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Le symbolisme de l'ombre et de la lumière dans Lorenzaccio de Musset sous l'influence de Shakespeare

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par Marie Havard
Université de Perpignan, UFR Sciences de l'Homme et de l'Humanité - Master 1 Lettres Modernes 2005
  

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PARTIE III

DE L'OMBRE A LA LUMIERE : JEUX DE REGARD

Nous avons étudié jusqu'ici l'ombre et la lumière du point de vue du décor et des accessoires, de la mise en scène, et des personnages. Nous avons vu que ce symbolisme était à l'oeuvre dans toute la pièce, à la fois en opposant l'ombre et la lumière, et en les assimilant. Nous allons ici aborder un aspect plus technique de l'ombre et de la lumière : la mise en valeur d'un personnage ou d'une action, ou bien sa déconstruction, par cette symbolique de l'ombre ou de la lumière. En effet, nous remarquons que ces notions ont aussi une importance capitale en ce qui concerne les relations construites par le biais du regard entre les personnages ou entre le lecteur et les personnages. Il s'agit de voir comment les personnages se construisent ou se détruisent en utilisant l'ombre et la lumière grâce à un outil comme la fenêtre ou le masque. Le masque est lié à la thématique de l'ombre, que certains personnages utilisent pour disparaître aux yeux d'autrui ; la fenêtre est utilisée dans un but opposé, celui de paraître dans la lumière et de se soumettre au regard. Le thème du regard a une importance capitale dans le symbolisme de l'ombre et de la lumière. Sans regard, il n'a aucune validité. C'est dans les paroles de certains personnages à propos d'autres personnages que les ombres et les lumières que nous avons jusqu'ici étudiées se révèlent le plus souvent. C'est donc le regard que les personnages portent sur leurs semblables qui a décidé de ce symbolisme. Les personnages se regardent entre eux, se dévoilent ou se cachent aux yeux d'autrui. Le lecteur regarde ces personnages évoluer, mais aussi retourne ce regard sur lui-même... Le lecteur assiste au jeu théâtral imaginaire, jeu qui se fonde sur les masques que prennent les personnages pour se cacher mais aussi pour se révéler, ce qui pourrait sembler contradictoire. Les modalités du regard dans Lorenzaccio sont bien plus complexes que dans Hamlet, Macbeth, ou Julius Caesar. La principale différence est que chez Shakespeare, les regards n'influencent pas l'identité d'un personnage, alors que chez Musset, le regard peut construire une identité, la deviner, ou la détruire... C'est pour cela que les masques ont beaucoup plus d'importance chez Musset, puisqu'ils se situent au centre de la question de la recherche ou de la protection d'une identité. C'est ainsi que les personnages de Musset nous paraissent plus travaillés et plus complexes, et plus représentatifs de l'homme. De plus, le rôle du lecteur-spectateur prend une autre dimension avec Musset : le destinaire est inclus dans la bataille des masques, lui qui se doit de dévoiler les identités s'il veut comprendre les enjeux de la pièce. Comment savoir si le personnage porte un masque ou non, s'il montre sa véritable identité lorsqu'il se met à la fenêtre ou non ? L'aveu113(*) poignant de Lorenzo, à l'acte III scène 3, aboutit à cet impératif désabusé: « Regarde-moi un peu », ce qui montre à quel point le personnage a besoin de ce regard. S'il commet le meurtre, c'est aussi par désir d'ostentation, pour attirer le regard des autres sur lui ou sur la ville, ce qui lui fait dire en IV.9 : « On se mettra demain aux fenêtres ». Les regards qui se croisent semblent donc au centre de la complexité de la pièce, et c'est au lecteur qu'il incombe de démêler ces jeux d'ombre et de lumière sur les identités.

CHAPITRE 1

* 113 Lorenzo avoue en III.3, entre autres choses, qu'il a passé des années à observer les hommes. La présence du thème du regard est redondante :  « [...] et je vis qu'à mon approche tout le monde en faisait autant que moi ; tous les masques tombaient devant mon regard [...]. J'ai vu les hommes tels qu'ils sont [...] je regardais autour de moi [...] j'ai vu les républicains dans leurs cabinets [...] j'ai écouté et j'ai guetté [...] J'observais... comme un amant observe sa fiancée, en attendant le jour des noces ! ».

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery