III. Le concert
1) Accueil des groupes et
bénévoles
Nous étions 3 personnes à l'Assommoir pour
accueillir les groupes, confectionner les repas, faire les entrées,
veiller à la sécurité, au bon déroulement de la
soirée, à la durée des concerts de chaque groupe et servir
les consommations au public. En ce qui me concerne je me suis occupé des
entrées, du repas et des changements de plateau.
Les groupes sont arrivés comme prévu autour du
18 heures à l'Assommoir. Le matériel a été
installé par eux-mêmes en quelques minutes, car chaque groupe
partageait le matériel apporté. Puis les deux groupes de
Montpellier/Béziers, qui ont le même batteur, ont fait de courtes
balances : réglage de la batterie, puis de la basse, puis de la guitare
et enfin des chants (un chant principal avec 3 choristes). Ensuite les Crades
marmots (qui jouent avec une boîte à rythme, donc sans batteur) et
enfin les White Card (le groupe qui joue en premier effectue ses balances en
dernier, afin de n'avoir plus qu'à jouer le moment venu, sans retoucher
aux réglages). Pendant ce temps là les Tados et Solidagité
installent le stand de merchandising (voir photos en annexes).
A 19H30, tout le monde (11 musiciens plus 3
bénévoles) était à table pour le traditionnel
(puisque nourrissant et très bon marché) salade/pâtes
bolognaise des concerts punks !
2) Les concerts
20H15 : après avoir débarrassé nous
ouvrons les portes pour accueillir les premiers spectateurs. Les White Card
commencent leur prestation à 21h00 devant une salle encore
clairsemée. Comme prévu ils terminent à 21H45, pour que
Tados puisse commencer à jouer à 22h00, le temps de changer le
matériel qui n'est pas commun aux différents groupes (guitare,
basse, cymbales et caisse claire). Cette fois, le public est plus dense et
l'ambiance monte en puissance. A 22h40, je me rends compte que le groupe est
loin d'avoir terminé son set et je dois donc leur demander de le
raccourcir. Ils jouent encore 3 morceaux et laissent la place aux Crades
Marmots qui peuvent donc commencer à jouer autour de 23h. Eux aussi ont
un set nettement plus long que les trois quarts d'heure alloués à
chaque groupe et je dois donc de nouveau leur demander de sauter quelques
morceaux pour finir dans les temps. Vient enfin le tour de Solidagité,
qui joueront jusqu'à 00h45 environ, ce qui nous laisse tout juste le
temps de laisser les gens finir leur verre puis fermer le bar dans les temps,
à savoir 1h30 du matin. Ne resteront ensuite que les artistes et les
bénévoles pour finir la soirée tous ensemble et
interviewer chaque groupe.
L'ordre de passage des groupes était
déterminé à l'avance : l'habitude veut que les groupes
qui
viennent de loin jouent après les locaux. Mais dans
notre cas, le batteur étant la même personne pour les deux
formations non stéphanoises, il lui fallait un temps de repos entre ses
deux prestations scéniques. Cela aurait pu poser un problème de
temps au niveau du changement de plateau, mais comme les Crades Marmots
n'utilisent pas de batterie il n'était pas nécessaire de changer
les cymbales, caisse claire et autres réglages entre les 3 derniers
groupes.
Les interviews se dérouleront de manière
détendue et spontanée. En effet, à l'écoute de ma
précédente interview avec Reuno de Lofofora, je m'étais
rendu compte que j'étais beaucoup trop intervenu dans ses
réponses, je ne le laissais pas toujours finir ses interventions et
parfois je l'orientais même vers la réponse que je voulais
entendre... bref, j'étais déçu de ma prestation et je
voulais donc rectifier le tire ce soir là en laissant les gens
répondre à leur guise et surtout jusqu'à ce qu'ils aient
complètement fini leurs réponses. Je voulais aussi davantage
rebondir sur leurs propos plutôt que de suivre strictement mon
questionnaire. Par exemple, il me semblait intéressant d'aborder la
question de l'occitan puisque les Solidagité ont par exemple en projet
d'enregistrer un morceau dans cette langue, et le fils du batteur Ratboy va
à l'école en occitan quelques heures par semaine. Ces gens ont
donc une démarche en faveur des langues régionales et de leur
diffusion, sujet que mes questions à l'origine n'abordent pas du
tout.
3) Le public
Nous ferons en tout et pour tout seulement 46 entrées
payantes ! Il en manque donc une bonne dizaine pour rentrer dans les frais.
Tados et Solidagité avaient 3 invités, et comme trop souvent dans
les concerts à l'assommoir, plus d'une dizaine de personnes sont
arrivées après 23h, une fois que les entrées
n'étaient plus payantes...
En effet on ne peut pas demander aux gens de payer plein tarif
alors que plus de la moitié des groupes sont passés, et on ne
peut pas non plus laisser une personne en permanence aux entrées. C'est
le cas dans la majorité des petits concerts, et les gens le savent bien.
Donc, quand ils connaissent trop les groupes qui jouent (comme les groupes
locaux que tout le monde a déjà vu plusieurs fois) ou au
contraire pas du tout (car les « têtes d'affiche » ne sont pas
assez célèbres), il attendent la toute fin de la soirée
pour profiter de quelques morceaux et retrouver des gens, sans payer
d'entrée. Si ces gens avaient joué le jeu et étaient venus
plus tôt, j'aurais pu rentrer dans mes frais.
Cependant les groupes ont quand même pu se produire devant
une salle assez remplie puisqu'en tout
près de 70 personnes étaient réunies dans le
bar pour cette soirée, sans compter la quinzaine de
musiciens/organisateurs, et pour eux cela était agréable et
l'ambiance était bonne.
D'un point de vue financier, les entrées ont donc
représenté 230 euros. Pour payer les 2 groupes de
Montpellier/Béziers, j'ai donc rajouté 50€ et le bar
30€. Les Crades Marmots et White Card ont renoncé d'eux-mêmes
à me demander un cachet, merci à eux et heureusement pour moi
!
A ce niveau là il s'agit donc d'un échec,
puisque la communication sur le concert à été largement
suffisante mais n'a pas suffi. Pour preuve, il y avait ce soir là des
personnes venues de Lyon, Clermont-Ferrand et de Valence ! Les raisons
expliquant le peu d'assiduité des stéphanois sont à
chercher ailleurs et elles sont multiples.
La principale est que le punk/hardcore n'est pas
particulièrement à la mode en ce moment, et qu'il n'y avait pas
de tête d'affiche suffisamment célèbre pour attirer du
monde simplement sur un nom. Je veux dire par là que les gens
présents venus voir ces formations sont des personnes investies dans la
scène (musiciens ou organisateurs de concerts), et que cette
soirée n'a pas attiré d'amateurs « lambdas ».
On peut aussi évoquer une semaine chargée pour
les amateurs de musique, avec la veille à Saint-Etienne un gros concert
en hommage aux Ramones (légendaire groupe de punk rock), et le soir
même un concert de musique électro au Fil et un autre de folk/punk
dans une ville voisine (Saint Symphorien sur Coise), plus le match football de
l'Association Sportive de Saint Etienne, le club de football de la ville
attirant encore plus de 20 000 spectateurs à chaque match à
domicile. Par
conséquent, bien que le concert ska/punk/hardcore fut
annoncé depuis longtemps, les gens ont düfaire un
choix.
De plus, il faut admettre que tout n'est pas si rose pour la
scène punk française et que l'effet de bande joue
énormément dans les concerts : beaucoup n'iront qu'à ceux
organisés par des amis à eux et jamais à ceux des autres.
Chaque association a son public attitré et on peut regretter le manque
de partage et d'ouverture entre elles.
Enfin, il faut savoir qu'en Europe de l'ouest, la France fait
pâle figure en matière de fréquentation des spectacles
vivants, comparée à ses voisins. Voici des statistiques issues de
l'Eurobaromètre de 2001, portant sur la fréquentation du
théâtre, des concerts et de l'Opéra en Europe : sur 100
personnes de plus de 15 ans de chaque pays, ont été à un
concert au cours de l'année précédent l'enquête :
Italie : 27
France : 26
Royaume-Uni : 30 Allemagne : 32
Suède : 45
Moyenne UE : 30
On constate qu'il est bien plus habituel pour un suédois
ou un anglais d'assister à un concert que pour un français, tous
styles de musique confondus.
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