Par contre, les aides dans la vente de tissus, de viande, d'articles vestimentaires, d'effets de toilette, de pièces détachées, de céréales, d'appareils électroniques et dans la gérance de restaurant et de boutique de quartier peuvent soit partager avec le propriétaire le fruit du travail soit avoir un mandat soit ne rien obtenir du tout. En réalité, on constate que l'un des critères fondamentaux de formalisation à savoir la rémunération salariale du travail n'est pas totalement en vigueur dans le secteur informel.

Quoiqu'on puisse dire, les acteurs désirent à 76,7% continuer ou maintenir le même travail dans les années qui viennent, comme en atteste le tableau 11. Ceci montre qu'une certaine forme de sécurité est garantie par ce milieu dans lequel, même si le gain est petit, on est toujours sûr d'avoir quelque chose. De plus, on est à l'abri du chômage.

Tableau 11: La volonté de continuer le même travail dans l'avenir.

Volonté de continuer

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Oui

50

56

03

109

76,7

Non

12

15

06

33

23,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Seulement, si d'aucuns disent « Al hamdulilah » (Dieu merci), d'autres veulent une amélioration conséquente de leurs activités à l'exemple des chauffeurs de taxis et d'un laveur qui veut continuer pour avoir son permis de conduire. Néanmoins, 23,3% ne veulent pas du tout du même travail dans le futur. C'est donc dire que le secteur informel est quelque part, pour eux, un abri où ils se cachent pour préparer l'avenir, un élan qu'ils prennent pour mieux sauter. C'est le cas : des conducteurs de calèches, de pousse-pousse et des piroguiers dans le transport ; d'une certaine frange des mécaniciens, couturiers, forgerons, soudeurs métalliques, réparateurs électroniques et cordonniers dans le domaine artisanal ; des boutiquiers, gérants de tables de produits frauduleux, des vendeurs de produits maraîchers, de viande, d'articles vestimentaires, de céréales, de chaussures, d'appareils électroniques et de pièces détachées.

B -Revenus

Tableau 12: Le niveau de rétribution du Personnel des unités informelles.

Niveau de revenu du personnel

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

[-5 000 FCFA [

01

00

00

01

01,3

[5000-10000[

10

03

01

14

17,9

[10000-20000[

03

04

00

07

08,9

[20000-30000[

04

03

00

07

08,9

[30000-40000[

02

04

00

06

07,7

[40000-50000[

02

03

00

05

06,4

[50000-60000[

01

00

00

01

01,3

[60000-+60000[

01

01

00

02

02,6

Rien

04

01

00

05

06,4

Ne sait pas

16

13

01

30

38,6

Total

44

32

02

78

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Il est à constater que seuls 06,4% des unités informelles ne paient aucunement leur personnel sous prétexte que le travail ne marche pas fort ou que les auxiliaires devaient payer leur prise en charge ou leur formation ailleurs.

Cela étant, le niveau de salaire le plus représentatif avec un taux de 17,9% est la tranche allant de 5 000 à 10 000Francs CFA. Nous constatons que c'est un salaire pour des employés à titre de bonnes à tout faire dans les restaurants mais aussi un mandat pour des apprentis dans le transport, le commerce mais surtout dans le monde artisanal. Le cumul des taux de salariés percevant une rémunération allant de 20 000 à plus de 60 000Francs CFA donne une proportion de 26,9% du total du personnel rétribué avec seulement 02,6% qui perçoivent plus de 60 000FCFA par mois. Si ce sont les employés de l'ébénisterie et les aides dans les boutiques de quartier qui perçoivent plus de 60 000FCFA par mois, des employés dans la collecte de peaux et de cuirs, les boutiques, des aides dans la menuiserie ébénisterie, la menuiserie métallique, la vente de tissus, de viande, d'effets de toilette, des apprentis dans la mécanique obtiennent mensuellement entre 30 000 et 60 000FCFA.

Par ailleurs, les opérateurs qui ne savent pas exactement ou ne peuvent pas évaluer le niveau de rétribution de leur personnel occupent la proportion de 38,6%. La rétribution dépend de la marche de l'activité qui alterne périodes de vaches grasses où les revenus s'élèvent et périodes de vaches maigres où ils peuvent même être nuls pour les auxiliaires.

Source : Données de l'enquête, 2005

Quant aux patrons, la proportion qui ignore totalement le niveau mensuel de rétribution est de 34,5%. L'importance de cette observation trouve son explication dans le travail d'ouvrier qu'exécutent ces acteurs qui ne tiennent pas de comptabilité et règlent les urgences au jour le jour. Ce qui rend imprécis même à leur niveau leur propre gain. La logique distributive des africains trouve ici une parfaite illustration. La logique accumulative n'est pas encore très encrée dans les moeurs. Pour d'autres, le gain varie suivant la période qui peut être favorable ou défavorable à leurs activités. Un ouvrier peut avoir parfois un coup de 100 000 à 200 000FCFA en une semaine ; en d'autres circonstances, il passe un mois dans le creux de la vague. Un gérant de mercerie dit ceci : « Je ne peux pas le savoir. `Boroom kër laa, damay dugal ci kër gi'. `Je suis père de famille, j'investis dans la maison' ».

La courbe bleue représentative de la proportion des acteurs suivant le niveau de salaire mensuel nous montre que, si 01,4% (couture, vente d'articles vestimentaires) perçoivent 5 000 à 15 000F CFA ; des chauffeurs de taxis, mécaniciens, fabricants de machines agricoles, collecteurs de peaux et de cuirs, forgerons, gérants de rizerie, ébénistes, soudeurs, bijoutiers (23,9%) ont plus de 100 000FCFA là où 15,5% ont 50 000 à 80 000FCA dans les taxis, la vulcanisation, la mécanique, la menuiserie, la couture, la bijouterie, la gérance de tables de petit-déjeuner, de tables d'articles frauduleux, de boutiques de quartiers, dans la vente de légumes et condiments, d'articles vestimentaires, de chaussures, de produits maraîchers, de pièces détachées, de viande, de tissus et d'accessoires de portables...

La courbe jaune cumulative décroissante nous montre que 90,1% des acteurs patrons d'unités informelles perçoivent mensuellement au minimum 30 000FCFA. En y soustrayant la tranche qui ignore le niveau de salaire (34,5%), nous pouvons avancer que 55,6% des chefs d'unités obtiennent au minimum 30 000FCA et que 46,5% ont au moins 50 000FCFA.

Cela étant, la courbe violette cumulative croissante ressort clairement que, si l'on fait abstraction de ceux qui ignorent leur niveau de salaire (34,5%), 19% ont moins de 50 000FCFA par mois, 34,5% moins de 80 000FCFA, 41,6% moins de 100 000FCFA.

Par rapport à la charge nourrie par le secteur informel, le tableau 12 est révélateur. Seuls 01,4% de l'ensemble des enquêtés n'ont aucune personne en charge Ce sont des commerçants, vendeurs de thé préparé (moins de 15 ans) et vendeurs d'effets de toilette. Par contre, une charge de plus de dix personnes est endossée par une proportion de 44,4% de la population informelle regroupant piroguiers, conducteurs de calèches et chauffeurs de taxis dans le transport, couturiers, horlogers, vulcanisateurs, réparateurs électroniques, cordonniers, bijoutiers, mécaniciens, ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs, fabricants de machines agricoles, soudeurs métalliques et électriciens automobiles dans le domaine artisanal et quincailliers, boutiquiers, restauratrices, bouchers, marchands ambulants, vendeurs d'ustensiles de cuisine, de tables de produits frauduleux, de tissus, de produits maraîchers, de légumes et condiments, de chaussures, de tables de petit-déjeuner, de pièces détachées en ce qui concerne le commerce.

Tableau 13: La charge familiale des acteurs du secteur informel.

Charge familiale (en personne)

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

% C.C.

Artisanat

Commerce

Transport

00

00

02

00

02

01,4

01,4

01

00

02

00

02

01,4

02,8

02

01

00

00

01

00,7

03,5

03

01

01

00

02

01,4

04,9

04

01

02

01

04

02,8

07,7

05

02

05

00

07

04,9

12,6

06

06

10

00

16

11,3

23,9

07

02

06

00

08

05,6

29,5

08

03

04

00

07

04,9

34,4

09

00

00

01

01

00,7

35,1

10

10

08

02

20

14,1

49,2

+10

33

25

05

63

44,4

93,6

Ne savent pas

03

06

00

09

06,4

100

Total

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

Au vu de la colonne du cumul croissant des proportions, on constate aisément que seuls 12,6% des acteurs ont une charge de moins de six personnes mais aussi que ceux qui gèrent moins de 11 `bouts de bois de Dieu' n'occupent qu'une proportion de 49,2%. Par superstition, 06,4% ne se sont pas prononcés sur leur charge. Cela s'explique et se comprend facilement car il est tabou dans certaines zones du Sénégal, en particulier au Walo, de compter sa progéniture. D'aucuns lancent que « c'est nombreux ! » là où d'autres refusent de répondre.

Au vu de ces analyses, on peut dire, sans ambages, que le secteur informel est un monde où l'on travaille pour nourrir une importante masse. Par exemple, nous avons tenté de calculer la charge moyenne pour uniquement ceux qui savent l'effectif de leur charge. A l'issue de ce calcul, nous sommes amené à dire que 93,6% de la population informelle entretiennent une charge moyenne de 08 personnes.

C -Production de biens et de services

Le secteur informel traite avec toutes les formes de clientèle allant des populations aux autorités publiques en passant par les entreprises.

Force est de noter que la clientèle première est la population à qui 99,2% des unités de l'informel livrent produits ou services. Les entreprises de la place traitent -mais faiblement- avec les acteurs du secteur (09,1%). Seuls 04,9% ont des accointances avec les autorités publiques locales ou gouvernementales. Le tableau suivant le confirme.

Tableau 14: La nature de la clientèle du secteur informel de Richard-Toll.

Clientèle

EFFECTIFS

TOTAL sur 142

Pourcentage

sur la pop.

Artisanat

Commerce

Transport

Entreprises

10

03

00

13 / 142

09,1 %

Etat ou Municipalité

04

03

00

07 / 142

04,9 %

Populations

61

71

09

141 / 142

99,2 %

Source : Données de l'enquête, 2005

Tout le monde trouve son compte dans ce secteur où les prix se discutent mais aussi où bien des formes de produits et de services- souvent rares- sont rendus et vendus.

Dans le secteur du transport, le secteur informel gère l'intégralité de la mobilité urbaine. Au-delà des quelques voitures de particuliers et de l'administration décentralisée ou déconcentrée et en dehors de la CSS qui assure les navettes de ses employés, ce sont les taxis, les pirogues, les véhicules hippomobiles qui assurent, si l'on ose le dire, la mobilité urbaine.

Dans le domaine artisanal, seuls les collecteurs de peaux et de cuirs ne traitent pas directement avec les populations. Par ailleurs, des artisans comme les couturiers, les vulcanisateurs, les ébénistes, les menuisiers métalliques, les mécaniciens, les cordonniers et les collecteurs de peaux et de cuirs livrent des services aux entreprises parmi lesquelles la CSS. Les ébénistes, vulcanisateurs, mécaniciens et soudeurs métalliques font des transactions avec les autorités publiques de la place souvent par le biais des marchés qui leur sont livrés.

Les commerçants spécialisés dans les produits maraîchers, les pièces détachées et les tables de petit-déjeuner couvrent des demandes des autorités publiques de la place. En réalité, des gérants de tables servent sandwiches et petit-déjeuner aux ouvriers de la CSS quand des vendeurs de fripe vendent les habits usés que les entreprises utilisent comme chiffons. Des vendeurs de produits maraîchers traitent aussi avec des entreprises.

Au-delà de l'analyse de la clientèle, il est intéressant de voir les différents produits et services livrés par les unités informelles. Le tableau 15 donne des indications à ce sujet. Suivant la proportion, les services de réparations sont les plus sollicités (17,6%) par la clientèle du marché informel. Rappelons que c'est essentiellement l'artisanat qui couvre ce domaine avec les réparations d'automobiles, des motocyclettes, d'appareils électroniques, de chaussures, de pneus... Ensuite, les produits alimentaires sont fournis par les acteurs commerçants à hauteur de 16,2%. Puis, c'est le tour de l'habillement, des appareils électroniques et des accessoires de portables qui occupent 14% du marché. La fourniture de denrées de première nécessité est l'occupation majeure de 11,3% de la population informelle. Puis, vient le domaine de la confection qui participe pour 09,9% dans le marché du secteur. Essentiellement tenu par les artisans, ce domaine fourni entre autres produits et services des habits, des tenues de travail, des uniformes, du rapiéçage ou raccommodage. La production ou la vente de matériels en fer ou d'ustensiles de cuisine est l'apanage des 05,7% qui bougent dans l'artisanat et dans le commerce. La vente de pièces détachées est une activité commerciale très présente à Richard-Toll (04,9%).

Tableau 15: Les produits ou services les plus prisés par la clientèle.

Produits ou services prisés

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Art.

Com.

Tran.

Brisure de céréales

03

00

00

03

02,2

Charge et nettoyage des voitures

00

00

01

01

00,7

Coiffure

02

00

00

02

01,4

Confection

14

00

00

14

09,9

Denrées de première nécessité

00

16

00

16

11,3

Equipements en bois

05

00

00

05

03,4

Habillement, Electronique

00

20

00

20

14,0

Machines agricoles

01

00

00

01

00,7

Matériels agricoles

00

01

00

01

00,7

Matériels et ustensiles en fer

07

01

00

08

05,7

Parures

03

00

00

03

02,2

Peaux et cuirs

01

00

00

01

00,7

Pièces détachées

00

07

00

07

04,9

Produits alimentaires

00

23

00

23

16,2

Réparation

25

00

00

25

17,6

Système électrique

01

00

00

01

00,7

Toilette et Cosmétique

00

02

00

02

01,4

Transport de bagages

00

00

01

01

00,7

Transport des biens et personnes

00

00

06

06

04,2

Traversée du fleuve

00

00

01

01

00,7

Autres produits

00

01

00

01

00,7

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Le transport de biens et de personnes est assuré par les taxis et les calèches qui représentent 04,2% du secteur informel et dont le rôle est de sillonner les quartiers pour désenclaver certains d'entre eux et de rendre fluide la mobilité des biens et des personnes. En un mot, d'écourter les distances. L'équipement en bois est assuré par la menuiserie ébénisterie qui occupe 03,4% du marché. La rizerie  (02,2%) est l'apanage des artisans qui décortiquent le riz déjà récolté qui entre dans le cadre des repas quotidiens des sénégalais. Les parures sont le domaine des bijoutiers (02,2%) qui fabriquent des bijoux sur commande mais aussi qui vendent des produits qu'ils ont déjà confectionnés tels des colliers, des bracelets, des boucles d'oreilles à bases d'or, d'argent... Ils posent aussi des dents en or surtout pour les femmes. La coiffure est un besoin quotidien des populations, hommes et femmes confondus. Les coiffeurs sont des artisans qui ouvrent des salons un peu partout dans la ville car c'est un créneau porteur. A part la coiffure que l'on fait pour prendre soin de son corps en temps normal, la coiffure est aussi une nécessité pour ceux qui assistent à des cérémonies... Les effets de toilette et produits cosmétiques sont aujourd'hui une donne importante dans la vie des femmes qui prennent souvent soin de leur corps et qui s'embellissent le soir après le bain de six heures à la descente du travail, pour l'accueil du mari, pour aller dans les cérémonies ou dans l'attente d'une éventuelle visite... Revenant au transport, les voitures ont besoin d'hygiène et de propreté pour un minimum de confort aux passagers, d'où l'utilité du métier de laveur (00,7%). Par ailleurs, Richard-Toll, situé au coeur de la Vallée du Fleuve Sénégal, contrée d'agriculteurs, est un marché où les agriculteurs des villages et autres localités environnants viennent pour leurs achats de matériels comme les moissonneuses-batteuses nécessaires en périodes de récoltes (00,7%). La clientèle est présente massivement dans la zone. La vocation agricole de la région de Saint-Louis fait que les produits phytosanitaires de la trempe des semences, des engrais... sont des besoins réels des populations (00,7%). La tannerie est aussi présente dans le milieu où des Halpulaar exercent un élevage important et dynamique. Le transport étant aussi dynamique dans cette ville, les électriciens d'automobiles sont sollicités en matière de batterie de voiture mais aussi d'installation ou de réparation des systèmes électriques souvent défaillants des véhicules. Le déplacement des bagages est un domaine privilégié des conducteurs de pousse-pousse qui s'installent juste à hauteur des marchés pour acheminer les marchandises déchargées des grands véhicules qui les ont importées. Etant frontalier avec la République Islamique de Mauritanie, Richard-Toll a une rive fluviale à partir desquelles les populations rejoignent le territoire maure. Les pirogues sont, en réalité, les moyens de transport qui s'occupent de cette tâche. Enfin, 00,7% sont spécialisés dans la vente de chapelets et de livres coraniques qui entrent dans le cadre de la promotion du culte musulman.

Source : Données de l'enquête, 2005

Le diagramme à barres montre que 78,2% des acteurs trouvent que leurs tarifs sont abordables quand 10,5% se rangent dans la cherté. L'écart des tendances montre que le secteur informel fournit des biens et des services selon les besoins et les pouvoirs d'achats des populations. Les prix sont abordables dans la mesure où toutes les bourses peuvent acheter dans le marché informel. L'essentiel pour l'acteur c'est de gagner son pain. C'est là que gît la raison explicative des interminables marchandages qui tirent souvent en longueur surtout quand la bourse de l'acheteur est faible. Les prix ne sont pas fixes. On évalue le pouvoir d'achat du client et c'est suite au marchandage que le prix final est fixé, et ce dans la mesure de l'acceptable. Ainsi, abordable signifierait que le client ne se surpasse pas et que le fournisseur ne perde pas. Si le laveur pense ne recevoir qu'un mandat après service, les chauffeurs l'expliquent par la modestie des tarifs du transport à Richard-Toll. Si, d'un côté, forgerons, vulcanisateurs, couturiers, soudeurs ... pensent que leurs prix sont dérisoires, on retrouve, de l'autre, ébénistes, cordonniers, bijoutiers, mécaniciens et coiffeurs qui jugent un peu énormes les prix de leurs articles et services. La fabrication des machines de moissonneuses-batteuses entre dans la zone des tarifs très chers. Des commerçants de pièces détachées, d'articles vestimentaires et de produits frauduleux trouvent bas voire dérisoires leurs prix d'un côté, quand, de l'autre les vendeurs de viande, de boutiques, de céréales et de légumes sentent qu'ils vendent cher. Un autre vendeur de pièces détachées trouve, quant à lui, très chères ses pièces. Cela dit, l'utilité du secteur informel se sent à trois niveaux : populations de la ville, mairie et famille des acteurs. Le tableau 16 donne plus de détails.

Au niveau des populations :

Services et satisfaction : 21,1% mesurent l'impact de leurs fonctions sur les populations à travers les services qu'ils leur rendent et la satisfaction que celles-ci peuvent en tirer. C'est du moins l'avis de certains soudeurs métalliques, mécaniciens, menuisiers ébénistes, couturiers, coiffeurs, bijoutiers et gérants de rizerie. En sus des artisans susnommés, des commerçants à l'exemple de certains vendeurs de céréales, d'articles vestimentaires, de viande, de tissu, de produits maraîchers, d'effets de toilette mais aussi des gérants de quincaillerie, de restaurant, de tables d'articles frauduleux, de boutiques, de tables de petit-déjeuner sont à ranger dans cette catégorie.

Entraide: 21,1% pensent que l'utilité de leurs travaux respectifs peut s'appréhender à travers l'entraide qui s'établit entre eux et les populations. Les prix sont au rabais pour que les bourses faibles puissent être prises en compte. De même, des crédits sont accordés à celles-ci. En fin de compte, ce sont des rapports sociaux forts qui s'établissent entre acteurs du secteur informel et populations. La solidarité est de mise, en un mot. Souvent, certains artisans n'acceptent pas que des connaissances paient, le service leur est souvent gratis.

Tableau 16: Répartition des enquêtés selon l'utilité du travail.

Cible

Utilités du travail

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artis.

Com.

Trans.

P

O

P

U

L

A

T

I

O

N

Autonomie personnelle

00

01

00

01

00,7

Dépannage et Réparation

08

02

00

10

07,1

Déplacement

08

00

04

12

08,5

Entraide

08

19

03

30

21,1

Equipements

03

00

00

03

02,1

Formation

01

01

00

02

01,4

Habillement, Parures et Beauté

09

03

00

12

08,4

Machines agricoles et divers

02

00

00

02

01,4

Nécessité

07

00

00

07

04,9

Participation au développement

00

03

01

04

02,8

Propreté des voitures

00

00

01

01

00,7

Proximité

00

10

00

10

07,1

Ravitaillement

00

10

00

10

07,1

Services et satisfaction

13

17

00

30

21,1

Ne sait pas

02

04

00

06

04,2

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

Aucune utilité

00

00

00

00

00,0

Total

62

71

09

142

100 %

M

A

I

R

I

E

Allègement de la charge

02

00

00

02

01,4

Marché

05

01

00

06

04,2

Taxes

37

64

06

107

75,4

Ne sait pas

04

01

01

06

04,2

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

Aucune utilité

13

04

02

19

13,4

Total

62

71

09

142

100 %

F

A

M

I

L

L

E

Autonomie

00

02

00

02

01,4

Couverture totale, Prise en charge

49

57

05

111

78,2

Dieu seul le sait

00

00

01

01

00,7

Formation

01

00

00

01

00,7

Soutien et Participation

10

10

03

23

16,2

Ne sait pas

01

00

00

01

00,7

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

Aucune utilité

00

01

00

01

00,7

Total

62

71

09

142

100 %

Source : Données de l'enquête, 2005

Déplacement: Pour 08,5%, leur travail participe à la mobilité des populations. Le déplacement est une donne importante dans la vie des citoyens qui pour aller travailler ou vaquer à leur occupations, qui pour entretenir des liens sociaux. Pour nous montrer la place du transport dans le quotidien du citoyen sénégalais en général et richard-tollois en particulier, un chauffeur de taxi nous dit que : « Sans les taxis, rien ne va, rien ne vient. Si les voitures ne travaillent pas, si les transporteurs partaient en grève, les populations le sentiraient vite ». Cela est, sans nul doute, indéniable mais la mobilité n'est pas que l'apanage des agents de transport. Les vulcanisateurs, les cordonniers, mécaniciens et électriciens automobiles y jouent un rôle en amont et en aval. Si les cordonniers fournissent des brides et harnais de véhicules hippomobiles, si les mécaniciens et électriciens installent ou dépannent le système fonctionnel des véhicules, les vulcanisateurs ne sont pas en reste car « sans pneus, les voitures ne roulent pas » se contente de dire l'un d'entre eux.

Habillement, parures, beauté : De nos jours, même si l'habit ne fait pas le moine, il permet au moins à certains de sauver les apparences. La mode a aujourd'hui façonné les gens à telle enseigne que l'on est obligé de s'habiller bien à défaut de porter le dernier cri. L'importance de l'habillement, la quête de la beauté, du charme, l'amour des parures font que le domaine vestimentaire jouit d'une assez importante proportion (08,5%) au niveau de la population du secteur informel de Richard-Toll. Pour un couturier rencontré sur le terrain, « L'habillement fait la personne. La couverture n'a pas d'égale. La nudité n'est pas permise » ; un bijoutier nous dira ensuite que « Sans parures, la beauté n'est pas ». Les vendeurs d'articles vestimentaires essaient de satisfaire les clients par rapport aux derniers cris et aux divers labels que les gens désireraient voir.

Proximité : Quelques acteurs (07,1%) pensent que le mérite de leurs activités aura été de jouer sur la proximité des populations d'avec leur marché. Ils font tout, quitte à importer, pour que les populations puissent trouver chez eux, juste à la Capitale Sucrière, toute forme de marchandises ou de services qu'ils désireraient. Les besoins sont réglés au quotidien et au niveau local ; on n'a plus besoin de se déplacer jusqu'à Saint-Louis ou à Dakar pour trouver satisfaction. C'est ce qu'essaie d'étayer un boutiquier pour qui « les distances sont raccourcies, il n'est plus besoin d'aller loin pour s'approvisionner ». Cet avis est partagé par les gérants de tables d'articles frauduleux, les vendeurs de pièces détachées, d'articles vestimentaires, de légumes et condiments, de produits maraîchers.

Ravitaillement: Parmi ses nombreux avantages, le secteur informel de Richard-Toll pourvoit le ravitaillement alimentaire aux populations. La proportion de 07,1% s'occupe de la fourniture des denrées de première nécessité entre autres l'huile, le savon, le pain, le riz, le beurre, le lait, le sucre.

Dépannage et réparation : Occupant près de 07,1% de la population informelle, les services tels que le dépannage des véhicules et la réparation des matériels électroniques et électroménagers sont très sollicités de nos jours. La réparation des chaussures, l'apanage des cordonniers, aide beaucoup les populations à revenus modestes qui ne peuvent pas fréquemment acheter de nouvelles chaussures. De même, les vulcanisateurs réparent les pneus des véhicules en crevaison. Les vendeurs de pièces détachées participent activement aux activités de réparations auxquelles elle pourvoit des pièces de rechange.

Nécessité : Pour 04,9%, le secteur informel est un secteur nécessaire car il pourvoit des produits et des services qui sont utiles à plus d'un titre à la quotidienneté des masses. C'est ce que pensent franchement certains réparateurs d'appareils électroniques, couturiers, ébénistes, forgerons, mécaniciens et gérants de rizerie.

Participation au développement : La proportion de 02,8% représente ceux qui pensent participer par le biais de leurs fonctions respectives au développement de la Commune. Sans leurs contributions, en réalité, le développement s'imaginerait peut-être mal ou autrement. Une vendeuse de produits maraîchers nous dit que : « Je participe au développement local en vendant des produits locaux et je ne fais pas de la fraude ». Un vendeur de produits phytosanitaires ajoute ce qui suit : « Je travaille pour l'agriculture et pour les populations, deux sources du développement ».

Equipements: Dans le cadre de l'équipement de leurs maisons, chambres ou cuisines, les populations font recours aux services du secteur informel qui leur pourvoit des portes, fenêtres, lits, armoires, chaises, tables, ustensiles de cuisine...02,1% voient que l'équipement est très utile et occupe une position non négligeable dans la vie des humains. Les besoins en équipements sont souvent comblés par les forgerons et les soudeurs métalliques.

Formation : Pour d'autres acteurs (01,4%), le secteur informel joue aussi le rôle de formateur pour une frange populaire. L'école ou les centres agréés ne peuvent pas former tout le monde. L'apprentissage est une autre voie qui forge, en réalité, une importante partie des jeunes en quête de métier, surtout ceux qui ne sont pas instruits ou ceux qui ont un niveau d'instruction pas très poussé. C'est ce que confirme un menuisier ébéniste : « J'ai formé des jeunes réfugiés de la Mauritanie sur demande du HCR qui me payait après les événements de 1989 ». Dans le domaine commercial, un vendeur de chapelets et de livres coraniques nous explique que ses articles servent à la pratique du culte mais aussi à la formation ou à l'autoformation en matière de religion islamique.

Machines agricoles et divers : Certains acteurs -couturiers confectionnant des sacs, fabricants de moissonneuses-batteuses- (01,4%) trouvent une très bonne raison de s'investir dans la fabrique ou la vente de matériels ou de produits agricoles. L'agriculture se pratique dans presque toute la Vallée du fleuve à toutes les périodes de l'année. En sus de la campagne agricole, la contre-saison et le maraîchage permettent au secteur agricole de rester dynamique pendant toute l'année. Les machines et intrants peuvent provenir du secteur non structuré.

Autonomie personnelle: D'aucuns (00,7%) voient qu'en assurant leur propre autonomie, ils allègent le poids voir le fardeau que peut constituer leur dépendance. Avec son propre travail, on peut s'assurer ses frais d'habillement, de scolarité entre autres.

Propreté des voitures : En s'investissant dans le métier de laveur de voiture, des acteurs (00,7%) sentent qu'ils rendent services en garantissant une hygiène, une propreté et un certain bien-être aux clients voyageurs. A un laveur de penser qu'« une voiture sale décourage le client ».

Au niveau de la mairie :

Taxes : La grande majorité des acteurs soit 75,4% citent le paiement des taxes comme la vraie utilité que leur travail représente pour la Municipalité. En réalité, avec la politique décentralisatrice qui prône que le développement parte du local, la contribution des acteurs du secteur informel est sollicitée par les autorités locales élues. « On a beaucoup d'utilités pour la Mairie, c'est grâce à nous qu'elle est là » dira un  taximan.

Marchés : Une certaine coopération existe entre autorités locales et acteurs informels (04,2%). La municipalité offre souvent des marchés, des travaux aux acteurs locaux qui en ont, en réalité, les compétences. C'est une des raisons pour lesquelles certains acteurs cherchent des papiers pour répondre aux formalités d'octroi de marché par la Commune. C'est comme qui dirait que la Municipalité participe ou pousse à une certaine formalisation du secteur informel sans peut-être en être consciente. A la demande de la Mairie, des ébénistes et des soudeurs confectionnent des tables, des bancs et des bureaux... Des vulcanisateurs prennent en charge la réparation de pneus de véhicules des agents.

Allègement de la charge : Des acteurs (01,4%) avancent qu'en travaillant, ils allègent à la mairie la pression de leur droit au travail. Le taux de chômage est amoindri ou absorbé partiellement par l'économie informelle sans laquelle il ameuterait peut-être l'opinion internationale. Pour un ébéniste, « si on ne travaillait pas, on allait constituer une charge demandeuse d'emplois à la Mairie ».

Aucune utilité : 13,4% ne pensent avoir aucune utilité pour la Municipalité du fait qu'ils ne s'acquittent pas de taxes.

Au niveau de la famille :

Couverture totale ou prise en charge : L'impact premier du travail informel est d'assurer une couverture ou une prise en charge des besoins de la famille. Certains précisent que la prise en charge est totale dans la mesure où elle englobe la dépense quotidienne, les besoins de scolarité des enfants, le règlement des besoins particuliers et collectifs des membres de la parentèle. L'écrasante majorité des enquêtés (78,2%) assure les urgences, les besoins les plus élémentaires et le minimum à leur famille. Comme susnommé, la charge moyenne des 93,6% de la population informelle est de 08 personnes. C'est un chiffre énorme, en réalité. D'aucuns sont seuls à assumer le fardeau.

Soutien et participation : Certains (16,2%) participent uniquement aux besoins de leur famille. D'aucuns envoient des mandats à leurs parents pour les soutenir dans leurs charges. Quelques-uns règlent les besoins et des problèmes uniquement à la demande.

Autonomie personnelle : D'aucuns (01,4%) imaginent que le plus grand impact de leur activité est de leur permettre de se libérer de la dépendance du cercle familial. Quand on s'achète ses propres habits, quand on assure soi-même ses frais scolaires, on est en position de penser qu'on aide vraiment sa famille qui devait s'en charger.

Formation : Dans certaines activités, on note une certaine forme d'héritage du métier qui fait que les différents membres, au lieu de fouiner ailleurs, bifurquent uniquement dans l'atelier pour se former au métier qui s'impose à eux. C'est du moins l'opinion de 00,7% de la population. C'est aussi le cas de certains apprentis de l'ébénisterie.

II. Fonction Economique

A -Part dans l'Economie globale

La participation du secteur informel dans l'économie globale de Richard-Toll va s'appréhender à travers des indicateurs tels que le Produit Local Brut (PLB), la production annuelle des acteurs et le niveau de l'investissement...

Version locale du Produit Intérieur Brut, le Produit Local Brut (PLB) est la somme des richesses formées ou créées au niveau du périmètre communal pendant toute une année. Estimé, selon le rapport du Club du Sahel, à 30 018 000 000 FCFA, le PLB de la Commune de Richard-Toll est assez important et donnerait une productivité moyenne de 474 000FCFA environ par habitant. Rappelons que les statistiques font état de 63 500 habitants. Il est à observer que le poids imposant de ce PLB est imputable dans une large mesure à la présence de la Compagnie Sucrière Sénégalaise classée dans l'économie moderne à côté du Gîte d'étape, de la SAED, de la CNCAS, de la BICIS et de la CBAO. Ce secteur moderne assure 17 888 000 000FCFA soit 59% de ce PLB. De lui dépendent 33 719 individus soit 53% de la population de la Commune. Par ailleurs, après le secteur moderne, c'est l'économie informelle- à laquelle dépendent 17 640 hommes, femmes et enfants soit 28% du peuple de Richard-Toll- qui donne à cette ville son PLB imposant. Elle y participe à hauteur de 6 028 000 000FCFA soit 20%, comme en atteste le tableau qui suit.

Tableau 17: Produit Local Brut de Richard-Toll en 1998

Grands Secteurs

Valeur Ajoutée

Population concernée

Productivité moyenne par habitant (KFCFA)

Millions

%

Effectifs

%

Primaire

5 259

18

10 193

16

516

Economie populaire

6 028

20

17 640

28

342

Moderne non agricole

17 888

59

33 719

53

530

Services Publics

843

03

1 948

03

433

Total

30 018

100

63 500

100

474

Source : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.11

Mis en rapport avec la population couverte, le secteur informel a une moyenne productive de 342 000FCFA par habitant. L'artisanat, le commerce et le transport de Richard-Toll bénéficient grandement de ce que la CSS verse à ses employés en terme de salaire (plus de 11 Milliards annuels). La redistribution fait que le marché est tellement important que la destination Richard-Toll devient prisée par les acteurs de ce secteur. Par ailleurs, force est de noter que, dans une ville où les étrangers sont fortement représentés, une bonne part de cette production est rapatriée vers des destinations autres que le milieu de production. Ce qui montre le décalage entre la production des acteurs et leur niveau de vie réel.

Par ailleurs, il est intéressant d'étudier en détails l'apport de l'informel à travers la spécification de ses différentes composantes. Le tableau suivant apporte des éclaircissements.

Tableau 18: Composantes de l'économie populaire.

Typologie

Nombre d'unités

Valeur ajoutée

Population

Productivité moyenne (KFCFA)

Millions

%

Effectifs

%

Commerce

3 541

3 216,5

53

9 494

54

339

Artisanat

3 119

1 806

30

6 281

36

287

Transport

453

1 005,8

17

1 865

10

539

Total secteur

7 113

6 028,3

100

17 640

100

342

Source : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.15

Les 6 028 300 000FCFA de PLB créé par le secteur informel proviennent pour plus de la moitié 3 216 500 000FCFA du commerce qui polarise aussi bien plus de la moitié des unités de production que de la population dépendante du secteur. Ensuite, c'est le domaine artisanal qui fournit 30% des richesses du secteur en couvrant environ 6 281 personnes. Ce qui lui fait une productivité plus faible que celui du commerce 287 000 FCFA par tête contre 339 000FCFA. Le transport, quant à lui, comptant moins d'unités de production et nourrissant une population plus faible a un PLB par habitant plus élevé : 539 000FCFA.

Les performances économiques du secteur informel sont imputables, en réalité, au contexte local imposant du point de vue national. La ville industrielle, la position de carrefour et la vocation agricole engendrent des besoins énormes en terme de ravitaillement, de réparation et de mobilité qui sont des leviers du dynamisme économique d'une localité.

Au-delà du PLB, jetons un coup d'oeil sur les sources de financement qui permettent aux unités du secteur informel de réaliser de telles richesses au niveau de la localité.

Tableau 19: Les sources de financement au début du travail.

Sources de financement

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Aides

21

25

06

52

36,7

Banques

00

01

01

02

01,4

Capital personnel

41

42

02

85

59,8

Mutuelles

00

00

00

00

00,0

Tontines

00

01

00

01

00,7

Pas de réponse

00

02

00

02

01,4

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Au vu de ce tableau, il est à constater que les sources primaires de financement les plus fréquentes sont l'utilisation du capital personnel à 59,8% et l'appui d'un tiers à 36,7%. C'est donc dire que le crédit bancaire n'a été alloué qu'à 01,4% de la population exerçant dans les domaines que sont le commerce (vente de pièces détachées) et le transport (taxi). La faible fréquence du recours au crédit bancaire s'expliquerait par l'ignorance ou les tas de préjugés des acteurs vis-à-vis des institutions financières formelles. Il est à ajouter que l'accès au crédit bancaire nécessite aussi des démarches nombreuses et un taux d'intérêt dont les acteurs se méfient. D'aucuns ont fait une autre activité comme, par exemple, l'agriculture au niveau de laquelle ils ont amassé leur capital de départ. Ceci montre et confirme, une fois de plus, que le secteur informel est le monde de la débrouille où certains acteurs, partant de rien ou de peu de chose, veulent et vont accéder à grand-chose. On ne compte ni sur l'Etat ni sur les organisations formelles pour forger son histoire. On écrit soi-même sa propre version. Pour d'autres, il a fallu un coup de main venant du mari, du père, d'un frère, d'un ami ou d'un autre parent pour démarrer l'activité. Souvent les moyens de production appartiennent à un tiers. Un menuisier ébéniste a bénéficié d'un financement de l'ONG-FED.

Le développement de l'autofinancement pose la problématique de la pluriactivité. En effet, les acteurs de l'informel cumulent des fonctions dans un même secteur ou dans un autre.

Il apparaît qu'à l'exception des 68,3% qui n'exercent que leur métier actuel, 05,6% s'investissent parallèlement dans l'artisanat et 04,9% dans le commerce. Le transport est un domaine qui n'est pas visité par ceux qui font de la pluriactivité. Par ailleurs, 21,2% s'investissent dans des secteurs autres tels que l'agriculture, l'élevage...

Tableau 20: La pratique ou non d'autres activités par les acteurs de l'informel.

Autre activité

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Artisanat

02

02

04

08

05,6

Commerce

02

04

01

07

04,9

Transport

00

00

00

00

00,0

Autre secteur

19

11

00

30

21,2

Aucune

39

54

04

97

68,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Dans le secteur du transport, des acteurs s'investissent dans la pluriactivité comme agriculteur, éleveur, soudeur métallique ou pompiste en dehors de leur métier informel. D'autres travaillent à la CSS. Le commerce est aussi fréquenté par ces derniers.

Dans l'artisanat, cordonniers et mécaniciens se livrent au commerce de volailles et de motos, lorsque vulcanisateurs et forgerons auscultent d'autres spécialités artisanales telles la fabrication de collier d'art et la fonderie. D'autres artisans « pluri-acteurs » tels les soudeurs, mécaniciens, tailleurs, cordonniers et horlogers pratiquent d'autres activités en tant qu'agriculteurs, employés à la CSS ou du projet SEN 010 de ramassage des ordures.

Dans le commerce, certains réinvestissent dans d'autres domaines du commerce. Par exemple, on observe le vendeur de thé préparé qui vend du biscuit et du sucre, le vendeur de pièces détachées qui fait du business et place des voitures mais aussi le vendeur d'habits prêt-à-porter qui investit dans l'électronique. Des gérants de tables de produits frauduleux font de la cordonnerie et des gérants de mercerie qui font de la couture. Divers autres secteurs sont auscultés par les commerçants. Nous avons observé les exemples du gérant de boutique de quartier qui pratique de l'élevage dans le Diéri, du vendeur de produits maraîchers qui fait aussi de l'élevage en même temps, du vendeur de chaussures qui fait du business et affaires, du vendeur de viande qui fait de l'agriculture, de la gérante de restaurant qui est aussi professeur alphabétiseur en Halpulaar, du vendeur d'articles vestimentaires employé aussi à la CSS, du vendeur de pièces détachées qui gère la sonorisation, mais aussi du vendeur de pièces détachées qui assure la gestion d'une auberge à côté..., pour ne citer que ces cas de figure.

Ceci nous amène à la conclusion que les acteurs du secteur informel utilisent des stratégies de sortie de crise, de placement de fonds dans d'autres secteurs mais aussi de diversification des sources de revenus. C'est le cas, par exemple du commerçant ou de l'artisan qui travaille à la CSS et qui consacre ses heures de repos à la libre pratique de son commerce ou de son métier. Ainsi, le secteur informel assure une certaine stabilité à l'acteur qui a plusieurs sources de revenus lui permettant soit de rehausser son niveau de vie soit de développer son activité informelle tout dans une parfaite autonomie financière.

Le capital investi dans l'activité informelle influe grandement sur la productivité.

Tableau 21: La production annuelle ou le chiffre d'affaires des acteurs de l'informel.

Production annuelle

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

%

C.C.

Artisanat

Commerce

Transport

[0000-50000[

00

00

01

01

00,7

00,7

[50000-100000[

00

03

00

03

02,1

02,8

[100000-200000[

03

02

01

06

04,2

07,0

[200000-300000[

04

02

00

06

04,2

11,2

[300000-500000[

04

06

01

11

07,8

19,0

[500000-1million [

17

15

02

34

23,9

42,9

[1million-2millions [

04

07

02

13

09,2

52,1

[2millions-5millions [

02

04

00

06

04,2

56,3

[5millions-10millions [

00

04

00

04

02,8

59,1

[10millions- + [

02

04

00

06

04,2

63,3

Ne savent pas

25

23

02

50

35,3

98,6

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

100

Total

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

D'entame, il est à signaler que, parce que ne tenant pas de cahiers comptables, bien des acteurs de l'informel ignorent l'état de leurs finances. Ni les dépenses ni les recettes ni les salaires ne sont estimables chez certains acteurs. Cela se retrouve un peu dans l'estimation des chiffres d'affaires réalisés pour une année d'activités donnée. Un taux non moins important de 35,3% ignore complètement le niveau annuel de production. Ceci nous montre que des études sur le secteur informel ne peuvent donner que des résultats partiels ou approximatifs dans la mesure où les préoccupations du chercheur ou des autorités n'entrent pas toujours dans la logique de l'acteur du secteur informel. La tenue de cahier comptable n'est pas toujours en vigueur dans le monde informel non pas seulement du fait du faible niveau d'instruction mais encore du fait de la faible appropriation de la logique accumulative capitaliste occidentale.

Cela étant, si 00,7% du transport (pousse-pousse) ne réalisent pas un produit de 50 000FCFA en un an, si 02,1% du commerce (thé préparé, produits maraîchers, restaurant) produisent entre 50 000 et 100 000FCFA, une proportion de 23,9% issue des trois secteurs a un chiffre d'affaires allant de 500 000 à 1 000 000FCFA. Dans le transport, ce sont des chauffeurs de taxis qui atteignent ce chiffre. Dans l'artisanat, c'est le cas des vulcanisateurs, gérants de rizerie, soudeurs métalliques, bijoutiers, cordonniers, mécaniciens, couturiers, coiffeurs et réparateurs électroniques. Dans le commerce, ce sont les marchands de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, de chaussures, de céréales, de produits frauduleux, de pièces détachées, de légumes, de fripe et de denrées alimentaires et cosmétiques.

Un groupe de 04,2% de commerçants et d'artisans obtient annuellement plus de 10 000 000FCFA. Ce sont les ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs, vendeurs de fripe, de pièces détachées, de viande et de produits maraîchers. La différence du chiffre d'affaires au sein d'un même type d'activité est imputable à la variation de la taille des unités de production, à l'appropriation des méthodes de gestion comptable et de l'accumulation.

Par ailleurs, en consultant la dernière colonne des proportions cumulées croissantes du tableau 21, nous nous rendons compte que 42,9% ont moins d'un million de chiffre d'affaires. D'un autre côté, un calcul fait avec la soustraction de ceux qui ignorent leur production réelle, nous permet de conclure qu'une proportion de 20,4% des unités de production du secteur informe réalise un chiffre annuel d'au moins un million de Francs CFA.

Le caractère économique de l'apport du secteur informel ne s'apprécie pas uniquement à l'aune de la création de richesses, il va au-delà et se matérialise par l'investissement.

Tableau 22: Répartition des enquêtés selon l'acte d'investissement.

Investissements

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Artisanat

00

00

01

01

00,7

Commerce

07

00

00

07

04,9

Transport

00

02

00

02

01,4

Autre domaine

17

18

00

35

24,7

Pas d'investissement

38

51

08

97

68,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Jaugeant le niveau d'investissement des acteurs dans la Commune de Richard-Toll, la tendance qui se dégage montre que 68,3% de la population informelle n'investissent pas du tout. Pour certains, quand on investit, c'est qu'il y a déjà un surplus qui est dégagé mais quand on gère des urgences quotidiennement, on ne peut songer à épargner ou à faire quoi que ce soit. La petitesse de certaines activités ou la faiblesse du niveau de revenu, de même que la lourdeur de la charge familiale constituent autant d'écueils à toute velléité d'investissement. C'est ce que nous dit en wolof un des couturiers interviewés : « Xaalis buy dajaloo nanuy `investir et non' ay dërëm dërëm ». (On investit de grands fonds et non des pièces).

Cependant, l'investissement vise plus des domaines autres que les trois catégories que sont l'artisanat (00,7%), le commerce (04,9%) et le transport (01,4%). C'est dans l'immobilier, l'élevage et l'agriculture que les acteurs informels (24,7%) investissent le plus, peut-être pour s'assurer une certaine sécurité.

B -Part dans le budget communal

Le conseiller municipal M. Doudou Diaw `Bakhao' nous révèle que, entre autres sources du budget de la commune, il y a lieu de noter « ... la patente de la CSS ; ensuite, les recettes au niveau, par exemple, de la pression fiscale au niveau du secteur informel ; mais l'essentiel, 50% à peu près, c'est la CSS qui le fournit ». En revanche, au-delà la contribution de la CSS, l'informel participe aussi à la formation de ce budget par le truchement des taxes et impôts auxquels il s'acquitte. Analysons, à ce propos, le tableau 23.

Tableau 23: Répartition des enquêtés selon les taxes ou impôts payés.

Taxes ou impôts payés

EFFECTIFS

TOTAL sur 142

Pourcentage

Artis.

Comm.

Transp.

Certificat de santé

00

03

00

03

02,1

Droit d'abattage

00

03

00

03

02,1

Droit de place

32

50

00

82

57,7

Droit de stationnement

00

00

06

06

04,2

Impôt sur le revenu

00

01

00

01

00,7

Imp. sur les comptes en banque

01

00

00

01

00,7

Patente

08

36

00

44

30,9

Taxe sur les ordures ménagères

03

01

00

04

02,8

TVA

00

01

00

01

00,7

Ne savent pas

02

02

00

04

02,8

Source : Données de l'enquête, 2005

Les différents impôts et taxes payés par les acteurs de l'informel sont : le certificat ou la carte de santé, le droit d'abattage, le droit de place, le droit de stationnement, l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les comptes en banque, la patente, la taxe sur les ordures, la TVA.

Certificat de santé : La carte de santé est imposée aux commerçants qui s'investissent dans les produits alimentaires. C'est souvent le service d'hygiène qui se charge de mettre en application le respect des principes de rigueur appliqués au commerce de produits alimentaires qui sont souvent vulnérables à la péremption. 02,1% des acteurs, tous des commerçants paient la carte à 3 000F tous les six mois.

Droit d'abattage : C'est une taxe perçue sur les vendeurs de viande au niveau de l'abattoir. 02,1% paient 500FCFA par bête abattue et 300F au vétérinaire qui appose son cachet sanitaire attestant l'hygiène.

Droit de place : 57,7% de la population informelle paient cette taxe qui est adressée aux commerçants et aux artisans. Presque tous ceux qui opèrent au niveau des marchés de la Commune la paient. Les vendeurs de tables, d'étales et autres gérants de petites cantines paient 3 000F le mois soit 100F par jour tandis que les grandes cantines et boutiques peuvent payer jusqu'à 20 000FCFA avec le phénomène de la sous-location. Dans le domaine artisanal, on note une certaine différence dans les tarifications du droit de place. Si certains cordonniers, forgerons, horlogers et mécaniciens paient 100FCFA journellement, des décalages énormes sont constatés au niveau des payeurs mensuels ; les exemples font légion : gérant de rizerie, réparateur électronique(6 000FCFA) ; mécaniciens(7 000 à 7 500FCFA) ; vulcanisateur, collecteur de peaux et de cuirs (3 600FCFA) ; Fabricant de moissonneuses-batteuses, soudeur métallique (5 000FCFA) ; mécanicien (10 000FCFA) ; mécanicien (1 500 à 3 000FCFA), couturier (25 000FCFA) ; couturier (2 400FCFA). Certains grands écarts -remarqués aussi au niveau du commerce- s'expliquent par l'importance des tarifs de sous-location d'ailleurs remise en cause par certains acteurs à l'exemple du gérant de rizerie pour qui « la Mairie loue à 6 000FCFA la place mais mon sous-locataire me soutire 15 000FCFA par mois et il s'occupe lui-même de traiter avec la Mairie ».

Droit de stationnement : Cette taxe est essentiellement administrée aux transporteurs, surtout aux chauffeurs de taxis et aux conducteurs de calèches ou autres véhicules hippomobiles. La proportion qui l'honore s'élève à 04,2%. Le droit de stationnement s'élève à 3 000FCFA par mois dans la Commune de Richard-Toll.

Impôt sur le revenu : 00,7% de la catégorie des commerçants s'acquittent de cet impôt. Un vendeur de produits phytosanitaires se rappelle de l'avoir payé.

Impôt sur les comptes en banque : 00,7% des artisans paient cet impôt qui est perçu sur les comptes bancaires. Un collecteur de peaux et de cuirs nous assure qu'il s'en acquitte.

Patente : 30,9% partagés entre les commerçants et les artisans paient la patente. Ce sont les commerçants qui sont plus sollicités en matière de patente. La patente n'est pas frappée d'une certaine fixité raison pour laquelle, certains acteurs répondent que « ça dépend » quand il leur est demandé d'évaluer le coût. Il est à retenir que la patente est perçue annuellement et souvent sur évaluation approximative sur place et à l'instant de l'imposition par les agents du fisc. Pour montrer des exemples, on peut citer les cas de quelques artisans qui paient des sommes variables pour une même activité : soudeur métallique (12 000FCFA), collecteur de peaux et de cuirs (23 000FCFA), mécanicien (35 000FCFA), vulcanisateur (18 000FCFA), réparateur électronique (5 000FCFA), mécanicien (15 000FCFA), couturier (9 000FCFA). Au niveau commercial, on rencontre des exemples de la même espèce : boutiques, vendeurs de produits phytosanitaires et de viande (10 000FCFA), articles vestimentaires (25 000FCFA), vendeurs de céréales et gérants de table de produits frauduleux (3 000FCFA), vendeur de fripe (6 000FCFA), vendeur de pièces détachées, de tissus et restauratrices (15 000FCFA)...

Taxe sur les ordures ménagères : 02,8% des acteurs commerçants et artisans paient la taxe sur les ordures ménagères. La taxe s'élève à 750FCFA mensuellement versés à la Mairie. Ce sont surtout les couturiers, bijoutiers et gérants de rizerie qui la paient le plus fréquemment.

TVA : 00,7% de commerçants paient la Taxe à la Valeur Ajoutée. Elle est définie comme un impôt indirect prélevé sur la consommation (de biens et de services) et dont le montant payé par le consommateur final est reversé à l'Etat par les entreprises qui le perçoivent. Un importateur de chaussures paie 200 000 à 300 000FCFA à partir du Port.

Le civisme fiscal est justifié diversement par les assujettis. Par rapport à l'intérêt qui meut la volonté d'accepter l'imposition, diverses opinions sont avancées par les acteurs.

Tableau 24: L'intérêt trouvé dans le paiement des taxes ou impôts.

Intérêt trouvé

EFFECTIFS

TOTAL

%

Artisanat

Commerce

Transport

Aucun intérêt

11

20

04

35

24,7

C'est normal et obligatoire

05

04

--

09

06,4

Développer la ville

04

22

01

27

19,1

Formalité

02

02

--

04

02,8

Maintien de l'Hygiène Publique

--

01

--

01

00,7

Obtention de la place

08

12

--

10

14,0

Pour la Mairie

03

--

--

03

02,1

Respect de la volonté de l'autorité

01

01

--

02

01,4

Ne comprennent pas

01

03

01

05

03,5

Pas de réponse

27

06

03

36

25,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Aucun intérêt : 24,7% trouvent que c'est parce qu'on leur impose qu'ils paient les taxes ou impôts dont ils ne voient pas les contreparties. « Aucun ! J'ai construit la place, j'évacue moi-même mes ordures et je règle mes factures d'eau », se contente d'ajouter un horloger qui partage son opinion avec certains mécaniciens, forgerons, couturiers et soudeurs.

Développer la ville : Pour 11,3%, essentiellement des commerçants et des transporteurs, le paiement des taxes et impôts constitue une contribution du citoyen au développement de sa ville. Cela montre que l'esprit civique est bien présent au sein du milieu informel. Un marchand de produits maraîchers au marché de Khouma dit ceci : « Les taxes servent à construire des places mais, comme tu le vois, on porte des brassards rouges (grève). Si le maire ne fait rien, on ne paiera pas les taxes du lundi ». « Ça sert à la Mairie qui construit et aide les populations. Ça revient à ma famille », telle est l'idée d'un collecteur de peaux et de cuirs. A cette idée se joint celle d'un fabricant de matériels agricoles selon laquelle, les taxes permettent à l'équipe municipale de faire face à l'extension du programme d'adduction d'eau et d'éclairage public, entre autres priorités. Un vendeur de chaussures pense que les impôts et taxes  vont « permettre à l'Etat de respecter ses engagements et au système de fonctionner ». Un vendeur de pièces détachées ajoutera que « C'est important. C'est grâce aux taxes que l'Etat se maintient. Quand tu veux des droits, fais ton devoir d'abord ».

C'est normal et obligatoire : Des commerçants et artisans (06,4%) trouvent aussi que c'est une obligation d'être imposé quand on vit dans un pays. Un couturier de dire que « Quand on est dans un marché, on doit payer des droits ».

Obtention de la place : Pour obtenir une place afin d'exercer librement son travail, on paie les taxes et impôts qui s'imposent. La taxe ouvre la voie à travailler sur place sans s'enfuir chaque jour. Un vulcanisateur nous dira que « la terre appartient à la Mairie, c'est une obligation de la payer », là où un couturier ajoutera que « l'emplacement m'apporte beaucoup de clients ». C'est une garantie de l'exercice de son métier dans la tranquillité.

Formalité: 02,8% de la population enquêtée paient les taxes et impôts qui sont des formalités que l'on est obligé de remplir pour l'obtention de marchés dans le formel ou au niveau même des autorités locales. Certains acteurs sont donc très conscients que l'obtention de marchés et la postulation dans les appels d'offre demandent que des pas soient franchis vers la formalisation. Le paiement des taxes « joue sur les relations avec les pouvoirs publics surtout pour obtenir des marchés, par exemple », comme le pense un réparateur électronique.

Pour la Mairie : Des acteurs (02,1%) pensent sincèrement que les taxes payées sont pour la Mairie qui l'utilise à sa guise. Pour un mécanicien, « avec les charges de la Mairie, c'est obligatoire » de payer les taxes.

Respect de la volonté de l'autorité: 01,4% partagés entre l'artisanat et le commerce disent que c'est pour respecter la volonté de l'autorité qu'ils s'acquittent des taxes et impôts qui leur sont soumis. « Waxi buur, waaw la sant », nous lance un de nos enquêtés.

Maintien de l'hygiène publique : Une gérante de table de petit-déjeuner voit qu'avec la taxe, l'hygiène publique est garantie. C'est sûrement à la taxe sur les ordures ménagères qu'elle fait allusion dans la mesure où la contrepartie est l'évacuation des ordures et le maintien de la salubrité de la ville.

Par ailleurs, si des taxes et impôts sont payés dans l'informel, il est important de savoir le niveau de participation de l'informel au budget local. Le tableau 25 l'étaye à plus d'un titre.

Tableau 25: Le niveau de participation au budget communal.

Participation au budget

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Participent

46

63

06

115

80,9

Ne participent pas

15

06

02

23

16,2

Ne savent pas

01

02

01

04

02,9

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Les acteurs de l'informel de la Commune de Richard-Toll pensent à hauteur de 80,9% que leur contribution au budget communal est effective. Ceci du fait qu'ils sont toujours imposés ou taxés par les autorités locales. Pourtant le rapport du secteur informel de Richard-Toll à la fiscalité fait état de 75,4% qui honorent les taxes et impôts. Cet écart entre ceux qui paient des taxes (75,4%) et ceux qui contribuent au budget local (80,9%) s'explique par le fait que d'aucuns considèrent qu'en dehors de leurs activités, les pièces d'état-civil et autres papiers se font moyennant une somme versée à la Mairie ; ce qui leur vaut une participation effective aux finances locales.

Par ailleurs, ceux qui pensent ne pas contribuer aux ressources de la Municipalité sont des agents de transport tels les conducteurs de pousse-pousse et les laveurs, des artisans comme les électriciens automobiles, les cordonniers, les couturiers, les ébénistes, les soudeurs, les vulcanisateurs, les coiffeurs, les mécaniciens et réparateurs électroniques, des commerçants comme les vendeurs de thé préparé, d'effets de toilette, des boutiquiers et gérants de tables de petit-déjeuner. Cette absence de contribution est imputable quelquefois à la pression fiscale au niveau communal. Les contrôleurs municipaux n'imposent pas à tous les acteurs. Pour M. Diaw, « on a surtout un problème de deuxième niveau. C'est pas un problème de l'effectif, ...de chiffre et de nombre, c'est un problème, à l'heure actuelle, de contrôle des collecteurs à travers un superviseur et un problème de contrôle par opérations de coup de poing pour permettre... une plus grande efficacité de la pression fiscale. Et, aussi, la police municipale de Richard-Toll est une police est vieillie, corrompue, qui n'aide pas les collecteurs à avoir une certaine autorité auprès des revendeurs ».

Revenant à la participation du secteur informel au budget, une analyse exhaustive du budget ne sera pas faite ici. Il s'agira de voir uniquement les niveaux où la participation des acteurs de l'informel est notable. Soit dit en passant, le budget est un système de prévision de recettes et de dépenses pour une année financière allant du 1er janvier au 31 décembre. Faisant abstraction des dépenses, nous nous intéresserons aux ressources de la Commune au titre de l'année 2005. Le budget voté le 26 mars 2005 et approuvé le 30 mai 2005 fait état de 798 880 000 FCFA de recettes réparties comme suit :

Tableau 26 : Recettes communales de l'exercice 2005

Type de recettes

Prévisions 2005

Approbation 2005

Fonctionnement

747 069 000 FCFA

670 349 000 FCFA

Investissement

225 751 000 FCFA

128 531 000 FCFA

Total

972 820 000 FCFA

798 880 000 FCFA

Source : Budget de la Commune de Richard-Toll, Exercice 2005

Les recettes sont de deux ordres. D'une part, les recettes de fonctionnement  viennent des taxes directes et indirectes, de la dotation de fonctionnement de l'Etat et des excédents du budget écoulé. D'autre part, les recettes d'investissement trouvent leur origine dans les ristournes que l'Etat renvoie aux collectivités et dans les fonds de concours. Cela étant, la contribution du secteur qui nous intéresse se situe au niveau des recettes de fonctionnement.

Tableau 27 : Chapitres du budget auxquels contribue le secteur informel

Codes

Nomenclatures

Recettes (FCFA)

Recettes

partagées

Recettes propres

Chapitre 70 

Produits de l'exploitation

51 139 000

7 000 000

400 000

Chapitre 71

Produits domaniaux

38 900 000

11 500 000

26 200 000

Chapitre 72 

Impôts locaux

459 700 000

350 700 000

-----------------

Chapitre 73

Taxes municipales

8 660 000

2 500 000

4 000 000

Chapitre 74 

Produits divers

2 750 000

750 000

-----------------

Chapitre 75 

Dotation de fonctionnement

63 527 530

63 527 530

-----------------

Total

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

624 676 530

435 977 530

30 600 000

Source : Données de l'enquête, 2005

Le constat qui s'impose au regard de ce tableau évoque que le secteur informel participe réellement au niveau des recettes de fonctionnement s'élevant à 670 349 000 FCFA. Les chapitres auxquels participe l'informel rassemblent les 624 676 530 FCFA. L'informel participe, en réalité, à la formation des 435 977 530 FCFA des recettes totales. Par ailleurs, la participation minimale est fixée à 30 600 000 FCFA. De façon plus détaillée, les lignes qui suivent donnent des explications.

Du fait du mécanisme de la caisse unique, il est des recettes auxquelles le secteur informel participe au même titre que d'autres secteurs d'un côté et de l'autre des recettes provenant uniquement de lui.

Recettes partagées avec d'autres secteurs : Ce sont des chapitres du budget auxquels participent aussi bien les acteurs de l'informel que les autres opérateurs de la commune tels la CSS, les populations, les autres entreprises...

D'abord, au niveau des produits de l'exploitation estimés à 51 139 000FCFA, les acteurs du secteur informel contribuent aux 4 000 000FCFA issus des produits de l'expédition des actes administratifs et des actes d'état-civil. Par ailleurs, les taxes d'enlèvement des ordures ménagères s'évaluent à 3 000 000FCFA.

Ensuite, dans les produits domaniaux, c'est à trois niveaux que participe l'informel : au niveau des permis de station sur la voie publique (6 000 000FCFA), des locations sur la voie publique (5 000 000FCFA) et des droits d'occupation du domaine public (500 000FCFA). C'est donc dire que sur 38 900 000FCFA de produits domaniaux, l'informel participe à la formation des 11 500 000FCFA.

Quant aux impôts locaux, ils s'élèvent à 459 700 000FCFA. Les patentes occupent 330 500 000FCFA, les licences 100 000FCFA, les centimes additionnels à la contribution des patentes 100 000FCFA tandis que la taxe sur les véhicules est estimée à 20 000 000FCFA. La l'économie informelle participe à la formation des 350 700 000FCFA.

Puis au niveau des taxes municipales, les recettes partagées sont la taxe complémentaire à la contribution des patentes (2 000 000FCFA) et la taxe sur l'eau consommée (500 000FCFA).

En sus de cela, les produits des amendes correctionnelles ou de simple police auxquels participe l'informel sont de l'ordre de 750 000FCFA.

Enfin, le fonds de dotation de fonctionnement est de l'ordre de 63 527 530FCFA. C'est une partie de la TVA qui est répartie aux différentes collectivités et services déconcentrés.

Recettes propres au secteur informel : Ce sont des recettes qui sont uniquement imputables aux acteurs de l'économie informelle.

Au chapitre des produits de l'exploitation, deux recettes sont directement imputées à l'informel. D'une part, les produits des droits de taxes perçus aux abattoirs sont estimés à 300 000FCFA. D'autre part, la taxe de visite et de poinçonnage des viandes est de l'ordre de 100 000FCFA. D'où 400 000FCFA des produits de l'exploitation viennent du secteur.

S'agissant des produits domaniaux, c'est à cinq niveaux que la contribution informelle est réelle. Les produits de location de souks donnent 13 000 000FCFA quand les produits des loges et stalles sont estimés à 500 000FCFA. Donc, les produits de droit de place produisent 12 000 000FCFA, la taxe sur le produit des ventes d'animaux 100 000FCFA. Le stationnement des taxis verse 600 000FCFA. Cela étant, parmi les 38 900 000FCFA des produits domaniaux, le secteur informel offre 26 200 000FCFA.

Au niveau des taxes municipales faisant un total de 8 660 000FCFA, la taxe sur les véhicules hippomobiles permet à l'informel d'apporter 4 000 000FCFA au budget.

En synthèse, au regard de ce qui est expliqué précédemment, nous pouvons dire que la participation individuelle minimale du secteur informel aux recettes de fonctionnement tourne autour de 30 400 000FCFA. Par ailleurs, faudrait-il savoir que le mécanisme de la caisse unique ne permet pas de savoir exactement la part réelle du secteur informel au niveau des recettes partagées avec les autres secteurs estimées à 435 977 530FCFA. Ce qui nous amène à dire que le secteur informel contribue à plus de 30 400 000FCFA mais aussi à moins 435 977 530FCFA au budget communal.

Chapitre II : Développement Local

Après l'analyse de l'apport des acteurs aux finances locales, il serait pertinent et intéressant de recueillir leurs opinions sur le bilan ou leurs rapports avec l'équipe en place.

I. Proximité gestionnaire

L'oeuvre de l'équipe municipale de Richard-Toll est diversement appréciée. Les prises de positions des populations aux côtés ou aux antipodes de l'équipe municipale en exercice trouvent leurs explications à travers les raisons qui suivent. Il est à signaler, avant tout, que 20,4% ont préféré s'abstenir pour cette question, comme le confirme le tableau 28.

Tableau 28: Appréciations de l'oeuvre de la Mairie.

Jugement

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Il reste beaucoup à faire

04

11

00

15

10,6

Inondations

03

03

01

07

04,9

N'a rien fait

14

18

03

35

24,7

Pont Sermat détérioré

01

00

02

03

02,1

Travaille bien

32

21

00

53

37,3

Pas de réponse

08

18

03

29

20,4

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

« Elle travaille bien » : Pour 37,3%, la Mairie fait très bien la tâche qui lui est dévolue. Elle fait des réalisations très palpables dans la ville et participe activement à l'amélioration des conditions de vie des populations de la Commune. Des mécaniciens constatent que « les ordures sont ramassées ; on construit des marchés, des écoles. On ne dit plus rien ! »... « Tout est à l'état de projets ; c'est au finish qu'on peut faire le bilan ». Du côté des commerçants, nous avons recueilli des propos du genre : « On ne peut pas tout faire et faire pour tout le monde. On règle une partie et Dieu complète le reste » (Restauratrice) ; « On ne peut faire l'unanimité. La contestation est un fait universel » (Vendeur de chaussures) ; « Il y a des investissements... Elle fait des efforts. On ne peut pas satisfaire tout le monde » (Vendeur de légumes et condiments) ; « La ville change. Depuis mon arrivée en 2001, je vois que les choses changent » (Marchand ambulant).

« Elle n'a rien fait » : L'opinion de 24,7% se résume à un bilan blanc. D'aucuns vont même jusqu'à comparer l'équipe en place qui serait pire que celle qui l'a précédée. Ils citent souvent le nom d'Ousmane Djiby Sall qui aurait fait tel ou tel acte pour venir en aide aux populations. « On crie beaucoup ! On se plaint par ici. On ne voit rien. Ils ont construit leurs propres maisons et conduisent leurs belles voitures », tel se plaint un gérant de rizerie. Un couturier dira que c'est la léthargie qui marque le constat général: « Il n'y a pas d'avancement. Si tu pars en voyage pendant des années, tu vas retrouver les mêmes choses en lieu et place quand tu reviendras ». Un vendeur d'articles vestimentaires nous confie ceci : « Tu vois la ville. Il n'y a pas de lampes. Le Pont est délabré depuis longtemps et n'est pas réparé. Pas d'assainissement, l'insalubrité règne ». Un confrère emprunte le même sillage : « On ne voit rien, la ville est sale, manque de sécurité, d'infrastructures et a des problèmes d'électricité ». Une vendeuse de produits maraîchers est écoeurée par le fait qu' « On n'a rien fait au Walo. On élit des gens mais personne ne travaille ». 

« Il reste beaucoup à faire » : Cette opinion est modérée en ce sens qu'elle reconnaît les mérites et les limites des élus. Pour ces 10,6%, même si des pas de géants sont en train d'être franchis par les élus locaux, il reste, néanmoins, bien des priorités à régler. Un couturier le confirme à travers ses propos : « L'électricité ne nous est pas parvenue et on a fait toute forme de démarches. On habite à Ndiaw mais le problème de l'électrification subsiste ». Pour un boutiquier, « Il reste à faire car, à Gadalkhout, on a des difficultés. Avec le Pont délabré, on contourne... mais il y a des réalisations quand bien même ».

« Inondations » : Certains autres détracteurs (04,9%) brandissent les inondations en périodes d'hivernage comme priorité non réglée par l'équipe en place. En effet, les enquêtes étant réalisées en période d'hivernage, les enquêtés nous ont toujours demandé d'observer les flaques d'eaux stagnantes pour répondre à certaines questions touchant la responsabilité de la municipalité. En sus de cela, les populations de Ndiangué et de Ndiaw disent toujours qu'elles souffrent grandement des inondations. Un réparateur électronique nous confie : « Ndiangué est inondé. Les cantines du marché prennent de l'eau. Au début de l'hivernage, on est resté dix jours sans travailler ».

« Pont Sermat  détérioré» : 02,1% des détracteurs convoquent cet argument. En effet, les populations de Campement, de Gadalkhout, de Thiabakh qui doivent longer le canal d'irrigation de la CSS pour regagner leurs demeures ou pour se rendre à Richard-Toll Escale se disent très touchés par la détérioration du Pont Sermat. La municipalité n'a rien fait pour enclencher le processus de réparation.

Tableau 29: Le soutien de la Mairie aux acteurs dans le cadre du travail.

Soutien

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Soutenus

07

19

01

27

19,1

Non soutenus

53

49

07

109

76,7

Pas de réponse

02

03

01

06

04,2

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Par rapport à leurs relations avec la Mairie, 76,6% pensent que cette dernière ne les soutient sous aucune forme dans le cadre de l'exercice de leur travail. C'est ce sentiment selon lequel la Mairie les livre à eux-mêmes qui fait que l'utilité de l'équipe municipale et son efficacité soient remises en question dans le cadre de l'enquête par certains acteurs, désormais, détracteurs aguerris. « Les agents de la Mairie nous font déguerpir souvent des abords de la Mairie. La Mairie n'a pas construit de local approprié pour qu'on puisse y faire librement notre travail. Nous n'avons que les abords de la Mairie pour laver les voitures », tel s'est exprimé un laveur de voitures. Cette thèse sera soutenue par un autre vendeur de pièces détachées : « Elle n'a rien fait. Avec l'hivernage, l'eau envahit nos places, on ne vend pas ». Une restauratrice se contente de nous pointer du doigt les flaques d'eaux verdâtres dans son restaurant. Les doléances des vendeurs de viande sont spéciales : « On n'a pas un bon abattoir. On le réclame depuis longtemps, on ne nous a pas répondu ». Au vu de tous ces discours convergents mais différents de souche, il apparaît que les acteurs ont des attentes nombreuses vis-à-vis de leurs élus qui n'ont pas encore donné entière satisfaction.

Par méfiance vis-à-vis des questions d'ordre « politique », 04,2% ne se prononcent pas sur les questions relatives à leurs rapports avec l'équipe municipale. Certains refusent de répondre car se disant étrangers au milieu.

On voit clairement que seuls 19,1% sentent réellement le soutien de la Municipalité. Ce soutien se révèle à plusieurs niveaux répertoriés au tableau 30.

Tableau 30: Répartition des enquêtés selon le type de soutien reçu de la Mairie.

Soutien reçu

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Arrêté municipal positif

00

00

01

01

03,7

Elle travaille

02

09

00

11

40,7

Emplacement

00

01

00

01

03,7

Marché

01

01

00

02

07,5

Tranquillité

03

09

00

12

44,4

Total

06

20

01

27

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Tranquillité : 44,4% disent qu'ils sont laissés tranquilles par la municipalité pour le bon exercice de leur métier. Ceci est une forme de soutien, selon ces derniers (vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de cuirs, mécaniciens), car dans la persécution le travail se ferait difficilement. Voici les propos d'un vendeur de tissus pour qui « On nous laisse faire un libre commerce. `Lep mënul mat, daal !' ».

Emplacement : 03,7% sentent que la Mairie les a soutenu en leur octroyant des places ou cantines pour l'exercice de leurs fonctions respectives dans les conditions requises. Pour un mercier, « La Mairie m'a donné la terre et je paie la taxe ».

Elle travaille : Selon 40,7% des acteurs, le soutien qu'ils reçoivent de la Mairie est le travail que celle-ci est en train de réaliser. La bonne marche de la Municipalité est bénéfique à toutes les populations. Son rôle est d'assurer, en première instance, aux populations des conditions de vie meilleures. « La Mairie est l'auteur de tout ce qu'on voit ici », selon un vulcanisateur. Un couturier lui emboîte le pas en disant qu'« Elle construit un marché mais ça pourrait aller mieux si on enlevait la sous-location » des cantines jugée très chère. D'un autre côté, un vendeur de chaussures pense que « les difficultés internes comme l'évacuation des eaux sont réglées. La Mairie est là même si son apport est minime. On est obligé d'aller vers elle. En plus, des investissements sont observables dans la ville » avec la construction de routes, de marchés, la garantie de la sécurité et du nettoiement de la ville.

Marché : D'autres interviewés (07,5%) pensent aux marchés qui leur sont souvent attribués. C'est une certaine forme de promotion des talents locaux. Les soudeurs métalliques bénéficient souvent de ces offres. D'un autre côté, une gérante de table de petit-déjeuner nous révèle que « La mairie fait souvent des commandes de sandwiches » lors de certains séminaires, réunions ou autres séances de travail.

Arrêté municipal positif : Des transporteurs (03,7%) trouvent que l'arrêté municipal qui oblige les calèches et autres véhicules hippomobiles à contourner la route nationale juste à la descente du Pont Taouey est une aide salutaire pour la mobilité urbaine dans la commune où des embouteillages et des accidents de la circulation sont très fréquents. Pour un chauffeur de taxi, « les charrettes contournent maintenant, ce qui limite les accidents » dans le trafic.

A la lecture de ces précédentes lignes, il devient aisé de constater que les avis sont très partagés. Les élus font des efforts réels pour développer la localité. Par ailleurs, il reste à faire.

II. Satisfaction sociale

Tableau 31: Le degré de satisfaction vis-à-vis de l'équipe municipale en place.

Niveau de satisfaction

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Tout à fait

05

09

00

14

09,8

Relativement

20

24

01

45

31,8

Pas du tout

22

22

05

49

34,5

Pas de réponse

15

16

03

34

23,9

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Au regard de ce tableau sur le niveau de satisfaction vis-à-vis des prestations de la Municipalité, seuls 09,8% s'avouent tout à fait satisfaits, là où 31,8% le sont moyennement.

Mis à part, les 23,9% qui s'abstiennent par méfiance vis-à-vis des questions politiques ou par manque d'intérêt prononcé, une proportion de 34,5% n'est pas du tout favorable au règne des élus en exercice. Cela découlerait du fait que les priorités sont nombreuses à Richard-Toll et que les réactions de la Municipalité sont lentes. Il est aussi important de garder à l'esprit que l'unanimité n'est guère de ce monde, surtout dans le domaine politique.

Cela dit, quoique partagés soient les degrés de satisfactions, il semble pertinent de voir le jugement que les acteurs portent réellement sur l'équipe municipale en exercice. C'est ce qu'essaie de tracer le diagramme qui suit.

Source : Données de l'enquête, 2005

Une forte proportion des travailleurs informels, plus exactement 36,7%, trouve que la Municipalité aurait échoué dans le jeu de sa partition. « Elle n'a rien fait, elle bouffe seulement de l'argent. C'est des gens inutiles. Si on pouvait les changer, on allait le faire » lance un chauffeur de taxi avant qu'un de ses confrères n'ajoute ironiquement que « Peut-être qu'elle travaille mais pour elle-même ».

Comme susnommé une forte proportion ne s'est pas prononcée sur les questions d'ordre politique, peut-être par manque de maîtrise du centre d'intérêt ou même par le fait du désintéressement du chapitre politique, si l'on fait abstraction de la méfiance maladive vis-à-vis de l'interview.

Cependant, 45,7% de la population du secteur pointe du doigt la pyramide de la réussite de l'équipe municipale en exercice. C'est donc dire que des pas sont franchis au niveau local aussi minimes soient-ils.

III. Réalisations de la Commune

La commune a fait un certain nombre de réalisations allant dans le sens de l'amélioration de la qualité du cadre de vie de ses citoyens. Répertorier ces dernières reviendrait donc à faire un peu le bilan de la décentralisation. En effet, l'état des lieux peut se faire à l'aune des neuf (09) volets qui suivent.

Volet Education : Des pas de géants ont été franchis en matière d'éducation à Richard-Toll. Il y a lieu de saluer :

- l'octroi annuel d'aides scolaires et universitaires aux élèves et étudiants ressortissants de la Commune dans le cadre de la promotion et de l'encadrement de l'éducation. Le 1er août 2005, une somme de 5 038 000FCFA a été destinée à 705 élèves d'un côté et de l'autre 5 962 000FCFA ont été attribués aux 216 étudiants de Richard-Toll.

- la construction du Collège d'Enseignement Moyen « CEM II » : En effet, ce sont 13 salles de classes, un bloc sanitaire, un mur de clôture et une chambre de gardien qui ont été entièrement édifiés par la Mairie, sans compter l'adduction d'eau et l'extension électrique.

- la construction des murs de clôture des écoles de Ndiaw, de Thiabakh, de Gaé II pour sécuriser l'enceinte et les matériels scolaires.

- la construction des directions des écoles de Ndombo, de Ndiangué et de Campement afin de permettre aux directeurs de s'acquitter correctement de leurs rôles.

- la construction de sanitaires au CEM II pour accompagner la lutte contre le choléra, la bilharziose ...

- la construction d'un nouveau lycée : La Mairie de Richard-Toll a construit un lycée pour ses élèves qui deviennent de plus en plus importants du point de vue de l'effectif. Ces brevetés font au minimum 25 Kilomètres pour fréquenter le lycée de Dagana qui est le plus proche. Là, il faudra noter qu'il y a conflit de rôle, la commune n'a pas compétence à construire un lycée. En revanche, l'Etat passe l'éponge et le Conseil Régional ne s'en offusque pas.

Volet Jeunesse et Sports : Les subventions et autres actions municipales vont uniquement dans le sens de la promotion des sports. En témoignent les réalisations suivantes :

- la subvention à hauteur d'un million de FCFA à l'équipe communale de football « CSS » qui évolue actuellement en première division du championnat national.

- les subventions aux ASC : le 20 Septembre 2005, une enveloppe de 150 000 FCFA a été remise à chaque ASC.

- les subventions aux autres disciplines sportives : tout comme les ASC, les autres équipes évoluant dans d'autres pratiques sportives telles le basket ont reçu une enveloppe de 150 000FCFA.

- les dons d'équipements sportifs qui se font à l'occasion de la tenue de la Coupe du Maire.

- l'extension et l'électrification du stade municipal : les travaux ont démarré en Septembre 2005 pour un coût de 15 000 000 FCFA.

Volet Santé : La Mairie a compris les priorités en matière de santé et mise fort, désormais, sur l'édification d'infrastructures sanitaires comme en attestent :

- la construction du poste de santé de Thiabakh pour un coût total de 68 578 790 FCFA.

- la construction du poste de santé de Ndiaw et du logement du Chef de Poste à raison de 12 759 296 FCFA.

- l'édification du laboratoire du centre de santé de Richard-Toll pour 23 259 374 FCFA.

- la construction d'un bloc administratif pour un coût de 12 546 396 FCFA.

- l'élaboration d'un programme de lutte contre la bilharziose.

Volet Hygiène-Assainissement-Environnement : En ce sens des efforts ont été faits. L'équipe municipale a réussi :

- l'édification de 2 400 latrines avec la coopération de l'Union Européenne.

- la mise en place d'un réseau d'assainissement et de collecte des ordures ménagères avec le Projet SEN 010.

- la réhabilitation des canaux à béton à Richard-Toll Escale et à la Cité Roux afin de permettre une évacuation rapide et efficace des eaux usées. Elle a coûté 12 500 000 FCFA.

- l'aménagement d'une décharge publique pour parer aux dépôts anarchiques d'ordures aux abords de la route nationale. Sise à hauteur de l'aérodrome, elle a coûté 23 559 180 FCFA.

- l'aménagement d'un point de vidange à Ndiaw pour un investissement de 7 017 500 FCFA.

Volet Sécurité : Le problème de sécurité se pose à tout point de vue du fait du peuplement de la ville. Néanmoins quelques actions ont été menées dans ce sens comme :

- l'extension, la modernisation et la mise à jour de l'électrification à Thiabakh et sur la route nationale.

- l'arrêté municipal sur le parcours des calèches pour plus de mobilité et de sécurité routière : les calèches détournent depuis le Pont Taouey la route nationale pour assurer plus de sécurité.

- l'installation de bouches d'incendie au marché Escale, au centre de secours, au marché de Khouma, à Thiabakh afin de faciliter les interventions en cas d'incendies.

- l'édification et l'installation d'une caserne des sapeurs-pompiers dans le cadre de la politique de protection des biens et personnes contre les accidents et fléaux.

Il est à signaler que l'insécurité règne à Richard-Toll et que la gendarmerie ne peut plus à elle seule garantir la sécurité. Les populations sollicitent l'installation d'un Poste de Police.

Volet Voirie : La voirie n'a pas été épargnée par les interventions de la municipalité. Dans le dessein de parer aux problèmes de stagnation d'eaux de pluies et de ruissellement et afin d'assurer une plus grande mobilité aux populations, la commune s'est investie dans :

- le bitumage de l'Avenue Jacques Mimran à Escale pour un coût 149 675 810 FCFA.

- la réhabilitation de la voirie du centre-ville à raison de 35 696 000 FCFA.

- le nivellement et le revêtement en latérite de la voie reliant le centre-ville et Ndombo-Alarba. 59 975 000 FCFA ont été investis pour désenclaver Ndombo et Campement.

Volet Infrastructures commerciales et de transport : Ces infrastructures trouvent leur pertinence dans un contexte où Richard-Toll polarise une bonne part du commerce de la zone nord et demeure une destination très prisée par les transporteurs. Fort de cela et soucieux de promouvoir le développement de certains quartiers tout en faisant une pression fiscale efficace, la commune a réalisé :

- le nouveau marché central de Richard-Toll à Khouma à raison de 116 140 609 FCFA.

- le marché Ndiaw-Ndiangué.

- la réhabilitation du marché Escale afin de le moderniser et de réussir le défi de la pression fiscale.

- la nouvelle gare routière à Yaq Sabar à raison de 150 376 978 FCFA.

Volet Immobilier : Cela concerne le nouvel Hôtel de Ville  qui a été construit en 1997 sous le règne de Ousmane Djiby Sall.

Volet Femme et Action sociale: Dans ce domaine, il est notoire et notable que la commune fait des efforts avec :

- le financement des groupements féminins : 20 000 000 FCFA ont été destinés à encourager le développement de la micro-entreprise.

- le pèlerinage annuel à travers lequel la Commune amène à la Mecque quatre (04) personnes (02 agents municipaux et 02 conseillers municipaux).

Par ailleurs, force est de souligner que faire le bilan exhaustif de la décentralisation n'est pas chose aisée. Il est difficile d'avoir des informations sur les réalisations faites de 1996 à 2000. Les financements des investissements publics locaux se font rarement sur fonds propres du fait de la modicité ou de la modestie des budgets par rapport à la liste des besoins. L'ADM couvre une grosse part dans les investissements municipaux.

IV. Formalisation de l'informel

L'inscription dans des registres réglementaires est un critère primaire vers la formalisation d'une activité donnée. Dans le secteur informel de la Commune, seul un taux de 25,3% des unités économiques est inscrit dans un ou des registres règlementaires. Le tableau ci-dessous nous montre que si l'effectif est assez important chez les commerçants et les transporteurs, il est très faible dans le domaine de l'artisanat. L'essentiel des inscrits ont le registre de commerce qui s'impose aux commerçants de moyenne envergure.

Le constat est que 66,9% ne sont inscrits dans aucun registre de réglementation. Plus de la moitié de cette proportion reviennent à l'artisanat.

Tableau 32: Enregistrement ou non dans des registres réglementaires.

Enregistrement

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Enregistrés

03

27

06

36

25,3

Non enregistrés

54

38

03

95

66,9

Ne peuvent répondre

05

06

00

11

07,8

Total

62

71

09

142

100 %

Source : Données de l'enquête, 2005

Dans le transport, certains piroguiers, conducteurs de pousse-pousse et laveurs ne sont nullement enregistrés et n'ont pas de papiers. Ce sont les conducteurs de véhicules hippomobiles et de taxis qui sont enregistrés. Les conducteurs de véhicules hippomobiles cherchent la carte de cocher et fournissent une photo du cheval tandis que les chauffeurs se trouvent des papiers aussi variés que la visite technique, l'assurance, la vignette, la carte grise, le permis de conduire. Un chauffeur de taxi nous révèle ceci : « Je paie tout et j'ai tous les papiers : adhésion garage (15 000FCFA), Droit de stationnement (3 000FCFA-mois), vignette annuelle (18 000FCFA), assurance (60 000FCFA) ».

Dans l'artisanat, se sont enregistrés les fabricants de moissonneuses-batteuses, les collecteurs de peaux et de cuirs et soudeurs métalliques. Ils ont le registre de commerce « pour pouvoir décrocher des marchés » souvent « au niveau de la Mairie », comme le pense un soudeur.

Dans le commerce, ce sont des gérants de tables de produits frauduleux, de boutiques, de quincailleries, de tables de petit-déjeuner et des vendeurs d'articles vestimentaires, de chaussures, de produits phytosanitaires, de pièces détachées, de viande, de denrées alimentaires, de tissus, d'ustensiles de cuisine, d'effets de toilette et de produits maraîchers qui se sont inscrits dans un ou des registres de réglementation. Leurs papiers respectifs sont le registre de commerce, la carte de visite au service d'hygiène ou le Certificat Médical (tables de petit-déjeuner), la carte du service des mines (pesage des balances), la patente du contrôle économique, la carte de location de la Mairie et la carte professionnelle de commerce.

Même si la proportion des inscriptions aux registres de réglementation n'est pas très conséquente, il n'en demeure pas moins que le taux d'imposition est élevé. Le rapport des acteurs à la fiscalité est jugé bon car, comme le trace très visiblement le diagramme qui suit, 75,4% paient des impôts ou des taxes dans le cadre du travail. Ceci serait dû au fait que les collecteurs municipaux et autres agents du fisc débarquent à l'improviste et administrent des tickets qui doivent, souvent, être recouvrés sur place. C'est une technique qui permet d'avoir une certaine maîtrise de certains acteurs très flottants ou mouvants.

Source : Données de l'enquête, 2005

Le nombre souvent limité de ces collecteurs et leur manque de moyens permettent souvent aux 21,8% des acteurs de passer entre les mailles de l'imposition. Certains tailleurs et cordonniers avancent qu'on ne leur a jamais demandé de payer des taxes sûrement du fait que certains lieux hors des marchés ne sont pas visités par les collecteurs.

Dans le transport, les piroguiers, laveurs et conducteurs de pousse-pousse ne s'acquittent d'aucun impôt et d'aucune taxe tandis que cochers et chauffeurs s'acquittent tous du droit de stationnement à raison de 3 000FCFA par mois versés à la Mairie.

Dans l'artisanat, ce sont les cordonniers, couturiers, mécaniciens, forgerons, horlogers, réparateurs électroniques, bijoutiers, vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de cuirs, soudeurs métalliques, fabricants de machines agricoles et gérants de rizerie qui paient impôts et taxes comme le droit de place et la patente.

Dans le commerce, en dehors des gérants de tables de petit-déjeuner, de boutiques et les vendeurs de thé préparé et des vendeurs d'habits qui ne répondent pas, tout le monde est imposé. La patente et le droit de place sont les deux les plus cités parmi les impôts et taxes.

Cela étant, il est à signaler que la tendance à la formalisation est encore faible. Au-delà du commerce, « la Mairie n'a pas encore la possibilité d'identifier l'étendue, la profondeur et le site même où se concentre le secteur informel », comme le souligne M. Doudou `Bakhao' Diaw. En sus de cela, il n'y a pas encore de politique visant le secteur informel. Peut-être du fait de la proéminence de l'apport de la CSS au niveau des finances et de l'économie communale. Néanmoins, la commune est à la phase de réflexion d' « essayer de camper cet informel à travers des lieux..., de créer un foirail pour ne plus permettre, à l'heure actuelle, le manque de bétail à vau-l'eau, de créer un marché spécial de poisson et, en même temps, faire ce que les communes d'arrondissement font maintenant à Dakar c'est-à-dire créer... un louma hebdomadaire à travers des tentes démontables qui permettront, par exemple, à la Commune de louer ces tentes, d'occuper, par exemple, l'avenue Jacques Mimran pendant une journée et identifier les commerçants et les imposer pendant toute cette journée » .

V. Attentes populaires et perspectives

Même si l'on constate une kyrielle d'oeuvres de la Mairie, il n'en demeure pas moins que des attentes réelles sont encore exprimées par les populations. La liste est longue et touche des domaines aussi variés que l'éducation, la santé, les infrastructures, les oeuvres sociales... Nous les abordons dans les lignes qui suivent en fonction de l'importance de la proportion des acteurs demandeurs.

Tableau 33: Répartition des enquêtés selon les attentes vis-à-vis de la Mairie.

Attentes vis-à-vis de la Mairie

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artis.

Com.

Trans.

Adduction d'eau

01

00

00

01

00,7

Aide aux populations

10

12

01

23

16,1

Bitumer la route Ndombo- Richard-Toll

01

00

00

01

00,7

Construire assez de cantines

00

05

00

05

03,5

Construire écoles coraniques et Mosquée

00

01

00

01

00,7

Construire un garage de taxis

00

00

01

01

00,7

Construire une bonne gare routière

01

01

00

02

01,4

Créer des espaces de divertissement

00

02

01

03

02,1

Décrocher des financements

05

01

01

07

04,9

Développer la Commune

09

07

02

18

12,6

Diminuer les taxes et la sous-location

01

02

00

03

02,1

Eclairage public

02

02

00

04

02,8

Ecoles et aides scolaires

01

02

00

03

02,1

Etendre les rebords de la Nationale 2

05

00

00

05

03,5

Finir le marché de Richard-Toll Escale

04

10

00

14

09,8

Instaurer la sécurité

03

03

00

06

04,2

Recaser les déguerpis du Marché de R-T

01

01

00

02

01,4

Reconstruire l'abattoir

00

01

00

01

00,7

Reconstruire le Stade mun. et l'équiper

02

00

02

04

02,8

Régler la question de l'assainissement

01

04

01

06

04,2

Régler le problème des inondations

17

03

00

20

14,1

Réparer le Pont Sermat

05

05

02

12

08,4

Santé

06

01

01

08

05,6

Travailler-Bonne gestion des affaires pub

00

08

00

08

05,6

Aucune attente

02

08

00

10

07,0

Source : Données de l'enquête, 2005

Aide aux populations : 16,1% n'attendent de la Municipalité rien de plus que de venir en aide aux populations. L'amélioration des conditions de vie des gouvernés est un des axes majeurs qui ont motivés la politique de décentralisation au Sénégal. Ce qui donne une très grande légitimité à cette demande des acteurs de qui dépend une frange importante de la population communale et même nationale. Un vendeur de fripe pense que la Mairie doit « se rapprocher beaucoup plus des populations pour s'enquérir de leurs difficultés. Il ne faut pas être paresseux. C'est comme ça que la ville va se développer. Il faut lotir la ville et aérer les concessions. Il y a trop de promiscuité dans les quartiers, on étouffe dans les maisons ».

Régler le problème des inondations : 14,1% demandent une bonne gestion par le groupe municipal du dossier des inondations. Si des zones comme Escale sont quelquefois touchées, il est des zones inondées durant tout l'hivernage avec des flaques d'eaux verdâtres, niches favorites des moustiques. Les quartiers tels Ndiangué et Ndiaw écoeurent même le passager qui les mire au passage à travers les voitures de transport. Tellement la salubrité est défaillante dans ces milieux, de surcroît en saison des pluies ! « Il faut trouver une solution aux problèmes d'inondations. A Ndiangué, quand il pleut, on ne sort plus », pense un mécanicien.

Développer la Commune : 12,6% formulent leur attente de la façon la plus générale qui soit : « développer la ville ». Cette mission de développement local est un des principes de base même de la décentralisation mais cela suppose une certaine participation des populations. On note que le secteur informel joue réellement sa partition, ce qui lui donnerait ce droit d'attendre de la Municipalité l'effectivité du développement local. Un bijoutier formule ses doléances de la manière qui suit : « Il faut faire des choses utiles aux populations comme des marchés, routes et garages pour que ceux qui passent par là puissent savoir qu'on a fait quelque chose dans la ville ».

Finir le marché de Richard-Toll Escale : Le marché central de Richard-Toll Escale a été partiellement détruit et récupéré par la Mairie au profit du bitumage de l'actuelle Avenue Jacques Mimran. Depuis, la réhabilitation tarde à être finalisée. Ce qui pousse les 09,8% à formuler cette demande de finition de cette infrastructure capitale.

Réparer le Pont Sermat : Le Pont Sermat relie le centre-ville de Richard-Toll aux quartiers périphériques que sont Thiabakh, Gadalkhout, Diaksao, Campement qui se retrouvent dans l'autre rive du canal d'irrigation de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. Il s'avère que le Pont est en état de délabrement avancé depuis quelques années à telle enseigne que les populations prennent le détour du canal en passant par la CSS. Ce détour imposant en temps et en argent mobilise les 08,4% à formuler la réparation ou réhabilitation du Pont comme demande la plus pressante des populations de ces localités. Le voeu est formulé comme suit par un laveur de voitures : « Il faut réparer le Pont Sermat pour qu'on ne détourne plus. Ce n'est pas joli. L'usine, les taximen, les cochers, tout le monde paie mais il n'y a pas d'investissements ».

Bonne gestion des affaires publiques : Pour 05,6%, l'équipe municipale doit faire son travail et gérer de la façon la plus sérieuse qui soit les deniers publics. Il ne faut pas qu'il y ait des détournements de fonds de la municipalité ou des fautes de gestion de la part des élus. Il est très difficile d'obtenir les faveurs des populations.

Santé : La santé est aussi une priorité de premier rang pour les acteurs (05,6%) selon qui, Richard-Toll, à son image de pôle d'attraction et ville où convergent des étrangers venant d'horizons divers, est un monde où la prise en charge des questions de santé devrait être réelle du fait de la prévalence sérieuse des maladies telles le sida, la bilharziose, le paludisme pour ne citer que celles-là. Les centres de santé sur place ne peuvent pas prendre en charge tous les problèmes locaux. Un collecteur de peaux et de cuirs dit ceci : « La santé est vitale. On évacue des malades, ce qui indique que le niveau de prise en charge est faible. Il faut lutter contre la bilharziose et la mortalité maternelle. Sur ce dernier point, j'ai perdu des soeurs durant leur accouchement ».A ceci, un couturier ajoute « La santé avant le travail. La santé coûte excessivement chère à Richard-Toll ».

Décrocher des financements : Des attentes de financements sont exprimés par 04,9% pour qui l'aide municipale ne peut être utile que dans ce domaine. Même si l'on note une floraison des mutuelles et banques (Crédit Mutuel du Sénégal, la CNCAS, la CBAO, la BICIS... ), les acteurs sont timides ou manquent de confiance à l'égard de ces structures qui demandent trop de formalités, un apport difficile ou impossible à trouver, un taux d'intérêt inacceptable. A cela s'ajoute le recours rapide de ces institutions à la justice quand le remboursement est tardif. Pour un cordonnier, « Il faut financer des projets pour les jeunes de la ville ». Un vendeur de légumes et condiments suggère la création d'une « caisse pour les travailleurs où l'on prête à ceux qui veulent travailler. Dans les mutuelles, il y a des ségrégations ».

Instaurer la sécurité : La question de la sécurité préoccupe le citoyen lambda de Richard-Toll qui est témoin auditif ou oculaire à défaut de payer les frais de l'insécurité marquant leur quotidienneté. Pour 04,2%, elle prend des proportions inquiétantes qui méritent réflexion et intervention immédiate. D'aucuns réclament un poste de police qui tarde à s'installer à Richard-Toll, une ville qui en a plus que besoin. Pour corroborer cette question, des présomptions d'assassinat d'un photographe défrayait la chronique durant notre période d'enquête au mois de septembre 2005. « A Thiabakh, il y a des problèmes de sécurité, on nous vole là-bas ! Il y fait très sombre » se plaint un couturier avant qu'un soudeur ne lui emboîte le pas : « Les agresseurs sont là, il n'y a pas d'électricité à Thiabakh ». Pour un vendeur d'ustensiles de cuisine, « Il n'y a pas de sécurité et on n'en parle pas. Pourtant, chaque jour, il y a des cambriolages à Richard-Toll. Il y a même un cocher qui a été enlevé et tué tout dernièrement. Les autorités courent derrière le sucre et laissent les autres priorités à côté ».

Régler la question de l'assainissement : Une autre question brûlante dans la vie de la Commune est celle de l'assainissement. Souffrant d'une absence de système d'égout, le manque de salubrité saute aux yeux. Pour 04,2%, ce dossier mérite d'être pris en charge car la Commune ne présente pas un visage digne de son allure. De l'entrée à la sortie, dans les deux sens de la route nationale, on bute sur des tas d'ordures.

Construire assez de cantines : Les commerçants (03,5%) réclament aussi leur part. Il faut qu'il y ait assez de cantines qui permettent de caser presque tous les acteurs qui en ont besoin. Ceci facilitera l'imposition et le rendra plus acceptable selon ces derniers.

Etendre les rebords de la Nationale 2 : Faite d'une mince bande, la route nationale 2 n'a pas une réelle largeur dans la Commune de Richard-Toll. Il est même quasi-impossible que deux grands véhicules s'abordent en sens inverse sur cette mince bande de route. Les accidents de la circulation font légion. C'est la raison suffisante de la réclamation de ces 03,5%. « La route doit être agrandie. Plus de 100 voitures sur une mince bande de route ! Chaque jour, on entend des accidents à Gaé 02 », dira un forgeron. Un cordonnier ajoutera : « Il faut élargir la route qui est unique. Les charrettes, les motos et les voitures partagent la même route. Elle doit être large ».

Eclairage public : La route nationale, principale artère de la Commune, a été pointée du doigt à l'abord de cette question sur les attentes par rapport à l'équipe municipale. Pour ces 02,8%, l'éclairage public est un des rôles les plus élémentaires que la Municipalité est appelé à remplir. C'est une urgence et c'est, en réalité, l'obscurité effrayante dans laquelle plonge la ville tout entière qui met les gens en proie aux agressions récurrentes. « A Thiabakh, on n'a pas d'électricité » se plaint un couturier. En réalité, les quartiers tels que Thiabakh, Campement et Khouma souffrent d'une absence d'électricité.

Reconstruire le Stade municipal et l'équiper : Le stade de la municipalité de Richard-Toll est jugé très petit, impraticable et inadéquat pour les matches que l'équipe communale de la CSS en première division y livre. Selon 02,8% des interviewés, Richard-Toll mérite mieux que ce qu'elle a actuellement. Le stade doit être reconstruit et équipé, avec gazonnage et projecteurs, car les matches de « navétanes » ne sont jamais bouclés en une année. S'il pleut, le stade est impraticable pour deux à trois jours à cause de son sol argileux.

Créer des espaces de divertissement : 02,1% formulent leurs attentes en termes de construction au niveau communal d'espaces de divertissement dignes d'une grande ville. La Salle des fêtes n'est pas très appropriée, la Taouey est jugée petite, le Gîte d'étape est depuis des années sous location de canadiens. Pour un vendeur d'articles vestimentaires, il faut que la Mairie « soutienne les jeunes. C'est eux qui élisent. Il faut refaire le stade et les dancings. Si tu ne peux pas tout faire, il faut participer partout ».

Diminuer les taxes et la sous-location : Des artisans et des commerçants (02,1%) exigent que les taxes soient revues à la baisse mais surtout que la sous-location soit éliminée dans l'octroi indirect de cantines. En effet, la Municipalité donne des cantines à des personnes, bénéficiant de certaines accointances avec les autorités locales, qui y trouvent leur compte en les sous-louant à des tarifs élevés. « On a fait la grève pour diminuer le `juuti' mais la Mairie nous a dit que c'est le Trésor qui gère le `juuti'. Je ne suis pas avec eux, ils ne m'aideront jamais » dira un couturier.

Construire une bonne gare routière : Bien qu'il y ait une nouvelle gare routière encore non inaugurée, une partie des artisans et commerçants (01,4%) en sollicitent une autre dans la mesure où celle qui est construite est très éloignée du centre-ville mais aussi se trouve dans un site dangereux. En réalité, comme ces derniers le soulignent, le garage est sur une pente au pied de laquelle se trouve un croisement avec une voie de sortie des engins agricoles de la CSS. Dans cette situation, les accidents seront très fréquents à l'ouverture de cette gare à moins que d'autres mesures ne soient prises.

Ecoles et aides scolaires : Le soutien municipal aux écoles et aux élèves est un voeu cher à 02,1% des acteurs du secteur informel de la Commune. Pour eux, il est impératif que les investissements dans le domaine de l'éducation soient renforcés dans la mesure où Richard-Toll a besoin de ressources humaines.

Recaser les déguerpis du Marché de Richard-Toll Escale : Les plaies de la destruction des cantines du marché central pour les besoins du bitumage de l'Avenue Jacques Mimran sont longues à cicatriser. 01,4% réclament le recasement des déguerpis qui sont encore dépourvus de cantines dignes de leurs activités respectives.

Adduction d'eau : Les quartiers tels que Thiabakh ne sont pas totalement branchés au réseau hydraulique. L'adduction en eau est un besoin pressant pour certaines zones selon l'analyse de 00,7%. « A Thiabakh, la fourniture d'eau n'est pas générale » se plaint un couturier.

Bitumer la route Ndombo- Richard-Toll : C'est un souhait de 00,7% de voir un jour la voie menant à Ndombo bitumée.

Construire des écoles coraniques et des mosquées : Dans le cadre de la promotion de la religion et de son encadrement comme trait culturel, 00,7% aimeraient que des mosquées et des écoles coraniques soient construites dans la Commune de Richard-Toll. D'ailleurs, lors des débats- « focus group » avec des amis qui nous ont offert l'hospitalité lors de la période d'immersion, la suivante remarque nous est parvenue. « Dans la partie de Richard-Toll allant de la Station Shell 02 au virage menant à l'Usine de la CSS, il y a des bars, des dancings, une maison de prostituées, un jardin public où l'on fume du chanvre en toute liberté, une église. Alors que la population est essentiellement d'obédience musulmane, on n'entend jamais dans cette zone l'appel du muezzin. Ce qui fait que certains jeunes sont forcément à la dérive ».

Construire un garage de taxis : Pour 00,7%, il est nécessaire d'avoir à Richard-Toll un garage spécialement réservé aux taxis car les locaux manquent pour ces derniers qui sont obligés de stationner non loin de la Mairie et de la gare routière du centre-ville.

Reconstruire l'abattoir : Les vendeurs (00,7%) de viande veulent se faire entendre après avoir réclamé pendant des années inlassablement un bon abattoir communal digne de leur corps de métier. « Qu'elle mette les moyens. Il faut que la Mairie répare l'abattoir. Depuis qu'elle est là, l'abattoir n'a même pas vu une pelle venant d'elle » dira un vendeur de viande.

Actuellement, la ville de Richard-Toll devient de plus en plus équipé en terme d'infrastructures contrairement à sa situation d'il y a quelques années. Cela étant, à l'exception de Richard-Toll Escale, aucune zone n'a jusqu'à présent connu de projet de lotissement. L'absence de système d'égout pose de sérieux problèmes en saison des pluies.

En sus de cela, des problèmes d'espace se posent de façon très sérieuse. En réalité, elle est bordée au sud par les champs de cannes à sucre ; au nord, se trouve le Fleuve Sénégal. Dans sa partie ouest, se trouvent le casier rizicole mais aussi des terrains au niveau très bas. La position en pleine zone argileuse pose des problèmes d'inondation et de stagnation d'eaux de pluies en hivernage. « Richard-Toll est une ville qui ne peut progresser que vers l'axe sud-est, vers l'axe est et sud. Donc, c'est une ville, à l'heure actuelle, qui a des problèmes d'extension au niveau des quartiers de Ndiaw... On a un problème d'espace, on a un problème de gestion de l'espace ; on a un problème d'assainissement de la ville », dira M.Diaw. La question principale qui se pose est la suivante : « comment créer une ville nouvelle ? Comment créer Richard-Toll, une autre ville, vers la sortie...? »

Par ailleurs, la CSS est indexée pour la bonne et simple raison que les effets induits de son installation devraient être plus spectaculaires. Pour M. Diaw, « la CSS n'a aucune action sociale en dehors de sa pension au niveau de la ville de Richard-Toll. Certes, y a le dispensaire de la CSS mais la CSS n'a pas une action en matière d'éducation, n'a pas une action en matière de jeunesse. Elle... aurait pu, à l'heure actuelle, avoir une attitude plus constructive avec la Mairie ; comme quand on parle de Richard-Toll, on parle de la ville sucrière... Si cette ville doit mériter le nom de ville sucrière, elle devra, à l'heure actuelle, avoir des relations plus suivies avec la CSS. Quand on parle de Sochaux, on parle de Peugeot ; quand on parle de Clermont-Ferrand, on parle de Michelin. Mais nous ne pouvons pas accepter d'une ville sucrière parce que cette entreprise n'a pas une politique volontariste délibérée sociale à l'égard des populations de la Commune de Richard-Toll ».

Cela dit, il est une rumeur courante que le niveau de recettes du budget de fonctionnement de Richard-Toll est en dessous de ce que cela devrait être. L'élu local s'est exprimé en ces termes pour le confirmer : « on a un gros problème avec notre principal bailleur de fonds,...la CSS,... qui nous fournit à peu près 400 millions. ... Nous croyons qu'il aurait dû y avoir redressement fiscal, qu'il aurait dû y avoir une enquête pour savoir que la CSS aurait dû payer le double ou le triple à l'instar de SOCOCIM à Rufisque ou à l'instar des ICS à Mboro. Nous croyons que, vraiment, c'est en dessous de ce qu'il devait nous payer. Et, en plus de ça, cette contribution de la CSS, qui nous donne à peu près de 50% de notre budget, a créé une certaine paresse fiscale au niveau des services de recouvrement de la Mairie ».

Bien des problèmes sont à régler dans la commune tels que résumés ici : « incompétence des élus, manque de qualification, manque de ressources, croissance exponentielle de la population, acuité de tous les problèmes : problèmes d'éducation, des problèmes de sécurité, des problèmes... de sécurité physique, de sécurité sanitaire », selon M. Diaw.

Conclusion

Aux lendemains des indépendances, l'Etat a fait face à de nombreux problèmes qui ont fini par remettre en cause aussi bien les recettes politiques appliquées que la centralisation du pouvoir devant une demande de plus en plus pressante en termes d'éducation, de santé, d'emploi... Finalement, sous l'impulsion des bailleurs de fonds, la décentralisation est devenue effective depuis 1996. Cette dernière, impliquant la participation effective des populations responsabilisées, donnera davantage de légitimité au secteur informel qui est, désormais, interpellé dans le cadre de la résolution des problèmes locaux.

Il était question dans ce travail de voir les fonctions remplies par le secteur informel dans le périmètre communal dans le contexte de la responsabilisation des acteurs locaux. En un mot, son caractère de levier de développement local. L'analyse fonctionnelle, programme du schème fonctionnel, a été interpellée comme cadre théorique. La triangulation des méthodes a été privilégiée à travers un panachage du questionnaire, de l'entretien, de l'observation documentaire et de l'observation participante désengagée.

La recherche a montré que Richard-Toll, érigée en commune par le décret 80-586 du 24 juin 1980, gère depuis 1996 neuf (09) domaines de compétences tous concourant à une plus grande prise en charge du développement local. Cependant, des problèmes tels la confusion, le manque d'informations et le conflit de rôle sont notables. La décentralisation a assoupli le contrôle de l'Etat mais force est de signaler qu'un problème de maturité réelle des communes se pose. Les conseillers et agents municipaux n'ont pas une formation requise pour l'exercice sérieuse des compétences transférées.

Par ailleurs, le secteur informel est très hétérogène. On y rencontre 88,1% d'hommes de toutes tranches d'âge. 95, 8% sont instruits en français ou en arabe et 73,9% sont formés dans le tas. Seuls 34,5% des acteurs sont des indigènes.

Du point de vue social, l'informel de Richard-Toll compte 7 113 unités de productions contribuant à la réduction de la crise sociale. 41,5% ont connu le chômage pour une durée allant jusqu'à vingt (20) ans. Il est à noter que des unités comme ceux de menuiserie ébénisterie comptent un personnel de plus de dix (10) individus. 76,7% des acteurs comptent rester dans la même activité dans l'avenir. Par rapport au niveau de revenus, 23,9% perçoivent plus de 100 000FCFA par mois. La charge moyenne des acteurs est de 08 personnes. Cela étant, des services et des produits de diverses natures sont prodigués aux populations suivant une tarification abordable chez 78,2%. Le marchandage est un rite qui joue sur la mouvance des prix. L'utilité du secteur est observable aussi bien au niveau des populations, de la mairie que des familles des acteurs.

Du point de vue économique, le PLB de la Commune de Richard-Toll est estimé à 30 018 000 000FCFA. Après le secteur moderne qui fournit les 59%, vient le secteur informel qui en produit les 6 028 000 000FCFA soit 20%. Il nourrit 17 640 des 63 500 habitants de Richard-Toll. La pluriactivité est fréquente et permet l'autofinancement des acteurs qui restent trop méfiants vis-à-vis des structures financières formelles. 23,9% produisent annuellement 500 000 à 1 000 000FCFA là où seuls 04,2% réalisent plus d'un million. Parlant de l'investissement, 63,3% ne le font pas. Par contre, 80,9% sont convaincus de participer au budget municipal. En effet, les recettes municipales de l'exercice 2005 étant estimées à 798 880 000FCFA, les artisans, commerçants et transporteurs de l'informel contribuent à eux-seuls à hauteur de 30 600 000FCFA. Du fait du mécanisme de la caisse unique, il n'est pas possible d'estimer la part réelle du secteur informel aux 435 977 530FCFA de recettes qu'il forme de concert avec les autres secteurs.

En définitive, du point de vue du développement local, la proximité de gestion est effective mais seuls 19,1% se disent soutenus par l'équipe municipale. Par ailleurs, 45,7% des enquêtés pensent que l'équipe municipale a réussi la vraie partition qui lui est dévolue dans la mesure où bien des réalisations sont notables dans le périmètre communal. Cela dit, la tendance à la formalisation est faible si l'on sait que seuls 25,3% sont inscrits dans les registres réglementaires. Néanmoins, le civisme fiscal existe bel et bien à Richard-Toll où 75,4% des acteurs s'acquittent d'impôts et de taxes. Il est, donc, à signaler que, même si des pas de géants sont franchis dans la commune, il reste, quand bien même, des attentes réelles de la part des populations. La demande sociale reste forte encore.

In fine, le terrain tenu pour arbitre de la validité théorique en sociologie a confirmé les hypothèses de notre recherche. Les objectifs fixés à l'entame de la recherche ont été atteints.

Dans la mesure où toute théorie est faite pour être discutée, rejetée au profit de nouvelles théories plus consistantes, nous inscrivons les résultats de ce travail dans le sillage de la validité dans le temps et dans l'espace. Les champs d'investigations du réel sont vastes et nombreux, d'où l'insertion de ces résultats sur le compte des `théories à moindre portée' pour reprendre Merton de qui nous prenons référence à travers l'analyse fonctionnelle.

Tout en nous rappelant les propos du Professeur Issiaka Prosper Lalèyê, nous concluons ce travail en lui reconnaissant des limites spatio-temporelles. « L'infinitude de la connaissance du social est liée à la perpétuelle évolution de la société ».

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30. KÂ, A. C., 1996-1997 : Les relations professionnelles dans l'entreprise : étude du département usine de la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS), Mémoire de Maîtrise de Sociologie, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 111 Pages.

31. KONTE, A., 2004 : CD-ROM Commune de Richard-Toll.

32. LAUTIER, B., 1994 : L'économie informel dans le Tiers-monde, Paris, La Découverte, 125 Pages.

33. « Le Plus de l'Intelligent : Sénégal » in Jeune Afrique L'Intelligent, Hebdomadaire International, n° 2 237 du 23-29 novembre 2003, PP. 45-88.

34. LUBELL, H., 1991 : Le secteur informel dans les années 80 et 90, Paris, OCDE, 138 Pages.

35. MAINGUY, C., 1998 : L'Afrique peut-elle être compétitive ?, Paris, Karthala, 215 Pages.

36. MENGET, P., 1993: « Fonction et Fonctionnalisme » in Encyclopedia Universalis, Corpus 09 : Etymologie-fungi imperfecti, Paris, EU, PP. 608-611.

37. Ministère de l'Education, 2003 : Géographie 2ème et 3ème étapes. Nouveau découpage administratif, Dakar, EDICEF, 15 Pages.

38. Ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Direction des Collectivités Locales, Novembre 2003 : Le recueil des textes de la décentralisation, 310 Pages.

39. Mise en place des structures pour un changement économique : Rapport relatif à la Conférence internationale sur le secteur informel, Patronné par le Centre international et l'Agence des Etats-Unis pour le développement international, tenue à la Chambre de commerce des Etats-Unis, Washington, DC, 26-27 octobre 1987, édité par John D. Sullivan, CIPE, 53 Pages.

40. NDIAYE C., 2004 : «  Aminata Tall propose des `départs volontaires' dans les collectivités locales... » in Le Matin du Vendredi 10 décembre 2004, P. 6.

41. NIANG, A., 1996 : « Le secteur informel, une réalité à réexplorer : ses rapports avec les institutions et ses capacités développantes » in Africa Development, Volume XXI, n° 1, PP. 57-80.

42. NIANG, D., WARR B. et alii, janvier 1998 : L'économie locale de Saint-Louis et du delta du Fleuve Sénégal. Etude de cas du Programme « Relance des économies locales en Afrique de l'Ouest, SAH/D (98) 473, 91 Pages.

43. QUIVY, R. et CAMPENHOUDT, L. 1995 : Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 287 Pages.

44. ROBERT, P., 1990 : Le petit Robert 1, Canada, Montréal, 2171 Pages.

45. SY, J. H., 2002 : Pauvreté et Hégémonismes, Aide Transparence Afrique/Oxfam America, 333 Pages.

46. THIAM S. et SOW « Ciré » I., 23-29 juillet 2004 : « Richard-Toll, une existence à canne et à sucre » in Nouvel Horizon, L'Hebdo du Vendredi, n° 431, Publication de Panafrican Systems Production, Dakar, PP. 14-17.

47. Université Recherche Et Développement, mars 1994, n°3, Université de Saint-Louis, 101 Pages.

48. VAN DIJK, M. P. 1986 : Sénégal. Le secteur informel de Dakar, Paris, Harmattan, 164 Pages.

49. WADE, C. S. et Diop, O., février 2000 : « La croissance urbaine et ses incidences géographiques sur l'espace rural : le cas de la Commune de Saint-Louis et la Communauté rurale de Gandon » in Revue AFRISOR (Afrique-Sociétés-Recherches). Revue des Sciences Sociales et Humaines, n° 1, PP.13-58.

50. WADE, E. M., lundi 05 mai 1997 : « Entretiens sur les collectivités : `  La vocation d'une commune est l'investissement', Mamadou Barry, expert comptable, fiscaliste, consultant de la Banque Mondiale dans le cadre de Projet d'Appui aux collectivités locales (PAC) » in Sud Quotidien, P. 9.

51. WADE, M. D. N. et DIEYE M., 2004 : « Thème n°11 : La contribution globale unique » in La pratique fiscale sénégalaise, Dakar, BSDA, PP. 273-280

52. WARR, B., novembre 1999 : L'économie locale de la Commune de Dagana en 1998, SAH/D (99)510, 70 Pages.

53. WARR, B. et Sow, O., Juillet 2000 : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Club du Sahel de l'OCDE et Conseil Municipal de Richard-Toll, 71 Pages.

54. YAPI-DIAHOU, A., 2003 : La recherche urbaine à l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville. Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences humaines, Abidjan, EDUCI, 123 Pages.

Annexes

Annexe 1 : Outils de collecte

I. Questionnaire

Ceci est un questionnaire répondant à un travail d'ordre scientifique dont l'université est l'instigateur. Son administration durera 25 mn au maximum. Nous n'avons pas le pouvoir de changer directement votre situation mais indirectement les organisations qui liront ce travail vous comprendront mieux et pourront agir en votre faveur. Nous comptons sur votre sincérité. Le travail respecte, toutefois, l'anonymat de façon stricte.

I. Identification Sociologique

1.1. Sexe : ? Masculin ? Féminin

1.2. Age (ans) : ?-15 ?15-20 ?21-25 ?26-30 ?31-35 ?36-40 ?41+

1.3. Situation Matrimoniale : ? Célibataire ? Marié ? Veuf(ve) ? Divorcé(e) ? Autre.

1.4. Niveau d'instruction : ? Primaire ? Collège ? Lycée ? Université

? Alphabét. ? Arabe ? Autre à préciser................

1.5. Religion : ? Islam ? Christianisme ? Autre à préciser..............

1.6. Ethnie : ? Wolof ? Halpular ? Maure ? Sérère ? Diola ? Autre à préciser.........

1.7. Région d'origine : ? Saint-Louis ? Matam ? Dakar ? Diourbel ? Kaolack

? Ziguinchor ? Kolda ? Fatick ? Tamba ? Louga ? Thiès

1.8. Ville d'origine : ? Richard-Toll ? Autre à préciser..................................

1.9. Adresse/Quartier : ? Escale ? Xuma ? Ndiaw ? Gaé 2 ? Ndiangué

? Diamaguène ? Cité Cadre ? Autre à préciser..................

1.10. Formation reçue : ? Apprentissage dans le tas ? Centre de Formation ? Néant

2. Secteur Informel

2.1. Secteur d'activité : ? Artisanat ? Commerce ? Transport

2.2. Précisez votre activité ! ..............................................................................

2.3. Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés dans le cadre du travail ?..............

2.4. Votre localisation : ? Rue ? Route Nationale ? Marché ? Garage

? Maison ? Autre à préciser.......................................

2.5. Quelle était votre profession rêvée ?.....................................................................................

2.6. Quelles sont vos sources de financement ? ? Tontines ? Mutuelles

? Banques ? Capital personnel ? Autre à préciser..................

2.7. Quels sont les matériels utilisés dans le cadre de votre travail ?...........................................

.................................................................................................................

2.8. Quelle(s) autre (s) activité (s) pratiquez-vous ?....................................................................

2.9. Avez-vous travaillé dans les entreprises ou pour l'Etat ? ? Oui ? Non

En quelle qualité ?..................................................................................................................

3. Fonction Sociale du Secteur Informel

3.1. Avez-vous travaillé avant d'exercer ce métier ? ? Oui ? Non

Si oui, à quelle fonction ?........................................................................................................

3.2. Avez-vous une fois connu le chômage ? ? Oui ? Non

Si oui, quelle fut la durée ?.....................................................................................................

3.3. Combien de personnes employez-vous ? ? 00 ? 01 ? 02 ? 03 ? 04

? 05 ? 06 ? 07 ? 08 ? 09 ? 10 ? 11ou +

En quelle qualité les employez-vous ? ? Apprenti ? Aide ? Employé

Combien gagnent-ils en moyenne par mois ? ?- 5000 ?5-10 000 ?10-20 000

?20-30000 ?30-40 000 ?40- 50 000 ?50-60 000 ?+60 000

3.4. Combien gagnez-vous par mois ? ?-5000 ?5-15 000 ?16-30 000 ?31 000-50 000

? 50-80 000 ?80-100 000 ?+100 000

3.5. A combien s'élève votre charge familiale ? ?00 pers. ?01 ?02 ?03 ?04 ?05

?06 ?07 ?08 ?09 ?10 ?+10

3.6. Quelle est votre clientèle ? ? Entreprises ? Etat ? Populations

3.7. Comptez-vous faire le même travail durant les années à venir ? ? Oui ? Non

3.8. Quels sont les produits les plus prisés par vos clients ?........................................................

3.9. Quelle appréciation faites-vous de vos tarifs? ? Dérisoires ? Abordables

? Chers ? Très chers

3.9. Quelle utilité pensez-vous que votre travail a pour :

-les populations ?..............................................................................................................

.......................................................................................................................................................

-la mairie ?........................................................................................................................

..................................................................................................................

-votre famille ?..................................................................................................................

..................................................................................................................

IV. Fonction Economique du Secteur Informel

4.1. Etes-vous inscrit (e) dans un ou des registres réglementaires ? ? Oui ? Non

Si oui, lesquels ? .......................................................................................

4.2. Payez-vous des impôts ou des taxes dans le cadre de votre travail ? ? Oui ? Non

Si oui, lesquels ? .....................................................................................

4.3. Combien payez-vous par taxe ou impôt ?..............................................................................

4.4. Quel intérêt avez-vous à payer les taxes et impôts ?..............................................................

..................................................................................................................

4.5. Pensez-vous que vous contribuez au budget de la Commune ? ? Oui ? Non

4.6. A combien estimez-vous votre production annuelle ou votre chiffre d'affaires ? ?-50 000

? 50-100000 ? 100-200000 ? 200-300000 ? 300000-500000 ?500-1000000

? 1-2Millions ? 2-5Millions ? 5-10000000 ?+10Millions

4.7. Faites-vous des investissements ? ? Oui ? Non

Si oui, dans quels domaines investissez-vous ?.....................................................................

V. Rapports avec la Commune :

5.1. Quel type de relation avez-vous avec la Mairie ? ? Neutre ? Coopération ? Conflit

5.2. Que pensez-vous des taxes municipales ? .........................................................

..................................................................................................................

5.3. La Mairie vous soutient-elle dans le cadre de votre travail ? ? Oui ? Non

Pourquoi une telle réponse ?..................................................................................................

...............................................................................................................

5.4. Etes-vous satisfait (e) de l'équipe municipale en place ? ? Tout à fait

? Relativement ? Pas du tout

5.5. Pensez-vous que la Municipalité joue son vrai rôle ? ? Oui ? Non

Pourquoi ?.......................................................................................................................... 

...............................................................................................................

5.6. Quelles sont les réalisations de la Municipalité de 1996 à nos jours ?................................

...............................................................................................................

5.7. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la Mairie ?................................................................

..............................................................................................................................................................................................................................

II. Guides d'entretien sociologique

Guide d'entretien 1 :

Enquêté : M. Doudou DIAW Bakhao, conseiller municipal.

Enquêteur : M. Demba DIOP, auteur du Mémoire de Maîtrise.

Durée de l'enquête : 42 Minutes.

Date et Lieu de l'enquête : Le 04 Octobre 2005 à la résidence de l'enquêté.

Thème I : La décentralisation

1. Qu'est-ce que la décentralisation ?

2. Comment se vit la décentralisation dans la Commune ?

3. Quels sont les atouts de la politique de décentralisation ?

4. Quels sont les problèmes liés à la décentralisation ?

Thème II : Le Secteur Informel et la fiscalité locale

1. Quel est l'apport du secteur informel dans l'économie et dans la vie des populations ?

2. Quelle analyse faites-vous de la fraude du sucre ?

3. Quel est l'effectif des collecteurs municipaux ?

4. Y'a-t-il des politiques municipales visant le secteur informel ?

5. Quelle analyse faites-vous de la pression fiscale et du taux de recouvrement ?

Thème III : Le Budget Municipal

1. D'où vient le Budget Communal de Richard-Toll ?

2. Quelles sont les parts des différentes ressources dans le dernier budget voté ?

3. Quelle analyse faites-vous de la part du secteur informel dans le budget ?

Thème IV : Le Développement Local

1. Y'a-t-il une tendance à la formalisation de l'informel dans la commune ?

2. Quels sont les grands axes de la politique de développement Municipal ?

3. Quels sont les Investissements ou réalisations de la Municipalité (depuis 1996) ?

4. En quels termes appréhendez-vous l'apport de la CSS  à la Commune ?

5. Quels sont les grands problèmes de la Municipalité ?

Appréciation de l'enquête par l'enquêté :

Guide d'entretien 2 :

Enquêté : M. Youssou DIEYE, Chargé de la Communication.

Enquêteur : M. Demba DIOP, auteur du Mémoire de Maîtrise.

Durée de l'enquête : 01 Heure 25 minutes.

Date et Lieu de l'enquête : Le Samedi 08 Octobre 2005 au bureau de l'enquêté à

la Mairie.

Thème I : Les réalisations de la Commune depuis 1996.

Thème II : Les Partenaires de la Municipalité.

Thème III : Les conseillers municipaux de Richard-Toll

Thème IV : La localisation et la carte de la Commune.

Appréciation de l'enquête par l'enquêté :

Guide d'entretien 3:

Enquêté : M. Magatte SECK, Secrétaire Municipal.

Enquêteur : M. Demba DIOP, auteur du Mémoire de Maîtrise.

Durée de l'enquête : 30 Minutes.

Date et Lieu de l'enquête : Le Samedi 08 Octobre 2005 au Secrétariat Municipal à

la Mairie.

Thème : Le Budget de la Commune de Richard-Toll.

Appréciation de l'enquête par l'enquêté :

III. Grille d'observation sociologique

Période

Lieu

Activité

Acteurs

Objet de l'Observation

Observations

Du Samedi 10 Septembre au Samedi 24 Septembre 2005

Sur la Route Nationale de la Commune de Richard-Toll

Commerce

Transport

Artisanat

Marchands

Agents de transport

Artisans

La présence du Secteur Informel dans la Commune de Richard-Toll.

Boutiques

Cantines

Tables

Parterres

Hangars

Maisons

Marchés

Rues

Garages

Partout on observe des gens qui travaillent. Tout le monde bouge.

Du Samedi 10 Septembre au Samedi 24 Septembre 2005

Marché de Khouma

Devant la

Mairie

Commerce

Transport

Artisanat

Marchands

Agents de transport

Artisans

Les relations entre acteurs de l'informel et populations.

- Vente et achat

- Marchandage

- Discussion sur l'actualité

- Salutations

- Rires et plaisanterie

-Conciliabules pour affaires.

IV. Guide d'observation documentaire

Documents

Thèmes de Recherche

Informations obtenues

CD-ROM Commune de Richard-Toll 2004

-Organisation de la Municipalité

-Réalisations de la Municipalité

 

Warr, B. et Sow, O., Juillet 2000 : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Club du Sahel de l'OCDE et Conseil Municipal de Richard-Toll, 71 Pages

-Contribution de l'Informel à l'économie locale.

-Budget Communal et participation du secteur informel

 

Observation Documentaire :

Analyse Préliminaire 01

Analyse Préliminaire 02

Annexe 2 : Tableaux

Tableau 34 : Répartition des sujets enquêtés selon l'obédience ou l'appartenance religieuse.

Confession

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

Christianisme

02

00

00

02

Islam

60

71

09

140

Autre

00

00

00

00

TOTAL

62

71

09

142

Source : Données de l'enquête, 2005

Tableau 35 : Répartition des sujets enquêtés selon l'appartenance ethnique.

Ethnie

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

Diola

01

00

00

01

Halpulaar

14

14

04

32

Maure

03

09

01

13

Sérère

01

04

01

06

Wolof

39

43

03

85

Autre

04

01

00

05

TOTAL

62

71

09

142

Source : Données de l'enquête, 2005

Tableau 36 : Répartition des sujets enquêtés selon la région d'origine.

Région d'origine

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

Dakar

02

04

00

06

Diourbel

04

10

00

14

Fatick

00

01

00

01

Kaolack

01

06

00

07

Kolda

01

00

00

01

Louga

04

10

00

14

Matam

03

03

00

06

Saint-Louis

39

27

08

74

Tambacounda

01

00

00

01

Thiès

04

08

01

13

Ziguinchor

02

01

00

03

Ailleurs

01

01

00

02

TOTAL

62

71

09

142

Source : Données de l'enquête, 2005

Tableau 37 : Répartition des sujets enquêtés selon l'adresse ou le quartier de résidence.

Adresse/Quartier de résidence

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

Campement

04

02

00

06

Diamaguène

00

01

02

03

Escale

07

29

01

37

Ndiangué

05

06

00

11

Ndiaw

04

02

00

06

Gadalkhout

04

06

00

10

Gaé 2

02

04

00

06

Khouma

20

10

01

31

Autre quartier

16

11

05

32

TOTAL

62

71

09

142

Source : Données de l'enquête, 2005

Tableau 38: Répartition des enquêtés selon la profession de rêve.

Profession rêvée

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

Artisanat

12

10

04

26

Commerce

06

27

01

34

Transport

04

03

00

07

Autre secteur

09

14

01

24

Aucune

31

17

03

51

Total

62

71

09

142

Source : Données de l'enquête, 2005

Tableau 39: Répartition des enquêtés selon le type de relation entretenue avec la Mairie.

Type de relation

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

Conflit

00

03

00

03

Coopération

34

46

06

86

Neutre

26

21

02

49

Pas de réponse

02

01

01

04

Total

62

71

09

142

Source : Données de l'enquête, 2005

Tableau 40: Répartition des enquêtés selon la perception qu'ils ont des taxes municipales.

Conceptions des taxes municipales

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

C'est normal, un devoir, obligation

17

12

01

30

C'est pour le Maire et son équipe

00

00

02

02

Droit de place

00

04

00

04

Ne servent à rien, inutiles

07

04

00

11

Pour la ville

18

24

02

44

Sans contrepartie

00

00

01

01

Trop chères, à alléger

04

14

02

20

Pas de réponse

01

01

00

02

Ne comprennent pas

15

12

01

28

Total

62

71

09

142

Source : Données de l'enquête, 2005

Tableau 41: Répartition des enquêtés selon les réalisations de la Municipalité constatées de 1996 à nos jours.

Réalisations

EFFECTIFS

TOTAL

Artisanat

Commerce

Transport

Agrandissement du Stade Municipal

03

00

00

03

Aides scolaires

01

00

00

01

Construction de Foyers

02

00

00

02

Dispensaire

03

02

01

06

Extension de l'électrification

03

02

00

05

Nouveau lycée

02

05

00

07

Nouveau marché

26

27

02

55

Nouveaux CEM et Ecoles

05

00

00

05

Nouvelle gare routière

10

20

02

32

Nouvelle route -Avenue Jacques Mimran

11

16

00

27

Aucune réalisation

24

17

06

47

Pas de réponse

01

15

01

17

Source : Données de l'enquête, 2005

Annexe 3 :

Liste des 56 conseillers élus de la Municipalité de Richard-Toll

Prénoms

Noms

Fonctions

Partis d'origine

 

1. Abibou

DIEYE

Enseignant

PDS

 

2. Ababacar

NDAO

Inspecteur des Impôts

PS

 

3. Abdoulaye

NDOYE

Enseignant

PDS

 

4. Aminata

MBODJ

Ménagère

PS

 

5. Alioune

DIAGNE

Enseignant

FSD-BJ

 

6. Alioune

DIALLO

Chercheur

PDS

 

7. Abdoulaye

DIENG

Ouvrier Métallique

PDS

 

8. Moustapha

LO

Ingénieur agronome

PDS

 

9. Abibatou

SEYE

Secrétaire Direction CSS

PDS

 

10. Amadou Bakhao

DIAW

Economiste

PDS

 

11. Amadou Ndack

FALL

Aménagiste à la SAED

PDS

 

12. Abdoulaye

SAMB

Professeur d'Université

AFP

 

13. Ousmane

KANE

Commis à la CSS

PDS

 

14. Ndiogou

FALL

Enseignant

PDS

 

15. Abdou Aziz

DIOP

Employé à la CSS

PDS

 

16. Abdoulaye

NDIAYE

Chauffeur (Retraite)

PDS

 

17. Oumar

THIAM

Syndicaliste

PDS

 

18. Arona

SOW

Commerçant

PDS

 

19. Alima

GUÈYE

Commerçante

PDS

 

20. Mamadou

CISS

Enseignant

PDS

 

21. Mbaye

DIOP

Maçon

PDS

 

22. Abiboulaye

NDIAYE

Comptable

URD

 

23. Moussa

BA

Employé CSS

URD

 

24. Oumar

GUÈYE

Enseignant

PDS

 

25. Oumar

BA

Employé CSS

PDS

 

26. Korka

DIAO

Agriculteur- Informel

LD/MPT

 

27. Babacar

MBENGUE

Hôtelier

PDS

 

28. Edouard

YANGA

Employé CSS

PDS

 

29. Baye Fall

DIAGNE

Chauffeur (Retraite)

PDS

 

30. Seydané

DIAW

Gestion de Groupement

PDS

 

31. Pape

MBOUP

----------------------

PDS

 

32. Abba

DIÉMÉ

Employé CSS

PDS

 

33. Ousmane Djiby

SALL

Enseignant (Retraite)

PS

 

34. Ngary Sylla

BA

Infirmier (Retraite)

PS

 

35. Yaya

DIÉMÉ

Employé CSS

PDS

 

36. Moustapha

SALL

Employé CSS

PS

 

37. Binetou

DRAMÉ

Gestion de Groupement

PS

 

38. Makhtar

KANE

Agent de la Poste

PDS

 

39. Amadou Bineta

BA

----------------------

PS

 

40. Paul

DIOUF

Ingénieur agronome

PDS

 

41. Pape Malick

HANNE

Employé CSS

PS

 

42. Sidy

MAAL

Economiste

PS

 

43. Makhary

SAMB

Syndicaliste CSS

PS

 

44. Fama

NDIAYE

Employé CSS

PIT

 

45. Aby

SECK

Employé CSS

AFP

 

46. Malick

SY

Ingénieur

AFP

 

47. Mbaye

MBOUP

Employé CSS

PS

 

48. Moustapha

WADE

Agent de la LONASE

URD

 

49. Fary

NDAW

Employé CSS (Retraite)

URD

 

50. Tagne Mbodj

CISSÉ

----------------------

PR

 

51. Mody

HANNE

Réparateur informel

PR

 

52. Arona

SY

Enseignant

-

 

53. Ibrahima Aoudy

DIALLO

Employé CSS

PS

 

54. Bollé Niang

SECK

Employé CSS

PDS

 

55. Ndèye

DIOP

Ménagère

PS

 

56. Oumar

NDIAYE

Employé CSS

PDS

Source : Données de l'enquête, 2005

Annexe 4

Recettes du budget de l'exercice 2005

Délibération n° 01/2005

Voté le 26 mars 2005 - Approuvé le 30 mai 2005

Section : Fonctionnement

Chapitre 12: Résultat du fonctionnement reporté

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

121

Résultat de fonctionnement reporté

22 709 000

75 000 000

Chapitre 70 : Produits de l'exploitation

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

7 002

Produits des services de vidange

200 000

 

701

Produits des droits de taxes perçus aux abattoirs

300 000

 

7 020

Taxe d'enlèvement des ordures ménagères

3 000 000

 

7 030

Taxe de visite et de poinçonnage des viandes

100 000

 

705

Droit d'alignement et frais de bornage

152 450 000

42 039 000

7 094

Produits de l'expé. des actes admin. D'état-civil

4 000 000

 

7 095

Légalisation

1 500 000

 

xxx

Total des recettes des produits d'exploitation

161 550 000

51 139 000

Chapitre 71 : Produits domaniaux

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

7 100

Produits de la location de souks

13 000 000

 

7 101

Produits de la location des loges et des stalles

500 000

 

7 105

Location de salle des fêtes

100 000

 

7 107

Location de stade et terrains de sports

100 000

 

7 110

Produits de droit de place

12 000 000

 

7 113

Taxe sur le produit des ventes d'animaux

100 000

 

7 114

Produits des permis de station sur la Voie Publique

6 000 000

 

7 115

Stationnement taxi

600 000

 

7 117

Produits des locations sur la voie publique

5 000 000

 

7 118

Droits d'occupation du domaine public

500 000

 

712

Droits de fourrières

1 000 000

 

xxx

Total des recettes des produits domaniaux

38 900 000

 

Chapitre 72 : Impôts locaux

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

720

Minimum fiscal

35 000 000

 

721

Contribution des patentes

300 000 000

330 500 000

722

Licences

100 000

 

724

Impôt sur le foncier bâti

128 000 000

64 000 000

725

Impôt sur le foncier non bâti

100 000

 

7 281

Centimes additionnels à la contribution des patentes

100 000

 

7 290

Taxe sur les véhicules automobiles

20 000 000

 

7 291

Taxe sur la plus-value immobilière

10 000 000

 

xxx

Total des recettes des impôts locaux

493 300 000

459 700 000

Chapitre 73 : Taxes municipales

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

7 300

Taxe complémentaire à la contribution des patentes

2 000 000

 

7 301

Taxe sur les véhicules hippomobiles

4 000 000

 

7 310

Taxe sur les spectacles

500 000

 

7 313

Taxe sur la publicité

1 000 000

 

7 314

Taxe sur l'électricité consommée

5 500 000

000

7 315

Taxe sur l'eau

500 000

 

7 317

Taxe sur les distributeurs de carburant

660 000

 

xxx

Total des recettes des taxes municipales

14 160 000

8 660 000

Chapitre 74 : Produits divers

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

743

Produits des amendes correct., ou de simple police

750 000

 

749

Recettes éventuelles ou imprévues

2 000 000

 

xxx

Total des recettes des produits divers

2 750 000

 

Chapitre 75 : Dotation de fonctionnement

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

755

Fonds de dotation de la décentralisation

 
 

xxx

Recettes des fonds de dotation

 

63 527 530

Chapitre 76 : Remboursements et Fonds de participation

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

7 601

Remboursement des frais d'hospitalisation

200 000

 

7 620

Participation de l'Etat

13 500 00

34 000 000

xxx

Total des remboursements et Fonds de participation

13 700 000

34 200 000

Total des recettes de fonctionnement : 747 069 000 prévu / 670 349 000 approuvé

Section : Investissement

Chapitre 105 : fonds de concours

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

1 052

Fonds de concours du FECL

 

15 000 000

xxx

Total des recettes du fonds de concours

 

15 000 000

Chapitre 115 : Résultat de fonctionnement capitalisé

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

115

Résultat de fonctionnement capitalisé

225 751 000

128 531 000

xxx

Total du résultat de fonctionnement capitalisé

225 751 000

128 531 000

Chapitre 123 : Résultats d'investissement reporté

Codes

Nomenclatures

Prévisions

Approbations

123

Résultat d'investissement reporté

xxxxxxxxxxx

xxxxxxxxx

xxx

Total du résultat d'investissement reporté

Xxxxxxxxxxx

xxxxxxxxx

Total des recettes d'investissement : 225 751 000FCFA prévu/128 531 000FCFA approuvé

* 1 A titre exemplatif, nous pouvons citer la SAED, la SODEVA et la SOMIVAC (pour l'agriculture) ; l'OSA (pour l'artisanat) ; l'ONCAD (pour la commercialisation) ; la SONEPI (pour l'industrie) ; l'OHLM (pour le logement) ; la BNDS (pour le secteur bancaire)...

* 2Abdoulaye Niang, 2000 : « L'évolution des associations en milieu urbain sénégalais » in Cahier d'Etudes Africaines de Piémonté, Volume IV, Université de Turin, P. 84

* 3Alfred Inis Ndiaye et Bassirou Tidjani ,1995 : Mouvements ouvriers et crise économique : les syndicats sénégalais face à l'ajustement structurel, Dakar, CODESRIA P.5

* 4Jean-Pierre Barbier, 1995 : « Les entreprises subsahariennes dans la compétitivité internationale » in Entreprises et entrepreneurs africains, Paris, Karthala et ORSTOM, P.422

* 5 op. cit. , P. 427

* 6Ibid., P.430

* 7Georgette Silva Barboza, 1998-1999 : Le chômage à Saint-Louis : Stratégies de survie des chômeurs et secteur informel. Le cas de la Commune de Saint-Louis, Saint-Louis, UGB, Mémoire de Maîtrise de Sociologie, P. 4

* 8Assane Camara 1997-1998 : Le secteur informel : cadre d'insertion économique et sociale pour les jeunes : le cas des « vélos-taxis » de Kaolack, Mémoire de Maîtrise de Sociologie, Université Gaston Berger, Saint-Louis, P.3

* 9Jacques Habib Sy, 2002 : « Les dimensions véritablement inhumaines de l'ajustement structurel » in Pauvreté et hégémonismes, Aide Transparence Afrique et Oxfam America. PP. 1-26

* 10Abdoulaye Niang, op.cit., P. 85

* 11Georgette Silva Barboza, op.cit., P.5

* 12Abou Abel Thiam : « De 2002 faisons table rase » in Jeune Afrique l'Intelligent, n°2237 du 23 au 29 novembre 2003,P. 51

* 13 Abou Abel Thiam, ibid., P. 50

* 14 Abou Abel Thiam , Idem, P. 51

* 15 Cheikh Yérim Seck : « Demi-bilan pour demi-mandat » in Jeune Afrique L'Intelligent, n°2237 du 23 au 29 novembre 2003, P.47

* 16 Le terme « Goorgoorlu » est un mot wolof qui, dans la langue française, correspondrait à « se débrouiller ». Il est le titre d'un feuilleton télévisé. « Goor », Abib Diop, et « Diek », Seune Sène, constituent le couple acteur principal qui retrace le quotidien du sénégalais lambda qui, dans la débrouillardise la plus réelle, lutte pour la dépense quotidienne voire pour la survie. « Goor », père de famille chômeur, pratique toute forme de travail allant du vendeur de cure-dents au lutteur rien que pour la dépense quotidienne, les frais scolaires de son fils et de sa fille, le paiement de sa dette envers Abdallah le boutiquier.

* 17 Fabrice Hervieu-Wane : « Transformer le plomb en or » in Jeune Afrique l'Intelligent, n° 2237 du 23 au 29 novembre 2003, P. 88

* 18 Abdoulaye Niang, 2000, ibid, P.81

* 19 Ibid, P.85

* 20 Ibid, P. 39

* 21 William Archey « Préface » in D. J. Sullivan, 1988 : Mise en place des structures pour un changement économique : Rapport relatif à la Conférence Internationale sur le secteur informel du 26-27 octobre 1987, Washington D.C., CIPE

* 22 Dan Gallin, 23-25 juillet 1999 : « Droits sociaux et secteur informel » in http://www.global-labour.org, Tunisie

* 23 Georgette Silva Barboza, ibid, P.7

* 24 Bruno Lautier, 1994: L'économie informelle dans le Tiers-monde, Paris, PP. 106-107

* 25 Pr. Abdoulaye Niang, 1997 : « Secteur informel en milieu urbain, un recours à la crise de l'emploi » in Ajustement structurel et emploi au Sénégal, Dakar, CODESRIA, P.53

* 26 Souleymane Thiam et Ibrahima Sow « Ciré », « Richard-Toll, une existence à canne et à sucre » in Nouvel Horizon, L'Hebdo du Vendredi, n°431 du 23 juillet au 29 juillet 2004, P.17

* 27 Bruno Lautier, ibid., P.102

* 28 Ibidem

* 29 Lubell, H., 1991 : Le secteur informel dans les années 80 et 90, Paris, OCDE, P.82

* 30 Dan Gallin, op.cit.

* 31 Meine Pieter Van Dijk, 1986 : Sénégal : Le secteur informel de Dakar, Paris, L'Harmattan, P. 30

* 32 Albert Tévoédjrè : « Préface » in Meine Pieter Van Dijk, 1986 : Sénégal : Le secteur informel de Dakar, Paris, L'Harmattan, P. 7

* 33 William Archey, op.cit.

* 34 Aly Diouf, 1997 : Le transfert de compétences : partage du pouvoir entre l'Etat et les collectivités locales, Dakar, SAFEFOD, P.5

* 35Cité par Jaglin,S. et Dubresson,A. 1993:Pouvoir et cités d'Afrique noire.Décentralisations en questions.Paris,Karthala,P. 10

* 36 Selon Paul Robert (1990 : Le Petit Robert, Canada, Montréal, P. 462), « Système dans lequel le pouvoir de décision est exercé par des agents et des organismes locaux, résidant sur place mais soumis à l'autorité centrale (à la différence de la décentralisation) ».

* 37 Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf, 1993 : « Pouvoir central et pouvoir local. La crise de l'institution municipale au Sénégal » in Pouvoirs et cités d'Afrique noire : Décentralisations en questions, Paris, Karthala, PP. 112

* 38 Sylvy Jaglin et Alain Dubresson, op.cit., P. 9

* 39 Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf, op.cit., PP. 122-123

* 40 Cheikh Ndiaye, « Aminata Tall propose des `départs volontaires' dans les collectivités locales... » In Le Matin du Vendredi 10 décembre 2004. P.6

* 41 Souleymane Thiam et Ibrahima Sow « Ciré », ibid., P. 15

* 42 Ibidem

* 43 Ibidem

* 44Ibid., P.16

* 45 Le 08 fut une véritable légende à Richard-Toll ; jour de paiement des salaires, Richard-Toll affluait de monde. Avec l'usage des ordinateurs, plus généralement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, le paiement se fait selon d'autres modalités. « Le 8 est mort » depuis janvier 2002 pour reprendre les termes de Louis Lamotte.

* 46 Gabriel Boissy, 1996 : Géographie. Sénégal. Annexes.

* 47 Harold Lubell,1991 : Le secteur informel dans les années 80 et 90, Paris, OCDE, P. 79

* 48 Assane Camara, op.cit., P.11

* 49 Mamadou Barry, Lundi 05 mai 1997:« La vocation d'une commune est l'investissement » in Sud Quotidien, P. 9

* 50 Ce fichier est souvent appelé le cadastre fiscal qui « est un fichier exhaustif de l'ensemble des contribuables qui doivent payer les impôts notamment les droits de place ».Mamadou Barry, ibidem

* 51 Ibidem

* 52 Ibidem

* 53 Souleymane Thiam et Ibrahima Sow « Ciré », Ibid., P. 16

* 54 Pr. Abdoulaye Niang, 1997, op.cit.P.29

* 55 Bruno Lautier, Ibid., P.3

* 56 Article de l'Encyclopédie « Budget » in Encarta Edition 2004

* 57 Raymond Guillien et alii, 2003 : Lexique des termes juridiques, 14ème édition, Paris, Dalloz, P. 80-81

* 58 Raymond Guillien et Jean Vincent, 2001 : Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, P. 537

* 59 Marie Delphine Ndiaye Wade et Mohamed Dièye., 2004 : « Thème n°11 : La contribution globale unique » in La pratique fiscale sénégalaise, Dakar, BSDA, PP. 273-280. La CGU s'applique aux personnes physiques ayant un chiffre d'affaires annuel, tous droits et taxes compris, qui n'excède pas : 50 millions de Francs CFA pour les opérations de livraisons de biens ; 25 millions de Francs CFA lorsqu'elles s'investissent dans les prestations de services.

* 60 Cheikh Bitèye, 1999-2000 : Processus d'urbanisation et problématique de la gestion municipale de la Commune de Tambacounda, Saint-Louis, UGB, Mémoire de Maîtrise de Géographie, P. 91

* 61 Guillien, R. et Vincent, J., op.cit., P.371

* 62 Ibid, P.177

* 63 Harold Lubell, op.cit., P.81

* 64 Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf, ibidem

* 65 Communauté urbaine : structure d'entente et de coordination créée par association de communes qui veulent mener des activités de portée intercommunale.

Ville : structure qui coiffe les communes d'arrondissements. La loi dispose que la grande taille d'une commune justifierait souvent son découpage en plusieurs communes d'arrondissements.

* 66Géographie 2ème et 3ème étapes. Nouveau découpage administratif, 2003 : Dakar, EDICEF, Ministère de l'Education, PP. 2-7

* 67 « Décentralisation » in Encarta Edition 2004.

* 68 Madeleine Grawitz, 2000 : Lexique des sciences sociales, 7ème édition, Paris, Dalloz, P. 121

* 69 Ibidem

* 70 Jacques Habib Sy, Ibid, P. 5

* 71 D. J. Sullivan, op.cit, P. 4

* 72 De Villers, 1996 : « Informel et développement : contribution à un débat » in Revue Université, Recherche et Développement : Organisations économiques et cultures africaines, Numéro Spécial 5-6-7, Université de Saint-Louis, Harmattan, P. 80

* 73 Abdoul Wahab Cissé, 2001-2002 : Impact socio-économique des activités du secteur informel dans le budget des collectivités locales sénégalaises : le cas de Saint-Louis, Saint-Louis, Université Gaston Berger, Thèse pour le Doctorat de 3ème cycle en Sociologie, P.45

* 74 Sémou Pathé Guèye, 1994 : « Science, Culture et Développement » in URED, n°3, mars 1994. P.2

* 75 Dictionnaire Universel, 1995, Paris, Hachette/EDICEF, P.459

* 76 Ibidem

* 77 Ibidem

* 78 Ibidem

* 79Patrick Menget, 1993: « Fonction et Fonctionnalisme » in Encyclopedia Universalis, Corpus 09 : Etymologie-fungi imperfecti, Paris, EU, PP. 608-611.

* 80 Ibidem

* 81 Ibidem

* 82 Ibidem

* 83 Bruno Lautier, op. cit. P. 13

* 84 Ibidem

* 85 Abdoulaye Niang, 1997 : « Le secteur informel en milieu urbain, un recours à la crise de l'emploi » in Ajustement structurel et emploi au Sénégal, Dakar, CODESRIA, P. 35

* 86Op.cit. P. 36

* 87 Rudolf Bicanic, avril-juin 1966 : « Comment ne pas développer un pays : Essai de pathologie économique » in Revue Trimestrielle Tiers-monde : Croissance, Développement, Progrès : Blocages et freinages de la croissance et du développement, Tome VII, n° 26, Paris, PUFP.265

* 88 Bruno Lautier, op. cit. P. 16

* 89 Rudolf Bicanic, op.cit. P.266

* 90 Assane Camara, 1997-1998 : Le secteur informel : cadre d'insertion économique et sociale pour les jeunes : le cas des `vélos-taxis' de Kaolack, Saint-Louis, UGB, P.19

* 91 Bruno Lautier, idem P.102

* 92Gabriel Boissy, 1996 : « Annexe : Le secteur informel au Sénégal » in Géographie. Sénégal.. PP. I-VI

* 93 Abdoulaye Niang, 1996 : « Le secteur informel, une réalité à réexplorer : ses rapports avec les institutions et ses capacités développantes » in Africa Development, Volume XXI, No 1, P. 57

* 94 Danielle Ruquoy, 1995 : « Situation d'entretien et stratégie de l'interviewer » in Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Armand Colin, P. 34

* 95 Luc Albarello, 1995 : « Recueil et traitements quantitatifs des données d'enquêtes » in Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Armand Colin, P. 39

* 96 Bouna WARR et Ousmane SOW, Juillet 2000 : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Club du Sahel de l'OCDE et Conseil Municipal de Richard-Toll, P. 15

* 97 La frégate royale, la Méduse, partie de Rochefort pour coloniser le Sénégal, fait naufrage au large des côtes d'Afrique le 02 juillet 1816. 149 rescapés du naufrage passent douze jours entassés sur un radeau de fortune, sans vivres, jusqu'à ce que l'Argus, lancé à leur recherche, les retrouve et recueille une quinzaine de survivants parmi lesquels le Colonel Schmaltz surnommé « rescapé du radeau de la Méduse ».






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