WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Comment peut on envisager la durabilité touristique des montagnes françaises ?

( Télécharger le fichier original )
par Mari Jaouen
Ecole Supérieure Européenne (Poisy 74) et Université Jean Moulin (Lyon 69) - Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural 2004
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Marie Jaouen

Année 2006/2007

Promotion 13

IER 4ème année

Butiner avec Mountain Wilderness France,

vers un développement durable du tourisme de montagne

Comment peut on envisager la durabilité touristique dans les montagnes françaises ?

Maître de stage : Aurélien DAUTREY

Maître de mémoire : Anne HONNEGER

Membre du jury : Jacques BONNET

Remerciements

Je tiens tout particulièrement à remercier Aurélien DAUTREY, mon maître de stage, de la manière dont il m'a encadrée. Il a su m'accorder l'autonomie et la confiance nécessaires à la conduite du projet tout en étant disponible quand j'en avais besoin. Je le remercie également pour les multiples relectures qu'il a bien voulu effectuer.

Merci aussi à l'équipe « salariée » de Mountain Wilderness, Carmen GRASMICK, Michèle BORRETTINI, et Vincent NEIRINCK, de m'avoir accueillie durant ces quelques mois.

Je remercie de même Madame Anne HONEGGER, maître de mémoire, de son suivi et de son aide.

Je remercie toutes les bénévoles de Mountain Wilderness qui m'ont consacré du temps pour m'informer, m'accompagner : Isabelle MOUNIER, Aude WENES, Antoine VAN LIMBURG, Daniel ROUZIER, Philippe MARTIN.

Je remercie enfin mes amis et camarades de la promotion 13 avec lesquels j'ai appris énormément durant ces 4 ans ainsi que Elisabeth JAOUEN pour les heures de corrections qu'elle a effectuées au cours du dernier mois de rédaction.

Merci à tous de m'avoir permis de vivre cette expérience, de votre aide et pour tout le reste.

« Faire du tourisme en respectant l'environnement et les populations, ce n'est pas simplement rester poli, ramasser ses déchets et consommer des  produits locaux. C'est également, choisir un mode de transport, choisir des prestataires responsables,... toute une attitude. »

http://www.consoglobe.com

« Il n'y aura pas de développement économique et touristique durable en milieu montagnard sans une attention de tous les instants à ce qui en constitue le symbole le plus précieux : le patrimoine naturel. »

Corinne LEPAGE - Ministre de l'environnement- Discours du 11 juillet 1996 dans le Parc National des EcrinsSommaire

Remerciements 2

Introduction 5

1 Mountain Wilderness et les ambitions de Butiner 2007 7

1.1 Mountain Wilderness, une structure engagée et reconnue 7

1.1.1 Une association au service de la sauvegarde de la montagne 7

1.1.2 Actions 9

1.1.3 Les moyens humains 19

1.1.4 Organisation et fonctionnement 22

1.1.5 Financements 23

1.2 Proposer des approches douces pour que la montagne vive : Butiner 24

1.2.1 Montagne à vivre : une thématique chère à l'association 24

1.2.2 La mise en place de Butiner au Pays du Mont Blanc 26

1.2.3 Butiner : un projet intéressant par sa philosophie et ses principes 30

1.2.4 Reprise et appropriation du projet par MW France 32

1.2.5 Méthodologie employée et conduite du projet en 2005 32

1.2.6 Résultats obtenus et travail engagé en 2006 38

1.2.7 Conduite du projet Butiner en 2007 39

2 Vers un développement durable du tourisme dans les montagnes françaises ? 44

2.1 Les montagnes françaises et le tourisme : données de cadrage 44

2.1.1 Cadre réglementaire 44

2.1.2 Cadre institutionnel et politique 49

2.1.3 Le tourisme montagnard en quelques chiffres 58

2.2 Evolutions marquantes du tourisme montagnards et impacts sur les trois piliers de la durabilité 67

2.2.1 Des évolutions marquantes qui remettent en cause les équilibres 67

2.2.2 Les impacts du tourisme montagnards et problèmes soulevés : bilan et enjeux 78

2.3 Quelles solutions pour un tourisme doux et une Montagne à vivre ? 84

2.3.1 Jeux d'acteurs et légitimité 84

2.3.2 Mobilisation des acteurs et accompagnement 87

2.3.3 Changer d'approche face aux blocages : du territoire au réseau 88

Conclusion 90

Bibliographie 92

Table des illustrations 97

Annexes 100

Introduction

Le tourisme est aujourd'hui la première activité économique mondiale. La plupart des français le pratique à titre d'activité banale, nécessaire, presque vitale. Le développement du tourisme est pourtant récent et a connu une croissance rapide puisqu'il n'a été popularisé qu'au début du siècle dernier en France.

Le tourisme montagnard s'est lui aussi développé de manière effréné lors du dernier siècle. Les montagnes françaises qui étaient jusqu'au XIXème siècle un espace craint par beaucoup, deviennent au cours du XXème siècle un espace très convoité. Pour satisfaire le touriste la montagne est aménagée peu a peu.

La montagne s'est longtemps résumée aux stations de ski, qui permettait la création d'emploi et la création de richesse. Pourtant, aujourd'hui, la baisse de la quantité de neige et l'évolution des pratiques touristiques commencent à se faire sentir au niveau économique dans les « stations de sports d'hiver » qui ont, depuis le plan neige, basé entièrement leur économie sur cette ressource qu'est l'or blanc et sur la saison hivernale.

De plus, les impacts de l'industrie du ski sont aujourd'hui soulignés. Le développement durable est aujourd'hui un concept démocratisé et l'environnement est désormais au coeur des questions de sociétés. Comment peut on envisager la durabilité touristique dans les montagnes française aujourd'hui ?

Dans le souci de limiter les impacts négatifs liés à l'industrie du ski, un concept est né récemment : le tourisme durable. C'est un type de tourisme qui vise à concilier les enjeux économiques, socioculturels et environnementaux de l'activité, par le biais d'une utilisation efficace et raisonnée des ressources et des biens rares sans compromettre les besoins des générations futures. Il s'agit donc d'une approche intégrée du tourisme sur du long terme.

Les enjeux liés à la promotion du tourisme durable -également appelé tourisme doux- en montagne sont nombreux. Il s'agit à la fois d'améliorer les possibilités d'emploi et de services, d'encourager la croissance économique et d'accroître les moyens d'existence dans des territoires souvent défavorisés et marqués par l'inégalité sociale, de préserver la biodiversité et de valoriser les patrimoines dans des espaces souvent victimes des pressions environnementales, mais aussi de renforcer la participation de la population locale et d'engager de nouvelles formes de gouvernance pour pallier à la marginalisation politique de ces territoires.

Dans le cadre de ma quatrième et dernière année de Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural, j'ai effectué un stage de 3 mois et demi au sein de l'association Mountain Wilderness. Cette association nationale de protection de la montagne porte depuis deux ans, dans le cadre de sa thématique Montagne à vire, un projet de tourisme doux sur le massif de Belledonne. J'ai été chargée de mener à bien ce projet nommé Butiner.

Nous présenterons tout d'abord, l'association Mountain Wilderness, avant d'étudier plus précisément sa thématique Montagne à vivre et la mise en place de du projet Butiner en Belledonne.

Nous traiterons, dans un second temps, plus généralement de la problématique de durabilité de l'activité touristique dans les montagnes françaises. Nous verrons ensuite, après avoir étudier les évolutions marquantes et les impacts de cette activité, de quelle manière il est possible d'intégrer la durabilité dans les projets touristiques, par le biais de l'analyse du projet Butiner en Belledonne mis en place par Mountain Wilderness.

1 Mountain Wilderness et les ambitions de Butiner 2007

1.1 Mountain Wilderness, une structure engagée et reconnue

1.1.1 Une association au service de la sauvegarde de la montagne

Créée en 1987 à Biella en Italie, Mountain Wilderness (MW) est une association internationale, dont le but statutaire est la "sauvegarde de la montagne, sous tous ses aspects". La philosophie et les buts du mouvement sont décrits dans les Thèses de Biella (Annexe 1), adoptées lors du congrès fondateur. Organisation non gouvernementale (ONG), MW est reconnue au niveau de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe, par le biais de son action pour la mise en place de lois-cadres et de recommandations relatives à la politique de la montagne.

MW dispose de 8 sections nationales : Allemagne, Belgique, Catalogne, Espagne, France, Italie, Pakistan, Slovénie, Suisse. Les 3 grands objectifs de MW international sont :

- la coordination des actions des différentes sections nationales

- la création de nouvelles sections dans les pays où l'association n'est pas encore présente

- la mise en place d'actions dans les pays ne disposant pas de section nationale pour le faire.

La section française de MW a été créée en septembre 1988 lors du Congrès d'Evian. Sur le plan national, MW constitue des dossiers sur des sujets sensibles, qu'il s'agisse d'études de cas ou de réflexions novatrices sur des thèmes plus larges. Ces documents permettent de dialoguer avec les pouvoirs publics. Les actions ponctuelles, l'information diffusée au secteur associatif, les colloques pour débattre de l'avenir de la montagne française, l'action pédagogique pour les scolaires et le grand public et la participation aux différentes commissions de spécialistes sont autant de moyens qu'utilise MW pour faire passer son message et s'enrichir de réflexions externes.

MW France a obtenu l'agrément des associations de protection de l'environnement au titre des articles L141-1 et 2 du Code de l'environnement. L'association devrait être reconnue d'utilité publique, la parution au Journal Officiel est attendue pour le mois de septembre.

Image 1 : Logo de l'association, source : MW

L'objectif de MW, décrit dans ses statuts, est la "sauvegarde de la montagne sous tous ses aspects". En fait, le terme "montagne" doit être pris au sens que lui reconnaît la loi de 19851(*). Cet objectif peut être décliné selon plusieurs grands thèmes :

- La reconnaissance de la notion de wilderness et l'importance de la préservation d'espaces non transformés par les activités humaines.

- La lutte contre la dégradation de la wilderness et responsabilisation des acteurs et utilisateurs de l'espace.

- La prise en compte des problèmes posés par le tourisme d'aventure dans les massifs extra européens.

- La nécessité de créer un grand mouvement d'opinion en faveur de l'environnement montagnard.

- La promotion d'une réforme de la culture de montagne, et la mise en place d'une politique de la montagne inspirée des idées précédemment développées.

Indépendant des circuits économiques, MW tente de défendre un rapport de l'homme à la nature tout autant que la nature elle-même, en s'efforçant de conserver une vue globale des problèmes d'environnement (pour lesquels ne peuvent être dissociés le "naturel", le "social" et "l'économie"). En effet, pour MW, la montagne protégée ne doit plus être considérée comme un frein au développement qualitatif mais comme une richesse en soi.

MW est une association internationale, représentée dans plusieurs pays, entre lesquels l'anglais est, de fait, la langue la mieux partagée. De plus, le terme de wilderness est difficilement traductible, c'est pour cela que MW, dans les différents pays dans lesquels l'association est présente, a choisi de conserver ce nom anglais.

C'est une association de défense de l'environnement, mais dont la sensibilité se rapproche peut-être plus de celle des clubs de pratiquants de la montagne (les Clubs alpins par exemple) que de celle des associations "naturalistes". Car, tout autant, que la montagne elle-même, MW s'attache à préserver l'authenticité d'un rapport de l'homme à la montagne, fondée sur la liberté et la responsabilité. C'est là sa spécificité.

De l'alpiniste d'élite au simple promeneur, tout individu doit pouvoir se prendre en charge pour vivre une aventure personnelle, que ce soit sur un sentier de randonnée en été ou dans une face nord hivernale. Défendre la montagne c'est d'abord s'opposer à tout ce qui tend à la transformer en un sous-produit packagé et standardisé de l'industrie touristique, à la monopoliser, à l'uniformiser et à la banaliser en Disneyland grandeur nature, pour que l'homme libre puisse conserver un espace de liberté à sa mesure. De plus, il n'y a pas de contradiction entre la défense de la montagne et son accessibilité à tous, tant que les moyens mis en oeuvre pour permettre cette accessibilité ne détruisent pas précisément ce qu'ils devraient offrir : quelque chose qui sorte de l'univers de la consommation passive pour se situer dans celui d'une expérience intime, libre et autonome, qui engage l'individu tout entier, expérience solitaire ou partagée dans la convivialité et la complicité irremplaçables que crée l'effort partagé. MW tente donc de ne pas adopter une position élitiste, réservant la montagne à ceux qui ont la capacité physique et les connaissances nécessaires pour la pratiquer mais plutôt de rendre la montagne accessible à tous dans une démarche respectueuse et durable.

Le territoire d'action de MW n'est pas exclusivement la wilderness au sens purement naturaliste du terme. En effet, l'action de l'association se veut orientée de la haute vers la moyenne montagne et de la montagne naturelle vers la montagne culturelle.

La wilderness «objective» se trouve, au moins dans les Alpes, exclusivement en haute montagne. Cette wilderness pure et idéale doit rester, une référence, l'objet des rêves et des aspirations qui nous font échapper à notre routine quotidienne. Mais il existe aussi l'expérience subjective d'une wilderness «relative», qui pour l'immense majorité, sera vécue en moyenne montagne. Et cette wilderness vécue doit importer tout autant, pour l'action de l'association, que la wilderness idéale.

Une dimension supplémentaire est inséparable de l'expérience subjective de la wilderness dans nos massifs «humanisés» comme les Alpes, mais aussi dans les Andes ou l'Himalaya : c'est la culture montagnarde, en ce qu'elle a façonné les paysages, mais aussi en ce qu'elle conditionne la perception subjective et l'imaginaire social de la montagne. C'est une dimension absente des grands massifs vierges (Rocheuses, Patagonie), du Grand Nord, ou de l'Antarctique, qui, encore une fois, représentent la seule vraie wilderness au sens purement naturaliste du terme.

MW tend aujourd'hui vers une vision moins insulaire, mais plus globale et humaniste de l'idée de wilderness.

Image 2 :

Le ski de randonnée, une manière de côtoyer la wilderness subjective

dans des coins de montagne pouvant être très fréquenter en été,

source : Aurélien Dautrey

1.1.2 Actions

Au travers de grandes thématiques, MW :

- propose des approches douces pour la montagne : de plus en plus de visiteurs s'évadent en montagne pour s'y ressourcer. MW agit pour que les logiques urbaines n'envahissent pas le domaine montagnard.

- remet en cause les pratiques déraisonnables : MW se bat pour préserver un accès libre à la nature, face aux aménagements envahissants des stations de ski, à l'augmentation du trafic des poids lourds dans les vallées de montagne, au développement de la pratique illégale des loisirs motorisés.

- veille au maintien des équilibres : MW propose et valorise des solutions pour que les montagnes restent un lieu de vie où population, nature et activités économiques coexistent en harmonie.

Actions de communication et de sensibilisation

Initier une prise de conscience des pratiquants de la montagne et des entreprises face aux enjeux liés à la protection de la montagne.

Promouvoir une responsabilisation de chacun pour le bien de tous.

MW édite et diffuse une revue trimestrielle (4 numéros à 3 500 exemplaires) axée sur un contenu de qualité et contenant un dossier traitant d'une problématique spécifique. En 2006 : Mountain Wilderness International, Installations Obsolètes, Mobilité Douce.

Image 3 : Revue n° 62 de MW, source : MW

MW édite et diffuse également des documents de sensibilisation (édités à 100 000 exemplaires chacun) sur les problématiques des loisirs motorisés, des installations obsolètes, de l'enneigement artificiel et bientôt de la mobilité douce.

MW tient également à jour un site Internet contenant une très grande quantité d'informations. En 2006 : 737 pages étaient en ligne, 143 documents téléchargeables et 833 images agrémentaient la navigation. Ce site connaît une bonne fréquentation allant bien au-delà des adhérents et sympathisants : plus de 430 000 pages ont été visitées en 2006, soit environ 36 000 pages par mois.

Depuis 2006, un logo commun à toutes les associations de Mountain Wilderness a été adopté pour une meilleure communication du mouvement.

Dossiers d'actualité

Rester informés de l'actualité montagne.

Réagir dès que possible à tout ce qui porte atteinte à l'intégrité de ces espaces.

Au-delà des actions que MW planifie par grands projets, l'association effectue une veille importante sur les sujets d'actualité concernant la montagne. S'informer, réagir, communiquer, entrer en relation avec des élus, des administrations, des services de l'Etat ou encore collaborer avec d'autres associations sont autant de tâches que MW met un point d'honneur à assumer. Son large réseau d'adhérents, répartis sur tout le territoire montagnard, lui permet de se tenir informée des problèmes locaux.

MW :

- participe à des manifestations autour des problématiques des transports en montagne, notamment autour du Mont Blanc, de l'A51 et des projets pyrénéens,

- participe à l'information du grand public des enjeux liés à cette problématique,

- apporte sa vision et ses compétences dans les débats inter-associatifs sur cette question afin de proposer des solutions viables,

- suit les avancées concernant les projets de protection du Massif du Mont Blanc (en lien avec ProMontBlanc). MW relaye les informations concernant les évolutions en matière de grands prédateurs et de la faune menacée,

- appuie les actions menées par MW International et autres associations travaillant sur les montagnes du monde (Olympe, Afghanistan, Pakistan, ...),

- collabore très régulièrement avec un large réseau associatif (FFCAM, FFME, Associations environnementales locales, CIPRA, FRAPNA, ...) ainsi qu'avec des collectivités locales (Régions Rhône-Alpes, PACA et Languedoc Roussillon, Conseil général de l'Isère, ...), avec des services de l'Etat (Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable, DIREN Rhône-Alpes, ...). Des entreprises privées comme Au Vieux Campeur ou Patagonia soutiennent également MW.

Mobilité douce

Promouvoir d'autres moyens de déplacements en montagne que les véhicules individuels.

La mobilité douce en montagne est une problématique en plein essor. Elle est directement liée à la politique des transports, et constitue un enjeu capital en terme de développement durable. En effet, les problèmes de surfréquentation et de gestion des flux touristiques en montagne se font de plus en plus nombreux. Face à ces constatations, il s'agit de voir en quoi l'alternative « mobilité douce » peut permettre de pallier ces problèmes de déplacement et de stationnement dans les espaces de montagne, le tout s'inscrivant dans une démarche de développement supportable.

Image 4 : Bannière Mobilité Douce, source : MW

Image 5 : Affiche Journée de la Mobilité douce en Montagne, source : MW

En 2006, une importante action de sensibilisation a été au centre du travail mené. Cette manifestation s'est déroulée le 24 juin à Venosc (38) et entrait dans le cadre du projet européen Alpine Awarness. Une vingtaine de stands permettaient aux visiteurs de faire le tour des différents aspects de la mobilité douce, pour comprendre que « les transports en commun ce n'est pas perdre son temps mais prendre son temps ». Toujours dans le cadre de ce projet européen, MW a travaillé à la mise en réseau de diverses associations et gestionnaires d'espaces protégés.

Enfin MW a continué à mettre à jour son inventaire des initiatives de mobilité douce et l'a diffusé.

Pratiques sportives respectueuses

Promouvoir des formes de pratiques sportives de la montagne respectueuses des milieux.

Thèses de Biella : « Promouvoir une réforme de la culture alpine dans l'esprit de la wilderness (contre la commercialisation, contre le prosélytisme discriminatoire, pour la sensibilisation du public, pour la formation d'une culture écologique chez les encadrants). »

Image 6 : Cordée, source : MW

Pour la première fois en 2006 un représentant de MW était membre du jury du Piolet d'or qui récompense la plus belle réalisation de l'année en alpinisme. Cette participation a notamment permis d'ancrer le style alpin comme l'avenir de l'alpinisme de haut niveau.

MW a participé à différents débats sur la problématique de la liberté d'accès, du péage pour certaines pratiques de pleine nature, ainsi qu'à une table ronde, dans le cadre du festival international du film de montagne et d'aventure d'Autrans, sur la prise en compte de l'environnement dans les pratiques sportives montagnardes.

MW a poursuivi ses contributions aux réflexions menées par l'Observatoire de Pratiques de Montagne et d'Alpinisme. L'association siège également à la Commission Départementale Espaces Sites et Itinéraires de l'Isère.

En 2007 le concours « changer d'approche » a été lancé. Il se trouve à la confluence des thématiques « mobilité douce » et « pratique sportive » puisqu'il incite les pratiquants de la montagne a réaliser les plus belles sorties en transport en commun.

Image 7 : Affiche concours Changer d'approche !, source : MW

Industrie du ski... vigilance

Contrôler l'extension irraisonnée des stations de ski et préserver les espaces libres situés en limite.

Evaluer l'impact de leurs équipements.

Travailler à une meilleure prise en compte de l'environnement dans les domaines skiables.

Les projets d'équipement en remontées mécaniques, d'extension, voire de création de domaines skiables, et surtout de liaisons inter stations, grandes dévoreuses d'espaces, sont légions dans toutes les montagnes françaises, et en particulier dans les Alpes du Nord.
Pour MW, il est hors de question de laisser faire cette fuite en avant, cette relance de la course à l'Or blanc. Le tourisme hivernal permet une économie montagnarde très utile, qu'il n'est pas question de remettre en question. Mais il ne faut pas tout lui sacrifier et savoir garder raison : les montagnes de France forment le plus grand domaine skiable au monde, arrêtons là ce qui tend à devenir un massacre de nos montagnes ! Car quand le ski devient de l'industrie lourde, alors oui, il faut trouver un remède...

MW siège à la Commission des Unités Touristiques Nouvelles et au Comité de Massif.

L'association a souligné le risque de voir dans quelques années naître des friches immobilières, conséquences d'une évolution économique inhérent aux avantages fiscaux donnés aux ZRR2(*), ou du dérèglement climatique.

Image 8 : Document de sensibilisation sur l'enneigement artificiel, source : MW

Sur les canons à neige, la consommation d'eau et les problèmes induits ont été mis en évidence. Mais il y a aussi les dégâts irréversibles des terrassements sur les sols fragiles, et l'anéantissement de zones humides vitales pour les écosystèmes.

Des réactions ont aussi été nécessaires sur des projets spécifiques, en 2006 :

- Manifestation contre l'extension du domaine de Saint-Gervais,

- Dépôt de recours et plaintes au Tribunal administratif contre le projet de la Turra,

- Soutien aux habitants de Clavans en lutte contre un projet aberrant,

- Mise en évidence des carences d'un projet d'aménagement sur la commune de Villard de Lans.

MW se veut aussi force de proposition et travaille sur des pistes pour l'avenir, en matière d'accueil et d'hébergement, d'activité sportive, d'aménagement des stations, ou de restructuration des domaines skiables.

Silence ! Halte aux loisirs motorisés

Encadrer la pratique de tous les loisirs motorisés (motos, quads, 4X4, motoneiges, Héliski, ...).

Obtenir en premier lieu l'application de la loi de 1991.

Mettre un frein à tout événementiel faisant la promotion de ces activités prohibées.

Thèses de Biella : faire en sorte que soit mis sur pied une réglementation rigoureuse du trafic motorisé en montagne, accompagnée de moyens de contrôle et de sanctions adéquates.

Image 9 : Campagne silence sur Internet, source : MW

En début d'année 2006, le travail que MW mène depuis 5 années s'est vu salué par une circulaire ministérielle rappelant aux Préfets, Maires et administrations compétentes l'esprit de la loi de 1991 régissant les loisirs motorisés et demandant sa stricte application. MW a par la suite lancé une pétition citoyenne allant dans le même sens : un succès puisque plus de 180 000 personnes ont signé, soutenant ainsi le bien-fondé de nos démarches.

Comme les autres années, MW a été participant ou organisateur de manifestations contre la Croisière Blanche (en janvier dans les Hautes- Alpes), les motoneiges (en février dans le Jura), l'héliski (en mars en Suisse), la Transvaquad (en juillet dans la Savoie),...

En 2006, MW a par ailleurs investi son énergie dans la réactivation de la CALME (Coordination pour l'Adaptation des Loisirs Motorisés à l'Environnement) : ceci permettant à MW, entre autres, de donner son avis sur la démarche des PDIRM (Plan Départemental des Itinéraires de Randonnées Motorisés).

Image 10 : Document de sensibilisation sur les loisirs motorisés, source : MW

Installations obsolètes : nettoyons nos paysages montagnards

Poursuivre la sensibilisation des collectivités territoriales et gestionnaires de l'espace à la problématique des aménagements abandonnés en montagne, notamment au travers d'opérations exemplaires de nettoyage.

Thèses de Biella : « Démonter ou empêcher la construction des installations fixes incompatibles avec la wilderness ».

Image 11 : Document de sensibilisation Installations Obsolètes, source : MW

Initiée en 2001, la campagne « Installations obsolètes... Nettoyons nos paysages montagnards ! » de MW a pour but de sensibiliser les autorités, les acteurs locaux et les populations aux problèmes des aménagements abandonnés en montagne. Remontées mécaniques, bâtiments agricoles, militaires, industriels, la liste est longue... Ces installations qui n'ont plus d'usage marquent souvent le paysage comme de véritables cicatrices.
Après avoir recensé plus de 250 de ces installations obsolètes (et cela sans recherche de l'exhaustivité !), après avoir publié une étude donnant le mode d'emploi pour supprimer ces points noirs paysagers, et initié ou réalisé un certain nombre d'actions de terrain, MW demande l'intégration du coût du nettoyage dès la mise en route d'un nouvel aménagement, conformément à l'article 12 du protocole « tourisme » de la Convention alpine, pour que n'apparaissent plus ces cicatrices dans le patrimoine naturel montagnard...

En 2006, le site emblématique du Sommeiller a enfin été démonté. En 2006 et 2007, deux nouvelles opérations de nettoyage a eu lieu dans le Mercantour en collaboration avec le Parc national et de nombreux sites retrouvé leur aspect naturel. Après six années de travail dans le Mercantour, ce sont près de 65 tonnes de barbelés, ferrailles, tôles, poutrelles, piquets... évacués et triés.

Au-delà de ces actions de terrain, les prospections continuent pour découvrir de nouveaux sites propices à de futurs nettoyages, ainsi que la préparation de ceux-ci.

MW continue à diffuser de la documentation sur cette problématique, notamment le guide « En finir avec les installations obsolètes ».

Image 12 : Nettoyage du Mercantour en Juillet 2007, source : A. Dautrey

Montagne à vivre

Valoriser les initiatives de tourisme doux afin d'harmoniser vie en montagne, activité économique et respect des milieux naturels.

En 2006, la poursuite de la réflexion sur l'orientation du projet « Butiner » ayant pour objectif de recenser et de diffuser l'information sur l'offre touristique alternative a été mené. Le but recherché est de proposer aux visiteurs une offre touristique respectueuse de la montagne et des populations. MW désire ainsi montrer qu'une économie montagnarde est viable hors tourisme de masse.


Image 13 : Bannière site internet Butiner, source : MW

MW a aussi largement participé aux révisions des chartes des parcs naturels régionaux. MW a ainsi pu proposer des orientations à moyen terme mais aussi des actions concrètes dans le Vercors et la Chartreuse par exemple.

Espaces Montagnards d'Eau Vive

Préserver les derniers espaces montagnards d'eau vive.

En 2006, l'association de kayakistes Caskaboulons interpellait MW sur la thématique Espaces Montagnards d'Eau vive. En effet, les derniers espaces d'eau vive de nos montagnes françaises sont souvent soumis à des projets d'aménagement hydroélectrique, d'endiguement ou autres. Contrairement à de nombreux autres espaces menacés, il n'existe pas d'association d'envergure nationale de défense des espaces montagnards d'eau vive. MW a donc invité les kayakistes à adhérer et participer à l'animation de cette thématique.

Ainsi, les premières actions ont été mises en place courant 2007 et les objectifs poursuivis sont :

- Alerter/ sensibiliser les différents publiques sur les enjeux liés à l'artificialisation et / ou la destruction des derniers espaces naturels d'eau vive montagnards

- Militer pour une réinscription des espaces naturels d'eau vive dans la globalité environnementale, paysagère, socio-économique et culturelle montagnarde.

Ce projet est relativement transversal au travail de MW puisque des actions « installations obsolètes », « mobilité douce », seront mis en place dès 2008 et tenteront de combler le manque d'action en faveur de la défense des espaces montagnards d'eau vive.

Espaces protégés

Ce projet regroupe différentes actions, de veille, de participation, de sollicitation des pouvoirs publics : suivi de l'évolution de la loi sur les Parcs Nationaux, siège dans les comités de massif, commissions des sites et commissions de réserves naturelles, participation à la réflexion sur la révision des chartes des PNR, demande d'une protection pour le Mont Blanc...

La plupart des actions entreprises dans le cadre de la thématique installations obsolètes sont effectuées dans des espaces protégés.

Le dossier de la revue n° 71 de MW parue en Juin 2007 portait sur les espaces protégés et le 24 mars 2007, une table ronde « politiques de développement local et espaces protégés en montagne » a eu lieu en Haute Loire.

Image 14 : Affiche Table ronde Espaces protégés, source : MW

1.1.3 Les moyens humains

1.1.3.1 Une équipe salariée atypique

L'association s'est progressivement pourvue de salariés au fur et à mesure de sa croissance. Il y a ainsi aujourd'hui trois chargés de mission qui coordonnent les projets, assistés par une secrétaire. Sans directeur, les chargés de missions gèrent leurs projets d'une manière libre et responsable en relation étroite avec le Conseil d'Administration (CA) et le Bureau.

Carmen Grasmick : Chargée de mission (90%)

- Gestion le projet Installations Obsolètes
- Gestion le projet Mobilité Douce
- Développement du mouvement et démultiplication des actions de l'association, en particulier en garantissant l'efficacité des relations internes de l'association (relations aux adhérents)
- Animation des relations entre les salariés, les membres du CA et les délégués locaux
- Gestion administrative et financière de l'association

Image 15 : Carmen Grasmick, source : MW

Vincent Neirinck : Chargé de mission (100%)

- Gestion du Projet Industrie du ski,
- Gestion du Projet Silence,
- Suivi des dossiers concernant des massifs particuliers (Calanques / Mont Blanc)
- Relations et représentation institutionnelles
- Suivi des actions et relations avec MW International
- Communication (site Web / Communication externe)


Image 16 : Vincent Neirinck, source : MW

Aurélien Dautrey : Chargé de mission (100%)

- Gestion du projet Montagne à vivre,
- Gestion du projet Pratiques respectueuses,
- Gestion de la communication externe MW (revues, documents de sensibilisation, actions de promotion, boutique, relation à la presse, etc.),
- Rechercher et assurer les relations avec les partenaires privés,
- Tâches administratives (achat fournitures, gestion informatique, envoi en nombre de la revue...)


Image 17 : Aurélien Dautrey, source : MW

Michèle Borettini : Secrétaire (50%)

- Gestion base de données des coordonnées adhérents et relations,
- Gestion des adhésions : réception des paiements - enregistrement des informations, des chèques - dépôts banque - Envoi des reçus, des cartes adhésion, des revues - questions adhérents relatives à l'adhésion
- Gestion des demandes d'achats adhérents. et envoi des marchandises,
- Envoi de documentation, de coordonnées,
- Reprographie, affranchissement du courrier,
- Noter le coût des envois importants pour la comptabilité,
- Accueil téléphone le matin, mise en relation des appelants et des chargés de mission,
- Envoi de la Revue : gestion des étiquettes et sélection/tri pour les rappels. Envoi des communiqués par courrier électronique,
- Prévenir les adhérents par mail lorsque nous avons besoin d'un coup de main, et
- Envoi régulier aux adhérents ayant un mail de l'agenda électronique.

1.1.3.2 Le Conseil d'Administration et le Bureau

Le Conseil d'Administration se réunit au moins une fois par trimestre. Sa composition :

Présidents d'honneur : Bernard Amy, Patrick Gabarrou, François Labande

Membres du bureau :

- Président : Jean Pierre Courtin

- Vice Présidents : Daniel Rouzier et Hugues Thiebault

- Secrétaire générale : Laurence Roussel

- Secrétaire adjoint : Jean Christophe Caillaud

- Trésorier : Philippe Martin

- Trésorier adjoint : Alain Legendre

Administrateurs :

Jean-David Abel, Freddy Balestro, Cathy Billaudel, Fleury Gelay, Claude Habar, Anne Ille-Brière, Philippe Imbert, Patrick Le Meignen, Alexis Nouailhat, Antoine van Limburg, Luc Ramis, Stéphane Roux, Patrick Le Vaguerèse

Membres associés au CA : Gérard Creton et Jean-Alix Martinez

1.1.3.3 Les garants 

Ce sont des personnalités du monde de la montagne, de la culture ou des sciences, qui représentent le mouvement et véhiculent les idées de MW, que ce soit à travers leurs écrits, la participation à des manifestations, ou tout simplement par l'exemple, à travers leurs rapports avec la montagne. Les garants sont élus pour deux ans lors des congrès de MW international.

Image 18 : Les garants internationaux de MW, source : MW

1.1.3.4 Les commissions/groupes de travail...

Les différentes commissions peuvent être assimilées à des groupes de travail : installations obsolètes, mobilité douce, montagne à vivre, pratiques respectueuses, silence, espaces montagnards d'eau vive, communication, partenaires privés (recherche et relations avec des partenaires privés susceptibles de financer MW).

Ils permettent d'avancer sur des dossiers et de prendre des décisions qui ne nécessitent pas qu'on en débatte lors de conseils d'administration. Ils sont composés de Bénévoles actifs qui s'impliquent fortement dans la réflexion, la mise en place, le suivi et l'évaluation des différents dossiers/projets.

1.1.3.5 Les adhérents

MW France compte à ce jour 1300 adhérents, dont 80 bénévoles actifs et des délégués régionaux qui relayent l'information sur l'ensemble du territoire de la France métropolitaine.

La moyenne d'âge des adhérents de MW est élevée puisque plus de 50% des adhérents ont 65 ans et plus. Ce sont donc de nombreux retraités qui soutiennent l'association. MW souhaite se rajeunir en sollicitant l'adhésion de jeunes passionnés par la montagne mais ceci n'est pas évident compte tenu du manque d'implication de ces jeunes dans le milieu associatif.

1.1.4 Organisation et fonctionnement

Le travail des adhérents est remarquable puisque environ 80 d'entre eux donnent une grande part de leur temps libre pour soutenir et décupler l'action de MW. Présents dans les différentes commissions, lors de manifestations, salons, conférences, ils contribuent grandement à la diffusion de l'information et à la sensibilisation du grand public. Une grosse partie du travail repose sur ces adhérents et cela pose parfois quelques problèmes. En effet, les adhérents travaillent bénévolement et ont une vie professionnelle et privée en plus de leur engagement associatif. Ainsi, il est parfois difficile de mobiliser les adhérents autrement que sur des actions ponctuelles.

Le travail des 4 salariés représente 3,4 équivalents temps plein. En 2007, 4 stagiaires ont complété l'équipe ce qui représente sur l'année un équivalent temps plein supplémentaire. Comme on peut s'en douter, un salarié supplémentaire ne serait pas superflu pour mener le combat de la protection des montagnes françaises, cependant, les finances ne permettent pas cette embauche.

Pour l'équipe salariée, il est parfois difficile d'avancer, faute de prise de décisions dans les différentes instances, faute de moyen financiers ou encore d'inertie au sein des partenaires publics ou privés. Néanmoins compte tenu de l'ampleur de la tache et des moyens dont elle dispose, le travail réalisé est remarquable.

1.1.5 Financements

Charges

 

Produits

 

 

2006

 

2006

Fonctionnement général

9 250,02

Ventes et prestations

768

Dépenses liées à la représentation et aux publications

15 195,14

Subventions publiques

73 851,94

Actions et projets de l'association

33 951,37

Adhésions et dons

84 925,46

Dépenses liées aux moyens de communication

5 521,74

Report des ressources non utilisées des exercices antérieurs

1 500,00

Frais divers

5 528,20

Autres produits

216,08

Charges salariales

102 705,27

Aides aux emplois

5 428,08

Autres charges d'exploitation

1 707,08

Divers

2 299,23

Charges exceptionnelles

0,00

Insuffisance

4 870,03

TOTAL

173 858,82

TOTAL

173 858,82

Figure 1 : Compte de résultat MW France - 2006

Organisme

Objet

Montant en Euros

Pourcentage du budget total

Région Rhône-Alpes

Brochures Silence (3,5)- Brochures Installations obsolètes et IO Expo Bauges (5,5) - Revues (6,5) - Réseau asso (5) - Educ Formation (3,5)

24 000

13,80

MEDD

Brochures Silence (4)- Brochures Installations obsolètes et suivi dossiers (4) - Revues (2) - Fonctionnement : Réseau Instit asso LM (8)

18 000

10,35

Projet européen ou FNE

Réseau MD - Manifestation 24 juin

9 100

5,23

Région Languedoc-Roussillon

Brochures Silence (2)- Brochures Installations obsolètes (2) - Revues (2)

6 000

3,45

Région PACA

Brochures Silence (3)- Brochures Installations obsolètes et IO Nettoyage Mercantour (3)

6 000

3,45

CNASEA

Aide emploi jeune

5 428

3,12

Conseil Général de l'Isère

Fonctionnement

4 000

2,30

DIREN

Industrie ski - Monal

1 000

0,58

PNEcrins

Etude de cas Mobilité douce

800

0,46

Aide mairie Grenoble (75)

Aide en nature location bureau MW

4 905

2,82

Total subv pub 2006

 

79 233

45,57%

Total Budget 2006

 

173 859

 

Figure 2 : Subventions publiques perçues en 2006

1.2 Proposer des approches douces pour que la montagne vive : Butiner 3(*)

1.2.1 Montagne à vivre : une thématique chère à l'association

Outre ses actions liées à la défense de la montagne, MW prend aussi en compte la notion de développement soutenable au travers notamment de sa thématique « Montagne à vivre »4(*). Ce projet a d'ailleurs émergé dès la création de la section française à Evian en 1988. En effet, l'association veut aller au delà de la dénonciation des aménagements à outrance des stations et se veut force de proposition. Elle veut montrer qu'il existe d'autres possibilités de développement économique, basées notamment sur les principes du tourisme doux. En développant cette forme de tourisme, MW souhaite maintenir de la vie dans les villages avec des activités de tout type respectueuses de l'environnement. Pour MW, l'objectif est donc autant la conservation des activités humaines que la préservation du milieu.

Afin de réfléchir aux actions envisageables, un groupe de travail a été constitué en 1990 et avait pour mission de mettre en place et en forme la politique de MW en matière de tourisme doux mais aussi d'économie montagnarde. Dans un premier temps, MW a choisi de sensibiliser les collectivités locales et les élus afin de les encourager à s'orienter vers un développement maîtrisé. Pour mettre en place concrètement cette stratégie, trois axes avaient alors été précisés5(*):

- définir les éléments d'un partenariat contractuel entre une commune qui aurait opté pour un tourisme alternatif et MW,

- réfléchir à la rédaction d'un guide pratique à l'usage des collectivités locales pour les aider dans leur recherche de partenaires financiers,

- organiser un séminaire sur le thème de la montagne à vivre, pour permettre aux différents acteurs ou concepteurs du développement en région de montagne de faire connaître leur point de vue et exprimer un certain nombre de réflexions en matières d'alternatives douces.

C'est donc en suivant ces axes de travail que l'association s'est mise à rechercher des partenaires, des municipalités ayant décidé de s'engager vers un mode de développement alternatif, où le développement a le sens de projet d'avenir (F. Labande). MW a donc noué contacts avec les communes de Nancy-sur-Cluses en Haute-Savoie, Gavarnie dans les Pyrénées, Aussois en Savoie, et Puy-St-André dans les Hautes-Alpes, qui ont expérimenté des alternatives douces. Ces municipalités ont été invitées à présenter leurs choix à des élus de montagne, des agents de développement, des offices de tourisme, des organismes de gestion de la montagne, des géographes, des représentants de parcs régionaux, ainsi que des dirigeants de MW, rassemblés à Talloires le 13 décembre 1991. Ce séminaire fut l'occasion de présenter le tourisme doux et les opportunités qu'il peut générer, ainsi que les expériences concrètes de ces quatre communes, afin de montrer, comme cela fut souligné par Crisol Serrate6(*) que des alternatives sont viables, que d'autres communes peuvent suivre les exemples positifs, à condition de bénéficier d'une expérience et d'une logistique, sinon de moyens particuliers. Ce séminaire a donc permis de réfléchir à la mise en place d'un développement soutenable qui, loin d'être utopique, est tout à fait réalisable si on veut s'en donner les moyens. Les communes de Puy-Saint-Pierre et Puy-Saint-André ont fait ce choix et se sont engagées à préserver leur identité culturelle et l'intégrité des espaces non aménagés; elle se sont donc vues attribuer le label « Montagne à vivre » par MW le 4 avril 1992. En signant ces contrats, François Labande ajoutait « Comme la montagne, les contrats MW doivent vivre. Ce ne sont pas des constats, ce sont des plans d'action. Des engagements sont pris, de part et d'autre, pour tendre à un développement maîtrisé et à la protection du milieu. De part et d'autre, nous saurons les tenir.»

Cependant, bien que la motivation et les bonnes idées soient largement présentes, tant au sein de l'association, pour qui le thème est cher, que parmi les communes signataires des contrats ou d'autres désirant le faire (par exemple la commune de Bonneval-sur-Arc), ce dossier des alternatives douces pour la montagne est bien difficile. Il aurait fallu que l'association soit relayée par l'Etat et que ce dernier apporte son soutien à ces initiatives en leur donnant un appui financier mais aussi une reconnaissance, nécessaires pour qu'elles perdurent dans le temps et qu'elles soient demandées par d'autres collectivités. Mais les tentatives faites par MW pour bénéficier du soutien de l'Etat ne donnèrent pas de suites constructives et l'association s'est vue contrainte de mettre en suspens cette thématique de la « Montagne à Vivre ».

Malgré tout, ce thème de la montagne à vivre est important aux yeux du mouvement. Même si les actions concrètes matérialisées par l'attribution des labels ne se sont pas poursuivies, les membres de MW ont continué de réfléchir à ces questions liées au développement et à la protection, aux possibilités à mettre en oeuvre, ainsi qu'aux méthodologies à employer. Ils ont continué par ailleurs à multiplier les liens avec les structures à même de faciliter la mise en place d'un développement maîtrisé, notamment les espaces protégés, considérant qu'ils ont d'importantes responsabilités en matière de développement local et de promotion des alternatives douces. Des partenariats durables ont d'ailleurs émergé par la suite, notamment avec le Parc National des Ecrins et le Parc Naturel Régional de Chartreuse.

Cependant, dans d'autres pays alpins, le tourisme doux connaît un certain succès et les initiatives intéressantes en la matière se multiplient, montrant l'intérêt qu'il présente en matière de développement maîtrisé. MW France les a suivies avec beaucoup d'intérêt, d'autant plus que certaines étaient menées par d'autres sections du mouvement. De ce fait, lorsque MW Suisse s'est lancé dans un projet de valorisation du tourisme doux (appelé là-bas tourisme lent), qui consistait en la réalisation de publications valorisant des acteurs de tourisme doux sur le versant suisse du Mont Blanc, MW France a suivi sa mise en oeuvre avec beaucoup d'intérêt. Souhaitant toujours s'investir sur cette thématique, la section française de l'association a pensé qu'il serait pertinent de reprendre ce projet et de le mettre en oeuvre en France.

En outre, bien que les deux axes de travail de MW soient autant la préservation de la montagne que la mise en place d'un développement durable, les pratiques entraînant la dégradation du milieu sont nombreuses et l'urgence pour l'association consiste souvent à se positionner contre elles. De ce fait, il était intéressant aussi pour MW de mener un projet positif, et au lieu de dénoncer des actions, d'en valoriser. De plus, comme nous l'avons vu précédemment, le tourisme doux, en étant supportable par le milieu montagnard et viable pour l'avenir, est l'un des axes de développement privilégié de MW. Il était donc pertinent de saisir l'opportunité de le valoriser, et par la même de relancer « la montagne à vivre ».

1.2.2 La mise en place de Butiner au Pays du Mont Blanc

1.2.2.1 L'origine du projet: la protection du site du Mont-Blanc

Depuis sa création, la protection du Mont Blanc est un projet cher à MW ; c'était d'ailleurs une des campagnes fondatrices du mouvement, puisque plusieurs des alpinistes à son origine militaient déjà activement pour la défense de ce site exceptionnel et symbolique.

Image 19 :
Manifestation pour la protection internationale du Mont Blanc - août 1998,
source : MW

Depuis, différents moyens ont été envisagés à cette fin : actions militantes telles que des manifestations, inscription du site au Patrimoine naturel mondial de l'humanité, création d'un Parc international du Mont-Blanc. Le but était notamment de mettre en place « un tourisme doux, respectant durablement l'environnement, mis au service d'un développement régional porteur d'avenir, un tourisme faisant certes usage de son capital premier -la nature intacte- mais sans lui faire de tord et sans le détruire » (MW, 2004).

L'Espace Mont Blanc, la contre-proposition au projet de Parc International du Mont Blanc des élus locaux, créé en 1989, devait permettre d'associer la protection des milieux naturels et des paysages avec la promotion d'activités socio-économiques dans une démarche de développement durable. Mais là encore, la réalité se trouve différente des objectifs initiaux et à ce jour, aucun des projets de protection du site cités précédemment n'a débouché de manière satisfaisante; les atteintes à l'intégrité du massif du Mont Blanc se poursuivent.

Devant ces difficultés et cette inertie de plus en plus importante, MW a décidé de prendre une nouvelle direction. Tout en continuant d'oeuvrer pour une réelle protection du toit de l'Europe, l'association a décidé de développer et de valoriser un tourisme doux et lent sur le massif. Si en France, ce dernier concept n'est pas vraiment parlant, il est bien reconnu en Suisse où il correspond à un véritable choix (presque politique) de la part des touristes.

La section Suisse a donc réfléchi à la mise en place d'un projet valorisant les acteurs de tourisme doux présents sur le versant suisse du Mont-Blanc, en prévoyant à terme de conduire, en partenariat avec les sections françaises et italiennes, cette opération sur les autres versants du Mont-Blanc. Ce projet, qui passe par la réalisation d'une brochure touristique, met en réseau différents prestataires et les intègre dans des propositions d'itinéraires de randonnées. Il met en place une plate-forme de promotion et de réflexion écologique et il valorise le savoir-faire local. Actuellement, le territoire concerné inclut 3 vallées (Entremont, Ferret et Trient), 9 communes et 61 prestataires touristiques.

1.2.2.2 Objectifs et mise en place du projet par MW Suisse

L'objectif de ce projet appelé Butiner au Pays du Mont-Blanc était de faire connaître les petits prestataires touristiques qui montraient un réel intérêt pour la nature et la culture des lieux, qui les respectaient et qui n'avaient pas d'autre forme de promotion.

Les acteurs présents au sein de la brochure et du réseau ont été choisis selon les critères du tourisme lent suivants :

- régionalisme: offre enracinée dans le patrimoine naturel et culturel de l'endroit,

- respect de l'environnement naturel : technologie appropriée, transport réfléchi, production la plus biologique possible,

- authenticité: pas de pseudo folklore ni de « fun park »,

- qualité des relations humaines : bon accueil et ouverture vers l'autre,

- satisfaction au niveau des 5 sens : beau à voir, bon à manger, aimable à entendre, vrai à toucher et agréable à sentir.

Ils étaient répartis selon cinq catégories : produits du terroir, excursions, culture, hébergements et cabanes du Club Alpin Suisse.

La brochure Butiner au Pays du Mont Blanc, action première de ce réseau de tourisme lent, est donc un document recensant l'ensemble des prestataires et des possibilités de tourisme alternatif du secteur. Par conséquent, elle incluait, outre une carte des lieux :

- la présentation de la région du Mont Blanc, des vallées concernées et du patrimoine culturel et humain de la région,

- la présentation de l'association et la philosophie du projet,

- une présentation des 61 prestataires touristiques adhérents au projet,

- une liste de 18 itinéraires de randonnée,

- une liste des manifestations ayant lieu sur le territoire concerné,

- la liste des Offices de Tourisme,

- une liste de sites Internet et de publications en lien avec cette problématique,

- une explication des labels AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) et IGP (Indication Géographique Protégée) et une liste des produits bénéficiant de ces labels en Valais.

La première brochure a été publiée pour la première fois au printemps 2003. 6 000 exemplaires ont été édités en français et en allemand. Devant le succès rencontré, l'opération a été reconduite l'année suivante. Depuis, il n'y a pas eu de nouvelle publication, car le réseau d'acteurs est en train de devenir autonome. En effet, les participants sont en train de s'organiser pour gérer leur réseau par eux mêmes. Un site Internet a été mis en place en 2006.

Image 20:
Brochure Butiner au Pays du Mont Blanc édité en 2004 par MW Suisse,
source : MW Suisse

Le financement du projet a été en partie assuré par les communes et les sociétés de développement concernées. La plupart se sont en effet engagées à payer la totalité du coût de chaque participant travaillant sur leur territoire (50 francs suisses par offre apparaissant dans la brochure). L'autre partie a été couverte par les encarts publicitaires et la participation de MW Suisse.

Les objectifs de cette opération étaient nombreux. Outre le fait de sensibiliser tous les acteurs économiques de la région à ce type de tourisme et de créer un réseau d'offres répertoriées sur une même brochure et une même carte, il s'agissait :

- de promouvoir et de développer l'intérêt pour un tourisme respectueux de la culture et du patrimoine,

- d'inciter les gens rester sur place au lieu de n'y faire que passer (déplacements à pieds ou en transports publics),

- de favoriser la convivialité, l'ouverture et l'accueil dans la région afin que le touriste se sente bien et ait envie d'y rester,

- de créer des points de rencontre entre la population et les touristes qui permettent des échanges respectueux,

- de donner une ouverture sur le patrimoine, la culture et les activités régionales,

- de soutenir une économie et une agriculture durables,

- de développer un label pour des offres de qualité,

- de rendre accessibles ces offres à des personnes ne connaissant pas la région.

La mise en place du projet semble être une bonne réussite. La mise en réseau des acteurs a bien fonctionné puisque ses participants y trouvent un réel intérêt et gardent un investissement constant. Ils sentent qu'ils appartiennent à un même groupe; ils apprécient de se retrouver, d'échanger et de mettre en place des actions communes.

Les acteurs se sont peu à peu appropriés le projet et aujourd'hui le réseau fonctionne sur la base de l'entraide. En effet, certains acteurs se sont organisés pour vendre leurs produits sur les marchés et les foires. Ainsi, à tour de rôle, l'un d'entre eux vend les produits des autres. Cette organisation leur permet d'être plus efficace et d'économiser du temps de travail ce qui contribue à améliorer leur qualité de vie.

Cependant, le fait de regrouper dans une même offre les trois vallées semble être une erreur. En effet, les acteurs manquent d'une identité commune, indépendamment du fait qu'ils soient tous sur le versant Suisse du Mont Blanc. Différencier l'offre des 3 vallées les mettrait peut être en concurrence mais la promotion des acteurs d'une vallée par les acteurs d'une autre vallée semble difficile sur le terrain. MW Suisse tente cependant de rendre ce réseau autonome et de sortir de l'organisation. L'importance de l'initiative et de l'engagement individuel pour la réussite du projet a, dès le début, favorisé l'implication des participants. Enfin, même si cela est difficilement quantifiable, une augmentation de la fréquentation a été remarquée.

A plus long terme, MW Suisse désire que ce projet contribue à augmenter la sensibilité environnementale des prestataires et les encourage à développer leurs propres normes par rapport à l'environnement dans les domaines de l'énergie, la technologie, l'approvisionnement et les transports.

1.2.3 Butiner : un projet intéressant par sa philosophie et ses principes

La philosophie et les principes de ce projet sont très intéressants. Le retour sur investissement semble important puisque les réalisations sont durables. De plus, les retombées attendues ne sont pas négligeables et sont parfaitement adaptées au contexte et aux préoccupations des territoires montagnards.

D'autre part, Butiner apporte des contributions intéressantes pour le développement local des territoires concernés, tant sur les plans du développement économique, de l'insertion sociale, de la défense de la culture et de l'identité locale et de la préservation de l'environnement.

1.2.3.1 Développement économique local

En contraste avec le tourisme dur qui néglige et bouscule l'économie et la culture locale, le tourisme lent soutient et stimule précisément ce qui est unique pour l'univers local. Il est vrai que dans un premier temps, l'impact économique local de Butiner est modeste au sens de son montant, mais appréciable au point de vue de la redistribution, puisque les revenus de ce projet reviennent directement vers les prestataires. Cet aspect peut donc avoir un impact positif pour la pérennité des petites et des moyennes entreprises touristiques locales.

En outre, la multifonctionnalité des branches comme l'agriculture et l'économie forestière est aussi encouragée. L'agriculture, qui en zone de montagne, est de plus en plus liée au tourisme, pourra être favorisée par la valorisation des petits producteurs locaux auprès des touristes. En ce qui concerne la sylviculture, un effort pour utiliser les ressources locales, pour le chauffage, la construction... , devrait soutenir l'économie forestière locale, notamment par le biais des filières bois.

Ce projet permet donc de sensibiliser les touristes à alimenter une économie montagnarde respectueuse de l'environnement, puisque consommer des produits locaux permet de contribuer au maintien de l'agriculture, de l'élevage, de la sylviculture, de l'artisanat, et de participer à favoriser la vente de ces productions par le biais de circuits courts.

1.2.3.2 Mise en oeuvre et insertion sociale

Les partenaires du projet sont des entreprises ou des personnes enracinées dans la région. Elles ont accumulé de l'expérience dans leur domaine, de façon individuelle. L'innovation du projet réside dans la proposition de travailler en réseau, de communiquer, d'utiliser les ressources des uns et des autres, d'échanger l'information et les expériences et de se transmettre les hôtes, plutôt que de se positionner en concurrents. En permettant l'entrée en contact entre les différentes branches (agriculture, culture, hébergement, transport,...), il résulte une meilleure consolidation sociale et une meilleure compréhension intersectorielle.

1.2.3.3 Défense de la culture et de l'identité locale

Partant du principe que c'est en connaissant que l'on préserve, il est important de faire connaître la culture montagnarde afin de la maintenir. C'est par conséquent un des volets important de la philosophie de ce projet. En invitant les visiteurs à butiner on les invite à découvrir l'ensemble de l'offre naturelle, culturelle, et humaine du territoire sur lequel ce projet est mis en oeuvre. MW cherche ainsi à faire découvrir aux touristes la région concernée, ses spécificités et son caractère unique, en les incitant à prendre le temps d'entrer en contact avec les habitants pour un enrichissement mutuel. Butiner veut favoriser la connaissance de la vie du passé, la vie à l'alpage, les goûts des produits du terroir et la participation aux activités et fêtes enracinées dans la tradition régionale.

La valorisation du patrimoine, qui conduira à la connaissance, au respect et à la défense, passe en effet à travers le contact individuel entre les hôtes et les prestataires, la découverte des lieux culturels (moulins, musées, expositions) et de la culture vivante (alpages, fêtes, travaux saisonniers,...). C'est à travers ces expériences que le touriste pourra entrevoir l'âme de l'endroit. Par sa curiosité et son intérêt, il enverra ainsi un message de respect et renforcera l'identité et la culture locales.

1.2.3.4 Préservation et mise en valeur de l'environnement

Ce projet vise à valoriser les acteurs ayant une activité respectueuse de l'environnement. Il veut montrer qu'il existe des initiatives allant dans ce sens, qu'une activité économique n'induit pas forcément des aménagements préjudiciables aux milieux naturels.

Il encourage aussi les touristes à butiner et à avoir une certaine éthique dans leurs comportements. Un visiteur qui butine est un touriste qui entre dans une relation privilégiée avec la nature, il réfléchit aux possibilités de se déplacer en transports en commun et il marche, il suit les chemins et les sentiers, il admire les paysages, il va chez l'habitant ou dans les alpages, il mange des produits locaux et évite donc des transports de marchandises inutiles et dommageables à l'environnement. Il n'a pas besoin de grosses infrastructures coûteuses, il recherche l'immersion dans la nature et il a une attitude respectueuse envers l'environnement.

En conclusion, il semble que ce projet, en valorisant le savoir-faire local, en cherchant des solutions respectueuses de la nature et en développant un travail en réseau, puisse apporter un vrai soutien à la vie des populations de montagne.

1.2.4 Reprise et appropriation du projet par MW France

Devant les nombreux intérêts que présentait ce projet et le succès qu'il a rencontré lors de sa mise en oeuvre en Suisse, les membres de MW France ont pensé qu'il pourrait être intéressant de le reprendre au sein de la thématique Montagne à vivre quelque peu en suspens depuis les tentatives d'attribution de label pour les communes engagées dans une démarche de développement durable. En plus d'être une opération assez facilement transférable d'un territoire à un autre, elle s'intégrait bien dans le cadre des échanges de savoir-faire entre les différentes sections de MW.

Afin de mieux saisir la philosophie de ce projet et la méthodologie employée, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les chargés de mission suisse et français. La section suisse était particulièrement réceptive à l'intérêt porté par MW France pour reprendre ce projet, car dès sa mise en place sur le versant suisse du Mont Blanc, elle espérait que la section française le développerait sur le versant français.

Cependant, après réflexion, il semblait difficile de s'approprier la méthode et de la reconduire sur un territoire aussi complexe que le Mont Blanc dans le même temps. En effet, la protection et la promotion du tourisme doux de cette région représentent un défi particulièrement engagé en raison du contexte territorial et politique actuel. Si les initiatives de tourisme doux sont largement présentes sur le versant suisse du toit de l'Europe, il semble que les grosses structures soient davantage privilégiées sur le versant français.

Par conséquent, il est apparu qu'il serait plus facile, plus pratique et moins coûteux, de commencer par s'approprier la méthode sur un massif proche de Grenoble (où se trouve le siège de la section française) et de la reconduire dans la région du Mont Blanc par la suite. Considérant les difficultés et l'enjeu de ce site, il paraissait plus sage d'avoir une expérience à son actif pour relever le défi du Mont Blanc. MW France a donc décidé de mettre en oeuvre un Butiner sur un massif périphérique à Grenoble, envisageant le Vercors, la Chartreuse ou Belledonne et rajoutant la possibilité des Bauges par la suite.

1.2.5 Méthodologie employée et conduite du projet en 2005

En 2005, Isabelle Mounier, ancienne IER alors en DESS aménagement et développement transfrontaliers de la montagne a réalisé un stage de 5 mois au sein de MW sur le projet Butiner. Son parcours pluridisciplinaire et son expérience acquise lors de différents stages lui permirent de lancer puis de conduire le projet aux côtés d'Aurélien Dautrey.

Avant de commencer à travailler directement sur le projet, il a fallu organiser un groupe de travail. Les adhérents susceptibles d'être intéressés par ce projet ont été contactés. Suite à l'envoi d'un courrier leur expliquant la mise en place de ce projet, une vingtaine d'adhérents a manifesté son intérêt pour le projet. Une première réunion a eu lieu et a été l'occasion de réfléchir au projet, à la méthodologie à employer, aux actions à réaliser et au calendrier. Elle a permis de rassembler une dizaine de personnes désireuses de s'investir sur ce projet.

Les actions à réaliser pour la mise en place de Butiner étaient donc les suivantes :

- choisir le massif

- identifier les critères de tourisme doux; et réaliser une grille d'évaluation des acteurs susceptibles d'intégrer la brochure

- trouver des partenaires: que ce soit des financeurs potentiels ou des acteurs/structures bien implantés sur le territoire

- rencontrer les acteurs de tourisme doux potentiels;

- sélectionner les acteurs participants au projet

- trouver des financements.

Quatre réunions ont suivi la première. A chacune d'entre elle, un état d'avancement du projet était effectué, les actions à mettre en place étaient définies et une répartition des tâches était faite.

Au delà des réalisations, il était également important que MW France s'approprie la philosophie ainsi que la manière d'opérer. Pour cela, en plus de la rencontre ayant eu lieu entre les chargés de mission suisse et français, différents documents exposant le projet, ses objectifs et son éthique existaient. A plusieurs reprises, des échanges avec la responsable suisse de Butiner ont eu lieu. Cependant, leur expérience s'étant également faite par la mise en place du projet, il était important que MW France se fasse aussi la sienne. En effet, même si c'est un projet a priori facilement transposable, c'est aussi un projet en lien étroit avec le territoire sur lequel il est mis en oeuvre. De ce fait, le résultat est bien différent d'un massif à un autre. C'est pour cela que l'association s'est appuyée sur leur travail et sur leur expérience, mais qu'elle a aussi gardé un certain recul. De plus, outre les différences territoriales inhérentes aux massifs concernés, il fallait également prendre en compte les contextes nationaux: la mentalité et l'approche suisse n'étant pas les mêmes qu'en France. C'est donc en s'appuyant sur leur réalisation, que MW France a construit sa réflexion et sa méthodologie pour la mise en place de ce projet.

L'ensemble du projet Butiner repose sur la qualité7(*), qui est d'ailleurs une des spécificités de sa philosophie. Il était donc nécessaire de garder en tête cette notion, y compris dans la phase de réalisation. En effet, valorisant des activités et des initiatives de qualité, ce projet doit aussi associer une démarche de qualité dans sa mise en place.

La méthodologie appliquée reposait ainsi sur 10 axes :

· Le choix du massif

· Le choix du périmètre

· Le recensement des acteurs de tourisme doux de Belledonne

· La réflexion sur la grille d'évaluation des acteurs potentiels et la conduite des entretiens

· La sélection des acteurs

· La communication et l'information auprès des acteurs et des politiques locaux

· La recherche des financements

· La réalisation de la brochure

· Organisation de la mise en réseau des acteurs

· Diffusion de la brochure

1.2.5.1 Le choix du massif

Bien que pour MW l'objectif premier de la mise en place de ce Butiner était l'appropriation de la méthode, le choix du massif sur lequel il serait réalisé n'en était pas moins important. Afin de bien choisir, il était donc nécessaire de commencer par réaliser un état des lieux des les massifs envisagés (proches de Grenoble).

La réalisation d'une étude d'opportunité fut donc la première étape du projet. Les différents acteurs clés des massifs du Vercors, de la Chartreuse des Bauges et de Belledonne ont été rencontrés afin d'avoir leur point de vue sur la faisabilité de la mise en place de Butiner sur ces territoires.

Les résultats de ces étude d'opportunité amenèrent MW a choisir le massif de Belledonne pour réaliser le projet.

1.2.5.2 Le choix du périmètre

Suite au choix du massif de Belledonne, il fallait définir le périmètre sur lequel porterait le projet. Considérant qu'il était plus pertinent de mener cette action sur l'intégralité de la chaîne, il a été décidé de prendre en compte l'échelle géographique et non les échelles administratives. C'est pour cela que la partie iséroise mais aussi la partie savoyarde du massif ont été incluses.

Cependant, le versant Ouest tourné vers la vallée du Grésivaudan a été privilégié. En effet, le versant Est, en l'absence de routes traversant le massif, est beaucoup plus lié à l'Oisans et à la Maurienne. De ce fait, ses acteurs n'ont pas été répertoriés de manière exhaustive. Certains sont toutefois présentés par le biais de propositions de randonnées permettant la traversée du massif.

Néanmoins, ce périmètre était loin d'être définitif et il n'était destiné qu'à évoluer et à s'agrandir. Cependant, pour commencer, MW France a préféré rester modeste et organiser la mise en réseau de personnes relativement proches les unes des autres.

1.2.5.3 Communication et information auprès des acteurs et des politiques locaux

Ce projet, dont MW espérait que la mise en place jouerait un rôle important pour la valorisation du massif, concerne de nombreux acteurs de l'ensemble du territoire de Belledonne. De ce fait, il était essentiel que les élus soient informés de sa mise en place. Outre le fait que leur soutien pouvait être intéressant, il est important pour que le projet fonctionne, qu'il soit connu de tous. C'est pourquoi, tous les maires, présidents des Communautés de Communes, et Conseillers Généraux du massif, ont reçu un courrier les informant de ce projet de valorisation du tourisme doux en Belledonne et les invitant à reprendre contact avec MW.

1.2.5.4 Le recensement des acteurs de tourisme doux de Belledonne

Bien que l'état des lieux du massif avait déjà permis d'identifier quelques acteurs, il était important de procéder à un recensement plus exhaustif. Pour le faire, après avoir étudié toutes les brochures touristiques classiques faisant la promotion de Belledonne, des contacts avec les représentants des structures clés du massif ont été pris.

D'une part, cela a permis d'avoir les coordonnées des personnes ayant une activité de tourisme doux, souvent en lien avec l'agrotourisme. D'autre part, cela a permis d'informer, les personnes qui n'avaient pas encore rencontré durant la phase de diagnostic, de la mise en place du projet Butiner en Belledonne.

Ces rencontres ont permis d'élaborer la base du fichier de porteurs de projet susceptibles de participer. Il fut cependant étoffé par la suite grâce aux rencontres avec les acteurs qui indiquaient d'autres personnes pouvant être intéressées.8(*)

Ce fichier est composé de différents types d'acteurs et d'activités transversales aux différents secteurs de l'économie montagnarde :

- hébergeurs et restaurateurs,

- producteurs et artisans,

- épiciers,

- guides et accompagnateurs en montagne,

- sentiers et alpages,

- musées...

1.2.5.5 La réflexion sur la grille d'évaluation des acteurs potentiels et la conduite des entretiens

Afin de rester en cohérence avec l'esprit du projet, les critères de tourisme doux utilisés par les suisses ont été repris, c'est-à-dire :

- le respect de l'environnement et de la nature,

- la qualité de l'accueil, des relations humaines et de l'échange,

- le régionalisme,

- l'authenticité,

- la satisfaction au niveau des cinq sens.

La recherche de qualité sur laquelle ce projet est fondé est primordiale. C'est pourquoi, la possibilité d'un véto a été émise pour des structures ayant développé des actions intéressantes mais qui même sur un seul point étaient en incohérence avec l'éthique de MW (organisation de sorties en quads ou promotion de l'héliski par exemple).

Au sein du groupe de travail, la décision de rencontrer tous les acteurs de tourisme doux potentiels a été prise, afin de réellement s'assurer de la qualité de leur prestation et de leur respect des critères. Ces visites étaient de l'ordre de l'entretien semi-directif. L'objectif n'était pas de réaliser une enquête, mais une quête d'informations sur les acteurs, leur structure et leurs motivations. Les rencontrer permettait de connaître leur activité, leur manière de la mettre en pratique, ainsi que leur intérêt et leur engagement sur un projet chargé d'éthique. Consciente des difficultés et des contraintes qu'ils doivent certainement rencontrer, l'association souhaitait, valoriser, par le biais du projet, des personnes qui ont des motivations liées à la philosophie de Butiner, même si les réalisations ne sont pas parfaites. L'approche devait être qualitative plutôt que quantitative.

Cependant, étant donné le fait que les entretiens allaient être conduits par différentes personnes, il était important que les différents enquêteurs se réfèrent à une grille de lecture commune. D'autre part, même si la part de subjectivité était présente, la présence de cette grille avec des critères précis était nécessaire pour que tous les acteurs soient évalués de la même manière. Quatre grilles (Annexe 2), ont donc été réalisées :

- hébergement et restauration,

- production alimentaire,

- activités sportives ou de découverte de la nature,

- activités de découverte des milieux naturels.

Afin de vérifier leur fonctionnement, ces grilles ont préalablement été testées auprès d'acteurs de tourisme doux adhérents à MW. La méthodologie à employer ainsi que la conduite de l'entretien à suivre complétaient ces grilles. Elles ont ensuite été remises à chaque enquêteur avant leurs rencontres avec les acteurs.

Cette rencontre, si elle est indispensable pour connaître l'acteur, son activité et son éthique, est aussi très importante pour que les acteurs comprennent et s'approprient la philosophie du projet et de l'association. Elles ont commencé au mois de juin 2005 et se poursuivent toujours. Une répartition des acteurs parmi des bénévoles de l'association a été réalisée mais ce sont les stagiaires successifs qui effectuent l'essentiel de ce travail. Une cinquantaine d'acteurs a été rencontrée à ce jour.

1.2.5.6 La sélection des acteurs

Toutes les grilles des acteurs rencontrés sont accompagnées d'une fiche destinée à recevoir les commentaires des membres du groupe de travail. Outre leurs remarques, ils doivent préciser si selon eux l'acteur respecte les critères de Butiner et s'il peut participer. Les acteurs dont la participation ne fait aucun doute, sont pré-sélectionnés et la participation des autres est débattue durant les réunions du groupe de travail.

1.2.5.7 La recherche des financements

Comme la majorité des projets de MW, Butiner devait être financé par le biais de subventions. Le coût de la mise en place de ce projet a été estimé à 23 000 €.

Pour le financer, plusieurs pistes étaient suivies : le Conseil Régional Rhône-Alpes, l'association Espace Belledonne dans le cadre du programme européen Leader + dont bénéficie le massif et les Conseils Généraux de l'Isère et de la Savoie.

Ajoutée à ces financements publics, une recherche de partenaires privés a été faite. En effet, il est prévu que la brochure contienne des encarts publicitaires de structures liées à Belledonne et en adéquation avec l'éthique de l'association. MW envisageait entre autres les autocaristes du département et un artisan boulanger bio du massif (déjà partenaire de MW). Par ailleurs, une part d'auto-financement était prévue.

1.2.5.8 La réalisation de la brochure

Il était prévu que la brochure soit diffusée au printemps 2006. Les textes présentant la philosophie de Butiner et le massif de Belledonne étaient prêts. Concernant les encarts présentant chacun des acteurs, le groupe de travail avait décidé que ce serait à eux, avec le soutien de MW, d'écrire leur texte. En effet, cela permet de conserver une diversité de style entre eux et cela permet également de les faire participer à la mise en place du projet, ce qui n'est pas inintéressant pour qu'ils se l'approprient. Enfin, la partie cartographie avait été prise en charge par un adhérent de MW et membre du groupe de travail.

1.2.5.9 Organisation de la mise en réseau des acteurs

Au delà de la publication de la brochure, MW espérait que la mise en réseau des acteurs de tourisme doux du massif de Belledonne rencontre le même succès qu'en Suisse. Pour l'organiser, deux rencontres étaient prévues. Une première rassemblant tous les participants, a eu lieu à la fin de l'automne en Belledonne. Elle avait pour objectif de faire se rencontrer les acteurs, afin qu'ils fassent connaissance et qu'ils échangent sur le projet et sa mise en oeuvre. Une seconde devait avoir lieu au printemps 2006, au moment de la publication de la brochure.

1.2.5.10 Diffusion de la brochure

Concernant la diffusion, les acteurs, en participant au projet et à la brochure s'engageaient à la diffuser autour d'eux et auprès des touristes qui viennent chez eux. Cela faisait partie intégrante du projet et de son intérêt. En effet, les acteurs devaient s'investir pour leur promotion, mais aussi pour celle des autres participants. C'est d'ailleurs l'une des particularités de ce projet.

D'autre part, les brochures devaient être diffusées par le biais des offices de tourisme du massif et des mairies. Elles devaient également être envoyées à tous les adhérents de MW et être disponibles sur demande à l'association.

1.2.6 Résultats obtenus et travail engagé en 2006

Fin 2005, le massif de Belledonne avait été choisi, le périmètre du massif défini, le recensement quasi exhaustif réalisé. Une quarantaine d'acteurs avaient été rencontrés et évalués et les élus et collectivités informés du projet. Seule la réunion de rencontre des acteurs avait démontré une faible mobilisation des acteurs concernés. Cependant, un obstacle lourd de conséquences mettait un frein au projet : les financements.

En effet, le Conseil Régional Rhône Alpes a refusé la demande de subvention car le territoire bénéficiait déjà de subventions via l'Espace Belledonne.

De plus, après de multiples démarches, rendez vous, réunions avec les différents élus et administrateurs du territoire de Belledonne, il a été conseillé à MW de retirer sa demande de subventions car pour les élus, MW allait trop vite et que la population n'était pas prête à recevoir le projet Butiner. Les acteurs étaient motivés pourtant et paraissaient ravis de voir un projet de mise en réseau et de valorisation se mettre en place sur leur territoire. Pour éviter d'entrer en conflit avec les élus, MW a donc retiré son dossier de demande de subventions Leader +. Il semblait que seuls les élus n'étaient pas prêts à recevoir ce projet mais c'était pourtant eux qui décidaient des financements. MW a essayé de rester en contact avec les élus et leur a proposé une collaboration, proposition à laquelle les élus n'ont pas donné suite.

Enfin, les Conseils Généraux n'ont eux non plus subventionné le projet Butiner.

Sans financement, le projet ne pouvait aboutir dans les délais prévus. MW décidait donc de revoir les ambitions de Butiner à la baisse, il n'y aurait pas de publications pour la saison estivale 2006.

Le groupe de travail Montagne à vivre s'est donc réuni à plusieurs reprises pour réfléchir sur la stratégie à adopter pour valoriser l'important travail déjà réalisé. Après plusieurs rencontres avec les élus et les acteurs du massif, MW a décidé d'abandonner provisoirement l'idée d'une publication et la décision est prise de créer un site internet. En effet cette idée présente de nombreux avantages :

- plus léger à mettre en oeuvre

- permet de valoriser le gros travail entrepris en 2005

- peut être un outil à valoriser pour obtenir des subventions

- n'est pas limité géographiquement

- permet des mises à jour aisées

- est peu onéreux par rapport à une édition papier

- est accessible à une clientèle éloignée.

En 2006, un site internet est mis en place par Florent Kieken (étudiant de l'ISARA de Lyon) lors d'un stage effectué à MW, mais faute de temps les acteurs recensés mais non évalués ne peuvent être rencontrés. Néanmoins, l'outil est en place et les acteurs déjà évalués sont appelés à envoyer un petit texte présentant leur activité à MW. Ce travail a lieu pendant l'été, période de forte activité pour les acteurs qui réagissent peu.

1.2.7 Conduite du projet Butiner en 2007

La mission qui m'est confiée lorsque j'arrive en stage à MW en avril 2007 repose sur 3 grands axes, il me fallait :

· Rencontrer les différents porteurs de projets du massif et m'entretenir avec eux pour voir s'ils répondent aux critères (déjà définis) et peuvent apparaître sur ce site. Réaliser avec eux une brève présentation de leur offre, et assurer la mise en ligne de leur prestation (dans une interface déjà réalisée).

· Animer la relation avec les acteurs locaux du territoire pour que le projet soit bien accepté localement (avec l'aide de l'équipe salariée et des bénévoles).

· Prospecter sur d'autres massifs l'extension de cette initiative, notamment en relation avec les adhérents de l'association.

1.2.7.1 Ambitions 2007

Les ambitions 2007 pour la thématique montagne à vivre et le projet Butiner étaient de :

- Mettre en ligne un site Internet opérationnel et complet en terme d'offre recensant la quasi-totalité des acteurs du tourisme doux du massif de Belledonne.

- Repérer des territoires se prêtant à l'application du projet Butiner sur différents massifs français.

- Consacrer le dossier principal de la revue n° 72 à la thématique Montagne à vivre et annoncer la mise en ligne du site internet de Butiner en Belledonne.

MW souhaite valoriser le projet Butiner comme point fort de son action en démontrant que même si l'association est souvent en situation d'opposition face à de nombreux projets, elle peut être force de propositions viables.

En avril 2007, lorsque j'ai débuté mon stage, le projet était lancé depuis 2 ans déjà et un travail conséquent avait été réalisé. La mission et les ambitions avaient été définies préalablement à mon arrivée. J'ai donc pris le projet en cours et l'ensemble du pilotage du projet m'a été confié.

1.2.7.2 Travail réalisé lors de mon stage

Le carnet de bord remis en complément de ce mémoire de stage complète cette partie.

Recherches de financement :

Pour l'année 2007, des demandes de subventions concernant le projet Butiner ont été faites auprès de différents Conseils Régionaux (Rhône Alpes et Provence Alpes Côtes d'Azur). La région PACA finance notamment un diagnostic d'extension du projet Butiner sur les massifs de son territoire. La région Rhône Alpes quant à elle ne finance pas Butiner en Belledonne, mais se dit prête à subventionner Butiner sur un territoire plus élargi.

Les Trophées du Tourisme durable sont décernés par différentes entreprises, entre autres, www.voyages-sncf.com, le crédit coopératif et le Guide du Routard. Il s'agit d'offrir aux 10 meilleurs projets 50 000€ d'espace publicitaire pour valoriser leur démarche et leur innovation dans le sens du développement durable. Une candidature a été déposée cette année, malheureusement, seuls les projets déjà mis en place peuvent concourir. Le site internet Butiner n'étant pas encore en ligne, il n'était pas possible de remporter un trophée cette année.

Démarches et échanges avec les acteurs du tourisme doux et leurs élus :

Les acteurs du tourisme doux du massif de Belledonne ont été informés par courrier de la poursuite du projet Butiner et de la mise en ligne prochaine du site internet.

Les acteurs déjà évalués ont été sollicités pour envoyer leur présentation et quelques photos illustrant leurs activités. Les acteurs ayant été recensés mais qui n'avait pas été évalués ont été contactés et des rendez vous ont été pris. Le but étant de présenter la démarche Butiner et d'obtenir un maximum d'informations en rapport avec l'activité de ces acteurs pour pouvoir les évaluer.

Après avoir rencontré une dizaine d'acteurs, il s'est avéré que la Communauté de Commune des Balcons de Belledonne travaillait également à la mise en réseau des acteurs du tourisme mais sans inclure de critères environnementaux et sur un territoire beaucoup plus restreint (10 communes). Il apparaissait que plusieurs acteurs prendraient part aux deux projets et qu'une certaine confusion entre les deux projets était ressentie.

Un entretien téléphonique avec la responsable du projet de la Communauté de Commune des Balcons de Belledonne (CCBBelledonne) a confirmé les informations que nous avions sur le projet. Celui-ci avait pour finalité la mise en réseau des petites structures touristiques sur le territoire de la C de C dans l'objectif d'une meilleure connaissance des acteurs entre eux et la recherche des besoins communs que la Communauté de Communes pourrait mettre en place pour les soutenir. Les objectifs du projet de la CCBBelledonne paraissaient intéressants. Cependant aucun critère environnemental n'était inclus, c'était pourtant une mesure qui aurait pu inciter les acteurs à envisager leur activité dans une démarche plus durable. Le territoire d'action de ce projet était celui de la CCBBelledonne, c'est à dire 10 communes. Des acteurs très motivés des communes avoisinantes étaient donc mis de côté. Enfin, une éventuelle collaboration avec d'autres organismes que la CCBBelledonne n'était pas envisagée avant la saison estivale 2008. Il paraissait pourtant que MW aurait pu conseiller ou du moins faire des propositions pour améliorer le projet. La responsable du projet exprimait alors que les décisions politiques expliquaient les points sur lesquels le projet de la CCBBelledonne et Butiner étaient divergents.

Avant de poursuivre la mise en place de Butiner en Belledonne, il apparaissait qu'une réflexion était nécessaire pour identifier les enjeux avant de prendre une quelconque décision. La situation a donc été présentée lors du conseil d'administration courant juin. Il apparaissait essentiel de valoriser le travail déjà réalisé mais il était important de définir la méthodologie à adopter et de rediscuter les ambitions du projet car les nouveaux éléments dont nous disposions remettaient un certain nombre de choses en question. Une réunion du groupe de travail fut alors organisée, à l'issue de laquelle la décision suivante fut prise. Pour éviter tout conflit avec les élus du territoire, il ne fallait pas positionner un projet quelque peu concurrent à celui qu'ils avaient décidé de mettre en place. Au lieu de valoriser un massif et donc le territoire de différentes instances administratives, il nous est apparu plus ingénieux de valoriser la dynamique déjà existante sur le territoire à travers le réseau de partenariats qui existait déjà par le biais des acteurs. En effet, les acteurs ne travaillent pas ne manière isolée et les hébergeurs et restaurateurs s'approvisionnent souvent chez des producteurs locaux et conseils aux visiteurs certaines activités à pratiquer avec des professionnels de la montagne et des lieux à découvrir par le biais des structures tels que les écomusées. Tous ces acteurs travaillent ensemble sur un territoire qui est le support de cette dynamique. Au lieu de valoriser les acteurs et le territoire, nous avons décidé de valoriser la dynamique, le micro réseau existant.

Le travail suivant a consisté à identifier les partenariats, et relations existantes entre les acteurs. Les acteurs ont donc été sollicités pour contacter leurs partenaires et nous envoyer une liste d'une dizaine de partenaires chacun. Ce travail est toujours en cours actuellement (août 2007).

A la même période, la recherche de micro réseaux à valoriser a donc débuté. Des adhérents nous ont conseillé de contacter différents acteurs. En Chartreuse, un micro réseau d'une dizaine d'acteurs a été identifié et il semble que chacun d'eux parait intéressé pour participer au projet Butiner.

De la même manière, MW a organisé une réunion d'échange autour de la mobilité douce et du projet Butiner dans le secteur Diois-Trièves. Plusieurs adhérents nous avaient informé qu'il s'agissait d'un territoire innovant où une véritable dynamique se mettait en place. Nous avons donc réuni autour d'une table une vingtaine d'acteurs du tourisme, de l'aménagement du territoire, des transports, mais aussi des élus et des représentants de la population locale. Le but de cette réunion était de rassembler des acteurs qui n'avaient pas l'habitude de travailler ensemble pour réfléchir aux besoins du territoire et aux collaborations possibles. Les échanges furent riches en informations et chacun semble avoir trouvé sa place dans ce groupe qui sera amené à se réunir de nouveau. MW, dans le cadre de la thématique Montagne à vivre et du projet Butiner, a donc clarifié sa position. L'association ne doit plus faire le travail de mise en réseau des acteurs qui incombe aux responsables locaux mais se positionne désormais comme un acteur facilitateur, qui apporte conseils, propositions et qui à long terme a vocation à apporter plus de lisibilité sur l'offre de tourisme doux en montagne.

Les outils de travail élaborés par MW, comme la grille d'évaluation des acteurs, seront mis à disposition des responsables de la mise en réseau et le site internet sera un outil clé de valorisation des dynamiques de tourisme doux existantes. Il permettra une plus grande lisibilité et sera un gage de qualité pour les adeptes du tourisme doux en montagne.

Le site internet de Butiner est en cours d'amélioration. Un travail sur le fonctionnement général du site et la mise en ligne de nouvelles informations ont été effectués. Une des adhérentes de l'association travaille actuellement sur le graphisme. Il devrait être mis en ligne avant la fin de l'année 2007.

Image 21 : Site internet du projet Butiner, un outil fonctionnel et esthétique, source : MW

Dans cette première partie, nous avons présenté l'association Mountain Wilderness, et nous sommes arrêtés plus précisément sur sa thématique Montagne à vivre. Celle-ci est mise en place de manière concrète par le biais du projet Butiner. Cet outil a pour objectif la valorisation des acteurs du tourisme doux sur les massifs de montagnes français.

Nous tenterons à présent d'apporter un éclairage sur la notion plus générale de durabilité du tourisme de montagne. Il nous faudra tout d'abord nous pencher sur le cadre réglementaire et institutionnel avant de pouvoir analyser les freins à la prise en compte de la durabilité. Enfin, nous rechercherons, en analysant plus précisément le projet Butiner, les solutions envisageables pour promouvoir un tourisme doux en montagne qui fera que la montagne vive.

2 Vers un développement durable du tourisme dans les montagnes françaises ?

Cette deuxième partie doit nous permettre d'élargir la problématique du projet Butiner en Belledonne à l'ensemble des montagnes françaises. Après avoir étudié le contexte général du tourisme montagnard, nous traiterons des mutations qui ont affecté le tourisme de montagne et de son impact sur les trois composantes de la durabilité que sont la viabilité économique, la protection de l'environnement et l'équité sociale. Enfin, nous tenterons d'apporter un éclairage sur les solutions envisageables pour intégrer la durabilité dans le tourisme de montagne.

Le tourisme durable est un type de tourisme qui doit :

- exploiter de façon optimum les ressources de l'environnement qui constituent un élément clé de la mise en valeur touristique, en préservant les processus écologiques essentiels et en aidant à sauvegarder les ressources naturelles et la biodiversité ;

- respecter l'authenticité socioculturelle des communautés d'accueil, conserver leurs atouts culturels bâti et vivant et leurs valeurs traditionnelles et contribuer à l'entente et à la tolérance interculturelles ;

- assurer une activité économique viable sur le long terme offrant à toutes les parties prenantes des avantages socioéconomiques équitablement répartis, notamment des emplois stables, des possibilités de bénéfices et des services sociaux pour les communautés d'accueil, et contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté.

Définition de l'Organisation Mondiale du Tourisme

Nous avons également utilisé le terme de tourisme doux. Il est utilisé en opposition au tourisme « dur » et est défini de la même manière que le tourisme durable.

2.1 Les montagnes françaises et le tourisme : données de cadrage

Nous traiterons ici du contexte réglementaire relatif au tourisme et à la montagne qui s'applique au niveau national, du contexte institutionnel et politique qui concerne les montagnes françaises et le tourisme, avant de faire le point en quelques chiffres sur le tourisme en montagne aujourd'hui.

2.1.1 Cadre réglementaire

Afin de mieux cerner le territoire d'action représenté par les montagnes françaises, il est important de faire un point sur la législation.

Les principales lois relatives à la montagne sont les suivantes :

· Loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 (J.O. du 10 janvier 1985) relative au développement et à la protection de la montagne.

· Loi n°88-1202 du 30 décembre 1988 (J.O. du 31 décembre 1988) relative à l'adaptation de l'exploitation agricole à son environnement économique et social.

· Loi n°91-2 du 3 janvier 1991 (J.O. du 5 janvier 1991) relative à la circulation des véhicules terrestres dans les espaces naturels et portant modification du code des communes.

· Loi n°94-112 du 9 février 1994 (J.O. du 10 février 1994) portant diverses dispositions en matière d'urbanisme et de construction.

· Loi n°95-101 du 2 février 1995 (J.O. du 3 février 1995) relative au renforcement de la protection de l'environnement.

· Loi n°95-115 du 4 février 1995 (J.O. du 5 février 1995) d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.

· Loi n°99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire et portant modification de la loi n°95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire

 

La loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne, dite loi montagne, instaure un zonage d'application. Lors de son adoption, c'est la première fois que la législation n'est plus la même pour tous. Il en sera de même avec la loi dite littoral l'année suivante.

Cette loi avait, entre autre, pour objectif de permettre aux stations de montagne de piloter leur développement touristique avec des outils (convention obligatoire avec les opérateurs touristiques) et des moyens financiers.

La zone de montagne est l'ensemble des communes françaises classées par application du décret 77-566 du 3 juin 1977. Les critères pris en compte sont déterminés par l'arrêté du 28 avril 1976, et le territoire doit correspondre aux caractéristiques suivantes : altitude supérieure à 700 m (600 m pour le massif des Vosges), pente moyenne supérieure à 20%, ou combinaison des deux facteurs.

Par massif, il faut entendre, ainsi que le définit l'article 5 de la loi du 9 janvier 1985, chaque zone de montagne et les zones qui lui sont immédiatement contiguës et qui forment avec elle une même entité géographique, économique et sociale. Ces massifs, au nombre de 7, sont territorialement délimités par le décret du 14 janvier 2004.

Image 22: Les zones de montagne et de massif en France, Sources : INSEE - CEMAGREF

Les zones de montagnes concernent 12 régions,  46 départements, ce qui représente 22,8% du territoire national. 4,4 millions d'habitants y vivent.

Figure 3 : Population et superficie des différents massifs français, Source : SDT 2001

Les lois relatives au tourisme sont nombreuses, cependant, aucune d'entre elles ne traite de la durabilité du tourisme. On ne peut que regretter cette lacune législative.

En effet, le tourisme durable n'est malheureusement le sujet d'aucun des 40 chapitres des Agendas 21, le tourisme y est juste évoqué dans certaines sections. Cependant, la convention pour la diversité biologique, signée à Rio de Janeiro en 1992, engage les 101 pays qui l'ont ratifiée à définir et mettre en oeuvre des stratégies nationales pour la biodiversité, afin d'enrayer l'érosion du vivant.

La France a ainsi rendu publique, en février 2004, sa stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) et retenu pour objectif l'arrêt de la perte de biodiversité d'ici à 2010, objectif partagé au niveau de l'Union européenne.

Le Gouvernement a décidé, dans le cadre de la SNB, la réalisation de 11 plans d'action sectoriels, qui sont aujourd'hui à des degrés d'avancement différents (rédaction, mise en oeuvre, suivi, révision) dont l'un est dédié au tourisme. Pour chacun des plans un comité de rédaction, qui se transforme en comité de suivi dès lors que le plan d'action est validé (en réunion interministérielle), est constitué.

Le comité de rédaction du plan d'action "biodiversité tourisme" 2007-2009 a tenu sa première réunion le 22 janvier 2007. Il est présidé par le Haut Fonctionnaire au Développement Durable et constitué de représentants de l'Union mondiale pour la nature (UICN) présente dans chacun des comités, du ministère de l'écologie et du développement durable, de la direction du tourisme et des principales structures travaillant dans le domaine du tourisme appelées à se joindre à ce travail dès les réunions suivantes. 

« Cette démarche, abordant au-delà des espèces animales et végétales les écosystèmes, espaces et territoires, invite à s'interroger non seulement sur les impacts générés par les aménagements, les activités et la fréquentation touristique, mais aussi sur la nature en tant que produit touristique, les aspects quantitatifs et qualitatifs de celui-ci, y compris en termes d'attractivité, de valorisation et d'économie, en particulier pour les zones de montagne, le littoral ou les forêts outre-mer. »9(*)

L'Organisation Mondiale du Tourisme a mis en place en 1997 un Agenda 21 de l'industrie du voyage et du tourisme. Il est regrettable qu'il n'est pas été intégré à posteriori au programme d'action adopté lors de la conférence de Rio en 1992 ou dans quelconque programme d'action international.

Le tourisme est un secteur transversal qui est concerné par de nombreuses politiques européennes. Cependant, il n'existe pas de politique européenne spécifique au tourisme. Le secteur du tourisme a un poids économique qui pousse cependant les institutions communautaires à agir.

À la fin de 2004, le Groupe Durabilité du tourisme de la Commission européenne a donc été établi en vue de définir des orientations et actions stratégiques pour la durabilité du tourisme européen. Composé de 22 membres (représentés par des parties prenantes du secteur public, des associations du secteur du tourisme, des destinations et de la société civile, dont l'OMT et le PNUE) le Groupe a trois objectifs:

- élaborer, discuter et présenter un cadre détaillé pour l'action qui attribue des activités spécifiques aux différents groupes intéressés, y compris un calendrier pour la mise en oeuvre,

- évaluer régulièrement la mise en oeuvre des mesures prévues dans le cadre pour l'action,

- constituer un apport valable pour les intervenants sur le terrain.

Le Groupe a commencé ses travaux en 2005 et formulé ses propositions et recommandations dans un rapport qui a été achevé en février 2007. Une consultation ouverte sur Internet a été organisée sur le rapport, et en juillet 2007, les résultats ont été examinés et analysés. Les observations générales issues de l'évaluation étaient positives et des discussions additionnelles sur les procédures de mise en oeuvre sont en cours.10(*)

De nombreux textes, chartes, codes, et déclarations existent. Ils ont souvent été conçus pour apporter un cadre de référence aux activités touristiques durables. Ces chartes, codes et déclarations encouragent les bonnes pratiques environnementales ou socio culturelles. Il s'agit d'engagements volontaires des acteurs privés. Ces codes peuvent être assimilés à des contrats. Ils n'ont pas de valeur réglementaire ou législative et peuvent être assimilés à des engagements moraux. S'ils ne sont pas relayés par les législations nationales, les acteurs de l'industrie touristique n'ont aucune obligation de les appliquer. C'est le cas du code mondial de l'éthique et de la Charte du Tourisme Durable de Lanzarote (1995) proposé par l'Organisation Mondiale du Tourisme ou encore de la Charte Européenne du Tourisme durable dans les espaces protégés proposée par la Fédération Europarc (1998).

Les pays de l'arc alpin et l'Union Européenne ont convenu d'établir la convention sur la protection des Alpes plus connue sous le nom de Convention Alpine. Elle a été signée le 7 novembre 1991 lors de la deuxième conférence alpine de Salzbourg. La convention cadre de la convention alpine est rentrée en vigueur en tant qu'instrument de droit international public le 27 mars 2000. Les protocoles d'application explicitent les mesures pour la mise en application de la Convention dans différents domaines. Tous les protocoles ont été ratifiés par la France et l'un d'entre eux est dédié au tourisme.

Le protocole tourisme de la Convention Alpine encourage un développement du tourisme de montagne respectueux de la nature et des paysages. Il propose pour cela différentes mesures telles que la mesure des flux touristiques, la délimitation de zone de repos, la limitation des activités sportives motorisées ou encore la réglementation concernant les aménagements pour la pratique du ski et d'autres activités de pleine nature. Ce protocole invite également les signataires à définir des orientations et à planifier la politique touristique des régions alpines, afin de veiller à un développement touristique durable et équilibré sur l'ensemble du territoire.

La France ayant ratifié le protocole tourisme de la convention alpine, il ne parait a priori pas nécessaire de s'inquiéter. Pourtant, sept années ont passé et aucune des mesures d'application n'a vu le jour.

Pour mener à bien la politique de l'état et faire respecter la législation, différents services existent et certaines compétences sont décentralisées dans un souci d'efficacité et d'autonomie des territoires.

2.1.2 Cadre institutionnel et politique11(*)

Les services de l'état :

La spécificité territoriale instaurée par la loi montagne est accompagnée d'institutions particulières dédiées à la montagne. Celles ci sont exceptionnelles en France d'un point de vue organisationnel puisqu'elles agissent à un double niveau : national et massif.

Le Conseil national de la montagne :

Présidé par le Premier ministre, composé de représentants du Parlement, des organisations nationales de la montagne et de chacun des comités de massif, ce conseil a essentiellement un rôle de proposition et de coordination.

Il définit en effet les objectifs et les actions qu'il juge souhaitables pour le développement, l'aménagement et la protection de la montagne et il doit faciliter, par ses avis et ses propositions, la coordination des actions publiques dans les zones de montagne.

Il est consulté sur les priorités d'intervention et les conditions générales des aides accordées aux zones de montagne par le Fond National d'Aménagement et de Développement du Territoire et informé chaque année des programmes d'investissement de l'Etat dans chacun des massifs.

Le conseil national de la montagne a également tenu un rôle d'information sur les situations montagnardes, de formation et de gestion des grands dossiers.

Les comités de massif :

Ils sont composés de représentants des régions, départements, communes, groupements de communes, établissements publics consulaires, Parcs nationaux et régionaux, organisations professionnelles, associations concernées par le développement, l'aménagement et la protection du massif.

Un comité de massif est titulaire des mêmes missions de proposition et de coordination que le conseil national de la montagne mais les exerce au niveau d'un massif.

Il est associé à l'élaboration du schéma interrégional de massif et des dispositions relatives au développement économique, social et culturel du massif contenues dans les plans de régions.

Il est consulté lors de l'élaboration des prescriptions particulières de massifs et sur les projets d'Unités Touristiques Nouvelles12(*).

Il est informé chaque année des programmes d'investissements publics dans les massifs et des programmes de développement économique.

La composition et le fonctionnement des comités de massifs sont précisés par décret et Conseil d'Etat. Les règles sont adaptées à la taille de chacun des massifs.

Depuis 1995, chaque comité constitue également en son sein une commission permanente constituée majoritairement de représentants des collectivités locales.

Les comités de massif constituent le seul lieu de débat, de concertation sur la montagne et de réflexion pour la coopération transfrontalière et européenne. Ils ont obtenu certains résultats concrets en matière de gestion du développement touristique (grâce aux commissions spécialisées des UTN notamment).

Aujourd'hui, bien que leur rôle demeure pertinent, le conseil national de la montagne et les comités de massif ont largement perdu de leur efficacité. Les propositions au gouvernement, l'adaptation constante de la politique montagne aux circonstances locales, la coopération entre le conseil et les comités, la participation des élus locaux aux séances, n'ont pas la portée attendue.

Le Service d'Etude et d'Aménagement Touristique de la Montagne (SEATM) :

Créé pour l'aménagement touristique de la montagne, son rôle a évolué, autant dans sa nature que dans son contenu. Structure pluridisciplinaire, le SEATM relève de différents ministères et entretient des relations suivies avec de nombreux partenaires de la montagne.

Les missions du SEATM :

· Interventions réglementaires et administratives

Mise en oeuvre de la politique du ministère chargé du tourisme concernant la montagne. Il intervient sur :

- les textes réglementaires et législatifs ayant trait à l'aménagement de la montagne et aux activités touristiques dont elle est le support,

- les contrats de plan et les conventions interrégionales de massif : valorisation du tourisme en montagne,

- les projets d'UTN,

- la loi dite montagne : relations entre les collectivités locales et les exploitants de remontées mécaniques, collaboration avec les administrations et les professionnels concernées, état des lieux de la situation.

· Conseil en aménagement et expertise

Le SEATM donne son avis aux collectivités et organismes qui le sollicitent, sur des aspects techniques, économiques et commerciaux.

· Economie du tourisme en montagne - recueil, traitement et diffusion de données statistiques :

- une mission prioritaire : l'observation de l'économie du tourisme en montagne,

- il est l'auteur chaque année de : « Les chiffres clés du tourisme de montagne en France »,

- Il assure une publication annuelle sur les redevances liées au ski de fond, les chiffres d'affaire des remontées mécaniques, les investissements sur les pistes de ski alpin et en installations de neige de culture, les investissements en remontées mécaniques,

- Il contribue aux campagnes de communication conduites au niveau des massifs et des stations.

- Il organise des journées techniques et des « entretiens de la montagne » qui rassemblent 250 à 300 acteurs publics et privés de la montagne chaque année. 

· Etudes générales - recherches et expérimentations technologiques

- Le SEATM conduit ou réalise des études générales, à caractère technique ou économique ou de recherche.

- Les bilans sont accessibles sur demande et les études sont vendues au profit de l'ODIT France.

Le SEATM n'existe plus aujourd'hui en tant que tel puisqu'il a été intégré dans uns structure aux missions élargies : ODIT France.

Observation, Développement et Ingénierie Touristiques France (ODIT France)13(*) :

ODIT France est un Groupement d'intérêt public (GIP)né de la fusion de l'Agence française de l'ingénierie touristique (AFIT), de l'Observatoire national du tourisme (ONT) et du Service d'études et d'aménagement touristique de la montagne (SEATM), décidée lors des Comités interministériels pour le Tourisme de septembre 2003 et juillet 2004.

Il s'agit d'une plate-forme d'expertise, d'études, d'analyses et de conseils auprès des acteurs publics et privés du tourisme, en France et à l'international.

En effet, ODIT France aide les partenaires publics et privés du tourisme à concevoir, adapter ou développer le contenu de leur offre touristique afin qu'elle reste compétitive et en adéquation avec la demande.

Le GIP aide notamment ses partenaires à formuler leurs demandes et projets sous forme de cahiers des charges précis qui font ensuite l'objet de commandes à des cabinets conseils. Elle assiste en outre ses partenaires dans le suivi et dans la mise en oeuvre des études réalisées par ces cabinets. Enfin, il joue un rôle d'assistance à maîtrise d'ouvrage pour des montages de projet publics ou privés.

Le ministère en charge du tourisme14(*) :

Le Secrétariat d'Etat à la Consommation et au Tourisme est placé sous la tutelle du Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi.

La direction du tourisme met en oeuvre la politique générale du tourisme dont les orientations sont préalablement définies par le ministre chargé du Tourisme. Elle a pour mission de traduire en termes techniques les orientations pratiques définies par le ministre chargé du Tourisme. Ses fonctions sont fixées par le décret du 15 mars 1993 et la conforte dans son rôle d'arbitrage, d'orientation et de conseils vis-à-vis des professionnels du tourisme et des élus locaux.

Elle est composée de deux missions :

- communication et nouvelles technologies de l'information,

- affaires internationales.

La direction du tourisme est composée d'un département et de deux sous directions.

Le département de la stratégie, de la prospective, de l'évaluation et des statistiques est composé de deux bureaux chargés des études, des statistiques et des comptes économiques, de la stratégie, de la prospective, de l'évaluation et de la recherche, et d'une mission de l'information et de la documentation.

La sous-direction de l'administration générale et de l'évaluation interne est composée de quatre bureaux chargés des affaires financières et des moyens, des ressources humaines, de la formation, de l'informatique et des réseaux, des affaires juridiques, du contentieux et des affaires communautaires.

La sous-direction des politiques touristiques est composée de quatre bureaux chargés des industries et des professions touristiques, des politiques territoriales, des politiques sociales, des politiques de l'emploi et de la formation.

La direction du Tourisme valorise et met en oeuvre les stratégies et actions du ministère en charge du Tourisme, et prépare et évalue sa politique internationale aux plans bilatéral et multilatéral.

Elle élabore la réglementation, notamment les procédures d'agrément et de classement, applicable aux équipements, organismes, activités et professions touristiques et en contrôle l'exécution.

Elle normalise et rassemble les données et les prévisions sur les équipements et activités du tourisme.

Elle contribue à la diffusion de l'information générale sur le tourisme.

Elle prépare et met en oeuvre la politique sociale des vacances et des loisirs, et prépare et évalue les actions en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle dans le secteur du tourisme.

Enfin, elle veille à la cohérence des actions mises en oeuvre par les organismes associés que sont le Conseil national du Tourisme, Maison de la France, ODIT France, la Bourse solidarité vacances, l'Agence nationale pour les chèques-vacances et le Conseil national des Villes et Villages Fleuris, avec la politique de l'Etat auquel ils apportent leurs concours.

Les collectivités territoriales15(*) :

Les régions, départements et communes réalisent cinq grands types d'intervention : information, promotion, aménagement, animation, études.

Dans le domaine du développement touristique, les collectivités territoriales peuvent intervenir :

- directement. Elles établissent alors des programmes à travers des documents divers et réalisent des équipements en infrastructures (notamment les travaux de voirie) et en superstructures (équipements techniques et de loisirs tels que ports de plaisance, remontées mécaniques, pistes de ski, mais aussi équipements d'accompagnement comme des hébergements et des restaurants).

- indirectement : Elles fournissent alors des aides, subventions ou bonifications d'intérêts, selon des modalités variées, pour la réalisation d'équipements à des organismes à but non lucratif ou à des professionnels.

Les communes :

Elles possèdent des compétences propres en matière d'urbanisme et ont l'exclusivité pour la réalisation et la gestion de certains équipements touristiques.

Elles peuvent réaliser des opérations d'urbanisme notamment dans des zones d'aménagement concerté (Z.A.C.), ayant pour objet le développement des loisirs et du tourisme. Leur responsabilité en matière d'aménagement touristique est particulièrement soulignée par la lois "Montagne". Elles sont notamment compétentes pour organiser le service des remontées mécaniques à des fins touristiques.

Les stations classées :

La loi du 21 avril 1906 détermine un classement des communes   d'intérêt historique, pittoresque ou culturel. Le classement a été ensuite étendu aux stations hydrominérales et climatiques  par les lois du 14 mars et du 24 septembre 1919, aux stations uvales par la loi de 1935. La loi du 3 avril 1942 et le décret du 5 mars 1951 ont créé les stations balnéaires et inclus ces dernières dans la catégorie des stations classées. Le décret du 28 mars 1953 institue les stations de sports d'hiver et d'alpinisme.

Le classement suppose que la station satisfasse à des exigences d'accueil, d'infrastructures sanitaires, d'hébergements, d'équipements et de services. Le classement procure aussi à la station une reconnaissance officielle dont elle peut se prévaloir pour assurer sa promotion ou renforcer sa notoriété.

La station classée peut créer un Office Municipal du Tourisme (loi de 1964). Elle peut percevoir une taxe de séjour perçue auprès des touristes par les exploitants des hébergements touristiques. Elle peut aussi percevoir des taxes sur les entreprises " spécialement intéressées à la prospérité de la station " .Ces taxes sont pour l'essentiel perçues sur les sociétés de remontées mécaniques. Enfin la station classée a l'obligation de se doter d'un plan local d'urbanisme.

Une réforme du régime des stations classées est souvent évoquée. En effet, le cadre législatif n'est plus adapté pour de nombreuses raisons :

- l'apparition de nouvelles formes d'organisation de l'offre touristique, comme les villes de congrès, qui ne sont pas prises en compte par la loi,

- le développement de l'activité touristique hors des limites des communes classées,

- le fait que certaines stations classées ne répondent plus aux conditions posées à l'origine et aux exigences du tourisme actuel.

Les communes touristiques :

Elles représentent un autre mode d'identification des communes touristiques parallèle au précédent. Elles se définissent par l'octroi d'une dotation touristique, c'est à dire une ressource budgétaire de l'Etat spécialement affectée à des communes qui doivent consentir des efforts de fonctionnement conséquents pour gérer une fréquentation touristique saisonnière significative.

La qualification de commune touristique est définie sur la base de critères statistiques relatifs à la population permanente et à la capacité d'hébergement touristique. La liste des communes bénéficiaires est fixée annuellement par le Ministère de l'Intérieur.

Les Offices du Tourisme et les Syndicats d'Initiative ( O.T-S.I ) :

Le premier syndicat d'initiative est créé à Grenoble en 1889.On en comptait environ 300 à la veille de la Première Guerre Mondiale. Les O.T - S.I sont aujourd'hui plus de 3500. Leur régime juridique est celui des associations à but non lucratif (loi de 1901). Ils comprennent des élus désignés par le Conseil Municipal, des personnalités locales et des acteurs économiques et sociaux locaux intéressés à l'activité touristique. Les O.T - S.I sont chargés d'accueillir et d'informer les touristes mais aussi d'organiser et de mettre en valeur les ressources touristiques locales. Ils bénéficient des recettes des manifestations qu'ils organisent. Ils bénéficient de certains avantages fiscaux. Ils reçoivent des subventions de la commune. L'O.T-S.I permet à la municipalité  de contrôler et coordonner indirectement le déroulement des fonctions touristiques non marchandes de la Commune (animation, promotion, information du public, ...).

L'Office Municipal du Tourisme :

L'Office Municipal de Tourisme a été institué par la loi du 10 juillet 1964.C'est un établissement public à caractère industriel et commercial créé sur proposition du Conseil Municipal par arrêté du préfet .Ce statut est réservé aux stations classées et en application de la loi Littoral du 3 janvier 1986 aux communes côtières.

Il permet à la commune concernée de recevoir des subventions nécessaires à la mise en oeuvre de sa politique développement touristique et en particulier à la réalisation d'activités diverses : accueil, information, publicité, réalisation d'équipements et de services qui lui sont confiés par la municipalité.

L'Office Municipale du Tourisme bénéficie obligatoirement du produit de la taxe de séjour. Il peut, comme les régies municipales, recourir à l'emprunt, prendre des participations financières et recruter du personnel qualifié.

La coopération touristique intercommunale :

La géographie et le développement touristiques ignorent souvent les limites administratives communales. Par ailleurs la commune est souvent trop exiguë pour permettre la mise en place d'une zone d'accueil cohérente. La coopération intercommunale apparaît comme le moyen de surmonter ces handicaps.

La première forme de coopération intercommunale à vocation touristique est constituée par les Pays d'Accueil. Près de 300 Pays d'Accueil ont vu le jour avec des statuts variés : association loi 1901, syndicats mixtes, syndicats intercommunaux... Les Pays d'Accueil touristiques sont regroupés au sein d'une Fédération nationale et ils se sont progressivement orientés vers la certification et la labellisation de produits du tourisme rural et la mise en place des moyens de leur commercialisation.

Depuis 1984 des démarches contractuelles fondées sur l'intercommunalité se sont développées dans le cadre des contrats de plan Etat- Régions pour favoriser la coopération entre des collectivités différentes mais unies par des solidarités géographiques et des ressources touristiques communes ou complémentaires. 

Les départements :

Ils ont une vocation particulière en ce qui concerne le développement du tourisme rural :

- ils établissent un programme d'aide à l'équipement rural,

- ils établissent un plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées et peuvent élaborer un plan départemental de randonnées nautiques,

- ils se sont vus transférer dans leur dotation globale d'équipement les subventions d'investissement de l 'Etat au titre de la modernisation de l'hôtellerie rurale et accordent de nombreuses aides aux hébergements touristiques ruraux ( gîtes, chambres d'hôte, camping à la ferme....).

Le Comité Départemental du Tourisme (C.D.T) :

Les Conseils Généraux ont créé sous diverses appellations (C.D.T, Association départementale de Tourisme, etc...) des organismes chargés de toutes les questions relatives au développement du Tourisme à l'échelle du département.

La dénomination des C.D.T a été uniformisée en application de la circulaire de 1974 et leurs statuts harmonisés à partir de statuts- types préparés en 1977 par la Fédération Nationale des C.D.T. Depuis 1979 tous les C.D.T ont le statut d'association. Leur reconnaissance législative a été définitivement établie par la loi du 23 décembre 1992 dont les articles 6 à 9 sont consacrés à l'organisation et au fonctionnement du C.D.T.

Les C.D.T ont une triple mission de promotion, de concertation et de conseil en matière de développement touristique du département. Ils contribuent à l'élaboration et à la commercialisation de produits touristiques, ils assurent des actions de promotion sur les marchés étrangers et ils peuvent être chargés par le Conseil général de l'élaboration du Schéma d'aménagement touristique départemental qui doit prendre en compte les orientations définies par le schéma régional de développement du Tourisme et des Loisirs. 

Les services Loisirs - Accueil sont associés aux C.D.T. Ils sont présents dans 59 départements  (chiffres de 1998). Ils ont pour mission de recenser et de structurer l'offre touristique et de commercialiser les produits touristiques du département.

Les 100 C.D.T sont regroupés au sein de la Fédération Nationale des Comités Départementaux du Tourisme  (F.N.C.D.T).

Les régions :

 

Elles constituent le cadre privilégié de l'élaboration d'une politique locale de développement du tourisme et se sont vues reconnaître des compétences importantes en matière d'aménagement touristique.

Les régions possèdent en effet des compétences privilégiées en matière économique, puisqu'elles concourent à l'élaboration et à l'exécution du Plan national et qu'elles adoptent le Plan de la région, qui fait l'objet d'un contrat de Plan avec l'Etat. La plupart des régions ont inclus dans leur contrat un programme de développement touristique et ont signé de nombreux contrats particuliers concernant ce secteur. En matière d'aménagement touristique, plusieurs compétences permettent aux régions de jouer un rôle important :

- elles peuvent se voir transférer les attributions exercées par les Missions Interministérielles d'Aménagement Touristique,

- elles peuvent être associées à la définition, à la gestion et au contrôle des sociétés d'aménagement régional, qui jouent un rôle très important en matière d'aménagement touristique, et peuvent leur confier des missions,

- elles ont l'initiative de la création des parcs naturels régionaux (P.N.R),

- elles ont compétence pour créer des canaux et des ports fluviaux.

Les Parcs Naturels Régionaux16(*) :

Les Parcs naturels régionaux sont créés pour protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux habités. Peut être classé «Parc naturel régional» un territoire à dominante rurale dont les paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande qualité, mais dont l'équilibre est fragile.

Un Parc naturel régional s'organise autour d'un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation de son patrimoine naturel et culturel.

Les Parcs naturels régionaux sont particuliers dans la gestion de leurs territoires car ils ont adopté un positionnement majeur sur la protection et la valorisation du patrimoine (nature, culture, paysage).


La gestion des territoires des Parcs est basée sur 3 axes :


- l'efficacité territoriale: une charte pour 12 ans, renouvelable

- une compétence partagée entre l'Etat et les Régions

- la volonté de convaincre plutôt que contraindre

La capacité d'un Parc naturel régional à protéger la nature réside surtout dans sa capacité à faire respecter, par la concertation, les objectifs de sa Charte définis par ses signataires. Pour faire respecter sa Charte, l'action d'un Parc naturel régional relève en effet prioritairement de l'information, de l'animation et de la sensibilisation à la richesse patrimoniale de son territoire des personnes y vivant, y travaillant, s'y implantant ou y passant, dans l'objectif de modifier leurs comportements .

La réglementation relève soit de l'Etat soit des communes.
Les Parcs formulent en accord avec les collectivités des propositions (réserves naturelles, sites classés, plans de circulations...).

Le Comité Régional du Tourisme (C.R.T.) :

Les C.R.T ont été institués sous le gouvernement de Vichy ( lois du 12 janvier 1942 et du 5 juin 1943 ) pour assurer la préparation, la coordination et le suivi des actions d'aménagement touristique régionales. Les C.R.T ont été réformés par la loi du 3 janvier 1987 relative à l'organisation régionale du Tourisme et faisant suite aux lois de décentralisation administrative de 1982-1983.

La loi du 3 janvier 1987 oblige chaque région à posséder un C.R.T. C'est le Conseil régional qui détermine la nature juridique du C.R.T et ses principes d'organisation. Le Conseil régional y désigne ses propres délégués qui siègent aux côtés des représentants des organismes consulaires, des C.D.T, des O.T-S.I, des professions du Tourisme, etc...

Le C.R.T élabore le schéma régional de développement du Tourisme et des loisirs et met en oeuvre la politique du tourisme de la région dans le domaine des études, de la planification, de l'équipement, des aides aux hébergements, des assistances techniques à la commercialisation et de la formation professionnelle. Depuis la loi du 3 janvier 1987 le C.R.T est aussi chargé d'assurer la promotion touristique de la région en France et sur les marchés étrangers.

Les ressources du C.R.T proviennent en majeure partie de dotations du Conseil régional et dans une moindre mesure de dotations des Conseils généraux et de participations des professionnels du Tourisme.

Les 22 C.R.T sont regroupés au sein de la Fédération Nationale des Comités Régionaux du Tourisme ( F.N.C.R.T) fondée en 1988.

2.1.3 Le tourisme montagnard en quelques chiffres17(*)

L'espace montagne connaît deux types de fréquentation aux caractéristiques très contrastées :

· l'une liée aux sports d'hiver, qui concerne une population assez restreinte, sur une période elle-même restreinte et sur un territoire étroit,

· l'autre, essentiellement estivale, susceptible de concerner l'ensemble des territoires de montagne, et qui attire un public plus large.

Les schémas et graphiques suivants nous permettront de dégager les chiffres et grandes tendances relatives à la fréquentation de la montagne.


Figure 4 : Part de l'espace montagne dans les nuitées totales des Français,
Source : direction du Tourisme, SDT

Comme nous le montre le graphique ci-dessus, la part de l'espace montagne dans les nuitées totales des français progresse légèrement pour la période hivernale et tendance à stagner pour la période estivale.

Le schéma ci-dessous nous permet de constater que les français partent en vacances majoritairement en période estivale (62,3%). La part des départs des français vers la montagne l'hiver représente 7,7% des départs sur l'ensemble de l'année et 23,6% des départs pour la seule période hivernale contre 17,8% pour la période estivale.

Figure 5: Les taux de départ des Français en 2005/2006, Source : direction du Tourisme

Les types d'hébergement les plus prisés pour les séjours à la montagne hors sports d'hiver est la famille, juste devant les locations, gîtes ruraux et chambres d'hôtes tandis que pour les séjours aux sports d'hiver, la préférence va aux locations, gîtes ruraux et chambres d'hôtes, juste devant les clubs et villages de vacances.

Figure 6 : Répartition des nuitées des Français selon le type d'hébergement, Source : SDT 2001

Les français utilisent principalement la voiture pour se rendre sur leurs lieux de vacances et surtout lorsqu'ils passent leur séjour à la montagne hors sports d'hiver (>80%). Le train est le second mode de transport utilisé mais ne représente que 10% des transports utilisés.

Figure 7 : Répartition des nuitées des Français par mode de transport, Source : SDT 2003

Lors des séjours aux sports d'hiver les principales activités pratiquées sont : Ski-glisse, la promenade et les autres activités liées à la neige. Pour les séjours à la montagne hors sports d'hiver, la promenade et les visites dominent.

Figure 8 : Les activités pratiquées lors du séjour, Source : SDT 2003

La répartition des nuitées selon les massifs varie en fonction des activités pratiquées lors du séjour (sports d'hiver ou non). En effet les Alpes supportent à elles seules 78% des séjours de sports d'hiver contre 12% pour les Pyrénées. Les séjours hors sports d'hiver démontrent une meilleure répartition des touristes sur le territoire. Les Alpes restent cependant le massif le plus prisé par les touristes fréquentant la montagne.

Figure 9 : Part des différents massifs dans les nuitées des Français, Source : SDT 2001


Figure 10 : Poids économique du tourisme en France, Source : direction du Tourisme, comptes du tourisme

variable T0 : consommation des touristes résidents et non résidents auprès des activités caractéristiques marchandes de l'industrie touristique (cafés, restaurants, hôtels, loisirs touristiques, services d'organisation de voyages) .

variable T1 : consommation liée aux séjours = T0 + autres dépenses des touristes au cours des séjours (hébergements privatifs, alimentation, autres services, achats de biens durables) .     

variable T2 : consommation touristique intérieure = T1 + transport sur le territoire français vers le lieu de séjour, autres dépenses (achats préalables au voyage), consommation de services touristiques non marchands.

Français

Dépense moyenne par nuitée

Milliers de nuitées

Consommation

(milliards d'€)

Courts séjours aux sports d'hiver 

119,1€

2 469

0,29

Courts séjours montagne hors sports d'hiver  

94,8€

10 699

1,01

Longs séjours aux sports d'hiver 

65,8€

27 510

1,81

Longs séjours montagne hors sports d'hiver

46,9€

78 615

3,69

Touristes non résidents en France

 
 
 

Courts séjours à la montagne

79,02€

5 393

0,43

Longs séjours à la montagne

52,5€

52 074

2,73

TOTAL

 

176 760

9,97

Figure 11 : Estimation de la consommation intérieure liée au tourisme de montagne en 2005, Sources : direction du Tourisme - ODIT France.

Avec 9,97 milliards d'euros de consommation touristique intérieure, la montagne retient 22,6% de la consommation touristique intérieure française.


L'exploitation complémentaire du Recensement Général de la Population fournit des éléments sur l'emploi recensé sur le lieu de travail. On peut ainsi avoir une image de l'emploi par secteur d'activité. Nous distinguerons deux zones d'étude pour chaque massif : les communes support de station, et la zone de montagne hors stations.

Le graphique ci-dessous nous permet de constater que les communes support de stations des Alpes représentent à elles seules 32% des emplois sur ce massif. Ce rapport est encore plus important dans le Jura puisque l'emploi dans les communes support de station atteint près de 35% des emplois du massif. Ce chiffre est moins important sur les autres massifs.



Figure 12 : emploi total en 1999, Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail

  


Figure 13: Nombre d'emplois pour 1000 habitants en 1999, Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail

Il faut souligner ici - comme nous le montre le schéma ci-dessus - le nombre d'emplois pour 1000 habitants qui est très supérieur dans les communes support de station que dans la zone de montagne hors station, les Vosges et la Corse mis à part.

Il est à noter que, même si l'emploi dans les communes support de station est important, l'évolution de l'emploi dans ces communes est moins importante que dans la zone de montagne hors station, le Jura mis à part.

Figure 14 : Evolution de l'emploi total entre 1990 et 1999, Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail et recensement de la population de 1990 - sondage au quart - lieu de travail

Il est très délicat d'estimer la part de l'emploi induite par le tourisme. Celle-ci dépend en effet du type d'emploi, mais aussi du lieu : en station, un emploi de boulanger peut être considéré comme un emploi touristique, ce qui n'est pas le cas dans une grande ville.

Pour contourner cette difficulté, nous nous limiterons dans la suite à l'étude de l'emploi dans les "activités caractéristiques du tourisme" suivantes :

Hébergement : Hôtels avec restaurant, Hôtels de tourisme sans restaurant, Hôtels de préfecture, Auberges de jeunesse et refuges, Exploitation de terrains de camping, Autre hébergement touristique.

Restauration : Restauration de type traditionnel, Restauration de type rapide, Café tabac, Débits de boissons.

 Autres : Téléphériques, remontées mécaniques, Agences de voyage, Activités thermales et de thalassothérapie.

Certes, cet emploi ne représente pas tout l'emploi touristique, et n'est pas non plus que de l'emploi touristique. Néanmoins, on dispose ainsi d'un bon indicateur des différences de «touristicité» des territoires, nous permettant de comparer entre elles les différentes zones de montagne.

 

Figure 15 : Part de l'emploi des activités caractéristiques du tourisme dans l'emploi total (1999), Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail

Le schéma ci-dessus nous permet de constater que l'emploi touristique dans les communes support des stations est bien plus développé que dans la zone de montagne hors station. Les chiffres sont variables selon les massifs mais représentent de 6 à 24% des emplois dans les communes support des stations tandis qu'il ne représente que 3 à 7% pour la zone de montagne hors station (9% pour la Corse qui ne possède pas de stations).

Le fichier des Déclarations Annuelles des Données Sociales, rempli par les employeurs dans le cadre des procédures administratives liées au recouvrement des cotisations sociales, permet de suivre les salariés du secteur privé non agricole au cours de l'année. Ce fichier permet donc d'apporter un éclairage sur la saisonnalité de l'emploi en montagne, et en particulier sur les poids respectifs de la saison d'hiver et de la saison d'été. L'existence d'une double saison touristique été / hiver est propre aux stations de sports d'hiver. On peut apprécier grâce à ces graphiques l'importance respective de ces deux saisons : la hauteur du pic traduit l'importance de l'effectif employé saisonnier au plus fort de la saison par rapport à l'effectif permanent et l'aire du pic mesure l'emploi saisonnier en équivalent annuel, qui dépend de l'effectif, mais aussi de la durée de la saison.

Figure 16 : Emploi salarié dans les activités caractéristiques du tourisme au cours de l'année 2001, Source : DADS 2001 - Traitement INSEE

L'inventaire communal, dont la dernière version date de 1998, dresse un état de l'hébergement marchand par commune. Il s'agit de données déclarées par les mairies, qui posent certains problèmes de fiabilité et d'homogénéité d'une commune à l'autre.

Le recensement général de la population donne le nombre de résidences secondaires "au sens large" (locaux individuels à usage d'habitation qui ne sont ni des résidences principales, ni des logements vacants) : il faut y retrancher les meublés et les gîtes ruraux pour obtenir le nombre de résidences secondaires au sens courant du terme.

Pour les hôtels classés et les campings classés, le fichier de l'INSEE est à la fois plus fiable et plus récent (2002) que l'inventaire communal. Par convention, une chambre d'hôtel compte pour 2 lits et un emplacement de camping correspond à 3 lits.

Pour les résidences de tourisme, actuellement en fort développement dans certains secteurs de montagne, on a utilisé à la place de l'inventaire communal le fichier fourni par le Syndicat National des Résidences de Tourisme, qui date de 2004.

Enfin, pour les départements où la capacité d'hébergement touristique en montagne est la plus importante, on a également collecté des informations auprès des CDT et ATD, qui sont plus "proches du terrain" et tiennent généralement à jour des fichiers de l'offre d'hébergement.

Comme on peut le constater sur les schémas ci-dessous, la résidence secondaire est le principal mode d'hébergement sur les communes support de station comme pour la zone de montagne.


Figure 17 : La capacité d'accueil touristique de la zone de montagne, Sources : INSEE, IC 98, SNRT,  RGP99


Figure 18 : La capacité d'accueil touristique des communes support de stations , Sources : INSEE, IC 98, SNRT,  RGP99

2.2 Evolutions marquantes du tourisme montagnards et impacts sur les trois piliers de la durabilité

2.2.1 Des évolutions marquantes qui remettent en cause les équilibres18(*)

Le tourisme est la première industrie de la planète. Il est tout d'abord lié à une grande révolution : la création des congés payés. L'allongement de la durée de vie, la baisse du temps de travail, le développement de la voiture et de l'avion a également favorisé son développement.

Au niveau européen, la suppression des contrôles frontaliers et la promotion de la libre circulation ont encouragé les voyages intra européens. L'introduction de l'euro et les progrès liés au transport qui réduisent les coûts et les temps de trajet, favorisent également la circulation des touristes au sein des pays de l'Union Européenne. Le tourisme s'est popularisé, en effet, en 1950 le nombre de touristes était de 25 millions, il était en 2000 de 702 millions. Pourtant, le tourisme reste une activité réservée à une très petite minorité de privilégiés dans le monde.

L'Union Européenne est le premier marché touristique mondial, tant émetteur que récepteur. En effet, l'Europe est la destination la plus populaire puisqu'elle accueille un peu moins de 60 % des touristes internationaux au monde (voyages intra européens compris). L'Organisation Mondiale du Tourisme prévoit 717 millions d'arrivées transfrontalières pour 2020 en Europe. Cette activité a un poids économique important. Au total, 8 millions de personnes travaillaient dans le secteur touristique en Europe en 2003. L'augmentation du nombre d'emplois dans le secteur du voyage et du tourisme dans l'UE est estimée à 2 millions entre 2003 et 2013.

Le tourisme est une industrie jeune, en pleine expansion mais également en mutation du fait de nombreux changements (politiques, sociaux, technologiques, économiques et environnementaux) et le tourisme montagnard n'échappe pas à ces mutations.

2.2.1.1 Le développement effréné du tourisme en montagne

La neige, qui était synonyme d'isolement jusqu'au XXe siècle pour les montagnards, est devenue dans les pays touchés par la révolution des sports d'hiver un élément très attractif, précieux, presque magique. Le bouleversement des mentalités est tel qu'il va "transformer en rente de situation des handicaps tels que la pente et la neige que les civilisations traditionnelles avaient dû affronter péniblement durant des siècles."19(*) Une population aisée découvre les plaisirs de la neige, fin XIXe siècle et surtout au début du XXe siècle.

Après la période de découverte des sports d'hiver, le ski alpin va se développer et s'institutionnaliser jusqu'à devenir un véritable phénomène de société. En France, la pratique du ski alpin prend toute son ampleur dans les années 1960, pendant la période de la ruée vers "l'or blanc".

La diversification des sports de montagne traduit un intérêt grandissant pour la montagne comme espace naturel. De plus, en réaction aux grands aménagements des années 1960, un renouveau d'intérêt pour l'écologie à partir des années 1970 se traduit par un "retour à la proximité du milieu physique"20(*). Le ski de fond sera ainsi le premier sport "anti ski de piste", suivi de près par les sports "funs".

2.2.1.2 Les clients changent, les professionnels du tourisme montagnard doivent s'adapter

L'offre ayant quantitativement rattrapé la demande au milieu des années 1980, il devenait nécessaire de connaître plus en profondeur les motivations et les comportements des clientèles. Deux enquêtes (1992 et 1999) ont été réalisées dans le but d'apporter cette connaissance aux professionnels du tourisme.21(*)

Il ressort de ces études différents changements de motivations et de comportements des clients :

- La montagne doit garantir la rupture, les retrouvailles et le ressourcement,

- Les touristes choisissent leur vacances en deux temps : une imprégnation continue au cours de l'année et une recherche active d'information pour préparer l'achat,

- Les clients sont « zappeurs », malins et de plus en plus négociateurs et opportunistes,

- Les touristes partent plus souvent, moins loin et pour des séjours plus courts,

- Les clients démontrent une exigence croissante, ils sont consuméristes et conscients de leurs droits et de leur poids. Ils ont donc des références élevées.

Ces enquêtes ont aussi mis en avant les courants porteurs pour la montagne :

- Convénience : un besoin croissant pour les clients de facilité, de fluidité, de commodité, d'accessibilité mentale et physique, facile, rapide, sans heurts,

- Non marchand : un besoin croissant de rapports et de moments non exclusivement marchands,

- Montée du ludique : un besoin croissant de jouer, de ne pas faire les choses sérieusement, de s'amuser, de rire,

- Bien-être et santé : un nouveau besoin de santé au-delà de l'absence de maladie, vers le bien-être,

- Qualité et esthétique de la vie quotidienne : une sensibilité croissante aux petits détails susceptibles de créer du beau, de l'agréable, de l'émotion et de contribuer à la qualité de la vie au quotidien,

- Vitalité douce : un besoin croissant d'une vitalité plus douce, plus intérieure, qui passe par un effort plus mesuré et par les ressentis, les ambiances,

- Naturalité : une nouvelle relation à une nature apprivoisée, simplifiée, sécurisée, rendue accessible, à divers degrés.

Le résultat de ces enquêtes met également en avant les nouvelles donnes du tourisme :

- plus de clients pour le tourisme mais aussi plus de tourisme pour les clients, il est difficile d'émerger comme destination,

- quatre phénomènes marqués :

· une mondialisation de la concurrence,

· une concentration de l'offre,

· une montée en puissance de l'intermédiation traditionnelle ou moderne,

· l'émergence de plus en plus rapide de nouvelles clientèles et de nouveaux comportements aux marchés,

- le client moyen disparaît au profit d'une mosaïque de clientèles distinctes.

Enfin, ces enquêtes s'intéressent aux spécificités du tourisme montagnard été/hiver :

- il est important d'adopter un véritable état d'esprit marketing et de développer collectivement les marchés car ils sont murs ou ralentis et ont peu de chance d'évoluer,

- il faut éviter le pêché d'orgueil et proposer du blanc et du vert en sortant de la dualité hiver été pour regarder vers le printemps ou l'automne car la concurrence est élargie et très vigoureuse,

- il est nécessaire de travailler sur l'accessibilité financière, mentale, physique et sur l'adaptation de l'offre pour conquérir les réservoirs larges de clientèles potentielles,

- il faut retravailler l'offre d'hiver pour conserver les clients et l'image l'été pour attirer et séduire les clients potentiels car il existe des décalages croissants entre les motivations des clients et l'offre montagne, été et hiver,

- il n'y a pas de recette miracle et les enjeux sont bien différents selon les massifs.

2.2.1.3 Le foncier : une ressource mal gérée22(*)

Le développement touristique en montagne a permis à certaines communes d'éviter l'exode rural que d'autres subissaient. Cependant, les pressions qu'il exerce sur le foncier et l'immobilier, sont un redoutable piège pour le développement touristique durable. Dès 1986, des élus et hauts fonctionnaires soulignaient les différents problèmes posés par le développement touristique. Il en ressortait que les fondements du développement touristique étaient trop axés sur l'immobilier privatif. L'équipement et l'aménagement touristique étaient financés par la vente de foncier et la construction immobilière.

On assiste aujourd'hui à une nouvelle course dans ce domaine, largement encouragée par la politique nationale. Les mesures d'exonérations fiscales de l'immobilier de loisir dans les zones de revitalisation rurale en sont un bon exemple et bouleversent l'ensemble du marché immobilier :

- Il y a un réel refroidissement des lits qui sont peu adaptés à la demande de la clientèle et qui souffrent de la concurrence des lits neufs.

- La rénovation des logements anciens, qui ne correspondent plus aux exigences de la clientèle, est difficile. La concurrence des lits neufs dans les ZRR, a eu pour effet de relancer la course aux lits neufs dans l'ensemble des Alpes et des Pyrénées.

Cette nouvelle course aux lits neufs est une contre performante et dangereuse pour l'avenir.

Chacune des quatre sphères présentes dans les communes support de station (clientèle, civile, économique, publique) pour des intérêts divers, fait pression sur l'instance communale :

- la sphère clientèle évolue. Ses attentes sont de plus en plus complexes. Les pressions exercées par cette sphère sont multiples et parfois contradictoires. Mais les demandes qui en découlent pèsent sur les acteurs publics et privés de la station, en matière de paysage, de foncier et d'immobilier.

- la sphère civile est traversée par de multiples intérêts. Du fait de la pression foncière, la population locale a de moins en moins accès aux logements. De plus, les propriétaires fonciers participent à la spéculation foncière et immobilière, contre les intérêts même de leurs concitoyens.

- la sphère économique est inégalement touchée par la question. Cependant le maintien des chiffres d'affaires passe par le maintien des lits chauds. Or les lits anciens se refroidissent. Les sociétés de remontées mécaniques ont ces dernières années investit ce terrain de l'immobilier car leurs chiffres d'affaires y sont directement liés et font aussi parfois pression sur les élus locaux.

La sphère publique doit donc faire face à ces pressions multiples, plus ou moins contradictoires. Elle a pourtant l'obligation de maîtriser l'urbanisation, de gérer et améliorer les services publics, d'entretenir l'espace public et les paysages, de préserver les ressources naturelles. Les principales responsabilités des communes portent donc sur cette maîtrise foncière et immobilière et, globalement, sur l'anticipation du développement touristique, avec des moyens et une expertise technique qui, comme nous le verrons, ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux.

Les conséquences sur la consommation de l'espace sont aujourd'hui nettement visibles. Un certain nombre de témoins et d'acteurs s'inquiètent et proposent de changer d'orientations :

- « Trop de béton dans la neige » déclare Alain Boulogne, le maire des Gets en Haute-Savoie.

- « Passer du quantitatif au qualitatif, repenser les développements non plus seulement en termes de gestion immobilière mais en termes d'inscription de projet touristique majeur au coeur d'une démarche respectueuse de l'environnement, en lien avec les potentialités du site... », tel est le nouveau challenge des élus des communes de montagne et que proposent certains acteurs locaux.

Le désengagement radical, non accompagné de l'Etat, particulièrement des services déconcentrés de l'équipement sur ces problématiques de gestion foncière et urbaine, laisse les collectivités locales seules sous les multiples pressions.

Malheureusement, tout porte à croire que la structuration intercommunale, seul moyen de s'affranchir d'une gestion communal qui ne parait plus pertinent pour la gestion foncière et immobilière, ne sera pas effective avant longtemps.

2.2.1.4 Décisions politiques : une inertie déconcertante ou des décisions prises dans l'urgence23(*)

La conduite politique de la commune et le pilotage du développement touristique sont assurés par la commune ou l'ensemble de communes sur lesquels existe un domaine skiable. Ces institutions politiques ont donc des responsabilités directes nombreuses, tant du point de vue de la gestion classique, que du point de vue des responsabilités liées au développement touristique. « Si ce type d'organisation du management local a permis dans un premier temps que l'aménagement touristique soit géré au plus proche du terrain, il constitue aujourd'hui un facteur de fragilité, voire de contre-performance. »

La conjugaison de la conduite politique et du pilotage du développement touristique est complexe car elle soulève de nombreux problèmes de nature différente.

Les temporalités du politique et de l'économique :

La vie de la commune est rythmée par les échéances électorales mais compte tenu de l'importance des responsabilités de la commune dans le développement touristique de la montagne, elles rythment également les décisions en matière d'aménagement. Cette situation est, dans certains cas, extrêmement regrettable car les décisions sont prises à la hâte en fin d'un mandat par exemple, ou au contraire parce que les décisions ne sont pas prises, laissant au mandat suivant le soin de régler un problème difficile.

Le jeu électoral et la compétition politique :

Ils se sont concentrés sur les enjeux de la gestion du développement touristique. Nombre de conseils municipaux sont ainsi composés de professionnels directement liés au développement touristique. Depuis plusieurs années, les élections locales ont donné lieu à de profonds changements au sein des élites politiques locales. Aux dernières élections de 2001, le renouvellement des personnalités à la tête des mairies des communes supports de stations de sport d'hiver a été considérable (dans les trois départements alpins, ce renouvellement est de l'ordre de 40 à 55 %). Le phénomène n'est pas nouveau. Une relative instabilité a vu le jour dès le début des années 80, au moment où les instances politiques locales ont eu la responsabilité directe du développement touristique local. Cette instabilité tend à augmenter. C'est une source d'incertitudes qui aujourd'hui rend la gestion touristique locale difficile.

Le type de conduite politique exercé par les maires :

« Le modèle de conduite politique, le plus largement répandu en France, est qualifié de présidentialisme municipal ». En effet, l'importance des responsabilités endossées par les maires est souvent synonyme d'exercice solitaire du pouvoir communal. Or dans le pilotage de l'activité touristique, cette posture est mal perçu par les professionnels du tourisme. Un autre type de conduite politique met au contraire en avant un clientélisme local exacerbé, un pouvoir local « sous influence » de groupes d'intérêts locaux. Or une gestion de destinations touristiques n'est pas durable lorsque qu'elle s'appuie exclusivement sur la défense d'intérêts de groupes locaux.

L'expertise de l'institution communale :

La légitimité politique d'un maire s'appuie surtout sur l'ensemble des ressources organisationnelles et financières d'une mairie. Les services municipaux doivent assurer la gestion quotidienne d'une commune dont la population va de 200 à 10 000 habitants au maximum. Les moyens tant financiers qu'humains sont étroitement corrélés à cette population permanente. Or la population touristique peut doubler, voire être multipliée par cent en saison. Une telle gestion saisonnière n'est pas une tâche facile pour l'ensemble de l'institution communale. Ces responsabilités diverses réclament un personnel compétent et expert souvent difficile à trouver dans le cadre de la fonction publique territoriale. Certaines communes ont recours à des experts externes, mais leur coût est prohibitif. L'expertise et l'efficacité de l'action publique locale sont donc souvent mises en question, les moyens en ressources humaines et financières étant largement inadaptés aux fréquentations aléatoires et saisonnières du tourisme.

2.2.1.5 Incapacité à se fédérer au niveau intercommunal24(*)

On peut faire l'hypothèse que la mise en commun des moyens humains et financiers, la coordination des actions et des acteurs sur des territoires touristiques plus vastes et plus pertinents, car plus visibles au plan international, devrait théoriquement permettre une efficacité accrue. La réalité est plus mitigée, tant les freins à l'intercommunalité touristique sont nombreux.

L'action intercommunale, au contraire des projets communaux isolés, apparaît pourtant comme un moyen d'éviter les enfermements dans des logiques trop sectorielles et ponctuelles. Les diagnostics et les stratégies, dès lors qu'ils sont partagés par des collectivités d'engagement ou de position différents dans le système local de production des loisirs, paraissent nettement plus soucieux de la prise en compte d'une approche globale (environnementale, économique, sociale et éthique) dans les programmes touristiques. On ne peut assurer les conditions de la durabilité du tourisme lorsque l'intercommunalité se limite, par délégation, à l'affectation d'enveloppes financières à des projets conçus et gérés dans un cadre strictement communal.

Si la conjugaison de la conduite politique et de la gestion touristique locale est source de confusion au niveau communal, il en est de même au niveau intercommunal. En effet, les maires gardent souvent leurs compétences communales qui leur ont été attribuées par la loi montagne et la décentralisation. La gestion de l'image touristique par exemple, est un enjeu local très fort et peu de maires souhaitent s'en dessaisir. Les organismes chargés de la promotion restent donc largement sous la maîtrise et à la charge de la commune.

De plus, les enjeux qui conduisent à la construction de territoires intercommunaux, souvent calqués sur des bassins de vie et d'emplois sont rarement en adéquation avec les territoires touristiques pertinents qui se construisent, dans les Alpes, sur des registres liés aux patrimoines naturels, culturels, de pratiques sportives touristiques, ce qui est plus le cas dans les Pyrénées. Les rapports entre communes, intercommunalités et territoires touristiques sont donc généralement complexes.

L'intercommunalité incitative française, si elle n'est pas obligée par la loi , l'est par l'affectation des dotations financières en équipement (D.G.E., contrats) ou en fonctionnement (D.G.F.). Ce n'est pas une condition suffisante pour garantir l'intercommunalité de projet tant qu'elle autorise les opérations communales présentées sous la bannière fédératrice d'un EPCI. Les programmes d'actions des différentes structures intercommunales montrent clairement cette succession, souvent sans cohérence, d'opérations sans liens entre elles, sans plan d'ensemble.

La gestion de la compétence touristique sur un territoire intercommunal est paradoxalement difficile. En effet, le partage de cette compétence, que l'on peut morceler en plusieurs parties de compétences (accueil, information, animation, promotion) en complique la gestion. Les analyses montrent que la tendance actuelle est à la multiplication des organismes aux territoires d'actions différents et cette situation n'est malheureusement pas propre à la montagne. L'illisibilité institutionnelle qui en découle provoque le découragement des professionnels du tourisme dans les organismes touristiques.

Enfin, les communes touristiques dans leur ensemble sont plus endettées que leurs homologues non-touristiques comme l'analysent, pour la première fois en 2003, les services du ministère des finances. La mutualisation des ressources à un niveau intercommunal est problématique. Il s'agit d'ailleurs essentiellement de la taxe de séjour, qui est source de discordes entre les institutions politiques et les hébergeurs.

Le système de production touristique est donc, à quelques exceptions près, globalement vieillissant et souvent inadapté aux enjeux du futur.

2.2.1.6 Nécessité d'une gouvernance

Comme nous l'avons vu, les professionnels du tourisme sont souvent découragés par le manque de prise de décisions ou leur absurdité à long terme. En effet, comme c'est le cas aujourd'hui avec la société civile au niveau national pour les grandes questions de société, il semble que le pilotage touristique ne peut désormais opérer sans s'appuyer de manière explicite sur les professionnels.

La gouvernance est définie comme l'ensemble des arrangements et des relations formels et informels entre intérêts publics et privés à partir desquels sont mises en oeuvre les décisions. Cette notion permettait de rendre compte l'extrême complexité des rapports entre partenaires privés et publics. Les interactions sont nombreuses, plus ou moins aléatoires ou difficiles entre les quatre sphères principales au sein des stations (publique, privée, économique et la clientèle)

Compte tenu de l'évolution de l'activité touristique et des implications qu'elle engendre, et compte tenu également des aspirations en matière de démocratie participative, il est désormais nécessaire de mettre en oeuvre au niveau des communes ou des territoires touristiques, un lieu de gouvernance où institutions communales, professionnels et société civile débattent des enjeux et des décisions concernant le développement touristique. Un lieu de débat public, distinct du conseil municipal, qui permettrait de confronter la certitude du décideur public aux réalités.

Sous la pression de la société civile et de certains professionnels, cette démarche est actuellement en cours d'expérimentation dans certaines stations de montagne des Alpes. Cette idée se fait de plus en plus entendre, car les conditions de travail et de vie sont dépendantes du type de développement touristique engagé dans les communes et une demande de participation aux débats concernant les professionnels du tourisme et la société civile émerge.

La mise en place d'une gouvernance locale pour gérer au mieux l'aménagement et le développement touristique est probablement un challenge à long terme. Un certain nombre de fondements du développement touristique ne facilitent malheureusement pas une telle perspective. En effet, les expérimentations de gouvernance en cours dans certaines stations montrent que des obstacles piègent la mise en place de gouvernance. Le problème le plus redoutable est certainement la gestion foncière et immobilière.

2.2.1.7 Le climat source d'incertitudes supplémentaires


Image 23 : Le réchauffement global dans les Alpes, source : Chappatte.

Le laboratoire du Col de Porte, situé en Chartreuse (Isère) à 1 320 m donne des relevés précis sur les 40 dernières années. Ceux-ci montrent que si la tendance générale est une diminution de l'enneigement depuis la fin des années 70, les fluctuations annuelles sont bien plus sensibles que la tendance à long terme.

Figure 19 : Nombre de jours par saison avec neige au sol au Col de porte, Source : Météo France - CNRM/CEN

 

L'observatoire du Mont Aigoual (Cévennes, Gard, 1 567 m), marqué par un climat très excessif, dispose de relevés manuels de cumuls de hauteurs de précipitations neigeuses depuis 1896. Même si cette variable est moins parlante, pour les sports d'hiver, que le nombre de jours avec neige au sol représenté sur le graphique précédent, cette série est précieuse du fait de sa longueur et de sa qualité.

Figure 20 : Cumul par hiver des épaisseurs de neige fraîche entre 1896 et 2003 au mont Aigoual, Sources : Météo France - Station du mont Aigoual

 

Le climat a changé au cours du XXe siècle. En raison de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, induite par l'activité humaine, des changements plus importants sont prévus pour le XXIe siècle. La température moyenne à la surface de la Terre continuera d'augmenter à un rythme probablement sans précédent au cours des 10 derniers millénaires. Il y aura très probablement plus de jours chauds, moins de jours froids, de vagues de froid et de jours de gel. Dans un monde plus chaud, il y aura intensification du cycle hydrologique. Les précipitations mondiales devraient augmenter et s'intensifier25(*).

Les augmentations de températures simulées sur l'Europe sont généralement comprises entre +1,5°C et +3,5°C. Par ailleurs la tendance générale des modèles est de simuler des précipitations plus importantes en hiver sur le nord de l'Europe et plus faibles en été sur le sud de l'Europe. Les cartes suivantes, à prendre avec précaution, donnent une idée de l'impact sur l'enneigement d'un réchauffement de 1,8°C sur les Alpes et les Pyrénées, d'après le modèle CROCUS de Météo France.

Figure 21 : La situation actuelle, Source : Météo France - CNRM/CEN

 

 

Figure 22: La situation future (T +1,8°C), Source : Météo France - CNRM/CEN

Ces simulations de météo France qui nous montrent une réelle diminution de l'enneigement sont peu rassurantes. En effet, une baisse de la quantité de neige ne permettrait pas de proposer des activités de sports d'hiver sur une période aussi étendue qu'aujourd'hui. De plus, il y a toujours eu, et cela ne fait que s'accentuer, des fluctuations dans les précipitations.

« Les stations de sports d'hiver doivent garantir à leurs actionnaires les 5 % de croissance annuelle qu'ils attendent. Le nombre de skieurs n'augmente plus ; il faut donc accroître coûte que coûte l'offre de pistes et le nombre de jours skiables.

L'enneigement artificiel, lié au phénomène de réchauffement climatique, est devenu en quelques années la réponse miracle aux difficultés de nos stations. Les inconvénients environnementaux ne font évidemment pas le poids face aux arguments économiques de «l'assurance neige». Le «marketing» qui semble commander aux stratégies des stations vaut tant pour le kilométrage de pistes offert par une station que pour la surface de pistes enneigées artificiellement. En quelques années, la neige artificielle est donc passée d'une solution d'appoint à un pur argument commercial, d'où la surenchère entre les stations.

Cette fuite en avant risque de faire beaucoup de dégâts, les ressources nécessaires à la fabrication de ce paradis artificiel n'étant pas inépuisables. Fabriquer de la neige artificielle génère une augmentation conséquente des besoins en énergie, un épuisement des ressources en eau, avec les conflits d'usages qui en découlent, des atteintes au milieu et aux paysages, une pollution des sols... »26(*)

La décision des stations de s'équiper en canons à neige, de creuser des retenues collinaires, d'utiliser des additifs pour produire de la neige même quand la température ne le permet pas, est là encore motivée par des résultats économiques. Mais qui viendra encore dans ces stations lorsque le paysage si cher aux touristes sera totalement massacré, quand l'utilisation d'additif aura pollué tous les sols et nappes phréatiques ?

2.2.2 Les impacts du tourisme montagnards et problèmes soulevés : bilan et enjeux

Nous verrons ici, assez brièvement, l'ensemble des impacts du tourisme montagnard qu'ils soient d'ordres économiques, socioculturels ou environnementaux. En effet, les impacts de cette activité sont nombreux et chacun d'eux impacts mériterait à lui seul une étude très approfondie qui pourrait faire l'objet d'une étude particulière ou d'un mémoire.

2.2.2.1 Impacts économiques mitigés

Un touriste qui séjourne aux sports d'hiver ou en montagne hors sports d'hiver effectue un certain nombre de dépenses : forfait, transport, alimentation, hébergement, restauration, loisirs, achats... Ces dépenses provoquent des retombées économiques. Comme nous le montre le schéma ci-dessous, les recettes perçues par les sociétés de remontées mécaniques sont très importantes. Il en est de même pour les propriétaires d'hébergements, les commerçants ou prestataires de service dans les stations.


Figure 23 : Evolution du chiffre d'affaires des remontées mécaniques par massif,
Source : exploitants de remontées mécaniques, SNTF27(*), traitement ODIT France

Cette activité touristique saisonnière, permet la création d'emplois. Cependant, même s'il peut, en pointe, concerner beaucoup de personnes, l'emploi saisonnier, traduit en équivalent annuel, se retrouve bien plus faible. Ceci est une évidence parfois mal comprise sur le terrain. Les saisonniers sont généralement des habitants non permanents. Il faut donc les loger, ce qui fait augmenter la population présente sur la station en plus de l'augmentation déjà provoquée par l'arrivée des touristes. Les loger durant la haute saison et donc en période de fort taux d'occupation des logements coûte cher et fait grimper les prix. Quand ce n'est pas le cas, c'est la salubrité du logement qui fait la différence.

Enfin, l'aspect le plus négatif d'un point de vue économique est certainement le fait que les 80% de ces recettes ne sont répartis que sur 2% du territoire. Il en résulte une grande disparité entre les communes support de stations et la zone de montagne hors station. De plus, une partie des recettes n'est pas redistribuée sur le territoire mais va à des sociétés ou propriétaires implantés dans les stations mais sans lien avec le territoire, l'argent perçu n'y est pas réinvesti.

2.2.2.2 Impacts socio culturels

La précarité des emplois liés à l'activité touristique en montagne est à souligner. L'activité étant saisonnière, les contrats le sont aussi. Des contrats à durée déterminée, aux salaires relativement faibles dans des conditions de travail et de logement souvent médiocres ne permettent ni une sécurité de l'emploi, ni des conditions de vie descentes.

La saisonnalité de l'activité touristique implique souvent pour les locaux qui travaillent dans le secteur touristique une double activité : guide ou accompagnateur l'été, perchman ou pisteur l'hiver par exemple. Si certains locaux ont cette double compétence, ce n'est pas le cas de tous. Il est fréquent de retrouver en été dans les usines de fond de vallée des salariés qui avaientt une compétence précise en station l'hiver, ski man par exemple. Ces personnes qui ne peuvent pas utiliser leurs compétences toute l'année se voient dans l'obligation de travailler l'été sur des postes ne nécessitant pas de compétences particulières avec des salaires relativement bas.

Des problèmes émergent entre les différentes sphères (publique, privée, économique, clientèle) qui, comme nous l'avons vu, ont des enjeux souvent très différents et parfois contradictoires. Il est très difficile d'arbitrer les différents et les sources de conflit sont nombreuses. D'un village à l'autre ou au sein d'un même village les intérêts divergent et le foncier est certainement l'une des principales sources de discordes.

« Le séjour de populations touristiques dans les villages fait pénétrer au coeur des civilisations montagnardes d'autres pratiques sociales, d'autres référents, et peut les faire évoluer plus vite que des implantations ex nihilo »28(*). Ainsi, les populations locales réceptrices de touristes évoluent et s'adaptent très rapidement. Les conséquences socioculturelles ont parfois été très importantes. Les autochtones ont souvent délaissé des activités traditionnelles comme l'agriculture, la sylviculture et le pastoralisme au profit du tourisme. La maturité du marché et l'évolution des demandes de la clientèle à laquelle leur offre n'est plus adaptée sont aujourd'hui une menace pour ces villages dont l'activité principale et parfois unique est le tourisme. Des villages entiers pâtissent de ces évolutions du marché puisque les activités traditionnelles ont été abandonnées.

2.2.2.3 Impacts environnementaux dramatiques29(*)

Les dynamiques en oeuvre dans les activités touristiques des ménages évoluent et ont des effets croissants sur l'environnement et l'économie. Les motifs personnels (agrément, famille, amis...) amènent les Français à se déplacer en masse sur le territoire national ; 165 millions de séjours30(*) (2005) s'ajoutent à environ 57 millions d'excursions31(*) (2004).

Les départs en vacances restent concentrés en été et les fins de semaine. Les séjours se raccourcissent. Les Français sont plus nombreux à partir en congés (+24% entre 1990 et 2004), mais les courts séjours (de moins de 3 nuitées) se multiplient (+14% entre 1998 et 2004), tandis que les longs et moyens séjours se raccourcissent (de 14 à 10 nuitées en moyenne en 15 ans). Ces mouvements ont des implications locales : accroissement des nuisances routières (embouteillages, bruit, pollution de l'air), accentuation de l'utilisation des équipements collectifs des communes réceptrices (traitements des eaux usées, déchets, alimentation en eau potable), augmentation des loisirs ayant la nature pour support.


Figure 24 : Les départs en vacances des Français dans l'année selon le type de destination (en millions de séjours), source : ministère chargé du Tourisme, Enquête « Suivi de la demande touristique », 2005.

Les déplacements liés aux vacances, effectués en voiture, génèrent environ 12,4 Mteq CO2, soit 16% des GES émis sur le territoire national par les véhicules particuliers. Plus le déplacement est de courte durée, plus le poids du transport se fait ressentir dans les émissions du GES, comme dans le budget vacances des ménages. La part des déplacements effectués en voiture vers la destination montagne et au cours des séjours passés dans cet espace est difficilement quantifiable mais il est indéniable qu'ils ont un impact sur l'environnement.

Les voyages en train représentent 13% des déplacements touristiques sur le territoire national. Un voyage en train génère 12 fois moins d'émission de GES qu'un voyage en voiture à distance égale.

Figure 25: Les modes de transport utilisés par les Français pour se rendre sur leur lieu de vacances (séjours en France), source : ministère chargé du Tourisme - Sofres, Enquête "Suivi des déplacements touristiques des Français", 2005

Avec les arrivées de touristes, la démographie de certains départements peut doubler voire même tripler. Les Français se rendent essentiellement en ville, à la campagne (34% et 33%), pour des séjours relativement courts (en moyenne 4,5 nuitées). À l'opposé, ils sont moins nombreux à se rendre sur le littoral (26% des destinations) et à la montagne (14% des destinations), mais leurs séjours y sont plus longs (en moyenne 8 et 7 nuitées). Cet apport démographique temporaire, mais parfois considérable (surtout quand on rajoute les étrangers), pose des problèmes dans les milieux où la ressource en eau est fragile (mer et montagne). Des stations d'épuration, calibrées sur les populations de pointe, fonctionnent en "sous-régime" une partie de l'année.

Les activités des ménages sur leur lieu de vacances tirent partie des ressources offertes par la nature. En 2005, les activités terrestres représentent 38% des activités déclarées, parmi lesquelles la promenade est évoquée à 22%, la visite de sites naturels à 5,5% et la randonnée 3,1%. Certains espaces peuvent connaître un cumul d'activités créant des conflits d'usage soit entre loisirs, soit au détriment d'une ressource. C'est en mer et en montagne que ces conflits peuvent être exacerbés, compte tenu de l'attractivité de ces espaces, de la fragilité des milieux et des aménagements durs qu'ils supportent (ports, stations de ski...).

Le développement des stations de sports d'hivers a entraîné la création de nombreuses pistes de ski dont la réalisation nécessite des opérations de terrassement lourdes sur des surfaces importantes, perturbant l'écoulement des eaux, la végétalisation et les sols.

En montagne, l'aménagement de pistes de ski entraîne une destruction définitive des sols, des modifications de la biodiversité et des déséquilibres qui affectent la structure et le fonctionnement des écosystèmes et des paysages. C'est également le cas des terrains qui font l'objet de terrassement.

L'urbanisation des domaines skiables, la construction des pistes de ski et des remontées mécaniques dégradent fortement les milieux. 15 à 50 % de la surface des pistes sont ainsi remodelés avec une modification des dénivelés, un élargissement des couloirs, la destruction de la végétation et le retournement du sol. Les équilibres écologiques qui conditionnent le maintien de la biodiversité sont bouleversés, les sols s'érodent, les pratiques pastorales sont modifiées, la qualité esthétique des paysages est affectée.

Toujours en ce qui concerne l'activité sports d'hiver et les pistes, on peut soulever le problème des canons à neiges. Au lieu de s'attaquer au problème du réchauffement climatique, l'homme préfère réinventer le froid et accentuer la dégradation du climat. Plus de la moitié des stations de ski en France sont équipées de canons à neige, soit plus de 40 000 hectares d'enneigement artificiel. Même les glaciers reçoivent des canons pour implanter le ski sur plusieurs saisons.

Comme nous l'avons vu plus haut, cette pratique entraîne des conséquences sur l'environnement comme une surconsommation d'eau au moment où cette eau devient de plus en plus rare. Elle provoque un risque sur la santé dû à l'utilisation sans contrôle des additifs chimiques (cristaux d'argent, silice, ou bactérie irradiées) dans la fabrication de neige artificielle. De plus elle perturbe le cycle végétal mettant en cause la diversité biologique et la nature montagnarde.

L'alimentation des canons nécessite aussi de grandes quantités d'eau, prélevées dans les ressources superficielle ou souterraines, le réseaux d'eau potable ou les retenues d'eau artificielles. En hiver, le débit des cours d'eau en montagne est faible. Il faut donc construire des retenues artificielles qui stockent l'eau mais qui ont de graves inconvénients. Ces lacs artificiels au fond recouvert d'une bâche en plastique viennent défigurer et modifier le paysage. Les questions de sécurité ne doivent pas être écartées. En cas de rupture, de glissement ou d'éboulement faisant déborder ces retenues collinaires, les conséquences sur les villages en aval seraient dramatiques. Certaines retenues contiennent plus de 300 000 m3 d'eau.

L'enneigement artificiel consomme 4 000 m3 d'eau à l'hectare alors que le maïs qui est l'une des culture les plus consommatrices d'eau n'est qu'à 1 700 m3 par hectare! Une commune de Haute-Savoie a vu une telle dégradation de la qualité de ses eaux que les prélèvements pour l'enneigement ont du être stoppés. Quand à une autre, un projet de retenue collinaire a été bloqué, il aurait privé d'eau les communes de piémont.

Alors que d'autre pays ont interdit la neige de culture et qu'il a été reconnu par le fabricant de la protéine bactérienne que son produit constitue un milieu favorable aux germes pathogènes, ce procédé est en pleine expansion en France. Cette neige est également un danger pour les espèces végétales typiques des milieux montagnards. Elle est fabriquée avec une eau chargée en nutriment, en matière organique et en polluant. Plus compacte que la neige naturelle, la neige artificielle fond moins vite et affecte l'agriculture pastorale (prairies plus tardives). L'atteinte au paysage peut également être considérée comme polluante. Les canons à neige d'une douzaine de mètres de hauteur et dont l'utilité reste le plus souvent à démontrer s'ajoutent aux équipements existants et défigurent le paysage à l'année.

La quantité de déchets émis en montagne augmente et le volume des déchets progresse de 1, 8% Le tonnage des ordures ménagères par an et par habitant en Haute-Savoie par exemple, est le double de la moyenne nationale.

Depuis 100 ans, le rail et les câbles sont partis à la conquête des sommets des Alpes. Durant des décennies, de nombreuses installations de remontées mécaniques furent construites : télésiège, téléski, téléphériques, télécabines... La technique de transport toujours plus perfectionnée déboucha sur une véritable euphorie de la desserte de la montagne jusque dans les années 1970. Toujours plus de sommets et de points de vues furent aménagés. Le système de remontées mécaniques constitue une source de pollution importante au niveau de la dégradation du milieu par la déforestation. On peut également noter la nuisance sonore et la dégradation du paysage.

L'accès aux destinations touristiques est souvent entravé par des goulets dans les vallées. La construction de nouvelles routes qui favorisent la pénétration de véhicules moteurs, engendre des mécanismes de l'érosion, détruit des sentiers et segmente l'espace naturel au détriment de la faune et la flore. L'utilisation systématique de la voiture pour les courts trajets et le manque de stationnement est à l'origine d'une grande part de pollution.

La surpopulation saisonnière entraîne une urbanisation aux différents niveaux d'altitudes, aussi bien par la création de villes nouvelles à vocation de stations de sport d'hiver que par la métamorphose d'anciens villages devenant de vastes nébuleuses de résidences secondaires. Ces pics de population entraînent des constructions abusives.

2.3 Quelles solutions pour un tourisme doux et une Montagne à vivre ?

Nous chercherons ici les solutions possibles pour intégrer la durabilité au tourisme de montagne. Nous illustrerons nos propos par le projet Butiner en Belledonne et tenterons de comprendre comment valoriser les ressources existantes pour favoriser un développement local durable et équitable d'un territoire.

2.3.1 Jeux d'acteurs et légitimité

La population du massif de Belledonne est caractérisée par deux types d'habitants. Ceux habitant et travaillant sur le massif et ceux habitant le massif mais travaillant dans la vallée ou sur les agglomérations de Grenoble et Chambéry. Ce sont les communes les plus proches de la vallée qui sont habitées pour la plus grande partie par des rurbains travaillant dans la vallée ou sur l'une des deux agglomérations à proximité.

Les élus de ces communes qui jouissent de la proximité de la vallée et des agglomérations, n'ont donc pas à satisfaire les mêmes attentes que ceux des communes plus enclavées dans le massif. Une différence se fait sentir au niveau de la conduite politique dans les 2 types de commune. Les maires, qui ne doivent pas répondre aux mêmes attentes, ont souvent du mal à se retrouver sur des dossiers communs. Au sein des structures intercommunales (communauté de communes, associations, Groupe d'Action local, Syndicat intercommunal...) qui sont multiples et enchevêtrées, les élus doivent arbitrer les attentes des uns et des autres et gérer les conflits qui peuvent apparaître. Le tourisme durable, qui est une manière pour certaines communes de faire perdurer des activités économiques sur leur territoire, n'a a priori que peu d'intérêt pour les communes dont la population travaille en dehors du territoire municipal.

Commune, communauté de communes, syndicat intercommunal, groupe d'action local..., on retrouve souvent, sur les massifs, les mêmes élus et personnes clés aux positions stratégiques de décisions dans les différentes structures. On ne peut leur reprocher de s'impliquer dans la vie locale, cependant la super puissance accordée par ces mandats/présidences/... à certaines personnes sur le massif peut poser problème. En effet, certaines personnes sont incontournables et ont le pouvoir de décision très fort. Ils peuvent donc encourager ou exclure un projet.

La motivation des élus vis-à-vis d'un projet est souvent influencée par les ressources financières de leurs communes. En effet, les communes à dominante rurbaine ont pour ressource principale les impôts locaux qui sont plus élevés que sur les communes à dominante plus rurale. En effet, comme me l'expliquait un élu de Belledonne lors d'un entretien, la population rurbaine dispose de moyens financiers plus importants. Les élus des communes qui perçoivent ces impôts locaux doivent alors répondre à des demandes et logiques plus urbaines que dans les communes plus éloignées des agglomérations, notamment en terme de service à la population et de cadre de vie (écoles, infrastructures sportives et culturelles...). Les communes à dominante plus rurale n'ont pas la même capacité financière, elles sont moins peuplées et les impôts locaux sont moindres, elles ont donc la nécessité de trouver d'autres ressources, notamment la taxe professionnelle. Ces communes recherchent donc à maintenir ou développer les activités économiques présentes sur leur territoire.

Les élus de ces deux types de commune travaillent ensemble dans de nombreuses structures intercommunales et leurs intérêts divergent souvent. Ils ont donc des difficultés à s'entendre sur les objectifs et priorités à définir pour ces structures. Les communes à dominante rurbaine ont un poids plus important en terme de population et de finance que les communes plus rurales et plus éloignées des agglomérations. De ce fait, les élus ruraux ont moins de pouvoir de décision et s'imposent moins dans les négociations. Il en résulte des décisions prises dans des logiques urbaines avec des intérêts de satisfaction de la population rurbaine en terme de services et de cadre de vie. Ainsi, les territoires plus ruraux sont bien souvent défavorisés dans les structures intercommunales et ne bénéficient pas toujours des avantages présupposés de l'intercommunalité.

De plus, le « présidentialisme municipal » comme on l'évoquait plus haut, ne rend pas la tache facile. En effet, comme les acteurs rencontrés l'ont souvent souligné, certains maires ont du mal à accepter les projets dont ils ne sont pas les protagonistes. Une structure extérieure au massif comme Mountain Wilderness qui leur propose un projet leur pose problème. Leur première réaction est donc souvent de rejeter les projets venant de l'extérieur, ce fut le cas pour Butiner lorsqu'une demande de subvention leader + fut demandée pour mettre en place le projet sur le massif. On ne peut que le regretter.

La superposition des échelles administratives et institutionnelles est source d'une grande incompréhension de la société civile. En effet, comme le montre le schéma ci-dessous, les structures sont nombreuses et le citoyen s'y perd.


Figure 26:
Les différentes structures administratives présentent sur le massif de Belledonne et la vallée du Grésivaudan,

source : www.gresivaudan.com

Savoie (73)

Savoie (73)

Isère (38)

Isère (38)

Le massif de Belledonne :

un territoire d'action complexe tant par sa géographie que par ses institutions administratives.

Chambéry

L

E

G

E

N

D

E

Massif de Belledonne

Vallée du Grésivaudan

Massif de la Chartreuse

Isère

A 41

Agglomérations

Communauté de Communes des Balcons de Belledonne

Limite départementale

Pays du Grésivaudan

Espace Belledonne

Grenoble

Figure 27 : Le massif de Belledonne : un territoire d'action complexe tant par sa géographie que par ces institutions administratives, source : Marie Jaouen

Une rencontre avec un élu du massif en 2006 a pu nous éclairer sur l'origine de certains blocages. Le nom anglais de l'association et ses positions parfois tranchées sur les loisirs motorisés ou plus souples sur les grands prédateurs n'ont pas été vus d'un bon oeil par tous les acteurs du massif. En effet, l'association étant, jusque là, surtout perçue comme « contre » les projets, certains acteurs du territoire ont réagi avec méfiance à la proposition de mise en place de Butiner sur le massif de Belledonne.

Elus, professionnels du tourisme ou non, associations, techniciens... acteurs du territoire ou non, nombreuses sont les personnes concernées par un projet. Chacun d'entre eux a des intérêts précis dans la conduite d'un projet et ceux-ci divergent parfois. Bien étudier les jeux d'acteurs avant de mettre en place un projet sur un territoire donné est donc primordial.

Cependant, il est aussi et surtout important de réunir toutes les catégories d'acteurs (après les avoir rencontrés individuellement). En effet, il semble que nombre de freins à la mise en place de Butiner sur le massif de Belledonne soient dus à une lacune de communication. La démarche de Mountain Wilderness a très certainement été mal comprise. Plusieurs catégories d'acteurs ont perçu la démarche comme déplacée puisqu'elle venait d'un acteur extérieur au territoire. La méfiance développée par certain est très certainement issue d'une ignorance ou d'une méconnaissance des volontés de Mountain Wilderness quant à ce projet. La mobilisation des acteurs de Belledonne en a légèrement pâti.

2.3.2 Mobilisation des acteurs et accompagnement

Les acteurs « directs » du projet ont été quasi unanimement convaincus par le projet Butiner. En effet, le projet s'adresse à des petites structures travaillant dans un souci de durabilité et les valeurs défendues par Butiner était très généralement en accord avec les pratiques des prestataires ou producteurs rencontrés.

Les acteurs rencontrés ont souvent souligné le fait qu'ils étaient prêts à participer au projet dans la mesure ou celui-ci ne leur demanderait pas une implication trop importante, notamment au niveau du temps. La réunionite était souvent leur principale méfiance. Nous avons pris en considération leur demande et la plupart du travail s'est fait par courrier ou téléphone. Cependant, si la plupart d'entre eux paraissait motivée lors des entretiens, il a fallu les relancer de nombreuses fois ne serait-ce que pour qu'ils rédigent la présentation de leur activité qui figure sur le site internet.

Il faut également prendre en compte le fait que la majorité des entretiens réalisés ont eu lieu entre mai et septembre, période de forte activité pour les prestataires comme pour les producteurs. Ce travail étant réalisé essentiellement par les stagiaires et les bénévoles, il ne pouvait en être autrement. Cela est regrettable puisqu'il s'agit de la période de l'année où les acteurs sont les moins disponibles.

Enfin, Butiner en Belledonne est une première expérimentation en France. Il s'agit donc d'un nouveau concept que tout le monde ne maîtrise pas. En effet, il est assez difficile de se faire une idée de ce que cela donne sur le terrain. L'idéal aurait peut être été de proposer aux acteurs motivés (mais aussi aux élus et autres personnes intéressées) de rencontrer quelques prestataires et producteurs participant au projet de MW Suisse « Butiner au Pays du Mont Blanc » ou pourquoi pas de se rendre sur place. C'était une demande de certains élus mais ceux-ci n'étaient paradoxalement pas prêts à subventionner ce déplacement. Il semble que la proposition de Butiner en Belledonne même si elle fut longuement explicitée, manquait de concret pour persuader les acteurs de son intérêt, le manque de moyens financier en est à l'origine.

2.3.3 Changer d'approche face aux blocages : du territoire au réseau

Nous traiterons ici de la méthodologie employée par MW face aux blocages rencontrés lors de la conduite du projet. En effet, il parait difficile de proposer une solution idéale face aux blocages puisqu'ils sont selon les territoires et les acteurs très différents.

Face aux différents blocages rencontrés lors de la mise en place de Butiner, MW a dû ajuster le projet et la méthodologie utilisés. En effet, l'ensemble des acteurs n'étant pas convaincu par le projet, il était important d'évaluer le travail déjà réalisé et de le remettre en question avant de poursuivre.

Lors d'un conseil d'administration de MW début juin, la thématique Montagne à vivre était le point unique à l'ordre du jour pour l'après midi. Il n'est pas possible de percevoir des subventions pour un projet déjà en place, c'est en partie pour cela que le site internet Butiner n'avait pas été mis en ligne. Comme rien ne permettait d'avoir la certitude que le projet soit subventionné en 2008, la décision a été prise de mettre en ligne le site internet Butiner malgré l'absence de financement. En effet, le travail engagé en 2005 n'avait toujours pas abouti à une réalisation concrète et les acteurs étaient en attente de cet aboutissement.

De plus, la mise en ligne de l'offre de Belledonne sur le site internet Butiner permettra d'appuyer notre discours par un outil déjà existant et fonctionnel. Il sera alors plus facile de convaincre et de mobiliser de nouveaux acteurs, sur Belledonne ou ailleurs.

Après longue discussion, il a été décidé qu'il ne fallait plus attendre l'approbation des élus pour travailler avec les acteurs directement intéressés. Il n'était cependant pas envisageable de mettre les élus de côté. Les relations avec eux ne seraient donc non plus basées sur de la proposition/approbation mais sur de l'information. Le travail se fera directement avec les acteurs volontaires sans attente quelconque d'une prise de position de la part des élus.

Lors d'une séance du groupe de travail Montagne à vivre fin juin, le nouveau cadre de travail pour le projet Butiner a été défini. MW valorisera désormais des micros réseaux d'acteurs déjà existants, sur des territoires où une réelle volonté de développer le tourisme doux existe. En effet, il semble que l'existence d'une dynamique entre les acteurs d'un même territoire soit une condition essentielle à l'assurance d'une qualité des séjours qui seront proposés aux touristes.

Suite aux décisions prises, un micro réseau présent en Chartreuse, dont l'un de nos adhérents fait parti, a été contacté. Les acteurs concernés, qui ont déjà l'habitude de travailler en partenariat et d'orienter leurs clients vers les autres prestataires et producteurs du massif, paraissent motivés malgré la période à laquelle nous les avons sollicités.

Le territoire Diois-Trièves fourmille de projets innovants basés sur un développement durable de l'activité tourisme. En effet, les acteurs du territoire (élus, habitants, professionnels du tourisme...) réfléchissent à la mise en place de projet de type tourisme doux. Un projet de « Vallée Bio » est en cours d'élaboration. Un autre, « Paris-Mont Aiguille », ayant pour objectif le pari fou de faire venir en train des touristes de Paris pour qu'il découvre le territoire, peu connu du grand public mais déjà bien identifié par les connaisseurs, du Trièves. Enfin, le projet « Le Trièves en train » a pour objectif de faire venir en TER les randonneurs et autres excursionnistes de l'agglomération grenobloise.

MW a invité autour d'une même table les différents acteurs de la conception à la promotion touristique du territoire. Nous avons échangé avec eux sur le projet Butiner et sa « transposabilité » sur leur territoire. Les acteurs rencontrés, motivés et dynamiques ont paru très intéressés. Il a été décidé avec eux que le rôle de MW sur le Diois-Trièves ne serait pas celui de la mise en réseau et de la promotion mais plutôt celui d'appui technique. En effet, MW ayant déjà travaillé sur le projet Butiner, il parait intéressant pour les acteurs, qui ont en charge la mise en réseau et la promotion, de bénéficier de l'expertise de l'association mais aussi de ses outils tels que les grilles d'évaluation pour mener à bien un projet cohérent et réussi.

De plus, les acteurs de ce territoire ont sollicité MW pour travailler sur la clarification de l'offre. En effet, il est aujourd'hui difficile de déceler dans l'offre globale les projets touristiques durables. La multiplication des appellations « vertes », « nature », etc... ne permet pas aux touristes de comprendre l'offre. MW pourrait donc entreprendre un travail de communication, auprès des professionnels du tourisme. La clientèle des pays de l'Europe du Nord, plus sensibilisée, est attirée par les offres de tourisme doux. Cependant, les tours opérateurs étrangers ne sont pas en mesure aujourd'hui de leur présenter de destinations françaises puisque l'illisibilité brouille les pistes. Cette clientèle potentielle n'est pas encore réellement exploitée malgré ses attentes claires en terme de tourisme durable. Un gros travail d'information est donc nécessaire. Il ne s'agit pour l'instant que d'une demande de la part des acteurs du Diois-Trièves mais elle a le mérite de mettre le doigt sur un point à traiter. L'association, si elle en a les moyens (financiers et humains) pourrait donc jouer ce rôle de médiateur entre les prestataires locaux et la clientèle.

Le projet Butiner en Belledonne a rencontré de nombreux obstacles lors de sa mise en place. Deux ans après son lancement, l'aboutissement est proche puisque le site internet mettant en valeur l'offre des acteurs du tourisme doux du massif de Belledonne sera mis en ligne avant janvier 2008. Il s'agit de la première réalisation concrète et c'est avec soulagement que MW s'apprête à officialiser le lancement du site. Cet outil fonctionnel et esthétique est le fruit du travail d'un salarié, de 3 stagiaires et de nombreux bénévoles qui ne se sont pas laissés décourager face aux contraintes du territoire et de ses acteurs.

L'association, qui a choisi un territoire très complexe pour une première expérimentation, est désormais prête à continuer l'aventure. La finalisation de Butiner en Belledonne à peine terminée, nous avons déjà entrepris des démarches sur deux autres massifs. Après un bilan et une analyse des problèmes rencontrés, l'expertise acquise permettra à MW d'améliorer les prochaines réalisations. Cependant, le manque de moyens financiers pour soutenir ce projet innovant reste un problème important. Il faut espérer que les financeurs souhaiteront encourager MW dans son action sur d'autres massifs après avoir pris connaissance de cette première réalisation sur Belledonne.

Conclusion

L'association nationale de protection de la montagne française Mountain Wilderness est une structure engagée et reconnue. Parmi les nombreuses actions en faveur de la sauvegarde de la montagne, la thématique Montagne à vivre tient une grande place. Dans ce cadre, l'association a entrepris en 2005 l'expérimentation de la mise en place d'un projet de tourisme doux dans le massif de Belledonne.

Ce projet nommé Butiner, dont l'objectif est la mise en réseau et la valorisation des acteurs du tourisme doux, est intéressant par sa philosophie et ces principes. En effet, son objet porte sur le développement économique local, la mise en oeuvre et l'insertion sociale, la défense de la culture et de l'identité locale ainsi que la préservation et la mise en valeur de l'environnement.

Butiner se concrétise cette année par la mise en ligne d'un site internet dédié à la valorisation de l'offre de tourisme doux présente sur le massif de Belledonne. Ce projet illustre très bien la question globale de la prise en compte de la durabilité touristique dans les montagnes françaises.

Ces dernières disposent d'un cadre réglementaire particulier avec notamment la loi montagne tandis que le tourisme durable constitue, lui, une véritable lacune dans la législation française.

De nombreuses institutions détiennent des compétences en terme de montagne et de tourisme à différents niveaux,  mais une grande illisibilité règne sur cet enchevêtrement des structures.

Au cours des cinquante dernières années, le tourisme de montagne a connu un développement effréné mais aujourd'hui les clients changent et la saturation du marché contraint les professionnels à s'adapter à leurs demandes. L'aménagement excessif des montagnes pose aujourd'hui des problèmes de foncier et l'échelle communale ne semble plus appropriée pour les gérer. De plus, les temporalités du politique et de l'économique, le jeu électoral et la compétition politique, le type de conduite politique exercé par les maires ainsi que l'expertise de l'institution communale impliquent très souvent soit une inertie politique, soit une prise de décision dans l'urgence sans réflexion préalable sur le long terme. En outre, les projets touristiques démontrent une réelle incapacité des élus à se fédérer autour d'objectifs communs. Enfin, il apparaît nécessaire de prendre en compte les attentes de la société civile et de s'appuyer sur les professionnels, ce qui n'est que trop rarement le cas lorsque les décisions relatives au tourisme sont prises en montagne. Les dérèglements et réchauffements climatiques ne font qu'ajouter de nouvelles incertitudes aux difficultés déjà énoncées qui se posent pour l'avenir durable du tourisme de montagne.

La mise en place du projet Butiner sur Belledonne nous a permis de comprendre que la connaissance et la maîtrise des jeux d'acteurs en place sur un territoire sont nécessaires et essentielles à l'appropriation et au bon fonctionnement sur le long terme des projets engagés.

Il faut néanmoins attacher une grande importance à la mobilisation et à l'accompagnement des acteurs qui ne sont pas encore familiarisés avec ce type de démarche. Il semble que les initiatives exemplaires déjà existantes doivent être bien comprises par les acteurs d'un territoire avant d'envisager de les transposer.

Enfin, il semble tout aussi essentiel de prendre en compte les spécificités et dynamiques territoriales locales pour adapter et ajuster un projet. En effet, d'un territoire à l'autre, les enjeux sont différents et il faut prendre cette dimension en compte afin d'assurer une durabilité aux projets touristiques mis en place.

Le projet Butiner, première expérimentation française du tourisme doux en montagne a rencontré de nombreuses difficultés lors de sa mise en place sur Belledonne, un territoire complexe. Il semble qu'aujourd'hui, les enseignements tirés de cette première expérience permettront de développement ce concept sur des territoires appropriés aux acteurs volontaires. Le projet Butiner est un élément de référence vers lequel tous les projets touristiques de montagne devraient s'orienter.

Bibliographie

Ouvrages :

- AFIT et le SEATM, Carnet de route de la montagne, ed. AFIT, 2000.

- AFIT, Tourisme et loisirs sportifs de nature, Développement touristique des territoires et sports de nature, Les cahiers de l'AFIT, Guide de savoir-faire, éd AFIT, 2004.

- AFIT, Piloter le tourisme durable, dans les territoires et les entreprises, Guide de savoir-faire, Les cahiers de l'AFIT, éd. AFIT, 2001

- AFIT, Sites Naturels, contribution du tourisme à leur gestion et à leur entretien, Guide de savoir-faire, Les cahiers de l'AFIT, éd. AFIT, 2000

- Parc National de la Vanoise, Tourisme et Nature. Respecter l'environnement dans la pratique sportive de montagne, éd Parc National de la Vanoise, 1997.

- BOUDIERES Vincent, MARCELPOIL Emmanuelle et GERBAUX Françoise, La difficile construction des politiques touristiques dans les stations de montagne, dans, Sports de nature. Des territoires et des homme, Claudine Desvignes et Joël Thomine. (Sous la direction de), Les cahiers Espaces n°82, 2004, Editions touristiques européennes.

- BOZONNET J.P., Des monts et des mythes : l'imaginaire social de la montagne, ed. Presses universitaires de Grenoble, 1992

- BROGGIO Céline, Montagnes et développement territorial : de l'autodéveloppement au développement durable, L'information géographique, 1997

- CAIRE Gilles et ROULLET-CAIRE Monique, Le tourisme peut-il être un élément de développement durable, dans Les enjeux du développement durable, éd. Orcades, 2002

- CAZES Georges (Dirigé par), Tourisme, Touristes et Sociétés, Collection Tourismes et Sociétés, éd. L'Harmattan, 1998

- CIPRA France, Le climat et les alpes en mutation. Tourisme et aménagement du territoire sous le stress météorologique

- CIPRA-International, 1er Rapport sur l'état des Alpes : Données, faits, problèmes, ébauches de solutions, éd. Edisud, 1998

- CIPRA-International, 2ème Rapport sur l'état des Alpes : Données, faits, problèmes, ébauches de solutions, 2002

- COLLECTIF, , Vers un Développement touristique durable dans le Massif Central, DATAR Massif Central, Clermont-Ferrand, 2000

- DEBARDIEUX B., Tourisme et montagne, éd. Economica, 1995

- Fédération des Parcs Naturels Régionaux de France, La charte européenne du tourisme durable dans les espaces protégés. Vers l'excellence en matière de développement touristique durable. L'expérience des parcs pilotes, éd Fédération des PNR de France,

- GERBAUX Françoise. La montagne en politique, Logiques Politiques, éd. L'Harmattan, 1994

- IFEN, Tourisme, Environnement, Territoires : les indicateurs, éd. IFEN, 2000.

- KNAFOU R. Les Alpes, ed. Presses universitaires de France, 1994

- KNAFOU R., Stations intégrées de sport d'hiver des Alpes, éd. Masson, 1978

- LABANDE François, Sauver la montagne, Editions OLIZANE, 2004.

- LAMY Eric, LEFORT Jérôme et ZAGO Alexandre, La loi montagne éclairée par sa jurisprudence, Dossier d'experts, éd. Territorial, 2006.

- LORET A., Génération glisse : dans l'eau, l'air, la neige...la révolution du sport des années "fun", ed. Autrement, 1995.

- Mountain Agenda : Mountains of the World. Tourism and Sustainable Mountain Development, Institut of Geography, University of Bern, 1999

- NANSEN Fridtjof, En skis à travers le Groenland; trad. du norvégien par Charles Rabot, ed. Hoëbeke, 1996

- PERRET Jacques, TEYSSANDIER Jean Paul, BALDIE Ana, Le tourisme durable par l'expérience. Le terrain commande, Collection Guide de savoir-faire n°8, éd. ODIT France (AFIT), 2006

- TANE Jean Louis, Chronique d'une vallée classée, éd Artès, 1995.

- Tourisme et environnement, du tourisme nature à l'écotourisme, Les cahiers Espaces, hors série, éd. touristiques européennes, 1993

- Tourisme durable, Les cahiers Espaces, n°67, éd. touristiques européennes, 2000.

- World Tourism Organisation, Indicators of Sustainable Development for Tourism Destinations, A Guidebook, éd. World Tourism Organisation, 2004

Revues :

- BOUDIERES Vincent, GERBAUX Françoise, MARCELPOIL Emmanuelle. De l'utilité de la notion de gouvernance pour analyser les modes de management touristiques locaux : l'exemple de la station des Arcs. Ingénieries n° 37, mars 2004

- COLLECTIF, Développement territorial et valeur environnementale en haute montagne. L'exemple du Massif du Mont-Blanc, les Dossiers de la Revue de Géographie Alpine, n° 14, 1994

- COLLECTIF, Quelle spécificité montagnarde ?, Revue de Géographie Alpine n°1/2/3, 1989

- COLLECTIF, Moyennes montagnes. Vie ou survie ?, revue de géographie alpine n°3, 1995

- Connaître pour mieux gérer et mieux protéger..., Réflexion sur la fréquentation récréative dans les espaces naturels, dans Système d'information touristique, Revue espaces n° 196, Editions Espaces, 2002

- GERBAUX Françoise. Montagnes. Les difficultés du droit à la différence... Pouvoirs Locaux vol. I, n° 48, 2001.

- GERBAUX Françoise. La montagne entre nature, histoire et sociétés. Revue de Géographie Alpine, tome 89, n° 2, 2001

- MARTINAUD C., Equilibre naturel et aménagement touristique-Le cas des stations de sport d'hiver des Alpes françaises, Revue Méditerranée n° 3 et 4, 1982

- MAUCO Carlos, Véronique Peyrache-Gadeau et Roland Raymond, Le diagnostic transversal : de l'importance des conditions de conception des dispositifs de développement. Le projet « Centre de Service et de Compétences Territoriales » de l'Espace Belledonne, dans Le diagnostic des territoires, Géocarrefour Volume 80. N°2, 2005.

- THENOZ M., La pratique touristique estivale et son impact dans un espace protégé : le cas de la Vallouise dans le parc national des Ecrins, Revue de géographie de Lyon, Vol. 56, n° 1, 1981

Actes, études et rapports divers :

- AIDO L., La société de loisir : La croissance touristique est-elle sans fin ? , Actes du colloque " Les sommets du tourisme ", 2000.

- ANEM (Association Nationale des Elus de Montagne), Stations de montagne : de la production touristique à la gestion du territoire, 2002

- BONTEMPS Pierre et DE GUILLEBON (sous la direction de), Développement économique et protection de l'environnement : Propositions pour la montagne, Comité français pour l'Union mondiale pour la nature, Groupe Montagne, 2002

- Charte du Tourisme durable, Conférence Internationale de Lanzarote, 1995

- CIPRA, Avenir dans les Alpes, Diffuser des savoirs, Mettre des personnes en réseau, Dossier, CIPRAINFO n°82, Mars 2007

- CIPRA, Tourisme durable c'est l'avenir, Les Alpes sur la bonne pente, Dossier, CIPRAINFO n°83, Juillet 2007

- CIPRA France, Convention Alpine, choisir le développement durable pour les Alpes

- CLERC J.P., Tourisme montagnard, cours d'Ingénierie de l'Espace Rural 2ème année, Ecole Supérieur Européenne, 2004/2005

- Commentaires sur les « orientations de base pour un développement durable du tourisme européen », Conseil régional d'Aquitaine, Conseil économique et social régional d'Aquitaine

- Conférence Permanente des Coordinations Associatives, Dialogue territorial : les associations sont-elles [suffisamment] écoutées ?, territoires, la revue de la démocratie locale, n°473, cahier 2, décembre 2006.

- CORDONNIER Fanny, La montagne durable, Mémoire de recherche Iseg, 2007

- DEBARBIEUX B., Bilan critique du tourisme à Chamonix (1950-1999). Une méthodologie d'évaluation de la durabilité du développement, Actes du colloque " les sommets de du tourisme ", 2000

- Développement touristique durable : conciliation des intérêts économiques, culturels, sociaux, scientifiques et environnementaux, Actes Maribor (Slovénie) 12-14 septembre 1996, Rencontres environnement n°34, éd. du Conseil de l'Europe, 1997

- EL ALAOUI Françoise, Le tourisme équitable, mémoire de recherche effectué dans le cadre d'un Master de Management du Tourisme, Ecole supérieure de Gestion de Paris, soutenu le 25 septembre 1999, mis à jour en 2002

- FEDERATION EUROPARC, Charte européenne du tourisme durable dans les espaces protégés, 1998

- GERBAUX Françoise. Le développement touristique local entre régulations sectorielles et gestion territoriale. Débats, dans Le tourisme, facteur de développement local. Ed. Presses Universitaires de Grenoble, 1999

- GERBAUX Françoise. Quelle gouvernance dans les stations de montagne ? Dans Perspectives pour un nouveau siècle de sports d'hiver, Actes de la Conférence CIMES 2002 (Conférence Internationale sur la Montagne / Environnements et Sociétés), publications de la FACIM, éd. Compact, 2003,

- GERBAUX Françoise et MARCELOIL Emmanuelle. Vers une prise de conscience du problème de la gouvernance dans les stations de montagne, et L'univers complexe des stations, dans Stations de montagne, vers quelle gouvernance ?, Actes de la conférence-débat du 30 avril 2004, à Chambéry, publication de la FACIM, éd. Compact, 2004.

- GIRARD Frédérique, Quelle place pour un tourisme de moyenne montagne sur Belledonne ?, Rapport de stage de Licence professionnelle Valorisation des produits et espaces montagnards, Université Savoie, 2005

- JAOUEN Marie, L'écomobilité, vers un développement durable de l'activité touristique, Mémoire de 3ème année de Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural, Ecole Supérieure Européenne de Poisy, 2006

- Ministère de l'environnement, Environnement et tourisme. Un tourisme compétitif et durable grâce à un environnement pérennisé, Rapport, éd. La Documentation Française, 1997

- MOUNIER Isabelle, Le tourisme doux : une réelle opportunité pour le développement local maîtrisé des territoires ruraux montagnards, Rapport de stage de DESS Aménagement et Développement Transfrontaliers de la Montagne, Université de Toulouse Le Mirail, 2005.

- MOUTAIN WILDERNESS FRANCE, Enneigement artificiel, EAU SECOURS !, Document de sensibilisation, Décembre 2005

- MOUTAIN WILDERNESS FRANCE, Pour une montagne à vivre, Revue n°62, Hiver 2005

- Quel tourisme pour une planète fragile ?, Dossier, La Revue Durable n°11. éd. Cérin Sarl, Juin-Juillet-Aout 2004.

- Région Rhône Alpes, Cet été, prenez de l'altitude, Le rendez-vous citoyen de la région Rhône Alpes n°6, été 2007

- Syndicat d'Aménagement du Trièves, Quel tourisme pour le Trièves ?, Dossier, Trièves n°18, Juillet-août 2007

- Tourisme et environnement : les enjeux naturels, culturels et socio-économiques du tourisme durable, Actes Riga (Lettonie), 9-11 septembre 1999, Rencontres environnement n° 43, éd. du Conseil de l'Europe, 2000

- Tourisme rural et développement durable, Conférence permanente du Tourisme rural, 2003

- Université de Pau et des Pays de l'Adour, Tourisme durable en montagne, entre discours et pratique, Séminaire international, Pau, 4 et 5 mai 2006

- World Tourism Organisation, Agenda 21 de l'industrie du voyage et du tourisme, 1997

Table des illustrations

Images

Image 1 : Logo de l'association, source : MW

Image 2 : Le ski de randonnée, une manière de côtoyer la wilderness subjective dans des coins de montagne pouvant être très fréquenter en été, source : Aurélien Dautrey

Image 3 : Revue n° 62 de MW, source : MW

Image 4 : Bannière Mobilité Douce, source : MW

Image 5 : Affiche Journée de la Mobilité douce en Montagne, source : MW

Image 6 : Cordée, source : MW

Image 7 : Affiche concours Changer d'approche !, source : MW

Image 8 : Document de sensibilisation sur l'enneigement artificiel, source : MW

Image 9 : Campagne silence sur Internet, source : MW

Image 10 : Document de sensibilisation sur les loisirs motorisés, source : MW

Image 11 : Document de sensibilisation Installations Obsolètes, source : MW

Image 12 : Nettoyage du Mercantour en Juillet 2007, source : A. Dautrey

Image 13 : Bannière site internet Butiner, source : MW

Image 14 : Affiche Table ronde Espaces protégés, source : MW

Image 15 : Carmen Grasmick, source : MW

Image 16 : Vincent Neirinck, source : MW

Image 17 : Aurélien Dautrey, source : MW

Image 18 : Les garants internationaux de MW, source : MW

Image 19 : Manifestation pour la protection internationale du Mont Blanc - août 1998, source : MW Image 20: Brochure Butiner au Pays du Mont Blanc édité en 2004 par MW Suisse, source : MW Suisse
Image 21 : Site internet du projet Butiner, un outil fonctionnel et esthétique, source : MW
Image 22: Les zones de montagne et de massif en France, Sources : INSEE - CEMAGREF
Image 23 : Le réchauffement global dans les Alpes, source : Chappatte.

Figures 

Figure 1 : Compte de résultat MW France - 2006

Figure 2 : Subventions publiques perçues en 2006

Figure 3 : Population et superficie des différents massifs français, Source : SDT 2001

Figure 4 : Part de l'espace montagne dans les nuitées totales des Français, Source : direction du Tourisme, SDT
Figure 5: Les taux de départ des Français en 2005/2006, Source : direction du Tourisme
Figure 6 : Répartition des nuitées des Français selon le type d'hébergement, Source : SDT 2001

Figure 7 : Répartition des nuitées des Français par mode de transport, Source : SDT 2003
Figure 8 : Les activités pratiquées lors du séjour, Source : SDT 2003
Figure 9 : Part des différents massifs dans les nuitées des Français, Source : SDT 2001

Figure 10 : Poids économique du tourisme en France, Source : direction du Tourisme, comptes du tourisme

Figure 11 : Estimation de la consommation intérieure liée au tourisme de montagne en 2005, Sources : direction du Tourisme - ODIT France.
Figure 12 : emploi total en 1999, Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail
Figure 13: Nombre d'emplois pour 1000 habitants en 1999, Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail
Figure 14 : Evolution de l'emploi total entre 1990 et 1999, Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail et recensement de la population de 1990 - sondage au quart - lieu de travail
Figure 15 : Part de l'emploi des activités caractéristiques du tourisme dans l'emploi total (1999), Source : INSEE, recensement de la population de 1999 - exploitation complémentaire - lieu de travail
Figure 16 : Emploi salarié dans les activités caractéristiques du tourisme au cours de l'année 2001, Source : DADS 2001 - Traitement INSEE

Figure 17 : La capacité d'accueil touristique de la zone de montagne, Sources : INSEE, IC 98, SNRT,  RGP99
Figure 18 : La capacité d'accueil touristique des communes support de stations , Sources : INSEE, IC 98, SNRT,  RGP99
Figure 19 : Nombre de jours par saison avec neige au sol au Col de porte, Source : Météo France - CNRM/CEN
Figure 20 : Cumul par hiver des épaisseurs de neige fraîche entre 1896 et 2003 au mont Aigoual, Sources : Météo France - Station du mont Aigoual
Figure 21 : La situation actuelle, Source : Météo France - CNRM/CEN
Figure 22: La situation future (T +1,8°C), Source : Météo France - CNRM/CEN

Figure 23 : Evolution du chiffre d'affaires des remontées mécaniques par massif,
Source : exploitants de remontées mécaniques, SNTF32(*), traitement ODIT France

Figure 24 : Les départs en vacances des Français dans l'année selon le type de destination (en millions de séjours), source : ministère chargé du Tourisme, Enquête « Suivi de la demande touristique », 2005.

Figure 25: Les modes de transport utilisés par les Français pour se rendre sur leur lieu de vacances (séjours en France), source : ministère chargé du Tourisme - Sofres, Enquête "Suivi des déplacements touristiques des Français", 2005

Figure 26: Les différentes structures administratives présentent sur le massif de Belledonne et la vallée du Grésivaudan, source : www.gresivaudan.com

Figure 27 : Le massif de Belledonne : un territoire d'action complexe tant par sa géographie que par ces institutions administratives, source : Marie Jaouen

Annexes

Annexe 1 :Thèses de Biella ............................................................................102

Annexe 2 : Guide d'entretiens et grilles d'évaluation.............................................106Annexe 1 : Thèses de Biella

Les thèses de Biella :
un texte fondateur pour une approche moderne de la montagne


1 - La notion de wilderness

1.1 - La notion de wilderness, nom féminin traduisible par "nature sauvage non transformée par des activités humaines" doit intégrer des facteurs psychologiques et éthiques.

1.2 - Par wilderness de montagne, on entend cet environnement d'altitude non contaminé, où tous ceux qui en éprouvent vraiment la nécessité intérieure peuvent encore faire l'expérience d'une rencontre directe avec les grands espaces, et y éprouver en toute liberté la solitude, les silences, les rythmes, les dimensions, les lois naturelles et les dangers. La qualité de la wilderness réside donc avant tout dans sa capacité potentielle à permettre un rapport créatif entre l'homme civilisé et l'environnement naturel. C'est le degré d'authenticité de ce rapport qui donne un sens non éphémère à l'aventure.

1.3 - Parce qu'elle implique une remise en cause totale, l'expérience de la wilderness revêt une importance particulière dans les sociétés complexes et morcelées, où vivent la majorité des alpinistes. Elle peut en effet provoquer une réaction vitale face aux contraintes d'un système qui vise à affadir de plus en plus l'être humain, à restreindre sa responsabilité, à rendre prévisibles et manoeuvrables ses comportements et ses besoins, à limiter son autonomie dans le domaine de la décision et de l'émotion.

1.4 - En conséquence, il est d'une importance fondamentale de prendre pleinement conscience des innombrables liens qui s'établissent entre les valeurs écologiques et les valeurs éthiques, esthétiques ou du comportement.


2 - Dégradation de la wilderness et responsabilité

2.1 - La communauté des alpinistes, et les associations dans lesquelles ils se reconnaissent, ont des responsabilités historiques précises dans la dégradation de la wilderness de montagne, dans les Alpes comme dans le reste du monde. Une responsabilité qui, pour avoir été le plus souvent indirecte ou involontaire, n'en est pas moins condamnable. L'indifférence, l'ignorance, la non-sensibilisation, ne sont en aucun cas justifiables.

2.2 - Le désir, théoriquement compréhensible, d'amener le plus grand nombre à la pratique de la montagne, en en facilitant l'approche, a souvent amorcé un processus de " civilisation " exagérée. Pour faire face à la demande croissante qui en découle, on a eu recours à l'implantation de nouveaux refuges, à l'agrandissement progressif de ceux qui existaient, à la mise en oeuvre de parcours " câblés " et d'autres incitations à la consommation. Mais cette politique présente de graves erreurs de jugement. En effet, elle ne tient pas compte du facteur wilderness, et de la solitude qui la caractérise, en tant que pivot indispensable de la valeur de l'alpinisme. Nous pensons que la construction et la capacité des refuges ne doivent pas être déterminées par la demande des utilisateurs potentiels, mais doivent dépendre du nombre de personnes que l'environnement naturel peut supporter sans perdre son sens. Refuges et bivouacs fixes ne devraient en aucun cas être situés le long des itinéraires de montée, ni à proximité des sommets, ni en tous cas dans des emplacements qui puissent porter préjudice à la grandeur sauvage et la valeur symbolique de l'environnement.

2.3 - La wilderness est aussi gravement compromise par la pénétration des transports mécaniques. La communauté des alpinistes confirme avec force son opposition à la prolifération incontrôlée du ski de piste, avec ses infrastructures lourdes et spéculatives, et la pauvreté culturelle qu'il véhicule. Une réglementation rigoureuse des sports d'hiver, sur une base nationale et internationale, doit être considérée comme une nécessité urgente. En outre, il faut interdire d'une part l'utilisation des moyens aériens pour déposer touristes et skieurs en altitude, d'autre part la construction de nouvelles installations de remontées mécaniques qui rejoignent des sommets, des glaciers, des cols, pour relier des vallées, ou qui peuvent de quelque manière dégrader l'attrait du cadre et diminuer l'engagement de l'alpiniste, dans les régions qu'elles toucheraient.

2.4 - Même des interventions qui, d'un strict point de vue écologique ou esthétique, causent un impact sur l'environnement de peu d'importance, peuvent se révéler dangereuses parce qu'elles altèrent, limitent ou réduisent la richesse des expériences possibles. Il suffit d'une suite de cordes fixes abandonnées pour priver une paroi de son sens. En outre, se développent de plus en plus des conceptions de la montagne qui, si elles ne portent pas directement préjudice à l'intégrité de l'environnement, diffusent de fait, par leur caractère à prédominance de spectacle et de consommation, des messages ambigus, et favorisent l'affirmation d'une mentalité tendant à considérer la montagne comme un simple support d'activités sportives, récréatives et touristiques.

2.5 - Il faudrait aussi commencer à s'interroger sur les atteintes au sens profond de la wilderness causées par les descriptions techniques excessivement détaillées, qui tendent à réduire considérablement la possibilité de la découverte et les satisfactions incomparables qu'elle procure.

2.6 - La pollution des consciences est moins visible que la pollution des déchets, mais elle n'est pas pour cela moins nuisible. Il s'ensuit qu'une lourde responsabilité incombe aux alpinistes, surtout ceux qui, par leurs entreprises, ont acquis dans le public des initiés un certain prestige. Leur comportement sera pris comme modèle ; leur exemple va être suivi. Inutile donc de prêcher la valeur formatrice de l `aventure en montagne, ou de souscrire à des manifestes pour la défense de la wilderness, si ensuite on renonce à agir avec une cohérence absolue lorsque entrent en jeu le succès personnel, l'esprit de compétition ou d'autres enjeux sportifs ou économiques. Certes, aucun alpiniste ne peut s'arroger le droit de juger de l'extérieur les motivations intérieures des autres alpinistes, ni critiquer leurs choix sur la base de libres règles du jeu, acceptées comme des limites morales. Toutefois, il est trop évident que la crédibilité du camp de la défense de la qualité de l'environnement dépendra totalement de notre cohérence.

2.7 - Malheureusement, cette cohérence a été jusqu'alors démentie par le comportement de nombreuses expéditions en Himalaya ou dans les Andes. La responsabilité de la dégradation de la wilderness dans ces lieux exceptionnels retombe entièrement sur les alpinistes. Et même sur les meilleurs d'entre eux.
C'est donc à la communauté des alpinistes que revient la tâche de formuler un code de comportement rigoureux, et de faire en sorte qu'il soit respecté.

2.8 - Dans un tel contexte, il faut considérer comme une faute grave l'abandon des camps d'altitude et des cordes fixes, de même que l'abandon ou le simple enterrement des déchets solides. Même lorsqu'on est contraint à cela par des situations imprévisibles, chacun devra ensuite s'efforcer d'effacer la moindre trace de son passage.

2.9 - Dans les régions de montagne au climat aride, et en tout cas au-delà des dernières installations humaines, les expéditions devront absolument éviter d'utiliser du bois de chauffage recueilli sur place. Le passage répété de nombreuses caravanes cause la désertification des hautes vallées et l'appauvrissement d'un manteau végétal précieux, qui à de telles altitudes, pousse avec une extrême lenteur. Un seul repas peut provoquer la disparition de dizaines et de dizaines d'arbustes, très petits mais parfois centenaires.


3 - Wilderness et populations de montagne

3.1 - Le passage répété des grandes expéditions, suivi des groupes de trekking, est en train de provoquer des transformations profondes chez les populations locales, dans leur niveau de bien-être matériel, dans leurs mentalités, dans leurs cultures traditionnelles. Il n'est pas simple d'évaluer la quantité de positif et la quantité de négatif que contiennent ces transformations, puisque les avis des experts sont partagés là-dessus. De toute façon, il semble raisonnable de considérer que ces flux importants de liquidités et de biens matériels, auxquels accèdent plus facilement les jeunes, peuvent produire une déstabilisation en introduisant des critères typiquement " occidentaux ", dans des groupes sociaux qui ne sont pas du tout préparés à les interpréter correctement ; en outre, un éventuel et toujours possible détournement de ces flux vers d'autres objectifs expose à de graves problèmes les populations locales, dans ce cas déshabituées à survivre en utilisant les seules méthodes traditionnelles. A cela s'ajoute l'insuffisante préparation socio-historique de la majorité des alpinistes et par là même leur difficulté à sortir des catégories de jugement " eurocentristes ", pour accepter la diversité et là respecter même lorsqu'elle peut paraître incompréhensible. Il est hautement souhaitable que le débat sur de telles questions s'élargisse en acquérant de la profondeur. Personne ne doit rester indifférent au fait que son comportement puisse avoir causé, ou cause, une dégradation éthique, sociale ou culturelle d'autres populations, ou avoir, avec trop de légèreté, déstabilisé la vie d'autres hommes.

3.2 - Il apparaît trop complexe, dans ce cadre, de traiter d'une manière crédible et complète le problème des rapports entre l'alpinisme et les populations de montagne. Toutefois, ce problème existe ; la communauté des alpinistes doit se préparer à l'affronter.


4 - Stratégie

4.1 - Il serait inexact d'affirmer que rien n'a été fait, jusqu'à aujourd'hui, par les alpinistes et les associations d'alpinisme, pour défendre la wilderness de montagne. Cependant, les initiatives de ce type ont eu des effets concrets assez limités.

4.2 - Il est temps de faire un pas en avant décisif. Les alpinistes du monde entier, réunis au congrès Mountain Wilderness à Biella, veulent créer un mouvement organisé sur un type nouveau, capable d'élaborer des stratégies courageuses, anticonformistes et efficaces pour défendre ou récupérer les derniers espaces libres de la planète. Cette stratégie doit prévoir le recours systématique à des actions concrètes, même à travers l'usage de la provocation utopique, pour stimuler l'élévation du niveau de conscience " écologique " d'un nombre toujours croissant d'usagers de la montagne.

4.3 - Le mouvement né à Biella prend le nom de Mountain Wilderness et a un caractère international. Son siège central est établi en Italie pour les années 1988-1989. Le congrès a élu 21 garants auxquels revient la tâche de construire le mouvement en élaborant des statuts, de nommer les responsables de son fonctionnement pratique, et de faire en sorte que les objectifs ponctuels soient poursuivis et atteints. Les 21 garants sont élus pour une période de 2 ans.


5 - Objectifs à court et moyen terme du mouvement Mountain Wilderness

5.1 - Le mouvement doit agir en direction des associations qui se préoccupent d'alpinisme et de protection de la nature dans tous les pays afin de :

· Promouvoir une réforme de la culture alpine dans l'esprit de la wilderness (contre la commercialisation, le prosélytisme discriminatoire, pour la sensibilisation des jeunes dans le cadre de l'école, pour la formation d'une culture écologique chez les guides, instructeurs d'alpinisme, organisateurs de trekking).

· Rendre plus intense et efficace l'action pour la protection de l'environnement menée par ces associations, en intervenant lorsque celles-ci sont disposées à projeter ou à accepter des initiatives conformes à l'esprit de la wilderness.

5.2 - La partie la plus importante de l'activité du mouvement doit être celle des propositions et des incitations comme :

· Elaborer le concept, étudier la fiabilité et promouvoir la création de parcs ou de zones protégées, dans celles des régions de montagne où il est encore possible de sauver ou de rétablir la wilderness : Parc International du Mont-Blanc, parc national des Hohe Tauern, diverses zones intactes ou récupérables dans les Dolomites...

· Encourager le développement de l'alpinisme extra européen en style alpin (expéditions légères et ultra légères) ; recommander aux gouvernements locaux l'adoption de mesures sévères face à un comportement inacceptable des expéditions et des trekkings, en particulier comportant l'obligation de redescendre les déchets en un lieu déterminé.

5.3 - Le mouvement doit inscrire dans le cadre de son action permanente des initiatives à caractère symbolique :

· Démonter ou empêcher la construction des installations fixes incompatibles avec la wilderness, comme la télécabine de la Vallée Blanche, le circuit skieur du Pelmo, les remontées du glacier de Chavière (Vanoise), le complexe touristique du Salève, les via ferrata... En particulier, le mouvement a l'intention de commencer son activité par une action hautement significative, investissant toute son énergie pour obtenir le démontage complet de la télécabine de la Vallée Blanche, dans la chaîne du Mont-Blanc.

· Encourager l'organisation d'une expédition incluant dans ses objectifs le rétablissement d'une situation écologique notoirement détériorée (Col Sud de l'Everest, Eperon des Abruzzes au K2...).

5.4 - Le mouvement doit veiller à ce que les gouvernements et les organisations internationales soient informés de ses initiatives au niveau approprié, pour obtenir les interventions nécessaires. En particulier, à l'initiative des gouvernements et administrations régionales, doivent être mis sur pieds des projets de lois concernant la réglementation rigoureuse du trafic motorisé en montagne (avions et hélicoptères, 4X4 et trials, scooters, ULM...), accompagnées de moyens de contrôle et de sanctions adéquates.


6 - Conclusion

La défense des espaces sauvages est aujourd'hui plus urgente que jamais. Pour cette raison, le congrès de Biella s'est fixé des objectifs concrets immédiats. Mais cette rencontre a aussi provoqué une nouvelle prise de conscience : la défense de la montagne n'est que l'un des aspects de la défense de la wilderness, au niveau mondial. Il est donc nécessaire d'unir les forces de tous les mouvements qui ont pour but la défense des déserts, des mers, des forêts, des sites montagneux et des calottes glaciaires ; défense qui doit impliquer l'abandon des exercices militaires destructeurs, des expériences nucléaires et du stockage des déchets radioactifs. Les montagnes font encore partie des sites sauvages de la Terre, et à ce titre appartiennent au patrimoine culturel de tous les hommes.

Biella, le 1er novembre 1987

Mountain Wilderness France

Annexes 2 : Grilles d'évaluation et guide d'entretien pour le projet Butiner

Les critères pour « Butiner »

5 thématiques :

le respect de l'environnement et de la nature

la qualité de l'accueil, des relations humaines, de l'échange

le régionalisme

l'authenticité

la satisfaction au niveau des 5 sens

4 grilles de lecture en fonction du type d'activité proposé :

hébergement et restauration

alimentation (restauration sur place et vente directe)

activités de pleine nature (organisation et encadrement)

découverte du patrimoine naturel et culturel

3 « domaines » de critères :

ceux relativement concrets pouvant être notés de 1 à 4 (1=très mauvais, 2=acceptable, 3=bien, 4=très bien)

ceux plus subjectifs en rapport avec le ressenti (au niveau de l'accueil, de l'ambiance, de l'authenticité), que l'on peut aussi qualifier de 1 à 4. Même si les notions prises en compte sont subjectives, elles peuvent être quand même quantifiables (du point de vue de l'enquêteur) nécessité de « briefer » les enquêteurs pour que les avis partent d'une base homagène.

1 véto : 1 ou plusieurs raisons qui font que l'acteur ne peut être inclut dans la plaquette. Il sera exprimé en fin de fiche.

Quels vétos ?

Les vétos seront à voir au cas par cas après avoir rencontré les acteurs. Seulement, en y faisant référence dès maintenant, on s'assure de pouvoir ne pas intégrer un acteur qui dans l'ensemble correspond relativement bien à ce que l'on recherche, mais qui, même sur un seul point, a quelque chose d'incompatible avec le projet ou l'éthique MW. Exemples :

aucune sensibilité vis-à-vis de l'environnement

pratique de loisirs motorisés

l'argent gagné par rapport à l'activité mise en place ne reste pas sur le territoire

mauvaise architecture ? ou mauvaise intégration paysagère du bâti ?

structures sympas mais en plein coeur de station ?

activité pratiquée avec beaucoup de touristes et rapidement, à la chaîne ?

... ? ? ?

pas d'activités interdites à priori ; il s'agit de voir comment l'acteur les met en place et pourquoi.

Méthodologie à employer lors de la conduite des entretiens :

La visite sera plus de l'ordre de l'entretien semi-directif, et même de la rencontre, que du questionnaire. Il est important de présenter la visite comme une rencontre pour connaître l'activité de l'acteur et non comme une évaluation. Eventuellement, il pourrait être mieux de ne pas sortir la grille, mais de l'avoir noté sur un cahier de manière à ce qu'elle soit moins apparente. Il serait intéressant de l'avoir relativement bien en tête. Il est important de prendre son temps.

Il ne faut pas « faire peur » à l'acteur, il faut que ce soit détendu. Pas de questions trop précises ?

A la suite de chaque entretien, il sera important de prendre le temps d'écrire toutes les informations recueillies ainsi que tout le ressenti. Le volet subjectif est important et à prendre en compte.

Déroulement de l'entretien :

Présentation de MW

Présentation de « Butiner »

Demander à l'acteur de se présenter et de présenter son activité, sa structure, ce qui nous permet de dégager un certain nombre d'éléments utiles à notre quête. Ensuite, lui poser les questions nous permettant d'affiner.

Demander s'il est possible de visiter

Demander aux acteurs ce qu'ils pensent du nom « Butiner » et s'ils ont des remarques sur la brochure et le projet.

Terminer en lui demandant s'il ne connaît pas d'autres acteurs, initiatives, lieux, sentiers,... notamment accessibles en transports en commun.

Demander aussi s'il est possible de faire quelques photos :

utiles pour mieux resituer la structure par la suite,

utiles pour que les personnes non présentes puissent se faire une idée,

utiles à la constitution d'une banque d'images Montagne à vivre.

Grille de lecture hébergement/restauration :

Date de rencontre :

Nom de l'enquêteur :

Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site web), horaires et période d'ouverture :

Activités proposées, produits à vendre :

Situation de la structure :

à l'intérieur ou à l'extérieur d'un village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de randonnées, ... :

possibilité d'accéder à la structure en transports en commun

Environnement :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Le lieu

Le bâti suivant les matériaux utilisés (ressources locales, comme le bois ou la pierre,... ou non

Intégration paysagère du bâti

Jardin avec plantes locales

 
 
 
 
 

Fonctionnement de la structure, au niveau de

la gestion de l'eau,

la gestion des déchets, (tri, compost, ...)

l'utilisation de l'énergie (solaire, bois, économie, ...)

 
 
 
 
 

Présence de documentation en lien avec la nature

 
 
 
 
 

LA PRODUCTION / LA RESTAURATION

Production et cuisine les plus biologiques possibles

 
 
 
 
 

Techniques de production respectueuses de l'environnement

 
 
 
 
 

Quantités produites?

 
 
 
 
 

L'ACTEUR

Connaissance du milieu naturel de l'acteur

 
 
 
 
 

Sensibilité de l'acteur vis-à-vis de l'environnement et du milieu

 
 
 
 
 

Sensibilisation à l'environnement développée par l'acteur vis-à-vis des touristes

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Qualité de l'accueil, des relations humaines et de l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Disponibilité de l'acteur

 
 
 
 
 

Convivialité, chaleur de l'accueil

 
 
 
 
 

Partage et échanges

 
 
 
 
 

Ecoute, intérêt et respect pour les gens accueillis

 
 
 
 
 

Dynamisme, enthousiasme de l'acteur

 
 
 
 
 

Capacité à transmettre

 
 
 
 
 

Structure adaptée à l'accueil de personnes handicapées (visuels, auditifs, mental et fauteuil)

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Régionalisme : L'argent reste t-il sur le territoire ?

Critères

1

2

3

4

Commentaires

L'acteur connaît-il bien le territoire ?

 
 
 
 
 

Capacité à faire découvrir et à valoriser le territoire et son histoire :

(soit lui même ou en dirigeant sur d'autres professionnels

Utilisation, fabrication, valorisation de produits locaux

Recettes traditionnelles

 
 
 
 
 

Lien de l'acteur avec le territoire

Travail avec d'autres acteurs du territoire ?

Acteur impliqué dans le développement local de la région ?

Les employés sont-ils des locaux ?

 
 
 
 
 

Présence de documentation sur la région

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Authenticité :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

 
 
 
 
 
 

Satisfaction au niveau des 5 sens  :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Intérieur agréable (à voir et à rester) (Pièces chaleureuses ? mobilier,...

extérieur agréable (à voir et à rester)

extérieur bien entretenu,... ?)

 
 
 
 
 

Calme

intérieur et

extérieur

 
 
 
 
 

Les produits goût, présentation, ...

Produits et plats bons à manger

Produits et plats bien mis en valeur

Bonne variété et diversité de produits offerte goût

 
 
 
 
 

Autres

 
 
 
 
 

Véto ?

Remarques :

Grille de lecture production alimentaire :

Date de rencontre :

Nom de l'enquêteur :

Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site web), horaires et période d'ouverture

Présentation de la structure, des activités proposées et des produits à vendre :

Situation de la structure :

à l'intérieur ou à l'extérieur d'un village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de randonnées, ... :

possibilité d'accéder à la structure en transports en commun ?

Environnement :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Production la plus biologique possible

 
 
 
 
 

Techniques de production respectueuses de l'environnement

 
 
 
 
 

Quantités produites

 
 
 
 
 

Fonctionnement de la structure, au niveau de

la gestion de l'eau,

la gestion des déchets, (tri, compost, ...)

l'utilisation de l'énergie (solaire, bois, économie, ...),

le traitement des eaux usées et blanches

 
 
 
 
 

Sensibilité à l'environnement de l'acteur

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Qualité de l'accueil, des relations humaines et de l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Disponibilité de l'acteur

 
 
 
 
 

Convivialité, chaleur de l'accueil

 
 
 
 
 

Partage et échanges

 
 
 
 
 

Ecoute, Intérêt et respect pour les gens accueillis

 
 
 
 
 

Dynamisme, enthousiasme de l'acteur

 
 
 
 
 

Capacité à transmettre

 
 
 
 
 

Structure adaptée à l'accueil de personnes handicapées (visuel, auditif, mental, fauteuils

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Régionalisme :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

L'acteur connaît le territoire

 
 
 
 
 

Utilisation et valorisation d'espèces de variétés locales, de produits de saison ;

Fabrication de produits du terroir

Recettes traditionnelles,...

 
 
 
 
 

Capacité à faire découvrir le territoire

 
 
 
 
 

Lien de l'acteur avec le territoire

Travail avec d'autres acteurs du territoire ?

Acteur impliqué dans le développement local de la région ?

Les employés sont-ils des locaux ?

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Authenticité :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

 
 
 
 
 
 

Satisfaction au niveau des 5 sens  :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Produits et plats bons à manger

Bonne variété et diversité de produits offerte goût

Produits et plats bien mis en valeur (emballage - respectueux de l'environnement - et présentation)

 
 
 
 
 

Ambiance de consommation, lieu de restauration et de vente situé dans un cadre agréable

Calme intérieur et extérieur

 
 
 
 
 

Autres

 
 
 
 
 

Véto ?

Remarques :

Grille de lecture activités de pleine nature :

Date de rencontre :

Nom de l'enquêteur :

Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site web), horaires et période d'ouverture

Présentation de la structure et des activités proposées :

Situation de la structure :

à l'intérieur ou à l'extérieur d'un village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de randonnées, ... :

possibilité d'accéder à la structure en transports en commun ?

Environnement :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Connaissance du milieu naturel

 
 
 
 
 

Type et diversité d'activités proposées / avec ou sans pédagogie à l'environnement

 
 
 
 
 

Sensibilité de l'acteur vis-à-vis de l'environnement

(manière de pratiquer les activités et matériel utilisé)

 
 
 
 
 

Mode de déplacement utilisé

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Qualité de l'accueil, des relations humaines et de l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Disponibilité de l'acteur

 
 
 
 
 

Convivialité, chaleur de l'accueil

 
 
 
 
 

Partage et échanges

 
 
 
 
 

Ecoute, Intérêt et respect pour les gens accueillis

 
 
 
 
 

Dynamisme, enthousiasme de l'acteur

 
 
 
 
 

Capacité à transmettre

 
 
 
 
 

Organisation, réactivité, encadrement, sécurité

 
 
 
 
 

Accueil de personnes handicapées ?

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Régionalisme :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Activité proposée dans le massif

 
 
 
 
 

Connaissance du territoire, de son histoire, du patrimoine culturel local

 
 
 
 
 

Capacité à faire découvrir le territoire

 
 
 
 
 

Lien de l'acteur avec le territoire

Travail avec d'autres acteurs du territoire ?

Acteur impliqué dans le développement local de la région ?

Les employés sont-ils des locaux ?

 
 
 
 
 

Si utilisation de produits alimentaires, utilisation de produits locaux

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Authenticité :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Activités qui permettent de découvrir des choses authentiques,

Activités qui amènent les touristes à découvrir le mode de vie des habitants du massif,

 
 
 
 
 

Autres

 
 
 
 
 

Satisfaction au niveau des 5 sens  :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

La découverte du patrimoine naturel et culturel peut susciter :

des choses à voir,

des produits à manger

des sons à entendre

des odeurs à sentir

des efforts à faire

 
 
 
 
 

Autres

 
 
 
 
 

Véto ?

pas de tourisme de masse dans le sens : groupe nombreux et où les gens n'ont pas le temps d'en profiter

Remarques :

Grille de lecture patrimoine naturel, culturel et industriel :

Date de rencontre :

Nom de l'enquêteur :

Nom de la structure, coordonnées (adresse, tel, mail, site web), horaires et périodes d'ouverture

Présentation de la structure et des activités proposées :

Situation de la structure :

à l'intérieur ou à l'extérieur d'un village, proximité d'une forêt, d'un alpage, d'un départ de randonnées, ... :

possibilité d'accéder à la structure en transports en commun

Environnement :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Intégration du site dans l'environnement

 
 
 
 
 

Pédagogie à l'environnement ?

 
 
 
 
 

Fonctionnement de la structure, au niveau de

la gestion de l'eau,

la gestion des déchets, (tri, compost, ...)

l'utilisation de l'énergie (solaire, bois, économie, ...)

 
 
 
 
 

Bonne mise en valeur (pour patrimoine naturel)

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Qualité de l'accueil, des relations humaines et de l'échange (+ connaissances apportée par l'acteur)

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Disponibilité de l'acteur

 
 
 
 
 

Convivialité, chaleur de l'accueil

 
 
 
 
 

Partage et échanges

 
 
 
 
 

Ecoute, Intérêt et respect pour les gens accueillis

 
 
 
 
 

Dynamisme, enthousiasme de l'acteur

 
 
 
 
 

Apport de connaissances pour les touristes (nature, culture,...)

 
 
 
 
 

Capacité à transmettre

 
 
 
 
 

Apport de connaissances pour les touristes (nature, culture,...)

 
 
 
 
 

Accueil de personnes handicapées 

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Régionalisme :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

L'acteur connaît le territoire

 
 
 
 
 

Capacité à faire découvrir le territoire patrimoine naturel et culturel local (actuel et ancien)

 
 
 
 
 

Lien de l'acteur avec le territoire

Travail avec d'autres acteurs du territoire ?

Acteur impliqué dans le développement local de la région ?

Les employés sont-ils des locaux ?

 
 
 
 
 

Autres :

 
 
 
 
 

Authenticité :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

Activités qui permettent de découvrir des choses authentiques

Activités qui amènent les touristes à découvrir le mode de vie des habitants du massif

...

Autres :

 
 
 
 
 

Satisfaction au niveau des 5 sens  :

Critères

1

2

3

4

Commentaires

La découverte du patrimoine naturel et culturel peut susciter :

des choses à voir, bien mises en valeur

des choses à manipuler, demandant une participation des visiteurs

des produits à manger

des sons à entendre

des odeurs à sentir

 
 
 
 
 

Autres

 
 
 
 
 

Véto ?

Remarques :

* 1 Loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne, articles 3 : Les zones de montagnes se caractérisent par des handicaps significatifs entraînant des conditions de vie plus difficiles et restreignant l'exercice de certaines activités économiques [...].

* 2 Zones de Revitalisation Rurale

* 3 MOUNIER Isabelle, Le tourisme doux : une réelle opportunité pour le développement local maîtrisé des territoires ruraux montagnards , Rapport de stage de DESS Aménagement et Développement Transfrontaliers de la Montagne, Université de Toulouse Le Mirail, 2005

* 4 Slogan imaginé par Pierre Chapoutot et Jean-Luc Rostaing, MW n°62 - Hiver 2005

* 5 Mountain Wilderness, Actes du séminaire de Talloires, 1992

* 6 Crisol Serrate était le secrétaire général adjoint de MW à l'époque.

* 7 Aptitude à satisfaire les attentes et les besoins d'un produit, d'un service. Tout ce qui peut être amélioré. Source : www.wikipedia.org . Ici, il s'agit des aptitudes des initiatives à répondre aux objectifs du projet (protection de l'environnement, participation au développement local, ...).

* 8 Fin 2005, ce fichier était constitué d'environ 110 contacts sur le massif de Belledonne.

* 9 Brigitte Arnould, Haut Fonctionnaire au Développement Durable, 29 janvier 2007

* 10 www.unwto.org (Organisation Mondiale du Tourisme)

* 11 Aurélien DAUTREY, Installations obsolètes : Nettoyons nos paysages montagnards, Guide d'aide à la résorption de points noirs paysagers, Rapport de stage de DESS Aménagement et Développement Transfrontaliers de la Montagne, Université de Toulouse Le Mirail, 2002

* 12 Pour émettre un avis sur les projets d'UTN, le comité désigne en son sein une commission spécialisée composée majoritairement de représentants des collectivités locales.

* 13 www.odit-france.fr (ODIT France)

* 14 www.tourisme.gouv.fr (Ministère en charge du tourisme)

* 15 Source : http://www.geotourweb.com

* 16 Source : www.parcs-naturels-regionaux.tm.fr

* 17 source : http://www.tourisme.gouv.fr

* 18 JAOUEN Marie, L'écomobilité, vers un développement durable de l'activité touristique, Mémoire de 3ème année de Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural, Ecole Supérieure Européenne de Poisy, 2006

* 19 KNAFOU R., Les Alpes, ed Presses universitaires de France, 1994

* 20 BOZONNET J.P., Des monts et des mythes : l'imaginaire social de la montagne, ed. Presses universitaires de Grenoble, 1992

* 21 AFIT et le SEATM, Carnet de route de la montagne, ed. AFIT, 2000

* 22 GERBAUX F., Quand la montagne questionne les politiques d'aménagement touristique durable du territoire, in Université de Pau et des Pays de l'Adour, Tourisme durable en montagne, entre discours et pratique, Séminaire international, Pau, 4 et 5 mai 2006

* 23 GERBAUX F., Quand la montagne questionne les politiques d'aménagement touristique durable du territoire, in Université de Pau et des Pays de l'Adour, Tourisme durable en montagne, entre discours et pratique, Séminaire international, Pau, 4 et 5 mai 2006

* 24 GERBAUX F., Quand la montagne questionne les politiques d'aménagement touristique durable du territoire, et CLARIMONT S. et VLES V., Les enjeux de la durabilité et de la gestion intégrée des territoires touristiques dans les Pyrénées, in Université de Pau et des Pays de l'Adour, Tourisme durable en montagne, entre discours et pratique, Séminaire international, Pau, 4 et 5 mai 2006

* 25 source : GIEC 2001

* 26 MOUTAIN WILDERNESS FRANCE, Enneigement artificiel, EAU SECOURS !, Document de sensibilisation, Décembre 2005

* 27 Le SNTF, Syndicat National des Téléphériques de France, est la chambre syndicale des exploitants de remontées mécaniques et de domaines skiables.

* 28 ROUFFET M., Est-il trop tard pour développer un tourisme durable dans la montagne française ?, in Tourisme durable, Les cahiers Espaces, n°67, éd. touristiques européennes, 2000.

* 29 Source : http://www.ifen.fr et CORDONNIER Fanny, La montagne durable, Mémoire de recherche Iseg, 2007.

* 30 Un séjour compte au moins une nuitée. Les courts séjours (inférieurs à 3 nuitées) sont distingués des moyens (entre 3 et 7 nuitées) et des longs séjours (supérieurs à 7 nuitées).

* 31 Une excursion est un aller-retour effectué dans la journée sans nuitée.

* 32 Le SNTF, Syndicat National des Téléphériques de France, est la chambre syndicale des exploitants de remontées mécaniques et de domaines skiables.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein