C. Les retombées
La valorisation touristique du patrimoine favorise la
croissance économique en développant des activités
touristiques génératrices de recettes financières et
d'emplois directs, indirects et induits mais aussi d'effets nettement moins
mesurables économiquement.
1. Les retombées économiques pour les acteurs
locaux et pour la
yille
84% des habitants « estiment qu'ils [ce type
d'événements] ont été utiles pour l'activité
économique du territoire, 81% pour la mobilisation des acteurs
économiques locaux ».117 Des événements
concentrant une telle densité de micro-événements peuvent
en effet inviter des gens à passer plus d'une journée sur les
lieux. Les sites touchés par l'événement vont
bénéficier directement des droits d'entrées et des ventes
associées. Nous les aborderons ultérieurement. Cependant, il
existe des retombées beaucoup plus importantes que les recettes directes
de l'exploitation des monuments et des musées. Elles concernent les
recettes des dépenses effectuées à proximité de ces
sites, « la valeur d'usage directe »118de ceux-ci. Ces
dépenses s'appliquent entre autre à l'hébergement, la
restauration, aux commerces - excepté les ventes associées aux
droits d'entrée - aux activités de loisirs, aux transports et aux
services. Ce sont des retombées économiques induites par
l'événement. L'événement apporte une
opportunité de richesse pour l'économie locale. On estime
à environ 720 000, les nuitées dans les hôtels de
l'agglomération, dont 20% concernaient la clientele
étrangère119. Sur la base d'une dépense moyenne
de 55€ par nuitée, cette fréquentation aurait
généré de l'ordre de 39,5 millions
117 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.15.
118 Cf. V. Patin, op.cit, p.135.
119 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le
bilan, p.19.
d'euros pour l'économie locale120. Sans
oublier toutefois les répercussions économiques pour les finances
locales de cette fréquentation touristique, à savoir les
parkings, les taxes prélevées sur les opérateurs
touristiques et les commerces (taxes de séjour, taxes professionnelles)
dont les collectivités locales étaient
bénéficiaires. Il est évident que si la ville impulse un
événement culturel générateur de fonds
monétaires importants pour l'économie locale, elle entend que
commerçants et opérateurs du tourisme y participent. Ces derniers
ont tout intérêt à s'allier à la ville pour
permettre ces chiffres d'affaires, dans leurs avantages propres et pour la
ville, par effet dérivé. Ils peuvent être les demandeurs de
ce genre de mobilisations.
L'importance des consommations connexes et des
bénéfices indirects sur la ville croît d'autant plus si
l'offre locale est adaptée à l'événement
culturel.121 Sur toute la durée de l'événement,
vingt-sept restaurants ont proposé un menu ou des plats inspirés
de la cuisine du XVIIIe siècle, cent soixante commerces se sont fait les
relais de l'événement en devenant « ambassadeur 2005
»122 en offrant dans leurs commerces des informations sur les
événements, des visites guidées ou la possibilité
de visiter gratuitement des expositions. Parmi ces ambassadeurs, les cafetiers
et restaurateurs offraient à leurs clients des mugs à l'effigie
de la Place Stanislas, les pâtissiers apposaient des portraits de
Stanislas sur leurs desserts. Cinquante-trois commerçants ont
également décoré leur vitrine aux couleurs
XVIIIème123. Parfois, les commerçants peuvent aussi
être demandeurs de ce genre de projets pour relancer l'économie
locale. D'où la nécessité pour les acteurs
économiques de la ville de travailler en collaboration avec l'office de
tourisme qui reste le premier interlocuteur avec le touriste en lui fournissant
à la fois la documentation sur les offres culturelles et les
possibilités d'hébergement et de restauration. La participation
des Comités Départementaux et Régionaux du Tourisme ne
sont pas accessoires puisqu'ils contribuent à la promotion du territoire
notamment en menant des actions de visibilité sur les salons à
l'étranger et en offrant des publications à destination des
touristes en langues étrangères. En 2005, la clientèle
hôtelière étrangère a généré
136 412 nuitées et provenait essentiellement des pays voisins et /ou
frontaliers : la Belgique, les Pays-Bas et
120 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le
bilan, p.33
121 Cf. J.M Tobelem, op.cit, p.139.
122 L'initiative du label « ambassadeur 2005 » revient
à la Chambre de commerce et d'industrie, qui l'avait déjà
testé en 1999.
123 Cf. Nancy2005, le temps des Lumières, le
bilan, p.35.
l'Allemagne qui représentent 45% du total des
étrangers, le Royaume Uni en représente 17,5%124.
D'où également la nécessité de
travailler avec les tours opérator pour faire des forfaits. La
contribution économique d'un groupe est plus importante parce qu'elle a
un effet multiplicateur : 50 personnes dans un bus sur une seule place de
parking, 50 nuits d'hôtels, 50 repas, 50 petits déjeuners, 50
entrées pour une exposition et/ou un spectacle... mais aussi parce que
l'effet économique pour la ville est beaucoup plus mesurable qu'un
visiteur individuel qui peut venir dans la famille ou chez des amis par
exemple. Selon l'enquête IFOP, les événements « ont
également permis à près d'un tiers des interviewés
(31%), (...), d'accueillir de la famille ou des amis. »125.
L'office de tourisme a tout de même accueilli 449 611 visiteurs
individuels en 2005 contre 208 877 sur la même période en 2004. -
A titre de comparaison, l'affluence moyenne à l'office de tourisme
estimée entre mai et juillet 1999 durant l'Année de
l'école de Nancy ; pour la même période en 2005, ce chiffre
s'établissait à 1714 visiteurs quotidiens.126_ Il est
ainsi nécessaire d'anticiper ces prévisions statistiques et
d'avoir les équipements matériels suffisants pour accueillir
autant
d' « invités ».
Le concours d'infrastructures de transport s'annonce
nécessaire, d'une part pour amener des visiteurs, potentiels
consommateurs, dans la ville. D'autre part, pour qu'ils
puissent se rendre d'un point à un autre, une fois
arrivés. Ainsi, la ville et la CommunautéUrbaine
mettent en place des tarifs spécifiques pour les bus et le tramway pour
les
visiteurs. Et si les tendances urbanistiques françaises
sont à la piétonisation ainsi qu'à une circulation moins
dense, on est en droit de penser que l'installation des
vélostan'lib® fin 2008, sur le même principe que les
Vlove® de Lyon ou les Vélib'® de Paris, pourrait faire l'objet
d'offres promotionnelles aussi pour 2012. De même, la SNCF, contribue
également à faire venir des visiteurs à Nancy. Nous
l'avons vu, d'une part grace à l'impression de pochettes de billet
distribuées en France mais également en proposant des offres
promotionnelles spécifiques à l'événement. On peut
imaginer que la SNCF renouvellera en 2012 le même type de
réductions au niveau national qu'elle a proposé lors de
l'arrivée du
124 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le
bilan, p.33.
125 Cf. Etude IFOP, op.cit, p.12.
126 Cf. Nancy 2005, le temps des Lumières, le
bilan, p.31.
TGV en Lorraine ou pour l'ouverture de Beaubourg à Metz,
comme au niveau régional avec des offres à la journée pour
les ter.127
En outre, les travaux de réhabilitation des
bâtiments et des monuments historiques effectués à travers
la ville, menés dans la mesure du possible, en fonction de l'état
du monument, donc pas nécessairement liés au tourisme,
génèrent à la fois du chiffre d'affaires pour les
entreprises locales ainsi que des emplois indirects.
La ville, comme les acteurs de l'économie locale ont
chacun des intérêts latents dans ce type d'opérations. Les
commerçants, restaurateurs, hôteliers... ont tout avantage
à s'intéresser aux fondements culturels de
l'événement et à faire graviter des animations prolongeant
les événements, parce qu'elles sont susceptibles
d'accroître de façon notable leurs propres chiffres d'affaires
tandis que la ville et la Communauté Urbaine, instigatrices du projet
ont plutôt un rôle d'« effet de levier ». Excepté
les ressources financières qu'elles sont susceptibles de percevoir,
elles attendent également des retombées d'un autre ordre.
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