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La culture, opportunité politique, économique, touristique et sociale au profit des villes ? exemple de la ville de Nancy et ses grands rendez-vous

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par Mathilde Jannot
Université de la Sorbonne nouvelle- Paris III - Master 1 2010
  

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2. Les retombées symboliques

La rentabilité d'un événement est objectivement mesurable par les chiffres, mais aussi par des retombées plus immatérielles, difficilement quantifiables. Il existe des « bénéfices non financiers » à savoir les bénéfices en termes d'image. 128 L'image est à la fois véhiculée par les médias mais aussi grâce au tourisme.

Les opérations de communication comme les timbres ou les pochettes SNCF à l'effigie de Nancy, les apparitions répétées dans les médias par une pression de l'image et du discours permettent à la ville d'atteindre une certaine visibilité lisible, non seulement à l'intérieur du territoire, mais aussi à une échelle plus conséquente comme le révèle l'enquête IFOP :

« La notoriété des événements phares de la place Stanislas s'avère presque
unanime : 98% des personnes interrogées déclarent en effet avoir entendu

127 Si l'opportunité du TGV est intéressante dans la mesure où elle crée un gain de temps et une praticité notoire, on peut aussi déplorer un éventuel manque à gagner pour l'économie locale, avec certes des visiteurs pour les expositions, spectacles, colloques, débats... sans ou avec peu de consommations connexes et d'effets induits pour la ville.

128 Cf. C. Origet Du Cluzeau, « Le patrimoine comme détonateur du développement local », p.20-22

parler de la rénovation de la place et des sa piétonisation, 95% de la vente des anciens pavés et 87% du spectacle d'inauguration. Les grandes expositions en lien avec le temps des Lumières bénéficient elles aussi d'une très forte mémorisation (75%). En revanche, la connaissance des autres manifestations s'établit à un niveau minoritaire, bien que non négligeable, tant concernant le banquet des Lumières et l'opération « Tous à la barre » (45%) que les débats, les rencontres et les colloques (41%). »129

L'importance et l'attractivité de la ville sont renforcées par la fréquence à

Cette visibilité de plus en plus présente sur une étendue relativement large, contribue à l'extérieur, à accroître la notoriété de la représentation que l'on se fait mentalement de la ville. Si en 2003130, la ville de Nancy bénéficie d'une image neutre dans la représentation qu'on se fait d'elle, les opérations de communication tentent de casser cette image dépréciée. Les habitants de la ville et de la Communauté Urbaine sont d'ailleurs conscients de l'image qui peut être véhiculée par le biais de ces rendez-vous puisque « ces événements symbolisent également la vitalité de la région, 84% estimant qu'ils renvoient l'image d'un territoire dynamique et en pleine évolution (dont 38% « tout à fait ») ». 131

laquelle on parle de ces événements dans les médias. Une présence médiatique récurrente suscite pour la ville critiques et louanges pouvant animer la curiosité de potentiels touristes voulant constater ces jugements de valeur sur place.

Par les flux qu'il va entraîner, l'événement va nécessairement avoir un impact sur les habitants. Outre leur participation endogene à l'événement qui peut leur conférer une certaine fierté confortée par un sentiment identitaire qui les fédère ; le métissage et les échanges résultant du tourisme peut leur donner (ou redonner) un regard neuf sur la ville et sur eux-mêmes. Ni le regard des touristes, ni celui des habitants ne sont neutres. Pourtant, là où le touriste découvre un élément spécial auquel il appose une valeur132, l'habitant y voit un élément banal de son quotidien. Le touriste arrive chargé d'un imaginaire133 qui le conditionne par des représentations collectives - souvent idéalisées - ou personnelles du lieu. La venue de touristes, par le biais d'animations qui réinventent les lieux, va permettre

129Cf. Etude IFOP, op.cit, p.9.

130 Image externe de Nancy et du Grand Nancy, résultats des phases qualitatives et quantitatives, Sociovision, Cofremca, document inédit, 2003.

131 Cf. Etude IFOP, op.cit. p.10

132 Ce que Nathalie Heinich (article « exposition dans Encyclopédie Universaelis) dénomme pour les expositions, la fonction esthétique.

133 Cf. J-Paul Seloudre, « Les fonctions du regard touristique. Peut-on parler d'une « médiation touristique » ? » pp.67-82

aux habitants de se réapproprier leur patrimoine et leur ville et d'y apporter un regard neuf et positif.

Le bienfait de l'événement peut se mesurer également aux souvenirs et à la pérennité intellectuelle qu'il va léguer à la postérité. On l'a vu, les débats d'idées et les colloques s'efforcent de s'ancrer dans des débats contemporains, ce dont témoigne d'ailleurs le bilan de « Nancy 2005, le temps des Lumières » :

« (...) il s'est agi de proposer à partir des valeurs apparues au siècle des Lumières, un regard et une réflexion sur le monde contemporain, dans un équilibre entre des moments forts populaires et un travail de fond sur l'identification et la mise en débat des relations entre les Lumières d'hier et celles d'aujourd'hui »134

Si l'événement est bien mené, il est probable qu'il laisse un souvenir mémorable dans les esprits de ceux qui ont participé. Comme le veut la locution latine : « verba volant, scripta manent », la pérennité de l'événement est donc assurée a minima par les publications de catalogues d'expositions et d'actes de colloque ou sur des supports immatériels (CD, sites Internet...) que tout un chacun peut se procurer, sans forcément avoir participé à l'événement d'ailleurs. A ce titre, on pourrait lister tous les catalogues d'expositions et actes de colloques. Une publication peut toutefois retenir notre curiosité, dans la mesure où elle conscientise clairement cette volonté de pérennité, d'héritage à transmettre. Un Bottin des Lumières a été édité « pour comprendre notre modernité » et garder une trace palpable des actions menées lors de l'événement dont témoigne sa présentation :

« Grâce au talent et à la perspicacité des auteurs qui se sont ralliés à ce projet, convaincus comme nous de sa nécessité et de sa vertu pérenne, nous avons pu élaborer ce Bottin pour donner au lecteur (...) l'occasion de partir de quelque part dans le passé pour aller, ailleurs, vers une compréhension nouvelle du présent. Inversement ce présent qui nous habite tous, nous a donc fourni le point de départ d'une réflexion que l'histoire, sur laquelle nous nous penchons, vient informer ».

134 Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, op.cit. p.14.

Si certains peuvent y voir une trop forte « logique de conservation patrimoniale »135, la retranscription des savoirs et idées débattus lors d'un colloque ou d'une exposition pourront soutenir les futures recherches portant sur des questions similaires.

De ces événements, certaines traces ont une incidence dans la ville, puisqu'elles demeurent. Ainsi, aujourd'hui on peut déambuler ou circuler dans Nancy, avec des panneaux indicatifs qui ont été installés pour l'occasion signifiant les espaces XVIIIe de la ville. De même, la restauration des bâtiments reste visible, pour plusieurs années au moins.

Néanmoins, les grands événements permettent également la création de projets intellectuels durables s'interrogeant sur l'avenir. Cette aspiration s'inscrit déjà dans le projet « 2012, Nancy Renaissance » comme en témoigne le préambule : « Mais il s'agira également (...) par « effet miroir », de nous interroger sur le monde d'aujourd'hui et surtout sur le monde de demain. »136. En 1999 et 2005, plusieurs initiatives ont été lancées :

ARTEM est un projet de campus lancé en 1999 - qui ouvrira ses portes en 2012 - partagé entre trois grandes écoles : l'Ecole Nationale Supérieure des Arts de Nancy, l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Nancy et ICN Business school. Le projet s'inscrit dans la lignée de l'école de Nancy en voulant réinstaurer une collaboration entre ces domaines :

« A la fin du XIXe siècle, l'Art Nouveau marquait la fusion de l'art et du commerce tandis que les créateurs ancraient les arts dans l'age industriel. L'école de Nancy fondait quant à elle, l'Alliance provinciale des industries d'Art, domaines jusqu'alors incompatibles. (...) Un siècle plus tard, Nancy voit naitre le projet ARTEM, déclinaison contemporaine de ce mariage des Arts, de la Technologie et du Management »137

On est ici en présence paradoxale d'une actualisation - qui rend le passé atemporel lui conférant une « puissance de contemporanéité » -138et d'une réflexion prospectiviste.

135 Cf. H-P Jeudy, op. cit. , pour qui la conservation en devenant une « affaire urgente », tend à faire du patrimoine actuel un patrimoine perçu uniquement dans la perspective de sa perte.

136Cf. « Nancy 2005, le temps des Lumières », le bilan, op.cit., p.2.

137 http://artem.inpl-nancy.fr

138 Cf. H.P Jeudy, op.cit, p.76. H.P Jeudy dénonce également l'impossibilité de rendre le passé contemporain par l'unique volonté de remémoration.

Art Nouveau Network est un réseau européen de coopération pour l'étude, la sauvegarde et la mise en valeur de l'Art nouveau tant pour les professionnels que pour le grand public mis en place en 1999. Nancy a participé à la constitution du réseau et partage les actions menées. 139

« Science, Innovation et société « (SIS) dont la volonté est de développer des programmes de culture scientifique et technique pour le plus grand nombre. Différentes instances n'aspirant pas aux mêmes objectifs scientifiques140 répondent à une charte d'objectifs partagés141 , se réunissent tous les mois pour travailler ensemble et publier un catalogue semestriel. Les conférences sur les sciences que le groupe réalise sont filmées et diffusées sur France 5. Il existe également un partenariat avec France 3 Lorraine-Champagne Ardennes pour l'émission : « Heureux qui communique la science » à laquelle certains scientifiques nancéiens participent. Devant le succès des conférences, la Communauté Urbaine du Grand Nancy a programmé l'ouverture d'un site Internet spécifique « Grand Nancy sciences » pour l'automne 2010. Cette volonté de pérennité est réitérée dans le préambule de la charte des objectifs partagés, de même que les effets symboliques attendus pour le grand événement :

« Considérant que la diffusion de la culture scientifique et technique constitue un enjeu de société majeur permettant au citoyen de mieux comprendre le monde dans lequel il vit et de mieux appréhender les défis de demain ;

Considérant que Les signataires de la charte d'objectifs partagés ont des intérêts communs dans le domaine de la production des savoirs en termes de dynamique socio-FcRQRP ITM eN culNurelle, eN OLNNILENiAINF de l'agglomération de Nancy ; (...)

Considérant qu'un ensemble d'acteurs qui produisent, soutiennent ou
diffusent la connaissance scientifique, se sont mobilisés autour des valeurs

139 Le réseau concerne les villes possédant un riche patrimoine Art Nouveau. L'initiative du réseau dépend du service des monuments et des sites de la Région de Bruxelles-capitale. Pour plus de détails, cf. www.artnouveau-net.eu et www.ecole-de-nancy.fr

140 Nancy-Université, Le Centre National de la Recherche Scientifique, L'Institut National de l'Information Scientifique et Technique, L'Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique, L'Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale, L'Institut National de Recherche Agronomique, La Délégation Régionale à la Recherche et à la Technologie, Le Rectorat de l'académie Nancy-Metz, Le Centre Hospitalier Universitaire, Le Centre Régional de Documentation Pédagogique, L'Institut de Formation des Maîtres, Le Conservatoire national des arts et métiers en Lorraine et la Communauté urbaine du Grand Nancy.

141 http://www.grand-nancy.org/fileadmin/kiosque/charteop_cst_2006.pdf

d'humanisme et de partage des savoirs dans le cadre de la célébration de « Nancy 2005, le temps des Lumières » ;

Considérant que les mêmes acteurs souhaitent s'investir de manière pérenne142 au service de ces valeurs en agissant ensemble pour opposer l'éveil des consciences à l'obscurantisme ; (...) »

Ces initiatives ont toujours cours et constituent les prolongations de l'événement. On peut constater que, de sa conception à sa réalisation, le maximum est fait pour rassembler les fonds nécessaires à l'événement, diffuser son information afin qu'il soit, dans la mesure du possible, amorti. On peut désormais s'interroger sur le fondement intellectuel de l'événement, en se concentrant sur les relations qu'entretiennent décideurs politiques et professionnels de la culture qui opèrent ensemble à la réalisation du projet.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein