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La culture, opportunité politique, économique, touristique et sociale au profit des villes ? exemple de la ville de Nancy et ses grands rendez-vous

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par Mathilde Jannot
Université de la Sorbonne nouvelle- Paris III - Master 1 2010
  

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Mathilde Jannot
Université de la Sorbonne nouvelle- Paris III
Département de Médiation culturelle
M1 << Conception et direction de projets culturels »
Année 2009-2010

Mémoire
Sous la direction de Mme Cécile Camart

<< La culture ; opportunité politique, économique,
touristique et sociale au service des villes ?
Exemple de la ville de Nancy et ses grands rendez-vous. »

Remerciements :

Je voudrais, pour ce mémoire, adresser mes remerciements à plusieurs personnes parmi lesquelles :

Mme Cécile Camart, ma directrice de mémoire, qui a accepté de me diriger, sachant répondre à mes interrogations et me guider dans mes lectures aux bons moments ;

Philippe et Nadine Martin, qui m'ont aidé à définir mon sujet et qui ont été particulièrement présents pour moi cette année ;

M. Michel Maigret et sa collaboratrice Mme Sylvie Liotet, qui m'ont fait la gentillesse de me recevoir dans leur bureau à Nancy, ont répondu avec patience à mes questions et m'ont communiqué un certain nombre de ressources particulièrement opportunes pour mon mémoire ;

Les conservatrices des trois musées de Nancy, Mme Blandine Chavanne (Musée des Beaux Arts, actuellement aux Musée des Beaux Arts de Nantes), Mme Francine Roze (Musée Lorrain), Mme Valérie Thomas (Musée de l'Ecole de Nancy), la directrice des Affaires culturelles de la ville de Nancy, Mme Véronique Noël, M. Gérard Coing, chargé de valorisation du patrimoine à la DRAC Lorraine qui ont eu la bonté de répondre à mes questions le plus honnêtement possible malgré leurs emplois du temps respectifs chargés ;

M. Frédéric Poulard qui m'a gracieusement communiqué sa these - introuvable en bibliothèque à un moment crucial de ma recherche - ;

Les bibliothécaires de la BNF, de Sainte-Geneviève, de Sainte Barbe, Ruben et Lucien de Paris III qui m'ont permis d'effectuer mes recherches dans des conditions particulièrement agréables ;

Mes amis qui se sont intéressés, de près ou de loin à mon mémoire, qui m'ont supportée, m'ont guidée, éclairée au cours de riches discussions tout au long de cette année, plus particulièrement Aleksandra, Alice, Antoine (merci pour l'aide informatique !), Arnaud F., Arnaud V., Baptiste, Blandine, Camélia (merci pour la relecture !) Cécile, Clémentine, Elise, Gautier, Géraldine, Emmanuelle, Lauriane, Leticia (merci pour l'ordinateur !), Lisa, Loïc, Luca, Margarita, Marinette, Marion, Mathilde F., Maud, Mélanie B., Mélanie M., Thibault, Valérie.

Mes cousins et cousines, proches ou plus lointains, mes oncles et tantes, mes grands parents, mes soeurs et les proches de la famille qui se sont intéressés à mon sujet en me faisant part de certaines réflexions.

Mes parents qui ont su susciter mon intérêt pour l'art et la culture et qui se sont montrés attentifs et patients pour ce mémoire.

Enfin, comme je déteste les impairs, que tous ceux qui ne sont pas remerciés ici - et qui devraient l'être - le soient par cette page de remerciements.

« Plus on veut, mieux on veut.

Plus on travaille, mieux on travaille, et plus on veut travailler. Plus on produit, plus on devient fécond. »

Charles Baudelaire, Fusées, 1887

« (...) Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez (...) »
Nicolas Boileau, Art poétique.

« En essayant continuellement, on finit par réussir.
Donc plus ça rate, plus on a de chances que ça marche »
Jacques Rouxel, Les Shadocks.

Sommaire

Remerciements : 2

Sommaire 4

Introduction 6

I. Le patrimoine, outil identitaire de lien social ? 14

A. Démocratisation de la culture dans la ville ou renforcement du sentiment identitaire ?14

1. Justifier socialement l'action culturelle 15

2. Un thème socialement fédérateur ? 19

B. Le patrimoine « la mémoire embellie » ? 24

1. Valeur d'existence et de non-usage du patrimoine et des monuments 24

2. Deux versants modernes de l'événement autour du patrimoine : la contemporanéité et

II.

la prospective.

Les enjeux pour la ville : visibilité et attractivité

27
29

A.

 
 

Une mutualisation financière de moyens

29

 

1.

 

Les acteurs institutionnels.

29

 

2.

 

Mécènes et entreprises partenaires

30

B.

 
 

Légitimer l'action publique

31

 

1.

 

« Ne pas jouer cavalier seul »

31

 
 

a)

De la nécessaire mise en place d'une gouvernance

31

 
 

b)

Réseaux et partenariats

33

 
 

2.

 

L'outil médiatique

36

 
 

a)

« Les médias en parlent »

36

 
 

b)

Utiliser les nouvelles technologies de l'information et de la communication.

38

 

C.

 
 

Les retombées

40

 

1.

 

Les retombées économiques pour les acteurs locaux et pour la ville

40

 
 
 
 

4

2. Les retombées symboliques 43

III. Les acteurs locaux : une confrontation ? 48

A. Le regard des élus 48

1. Instrumentaliser la culture ? 48

2. Dérive vers le « tout commercial »? 49

3. Une « politique paillette » et une ingérence dans le contenu scientifique? 53

B. Les professionnelles de la culture : directrice des affaires culturelles et conservatrices,

garantes des institutions. 55

1. La directrice des affaires culturelles, une intermédiaire ? 55

2. Les conservatrices, scientifiques dans une « tour d'ivoire » ? 56

Conclusion 66

Bibliographie 70

Annexes 79

Introduction

Depuis les années 1970, on assiste de façon globale en France à une certaine municipalisation de la culture renforcée par les lois de décentralisation de 1982 et 1983. L'action publique s'est ainsi territorialisée faisant des villes les « nouveaux centres de commandement culturel »1 bien que chaque échelon territorial ait voulu conserver des compétences dans le domaine culturel. La culture constituait rarement à elle seule un élément moteur d'action et de développement, excepté si la présence d'un patrimoine important le justifiait.2 La culture était considérée comme un champ d'action possible, venant agrémenter les équipements sanitaires, sociaux et éducatifs. On retiendra pour l'acception du mot culture, la définition adoptée par l'UNESCO à Mexico en 1982 : « l'ensemble des traits distinctifs spirituel et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les

1 Cf. G. Saez « La dynamique de la coopération culturelle : de la décentralisation à la territorialisation de l'action publique » dans P. Poirrier et R. Rizzardo (dir.), Une ambition partagée ? La coopération entre le Ministère de la Culture et des Communications et les collectivités territoriales (1959-2009), Paris, Collection du Comité d'Histoire du Ministère de la Culture et des Communications, 2009, p.41.

2 Cf. C. Boussemart (dir.), Diriger un service des affaires culturelles, p.4.

traditions et les croyances ». Celle-ci s'apparente désormais à un must pouvant contribuer au développement économique du territoire et au bien-être urbain.3 Alors qu'auparavant l'aménagement culturel du territoire constituait une charge, il est de plus en plus perçu comme une stratégie. C'est un investissement au profit de la population. De plus en plus dans les mégapoles, le lien social tend à se déliter, il peut, de fait, être intéressant, politiquement, de caractériser un territoire par ses équipements (musée, opéra, théâtre, bibliotheque, conservatoire,...) et manifestations culturelles (festivals, expositions, concerts, représentations...). Les villes sont devenues des « entrepreneurs culturels », impliquées non seulement dans l'organisation de manifestations temporaires mais aussi dans la gestion directe la responsabilité d'équipements institutionnels et dans leurs dépenses de fonctionnement tout comme dans la régie de l'animation culturelle avec les associations. De fait, la part des budgets municipaux allouée à la culture n'est plus négligeable. Le poids financier des communes est deux fois plus grand que celui du Ministère de la Culture et de la Communication.4 A ce titre, la ville de Nancy y consacre 23% de son budget global.5

Parallèlement l'intérêt croissant pour les « expositions-événements »6, enclaves temporaires réunissant de façon unique - ou voulue comme telle- des objets au nom d'un propos précis, ne désemplit pas. Ces expositions sacralisent les grandes figures de la modernité incitant fortement à la visite. Qualifiées parfois - à l'instar du cinéma - d'expositions « blockbuster », phénomène amorcé par l'exposition Toutankhamon au Grand Palais en 1975, cela semble être devenu le lieu commun des musées au détriment parfois d'une visite plus méthodique des collections permanentes. Cette expérience, en apparence réservée aux musées tend à s'inscrire sur une aire géographique plus large, le périmetre d'une ville ou d'une collectivité territoriale, tendant ainsi à la muséifier toute entière. On voit de plus en plus des opérations à caractère plus ou moins récurrent se multiplier tels les festivals ou les années à theme. L'innovation de ce type d'opérations dont la particularité antinomique est d'être éphémere nécessitant en amont, une préparation

3 Cf. l'article de C. Younès, « La culture, matière de la ville et de la citadinité », L'observatoire n°34, décembre 2008, pp.25-26.

4 Cf. Françoise Lucchini, La culture des villes, p.123.

5 Source : Mme Véronique Noël, Directrice des Affaires Culturelles de la ville de Nancy.

6 Cf. R. Rapetti « L'exposition-événement », pp.55-65, GALARD Jean (dir.), L'avenir des musées, Editions de la RMN, Paris, 2001.

coûteuse et complexe, tend à se dépersonnaliser dans le paysage français.7 On peut penser pour ces dernières années à Lille 2004, l'année Jules Verne à Nantes et Les Cinq Continents à Amiens en 2005 ou encore l'année Cézanne en Provence. Cependant, on est quelquefois loin d'un « effet Bilbao » en France, puisque si les villes consacrent une part de leur budget à la culture, cela reste dans des proportions raisonnables, sans nécessairement recréer une identité locale et redévelopper toute une économie dédiée uniquement - ou presque - à la culture.

L'année à theme est un événement unique parce qu'elle rassemble des objets précieux au nom d'un discours spécifique, parce qu'elle est rare et généralement exclusive sur un temps et une aire géographique donnés. Si ces manifestations culturelles temporaires sont de plus en plus nombreuses, c'est aussi parce qu' « elles jouent un rôle important, en renouvelant l'intérêt des publics d'amateurs comme [du] grand public sensible à leur caractère exceptionnel. »8 Tandis que les chercheurs ont toujours la possibilité d'entrer dans les réserves d'un musée, l'exposition reste le moyen unique pour le grand public d'avoir accès à des trésors.9 L'émergence de ce type d'activités culturelles consacre une autre forme de culture, tournée aussi vers la fête et le spectacle mais peut également être un « catalyseur de grands projets urbains »10, inscrit éventuellement dans une politique budgétaire à plus long terme. La ville de Nancy a initié ce processus de grands événements dès 1992.

Depuis la fin du XVe siècle, Nancy, ville de 106 300 habitants actuellement (agglomération 258 268 habitants11), témoigne d'un intérêt prégnant pour la culture à de multiples reprises. Après la bataille contre Charles le Téméraire en 1475, les ducs de Lorraine établissent résidence à Nancy et la cour s'y fixe. René II (1451-1508), libérateur de la ville, homme de culture, amoureux des livres, transforme la cité ducale en un centre intellectuel et artistique autour d'une cour composée d'écrivains et d'artistes. Charles III (1543-1608) entreprend l'urbanisation de la ville. C'est sous son règne que le graveur Jacques Callot connaît ses heures de gloire. Le duc Léopold (1698-1729) favorise le

7 Cf. J.Barré, « De l'opportunité médiatique à la tyrannie commerciale », Cahiers Espaces, n° 74, août 2002, p.8.

8Cf. V.Patin, Tourisme et patrimoine, p.43.

9 Cf. R. Montpetit, « L'exposition un geste envers des visiteurs », pp.29-33 dans Médiamorphoses, n°9,2003.

10 Cf. H.Salllet-Lavorel, P.Lecroart, « Quels sont les impacts des grands événements sur les métropoles ? », dans Cahiers Espaces n° 74, août 2002, p.41.

11 http://www.eco-grandnancy.com/francais/3/population.php4

développement économique de la ville après des heures sombres pour la ville. C'est véritablement sous Stanislas Leszczynski (1738-1766) que la ville connaît sa période faste : il fonde le Collège de médecine, la Société royale de sciences et des belles-lettres et l'opéra en 1750. La place qui porte son nom fait découvrir le génie d'Emmanuel Héré et Jean Lamour tandis qu'Emilie du Châtelet est présente à la cour. Voltaire y publia Zadig. Capitale de la revanche après la guerre de 1870, la ville connaît de nouveau un véritable essor avec l'immigration des pays annexés, une industrialisation accélérée et l'héritage de fonctions administratives et culturelles qui incombaient à Metz et Strasbourg, ainsi que l'épanouissement du courant « Art Nouveau » avec Prouvé, Majorelle, Gruber, Gallé et Daum. La ville n'est pas épargnée par les bombardements lors de la première guerre mondiale. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la ville connaît un taux de croissance très marqué et l'université et les grandes écoles sont le fleuron local. Même si Metz est choisie comme capitale régionale, Nancy ne se désarme pas et continue à faire prospérer son patrimoine.

En 1992, on célèbre l'année [de naissance] Jacques Callot, avec une rétrospective de la totalité de l'oeuvre gravée de Callot au musée Lorrain et un cycle de conférence à l'extérieur du musée où les oeuvres sont habituellement situées.

« La différence de cet événement par rapport aux expositions « classiques » est que Callot a été utilisé pour les fêtes de quartiers, le Carnaval s'est fait en partenariat avec les écoles avec les enfants dont les déguisements étaient inspirés des gravures de Callot. L'événement touche les différentes classes de population »12.

L'année Callot a été un réel succès sur le plan local. De fait, pour marquer le passage à l'an 2000 et stimuler une cohésion sociale entre les habitants, la ville réitère l'opération autour de la thématique de l'école de Nancy en 1999. L'année fait coïncider la réouverture du Musée des Beaux Arts, après trois années de travaux, ainsi que les galeries Poirel. Une mission « Ecole de Nancy » constituée de cinq personnes est crée. Cette dernière est en lien permanent avec le maire de Nancy, André Rossinot, l'adjoint à la Culture Dominique Flon ainsi que le vice-président chargé de la culture et du tourisme de la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN) Jean-Paul Jurin. En parallèle est crée

12 Entretien avec M. Maigret, 20 janvier 2010, CUGN Nancy. M. Michel Maigret est responsable depuis avril 2009 de la mission Renaissance à la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN). Bien que sur l'organigramme de la CUGN on puisse lire qu'il est Directeur général des grands événements, il est assigné à la fonction de chef de mission. Au préalable, il était directeur du pôle Culture et Sport.

un conseil scientifique qui a pour vocation de valider le programme, donner des idées et assurer la cohérence de l'événement. La mission se charge quant à elle, de la conception et de la réalisation de l'événement : de la programmation en partenariat évident avec les institutions de la ville et de l'agglomération, de la communication, de la diffusion en passant notamment par la gestion du budget et la recherche de financements. Sur une période de quatre mois, on concentre un maximum d'événements de plus ou moins grandes ampleurs. On fait converger toutes les formes de culture autour de la thématique de l'école de Nancy. Spectacles, opéras, pièces de théâtre, expositions dans les musées et les bibliothèques, colloques, programmation filmique mais également manifestations à caractère plus populaire comme le Carnaval ou une vente de fleurs, possèdent un lien étroit avec le thème choisi. La concentration de manifestations « lourdes » au niveau logistique (type restauration) et « légères »13 (telles les colloques, les représentations théâtrales) est au coeur de l'actualité. L'événement attire de nombreux visiteurs dont la majorité est nancéienne et l'opération est un réel succès pour la ville et l'économie locale. Entre la réouverture du Musée des Beaux Arts et l'inauguration de la premiere exposition post-rénovation (du 5 février au 23 avril 1999), 75 000 visiteurs se sont précipités pour visiter le musée dans son écrin retrouvé.14

L'opération ayant été une réussite, la ville décide de renouveler l'événement en 2005. Le projet comporte cette fois-ci une optique plus politique, étant donné qu'il correspond non seulement au 250e anniversaire de la place Stanislas mais aussi à sa piétonisation. En effet, la place, classée au patrimoine de l'UNESCO, était un véritable noeud de circulation puisqu'environ 18 000 voitures l'empruntaient chaque jour. Les bâtiments alentours sont nettoyés, la place est repavée redonnant ainsi à la ville son ancienne place royale dans un nouvel écrin.15 L'inauguration de la place Stanislas avec un feu d'artifice est le point de départ des festivités « Nancy 2005, le temps des Lumières ». L'événement s'étend sur l'année complete, concentrant environ 180 événements d'envergure plus ou moins importante avec pour toile de fond, la thématique des Lumières,

13 Légères dans la mesure où c'est le fait quotidien des programmateurs culturels - peut importe l'entité qu'ils incarnent -. Par leur récurrence dans un programme culturel, on sait anticiper ces manifestations et les gérer plus facilement qu'une opération de grande envergure.

14 Cf. F. Loyer, J.P Midant, B. Salmon, Peinture et Art nouveau, Musée des Beaux Arts de Nancy, 24 avril26 juillet 1999, Paris, RMN, 1999, p.11.

15 Dans les catalogues d'exposition ou de collections permanentes correspondant à la dite période, il est intéressant de noter que, dans les préfaces, le terme est employé non seulement par les élus municipaux que par les conservateurs.

appliquée plus spécifiquement à Nancy par la présence de Stanislas. Le modèle de préparation de ce grand rendez-vous - tel qu'il est dénommé par la municipalité16- fonctionne sur le même principe que celui de 1999 avec une mission composée, cette fois-ci de quinze personnes, et d'un conseil scientifique. Celle-ci travaille en étroite collaboration avec le maire, l'adjoint à la culture de la ville de Nancy, Laurent Hénart et la vice-présidente chargée de la culture et du tourisme de la Communauté Urbaine du Grand Nancy, Béatrice De Martin. La renommée de la place Stanislas fait sa propre publicité pour attirer Nancéiens, touristes régionaux, nationaux et étrangers et quoique l'événement soit statistiquement moins satisfaisant qu'en 1999, on décide, presque dès sa clôture17, de planifier pour 2012 un événement voulu tout aussi fédérateur autour du patrimoine Renaissance de la ville.

La différence majeure de 2012 est que la conception ne passera plus par une mission, recrutée par un appel d'offres mais se fait d'ores et déjà en interne à la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN). Actuellement, M. Maigret, assisté d'une stagiaire, Mme Liotet, sont seuls pour porter le projet. Cependant, ils travaillent toujours avec les institutions culturelles municipales, André Rossinot, Laurent Hénart et la viceprésidente chargée de la culture et du tourisme de la Communauté Urbaine du Grand Nancy Marie-Christine Leroy aidés d'un conseil scientifique. En 2012, l'achèvement de la rénovation du Musée Lorrain coïncidera avec ce nouveau grand rendez-vous. L'événement a pour but de faire connaître et de mettre en valeur, outre le patrimoine Renaissance de Nancy ; celui de la Lorraine, beaucoup moins connu que celui de la Loire, mais néanmoins présent.

Ces trois rendez-vous sont quant à eux construits en amont, à la différence d'un fait historique qui est choisi. Ces événements ont été des moments importants de rencontres et dont on se souvient. Lors de ces expositions, spectacles, conférences et animations touristiques autour d'un theme fédérateur ; universitaires, conservateurs de musées, scientifiques, sociologues, philosophes, hommes politiques, office de tourisme et hôteliers, se sont rencontrés, ont travaillé ensemble, au profit des Nancéiens. Outre les répercussions culturelles que ces événements ont provoqués, ces rendez-vous ont eu un retentissement

16 http://www.nancy.fr/culturelle/rdv_et_festival/html/nancy2005.php

17 2007

sur l'économie et le tourisme local ainsi qu'une résonance dans les médias, à l'échelle locale, nationale et internationale.

On essaiera de savoir, au fil de notre recherche, si, au travers de l'exemple des grands rendez-vous nancéiens, la culture peut - ou non - servir d'opportunité politique, économique, touristique et sociale aux villes. On s'appuiera essentiellement sur « Nancy 2005, le temps des Lumières », étant donné que pour cette période, les données sont les plus fournies. Néanmoins, rien n'empêchera de faire quelques incartades en évoquant les événements précédents qui servent de modèle à 2005 ni d'utiliser 2012, dans la mesure où le rendez-vous est en préparation.

On tentera dans cette étude d'observer le rôle de la culture, plus particulièrement celui des musées et du patrimoine, et de voir dans quelle mesure la culture peut répondre à certaines des attentes municipales. On peut ainsi se demander s'il s'agit d'animer réellement le patrimoine local pour donner - ou redonner - une dynamique culturelle à la ville. Quel est dans ce cas le rôle social du musée et du patrimoine ? En voulant créer ou recréer une cohésion entre les habitants, cherche t'on à renforcer la démocratisation de la culture ? De même, on pourra s'interroger sur le choix du theme, de la façon dont il peut être actuel, alors qu'il est historiquement plus ou moins lointain et la façon dont il est orienté. Le sujet n'est-il pas finalement consensuel ? Y a-t-il une mise en scène particulière du patrimoine pour le grand public ? Comment parvient-on à fédérer les gens d'appartenances sociales différentes autour d'un theme ? Pour reprendre l'expression de Grignon et Passeron, comment mélanger « le savant et le populaire »18? Veut-on impulser un sentiment identitaire chez les Nancéiens ? On essaiera de voir quelle est l'utilisation actuelle du patrimoine, si quelque part, venir célébrer un patrimoine ne signifie pas rester attaché au passé sans voir l'avenir en nuançant avec l'emploi de la création contemporaine dans la ville.

On analysera ensuite les enjeux pour la ville en termes de visibilité et d'attractivité. Pécuniairement, il y a également des ressorts à mettre en jeu : qui doit payer l'événement et comment légitimer des dépenses culturelles auprès des habitants ? Comment s'organise la gestion de l'événement ? Qui décide de créer l'événement ? L'intérêt, dans le cas qui nous intéressera, est pour la ville de Nancy et les Nancéiens mais est-ce seulement la ville

18 C. Grignon, J.C.Passeron, Le savant et le populaire, Paris, Gallimard, Le Seuil, 1989.

de Nancy à elle seule qui finance ? Quelle est la contrepartie économique pour la ville en matière de développement ? Quelles sont les méthodes utilisées pour justifier une action d'une telle envergure ? L'appui de partenaires suffit-il à justifier l'événement ? Les médias sont-ils un moyen de légitimer l'action ? Quelles sont les retombées économiques pures ? A qui profite l'événement ? Quelles sont également les retombées symboliques en termes d'image véhiculée mais également en termes d'image de soi pour la ville?

Enfin, on s'interrogera sur le rapport qu'entretiennent les élus avec les professionnels de la culture et leurs corollaires. Il conviendra de s'interroger sur le fondement intellectuel de l'événement. Qui décide de créer l'événement ? La volonté de « faire événement » émane t'elle des musées et du choix des conservateurs, qui ont, dans le cas de Nancy, des thématiques antinomiques ? Y a-t-il une volonté des élus d'instrumentaliser la culture en menant une « politique-paillette » ? Y a-t-il une instrumentalisation de la culture ? Y a-t-il des dérives vers des effets inattendus, manifestement contradictoires avec la culture ? Peut-on parler de produits d'appels culturels ? Certains médiateurs interviennent-ils entre élus et conservateurs ? Quel est leur rôle ? Quelles sont les retombées pour les musées ? De quelle façon agissent les professionnels de la culture : sont-ils les libres décideurs de ce qu'ils avancent ? Leur choix est-il dicté ? La présence d'intervenants extérieurs à la municipalité garantit-elle une sincérité des propos ?

I. Le patrimoine, outil identitaire de lien social ?

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille