Chapitre III - CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
Il s'agit ici d'expliquer l'approche méthodologique de
l'étude de terrain qui a conduit aux résultats exposés
dans la deuxième partie. Une première section justifiera le choix
de la technique utilisée, ses difficultés et limites. La
deuxième présentera le processus de collecte,
l'échantillonnage ainsi que les outils utilisés. La
dernière enfin détaillera la méthode de traitement et
d'analyse des données.
A- TECHNIQUE D'ETUDE
Cette section consiste d'abord à justifier le choix de la
technique d'étude, mais aussi de faire l'état des
difficultés rencontrées sur le terrain.
1- Justification du choix de la technique
d'étude
En raison des objectifs de l'étude, la technique
retenue est l'enquête qualitative. Le choix de cette technique se
justifie aussi par le fait que cette étude a voulu faire une approche
globale de la gouvernance dans un espace concis. D'où le choix des
critères et indicateurs généraux de la bonne gouvernance
tels que la responsabilité, la participation et la transparence. Il faut
également noter l'exigence d'entrer en relation avec les populations
afin d'échanger avec elles sur un sujet qui nécessite leur
perception et leur ressenti, et, de ce fait, ne pouvant être facilement
recueillis par la méthode quantitative.
Toutefois, bien qu'étant la mieux adaptée, la
méthode qualitative a tout de méme posé quelques
difficultés de terrain.
2- Difficultés de terrain
La principale difficulté rencontrée était
la barrière linguistique, et donc l'impossibilité de mener des
conversations directes lors des focus groups (groupes de
discussion).
Les participants aux groupes de discussion s'exprimaient pour
la grande majorité en langue locale waotchi et en langue
éwé (langue parlée dans tout le grand Sud du
pays). Ce qui a nécessité la présence d'un
interprète-traducteur et d'un « retranscripteur » dans
l'équipe pluridisciplinaire composé à cet effet. Cette
mesure a été envisagée en vue de limiter les biais
liés à la traduction.
B- COLLECTE DES DONNEES ET ECHANTILLONNAGE
Il a été signalé dans les limites de la
littérature une insuffisance, voir une absence d'études
spécifiques dans la village Gboto Zévé. C'est pourquoi une
présentation de la zone d'étude sera nécessaire à
ce niveau. Ensuite seront tour à tour expliqués
l'échantillonnage, la méthode et les outils de collecte de
données.
1- Présentation de la zone
d'étude
Gboto Zévé est un village du canton Gboto,
situé dans la préfecture de Yoto, (région maritime au
Sud), à environ 80 Km au Nord-est de la capitale togolaise, Lomé
(voir figure 2, page 33).
Le canton Gboto est constitué de six (06) villages
à savoir Kossidamé, Assigamé, Amoussi, Vodoupé,
Zouvi et zévé. L'appellation de chacun de ses villages du canton
est généralement précédée du préfixe
« Gboto », d'où par exemple Gboto Zévé pour le
village Zévé. Tout comme l'on pourrait aussi dire Gboto
Kossigamé, Gboto Assigamé, etc.
De sources orales et selon les informations recueillies sur
les lieux, l'histoire révèle que les populations autochtones de
cette localité seraient originaires de l'actuelle ville de Oyo au
Nigéria. La langue parlée localement est le « waotchi
».
Figure 2 : Localisation de la zone
d'étude : le village Gboto Zévé
La population, d'un effectif de plus de 2 500 habitants, vit
essentiellement de l'agriculture vivrière. La culture du coton comme
culture de rente n'a pas connu un essor très favorable, malgré
l'engagement de certains planteurs.
Le premier centre de santé du village construit en l 961
comprenait 5 pièces dont :
- une salle de consultation ; - une salle d'accouchement ; -
une salle des accouchées ; - une salle de soins ;
- une salle pour garder le matériel de soins.
Ce dispensaire était géré par une
sage-femme formée par des religieuses (infirmières) de la
Providence Saint André de Kouvé (localité voisine).
En 1988-1989, une ONG Canadienne en collaboration avec
l'élite extérieure (EtatsUnis d'Amérique et France) du
village a construit un nouveau centre de santé qui devient
opérationnel le 2 janvier 1992. Il est actuellement dirigé par un
personnel qualifié dont :
- un infirmier diplômé d'Etat ; - une sage-femme
;
- un aide soignant ;
- un gérant.
Contrairement au premier dispensaire, le présent, d'une
capacité plus grande comprend sept (07) salles, une grande
véranda et un incinérateur. Il dessert également sept (
07) villages, fermes et hameaux voisins. (Voir détail en annexes
N°II et III).
Le village compte également d'autres infrastructures
telles que des écoles (maternelle, primaire et collège
d'enseignement général). Les populations disposent de l'eau
courante, d'un centre d'alphabétisation et d'une bibliothèque
communautaire. Mais cette dernière bien que fournie en livres, n'est
malheureusement pas utilisée par la communauté.
Le niveau et la qualité de vie des populations n'est
pas à apprécier. Car, la plupart des ménages vivent dans
la précarité et connaissent d'autres difficultés
liées aux conditions de vie difficiles propres au milieu rural africain
: la mauvaise qualité des routes, l'électrification rurale et
l'assainissement insuffisants.
2- Echantillonnage
Géographiquement, Gboto Zévé est un
carré constitué de quatre quartiers. C'est fort de cette
orientation que le plan d'échantillonnage a consisté à
recruter les participants aux quatre coins du village, par souci de
représentativité spatiale uniquement. Rappelons encore que la
méthode qualitative retenue n'exigeait pas une quantification
particulière de la population. Le souci majeur étant la
représentativité spatiale ainsi que les quotas d'ages et de
sexe.
La taille des groupes était de 12
personnes24, soit un total de 36 personnes pour les focus groups. On
note une faible représentativité des femmes et des jeunes dans
les groupes.
Le tableau qui suit donne la structure des différents
groupes selon le sexe.
Tableau 5 : Structure des focus groups
selon le sexe
|
Sexe
|
Total
|
Hommes
|
Femme
|
|
Groupe 1
|
8
|
4
|
12
|
Groupe2
|
8
|
4
|
12
|
Groupe3
|
11
|
1
|
12
|
Total
|
27
|
9
|
36
|
Source : Présente étude
Au delà de ces trois groupes de discussion, plusieurs
autres entretiens individuels et informels ont été menés
dans le but de la triangulation. Le tableau de la page suivante en donne les
détails selon le nombre et les cibles. Au total le nombre global des
personnes interviewées pour tous les types d'entretiens
réalisés est de 50.
24 Selon les normes méthodologiques de la
recherche en sciences sociales, la taille des groupes de discussion est de 8
à 12 personnes.
Tableau 6 : Taille globale de
l'échantillon
Type d'entretien
|
Nombre d'interviewés
|
Cible
|
Focus groups
|
36
|
Population de Gboto Zévé (Hommes, femmes,
jeunes)
|
Entretiens individuels
|
10
|
-Chef du village
-Personnel du centre de santé -Ministère de la
santé
-Elite du village à Lomé
-Personnel enseignant des écoles
|
Entretiens informels
|
4
|
-Informateurs clés de la communauté -Autres
personnes ressources
|
Total
|
50
|
Source : Présente étude
3- Méthode et Outils de collecte de
données
Selon le type de données recherchées, trois
méthodes de collecte ont été combinées. Il s'agit
de :
- la recherche documentaire pour circonscrire le cadre
théorique ;
- l'observation et l'entretien libre pendant la phase
exploratoire, pour
établir d'abord le contact avec le milieu d'étude
et les différents acteurs,
et pour compléter ensuite les données du cadre
théorique;
- l'entretien semi-directif pour recueillir les données de
terrain au sein de la zone d'étude ;
- la MARP (Méthode Accélérée de
Recherche Participative) pour rendre effective la participation des populations
au processus de recherche-action.
Pour collecter ces données diverses, les outils les mieux
adaptés étaient le guide de discussion semi-directif et les
outils participatifs de la MARP.
Le guide de discussion (voir annexe N° 1.), a
été utilisé pour l'animation des focus groups. Il
renfermait des questions ouvertes formulées à la suite de
l'opérationnalisation des variables qualitatives recherchées.
Les outils de la MARP quant à eux avaient pour but
d'opérer le diagnostic participatif. Il s'agit de renforcer la
participation des populations au processus de recherche-action, afin que
celles-ci soient considérées comme actrices plutôt que
spectatrices de leur propre développement. L'importance de cet outil qui
n'est plus à démontrer reste toujours d'actualité. Selon
Minfegue25 :
« Le diagnostic participatif semble aujourd'hui
être un outil de choix pour les organismes publics et organisations
(locales et internationales) intéressés par des planifications
locales d'action de développement. Cet outil qui apparait
diversifié dans ses phases d'utilisation, bien que posant des
problèmes méthodologiques liés à cette
diversité d'usage, peut apparaitre être un catalyseur de choix des
dynamiques endogènes de participation populaire mais aussi de promotion
locale de quelques principes de gouvernance à savoir : la transparence,
la reddition des comptes ou la démocratie (locale). »
Les trois outils de la MARP utilisés étaient les
suivants :
- l'arbre à problèmes pour visualiser de
façon collective les problèmes, leurs causes et leurs
conséquences. L'objectif final étant l'analyse approfondie des
causes les plus pertinentes pour la recherche commune des solutions
appropriées;
- l'arbre à solutions pour déterminer les actions
à mener et les résultats attendus;
- le diagramme de Venn ou diagramme des organisations pour la
collecte des données socio-institutionnelles. L'intérêt de
cet outil a été la visualisation des activités
économiques et relations sociales entre les
25 Minfegue, A., le diagnostic participatif comme
espace fortuit de projection, de concertation et de
«contrôle » entre « administrateurs » et «
administrés », les cahiers de l'IGAC, n°5, février
2011, p.1.
différentes organisations internes et externes à la
communauté, afin de susciter la discussion.
Il est à signaler que l'intérêt des outils
de la MARP utilisés ici dans cette étude est leur dimension
exploratoire, la phase de planification du changement ne pouvant encore
être envisagée à cette étape. Les données
ainsi recueillies ont été traitées et analysées
suivant un processus à trois étapes : la retranscription directe
des entretiens, l'analyse principale et l'analyse secondaire.
Les trois étapes de ce processus sont
détaillées à la section qui suit, consacrée
à la méthode de traitement et d'analyse des données.
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