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Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

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par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

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2. DES MILIEUX AUX APTITUDES SPÉCIFIQUES ?

Les caractères biophysiques des écosystèmes des milieux montagnards, sont largement influencés par la verticalité. Pour Messerli, B., et Yves, J-D., (1999), dans la recherche d'une définition des spécificités des milieux écologiques montagnards, il est seulement vrai que les montagnes sont des régions possédant un relief accentué qui influence le climat, la fertilité des sols, la végétation, l'instabilité des versants et leurs commodités d'accès.

Les modifications des conditions climatiques zonales par la verticalité peuvent s'apprécier selon un référentiel de gradients : l'étagement bioclimatique (voir doc.7) ; cet stratification écologique est souvent retenue comme un critère spécifiquement montagnard (Lassère G., 1983, Messerli, B., et Yves, J-D, 1999, Chardon, M., 1989...etc.), bien que les limites ne soient qu'approximatives et dépendantes d'une multitude de facteurs locaux.

D'un point de vue global, notre terrain d'étude se situe dans la zone bioclimatique intertropicale et de ce fait subit le balancement saisonnier du FIT1, qui, combiné à l'influence océanique, détermine une gradient latitudinal des conditions bioclimatiques en l'Afrique de L'Ouest et d'Afrique Centrale (voir carte p. 4bis, doc.8 et doc.9). Etirés chacun selon un axe N-S, les massifs étudiés se dressent face aux flux dominants, l'harmattan2 et la mousson3. Ainsi l'altitude influence les régimes

1Front intertropical

2 Alizé continental sec et chaud en provenance de l'anticyclone saharien (secteur N-E).

3 Alizé maritime chaud et humide en provenance de l'anticyclone de Ste Hélène (secteur S-W).

CEINTURE DE VÉGÉTATION DANS LES MONTAGNES TROPICALES HUMIDES, SEMI-
HUMIDES À SEMI-ARIDES ET ARIDE

Localement la valeur des températures et des précipitations peut varier

Source: d'après Ellenberg (1975), Klötzli (1976, 1991) Réalisation: Messerli, B., et Yves, J-D., (1999)

 

DOCUMENT 7

MÉCANISME DU F.I.T.

43 bis

DOCUMENT 8

thermiques et pluviométriques des hauts reliefs. Globalement, les précipitations y sont plus importantes et les températures plus fraîches, même si l'exposition aux flux crée des dissymétries à l'intérieur d'un même massif, comme le montre l'exemple du Fouta-Djalon (voir note 14). D'une manière générale, dans la zone étudiée, les façades Sud et Quest sont plus fraîches et plus arrosées, à l'inverse des façades Est et Nord.

En raison de leurs caractéristiques morphoclimatiques, la majorité des fleuves et des rivières prennent leur source en montagne et représentent une grande partie de la ressource en eau du globe ; ce fort potentiel hydrologique se confirme en Afrique de l'Quest et en Afrique Centrale, où de nombreux grands fleuves prennent leur source dans les massifs montagneux (voir carte p.4 à 11), à l'image du fleuve Niger dans la dorsale guinéenne1. La forte capacité hydrologique des hautes terres du terrain d'étude, constitue une ressource non négligeable, plus particulièrement sous les latitudes tropicales à tendance sèche (Monts Mandara). La plus grande présence d'eau sur les hauts reliefs permet la mise en valeur d'espaces agricoles proches des zones humides, les « bas-fonds ». Mais les régimes pluviométriques,

DOCUMENT 9 : Localisation et climats des massifs montagnards du terrain d`étude

 

Massif montagnard

latitude

longitude

type de climat

dorsale guinéenne

Fouta-Djalon

11° N

12° W

soudano-guinéen

 

8°N

8°W

guinéen

chaîne de l'Atacora

Nord de l'Atacora (Bénin-Togo)

10°N

2°E

soudano-guinéen

 

8°N

1°E

guinéen

dorsale camerounaise

Monts Mandara

1 0°N

1 4°E

soudano-sahelien

 

9°N

1 2°E

soudano-guinéen à tendance sèche

 

7°N

13°E

soudano-guinéen à tendance humide

 

6°N

1 0°E

camerounien, ou de mousson équatoriale

 

4°N

9°E

 

climat sahélo-soudanien: 400-900 mm de pp (1100 mm pour les Monts Mandara), 28°C de moyenne, deux saisons dont une sèche de 7 mois.

climat soudanien: 900-1500mm de pp ( 1300 mm pour les Monts Alantika, 1600 pour le Fouta-Djalon), 28°C de moyenne, deux saisons dont une sèche de trois à 6 mois.

climat guinéen: 1500 à 2000 mm de pp (2200 mm pour les Mont Nimbas, 25°C de moyenne, quatre saisons avec deux mois moins humides.

climat camerounien (d'altitude): + de 2000 mm de pp (jusqu'à 4400 mm sur les premiers reliefs de la dorsale), 21°C de moyenne, avec 0 à 3 mois moins humides.

NB : en ce qui concerne les précipitations, il faut tenir compte de l'irrégularité inter-annuelle, allant parfois du simple au double.

Source : Atlas Géographique (1998), Toupet, C., (1992)

 

1 Plus exactement dans le Sud du Fouta-Djalon, qualifié excessivement de « château d'eau d'Afrique de l'Quest » (Akle, M., 1983)

111:00CUMENT

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LES GRANDES DIVISIONS BIOCLIMATIQUES

EN AFRIQUE DE L'OUEST ET CENTRALE

444 bis

combinés aux systèmes de versants, qui par gravité accélèrent le ruissellement et l'écoulement, accroissent les risques d'érosion. De plus, les systèmes de versants réduisent la superficie des espaces cultivables, plus rares et plus étroits qu`en plaine, ce qui implique des organisations foncières et des techniques agraires anti-risques (érosion, fertilité...etc.) adéquats, afin de préserver la ressource agricole.

Les modes de production agricoles et pastoraux, bien que favorisés par la pédogenèse et une grande présence d'eau, doivent ainsi développer une capacité d'adaptation et des techniques de protection des sols pour maintenir une certaine productivité et assurer la reproduction du groupe ; cette dernière répond à des logiques et des stratégies variables dans le temps et dans l'espace, que les sociétés mettent en place (voir doc.1 0).

Mais bien plus que les caractères climatiques, la verticalité influence également les biotopes, dans leurs compositions, leurs adaptations aux conditions du milieu ainsi que dans leurs formes de sociabilité : par exemple, le tapis végétal se modifie au fur et à mesure qu'on prend de l'altitude, et ce d'un point de vue floristique mais également morphologique. On trouve dans l'écosystème de nombreuses espèces endémiques, réfugiées dans les niches écologiques montagnardes au fil des oscillations paléoclimatiques et des activités humaines agricoles. Souvent convoités pour leurs ressources en bois et leurs facultés de << protection des terroirs de versant1 », les forêts de montagne captivent l'attention de nombreux organismes de protection de l'environnement. Ils dénoncent et luttent contre la déforestation en montagne, méconnaissant souvent les logiques qui poussent les individus à pratiquer l'essartage brûlis ou le déboisement.

A chaque étage correspondent donc des caractéristiques écologiques différentes et des aptitudes variables pour les activités humaines. Dans les espaces tropicaux, de nombreux scientifiques considèrent les montagnes, du fait de leur verticalité et de ses effets, comme des milieux biophysiques avantageux. Pour Demangeot J. (1996) ou Lassère G., (1983), à l'inverse des montagnes tempérées ou froides, les montagnes tropicales sont des milieux favorables aux hommes ; pour Morin, S. (1996), << la dorsale camerounaise dans sa partie septentrionale se comporte souvent comme une île au-dessus des flux de mousson chauds et hyperhumides, dominant les basses terres forestières engluées dans leur touffeur. » Les hautes terres d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale apparaissent alors comme des milieux plus salubres, au << climat agréable qui élimine la plupart des maladies de la plaine » : pour les pasteurs peuls du Fouta-Djalon, de l'Atacora béninois et de l'Adamaoua, les hautes terres verdoyantes et fraîches favorisent leurs

1 Terroir : Au sens strict, il s'agit d'un lieu défini par des qualités physiques particulières : pente, exposition, nature du sol. Au sens large, il renvoie à la campagne, à l'activité agricole : << un terroir agricole fertile ». Certains géographes spécialistes des espaces tropicaux, surtout en Afrique, emploient terroir au sens de finage ; cet usage, quoique établi, est source de confusion et devrait être évité. (R. Brunet, les Mots de la Géographie)

Les billons du pays Bamiléké sont une technique dont disposent les paysans pour limiter les pertes en terre; celles-ci constituent un handicap pour la production, dans la mesure où la ressource est limitée par le poids démographique (D'après Rossi, G., 2000)

Cliché: Rossi G.

DOCUMENT 10

Les pratiques de gestion des risques, certes multiples et variées, répondent notamment à des adaptations aux contraintes du milieu biophysique: verticalité, altitude, potentialités agronomiques, érosion, natures et variations climatiques.

les stratégies et les techniques adoptées par les communautés dans leurs activités de production marquent le paysage de signes révélateurs des contraintes du milieu:les pratiques antiérosives (en haut et ci-contre), la gestion de l'eau (ci-contre) ou encore l'organisation des parcelles dans l'espace et dans le temps (en bas et ci-contre).

Sommet du massif du mont Ziver (Pays Mafa): dans les montagnes sèches de la dorsale camerounaise, les systèmes de terrasses, associés à une certaine gestion des pâturages, permettent de limiter l'érosion et de conserver la ressource en eau pendant la saison sèche: « la cuvette sommitale est occupée par deux pâturages reliés entre eux et clôturés où convergent les terrasses [...]. Une source résurgente se maintien toute l'année dans la partie méridionale. Ces pâturages pourraient être la clef de voute anti-érosivede cette vallée haute [...]. » (Seignoboss, C., 1982)

Cliché: Seignoboss, C.

Le système des jachères du Fouta-Djalon est un élément central dans la structure agraire: par ses rotations élaborées, il permet après une période de culture la régénération de la végétation « spontanée », qui protège les sols et facilite leur fertilisation. Ce système n'est cependant efficace que dans un contexte ou la pression démographique n'engendre pas une colonisation agraire de toutes les terres.

Cliché: Beuriot M, & Leyle D., 2000

45 bis

QUELQUES PRATIQUES DE GESTION DE L'ENVIRONNEMENT

élevages bovins et caprins, à l'abri des glossines, de la trypanosomiase et des mouches tsé-tsé.

<< La montagne est tantôt << plus », tantôt << moins » que ce qui l'entoure » (Debarbieux, B., 1989). Elle adoucit certains phénomènes biophysiques (sécheresses cycliques, touffeur équatoriale), créant des milieux convoités pour leurs ressources (hydrologie, sols, ressources végétales) ; mais elle en exacerbe d'autres (érosion et ses risques) nécessitant des modes de gestion de la ressource particulières et souvent complexes par les sociétés.

Nous constatons qu'en terme d'aptitudes, les massifs d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale présentent de nombreux contrastes longitudinaux et altitudinaux conditionnés par les caractères morphoclimatiques zonaux. La diversité y est grande : des << pays de déluges »1 fortement boisés des montagnes intertropicales humides (Monts Nimba, parties méridionales de l'Atakora, et de la dorsale camerounaise) aux formations sèches des Monts Mandara soudanos-sahéliens, l'éventail des milieux est large ; les aptitudes et les potentialités différentes. Ces dernières peuvent évoluer rapidement dans le temps et dans l'espace: lorsque des changements sociaux perturbent la gestion des milieux, l'exacerbation des contraintes biophysiques entraîne parfois des bouleversements rapides, souvent désastreux. Les montagnes sont des milieux dynamiques.

Le rapport contraintes / avantages de l'environnement écologique peut-il être un facteur influent sur les représentations des individus ? Il nous semble que la réalité biophysique d'un milieu montagnard2, aux caractères particuliers induits par la verticalité, appelle des représentations le concernant ; en témoignent par exemple les cérémonies ou les rites liés aux pratiques agricoles, pouvant être des repères forts, voire incontournables, dans les modes de mise en valeur et leur organisation dans le calendrier agricole. Nous pensons que la nature du rapport précédemment évoqué peut-être déterminante dans les représentations. Un milieu soumis à de fortes contraintes engendre-t-il des images mentales négatives pour les populations ? L'inverse est-il également valable ?

Ces interrelations sujet - objet sont difficiles à saisir et dépendent également d'une multitude de facteurs exogènes ainsi que des stratégies socio-économiques (enclavement, dynamisme économique et démographique... etc.) des sociétés. Leurs territoires s'intègrent dans un contexte national, voire international. De ces facteurs découlent les représentations que vont se faire les individus de leur environnement écologique montagnard.

1 (Morin, S., 1996).

2 La notion de gradient concernant les milieux montagnards des terrains d'études que nous avons choisi doit rester à l'esprit de chacun, compte tenu des multiples facettes qu'il présente.

CHAPITRE 2 :
LA DIALECTIQUE REPRÉSENTATIONS-MILIEUX MONTAGNARDS EN AFRIQUE DE L'OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE: QUELLE REALITE GÉOGRAPHIQUE?

 

« Etre géographe aujourd'hui, c'est admettre que l'espace en soi n'existe pas ; que cet espace ne devient objet d'étude que par les significations et les valeurs qui lui sont attribuées par chacun de groupes utilisateurs » (Gumuchian, H.). Certaines caractéristiques des hautes terres peuvent-elles influencer les représentations des sociétés qui y vivent, ainsi que celles du chercheur ? Le fait que les montagnes soient des objets géographiques vecteurs d'un puissant imaginaire social (Bailly, A., Debarbieux, B., 1995) nous amène à nous interroger sur les interactions entre ces milieux montagnards, les représentations des sociétés qui y vivent, et celles du géographe confronté à leur étude.

Approcher les représentations des communautés implantées sur les hautes terres d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale est utile à la compréhension de leurs dynamiques spatiales. Nous nous pencherons ainsi sur les liens qui existent entre les représentations et leur milieu, les comportements démographiques, les structures sociales et les structures territoriales supérieures. Leurs traductions spatiales peuvent améliorer nos connaissances, sur les convergences ou les différences, des logiques de territorialisation de ces sociétés.

Nous touchons là encore à un débat sur le fait social en montagne, sur sa spécificité difficile à démontrer : il semble plus aisé de mettre en évidence des invariants ou des corrélations concernant les caractères et les mécanismes biophysiques des milieux montagnards1, alors que cela apparait plus difficile dans le cadre des sciences humaines et sociales ; l`approche systémique est un outil de compréhension des sociétés étudiées : elle en souligne l'extrême complexité et fait appel à de larges connaissances. Mais on ne peut affirmer la spécificité sociale des milieux montagnards étudiés, il nous est juste possible de la suggérer et se question ner.

1 Même si ceux-ci ne sont pas toujours évidents, dépendants également des méthodes et des techniques de recueil et de traitement des données collectées

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon