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Solto na cidade - uruguaiana

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par Florence Emberger
ENSAPB - Master 1 2009
  

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I. Comment est apparu le Camelódromo da Uruguaiana?

Depuis le vieux continent nous parviennent de Rio des images variées. Entre les plages, le carnaval mondialement connus et les favelas et leur violence dont les médias nous font part de temps à autre, cette ville nous montre di érents visages dont les compatibilités nous semblent parfois déroutantes. Même si ces représentations sont des caricatures de la ville, laissant sous silence une multitude de facettes de la vie carioca, elles n'en sont pas fausses pour autant. Malgré son statut de première puissance économique d'Amérique Latine1 , le Brésil est un pays ou les inégalités sociales sont les plus importantes2, Rio ne faisant pas exception. Une majorité de la population vit dans la favela, et l'écart se creuse entre une petite élite et la majorité de la population aux faibles revenus, laissant entre elles une petite place aux classes moyennes, en minorité face aux plus démunis.

C'est pourcette raison quese développent parallèlementdeux industries,quecohabitentquotidiennement deux mondes. D'un coté l'univers formel, inclu dans le système capitaliste mondial, dont la population a rejoint un modèle occidental du premier monde, et se cloitre dans des condominios3, a n de se protéger du second qui peuple les favelas et gagne sa vie par les métiers de l'informel ou à la rigueur occupe le premier niveau de l'échelle du monde du travail. Les di érences ne sont pas qu'économiques, deux cultures se développent parallèlement, sur le plan du mode de vie, des productions artistiques, etc.

Il arrive cependant que ces populations se mélangent de façon temporaire, autour d'une roda de Samba, ou encore le samedi soir des jeunes des classes aisées partent se mêler aux habitants des favelas pour participer à un baile de funk ou de pagode. Car en e et, si ce milieu est craint, il fascine également. La favela, réputée pour sa dureté de vie, accompagnée d'une forte cohésion devient source de folklore et de fantasmes romantico-sociaux. Cela s'exprime par exemple par le développement du tourisme au sein des favelas (favela tour4 pour n'en citer qu'un), ou encore le succès international de ~ lms tels que la Cité de Dieu, ou plus récemment Troupe d'élite (qui a remporté un ourson d'or à Berlin). Sans nul doute Rio est l'emblème à juste titre d'une cohabitation sociale et culturelle impressionnante...

1 Burleigh Marc (9 octobre 2008) « L'Amérique Latine injecte des milliards pour affronter la crise fi nancière », Le point, Rubrique économie.

2 D'après une étude de l'ONU effectuée par Judith Morrison en 2007, 59% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, mais leur participation à l'économie ne représente que 20 % du PIB. Le Brésil se retrouve au rang de 2e pays aux inégalités sociales les plus élevées, derrière la Colombie.

3 Le condomino est le nom brésilien donné aux gated communities, ces lieux de résidence fermés et surveillés, desquels, idéalement on ne sort jamais car tout y est déjà réuni (services, loisirs...).

4 Il s'agit d'un organisme qui propose aux touristes de les emmener visiter les favelas cariocas et leur faire découvrir les coins typiques de la vie dans la communauté à bord de bus climatisés. Toutes les informations sur http://www. favelatour.com.br/

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Centro - Arrivée sur le Largo da Carioca

La Cohabitation avec l'informel dans le Centro à Rio de Janeiro Si tu vas au Centro...

La ville de Rio est composée de nombreux quartiers aux caractéristiques di érentes, aussi bien sur le plan de l'architecture que celui de l'usage du rythme de vie... Celui sur lequel nous allons nous pencher au cours de ce mémoire, celui dans lequel se situe le Camelódromo de la rue Uruguaiana est le quartier nommé Centro, où littéralement le centre.

Centro - Rio de Janeiro : A huit heures du matin, un soleil déjà chaud fait briller le verre teinté des gratte-ciels et illumine de grands panneaux publicitaires aux couleurs des banques et des compagnies téléphoniques. Les costumes complets, tailleurs et attachés-case s'agitent, créant des ~ ux à travers les rues pour se diriger vers les hauts buildings sécurisés et emprunter des ascenseurs dans lesquels un homme passera sa journée à demander « quel étage? ». Les avenues sont rythmées par les allées et venues de la société active brésilienne. A milieu de ce ~ ux, de nombreuses interférences. Sur les trottoirs de pierres portugaises, des petits vendeurs de sucreries, de logiciels et ~ lms piratés ou de repas sur le pouce, des hommes sandwichs qui proposent de débloquer des portables, de racheter des bijoux ou encore de gagner de l'argent rapidement par de mystérieux moyens, constituent toute une série d'obstacles mouvants. Et ce n'est pas parce que tout ce petit monde travaille qu'il ne sait pas se détendre. À la sortie du bureau, on pro te de la ~ n de journée pour aller boire une bière à une terrasse de café ou dans un boteco5 suivant la préférence. Pour ceux qui habitent loin se sera un caldo de cana6 acheté en route avec un pastel de queijo7 pris à coté du parc de Santana avant de monter dans un train à Central direction Madureira, Bangu...

Quelques heures plus tard le schéma est tout autre. Tailleurs et attachés-case sont déjà repartis en bus, train ou voiture pour retrouver leur chez-eux, laissant le terrain libre à l'obscurité8. Restaurants et bars ne tardent pas à fermer: pour se divertir mieux vaut aller à Botafogo, Ipanema ou Gàvea (quartiers de Rio). Les lumières des bureaux allumées 24h/24 et des hôtels viennent dessiner une nouvelle architecture ~ gée à la lumière vaporeuse et prismatique; celle d'un quartier dont toute vie nocturne ne sort pas de ces bâtiments climatisés, et où seul quelques rares voitures circulent. Et alors que les rues du Centro paraissent s'endormir, une nouvelle vie commence. Des ombres furtives se regroupent, et réunissent des cartons-matelas a n de créer des dortoirs collectifs. Des groupes d'enfants trottinent. Ce soir c'est l'anniversaire de Sandro qui, une fois n'est pas coutume, descendra de son kiosque à journaux pour rejoindre d'autres enfants. Ils ont acheté un

5 Petit bar à l'ambiance populaire et chaleureuse.

6 Jus de sucre de canne - Boissons fréquemment vendue par les camelots qui se promènent avec un stock de canne à sucre qu'ils broient à l'aide d'une machine sous les yeux du client.

7 Le pastel est une sorte de chausson frit à la pâte fi ne et garni dans le cas présent de fromage (queijo). Par souci d'honnêteté je tiens à dénoncer l'arnaque du pastel: ce dernier, généreusement gonfl é est en réalité trompeur, et dès la première bouchée on se rend compte de la rareté de la garniture.

8 Etant proche de l'équateur, le soleil se couhe avant 19h été comme hiver. Centro - La rue Uruguaiana

menu à Bob's et se le partageront en cette soirée spéciale9. Des familles se regroupent pour dormir pendant que d'autres armées de savons partent à la fontaine de Candelària pour y prendre un bain. Mais pendant que certains dorment, d'autres surveillent les lieux, et les travailleurs commencent à s'activer. Ils arrivent avec leurs charrettes dans lesquelles ils ont rassemblés les sacs d'ordures accumulés autours des poubelles durant la journée. Par dizaines ils viennent étaler ces déchets, fermant la rue, et réalisant une muraille de déchets qui parfois dépasse le mètre de hauteur. Commence alors un tri intensif. Nos collecteurs entament l'ascension du monticule à la recherche d'un quelconque matériau qui pourra être revendu et rapporter ainsi quelques Reais. Après des heures de travail, tout sera nettoyé et remis à sa poubelle d'origine. Demain matin tailleurs et attachés-case noteront à peine le passage de ces communautés, si ce n'est en esquivant sur leur passage quelques dormeurs tardifs...

Étant donné le caractère fonctionnel de centre d'a~ aires, le rythme du quartier est dicté par cet aspect mono-usager, à savoir qu'en dehors des horaires de bureau il est totalement à l'abandon, vidé de ses travailleurs. Aucun bar, aucun restaurant d'ouvert et il est fortement déconseillé d'y faire des promenades de plaisance en dehors des horaires de fréquentation.

Ce lieu est à la fois celui des grandes puissances économiques de la ville, et celui du marginal et de l'informel par excellence, celui où suivant les heures les lois ne sont plus du tout les mêmes. Ainsi, nous allons voir quelles sont les raisons qui ont fait que le centre est aujourd'hui un lieu de la ville aussi ambivalent, et ainsi dans quel contexte est apparu le Camelódromo de la rue Uruguaiana

9 Petit clin d'oeil au fi lm Onibus 174 de José Padilha, où des enfants décrivent la soirée d'anniversaire de Sandro, qui quelques années plus tard sera l'auteur d'une célèbre prise d'otage du bus 174.

Vue de nuit sur le Centro

Solto na Cidade - Uruguaiana

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Vue sur le Centro depuis la colline de Santa Teresa

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery