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Comment peut on envisager la durabilité touristique des montagnes françaises ?

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par Mari Jaouen
Ecole Supérieure Européenne (Poisy 74) et Université Jean Moulin (Lyon 69) - Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural 2004
  

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1.2 Proposer des approches douces pour que la montagne vive : Butiner 3(*)

1.2.1 Montagne à vivre : une thématique chère à l'association

Outre ses actions liées à la défense de la montagne, MW prend aussi en compte la notion de développement soutenable au travers notamment de sa thématique « Montagne à vivre »4(*). Ce projet a d'ailleurs émergé dès la création de la section française à Evian en 1988. En effet, l'association veut aller au delà de la dénonciation des aménagements à outrance des stations et se veut force de proposition. Elle veut montrer qu'il existe d'autres possibilités de développement économique, basées notamment sur les principes du tourisme doux. En développant cette forme de tourisme, MW souhaite maintenir de la vie dans les villages avec des activités de tout type respectueuses de l'environnement. Pour MW, l'objectif est donc autant la conservation des activités humaines que la préservation du milieu.

Afin de réfléchir aux actions envisageables, un groupe de travail a été constitué en 1990 et avait pour mission de mettre en place et en forme la politique de MW en matière de tourisme doux mais aussi d'économie montagnarde. Dans un premier temps, MW a choisi de sensibiliser les collectivités locales et les élus afin de les encourager à s'orienter vers un développement maîtrisé. Pour mettre en place concrètement cette stratégie, trois axes avaient alors été précisés5(*):

- définir les éléments d'un partenariat contractuel entre une commune qui aurait opté pour un tourisme alternatif et MW,

- réfléchir à la rédaction d'un guide pratique à l'usage des collectivités locales pour les aider dans leur recherche de partenaires financiers,

- organiser un séminaire sur le thème de la montagne à vivre, pour permettre aux différents acteurs ou concepteurs du développement en région de montagne de faire connaître leur point de vue et exprimer un certain nombre de réflexions en matières d'alternatives douces.

C'est donc en suivant ces axes de travail que l'association s'est mise à rechercher des partenaires, des municipalités ayant décidé de s'engager vers un mode de développement alternatif, où le développement a le sens de projet d'avenir (F. Labande). MW a donc noué contacts avec les communes de Nancy-sur-Cluses en Haute-Savoie, Gavarnie dans les Pyrénées, Aussois en Savoie, et Puy-St-André dans les Hautes-Alpes, qui ont expérimenté des alternatives douces. Ces municipalités ont été invitées à présenter leurs choix à des élus de montagne, des agents de développement, des offices de tourisme, des organismes de gestion de la montagne, des géographes, des représentants de parcs régionaux, ainsi que des dirigeants de MW, rassemblés à Talloires le 13 décembre 1991. Ce séminaire fut l'occasion de présenter le tourisme doux et les opportunités qu'il peut générer, ainsi que les expériences concrètes de ces quatre communes, afin de montrer, comme cela fut souligné par Crisol Serrate6(*) que des alternatives sont viables, que d'autres communes peuvent suivre les exemples positifs, à condition de bénéficier d'une expérience et d'une logistique, sinon de moyens particuliers. Ce séminaire a donc permis de réfléchir à la mise en place d'un développement soutenable qui, loin d'être utopique, est tout à fait réalisable si on veut s'en donner les moyens. Les communes de Puy-Saint-Pierre et Puy-Saint-André ont fait ce choix et se sont engagées à préserver leur identité culturelle et l'intégrité des espaces non aménagés; elle se sont donc vues attribuer le label « Montagne à vivre » par MW le 4 avril 1992. En signant ces contrats, François Labande ajoutait « Comme la montagne, les contrats MW doivent vivre. Ce ne sont pas des constats, ce sont des plans d'action. Des engagements sont pris, de part et d'autre, pour tendre à un développement maîtrisé et à la protection du milieu. De part et d'autre, nous saurons les tenir.»

Cependant, bien que la motivation et les bonnes idées soient largement présentes, tant au sein de l'association, pour qui le thème est cher, que parmi les communes signataires des contrats ou d'autres désirant le faire (par exemple la commune de Bonneval-sur-Arc), ce dossier des alternatives douces pour la montagne est bien difficile. Il aurait fallu que l'association soit relayée par l'Etat et que ce dernier apporte son soutien à ces initiatives en leur donnant un appui financier mais aussi une reconnaissance, nécessaires pour qu'elles perdurent dans le temps et qu'elles soient demandées par d'autres collectivités. Mais les tentatives faites par MW pour bénéficier du soutien de l'Etat ne donnèrent pas de suites constructives et l'association s'est vue contrainte de mettre en suspens cette thématique de la « Montagne à Vivre ».

Malgré tout, ce thème de la montagne à vivre est important aux yeux du mouvement. Même si les actions concrètes matérialisées par l'attribution des labels ne se sont pas poursuivies, les membres de MW ont continué de réfléchir à ces questions liées au développement et à la protection, aux possibilités à mettre en oeuvre, ainsi qu'aux méthodologies à employer. Ils ont continué par ailleurs à multiplier les liens avec les structures à même de faciliter la mise en place d'un développement maîtrisé, notamment les espaces protégés, considérant qu'ils ont d'importantes responsabilités en matière de développement local et de promotion des alternatives douces. Des partenariats durables ont d'ailleurs émergé par la suite, notamment avec le Parc National des Ecrins et le Parc Naturel Régional de Chartreuse.

Cependant, dans d'autres pays alpins, le tourisme doux connaît un certain succès et les initiatives intéressantes en la matière se multiplient, montrant l'intérêt qu'il présente en matière de développement maîtrisé. MW France les a suivies avec beaucoup d'intérêt, d'autant plus que certaines étaient menées par d'autres sections du mouvement. De ce fait, lorsque MW Suisse s'est lancé dans un projet de valorisation du tourisme doux (appelé là-bas tourisme lent), qui consistait en la réalisation de publications valorisant des acteurs de tourisme doux sur le versant suisse du Mont Blanc, MW France a suivi sa mise en oeuvre avec beaucoup d'intérêt. Souhaitant toujours s'investir sur cette thématique, la section française de l'association a pensé qu'il serait pertinent de reprendre ce projet et de le mettre en oeuvre en France.

En outre, bien que les deux axes de travail de MW soient autant la préservation de la montagne que la mise en place d'un développement durable, les pratiques entraînant la dégradation du milieu sont nombreuses et l'urgence pour l'association consiste souvent à se positionner contre elles. De ce fait, il était intéressant aussi pour MW de mener un projet positif, et au lieu de dénoncer des actions, d'en valoriser. De plus, comme nous l'avons vu précédemment, le tourisme doux, en étant supportable par le milieu montagnard et viable pour l'avenir, est l'un des axes de développement privilégié de MW. Il était donc pertinent de saisir l'opportunité de le valoriser, et par la même de relancer « la montagne à vivre ».

* 3 MOUNIER Isabelle, Le tourisme doux : une réelle opportunité pour le développement local maîtrisé des territoires ruraux montagnards , Rapport de stage de DESS Aménagement et Développement Transfrontaliers de la Montagne, Université de Toulouse Le Mirail, 2005

* 4 Slogan imaginé par Pierre Chapoutot et Jean-Luc Rostaing, MW n°62 - Hiver 2005

* 5 Mountain Wilderness, Actes du séminaire de Talloires, 1992

* 6 Crisol Serrate était le secrétaire général adjoint de MW à l'époque.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore