C DISCUSSION
Nous avons été particuliérement soucieux
de préserver la liberté du malade en évitant le placage
théorique sur celui-ci. Pour cela, notre discussion s'appuiera tout
d'abord sur les observations et son l'analyse pour ensuite aborder les
différentes théories conceptuelles explicatives des comportements
para-suicidaires des malades atteints de cancer et de dépression.
C.1 Analyse des signes cliniques du cas
Nous présenterons les signes cliniques observés
et en tirerons un premier diagnostic psychiatrique, tel qu'il a
été fait par l'équipe de psychiatrie de liaison qui avait
dl envisager un traitement adéquat immédiatement
nécessaire.
C.1.1 Signes d'une crise suicidaire
Le cas de Mme D. peut tout d'abord être
interprété comme un comportement para-suicidaire dans lequel nous
retrouvons tous les crit»res explicités de la crise suicidaire en
cancérologie (cf. partie A.2). Nous relevons un arrêt volontaire
des médicaments, concernant le traitement d'antidépresseur,
qu'elle cesse de prendre lors du retour à son domicile. De plus, elle
refuse de s'alimenter et retire ses perfusions ce qui empêche à la
fois l'administration de tout traitement médical et la
réhydratation. Elle exprime un sentiment d'inutilité, mais n'est
pas allée jusqu'à demander une aide pour finir ses jours.
Néanmoins, nous pouvons penser que si l'état de
la patiente s'était aggravé ou si nous avions été
ouvert à une demande volontaire d'euthanasie, cette patiente aurait pu
aller jusque -là, tout comme le coupl e %ogé (cf. partie B.1.1).
En effet, presque tous les facteurs de la conduite suicidaire des patients
atteints de cancer sont réunis : des douleurs chroniques non
contrôlées au niveau des articulations, ainsi que des
nausées, la période est bien la 1 re année qui
suit l'annonce du diagnostic, la patiente souffre bien de dépression
avec un sentiment de désespoir, elle montre parfois de la confusion
mentale, elle exprime un sentiment d'impuissance (elle se
plaint de toutes les activités qu'elle ne peut plus
faire) , elle présente un terrain de personnalité anxieuse, elle
se plaint de la fatigue et de la perte de ses capacités physiques, de
l'isolement (elle doit rester en chambre seule à cause de son
infection), elle présente des troubles anxio-dépressifs avec de
l'agitation.
Nous pouvons conclure cette patiente présente un
ensemble de signes qui correspond au syndrome de démoralisation
(Kissane, 2004).
D'un point de vue biologique, l'état délirant de
cette patiente était proche de l'état de delirium décrit
par Gagnon (2002), probablement lié à l'état de
dénutrition et déshydratation.
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