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Pression urbaine sur les milieux humides: cas des vallons du Zounvi et Boué à Porto-Novo

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par Nathanaël AHOUANDJINOU
Université d'Abomey-Calavi UAC (Bénin) - Maîtrise en géograhie 2004
  

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III- La dégradation des zones humides des vallons du Zounvi et du Boué et la gestion urbaine

L'occupation du sol déterminée par le jeu et la combinaison de facteurs démographiques, d'habitat et des ordures révèle une dégradation certaine des milieux humides des deux vallons. L'étude de cette dégradation au moyen d'un certain nombre d'indicateurs met en relief les insuffisances et les inadéquations dans la gestion urbaine.

III - 1. La perte de superficie et en terre du fond de vallon : berges et talweg.

Les milieux des deux vallons connaissent aujourd'hui une certaine occupation du sol par l'habitat et les ordures qui transforment radicalement ces écosystèmes. Ces écosystèmes qui étaient caractérisés par la prédominance du fait hydrique deviennent par endroits des écosystèmes terrestres : l'extension des berges et l'assèchement du talweg se faisant par le processus de comblement. Le comblement est surtout dû à deux faits : les décharges d'ordures (dans le Zounvi) et la construction de maisons sur les berges et le fond de vallon (dans le Zounvi et amorcée dans le Boué).

L'étude de ce phénomène s'est effectuée en localisant les décharges d'ordures et les bâtisses dans le fond de vallon et en calculant les superficies de ces décharges et bâtisses.

III - 1.1. La situation dans le Zounvi

III - 1.1.1. La perte de sol due aux décharges d'ordures

Cette perte de sol peut s'analyser sur deux plans : surface perdue du fait de l'occupation du sol par les dépotoirs, modification substantielle des éléments du milieu humide. A partir de la cartographie et de l'estimation des surfaces de dépotoirs, (carte n°9), on peut estimer à 1,05 ha la superficie du bas-fond ( en tête de vallon) occupée par des dépotoirs, soit 0,55 % de la superficie totale du fond de vallon. Cette proportion, certes faible, est cependant inquiétante étant donné qu'il est apporté chaque jour un peu plus d'ordures, en moyenne 200 m3 qui s'ajoutent et augmentent ces étendues. En moyenne, ces volumes d'ordures initiaux augmentent de 5,88 m3 chaque jour.

La répartition de ces décharges montre que les pertes de terre sont surtout réalisées en tête de vallon et sur la berge ouest où les décharges pour la plupart ont de grandes surfaces et par conséquent des volumes élevés.

En outre, les volumes d'ordures estimés pour chaque dépotoir et représentés pour chaque dépotoir après avoir distingué six classes dans le traitement statistique (carte n°10 ) permettent de conclure que les plus grandes décharges se trouvent en tête de vallon donc dans le bas-fond. Sur la berge Est du bas-fond (Foun Foun), on retrouve également certains dépotoirs volumineux (carte n°10). Ainsi environ 6480,6 m3 d'ordures soit 40% des ordures sont stockées en tête de vallon pour seulement 12 décharges et 7181,6 m3 d'ordures sur la berge Est soit 44,32 % pour 19 décharges à l'est. L'extension de ces dépotoirs sauvages s'accompagne du développement d'une formation herbacée rudérale et engendre des modifications du biotope de ce milieu humide. La composition des ordures récapitulée au graphique n°5 est d'un grand intérêt dans cette étude puisqu'elle est nécessaire pour comprendre les modifications de plusieurs éléments écologiques et établir les incidences néfastes aux écosystèmes. Cette combinaison de différentes matières au graphique n°5 résulte de l'analyse de la composition de 10 bennes d'ordures. Cette analyse a consisté à distinguer les différents matériaux souvent retrouvés dans les ordures au moyen de cartons aux dimensions bien

Graphique n°5 : Composition moyenne de 1 m3 d'ordures (Zounvi)

Source : Travaux de terrain, novembre 2001

précises ; les volumes de chaque constituant ont été déterminés en prélevant chaque fois un (1) m3 d'ordures des bennes de collecte d'ordures.

Le sable représente ici la matière principale (31,13 %) de remblai du bas-fond auquel s'ajoutent les matières plastiques et synthétiques (25,70 %). Cette forte proportion de sable et matières plastiques (56,83 %) permet de comprendre que le comblement du bas-fond se fait par l'apport du sable et de matériaux plastiques. Ainsi même le talweg est comblé par l'apport d'ordures ménagères qui prennent la place de l'eau. L'exemple le plus illustre est celui de la voie qui joint Foun Foun Tokpota I. Cette voie est née par amoncellement progressif et continu des ordures des berges vers le talweg aujourd'hui pratiquement sec et occupée encore par des dépotoirs d'ordures. Les matériaux en fer et verre sont également importants car ils font environ 28% des ordures et proviennent essentiellement des centres de santé. Ceux-ci n'ont pas la propriété de bien remblayer comme le sable mais ils occupent de l'espace tout au moins. Quant aux feuilles végétales, elles sont moins en importantes, en quantité relative, et ne sont pas autant utiles pour le remblai que le sable. Les textiles, c'est-à-dire les vêtements et tissus usés et les objets en papier, sont en faible proportion, environ 6,1% des quantités d'ordures.

Cette perte de sol est à mettre en relation avec la pollution des sols. En effet, en considérant qu'est biodégradable, toute substance ou corps qui peut être dégradé rapidement par des organismes vivants, notamment par des micro-organismes1(*), on peut procéder à la séparation des matières entrant en composition de ces ordures en distinguant les matières biodégradables et les matières non biodégradables comme l'indique le graphique n°6.

Graphique n°6 : Proportion moyenne de matières biodégradables dans 1 m3 d'ordures (Zounvi)

Source : D'après les travaux de terrain, novembre 2001

On s'aperçoit que les matières biodégradables à court terme (feuilles de végétaux et textiles) sont en très faible quantité soit 14,4% alors que les matières non-biodégradables abondent (85,6%).

Par conséquent ces matériaux non-dégradables à court terme vont polluer le sol, les eaux et même inhiber la croissance des végétaux.

Les matières plastiques par exemple, enfouis dans le sol, empêchent l'eau et les racines de végétaux de s'infiltrer dans le sol (Valiron 1989). Aussi les matériaux tels que les piles, les médicaments périmés - classés dans la catégorie"autres" sur le graphique n°6 - sont des déchets très toxiques pour tout organisme animal ou végétal car libérant des substances chimiques très nocives. Or ces matériaux se retrouvent dans le sol en tête de vallon du Zounvi.

Tableau n° 14 : Profil pédologique n°1 sur la voie Foun-Foun Tokpa -Tokpota (tête de vallon)

Niveau d'horizons

Description des horizons

0 - 0,45

sable mélangé d'ordures plastiques

0,45 - 1 m

argilo-sableux riche en matière organique noirâtre contenant des plastiques

1m et plus

argilo-sableux, grisâtre, moins riche en matière organique

Source : D'après les travaux de terrain, novembre 2001

Tous ces profils pédologiques effectués tant en tête de vallon que sur les berges, mettent en relief l'incidence de ces sites d'ordures qui non seulement comblent le fond de vallon mais aussi portent atteinte à la préservation pédologique de ces milieux : les horizons sont généralement sableux avec des traces de plastiques surtout, piles et ferraille comme les tableaux n°14, 15 et 16 l'indiquent. Ces éléments polluants, se retrouvent à des profondeurs inquiétantes de 0,50 m à 0,75 m.

Tableau n° 15: Profil pédologique n°2 (tête de vallon)

Niveau d'horizon

Description des horizons

0 - 0,30 m

sable noirâtre mélangé d'ordures (verres)

0,30 - 0,45 m

sable argileux rougeâtre ayant servi de remblai

0,45 - 1m

argile sableuse grisâtre pauvre en matière organique

Source : D'après les travaux de terrain dans le Zounvi, novembre 2001

Tableau n° 16 : Profil pédologique n°3 près d'un dépotoir à Avakpa

Niveau d'horizon

Description des horizons

0 - 0,40 m

sable mélangé de plastiques et ferrailles

0,40 - 0,70 m

sable noirâtre avec traces de piles et plastiques

0,70 - 0,90 m

argilo-sableux rougeâtre assez humide

0,90 - 1,25 m

argilo-sableux noirâtre humide

Source : D'après les travaux de terrain dans le Zounvi, novembre 2001

En outre, cette pollution va en s'aggravant et l'on peut prévoir qu'en moyenne 350.000 m2 soit 35 ha de terre seraient ainsi perdues par an si les conditions restaient les mêmes chaque année. En effet, en considérant que 200 m3 d'ordures sont déversées par jour sur l'ensemble des 34 dépotoirs soit 5,88 m3 en moyenne sur chaque dépotoir et que 20 m3 environ d'ordures peuvent combler 100 m2 d'eau d'une profondeur relative de 0,5 mètre 1(*)4 on peut envisager une telle prévision. Ce rythme de progression serait amorti parce que les ordures sont régulièrement incinérées et certains matériaux sont récupérés à d'autres fins de transformations artisanales. Cette dynamique croissante des ordures viendrait, malgré les incinérations d'ordures, à assécher le bas-fond.

* 18Définition du Dictionnaire du Conseil International de la Langue Française (CILF)

* 14 Cette hypothèse nous est fournie par le fait que pour combler les parcelles dans le bas-fond, les riverains utilisent environ 10 m3 de sable et les plastiques en proportion 50%, il était donc possible d'utiliser cette donnée.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus