WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

( Télécharger le fichier original )
par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2 Comprendre et interpréter les représentations : peu d'outils et beaucoup de prudence...

Depuis que les recherches sur les représentations ont intéressé les sciences sociales, de nombreuses méthodes sur leur « mesure » ont été expérimentées. Les concepts et les théories nous apportent des réponses, puisqu'ils servent à qualifier

les représentations, mais ces démarches et les conclusions qu'on peut en tirer sont soumises à nos propres représentations : < l'interprétation des valeurs qui attachent les hommes à leur espace, les sociétés à leurs territoires est soumis aux représentations du géographe » (Frémont, A, 1974). Par contre en ce qui concerne leur quantification, la difficulté est plus grande ; il est vrai qu'il existe des modèles élaborés par la psychologie et la sociologie (voir annexe 3). Ces méthodes sont elles transposables à la géographie ? Peuvent elles être utilisables, applicables dans le cadre que nous nous sommes défini ? Nous n'avons pas la prétention d'y répondre mais nous essayerons de mettre en lumière certains problèmes qui se posent au géographe dans l'appréhension < concrète » des représentations.

Pour Brunet R. (1974), même si la quantification peut s'avérer être un outil référence de la géographie, la recherche de modèle mathématique concernant les représentations est difficile à mettre en place. De plus, dans ce cadre, il ne lui apparaît pas évident que tout conceptualisation doit aboutir à un modèle mathématique. Les modèles de détermination des représentations inspirés des autres sciences sociales sont à manier avec prudence : soit ils imposent d'aborder les représentations à une échelle réductrice, celle de l'individu ou du microcosme social, comme dans la psychologie cognitive ; soit leur caractères généraux et rigides1, peuvent occulter ou minimiser les spécificités des représentations de chaque unité socio-spatiale.

Dans un souci d'objectivité2, Il apparaît plus avisé de dégager des variants ou des invariants, des symétries ou des dissymétries, concernant les représentations d'une société : faire émerger des faisceaux de représentations, tenter de les hiérarchiser, d'en déceler les codes et les médiations sociales, pour essayer d'apprécier leur place dans les activités, les pratiques et les dynamiques territoriales. < Pour cela, l'objectivité consisterait à délaisser totalement, au moins momentanément, le point de vue extérieur, décentré de l'objet, pour adopter une observation décentrée du point de vue extérieur » (Retaillé, D., 1995) . Ainsi, faute de pouvoir valider de < recette miracle »3, il convient d'insister sur le rôle des concepts, qui sont eux-mêmes des outils, puisqu'ils sont la représentation des relations des sociétés à leurs territoires (Bailly, A., Raffestin, C., Reymond, H., 1980).

La difficulté d'interpréter et de quantifier les représentations posent donc un problème < d'outillage ». Néanmoins, de nombreux géographes montrent qu'il existe des supports utilisables pour cerner les représentations, notamment celles de l'espace.

Nous pouvons tout d'abord distinguer les enquêtes directes, auprès des sujets concernés ; nous revenons ici à la difficulté de transposer des méthodes des sciences humaines et sociales connexes à la géographie. Ce procédé est néanmoins

1 Modèles de la sociologie, de la psychologie collective.

2 Même si nous sommes bien conscient qu'il s'agit ici seulement d'un objectif dont nous cherchons à nous rapprocher.

3 Faute d'expérimentation également.

porteur de résultats, si toutefois l'entretient s'appuie sur une trame peu directive et sur une longue durée. Il est évident que s'il existe des liens affectifs entre les interlocuteurs, ou encore si l'enquête permet des conversations informelles1, les résultats n'en seront que plus probants. Hélas, de telles enquêtes ont un coût élevé et nécessitent une maniabilité des approches ; effort que peu de programmes font, ou peuvent faire.

De manière indirecte, le géographe peut se pencher sur les différents moyens d'expression verbale et de communication, à savoir le langage (qui peut-être chanté), les discours officiels, ou encore ceux des médias ; pour cela il peut utiliser des techniques d'analyse lexico-graphiques ou sémantique par exemple. On pourrait ajouter à ces supports la peinture, le cinéma, la littérature (etc.) : tout ce qui émane des manifestations de la culture des société, qui exprime également les représentations que se font les sociétés de la réalité géographique. Enfin, la lecture des écrits des spécialistes en sciences humaines et sociales (ethnologie, sociologie, géographie... etc.) est une source d'information riche et variée ; cette interprétation doit être accompagnée de vigilance, le filtre du scientifique s'intercalant entre le celui du géographe et la société qu'il étudie.

Ces précédents supports sont tous liés à un filtre supplémentaire, celui du langage. La médiation du discours peut également déformer le sens de ce qui est dit, la traduction littérale se confondant souvent avec l'interprétation du scientifique ou de son interprète : au travers du filtre du langage, véhicule des formes et structures de pensée d'une société, les représentations perdent ou gagnent des significations dont il faut tenir compte. De plus, le langage fige, schématise, codifie ; il a tendance à ramener tout phénomène original à sa dominante et à accroître les discontinuités, puisque le choix d'un nom ou d'un verbe équivaut à une classification. (D'après Metton, A., 1974)

Face à l'expression linguistique, l'expression graphique peut être mise en avant : la représentation par le dessin ou le croquis apparaît pour de nombreux auteurs un moyen efficace de cerner les représentations de l'espace : « une des pratiques les plus séduisantes est la carte mentale2, très connue des géographes pour sa capacité à révéler les significations de l'espace social à travers le choix des signes et des formes » (Bailly, A., et Debarbieux, B., 1995). Pour ces derniers, le jeu dialectique des référentiels égocentrés et exocentrés s'y trouve matérialisé de façon expressive. Une fois de plus cette méthode n'est pas sans dangers : le procédé graphique est soumis à une codification, à des normes sociales parfois, et aux représentations de celui qui l'interprète. Pour Bailly A., et Debarbieux B., (1995), la carte mentale subordonnée à cette codification ne fait qu'évoquer les représentations d'une personne sans véritablement « mettre à plat » ses représentations.

1 Souvent plus intéressante que l'entretien lui-même.

2 Une carte mentale désigne deux réalités différentes selon les auteurs : tantôt il s'agit de la représentation graphique d'un espace par un individu ; tantôt il s'agit de la représentation mentale de cet espace. (S. Bailly et B. Debarbieux).

L'étude du paysage1, qui s'insère dans la démarche géographique, à été abordée par de nombreux auteurs. Cela nécessite beaucoup de précautions, sachant que le paysage montre une multitude de signes au géographe, mais cache aussi bon nombre de logiques et de stratégies socio-spatiales au décryptage complexe ; là encore, « la connaissance et la recherche de significations du paysage se heurte à la notion de filtre ou d'écran s'intercalant entre l'observateur et l'espace à apercevoir » (Metton, A., 1974).

En étudiant les représentations, le géographe se confronte au mur de la quantification et à la notion de « filtre » lorsqu'il cherche à les qualifier (voir note 10). Le positionnement de chaque chercheur sur l'étude des représentations dépend de celles qu'il s'en fait lui-même. La subjectivité du chercheur influence ses travaux ; ses représentations, ses valeurs référentielles sont souvent différentes de celles des individus vivant sur place. L'infiltration de nos cadres conceptuels dans l'interprétation des systèmes de représentations est un risque que le géographe doit connaître. Il est d'autant plus grand lorsqu'il s'agit des montagnes, des hautes terres, espaces d'études qui, nous semble-t-il, font l'objet d'un puissant imaginaire social.

Cela dit, il nous apparaît possible aujourd'hui d'utiliser ces « outils », ces méthodes pour apprécier la nature et la portée des représentations dans la géographie, et plus largement, dans la compréhension des logiques socio-spatiales des individus et des groupes qu'ils constituent.

1 Les paysages sont des interfaces entre les hommes et leurs milieux. Empreinte et matrice de la culture, il sont du temps incarné en espace. (D'après Rossi, G. et Berque, A., 1996)

Notre objectif s'attache à une meilleure compréhension des logiques spatiales des individus et des sociétés qu'ils composent. Acquérir de nouvelles connaissances sur les représentations que se font les individus de leur environnement, ou simplement les valoriser, nous apparaît comme un outil primordial de l'analyse géographique. Pour cela nous avons tenté de définir une approche qualitative des représentations, en essayant de comprendre leurs implications sur les comportements spatiaux des individus et des sociétés, en favorisant l`approche territoriale qui nous semble la plus appropriée.

Concernant l'aire géographique d'étude, notre objectif s'inscrit dans une approche critique des multiples projets de développement, de gestion de l'envi ronnement écologique, des politiques nationales; ces actions institutionnalisées, conçues et mises en place par des acteurs souvent exogènes aux groupes concernés, n'ont obtenu que peu de résultats. Il nous est en effet apparu que bon nombre de ces programmes ne tiennent pas suffisamment compte des représentations des populations concernées, dont on sait aujourd'hui qu'elles sont déterminantes dans leurs logiques et leurs stratégies productives, sociales, politiques et culturelles, qui se traduisent par des processus de territorialisation spécifiques, souvent incompris.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery