WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

( Télécharger le fichier original )
par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2 La diversité des héritages historiques et des évolutions socio-économiques

Les dynamiques de peuplement des hautes terres d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale sont multiples. Elles ont évolué également selon les vicissitudes de l'histoire et selon les logiques et les stratégies socio-économiques des populations, aux nombreux particularismes locaux sur lesquels nous ne pouvons nous attarder dans le détail. Peut-on toutefois y trouver des caractéristiques communes pouvant nous aider à cerner les représentations des individus ?

Tout d'abord, les montagnes d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale furent des sites refuges et de protection pour certaines populations. Lassère G. (1983) et Morin S. (1996), soulèvent cette fonction d'abri et de repliement qui, au cours de l'histoire mouvementée de Afrique de l'Ouest et de l'Afrique Centrale, ont amené les populations à s'installer sur les hauteurs, qui les protégèrent ainsi des menaces et des razzias des peuples esclavagistes basés sur les basses terres périphériques. De nombreuses populations se sont ainsi réfugiées sur les sites défensifs des hautes terres par vagues successives2, dont les systèmes de protections végétaux et

1 Les « massifs évoqués sont les Monts Mandara (dorsale camerounaise)

2 Ces faits de peuplement par vagues révèlent la complexité de ses origines, tant ces populations montagnardes ont été capables d'assimiler des nouveaux venus et de s'adapter à la présence de peuples ennemis dans la plaine.

minéraux marquent encore de leurs stigmates les paysages (voir doc.12) : les Bamiléké des Hautes Terres de l'Ouest, Les Kabyé du Togo, les Somba du Bénin, ou encore les peuples des Monts Mandara (voir docs.1 1 et 14). La fonction de refuge, s'inscrit également dans l'époque contemporaine, avec la colonisation européenne, puis avec les Etats indépendants, dont les administrations ont toujours voulu accentuer le contrôle territorial. N'est-ce pas là le témoignage d'une identité forte ?

Cette notion de refuge doit cependant être nuancée. Elle ne signifie pas forcément l'isolement total, car ce repli ne fut pas systématique, comme dans l'Atacora béninois et le Fouta-Djalon pour se protéger de la pression Peule ; ou dans certains massifs de la dorsale camerounaise, où cette fonction ne fut qu' « accidentelle et épisodique » (Morin, S., 1996), s'effectuant en fonction des contextes historiques, socio-politiques et économiques dans une région donnée.

Nous pouvons alors plutôt parler de berceaux de civilisations, de communautés ethniques et culturelles originales. Recherchés pour leur compartimentage et pour les potentialités de leurs milieux, les sites montagnards ont été des espaces privilégiés pour le développement de foyers de peuplements humains. L'ancienneté de ces civilisations remonte parfois au néolithique, comme pour les Hautes Terres de l'Ouest du Cameroun ; d'autres, comme « le château fort Peul » du Fouta-Djalon, sont plus récentes (à partir du IXème siècle).

Il s'agit ainsi de considérer ces sociétés montagnardes comme des systèmes ouverts, en relation entre eux et avec les bas reliefs environnants. Cette notion de complémentarité spatiale s'étend à de nombreux espaces montagnards, où les connexions amont-aval sont fréquentes à travers les mouvements de population et les échanges commerciaux. Les Peuls du Fouta-Djalon ne sont-ils pas de grands commerçants entre le Sénégal, le Mali et la Guinée ? L'Adamaoua, véritable barrière orientée W-E, n'est-il pas un lieu de passage obligé du commerce au Cameroun ? On pourrait ainsi multiplier les exemples qui relativisent la situation de montagnes refuges, enclavées et isolées.

Bien qu'elles soient des « conservatoires de civilisations traditionnelles » (Lassère, G., 1983), ces communautés montagnardes ont intégré au fil du temps, des échanges et de l'assimilation de nouveaux venus, des techniques nouvelles qu'elles se sont appropriées et qu'elles ont intégré à leur système de production, notamment durant les périodes de paix. Parfois, elles ont même étendus leurs espaces productifs aux marges des massifs, comme les Peuls de Télimélé dans les basses terres que dominent les contreforts du Fouta-djalon, ou encore les Akebou et les Akposso (Monts Togo) dans celles de Litimé, et les Mofou (Monts Mandara) dans la plaine voisine. Ces mouvements de colonisation s'accompagnent de migrations, qui constituent de véritables régulateurs démographiques et sociaux des populations montagnardes. Elles s'intègrent dans les stratégies de gestion de la ressource et de la cohésion sociale : le plus souvent, ces mouvements sont le fait de jeunes et de marginaux. L'époque contemporaine, avec son flot de croissance démographique, le poids de ses politiques administratives, et ses enjeux économiques certains, a

profondément transformé la réalité des sociétés montagnardes en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale.

Ces connexions des espaces montagnards avec la « plaine » dépendent de multiples facteurs locaux et du contexte socio-économique à une échelle plus large, dont la pénétration dans les logiques socio-spatiales autochtones varie d'un massif à l'autre. On peut pourtant retenir l'importance de la dimension structurale des reliefs, de la situation géographique des populations à l'intérieur même d'un massif, des stratégies socio-économiques des sociétés, et des contextes historiques.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle