III. Les acteurs locaux : une confrontation ?
A. Le regard des élus
1. Instrumentaliser la culture ?
Il semble que le choix émanant en première
instance d'une « logique des idées »143 de la part des
élus, qui répondent à leurs propres exigences, où
la culture est envisagée comme une fin en soi pour la ville, puisse
être contestable dans la mesure où ce choix peut s'apparenter
à une instrumentalisation de la culture. Cette instrumentalisation
découlant des retombées induites par l'événement
qui ne sont pas explicitement dévoilées lors de l'annonce de
celui-ci. Ces objectifs sont de l'ordre de l'impact en termes d'image et de
développement. Même si ce bénéfice est difficile
à mesurer statistiquement, tous les acteurs de la ville sont unanimes
sur l'importance qu'a l'image médiatique et symbolique sur le
développement économique. « 74% [des résidents de la
Communauté Urbaine] estiment qu'ils [les événements] ont
mobilisé l'ensemble des acteurs politiques, économiques et
culturels de la région »144. Si l'on en croit Alain
Faure145, « chaque collectivité souhaite, (...),
acquérir sur le plan culturel des lettres de noblesse (rayonnement
artistique, renommée sportive, patrimoine architectural) afin de
promouvoir
142 C'est nous qui soulignons.
143 Cf. F. Lucchini, op.cit, p.44.
144 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.16.
145Cf. A. Faure, « Les élus locaux
à l'épreuve de la décentralisation », Revue
française de science politique, 44 (3), 1994, pp.462-479.
Cité p.145 par F. Poulard, op.cit.
conjointement les atouts de l'identité
géographique et les impératifs de la vitalité
socioéconomique. ». Dans le cas de Nancy, il s'agit
d'établir une image de marque renouvelée en restant fidèle
à son histoire, à son patrimoine et aux valeurs qui lui ont
permis de se construire telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui,
plutôt que s'installer dans une compétitivité avec d'autres
villes du Grand Est, ce que manifeste le maire :
« Nancy a fait le choix depuis un certain nombre
d'années, et notamment en 1999 lorsqu'a été
organisée l'année de l'Ecole de Nancy, d'utiliser sa richesse
patrimoniale et culturelle pour faire parler d'elle. (...) Nous faire
connaître à partir de ces références, c'est garantir
l'attractivité du territoire ". 146
Il s'agit d'apporter un « plus " aux services
traditionnels que proposent la ville et la Communauté Urbaine par le
biais d'une animation spéciale, qui contribue à rassembler toutes
les instances de la ville, toutes tendances politique et sociale confondues. On
peut croire qu'il s'agit de coups médiatiques qui font
événement uniquement en attirant un public extérieur qui
diffuse aussi l'information. Cependant, on peut observer dans ces
manifestations une certaine tendance à mélanger des
éléments étrangers à la culture. La politique
culturelle de la ville intervient « comme résultat de choix,
élaborés en amont, à partir des motivations des acteurs
urbains en terme de domaines culturels plus implicitement, ces choix
relèvent de stratégies politiques liées à la
perception de la notion de culture "147. Ainsi, par l'action
d'urbanisation et de piétonisation menée avec la
rénovation de la place Stanislas et des espaces du XVIIIe siècle,
il s'agit aussi pour la ville et la Communauté Urbaine de faire
converger des éléments culturels en rapport direct avec cette
restauration. Il s'agit d'une stratégie d'urbanisation globale et non
d'appositions d'événements culturels aux équipements
déjà en place portée par une volonté et un
consensus politique fort.
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