2.1.1.3. Inhibition contrôlée et automatique.
John Hughling Jackson est à l'origine, à la fin
du 19ème siècle, d'une théorie novatrice sur
les déficits liés à un dommage cérébral.
D'après cet auteur, les déficits liés à une
lésion se focalisent sur les aspects les plus complexes alors que les
plus simples et donc les plus automatiques sont relativement
préservés (Gagnon & Goulet, 1992 ; in Siéroff, 2003).
Par la
suite, il a été exposé à diverses
reprises que les atteintes cérébrales perturbent peu les
caractéristiques les plus simples d'une fonction (par exemple,
dénommer la couleur de l'encre dans une tâche Stroop) alors que
les plus élevés semblent plus affectés (Siéroff,
2003).
Il existe donc une distinction pour certains auteurs
(Arbuthnott, 1995 ; Popp & Kipp, 1998 ; in Meulemans et al., 2004) entre
mécanismes intentionnels ou contrôlés et involontaires ou
automatiques. Une tâche d'inhibition contrôlée se
caractérise par l'aptitude à inhiber volontairement des
réponses prépondérantes ou spontanées lorsque c'est
requis. Ce type d'inhibition, de nature exécutive, est réduit
à la suppression consciente de réponses non appropriées.
Une tâche d'inhibition automatique nécessite des mécanismes
inhibiteurs se manifestent en dehors de la conscience. Ce type d'inhibition est
une réaction résiduelle automatique de traitement de
l'information appropriée. On la nomme généralement
inhibition réactionnelle (Meulemans et al., 2004).
2.1.1.4. Caractéristiques de l'inhibition
En 1975, Posner & Snyder mettaient en avant que
l'inhibition est un mécanisme actif de suppression. Ils ont mis en
évidence que pour qu'une action ou une information pertinente soit
sélectionnée, il est nécessaire que les actions ou
informations inappropriées soient inhibées. L'inhibition dans la
sélection s'exécuterait en fonction des caractères des
facteurs distracteurs et ceci pour permettre l'efficience des
procédés de traitement de la cible. Cette vision n'a pas toujours
été unanime, en effet Gathercole et Broadbent, 1987 (in Boujon,
2002) ont présagé que la baisse des interférences dues aux
distracteurs serait liée à un affaiblissement passif dans le
temps d'activation de leurs représentations.
L'inhibition est un phénomène adaptatif, son
effet sur le temps de réaction est lié, comme l'activation,
à la pertinence de l'information véhiculée par le stimulus
qui permet la réalisation de l'action (nommé indice ou amorce).
Quand l'indiçage apporte une contribution notable pour la
réalisation de l'action (fréquence concordante dans 80% des cas),
l'effet commun d'inhibition et de facilitation survient. Selon Posner et
Snyder, 1975 lorsque la fréquence de validité de l'indice baisse,
l'effet d'inhibition se dissipe. Ceci indique que l'effet d'inhibition est
adaptatif, volontaire et actif.
L'inhibition est un mécanisme central de suppression qui
intervient dans de nombreuses situations expérimentales, aussi bien
la dénomination d'objets que la décision lexicale ou encore
des épreuves de classification (Neill & Westberry, 1987). En effet,
elle peut se
manifester y compris lors de changements physiques ou
sémantiques du stimulus ou de la réponse.
L'initialisation est lente mais durable, elle prend entre 50
et 100ms, ce qui est lent comparativement à l'activation mais ce
phénomène dure quelques secondes (Neill & Westberry, 1987)
Ungerleider et Mishkin, 1992 (in Smith & Kosslyn, 2009)
ont démontré en induisant des lésions
cérébrales chez le singe qu'il y a 2 phénomènes qui
interviennent dans la sélection : le phénomène « what
» qui consiste à identifier la cible et le phénomène
« where » qui consiste à la localiser. La localisation serait
encodée précocement, laisse libre cours au processus
d'identification (Boujon, 2002).
Une variation quelconque de direction du mouvement au cours de
cette période entraîne un retard pour identifier la cible, c'est
ce qu'on appelle le phénomène d'inhibition de retour (IOR)
indiquant que l'inhibition se centrerait sur l'objet.
Robertson et al., 2004 (in Zhang & Zhang, 2006) ont
suggéré cependant que cet effet pourrait être
réinterprété en tant que processus spatiaux de
réorientation. Les résultats de Zhang et Zhang, 2006 vont dans ce
sens et indiquent que l'IOR basée sur l'objet dans les affichages
dynamiques résulterait davantage de la mise à jour de
l'inhibition spatiale plutôt que l'inhibition d'objet.
L'étape sur laquelle agirait l'inhibition
relèverait du but fixé par la tâche. Peu importe la
modalité perceptive des stimuli ou des réponses, l'effet
d'inhibition se maintient et reste similaire lors du maintien d'une
modalité ou du passage d'une à une autre. Lorsque la consigne est
définie selon un acte à effectuer au sein de la tâche, les
changements n'interviennent plus sur l'effet inhibiteur (Banich, 2004).
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