I ELABORATION THEORIQUE DU PROBLEME
I.1 ETAT DES LIEUX DES
RECHERCHES EN PSYCHOLOGIE SUR LA RÉANIMATION
I.1.a Approches athéoriques
épidémiologiques
Depuis environ 20 ans, différentes études
épidémiologiques ont mis en évidence la prévalence
importante de séquelles psychologiques à la suite
d'hospitalisations en réanimation. Ces études évaluent
l'état psychologique des malades à partir des
critères diagnostics du DSM-IV : anxiété,
dépression, troubles dissociatifs, syndrome de stress
post-traumatique.
Tableau récapitulatif des études récentes
en Europe
Etudes sur les patients
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Pays
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Sujets
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Anxiété
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Dépression
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Délire
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Stress post-traumatique
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STOLL et col. 1999
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Allemagne
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Intubés, ventilés, coma
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Après 2 ans :
40 % après choc septique
14 % après opération cardiaque
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POCHARD et col., 1999
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France
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43 malades
Intubés, ventilés.
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50%
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100%
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70%
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SWAISS et col. 2004
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Jordanie
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55 malades intubés, ventilés
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68 %
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CUTHBERSTON et col. 2004
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Royaume-Unis
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Tout malade
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22 % après 3 mois
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GRANBERG et al. 2002
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Suède
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19 Malades ventilés, chute d'hémoglobine
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100%
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CAPUZZO et col., 2005
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Italie
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Tout malade
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5 %
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Toutes les études (sauf une) montrent une
prévalence importante d'anxiété, de dépression, de
délire et de syndrome de stress post-traumatique. Ces troubles
entraînent des séquelles à long terme qui se mesurent par
la diminution de la qualité de vie, du sommeil, de la capacité
à travailler, ou de prendre du plaisir dans des activités
(PATTISON, 2005).
De nombreuses études complémentaires
auprès des familles, (AZOULAY et groupe FAMIREA, 2001 à 2005,
POCHARD, 1995) ont permis de proposer des améliorations concernant le
confort psychique des malades et des familles recommandant une attitude de soin
plus globale. Les efforts portent par exemple sur la communication entre
familles et soignants. (POTTECHER, 2001).En France, la juridiction (DECRETS,
2002) prévoient d'intégrer un psychologue aux équipes
soignantes, ainsi que l'aménagement d'heures de visite, d'une salle
d'attente et d'un lieu de réunion familles et médecins.
Quelques études de ce courant poussent encore plus loin
les recherches, car elles portent directement sur des transformations des
pratiques pour améliorer le confort psychique des malades, malgré
les rigidités des systèmes (sécurité,
responsabilités) et des mentalités culturelles (croyance de
l'existence de la famille anxiogène):
· La participation de la famille aux tournées des
médecins aurait pour effet de diminuer le stress, l'hostilité des
familles envers les soignants, et d'augmenter le sentiment de satisfaction des
familles, surtout des parents. De plus, l'auteur souligne le succès de
l'étude auprès de l'équipe soignante car non seulement
elle a pu être menée, surmontant les réticences des
équipes soignantes, mais celles-ci ont modifié leurs attitudes
face aux familles. (SCHILLER et coll., 2003).
· Les visites non-restrictives de la famille ont
été tentées en Italie, et il a été
montré que les complications cardio-circulatoires diminuaient depuis que
la famille peut visiter le malade à son gré. Ceci s'explique par
une réduction de l'anxiété confirmée par une
augmentation réduite de l'hormone stimulant la glande thyroïde
à la sortie. (FUMAGALLI et coll. 2006)
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